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12 juin 2008 4 12 /06 /juin /2008 00:06

Dans notre beau secteur les Vins sont Doux Naturellement (VDN) lorsqu’on les mute avec de l’alcool. Étrange naturalité que cette douceur acquise sous l’emprise de la main de l’homme, même si l’alcool ajouté est un alcool de vin. L’homme est, en effet, un étrange animal qui n’aime rien tant que de prendre les mots à contrepied. De les détourner. Ainsi souvent il se glisse dans la peau de ses frères dit de compagnie, domestiques ou même sauvages. La référence animale dans le langage amoureux est constante : ma petite biche, mon gros nounours, mon canard en sucre, mon poussin rose, ma tendre colombe, et bizarrement : ma puce ou ma pupuce. Est-ce l’extrême agilité, la petite taille, de ce siphonaptère sauteur qui lui valent de se retrouver en bonne place dans le bestiaire des mots doux alors que son côté vampire devrait le faire rejeter dans les ténèbres extérieurs ? Mystère de la relation intime entre adultes consentants. À l’opposé, les bovins, caprins et porcins fournissent leurs lots de mots sympathiques qui fusent lorsque l’orage gronde au crépuscule du grand amour : grosse vache, vieux bouc, grosse truie, vieux cochon… La jalousie est, elle, attribuée indifféremment au tigre comme à la tigresse ; la bandaison est conférée au cerf  et le désir féminin à la chatte en chaleur ; les larmes des regrets sont parfois dites de crocodile. Bref les MDN : les Mots Doux ou Durs Naturels sont vraiment de drôles d’oiseaux.

Certains d’entre vous doivent se dire mais pourquoi diable ce matin il nous bassine avec ses élucubrations sur les mots et les animaux ? Tout bêtement parce que l’autre dimanche, rue des Martyrs, j’ai craqué pour le Poussin Rose de Sacha Lichine. Il est vraiment trop trognon son poussin tout rose dans sa petite coquille d’œuf toute blanche. J’adore ! Grincements de Dents&Ricanements des procureurs du Tribunal des flagrants délires, version œnophilie. Oui, j’avoue mon extrême futilité : j’ai acheté un vin rien que pour son étiquette. Pas tout à fait tout de même, mon emplette est aussi le fruit de la lecture de la contre-étiquette. Je cite Sacha Lichine : « Comme mon père je crois que le vin devrait être apprécié, pas idolâtré. J’ai créé cet assemblage dans un esprit purement hédoniste… » Ça me plaît beaucoup ce petit laïus. Le vin est un gris de gris des Sables du Golfe du Lion : « une variété d’assemblage dans un style Nouveau Monde : 55ù Grenache Noir, 40% Grenache Gris et 5% de Carignan.  www.sachalichine.com

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11 juin 2008 3 11 /06 /juin /2008 00:30

Les années 80, le PC, sous la houlette de "l'affreux Jojo" Marchais, et la CGT courroie de transmission du premier, drivée par Henri Krasucki, occupent encore une place centrale dans le paysage politique français. Après avoir mangé leur chapeau suite au 10 mai 81 les dirigeants communistes ont délégué au gouvernement Mauroy les plus présentables : Fiterman qu'est même Ministre d'Etat, Le Pors, Rigoud et Ralite. Avec la nomination du plus jeune Premier Ministre que la France ait connue, le sémillant Laurent Fabius, ils sont partis. Donc en 85 la CGT titille les socialos et à la Une du Monde, Plantu, dessine un Krasucki très arsouille. Jugez par vous-même : 

















Je ne vais pas gloser longuement sur ces dessins mais faire une remarque et vous livrer une confidence :

- la remarque d'abord : l'accord sociologique, gros rouge et populo est évident, il souligne ce qui faisait la force des communistes, leurs bastions populaires, sortes de réserves de prolos, type 9-3, et une partie du  9-2, qui deviendront les réceptacles du nouveau lumpen prolétariat, des zones dites de non droit, "les banlieues" qui s'enflamment, des poudrières de tous les dangers... La déliquescence du PC a commencé le jour où leur "apostolat civil" n'a pas su ou voulu prendre en compte la nouvelle donne sociologique (rappelons-nous que Robert Hue s'est illustré  en février 1981 où  il fera brièvement parler de lui à l'échelle nationale en menant un coup d'éclat contre une famille d'immigrés qu'il dénonce à la vindicte populaire comme trafiquants de drogue  sans autre preuve que la lettre de dénonciation d'une voisine de la famille en question). Le déclin de la consommation du vin quotidien accompagne celui des "classes dangereuses" traditionnelles et de ceux qui les représentaient. Le Front National prospérera sur ce terreau populaire vieillissant, reprenant la fonction protestataire et populiste du PC, avant d'être récupéré lors de la dernière présidentielle par le futur président de la République. Le gros rouge, le Kiravi, le jaja des cocos, toute une époque où Jean-Baptiste Doumeng montait les patrons viticoles du Midi dans son jet privé à la fête de l'Humanité au parc de la Courneuve (l'aéroport du Bourget est tout proche).

- la confidence concerne Henri Krasucki avec qui j'ai déjeuné dans le cadre de mes fonctions à la Présidence de l'Assemblée Nationale. L'homme, résistant, déporté, communiste orthodoxe, courroie de transmission du parti même s'il ne goûtait pas le populisme grossier de Marchais,  était un fin lettré, mélomane, doublé d'un épicurien amateur de bonne chère et de bons vins... Tout le contraire de l'image véhiculée par Plantu mais on voit mal un Krasucki exhibant un flacon de château Margaux, le secrétaire-général de la CGT aurait alors crié à la caricature politiquement incorrecte : la hiérarchie des vins reflétait encore dans les années 80 notre goût prononcé pour la lutte des classes. Dans l'actuel gouvernement le ministre de l'environnement représenté avec un nez rouge bourgeonnant se voit privé du flacon qui va avec, sans doute un GCC, ce serait politiquement incorrect comme la cigarette de Lucky Lucke censurée. Ainsi va la vie de la caricature politique, elle reflète le mieux l'air et l'autocensure du temps...

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10 juin 2008 2 10 /06 /juin /2008 10:20


Mon billet sur le croskill des AOC a pu, à tort, dans la mesure où il adoptait le parti d’en rire, faire accroire que je me contentais de me faire plaisir. Olivier écrit que je suis prêt à piétiner les œuvres des autres pour le seul plaisir de faire un bon mot. Qu’il se détrompe, sur le CAC, hormis mon verbe outrancier, ma position est une position de principe, et j’aurais pu faire totalement chiant, dans le plus pur style des note à l’attention de… en vigueur dans l'Administration.

 

Le système français des Appellations d’Origine Contrôlée comme son libellé l’indique consiste à certifier qu’un vin à un pedigree (ses conditions de production liées à des usages) et qu’il provient du lieu indiqué sur son étiquette (aire de l’appellation). Il n’est en rien, comme on le dit maintenant, un signe de qualité, même si bien sûr la qualité du vin – notion difficile à définir – n’est pas une notion étrangère à l’AOC. Alexis Lichine avait raison d’écrire, dans son Encyclopédie des Vins & des Alcools de 1982, que « la loi sur les appellations d'origine contrôlée est la plus souple, la plus claire et la plus efficace qui existe actuellement pour la protection des vins de qualité ». Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts de la Seine depuis. Ce système juridique a toujours irrité les pays de droit anglo-saxon, qui y ont toujours vu une protection, une manière de créer de la rareté pour agir sur le prix et fausser la sacro-sainte concurrence. Ça m’a toujours comblé d’aise.

 

Dans la patrie du baron Leroy, lorsqu’on m’a missionné dans la glorieuse Appellation de Chateauneuf-du-Pape, je me suis plongé dans les archives à l’INAO d’Avignon. J’y ai trouvé la confirmation de ce que je viens d’écrire : la délimitation de l’aire et la transcription des conditions de production s'est faite avec des géographes et des juristes. On va me rétorquer que tout cela est vieux et poussiéreux qu’il faut s’adapter au temps présent. Certes, mais à la condition de ne pas mettre le système cul sur tête et de le dénaturer. Le premier coup de canif vint de l’introduction par, ce qui était alors le Marché Commun, sous la pression des allemands, du système de l’agrément. J’y ai toujours été hostile car il est antinomique avec le système des AOC. La qualité d’un vin, loyal et marchand, est du ressort du commerce et non d’un système juridique. Si les partenaires commerciaux souhaitent se doter de systèmes de tri, libre à eux, mais l’agréer comme étant conforme à un « type » lié à son origine est à la fois une absurdité et la porte ouverte à l’arbitraire. Confier l’agrément aux syndicats de défense semblait un moindre mal, une cote mal taillée à la française. À ce stade je voudrais faire une remarque de bon sens : ce n’est pas le système d’agrément qui a fait les mauvais vins – même si ce n’était dans certaines appellations qu’une passoire – mais le non respect des conditions de production et l’extension quasi-indéfinie des AOC. Pour ne pas avoir à prononcer « la mort économique » de certains producteurs il eut mieux valu traiter le problème à la source : leur demander de respecter les règles que collégialement ils s’étaient imposés. Raffiner le système, le blinder, l’alourdir, l’externaliser, ne changera rien au film, sauf que l’effet « standardisation », « normalisation », sera la conséquence du système. En clair, notre système d’AOC sera clairement à deux vitesses : les hors-système dont la notoriété peut se passer de cette moulinette réductrice et les autres qui seront des cousins des vins technologiques sans IG. À la différence économique importante que ceux-ci seront mieux fabriqués à des coûts de production plus compétitifs. Il ne faudra pas geindre en accusant nos concurrents de concurrence déloyale, nous aurons nous-mêmes creusé notre « tombe ».

 

En effet, pour avoir fréquenté de très près les industriels de l’agro-alimentaire : secteur laitier tout particulièrement, je sais d’expérience que ce sont eux qui tiennent les rennes. L’alliance de Lactalis (premier producteur de camembert AOC) et de la Coopérative d’Isigny pour faire un sort au lait cru en est l’illustration (même s’ils semblent avoir perdu). De plus, les conditions de production du lait cru en Normandie pour la plus grande part ne sont pas optimales pour produire une AOC : utilisation d’ensilage dans l’alimentation. Alors, si je puis me permettre : que les laitiers et autres produits au sein du Cac fassent le ménage chez eux avant de participer à la normalisation des AOC vinicoles. Bref, dire que le CAC c’est se mettre au niveau de la grande moulinette de l’UE et de faire comme le label Rouge me fait sourire. Du label Rouge, parlons-en ! J’ai suivi depuis l’origine la saga du poulet de Loué. C’est remarquable mais, que je sache, le cahier des charges du poulet de Loué est applicable partout en France. On certifie des conditions de production, la qualité du produit est du ressort de LDC, l’industriel qui pilote la filière. Le grand mérite du label Rouge est d’avoir bien segmenté le marché du poulet et il suffit de faire ses courses dans les rayons de la GD pour constater que le prix du poulet de Loué est le pivot du marché. Même système avec AB qui certifie que des viticulteurs respectent les conditions de production d’un cahier des charges. La confusion des genres est redoutable pour notre système d’AOC.

 

C’est pour cette raison que j’ai, peut-être lourdement, ironisé sur le Q de l’INAO. Alors me rétorquera-t-on : que préconises-tu ? La simplicité chère à Alexis Lichine : le contrôle des conditions de production par l’INAO sur la base de la fameuse réécriture des décrets pour les AOC, l’agrément pour les vins avec IG et le pilotage par l’aval pour les vins sans IG. Je sais que ce n’est qu’un vœu pieux car la machine est lancée : le croskill va continuer son œuvre mais, pour avoir commercialisé du temps de la SVF beaucoup de vin de toutes origines, je reste intimement persuadé que seuls les metteurs en marché : vignerons individuels, coopératives, négociants, sont en mesure de définir le profil qualitatif d’un vin, le leur ou celui de leur marque. Confier cette mission à des agréeurs extérieurs, sur la base d’une carte d’identité de l’appellation, est une construction à la française : soi-disant cartésienne alors qu’elle se fonde sur des critères non scientifiques. Entre nous, la fameuse logique voudrait que l’on commence dans la vigne car, si on ne produisait pas ou peu de vins, ni bons, ni mauvais, mais qui passeront sans heurt tous les agréments, on ne retrouverait pas sur la table du consommateur des breuvages sans caractère. Tous les CAC du monde n’y pourront rien.

 

On va me taxer d’affreux libéral. J’assume. La notoriété de nos vins d’AOC doit plus au génie individuel et collectif d’hommes et de femmes ancrés à leurs terroirs ou a de grands commerçants voyageurs, à la Répression des Fraudes aussi, pas vrai cher Robert Tinlot et chère Dominique Filhol, qu’aux systèmes froids en vigueur aujourd’hui. Tant que le bricolage sera la règle dans certaines régions, chez certains viticulteurs ou vinificateurs, les lourdes machines à contrôler ont de beaux jours devant elles. Pour autant je ne suis pas hostile aux contrôles mais, pour les avoir pratiqués à la SIDO pour le compte de l’UE, je sais d’expérience qu’il faut manier à la fois la pédagogie et la dissuasion pour être efficace et réguler le système. Mais je radote. Nos sociétés individualistes, qui n’assurent plus leur régulation collective par la proximité, se rassurent comme elles peuvent en multipliant les contrôles extérieurs dits indépendants. Mais ils sont pour les autres, « moi » je grille les feux rouges, je téléphone au volant, je fais ce que bon me semble, je me débrouille car l’avenir est aux astucieux qui savent déjouer le maquis des règles.

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10 juin 2008 2 10 /06 /juin /2008 00:04


Le titre de ma chronique de ce matin pour un vin baptisé d’un patronyme inusité :
Windmill, fleurant bon la langue de Shakespeare, je l’ai emprunté à Rimbaud « L'homme aux semelles de vent » comme l'appelait son ami Verlaine, n'a eu de cesse de quitter Charleville, sa ville natale détestée, pour fuir la médiocrité ambiante, faire connaître sa poésie et courir le monde.

 

L’étiquette donne un indice déroutant : le moulin à vent représenté n’a rien à voir avec nos moulins à nous, dodus, au toit pointu, il a une tête très batave, pays plus connu pour son Gouda ou ses tulipes que pour ses vins. Ce Windmill – moulin à vent en anglais – tout droit sorti du département de l’Hérault – épicentre au temps glorieux des VCC de jajas aux rendements à 2 chiffres – affiche ses origines biologiques. Celui que j’ai acquis, au « Pain Quotidien » qui vient d’ouvrir rue de Varenne à deux pas de l’hôtel de Matignon et du 78 siège social du Ministère de l’Agriculture qui n’a jamais ajouté la viticulture à son intitulé, est une grande Cuvée, bi-cépages : Syrah-Cabernet, millésime 2005, 13%, bouchage à vis.

 

Le concepteur, Alain Coumont, et son associé Gilles Valeriani,  n’est pas un inconnu pour les lecteurs de Vin&Cie puisque j’ai consacré à l’un de ses produits RN 13 : http://www.berthomeau.com/article-5314863.html dans une chronique Vin de Pique-Nique où je tentais, en vain comme d’hab. , de réveiller les grands mamouchis endormis sur leurs certitudes.  Notre homme est belge, donc issu du meilleur terroir des amateurs de vin, cuisinier et entrepreneur avisé : il est le créateur en Belgique du concept chic et choc « Pain Quotidien » table d’hôte et produits du terroir pour pauvres urbains anémiés, dans le XXIème arrondissement de Paris : Big Apple, Londres, Genève, Sidney, Dubaï, Istanbul, Moscou, Toronto et, bien sûr, notre doulce France : Aix, Lille, Rouen et Paris. Moi c’est au18 place du Marché Saint Honoré que j’allais picorer au temps de l’Onivins. Si vous souhaitez en savoir plus allez sur :

http://www.bioghetto.com/fr  (ghetto : faut pas exagérer les gars, y’a des mots qu’il ne faut pas galvauder même avec humour.)

 

Alors me direz-vous, et le vent dans tout ça ? Un peu de patience les amis, faites comme moi cherchez ! Quand j’ai découvert Windmill sur son étagère, vu l’état embryonnaire de mon vocabulaire anglais, j’ai cru que le flacon nous venait d’un australien quelconque affichant un moulin batave pour séduire les consommateurs du Vieux Monde. Intrigué, je me levai et tripotai alors la bouteille pour découvrir son humble extraction méridionale inscrite tout en haut de la contre-étiquette. Mais alors me dis-je : que vient faire ce moulin hollandais dans cette galère ? Comme dans les dessins où il faut découvrir qui se cache dans le feuillage de l’arbre je subodorais que la solution de l’énigme se trouvait nichée dans le texte. Je le lus. Convenu d’abord, avec les antiennes habituelles, il me fallut attendre la dernière phrase pour découvrir le pot aux roses. « Toute l’énergie électrique nécessaire à l’élaboration de ce vin a été produite par l’énergie éolienne. » Good, very good : ça devrait donner des idées à nos amis du cru Moulin à Vent en ce Beaujolais sinistré. Dernier détail avant d’en terminer : je n’ai pas dégusté le nectar aux semelles de vent et je ne puis vous dire s’il vous mets sur un petit nuage en le buvant…

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9 juin 2008 1 09 /06 /juin /2008 00:25

Jusqu’à ces derniers jours pour moi le seul CAC connu était le CAC 40, celui qui défile en permanence en bas de l’écran des chaines d’info en continu. Et puis, un beau matin j’ai vu débouler comme un rouleau compresseur dans mes coursives le CAC 51. Là encore, pour moi le 51 c’était le pastis de Pernod, le concurrent du Ricard sinon rien. Alors je me suis tourné vers les oracles es-qualité pour qu’ils éclairassent ma lanterne. L’un d’eux, pour me mettre sur la voie, me lançait goguenard « tu connais la rue d’Anjou ? »


-         Yes sir ! répondis-je tel les marines de Full Metal Jacket avant d’ajouter c’est une rue pleine de banques…


-         Plus au 51, c’est le Q de l’INAO qu’est maintenant dans la salle des coffres galéjait un autre expert lui-même PQ.


-         Qu’est-ce donc ce Q rétorquais-je abasourdi.


-         C’est le Q de la Qualité placé sous les verges du CAC me répondait un éminent membre du Comité National Vins et Eaux-de-vie de mes amis.


-         Je bite que dalle à votre sabir osais-je proche de la déréliction.


-         Pourtant on te croyait, vu tes antécédents, au courant des derniers évènements me charriait un éminent président.


-         J’avoue que je m’y perds dans votre histoire de Q soupirais-je un poil exaspéré.


-         Comme nous sommes gentils avec toi nous n’allons pas te laisser le cul entre deux chaises, s’exclamèrent-ils tous en chœur, le CAC n’a pour nous aucun secret et nous allons t’initier. Avant, dis-nous pourquoi t’intéresses-tu soudain au Conseil Agrément et Contrôles, le fameux CAC 51 ?


 

Bon Prince, je leur répondais, qu’à la suite de mon coup de sang contre les PAJ de « Que Choisir ? » à propos de la labellisation foireuse des AOC, une source bien informée m’a confiée que le CAC, une invention de l’Administration, jamais en reste de la création d’un Comité Théodule supplémentaire, c’était quasiment le croskill des vins d’AOC. Mes compères éberlués face à la profondeur de ma culture se récrièrent : « Qu’est-ce que c’est qu’un croskill ? » Je les toisais goguenard. D’une traite je leur balançais « Mes petits pères ignorants le croskill est un rouleau qui sert à briser les mottes et tasser le sol. Il est composé d'une succession de disques denticulés qui travaillent indépendamment et qui sont généralement en fonte et pèsent entre 25 et 35 kilogrammes pour un diamètre de 30 à 50 centimètres. Certains ont un centre évidé pour permettre des mouvements saccadés. » Face à la beauté de ma métaphore ils tombaient en pamoison. Sans faire preuve de beaucoup d’imagination ils voyaient tous les Marcel Richaud de notre terroir martyrisé, écrasés, nivelés, réduits à n’être plus qu’un seul et même bloc compact, une morne plaine normalisée : la Brie, la Beauce, le triomphe de l’uniformité au nom de la typicité. Le triomphe du CAC 51 : « au nom du Q on ne veut voir qu’une seule tête dans les rangs ! »


 

Ma source sûre ajoutait pour me mettre en condition que dans ce CAC « Ceux qui s'y connaissent le moins en tout règnent en maître sur la base d'idées reçues. » Pourtant, m’étonnais-je, je croyais qu’un éminent membre de Seve, faisait dans le genre Vice-président du dit CAC ? « Très sympathique l’œnologue  mais adorateur de la vérification de l'appartenance organoleptique… », me répondait « gorge profonde » avant d’ajouter que « Le pire du pire était peut-être à venir », car dans le règlement d'application de l'OCM sur les AOP IGP, l'administration française a vendu son idée de « vérifier l'appartenance à la famille » et la Commission, bonne fille et elle aussi adoratrice des normes, l'a reprise dans son texte. Ce n’est pas encore plié mais il va falloir batailler sec. Moi qui suis mauvaise langue je ne peux m’empêcher de penser à haute voix, et de l’écrire, que le buiseness du contrôle a de beaux jours devant lui et que ça va douiller dans les caveaux. Après le système 100% passoire voilà le système  1000% croskill : où comment écraser les libellules avec un marteau-pilon. Je reste bouche bée d'admiration devant l’expression la plus « raffinée » de notre génie national pour inventer, non des usines à gaz, mais des essaims de tamponneurs en blouse blanche accumulant des liasses sur des paillasses de salles de dégustation high tech…

Bien sûr, en écrivant ceci je vais augmenter mon contingent de bons amis, mais qu’importe la porte de mon « espace de liberté » est grande ouverte à la défense du CAC 51 dont je vous livre ci-dessous le mode d’emploi et la composition car Vin&Cie c'est avant tout l'information.

« Le conseil agréments et contrôles est composé de représentants des organismes de contrôles, de représentants des professionnels choisis parmi les membres des comités nationaux, de représentants des administrations et de personnalités qualifiées, assurant notamment la représentation des consommateurs.


Une partie des compétences en matière de contrôle des signes est dévolue au conseil agréments et contrôles, commun à l'ensemble des comités nationaux et traitant tous les signes d'identification de l'origine et de la qualité.


Ce conseil :


- émet un avis sur l'agrément des organismes de contrôle,

- approuve les plans de contrôle proposés par les organismes de défense et de gestion,

- approuve les plans d'inspection proposés par les organismes de défense et de gestion accompagnés de la grille de traitement des manquements,

- établit les principes destinés à élaborer et à harmoniser le fonctionnement des contrôles ainsi que les modalités de composition et de fonctionnement de la commission chargée de l'examen organoleptique prévue pour les appellations d'origine.


Les ministères de l'agriculture et de l'économie ont un droit de veto pour l'agrément des organismes de contrôle et l'approbation des plans.


Les décisions du Conseil des Agréments et Contrôles prennent la forme de « directives ».


Ces directives définissent les principes présidant à l’organisation des contrôles, ainsi que ceux de la composition et du fonctionnement de la commission chargée de l’examen organoleptique auquel sont soumises les appellations d’origine. Elles complètent ainsi les dispositions législatives et règlementaires en matière de contrôles des signes officiels de qualité et d’origine. Elles fixent notamment des exigences et recommandations  en matière de plans de contrôle et d’inspection.

 

Les Directives :


 Directive n° CAC - 2008 - 01 : Procédure d’agrément prévue à l’article L. 641-5 du code rural pour les appellations d’origine contrôlées


Directive n° CAC - 2008 - 02 : Commission chargée de l'examen organoleptique

Directive n° CAC - 2007 - 03 Autocontrôle et contrôle interne

Directive n° CAC - 2007 - 04 : Contrôle externe

Directive n° CAC - 2007 - 05 : Traitement des manquements

 

COMPOSITION du CAC :

 

1o En qualité de représentants des comités nationaux de l’Institut national de l’origine et de la qualité

M. Arnal (Jean-Pierre).

Mme Branco (Alexandra).

M. Boesch (Gérard).

M. Brisebarre (Philippe).

M. Cavalier (Jean-Benoît).

M. Chambon (Dominique).

M. Le Heurte (Serge).

M. Mancel (Jean-Paul).

Mme Miclo (Pascale).

M. Perraud (Charles).

M. Samalens (Pierre).

M. Schyler (Yann).

M. Teulade (Christian).

M. Valais (Albéric).

M. Vermot-Desroches (Claude).

 

2o En qualité de représentants des organismes de contrôle

Bosteau (Marielle).

M. Faure (Antoine).

Mme M. Luquet (François).

M. Nasles (Olivier).

Mme Petit (Marianne).

 

3o En qualité de personnalités qualifiées

Mme Caillet (Marie-Madeleine).

M. Dulimbert (Guillaume).

M. Herault (Frédéric).

M. Roose (Marc).

M. Sauvageot (François).

M. Sivardiere (Patrick).

 

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8 juin 2008 7 08 /06 /juin /2008 00:04

L’essaim bourdonnait. Je croisais dans le hall de Louis le Grand l’un des meneurs de la GP des khâgneux, Guy Lardeux, drapé dans son long manteau de cuir noir battant les talons de ses lourdes bottes. Le louangeur de Béria, se la jouait Guépéou avec un zeste de dandysme canaille en se trimballant en permanence avec une cane gourdin : son instrument de travail pour casser du facho, tout particulièrement les fafs d’Occident. Mon allergie viscérale pour les apprentis bolchevicks, ceux qui n’avaient pas mouftés lorsque les chenilles des chars des pays frères écrasaient le printemps de Prague, me poussait à aller lui taper sur l’épaule pour lui montrer mes mains bousillées par la tôle Citroën et le traiter de petit branleur. Bien sûr, je m’abstins, mais tout en grillant une cigarette, car j’étais en avance, je ne pouvais m’empêcher de penser à Pierre Clémenti. Le Pierre Clémenti de Belle de Jour, avec sa gueule cassée, ses ratiches d’acier, ses chaussettes trouées et sa dégaine de petite frappe. Lui, au moins, dans la chambre minable du HBM, où Catherine Deneuve, grande bourgeoise en mal de souillure, venait faire des passes, il collait bien à son personnage. L’habitait.

 

Je lui dois mes premiers phantasmes. Au Modern, en mai 1967, sur le remblai des Sables d’Olonne, lorsque je sortais de la projection de « Belle de Jour », un trouble profond me taraudait, et le bas-ventre, et la tête. En dépit de la faiblesse de mon argent de poche je m’offrais une nouvelle séance. Pour la première fois de ma vie je découvrais les délices vénéneux d’une forme étrange de fornication. Là, sous mes yeux, Deneuve-Séverine, s’humiliait, quémandait, suppliait, atteignait l’extase sous les coups de boutoir d’un petit voyou minable. La couche vulgaire de la maison de passe d’Anaïs en rupture avec le charme discret des lits jumeaux du domicile conjugal, où Deneuve-Séverine se refusait au beau Jean Sorel son mari, m’attirait comme un aimant. Les femmes étaient-elles ainsi faites ? Double : épouse et amante, leur fallait-il, pour atteindre les sommets, l’abandon absolu, un mari intelligent, brillant, promis à un bel avenir et, dans la fange, le stupre, le foutre d’une racaille sans envergure ?  La face cachée de l’amour physique, sa part bestiale faite de slip arraché, de violence partagée, sabbat de chair, volupté suprême : le sourire extatique de Deneuve-Séverine me déchirait.

 

Comme l’écrivait d’une main, avec gourmandise, ce vieux pédéraste de Mao, en fouinant de l’autre dans la petite culotte des petites filles en fleurs : « Feu sur le quartier général » : 炮 打司令部──我的一大字  pào sīlìngbù zhāng. Dans le nid de frelons ma tête grésillait, une envie cataclysmique de me vautrer dans le lit d’une grande bourgeoise me consumait. Tout ce gris sur gris de l’atelier 86 rythmé par le lancinant déroulé de la chaîne s’ajoutant au plomb de mes reins cassés, au gras de la tambouille de la cantine, aux brimades des petits chefs, à l’infinie résignation de mes compagnons de galère, sortait par tous les pores de ma peau. Suintait. Puait. Feu sur le quartier général ! Il me fallait reprendre l’initiative. Sortir de la nasse. En clair, devenir un agent double. Trahir tout le monde. M’installer à mon compte. Tirer parti de la situation. Jouir sans entrave comme les murs de la Sorbonne le proclamaient. Comme l’actionnaire majoritaire de ma petite entreprise était ce paranoïaque de Marcellin, j’allais le gaver de dividendes. Lui servir la soupe qu’il espérait : la main du KGB via Georges Habache et le FPLP, celle vérolée du Mossad pour les attaques de banque et, bien sûr, cerise sur le gâteau, celle tentaculaire et omniprésente de la CIA qui, pour l’attentat de la Piazza Fontana à Milan, charge l’extrême-gauche qui à le dos si large. Restait à convaincre les adorateurs des larges masses de marner pour mon compte au moindre coût. La voie s’avérait étroite.

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7 juin 2008 6 07 /06 /juin /2008 00:05

Jean-Marie Rouart, aimable académicien *, que je croisais au temps où je fréquentais pour le déjeuner, tous les samedis, mon restaurant fétiche "Le pied de fouet" rue de Babylone,(chronique du 20/03/2006)
http://www.berthomeau.com/article-2186483.html   vient de publier chez Grasset "Devoir d'insolence" journal de la première année du quinquennat de notre président. Discret, en compagnie de Dominique Bona, en ce temps-là il se laissait, non sans plaisir, gourmander gentiment par notre Andrée, la patronne du Pied de Fouet. Le ton de son opus est de la même veine : " Sarkozy a peut-être rajeuni la politique mais il m'a donné un coup de vieux..." écrit-il dans sa préface. " Pour une fois, je n'ai plus un président qui a l'âge de mon père comme Giscard, Pompidou, ou de mon grand-père comme de Gaulle, mais un frère cadet. Et quel frère ! Turbulent, piaffant d'impatience, agité, dopé au Gurosan, gonflé à bloc, il me donne la sensation que je me suis levé un peu tard, couché un peu tôt et que je n'ai pas un centième de son énergie. Agaçant non ! " poursuit-il.

L'homme est courtois, bien élevé, élégant, courageux aussi comme il l'a prouvé dans l'affaire Omar Addad, et sa plume fine, acérée parfois, jamais méchante, fait mouche lorsqu'elle se fait insolente. " Sarkozy m'a aussi irrité. Surtout depuis qu'il est président. J'ai vécu comme tous les français au rythme de ses foucades, de ses projets pharaoniques, de ses lubies autant que de ses réformes." Pour Ségolène la madone défaite il pointe là où ça fait mal : " les failles de son caractère que dissimulait son indéniable charme. Elles sont apparues à la télévision face à Sarkozy. Pète-sec, méprisante, elle n'a pas fait le poids. En traitant de haut les éléphants du PS, elle s'est enfermée dans l'exercice solitaire de la candidature. en congédiant le premier secrétaire du PS, elle a montré aux Français un visage peu conciliable avec le minimum d'impassibilité, de résistance aux offenses qu'exige la charge présidentielle. Bien sûr elle a souffert. Mais tout le monde souffre." Même volée de bois vert pour le dispensateur de raffarinades du café du commerce : " Raffarin qui n'était qu'un Premier Ministre de complaisance et, vu ses pénibles résultats, peut-être pas un exemple à suivre."

Bref, ce matin, j'ai choisi de vous offrir un extrait qui me met aussi en joie. Jean-Marie Rouart y fait un juste sort au projet porté par le remarquable professeur Pitte, ex-président de la Sorbonne, docteur ès-mondanités au pays du terroir : l'inscription de la gastronomie française au patrimoine de l'Humanité de l'Unesco. C'est savoureux, goûteux même, comme un pot-au-feu.

« Jeudi. – Sarkozy veut faire inscrire la cuisine française au patrimoine de l’humanité. L’idée est intéressante. Cela évite de se préoccuper du prix du pain qui flambe, de celui du porc qui s’emballe et du coût du yaourt qui va bientôt rivaliser avec celui du caviar. S’il ne s’agit que de satisfaire les cuisiniers épris de reconnaissance, il ne faudrait pas non plus oublier les joueurs de boules et de pelote basque et tous les petits métiers qui sont en passe de devenir des chefs-d’œuvre en péril : les rétameurs de parquet, les dresseurs de puces, les rabouilleuses, les joueurs d’orphéon. Il y a dans ce domaine autant de Mozart de l’éphémère qu’il y a de Praxitèle du bœuf miroton et de Michel-Ange du vol-au-vent. J’ai un respect infini pour la bonne et grande cuisine et pour les artisans qui les illustrent. Faut-il pour autant mettre leurs œuvres sur le même pied que les chefs d’œuvre historiques, comme Versailles, le château de Chambord, la Joconde ? En mêlant l’accessoire et l’essentiel, on risque de mettre tout cul par-dessus tête et de ne plus comprendre ce qui est vraiment important. »

* Parallèlement à son activité d’écrivain, il a mené une carrière de journaliste d’abord au Magazine littéraire en 1967, puis au Figaro comme journaliste politique, au Quotidien de Paris où il a dirigé les pages littéraires. Après avoir été directeur du Figaro littéraire de 1986 à 2003, il collabore à Paris-Match.

Pour la part de sa jeunesse passée à Noirmoutier je lui offre ma chronique de 18/07/2007 sur l'Île aux mimosas patrie de la bonnotte http://www.berthomeau.com/article-6843062.html
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6 juin 2008 5 06 /06 /juin /2008 00:05

La Sardaigne, du moins sa gastronomie,  je l'ai découverte à Bruxelles lorsque j'accompagnais Michel Rocard lors des négociations d'élargissement de la Communauté - on la dénommait ainsi à l'époque - et que nous dînions dans les très nombreux ristorante ou trattoria de nos amis italiens qui ceinturaient Berlaymont. Un soir, Jean Nestor, alors chef du service des Relations Internationales au Ministère, ancien attaché agricole à Rome, m'emmena dîner avec le directeur de la Confagricultura - l'équivalent en Italie de notre FNSEA - un sarde, dans le meilleur restaurant sarde de Bruxelles. J'en garde un souvenir ému et je ne sais plus si ce soir-là nous avions fait avancer nos dossiers vitivinicoles, aplanis nos différents, mais ce dont je suis certain c'est que je suis devenu un Sardegna addict.




Lorsque je me rends au salon Marjolaine j'achète des produits sardes de
S’ATRA SARDIGNA, qui est une coopérative de produits biologiques sardes qui est représentée en France par : TER’NAT,  Le Village, 07240 Chateauneuf de Vernoux T-F : 04.75.58.26.72 ou 06.03.22.92.71 qui propose pâtes, huile d’olive, vins, fromages, miels, confitures, conserves, charcuterie, etc. tous ces produits sont sardes et biologiques... J'adore leurs fromages de brebis. La dernière fois j'ai craqué pour un magnum de Vino da Tavola Rosso rien que pour l'étiquette. Bien sûr certains vont m'objecter que c'est idiot. Non, c'est un hommage à nos voisins italiens qui, même s'ils nous ont fourgué de bien mauvais vins pour Mélange de VDPCE, chez eux, n'ont jamais méprisé le Vin de Table. En plus prendre la peine de faire une belle étiquette pour un modeste Vino Da Tavola je trouve le geste beau, élégant. Je ne l'ai pas goûté mais à l'occasion je vous transmettrai mes notes de dégustation. Ne riez pas SVP.





Mais la Sardaigne c'est aussi pour moi, depuis les vacances dernières en Corse, un auteur sarde, Milena Agus, que j'ai découvert grâce au conseils de mon libraire d'Ajaccio. Totalement inconnue à la sortie de son premier livre en 2007 : Mal de pierres, grâce aux libraires et au public français elle va connaître un succès foudroyant qui va se propager en Italie. Elle est aujourd'hui traduite dans treize pays et vient de sortir son second roman Battements d'ailes. Succès mérité, ses romans sont de petits bijoux. L'écriture est sans affèterie, concise, ciselée, intense, je me suis régalé. Romans étranges, envoutants, pleins de senteurs et de saveurs, de sentiments vrais, que l'on dévore d'une seule traite et qui vous font du bien à l'âme. C'est publié aux éditions LIANA LEVI
www.lianalevi.fr/auteurs/agus.htm - 16k

 

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5 juin 2008 4 05 /06 /juin /2008 00:03


En parodiant Charlie-Hebdo, vous avez échappé au titre : les " peine à jouir " de "Que choisir ?" me gonflent ! Excessif j’en conviens Patrick. Comme la colère est mauvaise conseillère mais que j'ai envie de me lâcher car ça me fait du bien et, qu'entre nous, ça n’aura aucune influence sur la stratégie du sieur Bazot qui, en endossant la tunique du preux chevalier défenseur des recalés de l’agrément dans certaines AOC, au lieu de faire bouger les choses, « nuit gravement à la bonne cause qu’il dit défendre… » je vous livre l'objet de mon courroux.

Pour moi y’a pas photo je soutiens sans ambigüité Marcel Richaud et tous ceux qui se retrouvent en butte aux procès en non typicité menés par ceux qui ne voient dans le système AOC qu’un rempart à leur médiocrité. Pour autant, quoi de plus exaspérant que cette technique de l’amalgame : à qui va-t-on faire croire que l’incontestable connerie d’une poignée de dégustateurs patentés, partiaux, plus portés sur le copinage que sur l’agréage, va tuer les vins de terroir pour le plus grand profit des horribles « pinards industriels » concoctés dans des usines à vin ? Aux gogos qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez, mais pas à ceux qui savent que ce ne sont pas les vins technologiques, bien fait, qui pourrissent le marché, mais les vins mal faits par des soi-disant « artisans du vin » ou des coopés au bout du rouleau, hors piste.

En 2001, lorsque j’ai osé écrire que sous les grandes ombrelles AOC se cachaient des vins indignes, l’alliance objective entre les ayatollahs intégristes et les gros malins des gros zinzins a permis d’accoucher d’un bel immobilisme à la française. Ras-le-bol des formules chocs toutes faites qui font plaisir au petit cénacle élitiste mais qui ne font en rien avancer le plus grand nombre. C’est trop facile. Nous ne ferons pas évoluer les mentalités des vignerons de base en les stigmatisant. Marcel Richaud le sait mieux que quiconque, le modèle Richaud n’est pas reproductible sur l’ensemble de notre viticulture. C’est plus qu’une évidence ce n‘est que la réalité économique et humaine de notre vignoble, même un cancre le comprendrait sans grand effort. Les fatwas de « Que Choisir ? » ressoudent les conservatismes qui prospèrent sur les dérives actuelles. Face à ces agresseurs urbains c’est l’union sacrée qui permet d’éviter les sujets qui fâchent.

Soutenir qu’il faille, pour clarifier notre offre, à la fois refonder notre système AOC en revenant aux principes simples qui en ont fait un système unique et gagnant, et ouvrir un espace contractuel de liberté pour les vins sans IG est plus inconfortable mais l’un ne va pas sans l’autre. Revendiquer le droit à la différence, à l’exception dans les AOC et assumer la réalité économique et sociale de notre vignoble est bien plus courageux que la petite agitation du microcosme parisien. Depuis l’origine je suis aux côtés de mes amis de Sève pour refonder nos AOC je n’ai pas attendu les PAJ de « Que choisir ? » pour pourfendre la typicité chère aux formateurs Aocistes (voir ma chronique « C’est typique » :
 http://www.berthomeau.com/article-1930747.html).
Alors, oui, j’en ai plein le cul de lire des conneries débitées sur le ton de la sentence par des docteurs de la loi qui ne viennent pas se colleter à la lourde pâte de notre grand vignoble généraliste. Que ces messieurs me répondent : elles sont où les fameuses « usines à vin » de notre doulce France ?  Des noms, des lieux et bien sûr des marques, c’est la moindre des exigences qu’on puisse avoir vis-à-vis de journalistes en charge de la défense des consommateurs.

Ce nombrilisme à la française est exaspérant. Si nous avons perdu des parts de marché depuis 10 ans au profit des vins du Nouveau Monde, n’en déplaise à Bazot et ses disciples, ce n’est pas parce notre système d’agrément des AOC s’est transformé en machine à normaliser les vins. Tout le monde sait bien, Que Choisir en premier, que c’est une passoire coûteuse qui laisse tout passer sauf les vins de ceux qui déplaisent. Nous avons reculé parce que nous n’avons pas su, comme ont su le faire nos concurrents, séduire les nouveaux consommateurs de ces pays, avec des vins simples, technologiques, réguliers, sans prétention. Alors, toujours avec la même technique de l’amalgame, chère aux manipulateurs, conclure « qu’il ne faudra pas s’étonner que la viticulture française perde sa suprématie mondiale ! »  serait à pisser de rire si ça donnait pas envie de gueuler contre des propos aussi foireux. L’opposition stérile et phantasmatique entre les petits vignerons qui font bon et les grosses machines à pisser des jajas industriels conforte ceux qui se meuvent avec aisance dans l’ambigüité de notre système AOC hypertrophié pour le maintenir en leur pouvoir.

Et pendant ce temps-là, dans beaucoup d’exploitations viticoles de notre Grand Sud les comptes sont dans le rouge… l’heure de l’arrachage a sonné… on ferme… mais qu’importe à Que Choisir ce ne sont que des fournisseurs de raisins pour faire des vins de basse extraction qui n’ont pas reçu l’onction – sauf l’extrême – des grands prêtres habilités à délivrer les brevets de vins de propriété…

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4 juin 2008 3 04 /06 /juin /2008 00:08

Luis Sepúlveda a écrit « Le vieux qui lisait des romans d’amour » alors moi ce matin je me suis fendu d’un titre bizarre, à tiroirs, pour vous conter la drôle d’histoire de 3 marques de vin français. En janvier 2003, un sondage Ipsos révélait qu’en notoriété assistée la marque la plus connue des Français était Vieux Papes (57%) devant Sidi-Brahim (51%), Baron de Rothschild (48%), Listel (47%), Cellier des Dauphins (35%) et Cramoisay (33%).  Les marques de Wine Table font donc jeu égal avec celles de vins de plus haute extraction. C’est ce qui m’amène à racler le fond de mes souvenirs pour bavasser un chouia sur le Vieux qui se disait Pape : le Vieux Papes, le petit Gris des Sables : le Listel et, j’ai rajouté la Villageoise car cette nana du Sud mérite une mention aux Oscars des mal-aimés.

Nul doute que le Vieux Papes, avec ses trois-quart de siècle, tire une grande part de sa notoriété du lien avec le Pape de Châteauneuf. Crime de lèse papauté, que l’antériorité de la marque par rapport au système des AOC, cher au Baron Le Roy de Boiseaumarie, lui-même sis à Chateauneuf-du-Pape, a fait perdurer. Par bonheur, on ne l’embouteillait pas à Châteauneuf-les-Martigues mais surtout à Gennevilliers charmant port de pêche. J’en ai beaucoup embouteillé, chers lecteurs, et de mon temps il n’était que rouge alors que maintenant il se fait blanc et rosé, bouchage à vis. La seule innovation que je connus fut de le présenter en pack de 6. La mise en place de la machine nous valut, t’en souviens-tu Rémy, une belle petite grève. À par ça je me souviens que le chef de produit se remuait beaucoup les méninges et je n’ai jamais compris pourquoi car le Vieux qui se disait Pape, plutôt conservateur, ne bougeait pas d’un poil sa moumoutte…

Pour Listel c’est une autre histoire. Je ne vais pas vous la raconter car je ne la connais pas mais me contenter de vous placer quelque saillies de mon cru. Ma première visite aux Domaines date de 1978 alors que je venais d’arriver à l’Office du Vin. Deux choses me frappèrent à l’époque : le modèle économique était unique en France et c’était un vin d’ingénieur ; en langage contemporain : un vin piloté par l’aval et fondé sur un process industriel. Mon grand regret c’est que cette belle marque n’ait pas connue un développement international à la hauteur de son magnifique potentiel. Les ingénieurs des Salins n’étaient pas des marketeurs et pour leurs successeurs le challenge dépassait largement leurs capacités financières. Maintenant, sous la houlette d’un champenois, le lifting semble réussir à la vieille dame : 53 ans, reste à la faire sortir de l’hexagone…

La Villageoise avec sa grande bouteille d’1 litre et demi en PVC a été pendant très longtemps dans le top 10 des marques les plus vendues dans le monde. Au pays des grands nectars un jaja en boutanche de plastoche représentait la France : l’horreur absolue du même type que Mireille Matthieu la rase moquette d’Avignon avec son casque. Elle est toujours là, tout en bas des rayons, les pieds dans la poussière, survivante, assez pimpante mais la nouvelle star, celle qui tient la rampe c’est la mini Villageoise de 25 cl, la reine blanche des sauces. De mon temps on remontait des palettes de Villageoise de Châteauneuf-les-Martigues par semi entier, une vraie noria. Le populo aimait le Rosato. C’était le temps de Noël, Franck et les autres. Je me souviens de la tête de Noël lorsque ce cher Axel, notre PDG, jamais en reste d’une idée à la con, me demanda d’installer à Gennevilliers une ligne d’extrusion. Ce que je fis avec des bouts de ficelle et on se mit à extruder de belles bouteilles. Par bonheur mon tarin décela à chaque dégustation à l’aveugle la fragrance du PVC et le projet fut abandonné. Adieu vaches, cochons, couvées, exit Gennevilliers et Châteauneuf-les-Martigues, reste le Vieux qui se disait Pape et la petite Villageoise qui rase la moquette…     

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