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1 octobre 2018 1 01 /10 /octobre /2018 06:00
SEPTEMBRE

C’est rituel, lorsqu’on me croise en juillet-août dans les rues de Paris on me dit « Quand pars-tu en vacances ? » Je souris avant de répondre : « Je suis en vacances éternelles mes amis mais je pars en septembre en Corse, celle du Sud… » Je me garde bien d’ajouter : « … en septembre les bronze-culs sont repartis sur le continent ou, si vous vous la jouez indépendantiste : en France.

 

Avant le départ, afin de n’avoir rien à faire, je tartine toutes les chroniques qui seront mises en ligne tout au long de mon séjour insulaire.

 

Et puis sitôt arrivé, l’actualité corse m’offre des sujets que je traite au petit matin sur la terrasse juste avant que le soleil pointe son nez au-dessus des crêtes qui enserrent la baie de la Liscia.

 

6 heures, 7 heures, les chroniques tombent dans vos boîtes mail et certains doivent penser que je suis l’enfant naturel de Stakhanov.

 

Détrompez-vous, je suis un gros fainéant mais j’adore me lancer des défis pour me sortir de mon indolence…

 

À mon retour j’aurais pu revenir à mon rythme d’une chronique par jour, eh bien non, je poursuis sur ma lancée corse.

 

Ce qui m’étonne c’est que vous me suiviez avec fidélité.  

 

Face à face de bouc et à twitter le vieux blogueur que je suis survit à la toute-puissance de ceux qui n’écrivent ni ne lisent, j’entends par là qu’ils s’en tiennent au titre, qu'ils réagissent, torchonnent, invectivent, se mettent en scène, cherchent le buzz…

 

Je suis mon petit bonhomme de chemin sans me soucier de faire de l’audience.

 

Et puis, patatras, le 22 septembre je commets en trois coups de cuillère à pot une petite chronique :

 

Pendant que l’INAO vérifie avec un pied-à-coulisse la hauteur de l’herbe dans les vignes, à Pomerol on importe sans vergogne du terroir dans les vignes.

 

Et c’est parti mon quiqui !

 

Ce drainage met-il à sec ou à sac le terroir ? titre Vitisphère le JO de la viticulture.

 

Suscitant le débat et une commission d’enquête, les travaux avant plantation d’une parcelle de 62 ares pourraient mettre son habilitation à la production de l'appellation sur la sellette. Ce qui n'est pas une mince affaire à 1,5 millions €/ha.

 

« Je ne suis pas le seul à faire des travaux de drainage, à devoir apporter des cailloux, à avoir étalé les terres excédentaires… Si historiquement les propriétés de Bordeaux n’avaient pas drainé les sols, il n’y aurait pas beaucoup de vin en Gironde ! » laisse échapper Denis Durantou, le propriétaire du château L’Église Clinet (Pomerol). Entre surprise et incompréhension, le vigneron semble dépassé par la polémique qui enfle, un peu dans le vignoble qu’il travaille et beaucoup sur les réseaux sociaux dont il est absent, au sujet des travaux de drainage qu’il a réalisés début septembre sur une parcelle de 62 ares.

 

Mais à l’ère des téléphones portables et du tout connecté, les photos de ses pelleteuses creusant et terrassant le sol sont rapidement sorties du plateau de Pomerol. Ces clichés ont ouvert le débat plus large sur les limites à fixer aux pratiques de préparation des sols avant plantation. Les critiques se sont focalisées sur un apport de graves, et ont culminé dans un billet du blog de Jacques Berthomeau : « pendant que l’INAO vérifie avec un pied-à-coulisse la hauteur de l’herbe dans les vignes, à Pomerol on importe sans vergogne du terroir dans les vignes » (en référence au manquement à l’AOC Graves du domaine Liber Pater concernant l’entretien de son sol*).

La suite ICI

 

Comme le disait Richard Virenque : c’est arrivé à l’insu de mon plein gré… J’assume mes écrits, d’ailleurs personne n’a protesté, la suite dépasse largement une quelconque volonté de faire le fameux buzz.

 

Bien sûr ça a boosté les statistiques, amené de nouveaux abonnés mais, sans jouer le modeste, ce ne sont pas les gros chiffres qui me motivent.

 

Pages vues :

39 109

Visiteurs uniques :

30 444

 

C’est plutôt ça, reçu, dimanche matin via le formulaire de contact du blog :

 

                Bonjour, Mr Berthomeau, je suis infirmière et je me prépare à partir ce matin à l’hôpital; je viens de lire votre chronique à propos d'A. Camus; c'est un plaisir de vous lire et je peux dire que ma matinée commence bien. Je vous remercie donc.

Bonne journée

Anne

 

Voilà, j’ai fait le tour de la question.

 

À l’instant sur le fil Twitter tombe une bien mauvaise nouvelle :

 

L’auteur de bandes dessinées René Pétillon est mort, dimanche 30 septembre, à l’âge de 72 ans, a annoncé la maison d’édition Dargaud, confirmant ainsi une information publiée par le dessinateur Yan Lindingre sur son compte Facebook.

 

« La tristesse et la douleur de voir disparaître un ami cher ne nous font pas oublier le talent hors du commun de ce dessinateur à l’humour irrésistible et à l’élégance rare », peut-on lire dans le communiqué publié par Dargaud.

 

René Pétillon avait notamment créé le personnage de Jack Palmer, un calamiteux détective dont les péripéties ont été narrées à travers plusieurs albums, publiés entre 1976 et 2014. L’Enquête corse, prix du meilleur album au Festival d’Angoulême 2001 avait été adaptée au cinéma dans un film réalisé par Alain Berberian trois ans plus tard, avec les acteurs Christian Clavier et Jean Reno.

 

René Pétillon fut également lauréat du grand prix de la ville d’Angoulême en 1989 et a collaboré pendant de longues années avec Le Canard enchaîné.

 

 

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30 septembre 2018 7 30 /09 /septembre /2018 06:00
Mes détestations absolues : le concombre, les ronds-points et le four à micro-ondes
Mes détestations absolues : le concombre, les ronds-points et le four à micro-ondes

« Le concombre est un légume qu’il faut bien émincer, assaisonner avec du poivre et du vinaigre, puis jeter aussitôt, car il ne vaut rien du tout. »

Samuel Johnson

 

 

« Le rond-point ou sens giratoire est une maladie incurable, une épidémie. Comme son nom l’indique, cet espace circulaire apparaît à l’endroit où convergent au moins deux routes suffisamment fréquentées pour justifier son existence. Favorisé par une nouvelle politique européenne de l’urbanisme qui, ces dernières années, a fortement subventionné la suppression des feux tricolores, le rond-point est une particularité des lointaines banlieues et des zones limitrophes (…)

 

Le rond-point est constitué d’un parterre central – presque toujours circulaire, parfois polygonal – autour duquel tourne une route où débouchent d’autres. Dans le parterre inaccessible à pied, nappé d’un brouillard de gaz d’échappement et aussi bruyant qu’une tranchée de la Première Guerre mondiale, personne ne s’arrêtera jamais. Personne ne s’assiéra jamais. Personne ne dormira, ne lira, ne fera l’amour. C’est un parterre d’« apparat ». Encouragés par le architectes et les paysagistes qui sont de mèche avec des pépiniéristes en mal de publicité prêts à distribuer de généreux pots-de-vin, maires et adjoints ont décidé d’y concentrer le plus grand nombre possible de bizarreries afin de montrer à tous les automobilistes combien la ville annoncée et saluée par le rond-point est à la page, moderne, audacieuse et « culturelle » » (…)

 

Ce qui importe avant tout aujourd’hui, dans notre époque de vitesse qui nous bombarde constamment de mille stimulations, c’est d’« impressionner », de « choquer ». À la vue de la sphère métallique trônant sur le rond-point, toute personne de bon sens pensera « c’est absurde » ou « c’est horrible », et donc se sentira en devoir de déclarer que c’est « intéressant comme travail », « une œuvre réussie », « une trouvaille » sans se demander si cette boule annonce un stade de foot, représente une orange ou symbolise le mensonge ou l’exaspération. Seul l’automobiliste qui se garera et, au péril de sa vie, traversera rond-point et parterre pour lire l’écriteau pourra découvrir qu’il s’agit d’un monument à la mémoire des victimes de la Mafia. »

Umberto Pasti Pierre Le-Tan Jardins les vrais et les autres Flammarion

 

 

Le four à micro-ondes : Une invention issue des techniques militaires

 

 

Le 18 septembre 1999, le Dr Percy, expert en électronique, fut admis à titre posthume au National Inventors Hall of Fame (Organisation fondée en 1973 à Akron (Ohio) pour honorer les réalisations des inventeurs), succédant aux frères Wright et à Thomas Edison parmi les précédents lauréats.

 

Sa renommée reposait principalement sur l’invention en 1946 du four à micro-ondes.

 

« L'histoire de l'invention du four à micro-ondes est celle du fabuleux destin de Percy Lebaron Spencer. Malgré une enfance malheureuse et une scolarité interrompue à 12 ans, le jeune Percy, curieux et autodidacte, se passionne pour l'électricité et les communications à distance. Après son service militaire dans la marine (où il apprend la radiotélégraphie), il entre en 1925 chez Raytheon. Cette compagnie oeuvre dans le secteur de la défense et développe des technologies autour des radars. C'est ainsi qu'il se retrouve en 1945 à travailler sur un tube magnétron, un dispositif qui transforme l'énergie électrique en énergie électromagnétique sous forme de micro-ondes. Sa mission est de simplifier le processus de fabrication de cet élément, afin d'améliorer la production de radars destinés aux militaires.

 

« Fondée en 1922 dans le Massachusetts, notamment par Vannevar Bush (1890-1974), l’un des pionniers de l’informatique, s’impose comme principal fournisseur de magnétrons. Ces tubes électroniques équipent les différents types de radars et produisent les ondes électromagnétiques qui sont ensuite détectées, révélant ainsi la présence d’objets à distance. »

 

« Debout à côté d’un magnétron, Spencer s’aperçut soudain que le chocolat qu’il avait dans la poche était en train de fondre. Il confirma le pouvoir chauffant du magnétron en disposant à côté de l’appareil des grains de maïs à pop-corn qu’il regarda gonfler et éclater. Après avoir obtenu du pop-corn, il place un oeuf dans un pot avec une ouverture, devant le tube magnétron. L'oeuf éclate. Il note alors que l'intérieur du pot a chauffé plus vite que l'extérieur.»

 

« L’invention du four à micro-ondes est exemplaire à deux titres. D’abord, elle résulte d’un hasard qui l’a hissée au rang des innovations typiques de ce qu’on appellera par la suite « sérendipité », comme le Post-it ou le Téflon. Ensuite, elle est un pur produit des techniques militaires, en l’occurrence celles qui ont permis l’essor du radar, lequel découle principalement des travaux du physicien écossais Robert Watson-Watt (1892-1973) sur la radioélectricité en 1935.

 

« Plusieurs scientifiques avaient déjà découvert les propriétés chauffantes des micro-ondes. Mais Percy Spencer est le premier à imaginer s'en servir pour la cuisson des aliments. C’est un four industriel fonctionnant sur le principe de l’agitation des molécules d’eau (à un rythme effréné de plus de deux milliards de fois par seconde) présentes dans les aliments sous l’effet de l’énergie électrique d’ondes radio émises à une fréquence de 2,45 gigahertz (domaine des micro-ondes). Il dépose en octobre 1950 un brevet concernant ce traitement des denrées alimentaires par l’effet des ondes électromagnétiques. »

 

Fin 1945, Raytheon dépose un brevet et présente en 1947 le "Radarange". Avec 1 m de haut et près de 30 kg, ce four bien trop cher (3 000 dollars) a peu de succès. »

 

 

« C'est en 1967, deux ans après avoir acheté Amana Refrigeration, que Raytheon lance un four à micro-ondes à usage domestique à 500 dollars qui fera peu à peu son entrée dans les ménages. En 1971, la Food and Drug Administration impose des normes aux constructeurs et, pour la première fois en 1975, les ventes des micro-ondes dépassent celles des fours à gaz. Percy Spencer se voit décerner le titre honorifique de Docteur par l'université du Massachusetts et meurt en 1970.

 

Arrivés dans les années 1980 en Europe, les fours à micro-ondes équipent aujourd'hui plus de 80 % des foyers français, contre 20 % en 1990. - 34 % des fours à micro-ondes vendus sont des combinés, avec fonction de four classique.

 

Des firmes japonaises, puis coréennes et désormais chinoises dominent tour à tour le marché mondial, réussissant à vendre des fours à partir de 40 euros.

 

« Cet appareil est considéré par la population française comme l'un des 10 objets dont on ne peut absolument pas se passer », précise Aurélie Brayet, spécialiste de l'histoire des arts ménagers à l'université de Saint-Etienne. En 2007, selon le Groupement interprofessionnel des fabricants d'appareils d'équipement ménager, 85 % des foyers français en étaient équipés, ce qui correspond à des ventes annuelles de quelque 2 millions d'appareils au cours des cinq dernières années. Pour autant, l'engouement pour le four micro-ondes ne date en France que de la fin des années 1980 - seuls 20 % des foyers étaient équipés en 1990 - largement après les Etats-Unis et le Japon. « Le four à micro-ondes a séduit d'emblée les Américains, toujours en quête de gain de temps, et les Japonais, adeptes de cuisson vapeur de petites portions, explique Aurélie Brayet En revanche, jusqu'aux années 1990, les Français l'ont surtout utilisé comme moyen de réchauffage rapide de liquides. »

 

« Puis, peu à peu, les plats sont passés, comme aux Etats-Unis, du réfrigérateur au micro-ondes. Au milieu des années 1990, les produits surgelés devenus plus abordables ont connu un véritable engouement. " Néanmoins, en France, le développement conjoint des marchés du micro-ondes et des surgelés a d'abord été une spécificité urbaine de familles aisées, précise-t-elle. Le four à micro-onde n'a pénétré les foyers ruraux, pourtant bien plus équipés en vastes congélateurs, qu'il y a moins de dix ans. " Et, au pays de la gastronomie, la véritable cuisine au micro-ondes n'a pris son essor qu'au cours des cinq dernières années, en grande partie grâce à des livres de recettes et à l'instar de chefs qui ont prôné ce mode de cuisson désormais synonyme de qualité. »

 

Sources :

- SONIA PIGNET PUBLIÉ LE 01/04/2008 

 

- Une invention issue des techniques militaires

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26 septembre 2018 3 26 /09 /septembre /2018 06:00
Le plaisir de retrouver ce forban-poète de Pascal Frissant du château Coupe-Roses dans le dernier numéro de Le Rouge&leBlanc

Dans le portrait qu’ils font de Pascal Frissant, les rédacteurs de Le Rouge&leBlanc omettent qu’il fut l’un des leaders emblématiques de la Confédération Paysanne, à ce titre il siégeait au Conseil de Direction de l’ONIVINS devenu Viniflhor.

 

Le 18 juillet 2008 j’écrivais :

 

J'aime bien Pascal Frissant c'est un vigneron poète. Lyrique, avec ce grain de folie qui donne à ses propos des couleurs et des saveurs que l'on ne rencontre plus dans les débats convenus, aseptisés. À la Confpé pure et dure je n’étais pas en odeur de sainteté, lors d’une université d’été à Monbazillac ce fut très chaud, la vieille garde post-gros-rouge m’accusait de solder dans mon foutu rapport la viticulture des gens de peu, les coopérateurs et leur coopé producteurs de minerai. Avec Pascal l'amitié et l'estime ont toujours fait fi des contingences du moment. Débattre avec Pascal fut toujours un plaisir.

 

Et puis, nous nous sommes perdus de vue, j’ai rencontré Françoise Le Calvez, son épouse, lors de dégustations. « Françoise est une femme de caractère, qui s’exprime de façon franche et directe », je confirme.

 

La relève est assurée par leurs enfants avec Mathias, titulaire d’un DNO, qui a rejoint le domaine en 2015 et plus récemment Sarah, DNO , qui fait le commerce.

 

Je note avec plaisir que Mathias a pour objectif des vins encore plus naturels. Bravo ! Avec mes encouragements.

 

Les 3 dégustateurs, dont Sonia Lopez-Calleja, écrivent  que « les deux cuvées dégustées collégialement ont révélé un terroir magnifié par « les tripes du vigneron » comme le disait Jacques Puisais. »

 

Pour ces retrouvailles à distance je sors de mes archives :

 

18 juillet 2008

 

La lettre ouverte de Pascal Frissant au président et au directeur de Viniflhor où il donne les raisons de sa démission du Conseil de Direction de Viniflhor.

 

Monsieur le Président, Monsieur le Directeur,

 

J'ai le regret de vous adresser ma démission aux sièges que j'occupe au titre de la Confédération Paysanne, à compter de ce jour.

 

J'ai eu de l'honneur et du plaisir à représenter une partie du monde vigneron "à Paris" suivant l'expression ancienne.

 

Je suis assez heureux du travail de rédaction et de publication de la brochure "les frontières du vin" pour laquelle votre aide fut essentielle. Nous avons amorcé un débat sur les limites de l'usage du mot vin, sur la dangerosité de la perspective de la commercialisation de fractions de vin, sur l'aspect non purement marchandise mais éminemment sémiotique * du vin. L'appel ultime contre les naufrageurs du vin donna une dimension particulière à ce débat.

 

Enfermés dans une vision du monde et de la consommation ne laissant pas de marge de manœuvre à ceux qui veulent se détacher des dogmes des grands marchands, mes collègues responsables professionnels n'ont pas pu rentrer dans la question : qu'est-ce que le vin ?

 

La question reste pour moi la même depuis longtemps :

  • pourquoi boit-on encore du vin

 

  • pourquoi cette boisson archaïque gagne-t-elle en universalité ?

 

Le redéveloppement des exploitations viticoles, des installations et de l'emploi à la production dépend du statut du vin et de la régulation des marchés autour de cette définition. La fuite en avant dans la régulation et la fabrication du breuvage "vin" amorce une nouvelle vague de faillites paysannes, de situations de douleur et d'échecs, de destruction des tissus ruraux.

 

Nous ne parvenons pas à mesurer certains mécanismes lourds.

 

Il y a d'abord celui de la mort du producteur dans les vins de marque et de la mort du Vin par le développement des techniques correctives. La fraude précède généralement la légalisation comme le prouve le développement actuel de l'offre d'arômes exogènes et de la pratique du mouillage.

 

La déconstruction du substrat "moût" ou "vin" "sont suivie d'une reconstruction matérielle qui pourrait bien aboutir à des vins prémix. Il y a également l'offensive permanente des moines-soldats de l'hygiénisme qui trouveront dans ce vin mort l'évidence de ses fonctions d'imprégnation alcoolique dépourvues de toute modération culturelle.

 

La casse du vin va s'amplifier avec le productivisme. L'augmentation des rendements est présentée comme seul horizon possible pour le maintien d'une recette/ha. Nous connaissons le lot d'aberrations écologiques accrochées à cette orientation : la gaspille de l'eau, l'augmentation de la fragilité des plantes, l'usage accru de pesticides... On peut comprendre le raisonnement au niveau du guidon dans une entreprise ; je comprends moins l'absence de travail culturel sur le vin, l'absence de réflexion sur l'impact négatif des techniques mises en oeuvre à la production, sur le mécanisme de construction de la valeur symbolique du vin et des vignerons qui soutient pourtant l'ensemble de son économie actuellement.

 

L'absence s'un temple de la vigne et du vin à l'image du Futuroscope de Poitiers, la quasi-absence de chaire d'Histoire du vin, de géographie viticole ou de techniques d'investigations archéologiques et historiques permettant de travailler sur les dimensions quasi-universelles du vin sont autant d'éléments qui donnent la mesure de la pauvreté culturelle de la représentation professionnelle. C'est un tapis rouge pour le cynisme des marchands.

 

Après le règne de l'idéologie des marchands qui jettent des cailloux aux poètes, eux qui jadis en étaient les mécènes, viendra celui des citoyens du monde dotés d'un revenu. Ils chercheront la vérité agronomique des mets, des vins et de notre relation à la nature et aux autres.

 

Les difficultés sont grandes dans nos exploitations. Des pères de famille sont humiliés par leur impossibilité à résoudre leurs problèmes financiers. Un voisin vient de vendre à 42 euros l'hl un vin de pays à 13,4° qui eut pu être Minervois. Notre village est à 56 hl/ha en moyenne !

 

Le temps passe. La nouvelle régulation semble être celle du prix comprimé même en période de déficit de production. Nous sommes passés d'une régulation qui protégeait les vignerons à une régulation qui garantit des bas prix au négoce.

 

Cette situation nous décime.

 

Je pense que l'obsession du contrôle politique de la filière et les restes de physiocrates** qui poussent à refuser de reconnaître une valeur à la demande sociale "de la ville" nous jettent dans des difficultés de fond et participent à cette nouvelle régulation. Les analyses de résidus de pesticides publiées récemment sont un avant-goût des problèmes que la sporulation corporatiste veut nous faire ignorer depuis vingt ans.

 

Dans des conditions meilleures peut-être travaillerons-nous dans le futur.

 

Je continue à œuvrer pour la défense du vin et des paysans vignerons, pour la solidarité avec les paysans pauvres du monde et pour que mes enfants puissent s'installer.

 

Merci de bien accueillir mon successeur.

 

Salutations.

 

Pascal Frissant.

 

·        La sémiotique est la théorie des signes culturels.

 

·        la physiocratie (le pouvoir de la nature) est une doctrine économique qui considérait l'agriculture comme source essentielle de la richesse.

 

29 août 2010

Pascal Frissant Vous êtes membre de la commission nationale viticole de la Confédération Paysanne : comment avez-vous réagi à cette action anti-OGM ?

 

« L'Inra de Colmar est une station que nous connaissons bien. Ses chercheurs sont très sérieux et planchent sur des sujets primordiaux, tels que la sélection de nouvelles variétés de vigne. Nous sommes bien sûr opposés à l'usage d'OGM dans la viticulture, mais nous faisons confiance aux scientifiques œuvrant pour mieux connaître ces organismes. Le problème, c'est qu'il existe au sein de la Confédération un petit noyau d'activistes qui n'a pas compris la différence entre viticulture et céréales. Or cibler l'Inra, outil où les spécialistes ont quand même pas mal d'indépendance, est à mes yeux une grosse connerie. On sent une volonté d'en découdre : je ne peux que condamner ce type d'attitude idiote.

 

Quel a été selon vous l'élément déclencheur de ce coup de force ?

 

« Il y a eu sans aucun doute la visite sur le site de Colmar du ministre de l'Agriculture, qui a annoncé à tort que ces plans de vignes transgéniques seraient rapidement commercialisés. Il cherchait sans doute à rassurer les exploitants inquiets à cause du court-noué : cette opération politique fondée sur une information erronée a servi de prétexte à ce groupe de faucheurs volontaires qui attendait l'occasion de passer à l'acte. Il n'empêche que leur action relève d'une sorte de dérive sectaire, semblant dictée par une poussée limite obscurantiste. Ça commence quand même à m'inquiéter un peu. »

 

 

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22 septembre 2018 6 22 /09 /septembre /2018 07:00
Pendant que l’INAO vérifie avec un pied-à-coulisse la hauteur de l’herbe dans les vignes, à Pomerol on importe sans vergogne du terroir dans les vignes.

À Pomerol on est toujours à la pointe de la défense du terroir, pensez-donc l’ancien champ de courses de Libourne, par un tour de baguette magique, grâce à la SAFER, est passé du statut de support de crottins à parcelles d’AOC.

 

INAO : Amen !

 

Il faut dire qu’il fallait bien tenter de mettre de l’huile dans les rouages après la déculottée infligée , par deux fois, par le Conseil d’État à l’affaire des sans-chais.

 

INAO : Amen !

 

 

Il est de coutume d’affirmer pour défendre le régime des AOC-AOP-IGP qu’ainsi nos beaux terroirs sont protégés des appétits de certains nouveaux venus : elles ne sont pas délocalisables ! À Pomerol, et ce n’est pas propre à cette appellation, à Bordeaux comme ailleurs, le terroir est importable. Il suffit d’une pelleteuse, d’un camion-benne et joyeusement on étend de « la grave » avant la plantation. À ce régime-là pourquoi les chinois, nouveaux prédateurs plein de pognon, se priveraient de ce type de pratique pour dupliquer nos beaux terroirs que le monde nous envie. C’est de l’extension du domaine des terroirs.

 

INAO : Amen !

 

L’INAO, est aux abonnés absents, ses agents se terrent, la direction s’en lave les mains, mais alors que font-ils : ils font une fixette sur la hauteur de l’herbe, et lancent leurs limiers pour traquer, munis d’un pied-à-coulisse, ce sont des gens précis, chaque centimètre compte, ces odieuses brindilles qui défigurent nos beaux paysages viticoles.

 

Avec le Roundup, pas de problème, c’est morne plaine façon Mars, les gars peuvent se friser les moustaches ils ne recevront pas de papier bleu.

 

Du pain béni que tout ça pour Me Morain et ses frères, ça va décaniller dans les prétoires, à la sulfateuse…

 

L’essentiel est sans cesse menacé par l’insignifiant.

René Char

 

Les 2 photos m'ont été expédié par Loïc Pasquet sans indication d'auteur, il m'est dit qu'elles seraient de Nicolas Lesaint... alors va pour Nicolas Lesaint...

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21 septembre 2018 5 21 /09 /septembre /2018 07:00
Faites-vous donc tirer le portrait chez Bettane&Dessauve ça amusera la galerie de vos amis sur Face de Bouc, Pax en premier…

Dans l’ancien monde tu ne recevais par le courrier que la presse à laquelle tu t’étais abonnée ; dans le nouveau, celui de la Toile, tombent comme à Gravelotte des trucs et des machins à qui tu n’as rien demandé. Ouais mais c’est gratuit. Certes, certes, je le sais ce sont les annonceurs qui font bouillir la marmite.

 

Faut les choyer ces braves gens, les bichonner, les inviter à un pince-fesses, par exemple pour fêter le lancement du Guide des vins Bettane+Desseauve 2019, tous les lauréats les réunir au Pavillon Ledoyen, temple du chef triplement étoilé Yannick Alléno, pour une soirée de dégustation.

 

Et, bien sûr, leur tirer le portrait.

 

Ce n’est ni du Cartier-Bresson, du Doisneau, du Riboud ou du Depardon, tout juste le niveau du reportage de mariage ou la photo du localier de Corse-Matin.

 

Au regard de mes réflexions ironiques vous en déduisez, à juste titre, que ces portraits n’ont pas été immortalisés par mon petit Leica, « j’étions » point invité tout comme cette brave  Ixchel Delaporte du journal l’Humanité, nous ne sommes pas en odeur de sainteté.

 

Si je vous rapporte cet évènement c’est que le magazine papier glacé En Magnum possède une version électronique à laquelle on m’a abonné. Sans doute son grand rédacteur-chef qui me voue un amour immodéré.

 

 

Alors pourquoi diable en faire la publicité sur mon espace de liberté si impertinent avec ce couple que le monde entier nous envie.

 

2 raisons :

  • Le groupe Bettane&Dessauve étend son domaine « Ce fut l’occasion d’annoncer la tenue du Grand Tasting Spirit les 8 et 9 février 2019 au Carreau du Temple, à Paris et l’association de Bettane+Desseauve avec les fameux Guides Lebey. « Le vin fait partie, avec la gastronomie et les spiritueux, d’un art de vivre gourmet qu’il nous paraît essentiel de défendre et de faire partager en France et dans le monde entier. », a expliqué Thierry Desseauve.

 

  • Pour faire retrouver le sourire à mon cher lecteur Pax qui trouvait hier que je sombrais dans le misérabilisme

 

Tout le reportage photo ICI 

 

NDLR. Je publie 2 photos sans autorisation mais, puisqu’on me les a expédié sans la mienne, ce n’est qu’un simple retour à l’envoyeur. Ce que je regrette c'est l'absence d'une photo plan large sur la foule des invités.

 

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20 septembre 2018 4 20 /09 /septembre /2018 07:00
Éric Holder, dans Bella Ciao : « Pour vivre, il trouve un contrat de 100 jours chez Franck Pottier qui « fournit depuis 1968 le prestigieux domaine de M, en carassons, des piquets de vigne. » dans le Médoc

Les Pottier sont aussi propriétaires du château Cantara un « cru artisan » qui ambitionne à la qualification de « cru bourgeois »

 

Myléna en avait assez. Je n’ai pas attendu qu’elle me largue, c’est moi qui suis parti. Au bord de l’océan, pour en finir. Quand j’ai repris pied sur le rivage, j’étais dessoûlé, nu comme une bête et ne possédais plus rien. Passé un rideau de pin, on voyait des vignes. J’y ai trouvé un emploi d’ouvrier agricole. Franck ne m’a pas épargné, avec lui on ne prend guère de gants. Les mains deviennent comme des pelotes d’aiguilles. J’ai continué à boire. J’ai appris cependant à travailler sans relever la tête. Est-ce ainsi que les hommes vivent ? Oui, s’il y a un espoir au bout. Le mien était de regarder mes enfants en face. Et de reconquérir ma belle.

 

 

C’est une vieille chronique du 2 octobre 2009

 

Les mots du travail de la vigne : les oubliés de la vigne ... qui me semble aller comme un gant avec la précédente.

 

« Sur les carassons, ou échalas, courent des fils de fer tendus, le maillage sur lequel la vigne va croître. Autrefois en vaillant bois d’acacia, à présent en pin, les piquets doivent être souvent remplacés. C’est par milliers que chaque année, au milieu de l’automne, la vendange achevée, le domaine de M. en commande à Franck. »

 

« Franck me montra la Renault Express qu’il me confiait, un véhicule utilitaire chargé d’une brouette, d’un tas d’outils d’où dépassait le manche d’une pelle, et des centaines de pieds de vigne à complanter.

 

Complanter, c’est remplacer, dans les allées, les ceps qui, pour une raison ou pour une autre, ont péri. Beaucoup de cabernet sauvignon, un peu de merlot, du petit verdot, voilà un des secrets du château Cantara.

 

« La vigne est constituée d’un réseau de fil de fer à plusieurs niveaux, dans lequel nous enfouissons les mains, le maillage, donc. On a vu la foudre, empruntant ce chemin, griller l’employé comme tranche de lard dans la cheminée »

 

« Les parcelles de vigne, parfois situées à des kilomètres les unes des autres, portent des prénoms de femmes. Laurence, Béatrice, Marlène... »

 

« Une autre fois, il me montre un aste (courson) élevé en arceau. Des feuilles nouveau-nées, rose fuchsia, translucides, le transforment en diadème barbare, scintillant dans l’humidité de l’aurore. »

 

« Franck a trois autres ouvriers. J’entends qu’il leur dicte des ordres, sur son portable. Certains taillent – nous sommes fin février –, un autre acane, c’est-à-dire attache, avec des liens blancs, les astes au maillage. Ce boulot est réservé aux filles, qui ont des doigts plus fins. Je trouve dans les vignes des traces de leur activité, sans les croiser cependant. 

 

-         Moi aussi, j’aimerais bien tailler...

 

-         Laisse tomber, dit-il avec tant de fermeté que je comprends qu’une partie de la récolte serait compromise »

 

« Dans la vigne est venu le moment d’espourguer, d’épamprer, un travail minutieux qui consiste à ôter des astes les bourgeons prétentieux. Les quelques-uns que nous laissons, à certains emplacements, s’appellent des cots. Ils pousseront en branches »

 

« À l’automne précédent, après la vendange, ont été descendus les deux fils de fer sous lesquels le raisin poussait. Avec l’apparition du feuillage et de minuscules grappes, il faut les remonter, les tendre entre eux au moyen d’agrafes. L’opération est appelée « relevage »

 

« Nous relevons côte à côte, alternativement à droite et à gauche, chacun s’occupe de deux rangs. Eux finissent toujours les premiers. Quoi que je fasse – tâchant d’imiter leurs gestes sûrs, l’autorité avec laquelle ils ramassent d’un coup le feuillage sur les fils –, je patauge en arrière. Ils terminent chaque fois mes rangs, s’en excuseraient presque »

Simple, la langue d’Eric Holder reste toujours empreinte d’une grande poésie qui fait doucement rentrer son lecteur « dans une dimension différente du temps, celle de trouver des formes aux nuages, d’isoler des chants d’oiseaux, de poursuivre une rainette, tandis que les villes vont au train qu’on leur connaît ». Il a ce talent de faire naître tout un monde, une atmosphère, d’un détail, un coin de ciel « délayé de lait », le motif d’un foulard « cher aux peintres préraphaélites anglais » ou une odeur « d’enfants aimés, de mimosa, de vanille, de lys ».

 

Parfois un peu trop elliptique et souffrant par moment d’un léger manque d’aspérités, Bella Ciao reste néanmoins le très élégant et court récit d’un morceau de vie en forme de résurrection. Fut-elle à la dure.

 

ICI

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19 septembre 2018 3 19 /09 /septembre /2018 07:00
Que faire lorsqu’1 auteur et son éditeur vous envoient la dédicace suivante « Nous vous présentons notre dernier ouvrage… Nous serions heureux de savoir ce que vous en pensez »

Les services de presse me causent parfois du souci, recevoir un livre sans l’avoir choisi et payé ça équivaut à ce que les agences de communication raffolaient au début de mon blog : me faire porter des boutanches gratuites ou à me faire rincer la dalle dans un restaurant en mal de notoriété. Je n’ai jamais goûté à ce pain-là alors que faire pour les livres ?

 

Les lire !

 

Certes, c’est ce que je fais et, si ça me plaît, je chronique, mais, le seul bémol à cette manière de faire, c’est lorsque l’auteur ou l’éditeur se fend d’une dédicace écrite de sa blanche main. C’est une forme d’imploration que je comprends aisément, eu égard à mon immense pouvoir d’influence, qui me touche, flatte mon ego, mais ça ne me fait pas fléchir.

 

Mais pourquoi diable évoquer mes états d’âme ce matin ?

 

Tout simplement parce que rentrant de mon séjour en Corse j’ai rangé, pour la énième fois, mes piles de bouquins en instance et je suis tombé sur un opus, envoyé en service de presse, par un petit éditeur que je connais bien et que j’avais oublié.

 

Cet oubli, je dois l’avouer, n’étant pas tout à fait innocent, le livre mal foutu, m’était tombé des mains, mais un peu honteux je me suis dit « fait un petit effort, c’est un petit éditeur, je ne connais pas l’auteur, feuillette, cherche, tu vas bien trouver un petit bout sur lequel tu vas pouvoir pondre une chronique… »

 

Les thèmes abordés étant classés par ordre alphabétique j’ai donc pioché sans pouvoir tomber sur une quelconque pépite. Bien au contraire, soit c’était chiant, soit sans grand intérêt pour moi car je suis à cent lieues des centres d’intérêt de l’auteur, ce qui ne signifie en rien que ceux-ci ne soient pas dignes d’intérêt mais, comprenez-moi, même si je suis tout prêt à tout comprendre je n’ai pas le cœur à donner un quelconque avis sur des sujets qui ne m’intéressent pas. Son monde du vin n’est pas le mien, je n’ai ni à m’en excuser ou à m’en glorifier, chacun sa route, chacun son chemin, la culture du rétroviseur sur la base d’anecdotes, de souvenirs personnels, n’apporte rien à l’histoire du vin. Je trouve cette « littérature vineuse » d’une ringardise absolue. Le vieux monde n’est toujours pas derrière nous.

 

Mais, je dois vous concéder que j’étais encore prêt à faire un petit effort, pour le petit éditeur qui rame pour survivre, lorsque je suis tombé sur une tirade qui m’a fait bondir « … les fiers vignerons su Bugey Cerdon en Savoie, producteur d’un pétillant rosé anecdotique et sucrailleux, heureusement produit en quantité infime, aussi inintéressant que traditionnellement barbant. Les montagnards ont un argument massue : le Die rosé n’est pas traditionnel, n’a pas d’histoire, c’est contraire aux principes de l’AOC qui reposent sur des usages et des pratiques historiquement éprouvés. Vous noterez, qu’éprouvés ne finit pas par deux e, mais un seul, car le masculin l’emporte sur le féminin, ce qui défrise beaucoup nos consœurs en un seul mot, qui voient le mâle partout, comme à Bugey. »

 

La messe est dite :

 

  • Touche pas à mon Cerdon, ducon ! ICI et ICI

 

  • Le Bugey est dans l’Ain pas en Savoie mec qui sait tout !

 

  • Le Conseil d’Etat a eu raison ducon, l’INAO reconnaîtrait une AOP du Sahara si celuici faisait encore parti de notre vieux pays aux terroirs que le Monde entier nous envie.

 

  • Quant à l’impertinence avancée dans le titre elle patauge dans le grivois et le gras.

 

  • Je dirai au petit éditeur de mieux choisir ses auteurs…

 

Voilà, je viens de réussir l’exploit de pondre une chronique sur un livre que vous ne trouveriez même pas en librairie si je vous en avais donné le titre.

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15 septembre 2018 6 15 /09 /septembre /2018 06:00
© Joaquín-S. Lavado (Quino) Agence Litteraire Caminito

© Joaquín-S. Lavado (Quino) Agence Litteraire Caminito

« Penser qu’avec tous ces personnages intéressants sur la scène politique, personne n’achète de billets ! »

 

« La vérité sort de la bouche des enfants » dit-on, ça n’a jamais été vérifié et je pense que c’est de moins en moins vrai, la naïveté et l’innocence me semblent en régression. En revanche, nos enfants nous questionnent de plus en plus sur nos problèmes d’adultes. MAFALDA, l’héroïne de Quino, née d’une commande publicitaire en 1963 est de cette pâte là.

 

A l’origine, Mafalda devait servir de support à une publicité subliminale commandée par la société Siam Di Tella, afin de doper les ventes de sa nouvelle gamme d’appareils électroménagers de la marque Mansfield. L’entreprise Agens Publicidad, sur recommandation de Miguel Brascó, commande donc la bande dessinée à Quino. Les noms des personnages devaient commencer par la lettre M et un appareil électroménager de la marque en question devait figurer dans le dessin.

 

Nous sommes en Argentine. « Quand les journaux ont commencé à la publier, je me suis rendu compte que j’avais à faire à un personnage dont j’ignorais ce qu’il serait » note le dessinateur qui ajoute qu’il va prendre une revanche en s’évadant des premières bandes dessinées et faire de MAFALDA une gamine contestataire et engagée.

 

Tout comme moi, pour sa conclusion, Quino  avoue « J’aurais aimé avoir une sœur, parce que je me sens beaucoup plus à l’aise avec les femmes qu’avec les hommes. »

 

Mais son père, directeur d’un bazar, et sa mère, maîtresse de maison, sont morts trop tôt : elle, en 1945, quand Quino avait près de 14 ans ; lui en 1947, quand il en avait 17. Il ne termine pas ses études secondaires. Il commence les beaux-arts, puis vient à 18 ans battre le pavé de Buenos Aires, avec quelques pesos que lui a prêtés son frère aîné. Il rentrera trois semaines plus tard à Mendoza, sans argent et sans travail.

 

© Joaquín-S. Lavado (Quino) Agence Litteraire Caminito

 

Tous ses dessins étaient des chrysalides silencieuses.

 

C’est encore parfois le cas aujourd’hui. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à regarder les dessins de Quino où les personnages ne parlent pas. Le secret est dans leurs yeux : de simples points. Et c’est avec des points que, depuis quarante ans, il exprime la colère, l’amour et autres arghh, sniff et pouah.

 

« C’est un petit point de rien du tout, mais parfois on obtient l’expression voulue, et parfois non. »

 

 « J’ai arrêté Mafalda au bout de dix ans, parce que je me suis rendu compte que j’avais beaucoup de mal à ne pas me répéter, je souffrais à chaque livraison. Quand on cache la dernière vignette d’une bande et qu’on connaît déjà la fin, c’est le signe que quelque chose ne va pas. Alors, par respect pour les lecteurs et pour mes personnages, mais aussi pour ma manière de sentir le travail, j’ai décidé ’abandonner cette série, tout en restant fidèle à l’humour que je n’ai jamais cessé de pratiquer. »

 

Quino, sur son site web : www.quino.com.ar

 

Quino, a rejeté jeudi 19 juillet 2018 l’utilisation de sa légendaire Mafalda par le mouvement qui s’oppose à la légalisation de l’avortement en Argentine, en plein débat parlementaire. « Je ne l’ai pas autorisée, cela ne reflète pas ma position », a écrit Quino dans une déclaration sur l’usurpation de sa célèbre fille irrévérencieuse qu’il a créée il y a plus de cinquante ans.

 

Quino, qui vient d’avoir 86 ans, a expliqué que « des images de Mafalda portant le foulard bleu symbolisant l’opposition à la loi sur l’interruption volontaire de grossesse [avaient] été diffusées. Je n’ai pas donné mon autorisation, cela ne reflète pas ma position et je demande qu’elles soient retirées ».

 

« J’ai toujours suivi les causes des droits humains en général et les causes des droits des femmes en particulier, et je leur souhaite bonne chance dans leurs revendications. »

 

 

Umberto Eco établit le parallèle entre Charlie Brown le héros nord-américain « qui appartient à un pays prospère, à une société opulente à laquelle il cherche désespérément à s’intégrer en mendiant bonheur et solidarité » et Mafalda la sud-américaine qui « appartient à un pays plein de contrastes sociaux, qui ne demande pas mieux que de l’intégrer et de la rendre heureuse. » mais elle s’y refuse et repousse toute avance. Eco ajoute qu’elle est un « héros de notre temps » car elle est révélatrice des mœurs d’une époque. Bien sûr, pour beaucoup des générations Y ou pré-quadra les années 70 c’est aussi loin que l’Antiquité même si leurs références musicales y puisent l’essentiel. Quitte à passer pour un VC impénitent je persiste à penser que l’on ne se construit pas dans la pure immédiateté qu’il est indispensable de puiser dans l’Histoire des enseignements.

 

Nous les baby-boomers, post-soixante-huitard, avons été vilipendés par les héros de la nouvelle droite morale, libérale et nationale depuis, comme étant les corrupteurs de nos propres enfants alors que nous avons, trop sans doute, épousé notre temps en tournant la page des vieilles idéologies qui nous avaient nourries, structurées et en définitive bâties. Faire de nous un paquet compact, indifférencié, est une sottise qui est le signe le plus évident du niveau du débat actuel. Plus personne ne s’adresse plus à personne mais ceux qui tiennent le haut du pavé se contentent de délivrer du prêt à penser via les médias de masse qui déversent sur nous des images, du bruit, de l’absence de sens... Et quel prêt à penser ! J’aimerais qu’il ait une Mafalda qui surgisse pour railler ces postures de cour de récréation de prétendus grands de ce monde.

 

C’est à pleurer ! En ce moment, je l’avoue : pour la première fois de ma vie j’ai honte de nous…

 

Parents, offrez à vos adolescents scotchés sur leur tablette, bouffant des réseaux sociaux à longueur de journée, les albums de Mafalda !

 

© Joaquín-S. Lavado (Quino) Agence Litteraire Caminito

 

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14 septembre 2018 5 14 /09 /septembre /2018 07:00
L’e-cuisine du Taulier en sur l’île de Beauté : spaghetti au brocciu arrosé de Memoria 1 patrimonio d’Antoine-Marie Arena

« Qui n’en a pas goûté ne connaît pas l’île » affirme Émile Bergerat dans son livre Souvenirs d’un enfant de Paris 1887.

 

Le brocciu ou encore broccio est une « friandise » qui se consomme tout au long de son vieillissement. Frais, il se prête à toutes les fantaisies, nature ou agrémenté de sucre, d’eau-de-vie, de fruit ou de confiture sur une belle tranche de pain. Avec l’âge, il s’affermit et son goût s’affirme, et alors le brocciu s’allie avec tous les moments du repas, chaud, froid, frit : entrées, légumes, pâtes, poissons, viandes, œufs et, bien sûr, desserts.

 

Art venu du fond des âges, l’élaboration du brocciu par les bergers, tour de main précis et délicat, relève d’une forme de magie où, avec le même corps de règles, chaque produit est unique. . Indifféremment confectionné à partir de lait de chèvre ou de brebis, le brocciu se trouve sur les marchés lors de la période de lactation des chèvres et des brebis (de septembre à juillet). Son goût évolue en fonction des conditions d’alimentation des animaux. Pour les puristes, le brocciu confectionné avec du lactosérum de chèvre et de lait de brebis est le meilleur.

 

 

Dans Bergers Corses, Georges Ravis Gordiani, décrit avec la précision de l’ethnologue la confection du brocciu par les bergers du Niolu.

 

Photo extraite ICI 

 

« Il reste à faire le brocciu avec le petit-lait recueilli soit avant la mise en fattoghje (fromage de chèvre), soit à la suite de l’égouttage des fromages. On fait chauffer ce petit-lait dans un chaudron de cuivre étamé – paghjolu – ; le feu est ici la grande affaire. Il y faut un bois sec, non résineux (hêtre, chêne, aulne), en aucun cas le pin qui donnerait une flemme trop vive et ferait « attacher » le brocciu au fond du chaudron.

 

Quand le petit-lait atteint la température de 30° environ, le berger avec un ballet de bruyère, enlève la scurza, sorte de dépôt qui se forme au fond du paghjolu. Quand le petit-lait atteint une chaleur suffisante (environ 60°), que le berger apprécie à la main, on y jette le lait entier (u purriciu) qu’on a réservé à cet usage, et un peu de sel, et on règle le feu de telle manière que les flammes ne touchent plus le fond du chaudron. À cette phase de l’opération, la réussite dépend de la surveillance constante du feu et du mélange que le berger tourne lentement avec un bâton pour assurer la fusion du lait entier et du petit-lait.

 

C’est à partir de ce mélange que se fait la coagulation de la caséine du purriciu qui monte à la surface en emprisonnant toutes les matières grasses résiduelles du petit-lait. Elle forme alors une sorte de masse blanchâtre et tendre. On dit que le brocciu vene (vient). Quand, quelques instants plus tard, il s’ouvre laissant voir le jaune du petit lait, il faut enlever sans tarder le chaudron du feu. On doit alors « essuyer » (asciuvà) la surface du brocciu, lui enlever son écume et les impuretés (cendres, poussières) que la proximité du feu y a fait voler. Le berger le fait délicatement, avec une cuillère, jusqu’à ce que la masse du brocciu, à la fois compacte et souple, soit parfaitement blanche. Alors seulement il le ramasse avec une écumoire en fer (a paletta) et le dépose délicatement dans des moules en jonc. Comme le fromage, il redouble (appicia) les brocci. Au Niolu, un brocciu pèse rarement moins de 2,5 kg. »

 

Bien sûr le problème du brocciu c’est qu’il est bien difficile de s’en procurer hors de l’Île de Beauté mais, si vous avez un bon fromager, ce n’est pas totalement mission impossible de lui demander d’en « importer » du Niolu. Bref, la recette qui suit est pour moi un de ces plaisirs d’été dont je souhaite vous faire profiter.

 

Elle est simple

 

Des tomates mûres, de l’ail, du basilic, des spaghettis n°7 et bien sûr du brocciu.

 

Dans un saladier vous découpez vos tomates en cubes, vous y ajoutez l’ail coupé en lamelles et le basilic cisaillé grossièrement. Versez sur la préparation de l’huile d’olive. Mélangez et laissez reposer.

 

Dans un plat creux coupez le brocciu en cubes moyens.

 

Pour les spaghettis : cuisson al dente puis égouttage et arrosage à l’eau froide.

 

Ajoutez-les au mélange tomates-ail-basilic-huile d’olive.

 

Versez le tout dans le plat creux et opérez le mélange avec le brocciu.

 

 

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12 septembre 2018 3 12 /09 /septembre /2018 07:00
On me dit que Bordeaux a retrouvé le goût de son vin alors que moi je n’ai voulu mettre dans mes bagages « Le Goût retrouvé du Vin de Bordeaux »

Actes Sud doit m’aimer – est-ce compromettant ? Je n’ai pas de mezzanine sauvage dans mon appartement – j’ai droit à des services de presse. Ainsi, tout à la fin du mois d’août dans ma boîte aux lettres matérielle – c’est tout de même mieux que de recevoir un e-mail dans lequel une ou un gratte-papier vous dévide des éléments de langage sur un bouquin – le facteur a déposé un paquet renfermant « Le Goût retrouvé du Vin de Bordeaux » écrit par Jacky Rigaux et Jean Rosen aux éditions Actes Sud. 

 

Fort bien me dis-je, mais, dans la mesure où j’avais pris deux décisions radicales à propos de mon séjour annuel en Corse : bagage minimal et pas de bouquins sur le vin – cure de désintoxication – cet opus prit place dans la pile en attente.

 

Pour être totalement honnête avec vous je me dois d’ajouter que lorsque j’entends parler de goût retrouvé j’ai des doutes qui se lèvent dans mon esprit caustique de non-dégustateur : en effet que savent-ils du goût d’avant ces deux éminents spécialistes, dont l’un baigne dans la néo-science dénommée dégustation géo-sensorielle ?

 

Pas grand-chose !

 

Mais que voulez-vous le monde du vin n’aime rien tant que de se payer de mots et, par les temps qui courent en ce domaine, c’est le prélèvement à la source qui est à l’ordre du jour.

 

Et puis, alors que je petit déjeunais sur la terrasse, face au splendide golfe de la Liscia, l’écran de mon ordinateur portable affichait : « Le Goût Retrouvé du Vin de Bordeaux » : le livre qui pourrait faire bouger les lignes ? publié par Jean-Pierre Stahl le 04/09/2018 à 07 : 47 :11.

 

Putain me dis-je, faire bouger les lignes, rien que ça !

 

 

Faire bouger les lignes : « Agir afin de changer les choses, rompre avec d'anciennes pratiques. »

 

Une quasi-révolution à Bordeaux, ça m’ébourifferait !

 

Bref, j’ouvre et je lis.

 

C’est long.

 

C’est élogieux.

 

Même qu’on sort le Stéphane Derenoncourt figure de Bordeaux et de Saint-Emilion, qui conseille une centaine de domaines dans le monde et signe la préface de ce livre : « c’est une mission bien singulière à laquelle s’accroche avec acharnement Loïc Pasquet », c’est presque un moine-soldat au service du terroir, qui a pourtant eu des déboires suscitant jalousies et vacheries comme avoir rasé ses pieds de vigne. (Une plainte avait été déposée aussitôt).

 

Ouille, ouille Jacquouille tu n’es pas dans le coup, ton silence va te priver de prendre la roue de ces révolutionnaires dont je ne soupçonnais pas l’engagement quasi-naturiste.

 

« D’emblée les auteurs précisent que « le but de ce livre n’est pas de lui faire une publicité dont il n’a nul besoin, mais de démontrer que, en dehors des pratiques actuelles, sans l’apport d’intrants plus ou moins nuisibles au vigneron, au consommateur et à la planète, et sans le secours de l’œnologie, le nouveau vigneron pourra non seulement faire parler son terroir et produire de l’excellent vin en pratiquant une autre viticulture, mais aussi y gagner sa vie correctement. »

 

Alors, démuni, nu, avant d’aller rendre visite aux poissons de la baie, je prenais deux décisions :

 

  • La première de poster un lien sur la chronique de Jean-Pierre Stahl ICI 

 

  • La seconde de vous livrer des citations extraites de la chronique :

 

« Ce sont des cépages qu’on a retrouvé dans des conservatoires nationaux ou dans les vieilles parcelles, ces cépages constituent Liber Pater ; pour les rouges on a 11 cépages assemblés et pour les blancs 3 cépages », Loïc Pasquet.

 

« L’idée, c’est de retrouver le goût du lieu ! Ces cépages-là étaient associés à un lieu typique…Quand on remet la vigne franche de pied sur son terroir qui l’a vu naître, on retrouve le vin du lieu, le cépage sert simplement de fusible qui exprime le terroir », Loïc Pasquet

 

« Ce vin là aujourd’hui, c’est vrai qu’on va plutôt aller le vendre sur des marchés américains, russes, asiatiques, et pourquoi pas le faire découvrir à ceux qui en ont envie : le tout est de trouver les amateurs qui ont envie de redécouvrir un vin tel qu’il était produit, c’est vrai que c’est une histoire, quelque chose de différent et c’est cela qui m’a plu dans cette histoire », Fabrice Bernard PDG de Millésima.

 

« Le goût du consommateur a évolué, les vignerons, et le climat, ont évolué, c’est une évolution perpétuelle et ce dont je suis sûr c’est que la qualité des vins de Bordeaux est bien meilleure qu’il y a 10 ans, il y a 20 ans et encore plus qu’il y a 50 ans » Christophe Chateau CIVB.

 

 

 

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