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28 août 2008 4 28 /08 /août /2008 00:05

La Baltique ses harengs, ses bains et son soleil de minuit, ses vins… je plaisante à peine. Sur les îles d’Åland, un archipel boisé de la mer Baltique, entre la Finlande et la Suède, à 1600 km au NE du vignoble français « au printemps et en automne, lorsque les températures sont très variables, Frederik Slotte prend toujours soin d’arroser ses vignes. En gelant, l’eau enveloppe les ceps dans une fine pellicule de glace qui les protège contre des températures bien inférieures à 0°C. » John Tagliabu, dans le New York Times, précise que « Slotte, un médecin de 29 ans, fait partie d’un groupe de gens de plus en plus nombreux, en Finlande et dans d’autres pays voisins, qui, avec le réchauffement climatique, se tournent vers la viticulture. Il utilise des cépages robustes, résistants aux intempéries, notamment un hybride créé à partir de souches lettonnes et sibériennes. D’ici deux ans, Slotte espère produire quelque 110 bouteilles par an, pas de quoi inquiéter les producteurs français. »

J’adore nos amis journalistes américains qui savent si bien souligner que, par construction, les seuls viticulteurs inquiets en ce bas monde ne peuvent qu’être français. Par bonheur, et pour rassurer notre José Bové multicarte – désolé Pascal – « l’affreux descendant de l’oncle Sam » nous rassure « Membre de l’UE depuis 1995, celle-ci (la Finlande) n’est pas considérée comme un pays producteur de vin au regard des règles européennes, ce qui signifie que Slotte n’a pas le droit de vendre son vin. « Je l’offre à ma famille et à mes amis » explique-t-il ». Anecdotique certes, mais assez représentatif d’un phénomène dont, seuls nos élites et nos autoproclamés défenseurs de la Santé Publique, semblent ignorer que la civilisation de la vigne et du vin s’étend, plonge ses racines dans de nouvelles terres, gagne chaque jour des adeptes alors que dans notre beau pays, au nom d’une vision dépassée, hors la réalité de notre époque, elle est ravalée au triste rang de simple vecteur de l’alcoolisme. Erreur funeste, pure bêtise, exploitation médiatique par amalgame du fléau qu’est l’alcoolisme, entreprise de démoralisation stupide de ceux qui font et vendent du vin. Reproche-t-on au sémillant et médiatique Arnaud Lagardère d’être un vendeur d’armes ? Aucun média ne s’y risquerait, mais en revanche l’hypocrisie la plus crasse règne dans beaucoup de rédactions vis-à-vis du vin sous le couvert facile du respect de la loi Évin. Je n’ose pas croire que la position des prohibitionnistes rentrés sur l’accès à l’Internet va triompher : la protection de la jeunesse ne passe pas par une illusoire ligne Maginot.

Mais revenons à la Finlande. Dans ma jeunesse, certes je savais la situer sur une carte d’Europe, mais pour moi ce vaste et lointain pays n’était que la patrie d’inépuisables coureurs de demi-fond : Nurmi, Kolehmainen et d’excellents lanceurs de javelot dont j’ai oublié les noms imprononçables mais qui ont imposé depuis 1927 la technique du lancer. Depuis mes connaissances n’ont guère progressé et je dois avouer, qu’en dehors des forêts et de l’industrie papetière qui va avec (un reste du Ministère de l’Agriculture qui est aussi celui de la Forêt et du fameux dossier de la Chapelle-Darblay), la Finlande se résume pour moi en trois noms : Nokia, Hélène Schjerfbeck et Aki Kaurismäki.  

Nokia c’est mon premier téléphone portable. C’est Franck, mon chef du service informatique à la SIDO qui me l’a acheté : « le meilleur… » m’avait-il déclaré en me remettant ce drôle d’insecte tout gris et tout pataud. Il avait raison, Nokia est devenu le géant de la téléphonie mobile qui détient entre : 30 à 35 % de part de marché. Et dire que ce groupe, né de la fusion en 1966, de vieilles industries du XIXe : papeterie, caoutchouc et câbles, conglomérat touche à tout, au bord de la faillite, lorsqu'il jette par-dessus bord en 1992 toutes ses activités en dehors des télécoms ne semblait pas le mieux placé pour devenir leader d'un des marchés les plus extraordinaires de la fin du XIXe siècle. Bref, ce matin je ne vais vous rejouer ma petite musique habituelle sur la mondialisation.

 

Helene Schjerfbeck c’est pour moi l'un des plus grands peintres du début du 20ième siècle. Elle vient de faire l'objet d'une magnifique exposition rétrospective qui a fermé ses portes fin janvier 2008 au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris. Enfant prodige, elle complète sa formation académique à Paris, dans les rares ateliers libres ouverts aux femmes. Son naturalisme allié à une grande virtuosité technique lui vaut d’être rapidement reconnue. Au cours de cette période elle voyage, en Bretagne, en Angleterre, en Russie, en Italie. À l'extrême fin du XIXe siècle, dans une Finlande luttant pour l'indépendance, son refus du romantisme national, la marginalise. De santé fragile depuis son enfance elle s’éloigne d'Helsinki, s’isole, élabore une écriture picturale épurée, réaliste, ascétique : elle peint « son entourage, les ouvrières de l'usine locale ou plus tard les infirmières du sanatorium, des paysages et des natures mortes intimes qui sont comme autant de méditations faisant échos aux autoportraits où à la fin de sa vie elle traque les progrès de l'âge, de la maladie et de la mort s'approchant ». Femme étrange, étrange destin, une vie entièrement dédiée à la peinture dans la solitude et le plus grand dénuement.
 

Aki Kaurismäki un cinéaste finlandais, un déjanté total, dont le film le plus connu est L'Homme sans passé qui a reçu le Grand Prix au Festival de Cannes en 2002, à voir un soir où l'on n'a pas le spleen. En regardant ces images lugubres, glacées du Helsinki nocturne, d’alcoolisation violente et solitaire, l’envie me démange de proposer à notre médiatique et repentant Chabalier de s’y rendre, tel un missionnaire de notre enfance, porter sa bonne parole toute empreinte de son chemin de croix. Nos penseurs sanitaires devraient aller y méditer sur les rapports entre la solitude extrême et les pratiques d’alcoolisation expéditives qui gagnent du terrain en France, plus particulièrement chez les jeunes. Ensuite que tout ce beau monde ne vienne pas me chanter que le vin n’est pas l’un des meilleurs accoucheurs de convivialité.

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commentaires

C
On doit également à la Finlande un écrivain très original, drôle, totalement fantaisiste et amoureux de la nature et des hommes, Arto Paasilinna, auteur de "Petits suicides entre amis", "Le lièvre de Vatanen" et "La douce empoisonneuse". Les personnages de ses romans boivent souvent beaucoup...
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