Desproges est une institution, pour preuve on le dégaine pour se démarquer des hordes ordinaires qui sont légion en ce temps de Coupe du Monde.
Sur Face de Bouc et sur Twitter c’est le temps de la bêtise ordinaire, bien lourdingue, bien grasse, universelle…
Dans sa « Chronique de la haine ordinaire » du 16 juin 1986 « À mort le foot » concluait :
« Quand j'étais petit garçon, je me suis cru longtemps anormal parce que je vous repoussais déjà. Je refusais systématiquement de jouer au foot, à l'école ou dans la rue. On me disait : «Ah, la fille !» ou bien : «Tiens, il est malade», tellement l'idée d'anormalité est solidement solidaire de la non-footabilité. Je vous emmerde. Je n'ai jamais été malade. Quant à la féminité que vous subodoriez, elle est toujours en moi. Et me pousse aux temps chauds à rechercher la compagnie des femmes. Y compris celles des vôtres que je ne rechigne pas à culbuter quand vous vibrez aux stades. »
Presque 30 ans après les femmes s’y s'ont mises et la bêtise ordinaire est unisexe.
Les réseaux sociaux se vautrent dans l’outrance et la bêtise ordinaire.
Il y a outre dans outrance et, comme chacun le sait ou pas, plein comme une outre signifie bourré comme un coing, beurré comme un petit Lu, saoul comme un Polonais…
En effet, en novembre 1808 les forces françaises sont arrêtées au col de Somosierra, dernier bastion espagnol sur la route de Madrid, défendu par 8000 hommes avec 20 canons. Après plusieurs attaques infructueuses, Napoléon décide d'y envoyer les chevau-légers polonais de la Garde, au nombre de 150, sous les ordres de Jan Kozietulski. Au bout de quelques minutes de combat les Espagnols sont défaits.
Napoléon, admiratif, aurait alors dit: « Il faut être saoul comme un Polonais pour accomplir cela. »
Une autre version dit que les maréchaux français, voulant minimiser le rôle des Polonais, indiquaient que ceux-ci étaient ivres. Napoléon leur aurait alors répondu: « Et bien la prochaine fois messieurs, soyez saouls comme des Polonais ».
Mais revenons à l’outrance :
À outrance, à toute outrance, jusqu’à l’excès.
Excès : degré qui est au-delà des bornes habituelles.
Les bornes « Quand les bornes sont dépassées il n'y a plus de limite » le sapeur Camenber, Pierre Dac, Georges Pompidou…
No Limit !
Après des années de tolérance amusée de la pochtronerie ordinaire les grands chefs du vin se sont convertis à la modération à la consommation responsable.
« La consommation de boissons alcoolisées, même avec excès, était vue d’un œil bienveillant, pour autant que les acteurs soient de sexe masculin »
Nous vivons dans le temps du « politiquement correct » qui est sans aucun doute la plus belle expression de l’hypocrisie collective.
« Au risque de choquer : modération et tolérance ne sont guère mes tasses de thé … j'suis tendance bon vivant et accueillant... » link
Le bien-vivre ne signifie pas à l’évidence se retrouver souvent le nez dans le caniveau ou au-dessus de la cuvette des chiottes, les bons vivants ne sont pas des pochtrons, ni même des avinés journaliers, mais des gens savent faire la fête et pour qui le vin est le meilleur allié de la convivialité. Mais pour autant arrêtons de jouer aux mijaurées outragées la consommation excessive de vin conduit à l’alcoolisme.
« Le vin peut relever l’âme, mais il peut bousiller le foie et il est aussi responsable d’un fléau tel que l’alcoolisme.
L’amour peut bonifier l’âme, mais il est aussi coupable de maux comme le crime passionnel, la violence conjugale, la maltraitance des enfants. »
Michel Froidevaux, commissaire de l’exposition Eros Bacchus.
Le trop de jusqu’à l’excès me fait penser au petit plaisir subversif de Jean-Pierre Marielle dans le film culte de Bertrand Blier CALMOS « L’intérêt, avec le sucre, c’est que ça donne de remarquable caries, surtout le soir… Ça macère toute la nuit et ça attaque bien l’émail… »
La « gestion » de nos excès relève de la sphère privée me direz-vous à juste raison sauf qu’au nom de notre santé, de son coût lorsqu’elle se détériore la puissance publique vient y mettre son grand nez pour nous dicter de « bonnes pratiques »… Nous sommes cernés par une communication nutritionnelle très incantatoire et hypocrite puisqu’elle se résume à faire dérouler des bandeaux sous les publicités des grandes marques de bouffe et de boissons.
Le vin, boisson alcoolisée, est cerné par 2 géants : les multinationales de la bière et celles des spiritueux et il est bien difficile de faire entendre sa petite musique.
Tout l’enjeu pour le monde du vin dans sa communication, face aux hygiénistes et aux pouvoirs publics, consiste à sortir de l’ambiguïté d’une approche bien trop globale, trop culturelle, trop autocentrée sur les bons vins, les vins chers qui sont si chers aux critiques, posture qui ne tient pas assez compte d’une réalité économique et sociale incontestable : dans la GD le vin reste encore une boisson alcoolisée peu couteuse.
Nier la réalité ne change pas la réalité, le vin est une boisson alcoolisée comportant des risques qui ne doivent être ni niés, ni exagérés. Les modes de consommation ont lourdement évolués mais plutôt que de continuer à nous auto-congratuler ou à nous vivre comme des citadelles assiégées par les hygiénistes essayons d’être plus convaincants auprès de l’opinion publique.
Un conseil, prenez le temps d’écouter ce que disent sur ce sujet les mères de familles, y compris lorsqu’elles sont vigneronnes, vous réviserez sans doute votre façon d’aborder la perception de certains de nos comportements…