Vin & Cie, en bonne compagnie et en toute liberté ...
Extension du domaine du vin ...
Chaque jour, avec votre petit déjeuner, sur cet espace de liberté, une plume libre s'essaie à la pertinence et à l'impertinence pour créer ou recréer des liens entre ceux qui pensent que c'est autour de la Table où l'on partage le pain, le vin et le reste pour " un peu de douceur, de convivialité, de plaisir partagé, dans ce monde de brutes ... "
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Bonne journée à tous, ceux qui ne font que passer comme ceux qui me lisent depuis l'origine de ce blog.
À Paris j’ai toujours habité rive-gauche et, tout naturellement, avant qu’il ne se transforme en un temple du luxe à la Bernard Arnault, je fréquentais Bon Marché qui innovait. Je suis donc en possession d’une carte du magasin ce qui me vaut le privilège de recevoir les catalogues. Je dois à la vérité de vous avouer que je fréquente toujours la Grande Épicerie qui est doté d’un rayon boucherie remarquable et d’une offre fruits et légumes intéressante. Autre lieu fréquenté, la librairie qui, elle aussi, a gardé un parfum que j’apprécie.
Bref, dans ma lettre je viens de découvrir : L’Homme Automne-Hiver 2018.
D’ordinaire cette plaquette rejoint la poubelle jaune en revenant de la boîte aux lettres, sauf que, cette fois-ci, je l’ai négligemment feuilletée et que je suis tombé sur : ÊTRE ÉLÉGANT… EN FARMER.
Tiens, tiens, le baratin des mercantis valait son pesant de pédantisme…
Mais, poussant plus avant mon observation sous le timbre du créateur THOM BROWNE je découvre les prix de ses oripeaux de campagne :
Veste en laine : 2620 euros
Pantalon en laine : 1250 euros
Bottines en cuir : 770 euros
Total : 4640 euros.
J’imaginais ce jeune grelus, avec son côté épouvantail chic, en vadrouille dans nos terroirs profonds, comme aurait dit mémé Marie, l’aurait pas de honte.
Ridicule !
Poussant plus avant mon feuilletage je suis tombé sur l’interview d’Augustin Trapenard, un gus avec culture incorporée qui cause sur France Inter. Un sommet dans l’insignifiance.
S’appuyant sur une étude portant sur 195 pays vient mettre à bas le mythe d’une consommation responsable d’alcool qui serait sans danger pour la santé. Les méfaits l’emportent dès le premier verre, pour s’accentuer ensuite, toute la presse : le Figaro-vins en tête – je plaisante à peine, en poussant le raisonnement une action contre ce canard pour incitation à la mise en danger d’autrui serait à envisager – entonne la même ritournelle :Non, boire un verre de vin par jour n’est pas bon pour la santé par Damien Mascret le 25/08/2018
C’est une vieille rengaine, s’appuyant sur la Science disent-ils, le 23 février 2009 je commettais une chronique très fouillée : Quand on veut tuer son chien on dit qu’il a la rage : premier verre et cancer
Nos grands experts de Santé Publique, à défaut d’être efficaces, sont de grands communicants. Emmenés par l’inénarrable Didier Houssin directeur d’une DGS, qui s’est illustrée lors de la canicule par son sens de l’anticipation et de l’humanité, suivi de Dominique Maraninchini de l’INCA dont j’espère qu’il tirera moins sur les notes de frais que son prédécesseur David Khayat débarqué en 2006, et d’une soi-disant directrice de recherche de l’INRA Paule Martel, ces maîtres de notre santé nous ont joué leur partition habituelle. « Pas de dose protectrice» pour le premier. « Les petites doses, avec leurs effets invisibles, sont les plus nocives » pour le second. « Toute consommation quotidienne de vin est déconseillée » surenchérit la dame de l’agronomie qui doit sans doute encore porter des pantys.
Profitant de la sortie de la brochure : Préventions Nutrition& Préventions des cancers : des connaissances scientifiques aux recommandations destinée aux professionnels de Santé qui remplace une première édition parue en 2003 intitulée « Alimentation, nutrition et cancer : vérités, hypothèses et idées fausses ». Ils nous ont refait le coup du premier verre. Le n’y touchez jamais. Bref, sur un sujet aussi sensible dans la population qu’est le cancer ils étaient sûrs de leur effet.
Pour ceux qui en auront le courage je vous propose l’extrait concernant l’alcool. Rien de nouveau sous le soleil. Extrapolations, amalgames, le convaincant et le probable de leurs statistiques amalgamées et invérifiables sont érigés en oukases. Ces messieurs, veulent terroriser le bon peuple. Ils ont tort. La communauté scientifique médicale, que je respecte, ne peut s’ériger ainsi en pouvoir dictant les règles de conduite de la vie des hommes en Société. C’est un abus de pouvoir car il n’y a pas de contre-pouvoir. Les détenteurs de la « Science » se contrôlent entre eux et dans le domaine de certaines études le doute est plus que permis sur leur méthodologie. De grâce revenons à la raison nous sommes déjà dans une société hautement anxiolytique alors n’en rajoutons pas messieurs une couche supplémentaire.
Ils « s’appuient » sur le rapport du WCRF/AICR « Food, Nutrition, Physical Activity, and the Prevention of Cancer : a Global Perspective »3 qui a été publié en novembre 2007, à l’issue d’une expertise collective internationale de grande envergure, et qui était l’actualisation complète du premier rapport publié en 1997, il fait le point des connaissances dans le domaine des relations entre nutrition et cancers. Ce rapport a été analysé par moi-même aussitôt. Je vous redonne ci-dessous ma chronique de l’époque. Sans vouloir ramener ma fraise je suis en droit de m’interroger sur l’utilité de certains payés pour ça et qui ne sont même pas capable de faire ce travail c'est vrai que c'est plus rigolo de se payer des 4X3 dans le métro...
Lisez la suite ICI c'est très documenté, rien à voir avec les braiements de Denis Saverot...
Les vendanges démarrent, c’est leur cauchemar. Les docteurs Knock de #ANPAA attaquent encore le vin et Le Figaro recopie sans contre-enquête (pages santé). Dénonçons ce lobby hygiéniste gavé d’argent public et de titres ronflants qui veut remplacer le #vin par des médicaments !
Jacques Dupont
@Dupont_LePoint
Extrait du journal de l’asso des cardiologues
«L’absence de consommation journalière de fruits et légumes, la sédentarité, et l'absence de consommation régulière et modérée d'alcool sont, respectivement responsables de 14 %, 12% et 7% de l'ensemble des infarctus du myocarde. »
bernard farges
@FargesB
Donc 914 buveurs sur 100000 développent des pathologies et 918 non buveurs sur 100000 développent aussi des pathologies.
Pour les gens de ma génération on ne présente pas Anne Sinclair, elle fut sans contestation une icône de la télé avec à partir de septembre 1984 7 sur 7 dont elle tiendra magistralement les rênes pendant 13 ans.
« Ici, le ton se veut résolument moderne : tous les dimanches en première partie de soirée, on va parler de politique autrement, avec des invités qui s’expriment sur l’actualité de la semaine... et se font bousculer par les questions précises et acérées de la journaliste.
Le succès est sans précédent, les pics d’audience atteignent des records (jusqu’à 13 millions de téléspectateurs) et marqueront l’histoire de la télévision, tout comme les yeux bleus et les pulls angora de la présentatrice. »
« On se souvient entre autres de Daniel Balavoine qui, sous le coup de l'émotion et de la colère, avait lancé un « J'emmerde les anciens combattants » ou encore de Serge Gainsbourg brûlant un billet de 500 francs sur le plateau de l'émission. »
Elle connaissait bien François Mitterrand, « qu’elle n’hésitera pourtant pas à exaspérer au cours d’une interview qui reste encore aujourd’hui un modèle du genre. »
«Je ne suis ni une sainte, ni une victime, je suis une femme libre !» déclare-t-elle en janvier 2012 au Parisien, mettant ainsi un terme à des mois de silence après l’affaire du Sofitel.
Dans le livre Michel Rocard par… le portrait qu’elle dresse de celui-ci qui m’apparaît, même si je ne suis pas le mieux placé pour en juger, teinté d’une réelle empathie, il sonne juste.
« Le jour de sa mort, beaucoup de gens, bien au-delà du cercle intime, se sont trouvés orphelins. Ce fut mon cas, je l’aimais et l’admirais. Il a compté pour moi et ma génération.
Il a passé sa vie à lutter pour le bien commun, sans vanité, sans orgueil déplacé, toujours prêt à servir, comme son maître Pierre Mendès-France. Il a donné de la noblesse à la politique, quand tant de ses congénères l’ont dégradée et rabaissée, plein d’enthousiasme pour faire, plus que pour dire. Que ce soit pour la négociation collective, pour l’agriculture, pour la Nouvelle-Calédonie, pour l’Afrique, pour l’Arctique.
Elle rappelle, comme je l’ai déjà écrit ICI, la source de son engagement, lorsqu’il aida, jeune scout de 15 ans, au retour des déportés au Lutétia.
« Le « rocardisme », la « deuxième gauche », quelle que soit la façon dont on surnomme le courant de pensée qu’il créa, restera comme une combinaison de fois, de contrat, de conviction et de sens du collectif. Après Pierre Mendès-France, avec lui, comme lui, il incarne le respect de la chose publique et de la parole donnée.
Pour l’avoir si souvent interviewé, j’entends encore si bien sa façon de parler. Ce débit rapide et saccadé, avec des inflexions tonitruantes et des points de suspension quand arrivaient les sujets difficiles. Son vocabulaire n’était pas simple et sa syntaxe complètement incompréhensible. Mais on le respectait. Parce que c’était un homme politique créatif (ce deux mots accolés sont si rares !), parce qu’il faisait appel au meilleur de nous-mêmes, parce qu’il était d’une intelligence supérieure, totalement engagé dans sa sincérité, toujours en avance d’une idée et d’une solution. Il chérissait la vérité, même si elle était à contre-courant, il vénérait la franchise, même quand elle coûtait cher, il pensait sans biaiser, il a eu souvent raison. Il fut peut-être le dernier de cette lignée.
[…]
« Différent de tous ses congénères, il n’avait pas une once de vanité personnelle, il avait le sens du travail collectif, il lui importait seulement de servir l’État. »
[…]
« J’ai eu la joie de le voir quelques semaines avant sa mort. L’entretien, comme toujours avec lui, était tendre, affectueux, amical. Privilégiant l’horizon intelligent sur la basse cuisine, il se demandait avec curiosité ce que l’effervescence intellectuelle de sa génération donnerait dans l’histoire. Ce jour-là, il régalait de ses souvenirs les proches qui étaient présents : l’Algérie, le PSU, Charléty, les grandes et petites heures de la Ve République et des combats qu’il a menés, défilaient en rang serré.
Mitterrand aussi, bien sûr. Il restait sévère sur ce qu’on a appelé la « parenthèse » de 1983, faute pour le pouvoir socialiste d’avoir su nommer le tournant vers une social-démocratie attendue. Plus qu’un épisode, c’était pour lui le grand mensonge des septennats Mitterrand. Il regrettait que le PS soit resté englué si longtemps dans l’éternel complexe d’une gauche qui n’ose pas rompre avec la radicalité empreinte de substrat marxiste. Une gauche qui, depuis Jaurès, reste inhibée par le Parti communiste et la radicalité. »
[…]
« Il faisait partie de ces optimistes impénitents et de ces pessimistes toujours actifs, qui pensent que le pire n’est pas forcément sûr, et que l’avenir dépend des hommes qui le font. Il a incarné beaucoup d’espoirs en un monde fraternel, collectif, autonome, soucieux du bien commun. Avec lui s’en est allée un part de nous-mêmes. »
[..]
Le dernier jour où je l’ai vu, c’est sur une note nostalgique qu’il était reparti avec Sylvie, sa femme. J’ai encore dans l’oreille cette phrase faussement désinvolte et vraiment émue, qui dit bien l’amour qu’il lui porta et les déceptions qu’elle lui causa : « Faut se la faire, la France ! »
La fidélité est une valeur sûre parole d’un vieux grognard de Michel Rocard… Joxe, Julliard, Cavada, Chavagneux parlent vrai
Mais c’est Pierre Joxe vieux bretteur du mitterrandisme, le seul qui pouvait dire son fait à Tonton, qui met en exergue le Rocard qu’on a oublié, celui qui a motivé mon engagement politique :
Évocation de l’« audacieux militant anticolonialiste » et du « talentueux serviteur de l'Etat » que fut Rocard, ce texte sobre et grave est aussi une critique de ceux qui, aujourd'hui, «encensent sa statue mais tournent le dos à son exemple en détruisant des conquêtes sociales pour s’assurer d’incertaines « victoires » politiciennes, contre leur camp, contre notre histoire, contre un peuple qui n’a jamais aimé être trahi ».
Michel Rocard, in memoriam
A l’annonce de la mort de Michel Rocard, la plupart des réactions exprimées par les hommes politiques au pouvoir - et par ceux qui espèrent les remplacer bientôt - ont été assez souvent purement politiques ou politiciennes.
A gauche, l’éloge est de règle. A droite, l’estime est générale.
Mais deux aspects de la personnalité de Michel Rocard semblent s’être volatilisés : avant de réussir une grande carrière politique, il a été un audacieux militant anticolonialiste et un talentueux serviteur de l’Etat.
Il lui fallut de l’audace, en 1959 pour rédiger son Rapport sur les camps de regroupement en Algérie.
Il fallait du talent en 1965, pour être nommé secrétaire général de la Commission des comptes et des budgets économiques de la Nation .
Je peux en témoigner.
Pour la Paix en Algérie
Quand je suis arrivé en Algérie en 1959, jeune militant anticolonialiste d’une UNEF mobilisée contre la sale guerre coloniale, le prestige de Rocard était immense parmi nous. C’était comme un grand frère, dont on était fier.
Car il avait rédigé – à la demande de Delouvrier, le délégué du gouvernement à Alger – un rapport impitoyable sur les « camps » dits « de regroupement » que les « pouvoirs spéciaux » de l’époque avaient permis à l’Armée française, hélas, de multiplier à travers l’Algérie, conduisant à la famine plus d’un million de paysans et à la mort des centaines d’enfants chaque jour…
Le rapport Rocard « fuita » dans la presse. L’Assemblée nationale s’émut. Le Premier ministre Debré hurla au « complot communiste ». Rocard fut menacé de révocation, mais protégé par plusieurs ministres dont le Garde des sceaux Michelet et mon propre père, Louis Joxe.
Quand j’arrivai alors à mon tour à Alger, les officiers dévoyés qui allaient sombrer dans les putschs deux ans plus tard me dirent, avant de m’envoyer au loin, dans le désert : « … Alors vous voulez soutenir les hors la loi, les fellaghas, comme votre ami Rocard…? »
Je leur répondis, protégé par mes galons d’officier, par mon statut d’énarque – et assurément par la présence de mon père Louis Joxe au gouvernement : « C’est vous qui vous mettez « hors la loi » en couvrant, en ne dénonçant pas les crimes commis, les tortures, les exécutions sommaires et les mechtas incendiées. » J’ignorais alors que ces futurs putschistes allaient tenter un jour d’abattre l’avion officiel où mon père se trouvait…
En Janvier 1960, rappelé à Alger du fond du Sahara après le virage de de Gaulle vers « l’autodétermination » et juste avant la première tentative de putsch – l’ « affaire des barricades » –, j’ai pu mesurer encore davantage le courage et le mérite de Rocard. Il avait reçu mission d’inspecter et décrire ces camps où croupissait 10% des paysans algériens, ne l’oublions jamais !
Il lui avait fallu une sacrée dose d’audace pour arpenter l’Algérie en civil – ce jeune inspecteur des finances –, noter tout ce qu’il voyait, rédiger en bonne et due forme et dénoncer froidement, sèchement, ce qui aux garçons de notre génération était une insupportable tache sur l’honneur de la France. Nous qui avions vu dans notre enfance revenir d'Allemagne par milliers les prisonniers et les déportés dans les gares parisiennes, nous étions indignés par ces camps.
Car en 1960 encore, étant alors un des officiers de la sécurité militaire chargé d’enquêter à travers l’Algérie, d’Est en Ouest, sur les infractions, sur ceux qui désobéissaient aux ordres d'un de Gaulle enfin converti à l’« autodétermination » qui allait devenir l’indépendance, j’ai pu visiter découvrir et dénoncer à mon tour des camps qu’on ne fermait pas ; des camps que l’on développait ; de nouveaux camps… Quelle honte, quelle colère nous animait, nous surtout, fils de patriotes résistants !
Pour le progrès social
Aux yeux de beaucoup de politiciens contemporains qui ont choisi la politique comme métier – et qui n’en ont jamais exercé d’autre – Rocard devrait être jugé à leur aune : Élu ou battu ? Ministre ou non ? Président ou même pas ?
Mais le service de l’Etat, dans la France des années 60 – enfin débarrassée de ses maladies coloniales –, fut une mission autrement exaltante que le service militaire de trente mois que nous avait imposé la politique de Guy Mollet et de ses séides honnis: Robert Lacoste, Max Lejeune et d’autres, aujourd’hui heureusement oubliés.
Le service de l’Etat, dans cette France à peine reconstruite, la définition et l’exécution d’une action économique orientée à la fois vers l’équipement, la croissance et le progrès social, ce fut la mission passionnante et mobilisatrice de plusieurs centaines de hauts fonctionnaires économistes, ingénieurs, statisticiens et bien d’autres, qui orientaient tout le service public et ses milliers de fonctionnaires vers les missions d’intérêt général et le progrès. J’ai eu la chance d’y participer.
Les chefs de file, nos maîtres à penser, s’appelaient Pierre Massé, Commissaire au Plan ; Jean Ripert, son adjoint ; Claude Gruson, à la tête de l’INSEE ; François Bloch Lainé à la Caisse des Dépôts ; Jean Saint-Geours, au Trésor – bientôt premier Directeur de la prévision. Il y avait aussi, dans leur sillage quelques jeunes individus prometteurs, comme un certain Michel Rocard. Il fut bientôt chargé de la prestigieuse Commission des comptes et des budgets économiques de la Nation, précieux outil d’action publique.
Tous ces serviteurs de l’Etat – aujourd’hui disparus – étaient d’anciens résistants animés par trois idéaux : le bien commun, la justice sociale, le patriotisme. Tous étaient plus ou moins imprégnés des idées du vieux courant du « Christianisme social », né au XIXème siècle face aux inégalités croissantes engendrées par le capitalisme et adeptes du « Planisme » du Front populaire. Tous étaient « mendésistes ». Beaucoup étaient protestants, mais les catholiques comme Bloch-Lainé étaient leurs cousins et les francs-maçons… leurs frères.
Parmi tous ceux-là, Michel Rocard fut bientôt enlevé, écarté du service public par une urgence politique majeure : rénover, reconstruire le socialisme déshonoré par les années de compromissions politiciennes et les dérives autoritaires nées des guerres coloniales. Avec Savary et Depreux, il créa le PSA, puis le PSU. On connaît la suite.
J’ai vécu ces années avec lui mais aux côtés de Mitterrand dès 1965, animé par les mêmes idéaux. Nous avons longtemps participé ensemble à l’action associative [1], puis parlementaire, puis gouvernementale, en amateurs. Non comme politiciens professionnels – car nous avions nos professions, honorables et satisfaisantes – mais en amateurs, comme jadis au rugby. Non pour gagner notre vie, mais pour la mériter.
Pour l’honneur
Michel Rocard, et beaucoup d’autres serviteurs de l’Etat, nous avons été conduits à la politique par nécessité civique. Non pour gagner notre pain, mais pour être en accord avec notre conscience, nos idées, nos espoirs.
Les exemples contemporains de programmes électoraux trahis, oubliés ou reniés, de politiciens avides de pouvoir, mais non d’action, « pantouflant » au besoin en cas d’échec électoral pour revenir à la chasse aux mandats quand l’occasion se présente, tout cela est à l’opposé de ce qui anima, parmi d’autres, un Rocard dont beaucoup aujourd’hui encensent la statue mais tournent le dos à son exemple en détruisant des conquêtes sociales pour s’assurer d’incertaines « victoires » politiciennes, contre leur camp, contre notre histoire, contre un peuple qui n’a jamais aimé être trahi.
Pierre Joxe, 7 juillet 2016.
[1] Notamment dans la pépinière de l’ADELS (Association pour la démocratie et l’éducation locale et sociale) créée en 1959.
« Au-delà des malentendus, c’est aussi de la postérité différente des mouvements de 1968 qu’il s’agit. Celle du Printemps de Prague, c’est d’abord l’échec de la réforme à l’intérieur du régime communiste, qui a discrédité définitivement la perspective « révisionniste » dubcekienne à l’Est, tout en inspirant l’Eurocommunisme à l’Ouest (auquel tenta tardivement d’accrocher son wagon le PCF, en quête de crédibilité pour son adhésion au « Programme commun » – qui sera la référence des partis de gauche pendant les années soixante-dix).
Ce qui reste de l’échec de 1968 à Prague, c’est « la mort clinique du marxisme en Europe » (Kolakowski) et la perestroïka de Gorbatchev, arrivée vingt ans trop tard. Il reste aussi cet autre Printemps 1968, celui du renouveau de la société civile et de la « citoyenneté retrouvée », évoqué par Vaclav Havel « La citoyenneté retrouvée », introduction.... Ivan Svitak résumait ainsi « l’autre » programme de 1968 :
« De la dictature totalitaire vers la société ouverte, la liquidation du monopole du pouvoir, le contrôle effectif de l’élite du pouvoir par une presse libre et une opinion publique. De la gestion bureaucratique de la société et de la culture par les ‘coupe-gorge de la ligne officielle’ (terme de C. Wright Mills) vers l’application des droits de l’homme fondamentaux. »
La Tchécoslovaquie, était sous la botte soviétique depuis 1948,Alexandre Dubcek le premier secrétaire du PC entend donner au socialisme « un visage humain ». Le «Printemps de Prague», commence en janvier 1968 et trouve un grand écho au sein de la population. En témoigne le « Manifeste des 2000 mots », en juin 1968, signé par 70 personnalités qui réclament la liquidation de l'ancien régime. Alexandre Dubcek supprime la censure, autorise les voyages à l'étranger et fait même arrêter le chef de la police.
Les gérontes du Kremlin craignent que l'aventure tchèque du « socialisme à visage humain » fasse tache d’huile et corrompe les autres « républiques démocratiques » du bloc soviétique. Dès le mois de juillet, Brejnev exige le rétablissement de l'ordre et surtout l'abolition du pluralisme politique tout juste restauré.
Au matin du 21 août 1968, les Européens se réveillent en état de choc. Des troupes blindées d'un total de 300.000 hommes ont envahi dans la nuit la Tchécoslovaquie sur décision de l'autocrate soviétique Leonid Brejnev. Des dizaines de milliers de parachutistes ont aussi atterri sur l'aéroport de Prague.
Les agresseurs appartiennent à cinq pays du pacte de Varsovie, dont fait partie la Tchécoslovaquie elle-même (URSS, Pologne, Bulgarie, Allemagne de l'Est, Hongrie). Ils prétendent intervenir à l'appel de responsables locaux en vue de sauver le socialisme dans ce pays d'Europe centrale où il a été imposé vingt ans plus tôt par l'Union soviétique à la faveur du «coup de Prague».
Dans la nuit du 20 au 21 août afin d'écraser le mouvement tchécoslovaque il envoie les troupes du Pacte de Varsovie afin d'écraser le mouvement tchécoslovaque. Le PC tchécoslovaque tient un congrès extraordinaire clandestin dans les usines CKD, près de Prague, et reconduit Alexandre Dubcek dans ses fonctions. Pendant ce temps, celui-ci a été jeté manu militari dans un avion et transféré en Union soviétique. Le 23 août, il est fermement convié par ses hôtes soviétiques à signer un texte de capitulation. Après trois jours de pressions et de brutalités, il se résigne enfin.
Le 27 août, de retour à Prague, abattu et défait, il présente ce texte à ses concitoyens. Il y est question pour la première fois de «normalisation». C'en est brutalement fini du «Printemps de Prague» et de l'illusion d'un «socialisme à visage humain». Devenus inutiles à l'occupant, Alexandre Dubcek et les autres responsables du pays sont rapidement isolés et remplacés.
Les premiers jours, la population décide de résister pacifiquement à l'intervention soviétique. Les manifestations sont nombreuses, notamment à Prague. Les manifestants, surtout des étudiants, assiègent les chars. Les forces du Pacte de Varsovie ont l'ordre de réprimer la contestation. En quelques jours, les affrontements font un peu plus d'une centaine de morts et des milliers de blessés dans tout le pays. À l'automne, ce sont les ouvriers qui se mobilisent. La répression fait toutefois faiblir le mouvement, jusqu'à son épuisement en janvier 1969.
Désespéré, un étudiant, Jan Palach, s'immole par le feu le 16 janvier 1969 sur la place Wenceslas, à Prague. Des centaines de milliers de personnes assisteront aux funérailles de celui qui est devenu la figure légendaire de la contestation étudiante en Tchécoslovaquie.
Croyez-moi Jan Palach je ne l’ai pas oublié et si vous visionnez la vidéo ci-dessous vous comprendrez ce que liberté veut dire.(désactivez le son pour lire la chronique)
Alexandre Dubcek pendant des années vécut dans un faubourg de Bratislava comme agent technique des eaux et forêts. Dans une longue lettre qu'il adressa le 28 octobre 1974 au Parlement tchécoslovaque figure une esquisse d'autoportrait : « Le bouleau, bien qu'il soit un arbre délicat, fait montre d'une grande résistance et d'une capacité de vivre dans des conditions difficiles.»
L’Histoire, « avec sa grande hache », prend tour à tour tous les visages, ceux d’un général à lunettes noires ou d’un gouvernement endimanché à la placidité rondouillarde, d’un survivant au corps raclé jusqu’à l’os par la famine et la mort ou du badaud qui regarde passer le train-train des événements, ivre d’indifférence. Le 16 janvier 1969, l’histoire tchécoslovaque n’a qu’un visage, celui, défiguré, calciné, de Jan Palach, étudiant praguois de vingt ans dont l’immolation publique, accomplie en protestation contre l’occupation « fraternelle » des forces soviétiques, vient de sidérer l’Europe. Il existe bien des moyens d’afficher son refus de l’asservissement et son désir de liberté, beaucoup optent pour le comptoir ou le mégaphone, le papier et la colle, Palach, lui, a choisi sa peau et le feu, passant en un éclair des partiels à l’Histoire. C’est l’histoire de ce geste qu’Anthony Sitruk, au fil d’un essai-reportage précis et fervent, nous narre avec une précision de témoin. Histoire d’un enfant parmi d’autres, d’un adolescent qui ne fait pas de vague, d’un étudiant moyen, histoire d’un Tchèque parmi beaucoup d’autres Tchèques qui soudainement, à l’issue d’une maturation lente et d’une volonté forcené, sort du lot pour se faire la Torche n°1, celle qui, espère-t-il embrasera le pays. D’autres suivront, d’un éclat égal, donnant à cette résistance l’allure d’une confrérie kamikaze d’« exaltés véridiques ». Médaillée, muséographiée, devenue icône de l’histoire tchèque, la figure de Jan Palach, c’est ce que nous montre cette enquête, résiste à l’embaumement, gardant après un demi-siècle sa véhémence tragique et sa fraternelle proximité.
Dans son livre “Communistes en 1968, le grand malentendu”, enrichi de nombreuses archives internes du PCF, l'historien Roger Martelli analyse l'attitude du “grand parti de la classe ouvrière” en Mai 68. S'il montre bien que le PCF a méprisé le mouvement étudiant, il réévalue son rôle moteur, via la CGT, dans la grève des travailleurs. Entretien. ICI
Un autre événement préoccupe le PCF en 1968 : le printemps de Prague, et la menace de son écrasement par l’URSS. Quelle a été son attitude à cet égard ? A-t-il loupé une occasion de montrer qu’il était moderne, en soutenant ce mouvement de libéralisation ?
Tout à fait. Quand se déclenche le printemps de Prague, le PC hésite dans un premier temps. Début avril, la direction condamne un responsable communiste, Paul Noirot, très favorable au printemps de Prague. Deux jours après, il fait volteface et le soutient, sans en faire un modèle, car ça revalorise en France l’image du monde socialiste. Mais il garde une attitude ambiguë. Il ne veut surtout pas en faire un modèle avant la crise de l’été. Puis, quand le PC voit la situation se crisper avec l’URSS et les dirigeants du bloc, il tente d’éviter le pire. En juillet, il veut jouer le rôle de médiateur entre les Tchécoslovaques et les Soviétiques, mais cela échoue. Le 21 août les Soviétiques interviennent militairement en Tchécoslovaquie. Pour la première fois de son histoire, le PC condamne l’intervention soviétique. Pour les militants c’est un choc mental, un cataclysme.
Le PC condamne, mais il veut éviter la rupture irréversible à l’intérieur du mouvement communiste mondial. Il espère déboucher sur une solution pacifique. Le 27 août, les dirigeants tchécoslovaques arrêtés une semaine plus tôt signent un accord de “normalisation”. Mais ce terme pouvait être entendu de deux façons : la normalité de la paix civile, ou la mise à la norme. Le PCF veut entendre le premier sens, donc il s’en réjouit, mais ne voit pas le second aspect. Or la “normalisation” se traduit par l’éviction de Dubcek [premier secrétaire du Parti communiste tchécoslovaque en 1968-1969 et figure de proue du Printemps de Prague, ndlr], et le démantèlement de l’œuvre réformatrice de 1968. Le PCF ne prend pas de distance suffisamment forte avec la mise à la norme qui envahit hélas la société tchécoslovaque. Il ne voit pas que la force propulsive du soviétisme est terminée. En 68, sa position le range du côté de ce monde de l’Europe de l’Est qui révèle de plus en plus son obsolescence, voire même sa nécrose.
L’année 1968 met en lumière le rôle joué par un secrétaire général du PCF un peu oublié, Waldeck Rochet. Pourquoi n’estil pas retenu ?
Il mérite plus de considération que le sort que l’histoire lui a réservé. Il est porté à la tête du PC par Thorez lui-même. C’est un communiste à l’ancienne, un kominternien [de Komintern, Internationale communiste, ndlr], pour qui l’Union soviétique est le pivot de toute avancée démocratique. Mais en même temps c’est un homme très réservé, pas un doctrinaire, ni un violent. En 1956, il accepte de soutenir l’intervention soviétique en Hongrie, mais il le fait en des termes incomparablement plus mesurés que d’autres dirigeants politiques comme Thorez. Quand il devient secrétaire général du PC, officiellement en 1964, quelques mois avant la mort de Thorez, il impulse un aggiornamento prudent mais déterminé. Ça conduit le PC à peaufiner sa stratégie d’alliance, à mettre au centre la question de l’union de la gauche, revalorisée par la bipolarisation du conflit politique. Waldeck porte ce changement.
Mais en 1968, cet homme discret et distrait est confronté à deux chocs. En mai-juin, bon an mal an, il arrive à rester dans le jeu. Mais la fin du Printemps de Prague est encore pire à gérer pour lui. Il ne parvient pas à éviter le drame, il doit condamner l’Union soviétique, ce qui pour lui est une fracture mentale absolue, une fracture existentielle. De ce fait, à la fin de l’année il craque et entre dans une maladie neurovégétative qui le fait disparaître brutalement de la vie politique, laissant la place au seul qui donne l’apparence d’être un homme fort dans le parti : Georges Marchais.
Waldeck Rochet était issu de la paysannerie, il avait l’accent bourguignon, et ce n’était pas un tribun ni un homme de média. C’est un modèle de dirigeant politique hors du temps, qui a conduit un mouvement prudent mais déterminé de rénovation communiste, mais qui a butté devant ce double malentendu. Le PC n’a pas vu que la crise tchécoslovaque avait sonné le glas de l’expérience soviétique, en faisant la démonstration que décidément, soviétisme et liberté ont du mal à se conjuguer.
Propos recueillis par Mathieu Dejean.
Communistes en 1968 – Le grande malentendu, de Roger Martelli, éd. Sociales, 304 p., 22 €
PRAGUE 1968 : LE SOCIALISME PERD SON VISAGE HUMAIN
La réaction du Parti communiste français se voulait sans équivoque. Réprobation vigoureuse de l'intervention soviétique, réaffirmation d'une conception unissant de façon absolue le socialisme et la démocratie, indépendance nationale des pays socialistes. Sans équivoque, mais limitée. Limitée par la volonté de ne pas rompre le « front anti-impérialiste », limitée par la conception du rôle pour le moins prééminent de l'Union soviétique, limitée aussi par une conception du rapport des classes sociales, conception retardant sur la réalité comme l'avaient déjà montré nos difficultés à saisir le sens nouveau des mouvements étudiants et universitaires français de Mai 68. D'ailleurs, ce qui se passa ensuite dans le Parti communiste français en témoigne. Le Comité central du Parti communiste français, en une sorte de balancement que nous appelions depuis longtemps déjà « lutte sur les deux fronts », fut amené à relever de leurs responsabilités Roger Garaudy et Jeannette Vermeersch ; le premier condamnant sans nuance l'attitude soviétique, la seconde tentant de la justifier. Mais, pour le plus grand nombre de communistes, cette épreuve fut douloureuse, à la fois source de déception par rapport à l'idée de la réalité soviétique, source de déchirement pour choisir entre la solidarité avec l'URSS et le respect de nos propres principes et engagements.
Nous ne sommes pas allés au bout de notre prise de position avec la conscience de ne pas devoir, de ne pas pouvoir aller plus loin. L'illustration la plus éloquente et sans doute la plus émouvante de cette attitude est donnée par Aragon. Il approuva avec vigueur la prise de position de son parti contre l'intervention. Il l'illustra de façon retentissante par sa magnifique préface à l'oeuvre de Milan Kundera la Plaisanterie : « Je me refuse à croire qu'il va se faire là-bas un Biafra de l'esprit... »
Aragon, interrogé sur 1968 en Tchécoslovaquie, explicita clairement cette, notre, position : « En1968, l'entrée à Prague des chars de divers pays socialistes a posé une grave question devant nous. On connaît à cet égard la position qui a été celle du Parti communiste français, et il ne l'a jamais reniée, ce qui n'implique pas que, par là, nous ayons l'intention d'aller au-delà de cette position comme on cherche par-ci par-là à nous le faire faire. Par exemple en niant l'existence du socialisme dans les pays socialistes ». Quarante ans plus tard, il semble évident que nous aurions dû, à ce moment, non seulement condamner l'intervention soviétique, ce que nous avons fait ; mais, plutôt que de préconiser une sorte de prudence, soutenir les efforts de ceux qui, en Tchécoslovaquie comme ailleurs, cherchaient une voie démocratique de transformation de la société.
L’été 68: après Prague, la rébellion d'Emil Zatopek
Une fois la Tchécoslovaquie envahie, le célèbre coureur de fond demande une action forte du CIO juste avant les Jeux olympiques de Mexico. En vain Olivier Perrin Publié vendredi 24 août 2018
Les sportifs sont «en colère» et lesJeux olympiques de Mexico«compromis», annonce laGazette de Lausannedu 24 août 1968. C’est que la flamme olympique a été «solennellement allumée» la veille, «selon le rite antique aux rayons du soleil d’Olympie». Mais le quotidien vaudois se demande «si elle éclairera le 12 octobre le stade olympique de Mexico», car «une vaste campagne se déclenche en vue d’exclure des Jeux les sportifs soviétiques et les représentants des pays» qui prennent part «à l’occupation armée de la Tchécoslovaquie» depuis trois jours.
Rien de tout cela ne se concrétisera. Malgré le contexte politique extrêmement tendu avec Mai 68, les assassinats de Martin Luther King et de Bob Kennedy, l’invasion de la Tchécoslovaquie, la guerre du Vietnam, le génocide du Biafra,le massacre de Tlatelolco par l’armée mexicaine, commis quelques jours avant la cérémonie d’ouverture – et l’on en passe – les JO auront bien lieu, avec leur célèbre scène de protestation contre la ségrégation raciale aux Etats-Unis par des sympathisants des Black Panthers.
Les athlètes soviétiques, au nombre de 312, y remporteront 91 médailles, juste derrière les 377 Américains, avec 107 médailles. Sans compterles résultats, brillants aussi, des alliés de Moscou dans l’affaire tchécoslovaque: Hongrie, Allemagne de l’Est et Pologne, notamment.Avery Brundage, le président du CIO de 1952 à 1972, n’avait pas remis en cause le déroulement des Jeux, qui auront finalement lieudans une atmosphère pesante. Et avec des médias mexicains sommés d’évoquer le moins possible les remous estudiantins et la répression militaire, afin de ne pas «saboter» les JO.
La Locomotive gronde…
A l’époque, il fallait aussi compter avec l’aura des athlètes tchécoslovaques – 13 médailles à Mexico, 7es au classement des nations. Voilà pourquoi, adulé du monde entier,Emil Zatopek(1922-2000), le spécialiste des courses de fond (du 5000 mètres au marathon), dit«La Locomotive tchèque», se fâche. «Dans une édition spéciale clandestine du journal sportifStadion affichée sur les murs de Prague», il demande que «les sportifs soviétiques», au même titre que les Sud-Africains, «ne soient pas admis à concourir aux Jeux olympiques de Mexico en raison de la situation tragique créée par l’occupation illégale de la Tchécoslovaquie».
Ce reportage (en couleurs et un bref passage en noir et blanc) rend compte de l'arrivée des chars soviétiques en Tchécoslovaquie, depuis le 20 août dernier, et de la réaction des Tchécoslovaq...
C’est du Talleyrand qui le sacra « Roi des Fromages » lors du Congrès de Vienne de 1815 devant les ambassadeurs de 30 nations, et parmi 50 fromages !
Me Éric Morain, qui fait ses courses à Terroirs d’avenir, mais qui va aussi à Monoprix, qui ne liche que des vins nus, vendredi dernier sur Twitter plantait une nouvelle flèche dans le flanc de son ennemi préféré : l’INAO :
« Quand on vous dit que nos Appellations d'Origines ne valent plus grand chose.
Merci @Monoprix de nous rappeler que #Meaux est en Espagne. »
Bien évidemment pour l’érudit que je suis, oui, oui, quand on évoque Meaux c’est à Jean-Bénigne Bossuet, Évêque de Meaux, prédicateur et écrivain, « le plus grand orateur que le monde ait connu » pour certains, que je pense puisqu’il fut surnommé l’aigle de Meaux.
Mais comme le virus de la politique ne m’a pas encore quitté je m’empresse d’évoquer Jean-François Copé, le roi de la Cocoede l’ex-UMP.
Pour les petites louves et les petits loups ignares :
Le brie de Meaux, appellation d'origine protégée depuis 1980, est un fromage au lait cru de vache, à pâte molle, à la croûte fleurie d'un fin duvet blanc. Il est formé d'un cylindre plat (35 à 37 cm de diamètre, 2,5 cm d'épaisseur), dont la teneur en matière grasse est de 45 %. Le brie de Meaux se distingue par sa pâte jaune paille clair, sa consistance onctueuse, bien souple, mais non coulante, son bouquet développé au nez et, au goût et sa fine saveur de noisette. »
Source : France.fr
« Le Brie tout court on peut en faire partout dans le monde (tombé dans le domaine public en 1926) comme le Camembert d’ailleurs. En revanche, le Brie a deux AOC depuis 1980 : le Brie de Meaux (Décret du 29 décembre 1986) et le Brie de Melun Décret du 29 décembre 1980 et il existe aussi le Brie de Nangis, le Brie de Montereau et le Brie de Coulommiers pour lequel le chevalier blanc du lait cru, notre Périco Légasse, a lancé un cri d’alarme en avril 2009 : « Il faut sauver le brie de Coulommiers », depuis je ne sais pas ce qu’est devenu son titanesque combat et s’il a sauvé le brie de Coulommiers des « griffes de Besnier »
L’aire de production du Brie de Meaux s'étend sur tout l'Est du bassin parisien (tout le département de Seine et Marne auquel s'ajoute une partie des départements de l'Yonne, de l'Aube, de la Marne, de la Meuse, de la Haute-Marne). C’est un poids lourd 6 798 tonnes, 1 producteur fermier, 6 fabricants : industriels privés et coopératives.
« L’histoire du Brie fermier en Brie va néanmoins de pair avec la diminution du nombre de vaches : 75000 en 1880, 53000 en 1914, 50000 en 1953, 12000 en 1985, avec une industrialisation qui consacre la Seine-et-Marne à la betterave et donc au sucre plutôt qu’aux pâturages (...) En 1914, on évaluait à 900 les producteurs de fromages fermiers en Seine-et-Marne. Ils «étaient encore 500 en 1928, mais en 1955 leur nombre était tombé à 28 »
Reste pour moi le Brie de Provins®
11 octobre 2011
Quand un Rothschild fait dans le fromage ça fait le brie de Provins ®
Pour finir, comme Me Morain roule dans Paris avec une petite anglaise je lui offre ce morceau de bravoure so british :
« Mesdames, messieurs, la seule notion de "normes minimales d'hygiène" a de quoi glacer le coeur de tout Français normalement constitué ! Je la trouve, quant à moi, terrifiante, comme tous ceux de mes compatriotes qui pensent que la vie ne vaut plus d'être vécue si l'on n'a plus le loisir de savourer les défis à l'hygiène que sont certains produits, créé avec amour par l'humanité - la France surtout - à partir de la planète de Dieu !
Dans une société irréprochable sur le plan bactériologique, qu'adviendra-t-il du Brie de Meaux, du crottin de Chavignol, ou du bleu d'Auvergne ? Dans un futur aseptisé, expérimental, génétiquement organisé, quelle place y aura-t-il pour l'archaïque fourme d'Ambert, le gruyère de Comté mal formé ou l'odorant Pont-l'Evêque ? L'obsession de l'homologation, de la catégorisation, de l'homogénéisation et de la pasteurisation viendra-t-elle émasculer les robustes roqueforts, reblochon vacherin et même le sempiternel camembert ? Cela paraît peut-être stupide à dire, mais une part importante de la civilisation européenne réside dans le génie et le savoir-faire que se transmettent d'âge en âge les auteurs de ces illustres concoctions... »
Extrait de l'allocution de son Altesse Royale le Prince de Galles pour le 75ième anniversaire de l'association France-Grande-Bretagne le lundi 2 mars 1992. Sacré Charles !
Là où Emmanuel Besnier passe le lait cru trépasse !
Seine-et-Marne : la Confrérie du brie de Meaux égratigne Lactalis
« Le lobbying de Lactalis […] est très actif auprès de la préfecture et de l’Institut national de l’origine et de la qualité. Leur objectif commun [NDLR : des industriels] est bien d’éliminer la concurrence notamment des deux fromageries familiales implantées en Brie. […] »
« On connaît la puissance de frappe [NDLR : de Lactalis] qui lui permet de racheter toutes les fromageries familiales et d’acquérir dans un premier temps une capacité de production de fromage authentique avant d’obtenir, par lobbying, un détournement de la notion d’appellation d’origine protégée (AOP) de produit de terroir. »
L'ANGELUS DE MILLET REVISITE par Moicani - L'Odéonie
En ce moment je ne suis guère d’humeur guerrière alors lorsque j’ai lu la bafouille d’un certain Emmanuel FerrandICI je me suis laisse tomber ce gars-là il a oublié, ou il ne sait plus ce que c’est, les consommateurs. Faut dire qu’il produit des commodités qui servent à engraisser des gorets ou des poulets qui seront le minerai de l’agro-alimentaire, découpés, transformés pour le plus grand plaisir des voraces de la GD.
Ce brave homme, outre d’exercer la profession d’agriculteur, est un politique : conseiller régional de je ne sais quel bord, ce qui lui permet de taper sur les affreux jojos de Paris qui n’ont rien compris et de s’en remettre entre les mains « de la Science »
C‘est son droit, sa démonstration sur la dangerosité du glyphosate par rapport aux autres poisons est remarquable puisqu’il nous montre, à nous pauvres cons, que c’est une belle brochette de poisons violents. Je ne vous fais pas un dessin, ceux qui les épandent sont équipés comme des cosmonautes.
Mais là où le pépère dérape gravement c’est lorsqu’il nous assène :
« Moi je réponds deux choses :
la première êtes-vous prêts à payer 40% plus chère votre alimentation pour compenser la perte de rendement ou le coût de distorsion économique avec les pays qui utilisent du glyphosate ? y compris dans la restauration collective qui tire les prix vers le bas ?
Et la deuxième est mais vous êtes où tous ces gens qui veulent nous dicter notre façon de faire alors qu’il y a 50 ans vous avez déserté les petites fermes familiales, la campagne et la nature si parfaite ? pourquoi vous avez fui cette campagne où un agriculteur gagne 350€/mois pour 70h de travail par semaine pour aller vivre en ville et nous demander une alimentation à pas cher ? Pourquoi vous n’êtes pas restés croupir dans les petites fermes mais tellement bucoliques à vos yeux ? Pourquoi plutôt que nous faire la morale vous ne revenez pas reprendre des fermes pour nous montrer comment on peut bien vivre en bio, en permaculture ou autres façons si naturelles et si prometteuses pour faire fortune ?
Là, je me fâche, du côté des prix dans la GD, l’argument est fallacieux, et les 40% plus cher c’est du grand n’importe quoi. Les mêmes qui, à la FNSEA, braillent, à juste raison, sur les prix de misère qu’on leur paye, sont les premiers à monter au créneau pour défendre le système. D’ailleurs, la GD va chercher son bio ailleurs que chez nous. Bravo les gars !
Je suis fils d’agriculteur, le petit dernier, mon frère ainé a repris la petite métairie de 15 ha, j’ai fait l’école d’agriculture de la Mothe-Achard avec un certain Luc Guyau, et si je ne suis pas devenu agriculteur c’est que j’en n’avais pas les moyens. Alors, de grâce, stop à la démagogie, désertion, fuite, rester croupir… faut pas déconner avec ça, relire la Révolution Silencieuse de Michel Debatisse, un auvergnat, président de la FNSEA. Tout ça a été organisé avec les lois d’orientation des années 60 sous l’égide des gouvernements du général. Travestir l’Histoire pour quelqu’un qui s’en remet à la Science en dit plus long qu’un discours de madame la présidente de la FNSEA.
Je n’ironiserai pas sur les 5 années d’école d’agriculture. Nos écoles ne sont pas des modèles d’innovation.
L’argument de la haute valeur gastronomie française liée à l’agriculture survitaminée est du genre boomerang qui vous revient à la gueule : la tendance est au naturel et au local, et pas qu’à Paris bien sûr. Produire de la valeur est notre vocation, pas de faire du grain pour les cochons en batterie.
Reste le sommet du « Alors foutez nous la paix !! et faites-nous confiance !! »
Eh bien, c’est non. Nous les citoyens consommateurs, mais savez-vous ce que nous sommes, nous vendez-vous directement ce que vous produisez, oui nous sommes en droit d’exiger des politiques, nous les élisons, qu’ils fassent prendre un virage à l’agriculture française qui, pour les grandes cultures, pompe l’essentiel des aides directes de l’UE. Vous êtes peut-être anti-européen camarade ?
La chute du texte est de la même hauteur « Mais surtout si un jour vous deviez avoir faim vous qui nous donnez des leçons dans les villes, oubliez-nous et ne venez pas nous chercher comme en 1945 pour vous donner à manger. »
Faut pas pousser pépé dans les chiottes, personne n’est allé chercher les agriculteurs en 1945 pour qu’ils nourrissent le peuple des villes affamé. L’irruption du fameux progrès a boosté les rendements, il suffit de lire Grenadou paysan français (chronique à venir) pour mettre à bas cette fable que l’on nous sert et ressert à l’envi. D’ailleurs, pour qui connaît l’Histoire, très vite les excédents sont apparus et sous la IVe République les pouvoirs publics, avec le FORMA, ont forgé les outils de régulation qui serviront à fabriquer les OCM, la fameuse PAC.
Bref, madameSepeau Ivaldi ICI enfourchant le même bourrin que son actionnaire nous parle de guerre « C’est ainsi que s’il y a une guerre à mener, c’est celle du déploiement de la technologie et de l’innovation dans les exploitations pour que chaque décisions techniques soient fondées sur un raisonnement scientifique. Et que l’on mette un point final à l’opposition de modèles qui ont chacun leurs versants flamboyants et leurs revers plus sombres. »
Et pourtant, monsieur Ferrand, elle écrit dans Vitisphère, et que je sache le vin n’est pas une nourriture indispensable à la vie des humains, bien sûr c’est bon pour le moral et le convivial, alors s’il est un secteur où le glyphosate doit être immédiatement banni c’est dans la vigne.
Et qu’on ne vienne pas me dire que c’est un argument de bobo parisien, la montée en gamme chère à Macron, passe par ce chemin et non, comme continue à le penser le président Farges de Bordeaux, par une viticulture copiant les industriels du Nouveau Monde.
Enfin, monsieur Ferrand, arrêtez de présenter ceux qui ne prennent pas les mêmes chemins que vous comme des illuminés, des moins que rien, des minables… Beaucoup d’entre eux vivent bien, exportent des produits de haute valeur, et d’ailleurs, je suppose que vous n’êtes pas dans la tranche des agriculteurs à 350€/mois pour 70h de travail par semaine, qui sont les victimes du système que vous défendez au nom de la Science.
Sur face de bouc le 28 juilletBernard Burtschy écrivait :
« Beaucoup de rosés, de Provence et d'ailleurs, ont atteint un tel niveau de médiocrité qu'il n'est même plus possible de les distinguer des importations à petits prix.
Pourtant, il en existe une poignée qui résiste comme celui élaboré par Roselyne Gavoty au domaine éponyme. Et vous pouvez l'oublier plusieurs années en cave, il n'en sera que meilleur.
Dans la courte liste, il faut rajouter Château de Roquefort et Sainte Roseline (pas toutes les cuvées) en Côtes de Provence, château Simone à Palette et quelques bandols (Pibarnon, Sorin, Olivette, La bégude, Tempier).
Tout le reste ou presque ne vaut pas tripette, même au bord de la piscine. Et quant à la pénurie, vaste rigolade: une "fake news" bien dans l'air du temps. »
Et ça foutait le bordel dans le Landerneau des visages pâles, pardon des roses pâles. Moi, vu que le rosé de Provence me laisse aussi froid qu’un glaçon destiné à le rafraîchir, comme disait Chirac « ça m’en touche une sans faire bouger l’autre… »
Et pourtant, n’étant pas à une contradiction près me voilà qui achète à la file 3 rosés : un nature du Luberon, un Thunevin-Calvet qui mettait Laurence dans tous ses états et enfin un rosé des Coteaux d’Aix-en-Provence du domaine Camaïsette, signé Michelle Nasles.
Michelle Nasles est la maman d’Olivier Nasles qui signe le vin avec elle sur la contre-étiquette.
Souvenirs, c’est l’âge !
Je pourrais commencer par écrire qu’Olivier Nasles est une huile puisque je l’ai connu lorsqu’à la SIDO je tentais de réveiller les producteurs d’huile d’olive de notre vieux pays ; dans ce monde de vieux endormis il décoiffait. D’ailleurs il prendra la tête de la jeune interprofession de l’huile d’olive : l’AFIDOL
Les 3 mêmes questions à Olivier Nasles œnologue engagé
« Il parait qu’il est tombé dans une barrique. 4ème génération d’une famille vouée entièrement au vin, il co-exploite aujourd’hui avec sa mère, présidente des Coteaux d’Aix, le domaine de Camaïssette, exploitation de 25 hectares, en AOC et, aussi, en oliviers, sa dernière passion. Depuis1986, il est patron d’un laboratoire d’œnologie, créé lors de son 25ème anniversaire.
C’est bien une huile puisque :
« En 2004 il siège au CN de l’INAO et depuis 2007 il est Vice-président du CAC (Conseil Agrément et Contrôle) de l’Institut devenu National de l’Origine et de la Qualité et il est membre de son Conseil Permanent. »
Sa position éminente au CAC me permettait de lui tailler un costard :
9 juin 2008
Le CAC 51 : le croskill de la qualité des vins AOC
M. Nasles (Olivier) à Eguilles (Bouches-du-Rhône) est nommé président du comité national de l'agriculture biologique de l'Institut national de l'origine et de la qualité (INAO)
Olivier Nasles : « Si elle veut survivre, l’oléiculture provençale est condamnée à se réformer »ICI
25 juillet 2017
« La production française représentant moins de 5 % de la consommation nationale, il faut, selon lui, renouveler la vision du travail des oléiculteurs en prenant compte des nouveaux enjeux économiques et écologiques. « Notre production moyenne est ridiculement basse par rapport à des productions marocaine, espagnole, tunisienne. Là où nous allons récolter 200 à 300 litres d’huile pour un hectare, un oléiculteur marocain va en obtenir 1 000 à 1 200 litres. Pourtant certains paysans français sont capables de produire 700 à 800 litres par hectare ! Je prends leur exemple pour les autres producteurs et les avertis : « Certains peuvent le faire, pourquoi pas vous ? » clame le président du syndicat. Le problème c’est qu’il y a un manque de professionnalisation du secteur. Nous sommes des agriculteurs compétents mais les oliviers sont un complément de récolte. La plupart des oléiculteurs focalisent leurs efforts principalement sur la vigne, les fruits et les légumes ».
Fort bien me direz-vous mais le rosé du domaine Camaïssette qu’en penses-tu Ô grand dégustateur ?
Eulala, comme dit ma copine Camille, grande vendeuse de vin nu, je ne me sens pas qualifié et j’ai bien envie de demander à Bernard Burtschy car lui en connaît un rayon du côté des rosés de Provence...
Il est bio, normal Olivier préside le comité bio de l’INAO, ça va faire plaisir à ma copine Laurence.
Je le trouve un peu pâlichon, il m’a coûté 6 euros 10.
Il fait 13°
Pour l’heure la bouteille est au frigo, elle attend… Rassurez-vous je la boirai…
Le pauvre Jean-Luc que je présentais en janvier 2008 : « ancien ouvrier forestier, disc-jockey, employé de banque et marchand de vin » je l’avais rebaptisé : THUVENIN.
Ça l’a fait beaucoup rire. Tout autre que Jean-Luc se serait offusqué mais lui prit la chose du bon côté en soulignant que l’alliance de la thune et du vin suffisait à son bonheur alors que le venin venait d’ailleurs. Après ce contact purement épistolaire Jean-Luc et moi nous avons dû nous rencontrer physiquement, de manière tout aussi pure, au salon de la RVF.
Lire ICI « Autour d’une bouteille » consacré à Murielle Andraud et Jean-Luc Thunevin sobrement titré « le Vin de garage ». C’est chez Elytis. 14€. Le questionneur-dégustateur est Gilles Berdin. Jean-Luc me l’a porté en mains propres à sa descente du TGV de Bordeaux.
Même si j’ai viré naturiste, je ne suis de ceux qui renient l’amitié et avec Jean-Luc, les racines sont profondes mais vous n’avez besoin de savoir.
Et puis, y’a Maury !
Souvenir d’un vendredi soir, lors de ma mission Vin Doux Naturels, où je suis monté avec Jean-Pierre Borie, enfant du pays, à Maury pour une réunion, à la salle omnisports, avec les viticulteurs de Maury, englués dans la crise, piégés par les tenants de l'immobilisme, « rien que du vin doux », le président de la cave coopérative en tête. La salle était pleine, presque tout village. C’était chaud mais sans agressivité, de l’angoisse, de l’écoute. J'en garde un souvenir fort et la conviction profonde que le devoir de vérité est dû à ceux et celles qui, dans leurs vignes, leurs caves, le quotidien de notre viticulture. Rien n'est jamais acquis, rien n'est jamais perdu.
Bref, le Jeudi 14 février 2008 via le blog du Jean-Luc j’ai reçu cette lettre :
M. Berthomeau,
Nous nous rappelons aussi très bien de votre venue à Maury. Vous avez été reçu, vous l’avez dit par une assistance nombreuse. Ces hommes et ces femmes étaient à l’époque inquiets de la situation, découragés, las. Pire, ils ne croyaient plus en ce qui avait représenté toute une vie pour certains, l’avenir pour d’autres : leur métier, la vigne.
C’est dans ces circonstances que vous avez fait connaissance avec Maury.
Peu après votre venue, une nouvelle équipe dirigeante a pris la tête de la coopérative. Oh, le changement ne s’est pas fait en douceur, bien qu’une grande majorité des coopérateurs aient donné leur confiance à Paul Armingaud et son équipe. Mais peu à peu, grâce à des décisions justes et une ligne de conduite inflexible, la situation s’est améliorée. Mise en place d’un cahier des charges, lignes de rémunérations différentes en fonction de la qualité des apports, meilleur choix des partenaires commerciaux ont été des stratégies qui ont porté leurs fruits en quelques années. Bien sûr, il y a aussi eu des licenciements, des sacrifices à faire, tant au niveau du personnel que des coopérateurs. Mais aujourd’hui, la situation financière de la cave est assainie et les rémunérations aux coopérateurs ont recommencé à augmenter.
Bien qu’ayant quitté la Cave coopérative en 2004, pour poursuivre notre chemin avec Jean-Luc, nous avons gardé avec elle d’excellentes relations, commerciales comme amicales.
Il en va de même de nombreuses autres caves particulières. Cette entente entre producteurs est même devenue un atout puisque a été créé en 2007, à l’initiative de la municipalité, La Maison du Terroir et son association regroupant une vingtaine de caves particulières et la Cave Coopérative dans le but de promouvoir les vins de Maury autour d’un bar à vin et d’un restaurant de qualité.
Alors bien sûr, aujourd’hui, il y a encore quelques individus (les innommés ..?) qui croyant pouvoir s’exonérer de leurs fautes passées tentent d’enrayer cette mécanique de la réussite qui est en place à Maury et qui n’est pas de leur fait.
Mais, le fait est, Monsieur Berthomeau, que si vous reveniez aujourd’hui à Maury (et je souhaite que cela soit possible) vous seriez certainement accueilli par les mêmes personnes qu'il y a quelques années ; la différence, c’est ce que vous trouveriez dans leurs yeux : la fierté ! La fierté de pouvoir faire le métier qu’ils aiment et en vivre.
Maury, nouvelle St Emilion du Roussillon ? Le Châteauneuf du Sud ? Nous y croyons ! Nous en avons aujourd’hui retrouvé l’ambition! Parce que des hommes comme vous et comme Jean-Luc Thunevin ont commencé à y croire et à nous convaincre que c’était possible.
Revenez nous voir, Monsieur Berthomeau, Maury a retrouvé son âme.
Marie Calvet
Pourquoi cette remontée de souvenir ?
Tout bêtement, baguenaudant sur le boulevard Saint-Germain vendredi après-midi je suis entré à La Maison Des Millésimes 37 Boulevard Saint-Germain, 75006 Paris, haut-lieu des GCC, pour faire un peu de provoc en demandant du vin bleu.
Plus sérieusement, après avoir causé de tout et de rien avec Thomas le caviste je suis reparti avec une boutanche de la Cuvée Constance 2016 de Thunevin-Calvet. 10 euros.
Voilà c’est écrit, et je suis prêt à retourner à Maury si Jean-Luc m’y conduit dans sa Porsche-Cayenne noire – je déconne – nous convierons Isabelle Saporta qui, comme moi, adore Jean-Luc.
La fenêtre de ma chambre donnait sur la place de la mairie et, dimanche, aux aurores, le comité des fêtes de Châtillon s’activait, avec discrétion, autour de la fontaine. Les rues et les viols étaient déserts, la lumière était belle, il me fallait endosser mes oripeaux de petit reporter.
En me brossant les dents je pensais au sous-préfet aux champs d’Alphonse Daudet :
« Le sous-préfet est en tournée. Cocher devant, laquais derrière, la calèche de la sous-préfecture l’emporte majestueusement au concours régional de la Combe-aux-Fées.
Pour cette journée mémorable, M. le sous-préfet a mis son bel habit brodé, son petit claque, sa culotte collante à bandes d’argent et son épée de gala à poignée de nacre...
Sur ses genoux repose une grande serviette en chagrin gaufré qu’il regarde tristement.
M. le sous-préfet regarde tristement sa serviette en chagrin gaufré : il songe au fameux discours qu’il va falloir prononcer tout à l’heure devant les habitants de la Combe-aux-Fées :
— Messieurs et chers administrés...
Mais il a beau tortiller la soie blonde de ses favoris et répéter vingt fois de suite :
— Messieurs et chers administrés... la suite du discours ne vient pas.
La suite du discours ne vient pas... Il fait si chaud dans cette calèche ! »
Ici, le sous-préfet est à Die, je ne l’imagine pas venir, avec son bel habit brodé, sa casquette enguirlandée de feuilles de chêne et de feuilles d'oliviers brodées d'or, couper le ruban tricolore du Festival Arts et Vigne de Châtillon-en-Diois.
Aujourd'hui le costume de préfet et de sous-préfet comprend désormais trois tenues :
une tenue de cérémonie, constituée d'un veston croisé avec pattes d'épaules brodées et parements de manches brodés amovibles. Le pantalon comporte une bande de soie noire, la casquette est brodée d'or.
Les membres féminins du corps préfectoral portent une veste avec une jupe et une toque-tricorne de feutre uni bleu marine.
une tenue de cérémonie d'été (notamment pour les préfets exerçant en Outre-Mer), analogue à la précédente, mais blanche
une tenue de soirée, habit à pattes d'épaules brodées, gilet blanc et pantalon à bande d'or.
Les parements de manches comportent pour le préfet des dents de cannetille et deux ramages juxtaposées de feuilles de chêne et de feuilles d'olivier (pour les sous-préfets pas de cannetille et une seule guirlande).
Les pattes d'épaules ont deux feuilles de chêne et deux feuilles d'olivier (une seule feuille d'olivier pour les sous-préfets)
La casquette comporte deux guirlandes de feuilles de chêne et de feuilles d'oliviers brodées d'or (une seule guirlande pour les sous-préfets)
L’heure n’est pas aux rêveries, je descends.
La boulangère d’à côté affiche une mine renfrognée, je lui achète un pain au chocolat pour me caler et je pars avec en mains mon petit Leica pour aller m’immiscer dans les méandres des viols voir ICI où je shoote comme un mort de faim.
Je suis en manque de caféine, il est temps d’aller me caler un expresso au café des Alpes, et de lire la presse locale du jour.
Dans un ciel pur comme de l’eau de roche se plaque un soleil dur, je décide de monter jusqu’au cimetière du village.
« Ce qu'il y a de plus beau dans les cimetières, ce sont les mauvaises herbes. » Francis Picabia
Et les mauvaises herbes prospèrent sur les tombes abandonnées. Le contraste entre les tombeaux rutilants et le désastre des stèles avachies, moussues, le fatras rouillé des couronnes et des fleurs artificielles, montre la vanité des uns et l’oubli des autres.
Alors, je rêve qu’on me porte en terre au cimetière Montparnasse, au petit matin comme les comédiens excommuniés, sans fleurs ni couronnes, quelques pelletées de terre, le silence éternel. Aucune plaque, que la petite colline de terre sous laquelle je vais me dissoudre, disparaître. Que les rares amis qui feront avec moi ce dernier voyage aillent boire un verre, dans la joie.
Pour l’heure, en redescendant jusqu’au village, j’ai le sentiment d’être un poulet rôti.
Sur la place tout est en place : que la fête commence !
En musique !
Verre à la main, les gens font patiemment la queue pour licher du jaja du coin. Je n’en suis pas, mon naturisme ne me le permet pas. Je liche une bière artisanale en terrasse, puis je me mets en chasse des gens qui se sont mis sur leur 31.
Ça creuse de shooter !
Direction le café de la mairie car le Jancou a décidé de ne pas cuisiner.
Légère sieste.
Au lever, la place est vide, ils sont tous partis manger je ne sais où ?
L’heure est maintenant à l’Art, je me fais toutes les galeries les unes après les autres, comme je suis charitable je ne piperai mot. Je n’ai rien acheté, c’est dire !
La journée s’étire, j’ai de nouveau une petite faim alors je décide de m’envoyer un petit jaune chez Pierre accompagné de cochonnailles locales fort goûteuses.
Y’a de l’ambiance chez le Pierrot, ça cause fort, ça s’envoie du lourd, ça chante, ce n’est pas tous les jours la fête au village.
Et soudain, le ciel se fâche. Des cordes ! Comme vache qui pisse. Le repli. Suis trempé comme une soupe.
Le ciel s’apaise.
Je ressors.
Croise une mobylette bleue.
Ce soir Pierre a décidé nous nourrir à la fortune du pot. Je fais la connaissance de Céline, discute avec Aurélien Lefort, de mon idée de boui-boui, de tout et de rien… Je culbute le reste de la bouteille de Raphaël Beysang entamée hier au soir.
Clap de fin !
Je prends le frais sur la terrasse…
Au-dessous, au café de la Mairie, un orchestre fait de la musique. C’est encore la fête au village…
J’imagine que le sous-préfet de Die est déjà au lit. Il se nomme Patrick Bouzillard.
Sitôt arrivé au village je suis allé garer ma petite auto dans les bas quartiers afin qu’elle ne gêna pas les festivités du dimanche. Alors que je remontais la petite pente pour me rendre au café des Alpes chez l’ami Pierre Jancou, quelle ne fut pas ma surprise de tomber nez à nez avec un viol.
L’office du tourisme du village, 550 habitants, rassure les pauvres parigots tête de veau qui pourrait prendre le mot à la lettre :
« Si, de nos jours, il ne reste rien du château, le vieux village offre aux visiteurs le charme de ses remparts, de ses ruelles dénommées "viols" (terme local d'origine provençale - découlant du latin via - désignant les ruelles étroites) et de ses fontaines. »
Le dimanche matin, à la fraîche, j’ai parcouru les méandres des viols Châtillonnais pour prendre quelques petites photos. Désolé, j’ai parfois tendance à pencher à gauche.
8 juin 2018
Châtillon-en-Diois (4) : Au fil des "viols" du village / Balade dans la Drôme
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