Acheter son caviar chez son boucher peut apparaître aux permanentées de NAP* une incongruité.
* Neuilly-Auteuil-Passy
Oui mais mon boucher c’est Hugo Desnoyer !
Hugo c’est un gars qui ne transige pas sur la qualité alors que les chiens aboient moi je passe.
Oui, je sais y’a une appellation d’origine contrôlée « gauche caviar » qui plait beaucoup dans les salons de la Rive Gauche mais je me tamponne le coquillard vu que je ne suis pas un grand amateur de caviar.
Et pourtant, je viens d’acheter de mes deniers, au prix du caviar bien sûr, une p’tite boîte de 100g de « caviar fermier » chez Hugo Desnoyer.
Alors, pourquoi se délester de son blé pour un produit qui n’est plus ce qu’il était, sauvage !
Depuis que les Rouges sont devenus Blancs, que Poutine est passé du KGB au Kremlin, tout fout le camp je vous dis. Du côté des capitalistes, pas mieux, puisque que j’ai appris que pour le saumon c’était l’alerte rouge link
M’en fout aussi car je n’ai jamais aimé le saumon fumé au bois de hêtre, le bois ce n’est pas ma tasse de thé.
Premier élément de réponse la dénomination « caviar fermier ». Comme j’ai laissé mon cœur d’enfant à la ferme ça m’émeut.
Et pourtant, m’informant de la provenance de ce caviar, je suis un consommateur averti, j’apprenais avec horreur que les esturgeons avaient été élevé en Chine.
Je n’ai rien contre ce beau pays mais vu de loin, en dépit des câlins de Raffarin, la Chine ne m’apparaît guère respectueuse de son environnement.
Oui mais dans ma petite Ford intérieure une petite voix me disait mezzo voce « oui mais ce caviar a été sélectionné par Hugo Desnoyer… »
Je me voyais déjà mis au banc de la société par Alain Juppé et le redresseur national en marinière réunis dans le même courroux « Taulier tu devais acheter du caviar aquitain ! »
Certes, certes, messieurs les censeurs, mais je ne sais, ou que trop, ce qui me retient d’acheter du caviar aquitain…
Je vous prie de ne pas me prendre pour un grand nigaud j’avais avant cet acte antinational lu les 4 Vérités sur le Caviar de Jean-Claude Ribaut.
1- Le caviar est le résultat d’un sacrifice : celui de la femelle esturgeon qui donne sa vie pour que l’on puisse extraire ses œufs : rogue.
2- Sacrifice nécessaire pour protéger la qualité des précieux grains noirs car le poisson mort libère une substance chimique qui dégrade leur qualité.
3- 24 espèces différentes, la plus connue le béluga, le plus gros esturgeon, produisait jusqu’à 15 kg de caviar.
4- « Après la disparition de l’URSS, le braconnage forcené et la pollution ont provoqué la raréfaction de cette espèce âgée de 250 millions d’années. La pêche est désormais interdite dans la mer Caspienne : le caviar sauvage n’est qu’un souvenir.
À ce stade de ma chronique vous allez savoir pourquoi je me suis décidé à acheter le « caviar fermier » d’Hugo Desnoyer.
La raison est un très vieux souvenir gustatif : c’était sous Giscard, en 1979 je crois, la première madame B travaillait à l’Institut Curie et l’un de ses collègues pratiquant la curiethérapie était membre du PCF de Jojo Marchais. Il allait en vacances au paradis des Soviets et cette année-là il rapporta une boîte de 500g de Beluga à madame B. Fort bien, sauf qu’à la maison je fus le seul à succomber, quoique modérément, aux charmes de ce caviar de la meilleure extraction.
Que faire ? Inviter des amis ? Madame s’y refusa pour des raisons sur lesquelles je n’ai pas à m’étendre. Le donner ? Mais, à qui, la boîte était entamée ? Le jeter : un crime ! Donc ne me restait plus qu’à me taper du caviar du petit déjeuner au souper, façon de parler. Toute proportion gardée ça me rappelait l’overdose qui me frappait au Bourg-Pailler avec les légumes de saison : les haricots verts plus particulièrement.
J’en vins à bout mais l’aura du caviar avait fortement baissé dans mon échelle de valeur. Je m’abstins donc d’en consommer ce qui était heureux pour mon porte-monnaie. Sauf qu’en 1981, invité par l’ambassadeur d’URSS en France à déjeuner avec mon Président à sa résidence de la rue de Grenelle je dus affronter à nouveau le caviar avec de la vodka frappée qui va avec. Je dois avouer que j’en garde un bon souvenir car les steaks qui nous furent ensuite servis n’avaient rien de tartares mais avaient la tendreté de leurs selles plein cuir Hermès. Les salons de l’ambassade venaient d’être rénovées à l’or fin : comme un sentiment de la chute de l’Empire Romain.
Ayant donc subi un régime intensif au caviar le plus prisé je me suis dit mon Taulier faut que t’essaie le fermier d’Hugo Desnoyer !
Comme dit le Ribaut « Vive le caviar d’élevage »
Fermes aquacoles donc, 70 sur le globe, « 22 en France, deuxième producteur derrière l’Italie avec 19 tonnes de caviar en 2011. Dans le meilleur des cas, les poissons prospèrent dans des lacs non pollués (3 ou 4 en Chine), sinon dans des bacs de béton, à l’instar des autres espèces d’élevage, nourris avec des farines de poisson et des compléments alimentaires (algues, tourteaux de soja) »
Je m’arrête-là car le caviar fermier d’Hugo Desnoyer provient de chez Kaviari www.kaviari.fr qui élève ses esturgeons sur le site d’élevage situé au lac de Qindaohu « lac des milles îles » en Chine. J’ai lu ICI link tout ce qu’il faut savoir sur le mode d’élevage.
Bref, Hugo + Ribaut ça va bien à Berthomeau. Vous pouvez lire les 4 Vérités de Ribaut dans le N° de Noël de Régal. Vous saurez tout.
Afin de plaire aux partisans du made in France qui vendent leurs vins en Chine, je signale que la maison Kaviari vent aussi un « caviar fermier » Français ICI link
Ne me reste plus qu’à programmer sur ma table ce « caviar fermier » d’Hugo Desnoyer que je ne consommerai pas à la louche vu le petit grammage. Je réfléchis à son usage et vous informerai lorsque je l’aurai ingurgité.
« Simone fait les valises nous rentrons à Paris… »