Ce n’est rien qu’un petit texte griffonné au début des années 90, le temps des grands plans sociaux, les charrettes de pré-retraités, le début de la fin de la sidérurgie, la liquidation de l’industrie textile, le Nord des Corons, l’Est des tristes vallées peuplées de filatures… 30 ans de déclin de la classe ouvrière… Et l’on s’étonne, on fait semblant de découvrir l’ampleur des dégâts, on tape à tour de bras sur l’État, il faut, y’a ka…
Sur la toile cirée y’a des rogatons
L’éponge lèche ses fleurs fanées
Les yeux de mes chiares
Puits sans fond
Bouffent ce qui me reste d’espoir.
J’suis un dégraissé
Épluchure
Entre quatre murs
De mon clapier
Bloc 4 escalier D
Au haut de la barre
Grise.
Depuis que j’suis petit
J’sais que bosser
Comme un âne bâté
Cul sur ma chaise
Devant mon café
J’suis mal à l’aise
De plus rien branler.
Les gens d’en haut
Y m’ont mis sur la liste
Comme un de trop
J’prends le chemin
D’être érémiste
Comme un de rien.
Tien y’a le Lucien
Qui fait pisser son chien
Et ma Lucette
Qui part bosser
Sans un baiser
J’sais pas pleurer
Alors j’fais rien.
J’pue plus
L’huile de vidange
J’cocotte l’ennui
Et là t’as pas de rechange
Ça te colle jour et nuit.
Ils en ont rien à traire
Les types d’en haut
Y font leur sale boulot
En pondant un plan
Où ton nom propre
Chiure de mouche
Rimera avec licencié.