Je ne suis pas superstitieux, lorsque je portais le maillot de la Vaillante mothaise j’avais le n°13, je passe sous les échelles, les chats noirs me laissent de marbre.
Nous quittons une année en 8, de celles où je change de décennie depuis 1948, elles me parlent et certaines ont marqué le siècle :
1958 de Gaulle et la Constitution de la Ve République
1968 le mois de mai
1978 je tombe dans le vin de table
1988 je me coltine la direction d’un cabinet ministériel
1998 je suis en chemin pour écrire mon rapport
Dans le nouveau siècle 2018 s’est caractérisée par une fréquentation assidue du lit.
Et voilà une année en 9 qui naît sous de mauvais auspices, je me souviens soudain de 1929, la crise, et de 1939, la guerre, d’abord drôle puis dramatique.
Alors je me dis, vas donc sur la Toile pour voir.
Et que vois-je ?
Que lis-je ?
De la Seconde Guerre Mondiale à la chute du Mur de Berlin, les années en 9 ont été décisives.
Charlotte Pudlowski — 31 décembre 2009 à 0h00 — mis à jour le 31 décembre 2009
1929, année fertile: naissance de Sergio Leone, Martin Luther King, Jacques Brel, Audrey Hepburn, Grace Kelly. Et Edouard Balladur (seul encore en vie de la liste...)
Ah oui, et puis bien sûr, la crise. La première du siècle. La grande dont tout le monde parle depuis que la première de ce siècle a débuté. Celle qui, en quelques mois, ravage les États-Unis, se propage en Europe, accouche des Raisins de la Colère, et un peu du fascisme en Europe. Dans un pays où l'optimisme régnait, les villes sont soudain parcourues par des familles errantes: plus de travail, plus de toit, plus d'argent. Chacun cherche la rue au coin de laquelle la prospérité est censée se trouver. Sans la trouver.
C'est l'interprétation de cette crise qui débouchera sur les accords de Bretton-Woods, qui pendant des décennies régiront le système financier mondial, fonderont le FMI et la Banque mondiale.
C'est cette même crise qui contribuera à nourrir la volonté renouvelée de forger l'Union européenne. Plus seulement l'idée d'Europe napoléonienne, «l'esprit européen», mais bien une union forte qui permettrait de s'unir à l'avenir, face à de nouvelles crises éventuelles.
Sans compter que 1929 a compté pour les pays colonisés, fournissant aux mouvements indépendantistes une justification supplémentaire: puisque le modèle des colonisateurs échouait, quelle suprématie avaient-ils ?
1939. C'est probablement la date que tous les écoliers retiendraient s'il ne devait en rester qu'une. 1939 et son pendant : 1945. Ce n'est pas là que tout commence, puisqu'Hitler a pris place en 33, que les déclarations antisémites se sont déjà faites entendre, que déjà les accords nauséabonds de Munich, signés en 38 étaient de mauvais augure. Mais en 1939 tout devient réel.
Tout devient réel le premier jour de septembre, lorsqu’en dépit du pacte de non-agression de la Pologne, les troupes allemandes envahissent le pays. Tout devient réel à 4h45 du matin, à l'issue d'intenses bombardements, lorsque la Wehrmacht enfonce les défenses polonaises jusque dans les plaines centrales. Alors l'Angleterre, qui jusqu'au dernier moment avait espéré un compromis, une paix fragile, se résout à déclarer la guerre: c'est le 3 septembre, et la France la suite de quelques heures. On connaît la suite.
En marquant le début de la Seconde Guerre mondiale, et pour ce que fut cette guerre (une série de crimes contre l'humanité), 1939 suffirait à être la date la plus importante du siècle. Mais cette guerre fut aussi ce qui forgea les équilibres économiques, et politiques des cinquante années à suivre, de la suprématie des Etats-Unis à la volonté d'indépendance réaffirmée de tous les pays vivant sous le joug des puissants.
Pour les autres années en 9 c’est ICI
Alors que conclure de ce retour en arrière ?
Rien !
Simplement je me dis que former des vœux en ce début d’année 2019 c’est prendre la position du sociologue, engeance très active ces derniers jours, ne pas confondre avec la position du missionnaire, et courir le risque d’être contredit par les faits, la réalité quoi. Mieux vaut faire comme nos sociologues en chambre, attendre et voir pour mieux se ruer, accoucher de savantes analyses a posteriori.
Allez, bonne année 2019 quand même !