Au cul de Télérama, oui ce matin je verse à grosses louches dans la vulgarité, la plus vieille marque de camembert de France : Lanquetot fait un gros plan (pas le jaja du Lac de Grandlieu) sur MOULÉ à la Louche, son savoir-faire qui disent les pubards « depuis un siècle et demi »
Pour nous persuader de l’authenticité de cette vieille marque tombée dans l’escarcelle du « Président » Besnier en 1990 lors du rachat musclé de Bridel ils en remettent une louche « Le Camembert Lanquetot est lentement Moulé à la Louche parce que cette technique, inspirée d’un savoir-faire séculaire, qui lui offre sa croûte délicatement tourmentée, son moelleux parfait, son goût franc et généreux et son arôme subtilement boisé. »
Inspiré, inspiré, ils ne peuvent pas mieux dire les petits faiseurs de texte de chez Lactalis car le bras de la fameuse louche séculaire est celui d’un brave robot modèle de lenteur et de régularité. C’est donc beau comme un petit robot, pour le reste du texte y z’ont du copier par-dessus l’épaule de Bettane.
Ce choix de la technique séculaire revisitée par les petits génies de la publicité est motivé par le fait que Lanquetot comme Lepetit, marques de Lactalis, ont abandonnées le lait cru pour le lait thermisé en 2007. Les autres marques de camemberts du groupe : Président, Bridel et Le Châtelain sont au lait pasteurisé ; Jort et Moulin de Carel avec du lait cru.
Luc Morelon, à l’époque porte-parole du groupe Lactalis, s’en expliquait :
Pour quelles raisons Lactalis fabrique des camemberts pasteurisés ou thermisés ?
À l'origine, c'est parce que le lait cru présente une mauvaise conservation dans la grande distribution. Il était donc préférable d'opter pour le lait pasteurisé ou thermisé pour une meilleure conservation. Il y a aussi une raison de sécurité sanitaire : le camembert est un produit fragile au taux d'humidité élevé. L'eau qu'il contient est active et présente une forte capacité de développement bactérien. La durée d'affinage d'un camembert au lait cru est de 21 jours et seulement d'une dizaine de jours pour un camembert au lait pasteurisé. Les risques bactériologiques sont donc moindres.
Ce sont donc pour des raisons sanitaires que les laits pasteurisé et thermisé sont utilisés ?
Oui. Aujourd'hui, le goût et la sensibilité du consommateur ont évolué. Autrefois, les consommateurs étaient habitués à des produits chargés sur le plan bactériologique. C'est moins le cas aujourd'hui, les gens sont plus sensibles. Et les laits qui nous arrivent des laiteries sont différents : ils sont meilleurs et plus propres au niveau bactériologique. Actuellement, les laits contiennent environ 5 000 germes par gramme alors qu'il y a vingt-trente ans, ils en contenaient 200 000 par gramme. Mais, et c'est là tout le paradoxe, un germe pathogène se développera beaucoup plus facilement dans un lait qui est moins riche en bactéries : il aura davantage de place pour se développer.
Nous avons une offre au lait cru avec les marques Jort et Moulin de Carel. L'AOC a un côté élitiste : ces camemberts coûtent entre 4 et 6 euros. C'est très cher par rapport aux camemberts Le Petit ou Lanquetot qui coûtent environ 2,20 euros. Nous fabriquons 500 à 1000 tonnes de camembert au lait cru par an : nous maîtrisons donc le risque bactériologique sur cette petite quantité. Mais à une grande échelle, comme celle de Le Petit, ce serait beaucoup plus difficile et ça coûterait beaucoup plus cher.
Louche
« Pour la plupart d'entre nous le mot louche ne présente aucun difficulté. Néanmoins il est important dans la définition de l'AOC camembert en effet, le camembert doit être moulé à la louche. C'est à dire que le caillé obtenu dans de larges bassines sera mis dans le moule au moyen d'une louche ce qui assure que celui-ci ne sera pas découpé en de fins morceaux. Accessoirement cette louche doit avoir une taille identique à celle du moule.
Traditionnellement le travail harassant du moulage s'effectue à la main. Néanmoins certains producteurs (Isigny Sainte Mère à l'origine ) ont automatisé ce processus par le biais de louche robotisé.
Toléré dans l'AOC, cet outil vaut l'ire des puristes qui pensent que cette louche modifie le moulage et donc le goût final du produit. Certains lui ont aussi reproché de permettre une automatisation complète du processus donc de permettre des productions nocturnes (rares au préalable) et donc de raccourcir les cycles de production impactant là encore aux dires de certains le goût du camembert.
Certains producteurs mettent donc maintenant en avant le moulage manuel de leurs produits. »
Voilà, la messe est dite. Toutes ces marques sont dans la GD et même si Lanquetot s’est vu attribuer des médailles d’or au Concours Général de 2014 et 2015, dans une catégorie qui n’est pas l’AOC, vu ses conditions de fabrication avec un lait de vaches bouffant de l’ensilage et de conservation dans les frigos et les présentoirs de la GD vous pouvez être sûr et certain qu’il sera béton !
Mon camembert à moi il est là.
Pour l’histoire de Lanquetot
« C'est en 1890 que l'histoire commence, lorsque Emilie Lanquetot fonde la société au non collectif de Madame Lanquetot et de Charles Lanquetot son fils, à Saint-Martin-de-Bienfaite (Calvados).
En 1905, Maurice Lanquetot, le 2e fils d'Emilie, entre dans la société qui prend le titre de « Veuve Lanquetot et fils et Cie ». Plus tard, l'exploitation d'une 2e usine à Orbiquet, créée par Monsieur Godefroy, augmente la production.
En 1909, Maurice et Charles, les deux fils d'Emilie, sont les deux membres fondateurs du Syndicat du véritable camembert de Normandie.
La croissance continue avec l'achat, en 1919, de l'usine d'Orbiquet dirigée par Charles, alors que la direction de l'usine de Saint-Martin-de-Bienfaite revient à Maurice. En 1924, un 3e site de production à Isigny-sur-Mer, rejoint l'entreprise.
Maurice rachète en 1932 l'usine d'Orbiquet à Charles. Ses fils, Roger et Pierre lui succèdent à sa mort en 1944 et développent l'entreprise par l'ajout d'une fromagerie à Friardel et des établissements Godefroy à la Madeleine, à Orbec, en 1956 (actuelle usine Lanquetot), puis à La Chapelle-Yvon.
Pour l’expression « Pouet, pouet, camembert ! » elle signifie en clair « ferme ta gueule ! »