Vin & Cie, en bonne compagnie et en toute liberté ...
Extension du domaine du vin ...
Chaque jour, avec votre petit déjeuner, sur cet espace de liberté, une plume libre s'essaie à la pertinence et à l'impertinence pour créer ou recréer des liens entre ceux qui pensent que c'est autour de la Table où l'on partage le pain, le vin et le reste pour " un peu de douceur, de convivialité, de plaisir partagé, dans ce monde de brutes ... "
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Bonne journée à tous, ceux qui ne font que passer comme ceux qui me lisent depuis l'origine de ce blog.
C’était sur Face de Bouc : «Dans l’univers viticole après 40 années environ il naît toujours et encore des vigneronnes et vignerons qui vous transportent et éveillent votre plaisir. Merci»
Signé Dominique Derain.
Pour le petit Larousse êtretransporté, dans son acception littéraire, c’est éveiller un sentiment très vif, être ravi de plaisir ; une forme d’extase de tous les sens !
Face à une telle déclaration enflammée d’amour du Dominique, le vieux chien truffier que je suis, toujours à fouir dans le terroir profond à la recherche d’une pépite, a flairé un nectar rare. Comme vous le savez je me définis comme un « homme de luxe » ICI, le luxe compris comme une manière d'être, un certain type de visée, plutôt que comme un état lié à certains objets de prix, mon intuition frôlait l’ébullition, mon impatience montait, il me fallait accéder à ce flacon.
Hormis les louanges de Dom Derain, la photo de l’étiquette du hautes-côtes nature 2016 du domaine Dandelion postée sur son mur me séduisait : et la matière et le graphisme ; j’y reviendrai.
N’y tenant plus j’appelais le Dominique tout en consultant la page Facebook du domaine Dandelion. L’histoire qu’il me conta fit monter plus encore ma curiosité. 2016, c’était le tout premier millésime de la toute nouvelle vigneronne de Meloisey, Morgane Jeulliot.
La page face de bouc indiquait le 06 du domaine, c’était l’heure du déjeuner, j’hésitais avant de le pianoter sur mon criquet.
Morgane me répondait. Je lui servais mon petit speech : Dominique, le blog, mon désir de goûter son vin…
En 2016, le domaine Dandelion c’était 1 ha et demi de vignes hautes et de vieux pinot noir achetées, labourées à cheval, vendangées le 9 octobre, vieux pressoir en bois, grappes entières, 21 jours de cuvaison, élevé dans de veilles pièces, pas de soufre ni dans la vigne ni dans le vin. Bouchée verre. En 2017, le domaine s’est étendu de 1 ha, je crois, en location.
Comme je ne puis vous parler du vin lui-même, je fais confiance au palais de Dom Derain, je reviens à l’étiquette.
Le papier provient d’une papeterie à l’ancienne de Fontaine de Vaucluse du Moulin Vallis Clausa qui fabrique à la main des papiers d'exception ICI Il est composé de coton, de lin, de chanvre et des fleurs de bluet y sont insérés (visible sur la photo).
Morgane découpe ses étiquettes au format, marque au tampon le dessin d’un oiseau dessiné par elle puis graphe manuellement lez nom du domaine, l’appellation et le millésime.
De l’allure ! Quintessence de la simplicité…
Petite citation de votre serviteur datant de 2006 :
« L'allure des hommes, au sens des humains, c'est indéfinissable, voyez Cary Grant dans la mort aux trousses avec sa chemise immaculée et son impeccable costume gris perle tout au long de sa fuite, même après le champ de maïs, et Audrey Hepburn habillée par Hubert de Givenchy, c'est inné. La simplicité, l'art de l'accessoire, l'appariement, font la différence. Que de futilité me direz-vous ! Non l'allure n'est pas un luxe, c'est une manière d'être en phase avec soi-même. Se vêtir c'est choisir sa seconde peau. Etre attentif aux évolutions de la manière de se revêtir c'est être en capacité d'anticiper sur les changements qui traversent nos sociétés sur-consommatrices. »
Le millésime 2017 n’est pas encore disponible. Je ne désespère pas qu’il soit disponible à Paris, affaire à suivre…
Mai fut le mois du cinquantenaire de mai 68 et, je ne sais pourquoi, le mois de la publication de 2 livres sur Michel Rocard :
Le rocardisme Devoir d’inventaire par 2 grognards de la Rocardie, Alain Bergougnioux et Jean-François Merle. Au Seuil.
Michel Rocard par… toute une tripotée de noms connus chez Flammarion
Votre serviteur qui n’était pas un rocardien historique mais un PSU canal vendéen (La Roche s/Yon un des rares bastions électoral du PSU avec le Dr Morineau comme Yves Le Foll à Saint-Brieuc). Je ne suis qu’un compagnon de route, n’ayant aucun goût pour le mode de fonctionnement du PS je me suis toujours contenté d’être un homme de dossier engagé et fidèle. J’ai connu les affrontements idéologiques violents au sein de la Commission Nationale Agricole du PS présidée par Pierre Joxe, où je siégeais en tant qu’expert, ça ma vacciné à tout jamais.
Les entourages j’ai pratiqué avec 3 Ministres, la plaie, je connais, je m’en suis toujours méfié mais, comme je suis un bon camarade, je n’en dirais rien.
Je n’ai pas encore lu les deux bouquins. Je le ferai.
Ce qui m’a passionnéchez Michel c’est la méthode Rocard ; je l’ai pratiqué en prise directe avec lui et je dois avouer que ces années à ses côtés furent les plus belles, les plus intenses, les plus riches de ma vie. Mon attachement à lui est personnel sur un fondement de valeurs partagées, les rocardiens historiques, avec leur côté on est bien entre soi, m’ont toujours laissé perplexe. À quelques exceptions près, et c’est tout à leur honneur, ce n’était pas une équipe de « tueurs » comme chez le Florentin de Jarnac.
Ce qui suit c’est du Rocard pur sucre, ça vaut tous les inventaires et les hommages post-mortem.
« Il est libre, Michel Rocard, libéré de toutes les contraintes que suppose la conquête du pouvoir. A 75 ans, l'ancien premier ministre, aujourd'hui député européen, peut donc régler ses comptes. Il le fait dans un duo surprenant avec le journaliste-écrivain Marc-Georges Benhamou, dernier confident de François Mitterrand, pour un livre-entretien paru jeudi 6 octobre sous le titre Si la gauche savait.
« Avec une grande liberté de ton, le père de la deuxième gauche livre encore bataille. Contre la première gauche de Mitterrand, bien sûr, qu'il n'a cessé de combattre et dont il voit la patte sur la victoire du non au référendum sur la Constitution européenne. Au soir du 29 mai, affirme-t-il, « c'est Guesde (...) le marxiste qui a gagné » contre Jaurès, dont il fait un « père fondateur de la deuxième gauche ». A cette aune, Henri Emmanuelli incarne selon lui « l'anti-Jaurès ». Laurent Fabius, lui, serait l'héritier direct d'un Jean Poperen, l' « ennemi intime » auteur de la formule assassine « Rocard d'Estaing » et inventeur d'un « langage » : « un mélange de populisme jusqu'au-boutiste, de radicalisme irréaliste, avec une touche d'ouvriérisme lyrique ».
« Ces derniers temps (...), insiste M. Rocard, nous y étions en plein. Fabius a tenté de capter cette tradition. » Plus loin : « Poperen, c'est un peu Fabius en plus construit, mais avec le même cynisme » Le rocardien poursuit de ses foudres le mitterrandien « commis d'office au congrès de Metz - en 1979 - pour m'assassiner » et qui l'accueille pour son entrée à Matignon, en 1988, par ces mots : « Il n'y a pas beaucoup de grand dessein là- dedans. » Michel Rocard a son « parler vrai » : « Je lui aurais cassé la gueule ! », dit-il.
Le Nouvel Observateur publiait 11 octobre 2005 des extraits de Si la gauche savait livre d'entretien de Michel Rocard avec Georges-Marc Benamou (Robert Laffont).
Le père
C’était un personnage compliqué… Un génie aux facettes multiples… Un professeur Tournesol enfermé dans ses silences, maladroit de son corps comme pas possible. Il détestait sa femme. Ma mère était une petite institutrice de Savoie mariée à un immense savant ; d’une certaine façon, elle vivait une promotion sociale. Elle empoisonnait la vie de mon père. Il a fini par déserter le domicile conjugal pour échapper à son caractère dominateur. Et, surtout, elle m’accaparait. Il lui a beaucoup reproché de m’avoir soumis à elle ; et, de ce fait, de m’avoir éloigné de lui. Il disait: « Je ne comprends rien à mon fils. C’est un con, et à cause de toi. » Après cet épisode, il a passé sept ou huit ans sans guère m’adresser la parole.
Chirac et les filles
On s’était croisés dans les couloirs, à Sciences-Po. La sympathie était réciproque. Ce Chirac était un jovial, un gars généreux, pas trop compliqué. Il aimait s’amuser. J’avais essayé de lui fourguer la carte des Etudiants socialistes SFIO. Il s’en souvient. Il ne l’a pas prise. J’en témoigne. Une fois, alors que je revenais à la charge, il m’a répondu: « Vous êtes beaucoup trop à droite pour moi. » […]
C’était vraiment un bon copain. Je me souviens surtout qu’il me bluffait par son aisance et ses manières. J’étais éberlué par son audace auprès des filles. […] Moi, j’étais un peu niais. […] Mon taux d’adrénaline, qui devait être élevé, se dépensait en activités politiques plus qu’auprès des jeunes femmes. On est comme on est. Enfin, il est clair que ma mère m’avait flanqué quelques inhibitions que j’ai payées longtemps par un manque de simplicité et qui ont fait de mon premier mariage un ratage… Bref, disons qu’à l’époque je suis moine. Il y a du protestantisme là-dedans. Et probablement l’éducation que m’a donnée ma mère, dont je considère qu’elle a démoli mes rapports avec la gent féminine. [Elle était] castratrice ! Il m’est arrivé de penser que c’est un miracle que je sois hétérosexuel.
« Méfie-toi, Michel »
Chirac… En 1988, très exactement le 10 mai à 17 heures. Il est Premier ministre sortant, je suis Premier ministre entrant, il vient de subir la cohabitation avec Mitterrand comme président de la République, je suis socialiste, je suis dans le parti de Mitterrand depuis quatorze ans, je le connais donc autrement, et probablement plutôt mieux. Et Chirac me dit quand même: « Méfie-toi de Mitterrand, c’est quand il te sourit qu’il a le poignard le plus près de ton dos. » Pendant cette conversation, on a d’abord beaucoup ri. […] L’idée que ce soit moi qui lui succède avait pour Chirac quelque chose d’ironique. D’avoir à se distiller les modes d’emploi du patron. Tout ça était assez réjouissant. Dans un silence, j’ai fait un geste puis je lui ai dit: « Alors tu t’en vas, Jacques… Et tu as laissé combien de micros, là-dedans ? – Michel, aucun, je te jure ! Tu peux faire vérifier. Je suis contre. » J’ai fait vérifier, il n’y en avait pas.
Mitterrand : première rencontre
Cela se passe au printemps 1966. Le rendez-vous a été organisé par un ami commun. Un médecin, laïque, Pierre Ferrand. […] Je me souviens de lui avoir rétorqué: « Qu’est-ce qui lui prend ? » J’ai alors dans le PSU des fonctions honorables mais subalternes. Je dois être numéro cinq ou six. […] La réponse est très claire: « Les élections législatives de 1967 vont être difficiles. Mitterrand veut éviter que vous n’agressiez partout les candidats de la FGDS. » […] J’arrive à l’heure ; il n’est pas là. J’attends donc. Mitterrand arrive enfin. Et voilà qu’instantanément il me la fait au charme. Des flagorneries inutiles sur mes performances dans le monde de l’intellectualisme et de la politique… L’entretien est censé être conflictuel et, si possible, déboucher sur quelque chose. Or il n’y a que de l’hypocrisie dans ce rapport de complicité prématuré. […] Et puis, ce qui me chiffonne vraiment c’est que, lorsque nous en arrivons aux dossiers électoraux, il me ment. Trois fois, précisément, il me ment. […] Révérence à l’autorité – j’ai toujours eu du respect pour les vieux messieurs –, je ne contredis pas. […] Je sors de là furieux…
Premiers désaccords
Un beau jour, en avril ou en mai 1975 – à ce moment-là, je n’ai plus accès à son bureau sans rendez-vous préalable –, je vais le trouver pour lui dire ceci: « Monsieur le premier secrétaire, je m’occupe maintenant de formation, c’est ce que je sais faire. Or je suis très inquiet. Il faut que je vous dise : Pierre Joxe, responsable central dans ce secteur, fournit une formation totalement marxiste. C’est complètement fou. […] Cela vous affaiblit. Il faut que vous interveniez. »
Réponse de Mitterrand: « Vous avez tort de vous inquiéter, Pierre Joxe est un homme très droit. Dans les grandes circonstances, il sera fidèle. Cela n’a donc aucune importance. » Je suis stupéfié par sa réponse. […] Ainsi, les idées ne comptent pas ! Oui, je suis choqué. J’en ai la confirmation, il aime le pouvoir, pas la vraie politique. Il se moque du fond. Pour lui, les concepts sont interchangeables, autant que les figures de la gauche du xixe siècle. Imaginez le cynisme… […]
Par la suite, j’aurai un déjeuner stupéfiant avec Pierre Joxe. Il a prétendu me donner des leçons de marxisme… Il avait lu quatre fois moins que moi sur le sujet. Il a fallu que la conversation dévie parce qu’il m’était trop facile de lui faire sentir que tout ça était un peu ridicule. Un drôle de zèbre, Joxe… Un ultra du mitterrandisme avec, en même temps, une énorme distance. Il est très cynique, mais il a beaucoup d’humour. Nous sommes très copains !
Le zozo
Mitterrand est à l’évidence un tacticien génial, un homme doté d’un cynisme gigantesque, d’une stratégie très personnelle, et très habile. Mais il était étranger à toute notion de formation politique, à la notion de parti. J’ai évoqué plus haut ce qu’il a osé dire, un jour: « Il n’y a pas de Parti socialiste, il n’y a que les amis de François Mitterrand. » […]
Un jour, au cours d’un conseil national du parti, Mitterrand s’est trouvé dans l’obligation intellectuelle de définir ceux qui le combattaient. J’étais là. Il n’a pas bafouillé – il ne bafouillait jamais – mais après avoir tourné autour du pot, il a fini par lâcher ce mot énorme: « Ce sont des zozos. » J’étais chef zozo, quoi.
Jospin
Vous le connaissez. Il est froid, distant, méticuleux, mais j’ai découvert en plusieurs occasions qu’il pouvait se montrer impartial… Le problème, avec Jospin, c’est qu’il n’a pas les neurones flexibles ; mais c’est un Juste. Et lui, à la différence de tant de mitterrandiens, il ne m’a jamais traité en opprimé. Il s’est toujours montré équitable avec les rocardiens, dans le parti.
1984: Fabius Premier ministre
[Je suis] un peu indigné… Pas vraiment surpris… Scandalisé, oui, par cette prime attribuée à la fidélité cynique. Que sait-on alors de Fabius ? Que, ministre délégué au Budget à l’automne 1981, il a signé le budget 1982, en augmentation de 27%. Seul, sans la signature du ministre de l’Economie et des Finances Jacques Delors, son ministre de tutelle, pourtant. C’était la première fois dans l’histoire de France ! Fabius, l’homme qui, au congrès de Metz, m’a lancé : « Mais si, Michel Rocard, entre le marché et le rationnement, il y a le socialisme. » […] Animosité n’est pas le mot. Ça commence par le désaccord, suivi plutôt d’une immense froideur. Je le considérais comme le chef de mes tueurs. Avec Joxe…
1985: la démission
Le président de la République avait dit: « Il faut instiller de la proportionnelle. » Pourquoi pas ? Mais nous découvrons que Pierre Joxe, avec l’aval du président, nous a concocté une proportionnelle absolue, à seuil bas, la pire. […]
Je vais dîner avec mon épouse chez mon vieil ami, Antoine Riboud. Nous en sortons à dix heures et demie du soir. Je n’ai pas eu une seconde pour penser tranquillement. Et je dis à Michèle [la deuxième épouse de Michel Rocard]: « Ben voilà ! Ils ont décidé la catastrophe proportionnelle intégrale, et vive Le Pen ! – Tu ne peux pas tolérer ça. – C’est bien mon avis. » On se met au lit, on continue à bavarder, la démission [du ministère de l’Agriculture] s’impose comme une évidence. Pour une fois, je suis d’accord avec cette femme que je vais quitter peu après parce qu’elle est impossible. […]
On ouvrait un boulevard à Jean-Marie Le Pen pour on ne sait quel avenir et dans on ne sait quelles conditions de sortie. Sur les autres problèmes, mon éthique personnelle était heurtée par la sottise, pas par la honte. Il n’y a pas de honte à nationaliser n’importe comment, et il n’y a pas de honte à doubler les allocations familiales quand le budget n’y est pas, il y a de l’inconséquence. Et de la générosité. On est dans un univers éthique, d’une tout autre nature. Mais là on était dans le cynisme crapuleux.
Premier ministre
Le 9 mai 1988, j’arrive vers une heure moins le quart à l’Elysée – on ne fait jamais attendre le président de la République… […] Nous sommes quatre. Mitterrand s’assoit. Il place à sa droite son plus proche collaborateur, Jean-Louis Bianco. En face de lui, l’homme qui est le plus installé dans la pyramide des états de service et de la confiance, Pierre Bérégovoy. Et moi, je suis à gauche. Son petit protocole est fait pour impressionner. […]
On passe la viande, c’est-à-dire la moitié du repas, et toujours rien. Enfin, avant le fromage, Mitterrand dit – je le cite quasi textuellement: « Oui, à propos, il ne faudrait peut-être pas oublier, dans une demi-heure, je vais nommer un Premier ministre. » Et là il fixe Bérégovoy pendant une tirade de deux, trois minutes: « Nommer un Premier ministre est un exercice purement politique… Totalement étranger à tout ce qui peut ressembler à de l’amitié… ou à de la confiance… Il s’agit de tirer le bilan d’une situation politique… » Et je vois Bérégovoy qui devient rouge, violet. Un long silence suit. Il reprend: « Or, actuellement, la situation politique est relativement claire. Il y a une petite prime pour Michel Rocard. » Un nouveau long silence. Tout le monde regarde son assiette. Bérégovoy est passé du violet au livide. Bianco est out. Et, moi, je regarde mon assiette…
On se connaît alors depuis vingt ans [avec François Mitterrand]. Il n’y a pas de haine entre nous. Nous n’étions pas du tout dans ce registre – peut-être, à peine, dans celui du mépris. Lui, à mon égard, selon moi, pour cause d’inefficience ; et moi, à son égard, pour manque d’éthique.
Michèle
C’est vrai qu’elle était trop présente… Dit comme ça, ça a l’air idiot. Mais l’intelligence de cette femme est supérieure. Elle a renoncé. Elle ne produit plus. Mais lorsque j’étais à Matignon, son intelligence sociologique lui permettait de décrire des comportements personnels liés à des situations institutionnelles. C’était fabuleux ; c’était une arme. Son conseil était encombrant, parce que je n’en avais pas toujours l’utilité, mais il était toujours éclairé… Tout le monde vous expliquera que, si je suis un stratège visionnaire, ma faiblesse en matière de commandement des hommes explique que l’histoire ne se soit pas terminée aussi bien qu’elle aurait dû… C’est probablement vrai. Je déteste le conflit. Je sais mener des batailles – il y en a eu des quantités à Matignon, il ne fallait pas se laisser intimider. J’ai su gérer des rapports de force, mais je suis incapable de sanctionner un collaborateur. Je ne sais pas chasser.
Le devoir de grisaille
Le fait de me sentir sous une menace plus immédiate, plus profonde, plus perverse – et plus permanente, surtout – que je ne croyais a probablement aiguisé mes défenses. Nous étions toujours en méfiance, et, au moindre faux pas, je sautais… Alors, devant cette situation difficile qui, très vite, m’a sauté aux yeux, je me suis dit: « Ça tiendra ce que ça tiendra. » A partir de ce constat, j’ai décidé qu’il me fallait absolument éviter le syndrome Chaban – cas de figure où le Premier ministre est viré tout de suite. Je me suis donc donné un « devoir de grisaille » […] ; je voulais durer pour changer la France […] Il était certain, hélas, que je ne pourrais laisser, de mon passage à Matignon, que de la réforme par touches, peu spectaculaire mais décisive. Pas une forte marque symbolique. Même la symbolique propre à Mendès m’a échappé.
Remercié
[Le 15 mai 1991, alors que Paris bruisse de rumeurs sur le départ prochain de Rocard, il va demander au président l’autorisation de remanier le gouvernement.]
On est tous les deux, seuls. Il est 9 heures du matin. Mitterrand me répond: « C’est vrai, monsieur le Premier ministre, mais les rumeurs vont plus loin… – Monsieur le Président, ce n’est pas à vous que j’apprendrai que les rumeurs, il n’y a pas grand-chose à en faire… – Quand même, elles sont gênantes, reprend Mitterrand. Toutes ces rumeurs créent cette situation dont on doit tenir compte. C’est insistant, c’est répétitif...Au fond, en réponse à votre suggestion, ou bien je ne change rien du tout ou bien, si je change, je change tout. » Sous-entendu : y compris vous. Alors moi, dans un large et complice sourire : « Bien entendu, monsieur le Président, cela ne dépend que de vous. » Et lui, chafouin, qui reprend: « On est dans une situation pas facile. Vous avez bien travaillé. Je ne laisserai planer aucun doute à ce sujet. Et donc j’ai toutes les raisons de vous confirmer. Si je vous confirme, ce n’est pas pour deux mois. A la date où nous sommes, si je vous confirme, c’est jusqu’aux législatives de 1993. » Un silence tombe. Il faut bien que je le meuble. Je marmonne quelque chose comme: « Ça ne tient qu’à vous, monsieur le Président de la République. Ne me faites pas complice de vos raisonnements. – Justement, autant vous avez bien travaillé, autant je ne crois pas aux vertus de vos méthodes et du climat que vous créez pour mener le combat difficile des législatives de 1993. – Monsieur le Président… – Donc, monsieur le Premier ministre, vous me présenterez votre démission tout à l’heure. » […]
Et là je commets ce qui est à ses yeux une faute grave, une confirmation de la naïveté irrécupérable du rocardisme, je lui dis: « Monsieur le Président, je vous remercie d’avoir salué notre travail… Dans la masse des choses à faire, quelques-unes sont de haute symbolique. Je suis très attaché à ce que je viens de finir victorieusement, une loi sérieuse, réelle, applicable, contrôlable sur les écoutes téléphoniques… » Je plaide pour défendre moi-même mon texte devant le Conseil d’Etat: « On n’est pas à vingt-quatre heures près… […] Si je pouvais vous présenter ma démission demain à midi plutôt qu’aujourd’hui, j’y serais sensible.
– Vous n’y pensez pas ! C’est grotesque… », me répond Mitterrand. Il se tait, le regard méprisant. Et moi, je reste là, un peu demeuré. […] L’entretien aura duré quatre minutes.
Les manques de Jospin
[On dit que, Jospin, c’est la synthèse du mitterrandisme et du rocardisme.]C’est vrai, mais en partie seulement. C’est vrai dans les symboles, notamment dans le principal, l’honnêteté de Jospin. Son refus de mentir à l’opinion. Mais, pour ce qui est du reste, la synthèse ne s’est pas produite. Il n’est pas allé jusqu’au bout de ce projet-là. Il a commencé avec panache une mise en cause fracassante, façon Mitterrand. Il a eu des mots. Il a eu des intentions. Il a eu le souci de faire de la moralité un enjeu majeur de l’action publique… Mais le refus de trancher, de choisir entre les deux gauches va expliquer 2002, la présidentielle manquée. Quant au reste, Jospin est profondément mitterrandiste de culture. Il a été formé à cette école, dans cette écurie. Il a longtemps été socialement CGT. Je vous l’ai dit, il est plutôt jacobin. Malgré un unique démenti une fois, et qu’il a regretté, il est sur la ligne: « L’Etat peut tout, tout est politique. » Je suis sur celle: « L’Etat ne peut pas grand-chose ; ce qu’il y a d’essentiel n’est pas toujours politique. » […]
Il y avait deux manques. Le premier: il est resté beaucoup trop étatiste sur les 35 heures. Il a gouverné dans le champ social en ignorant le dialogue social. En imposant. Et Martine Aubry a servi d’amplificateur à cet archaïsme. […] Le second manque du jospinisme, c’est sa négligence de la politique étrangère. Probablement n’en voulait-il pas pour des raisons de cohabitation. Du coup, on a raté la négociation du traité de Nice.
Si j’avais été président
Je vais vous paraître d’une arrogance extrême, mais je considère que je n’ai rien raté de majeur. J’ai réussi ma vie. Bien sûr, j’aurais eu du plaisir à devenir président de la République, mais je n’ai aucune certitude que j’aurais été un aussi bon président de la République que j’ai été un bon Premier ministre. Ce n’est pas vraiment le même métier. Pourquoi, grand Dieu, voudriez-vous que j’ai des regrets sur une incertitude totale ? […] Je vous supplie de prendre au sérieux l’argument que tout ce que j’ai porté – qui est considérable ! – suffit à mon bilan personnel, à mon estime de moi. Certes, je ne suis pas devenu président ; je n’ai pas vécu sous les ors de la monarchie républicaine ; mais mon inscription dans l’histoire de socialisme est d’ores et déjà acquise. Quand un individu, qu’il soit Premier ministre ou quidam, a pu faire ça dans sa vie, il peut dormir tranquille jusqu’à la fin de ses jours.
Le 6 avril 1985, nuitamment Michel Rocard tira sa révérence du gouvernement Fabius, Bernard Vial me tira de mon sommeil à deux heures du matin pour me prévenir.
Version du dit Michel dans son style habituel :
« Je vais dîner avec mon épouse chez mon vieil ami, Antoine Riboud. Nous en sortons à dix heures et demie du soir. Je n’ai pas eu une seconde pour penser tranquillement. Et je dis à Michèle [la deuxième épouse de Michel Rocard]: « Ben voilà ! Ils ont décidé la catastrophe proportionnelle intégrale, et vive Le Pen ! – Tu ne peux pas tolérer ça. – C’est bien mon avis. » On se met au lit, on continue à bavarder, la démission [du ministère de l’Agriculture] s’impose comme une évidence. Pour une fois, je suis d’accord avec cette femme que je vais quitter peu après parce qu’elle est impossible. […]
On ouvrait un boulevard à Jean-Marie Le Pen pour on ne sait quel avenir et dans on ne sait quelles conditions de sortie. Sur les autres problèmes, mon éthique personnelle était heurtée par la sottise, pas par la honte. Il n’y a pas de honte à nationaliser n’importe comment, et il n’y a pas de honte à doubler les allocations familiales quand le budget n’y est pas, il y a de l’inconséquence. Et de la générosité. On est dans un univers éthique, d’une tout autre nature. Mais là on était dans le cynisme crapuleux. »
Au matin du 7 avril, la nouvelle tombe : le successeur est Henri Nallet, conseiller agricole du Président de la République. Nous nous connaissons bien, comme on dit en politique « il apprécie mes compétences » qu’il a pu mesurer sur le dossier viticole lors des négociations à Bruxelles sur les conditions d’adhésion de l’Espagne et du Portugal (les accords de Dublin) et, en même temps, il garde la bonne distance avec le rocardien que je suis. Il faut toujours préserver l’avenir, en 1988, lorsque Rocard deviendra Premier Ministre, je deviendrai le directeur-adjoint de son cabinet en charge, entre-autre de dossiers sensibles : Corse, DOM-TOM, relations avec les fameuses OPA.
La relation qui suit, d’une rencontre en 1985 d’Henri Nallet avec Jean Pinchon, alors Président d’un INAO exclusivement vins, tout en étant salarié du groupe Louis Dreyfus, je peux attester, même si je n’étais pas présent, qu’elle ne s’écarte pas de la réalité.
Pages 127-128 Mémoires d’un paysan (1925-2009) Jean Pinchon L’Harmattan :
« En 1985, Henri Nallet, homme courtois et compétent, est nommé ministre de l’Agriculture ; il me reçoit après sa prise de fonction :
« Mon cher Président, ce qui a été fait jusqu’à présent à l’INAO est fort bien, mais nous devons aller plus loin et franchir une étape délicate : il faut maintenant faire reconnaître, par Bruxelles, nos AOC, or, vous le savez mieux que moi, elles fonctionnent à l’aide de plusieurs systèmes qui sont différents selon qu’il s’agit, par exemple, des fromages, de la noix de Grenoble ou de la carotte de Créance. Je dois négocier avec Bruxelles et, auparavant, nous devons placer toutes les AOC sur le même plan et sous l’autorité de l’INAO. J’ai donc besoin de vous, notamment pour faire admettre aux viticulteurs qu’ils ne sont pas seuls à être possesseurs d’AOC mais qu’il y a aussi tous les agriculteurs dont les productions ont été reconnues par des décrets-lois depuis 1924. (ndlr. certaines ont été reconnues par décisions judiciaires).
Monsieur le ministre, je suis certain que les viticulteurs comprendront cette réalité. Mais, avant de nous présenter à Bruxelles, il est nécessaire de procéder à une réévaluation de toutes les appellations, y compris des appellations fromagères, car, sur la centaine qui existent, plusieurs ne constituent guère que des indications géographiques de provenance.
Monsieur le Président, une réévaluation est possible pour les productions relativement localisées, mais, en ce qui concerne les appellations fromagères, elle sera beaucoup moins aisée à obtenir, car bon nombre d’entre elles sont gérées par des groupes industriels qui ont, en fait, plus de poids auprès du gouvernement et de Bruxelles que les producteurs de carotte de Créance.
Les appellations d’origine ont été créées par les agriculteurs et à leur demande ; vous vous souvenez qu’en 1935, ce sont les viticulteurs du Bordelais qui ont obtenu leurs AOC afin de protéger leur production face aux négociants qui mélangeaient allégrement bordeaux, côtesdu-rhône et vins d’Algérie. (ndlr. raccourci très pinchonien… il est alors encore un jeune président de l’INAO). Or, monsieur le Ministre, c’est pour défendre les intérêts des agriculteurs que nous allons nous battre à Bruxelles.
Je sais l’honnêteté et la fermeté d’Henri Nallet et je sens qu’il partage mes choix. Par ailleurs, la restructuration de l’INAO en trois secteurs que je mets en place, accroît notre efficacité et nous donne du poids auprès de Bruxelles. Aussi, après une bataille qui dure un an, nous obtenons la reconnaissance de nos AOC et surtout celle de la procédure qui les régit : ce sont bien les professionnels concernés, dans chaque pays de la Communauté, qui doivent rester responsables de leurs appellations d’origine. Il est inconcevable, en effet, qu’un Danois producteur de pommes de terre détermine dans quelles conditions doit être élaboré le roquefort ; de même il est exclu que soient uniformisées les règles concernant les appellations d’origine des vins de France, d’Italie, d’Espagne, du Portugal. Grâce à l’action de l’INAO et à la ténacité d’Henri Nallet, la Communauté européenne admet le principe que les appellations seront nationales, avec obligation d dépôt à Bruxelles, afin que soient évitées toute concurrence abusive et tromperie quant à l’origine effective et aux modes de production.
Ndlr. Là Jean Pinchon va plus vite que la musique, ce n’est qu’à partir de 1988, sous Nallet 2 ministre de l’agriculture de Rocard que la réforme des AOC et de l’INAO interviendra. Je le sais c’est Madame Bienaymé et ma pomme qui avons présenté le texte devant le Conseil d’Etat avant de le soumettre au vote du Parlement sous Louis Mermaz qui a succédé à Henri Nallet nommé Garde des Sceaux. La reconnaissance européenne interviendra ensuite sous présidence anglaise, émergeront alors les fameuse AOP-IGP, nos amis anglais ayant plus d’appétence pour la défense du droit des marques que de celle de l’origine. Ça ne change rien au fond puisque les interlocuteurs sont les même.
Détails : si Henri Nallet cite souvent la carotte de Créance dans ses propos c’est pour deux raisons, Thérèse Nallet est manchote (native de la Manche) et son mari projette de se présenter aux Législatives dans la Manche. En définitive, il se présentera dans l’Yonne dans la circonscription où se trouve Chablis, sera élu à la proportionnelle, et lorsqu’il redevient Ministre de l’Agriculture sous Rocard il organisera un sommet informel des Ministres de l’Agriculture, la France préside le Conseil des Ministres, dans sa circonscription pour lancer le processus de reconnaissance des AOC par ce qui est encore la Communauté européenne. Du côté Pinchon, signalons qu’il est alors PDG des Caves de Roquefort et membre du Conseil d’Administration de Baron Philippe de Rothschild. Il est normand, président du Bureau du Calvados, éleveur de vaches charolaises à Epaignes dans l’Eure, le camembert du pays d’Auge est cher à son cœur.
« Hélas, ces sages dispositions, quelques années plus tard, seront abolies sous la pression des lobbies industriels… En tout cas, l’INAO, année après année, nous nous battons pour améliorer la qualité : par exemple celle de nos fromages comme le camembert du pays d’Auge, le cantal ou encore le comté dont les producteurs veillent à utiliser du lait non pasteurisé et collecté à moins de 25 km des fruitières habilitées. Nos trois comités – vins ; produits laitiers ; productions diverses comme la noix de Grenoble et celle du Périgord, le bœuf de Camargue ou le piment d’Espelette – jouent à plein leur rôle : ainsi les producteurs paimpolais peuvent défendre leur récolte face à un haricot espagnol vendu en Angleterre sous le nom de « véritable coco de Paimpol ». Le maire de Paimpol, qui se trouve être l’ancienne secrétaire de François Tanguy-Prigent, ministre socialiste de l’Agriculture de la Libération, me dit alors : « Comme François serait heureux s’il était encore là ! »
Voilà, c’est ça l’histoire et non les phantasmes de certains qui la réécrivent pour se draper dans la cape des chevaliers blancs des AOP fromagères au lait cru, c’est commode mais ça ne tient aucun compte de la réalité, de la dure réalité d’un camembert de Normandie AOP qui n’est plus produit que par 2 producteurs fermiers… Les moulinets, les signatures au bas d’une pétition c’est se donner bonne conscience à bon compte, le champ de bataille est ailleurs et se résume en une question simple : qui pilote la ferme France ?
Pour moi, à l’annonce de ce mariage, ce fut un choc !
Je perdais d’un coup un bout de mon identité.
Sur mes papiers, vous savez : nom, prénom, date et lieu de naissance, les yeux fermés j’écrivais : né à la Mothe-Achard.
Et puis, voilà t’y pas que les élus ont décidé de la fusion de la Mothe-Achard et de la Chapelle-Achard pour donner naissance à une commune nouvelle :
« LES ACHARDS ».
Et maintenant que vais-je faire ?
Je suis perdu, dépossédé de mon lieu de naissance : le Bourg-Pailler à la Mothe-Achard.
Est-ce bien un mariage entre égaux ?
Je m’explique :
La Mothe-Achard c’était de mon temps un chef-lieu de canton : 2940 habitants, un canton dont faisait partie sa petite voisine La Chapelle-Achard : 1995 habitants. Pour la famille Berthomeau les liens entre les deux communes existaient déjà depuis que mon père Arsène, né à Saint-Georges de Pointindoux, avait épousé Berthe Gravouil, né à la Chapelle-Achard.
Mon frère Alain et ma sœur Marie-Thérèse sont nés à la Célinière commune de Saint-Georges-de-Pointindoux. Je suis le seul enfant de la famille né à la Mothe-Achard, ça me donne des droits tout de même.
Quelques repères géographiques : le Bourg-Pailler où je suis né est situé à l’entrée du bourg au bord de la nationale venant de la Roche-sur-Yon (depuis la déviation c’est le silence) pour aller aux Sables d’Olonne à gauche ou à Saint-Gilles-Croix-de-Vie à droite. L’été nous comptions les voitures des estivants.
La caractéristique du bourg de la Mothe-Achard c’est d’être collé à deux communes : celle de Saint-Georges-de-Pointindoux, la frontière étant la rivière l’Auzance, et la Chapelle-Achard, la frontière se situant juste après la gare SNCF.
Nous montions à la gare, passions devant la villa des Troussicot, y’avait même un feu d’artifice le 14 juillet à la gare, pour aller voir le pépé et la mémé Gravouil qui tenaient un magasin de tissus et d’épicerie dans le bourg de la Chapelle-Achard. Le pépé avait une C4 pour aller vendre ses marchandises, toujours malade il buvait de l’eau de Vichy – c’est chez lui que j’ai expérimenté le cocktail eau de Vichy-Vin rouge du pépé – la mémé était fâchée avec la moitié de sa famille, les repas de famille tournaient autour des bisbilles pour des bouts de champs. C’est à la Chapelle-Achard que j’ai lu mes premiers Tintin.
Bref, pour moi la Chapelle-Achard c’était le bled !
Je suis assez vénère car Les Achards c’est une commune nouvelle depuis le 1 janvier 2017, il y a eu fusion.
Exit La Mothe-Achard !
D’un trait de plume toute une histoire pour ce nom est jetée à l’Auzance : à l'origine c’est une motte féodale ancêtre du château fort où règne un seigneur Achard (nom d'origine germanique, Akard) a donné son nom à ce lieu.
Au XVe siècle, elle s’est appelée « Brandois » est rattachée à la vicomté de Thouars qui appartient alors à la famille d'Amboise. Le château de Brandois, datant de la fin du XIXe siècle, qui fut le siège de l’école d’agriculture où j’ai fait mes études secondaires. C’est dans ce château, où se situait l’infirmerie de l’école, que j’ai eu la seule grippe de ma vie et que l’aumônier qui logeait lui aussi au château m’a convaincu de préparer l’ENA.
L’honneur est sauf puisque la mairie des Achards est bien sûr située à la Mothe-Achard ; ça fait 1 maire et deux maires délégués.
Il a fallu du temps pour y arriver : « un premier projet de fusion entre plusieurs communes du Pays-des-Achards est esquissé au printemps 2015. En effet, alors que les débats sur le projet de loi portant nouvelle organisation territoriale de la République (Notre) portent sur une élévation du seuil des 20 000 habitants pour les intercommunalités à fiscalité propre, les élus de la communauté de communes réfléchissent à la création d’une commune nouvelle avant le 1er janvier 2017, en anticipant la fusion du territoire (19 401 habitants en 20126) avec le Talmondais et le Pays-Moutierrois. Toutefois, la commune nouvelle et son périmètre de six communes — La Chapelle-Achard, La Chapelle-Hermier, La Mothe-Achard, Martinet, Saint-Georges-de-Pointindoux et Saint-Julien-des-Landes — sont remis en cause à l’automne après l’adoption de la loi NOTRe, alors qu’une fusion de la communauté de communes du Pays-des-Achards avec d’autres n’est plus obligatoire8.
Néanmoins, les trois municipalités à l’origine du premier projet de fusion, c’est-à-dire La Chapelle-Achard, La Mothe-Achard et Saint-Georges-de-Pointindoux, songent de nouveau à une commune nouvelle au printemps 2016. En septembre, la fusion est actée, mais sans la commune de Saint-Georges-de-Pointindoux. Le 30 septembre 2016, l’arrêté portant création de la commune au 1er janvier 2017 est officiellement signé par le préfet de la Vendée et par Estelle Grelier, secrétaire d’État chargée des Collectivités territoriales, présente pour l’occasion à La Chapelle-Achard. »
Il reste un Berthomeau à l’ex-Mothe-Achard : mon frère Alain maître du Bourg-Pailler.
Et le 2 juin dernier ce fut enfin la fête. Ils ne m’ont pas invité. Poirot va être vénère lui non plus.
« Les faire-parts ont été envoyés dans tous les foyers de la communauté de communes. Tous les habitants, leurs familles et amis, sont donc conviés à fêter cet événement unique en France.
Les Mariés, témoins, garçons et filles d’honneur se retrouveront Place de l’Eglise, quartier de la Chapelle Achard, à partir de 15h30.
À 16h, ils prendront place à bord des véhicules anciens qui formeront un cortège pour rejoindre le lieu de la cérémonie.
À 16h30, Place de l’hôtel de ville, quartier de la Mothe Achard, le cortège sera accueilli par le maire, les 2 maires délégués et les invités.
La cérémonie pourra alors commencer, animé par Jean Robert !
À 17h, le cortège, précédé d’une animation guinguette, se dirigera à pied, vers Bibrou.
De 18h à 19h, le vin d’honneur sera servi aux convives
Des animations sont prévues pour les parents et les enfants
À partir de 19h30, les invités pourront profiter du repas champêtre (réservation avant le 31/05 midi)
À partir de 21h/21h30, le groupe SHLAPS animera la soirée, accessible à tous, jusqu’à 1h du matin.
À 23h30, le feu d’artifice, signé Jacques Couturier, sera tiré sur le plan d’eau, suivi de la fameuse danse de la Brioche Vendéenne
Cochon grillé à la broche avec pommes de terre grenaille rissolée et mogettes vendéennes
Flan maraîchin
Réservez dès maintenant votre repas pour cet événement unique en France !
Voilà une page tournée, merci à Aredius 44 de m’avoir informé, HPT lui est resté muet.
Enfin, c’est sans doute un signe du destin, vendredi en revenant de chez mon médecin je suis passé à pied rue Mouton-Duvernet et je suis entré dans une fromagerie.
Là, que vois-je ?
Une gâche vendéenne ?
Je demande à la Taulière : « elle vient d’où ? »
Réponse : « Je ne sais pas… »
Nous zieutons la poche : « L.F.D. La Mothe-Achard »
Je me souviens du 10 mai 1981, la fête de la victoire socialiste, place de la Bastille, avait tourné court, noyée sous les trombes d'eau d'un orage ! Mais le souvenir des 200.000 personnes qui avaient déferlé, ce soir- là, demeure impérissable. Paul Quilès fut le grand ordonnateur de la fête animée par Claude Villers le célèbre animateur de Radio France qui s’illustrera avec son Tribunal des Flagrants Délires avec Pierre Desproges et Luis Rego. Ce fut un vrai happening, Anna Prucnal entonnait l'Internationale en polonais. Premiers arrivés sur les lieux, avec Michel Rocard, le rival malheureux de Mitterrand, et le lamentable Pierre Juquin, communiste « hétérodoxe ». Rocard fit du Rocard, sincère et militant alors que ce pauvre Juquin ressemblait à un ouvrier de la vingt-cinquième heure accroché à une bouée de sauvetage. Vers 23 heures, Huguette Bouchardeau, dans un grésillement de larsen fut interrompue par une énorme cataracte... La fête continua, improvisée et bon enfant sous la haute surveillance du service d'ordre de l'UNEF ID, tenu par les trotskistes de l'Organisation communiste internationaliste, sous la direction de Jean-Christophe Cambadélis. Son obsession ? Juguler les militants de la Ligue communiste révolutionnaire qui prétendaient marcher sur l'Elysée...
Ils avaient attendus les résultats dans la grande cour de l'immeuble du « Nouvel Observateur » rue d'Aboukir, autour de Jean Daniel, Mendès France, Delors, Maire, Rocard, Cheysson, Martinet, Badinter, Foucault, Vernant, Le Goff, Le Roy Ladurie, Duvignaud, Morin, auxquels s’était joint une équipe qui comptait Hector de Galard et Serge Lafaurie, André Görtz, François Furet, Mona et Jacques Ozouf, Michel Cournot, Claude Roy Jacques Julliard, Guy Dumur, Pierre Benichou, Jean Lacouture, André Burguière et tant d'autres.
Qu'avaient-ils en commun ?
Eh bien, pour dire la vérité, le fait d'être presque tous très réservés à l'égard de la personne de François Mitterrand et de se préparer à déplorer une fois de plus la fatalité qui faisait régulièrement échouer la gauche. Lorsque le visage de Mitterrand s’inscrivit sur les écrans de télévision, et que sa victoire fut annoncée d’une voix blanche par Elkabbach, tous ces êtres différents, sceptiques, embarrassés par une Union de la Gauche qui incluait sa frange restée stalinienne, n'ont pu s'empêcher d'exploser de joie et, quand la ferveur populaire se manifesta dans la rue et que Jack Lang proféra l’une de ses premières outrances « que le peuple de France était enfin passé des ténèbres à la lumière », beaucoup d’entre nous étions attendris et heureux.
Du côté des vedettes, on ne parlait pas encore de people, se pressaient les mitterrandophiles pur sucre : Roger Hanin, le beau-frère, en tête avec Barbara, Dalida, dont la tontonmania deviendra célèbre, Claude Chabrol, François Truffaut, Michel Piccoli, Yves Boisset ou Daniel Gélin... puis les compagnons de route du PCF Juliette Gréco, Isabelle Aubret, Jean Ferrat et, ce n’est pas une plaisanterie, Gérard Depardieu. Enfin, les coluchiens Daniel Balavoine, Alain Souchon, Julien Clerc, Jacques Dutronc, Lino Ventura... restaient orphelins. Dans les beaux quartiers du triangle d’or, comme aux Etats-Unis, le bruit métallique des chenilles des chars russes déferlant sur la place de la Concorde résonnait comme dans un mauvais rêve. La peur des cosaques galopant sur les Champs Elysées avant de déferler vers l’avenue Foch serrait le cœur des grandes bourgeoises.
La vague rose au Palais Bourbon qui s’ensuivrait, la nomination de Ministres communistes dans le second gouvernement Mauroy Charles Fiterman au Transports, Anicet Le Pors à la Fonction publique, Jack Ralite à la Santé et Marcel Rigout à la Formation professionnelle, faisaient déborder la coupe. Le pince-sans-rire, Louis Mermaz, compagnon de toujours du nouveau Président, devant un parterre de journalistes assemblés autour de sa table de l’Hôtel de Lassay, résidence du Président de l’Assemblée Nationale, ironisait à propos du retour des communistes au gouvernement après trente-quatre ans d’absence, avant d’assurer que les socialos- communistes savaient fort bien se servir d’un couteau à poissons.
NB. J’ai toujours bien aimé Huguette Bouchardeau. Elue secrétaire nationale du Parti socialiste unifié (PSU) en 1979 et candidate à la présidentielle de 1981.
« Elle se désiste en faveur de Mitterrand, qui lui revaut cela en 1983, la nommant secrétaire d'Etat, puis ministre de l'Environnement. »
« Nouvelle élue du Doubs en 1986, Huguette Bouchardeau en prend pour cinq ans à l'Assemblée nationale. Son époux, alors un peu seul dans leur ville de Saint-Etienne, observe, dubitatif, la carrière fulgurante de sa femme: «Je constate tout de même qu'elle conduit moins bien que moi et ne sait même pas planter un clou.» Mais Huguette choisit de ne pas se représenter en 1993, en dépit d'une réélection assurée. Elle ne mâche pas ses mots, à l'époque: «Un parlementaire est sans pouvoir réel. Condamné à faire du lobbying, ce n'est plus un représentant du peuple mais un représentant de commerce.» Madame la ministre, madame la députée, en a marre des lambris. «J'ai assez répété que les politiques ne savaient pas décrocher pour ne pas tomber dans le même piège. La politique n'est pas une carrière comme une autre, il n'est pas bon qu'elle vous nourrisse trop longtemps.» Les caciques du PS grincent des dents: «Huguette n'a pas toujours craché dans la soupe. C'est bien le PS qui lui a trouvé une circonscription, sinon elle n'existerait pas.»
Puisque j’en suis à évacuer mes souvenirs, dans les premiers temps de mon blog j’ai accepté de faire le parcours du « journaliste vin », sauf pour les voyages de presse. Ce fut pour moi tout à la fois instructif sur les mœurs de mes consœurs et de mes confrères, sur le sérieux des agences de communication, et répulsif face à la désinvolture de certains pique-assiette et les exigences de certains communicants dominants.
Un jour, invité dans un restaurant chic, la Truffe Noire, où je constatai que, pour une fois, la fine fleur, le gratin des dégustateurs était présent, les vins du château invitant étaient très nettement au-dessous du niveau de la mer. Autour de la table, tous les beaux esprits se gaussaient. Moi je me taisais. Quelques temps après ce déjeuner je reçus un coup de fil du boss de l’agence organisatrice. Civilités d’usage puis « Alors, tu n’as rien publié… » Silence de mon côté. « Oui les vins n’étaient pas fameux mais tu sais que le château va être repris en mains par HDBDL… » Toujours muet, ça énerve mon interlocuteur qui me menace de ne plus être convié à ses réjouissances. Je le laisse s’époumoner avant de répondre « Que veux-tu que ça me fasse… » et de raccrocher. Blacklisté et soulagé.
Suite à ce genre de pression, je pris donc la décision de ne plus répondre aux sollicitations des agences, sauf un jour, pour faire plaisir à une amie, je suis un faible, j’ai accepté de me rendre à l’invitation du président d’une interprofession de fraîche date, genre IGP, dans un bouiboui de Montmartre, suranné et poussiéreux. Ma bonne amie s’était fait portée pâle. L’assistance se composait essentiellement de deuxièmes couteaux dans mon genre, des influenceurs petits bras, le gotha ne se déplaçant pas pour si peu.
Même si certains en doute, je suis poli et civilisé.
J’ai fait le tour des vins proposés, des vins de GD, ils étaient d’une banalité à pleurer. J’ai craché.
Ensuite, j’ai subi sans broncher le discours pâteux et racoleur du président de l’interprofession, son heure de gloire, un vrai désastre en termes de communication.
Enfin, con comme je suis, le président, se souvenant de mon pedigree, me récupéra et m’entreprit. Je l’écoutai, oui, oui, toujours poliment. Et, je ne sais ce qui m’a pris, soudain j’ai fait une grossière faute de quart : « Votre belle région dispose d’un climat favorable au bio, c’est à l’avenir un plus pour vos vins… » dis-je sans jouer les ramenards. J’aurais mieux fait de me taire, j’ai pris une avoinée de première. Tout y est passé, tout particulièrement les bobos parisiens incapables de comprendre les gens qui ont les pieds dans le terroir. J’ai laissé passer l’orage sans moufter, j’ai pris congé sans toucher aux petits fours mais en pensant que notre président avait oublié qu’il était à Paris et que les trop fameux bobos sont de beaux acheteurs de vins. Malheureusement pas les siens. Erreur de casting.
Sur le chemin de la sortie j’ai croisé la co-organisatrice des réjouissances qui m’a posé la question rituelle « Ça vous a plu ? » et moi, lâche comme je suis, j’ai émis un petit oui.
Plus jamais ça, en rappelant que le bel argent des interprofessions provient des fameuses Cotisations Volontaire Obligatoires, c’est de l’argent collecté auprès de tous les vignerons sous « la menace » du bras de l’Etat. Libre aux dirigeants de l’interprofession de le dépenser comme bon leur semble avec une prédilection pour la communication : les présidents adorent monter à Paris.
Bien sûr je n'ai rien écrit à propos des vins présentés, c'est sans doute dommage vu mon immense pouvoir d'influence... Et dire que je continue de recevoir des invitations, qu'on me relance au téléphone, pour un mec lu par sa concierge et sa cousine de province ça commence à bien faire...
Et qu'on ne vienne pas me chercher des poux sur la tête pour cette chronique, c'est de l'histoire ancienne et je n'y fait que narrer une erreur de casting : ce genre de pince-fesses se fait plus rare et c'est heureux.
Tout ça pour du beurre, rien que pour le plaisir d’écrire, de réfléchir, d’avoir des coups de cœur, des coups de sang aussi, de tisser chaque jour des fils avec ses lecteurs – n’en déplaise à certains de mes détracteurs, j’ai de fidèles lecteurs – sans aucune pression ni contrepartie, nul besoin de plaire, d’être révérant.
Aucun échange monétaire, simple bouteille à la mer jetée chaque jour sur la Toile, lis qui veut, je n’engage que moi-même et un peu d’argent : le mien, pas celui de la publicité ou de généreux donateurs en mal de communication.
Me revient à l’esprit le livre de François Dufour, éditeur de quotidiens pour la jeunesse (Le Petit Quotidien, Mon quotidien, l’Actu…) et co-président des Etats Généraux de la Presse convoqués par le Président de la République, « Les journalistes français sont-ils si mauvais ? » publié chez Larousse en 2009.
« Les journalistes français séparent-ils faits et opinions ? Très peu, surtout dans la presse écrite. Séparent-ils information et publicité ? Mal, surtout dans les magazines ou les parties plus « magazines » des quotidiens. Respectent-ils les règles du métier ? Insuffisamment, quel que soit le média. Ecrivent-ils pour leur public ? Très, très peu, notamment dans les quotidiens »
« Le dernier grief, c’est le franchissement du « mur » entre les intérêts publicitaires et l’information. Des titres prestigieux sont dirigés par des patrons qui confondent allègrement les fonctions de directeur de la publicité et de la rédaction. Or on ne peut pas diriger à la fois une équipe de journalistes et une régie publicitaire : les conflits d’intérêts sont alors inévitables… »
« … on accroît certaines rubriques, comme la mode ou la consommation, dans l’espoir d’amadouer les pourvoyeurs de budgets publicitaires. »
Ces pratiques sont tellement entrées dans les mœurs des médias de tout acabit, aussi petit soit-il, qu’oser mettre le doigt là où ça fait mal vous vaut une volée de bois vert de la part de ceux qui badigeonnent leurs propos sous le grand respect que l’on doit aux experts, à ceux en charge d’informer, de guider les choix des consommateurs.
Qu’il m’arrive parfois d’être injuste, inutilement blessant, j’en conviens aisément, la colère est souvent mauvaise conseillère, mais comment rester impassible face aux addictifs des réseaux sociaux qui, en deux bouts de phrases sur Facebook ou en deux mots sur Twitter, rivent le clou aux gens d’en face, se donnent le beau rôle, jouent les chevaliers blancs ?
Le débat sur l’interdiction du glyphosate, qui fait rage en ce moment, met en lumière le rôle sournois des lobbies de l’industrie chimique et celui des groupes de pression : FNSEA en tête, mais n’est-ce-pas là un modus operandi passé dans les mœurs à tous les niveaux de notre société ? Tous les moyens sont « bons » pour arriver à ses fins.
Cet amollissement, ce j’m’en foutisme coloré de bonne conscience, me déplaît mais j’ai décidé de ne plus me cailler le lait, de laisser de côté ce petit monde du vin et de la bouffe qui se congratule, qui se renvoie l’ascenseur, et plus encore.
Je vais donc continuer mon petit bonhomme de chemin, acheter des livres chez mes libraires préférés pour les lire, acquérir de belles bouteilles pour les boire, être abonné à de grands médias papier, me restaurer à de bonnes tables en payant l’addition, aller au ciné au théâtre, participer à des dégustations de vins nu, aimer, partager…
À ceux qui me balancent mon âge à la gueule pour me faire taire je réponds : « Vieillir, c’est encore le seul moyen qu’on ait trouvé pour vivre longtemps » Sainte-Beuve.
Allez, un petit effort camarades vous allez y arriver jusqu’aux 70 ballets !
Et puis, ne soyez pas masochistes : évitez de me lire, mes sponsors ne s’en offusqueront pas.
C’est le sieur Dupont, lors de son pince-fesses au Bistrot du Sommelier de Bordeaux pour l’événement du monde du vin : la parution du Guide de Jacques Dupont inséré dans l’hebdomadaire le Point spécial Bordeaux, qui m’a mis la puce à l’oreille : ICI
« On fait aussi jouer la nouveauté, quand un vin est noté 15 dans une appellation et qu’il y a un nouveau, on le signale par un coup de cœur. On a aussi tendance à « favoriser l’ascenseur social » avec des jeunes qui démarrent et travaillent très bien, on a tendance aussi à leur mettre un coup de cœur. »
« Dans cette dégustation du Point, il y a bien sûr de grands noms de châteaux mais aussi des découvertes fort sympathiques comme le château Vieux Chaigneau en Lalande-de-Pomerol. Charlotte et Valentin Généré Milhade, tous deux 30 ans, ingénieurs agronomes diplômés de Montpellier, ont racheté ce château avec ses 6 hectares en 2014. « C’était une propriété bâtie par un couple avant nous et qui voulaient le transmettre à un autre couple. Ils ne voulaient pas le vendre à un investisseur qui n’aurait pas habité la maison. On s’est marié en 2014 et c’est la même année qu’on a acheté la maison et les vignes, et depuis on s’en occupe tous les deux. » Si le 27 avril 2017, ils ont perdu 50% de leur récolte en une nuit, leurs vignes non touchées leur ont permis de faire un très grand vin, noté 15 et coup de coeur, assemblé à 90% Merlot, 7% cabernet sauvignon et 3% cabernet franc, un millésime assez frais, très équilibré » selon Valentin, « fruits noirs, bouche velouté » selon Jacques Dupont. »
La France est un pays de petits vignerons et de gros investisseurs, les premiers s’occupent de leurs vignes et font leur vin, les seconds achètent en paquet-cadeau les vignes et ceux qui les cultivent, le vin et ceux qui le font.
« Le Château Lascombes, second cru classé de Margaux, a été acheté en 2011 par la MACSF, la mutuelle des professionnels de santé, à Colony Capital, un fonds d'investissement américain. « Installé dans le Médoc depuis trente-cinq ans, je déplore qu'il n'y ait presque plus de familles propriétaires, dit Dominique Befve, directeur de Lascombes. On ne voit plus de balançoires et de vélos dans les jardins, tout est léché, impeccable. Heureusement que des groupes comme la MACSF -donnent de la solidité aux châteaux.
… Dominique Befve prend les décisions avec les actionnaires : « J'ai les coudées franches, tant sur les bâtiments techniques que sur la vigne. Ma seule obligation est que le vin soit meilleur à l'arrivée. »
Dominique Befve aime beaucoup raconter l'anecdote de sa première réunion avec la MACSF : « Ils m'ont demandé ce que ça me faisait de travailler pour des mutualistes après avoir travaillé pour les capitalistes de Colony -Capital. J'ai répondu que je ne travaillais ni pour les uns ni pour les autres, mais pour Lascombes, qui nous survivrait à tous. Ils ont applaudi. Je crois que cette réponse les a influencés à poursuivre le travail engagé. » (Le Monde)
Comme il se doit, le Point spécial Bordeaux, fait un focus sur les nouvelles fortunes du vin
N’étant pas Bordelais je n’ai pas accès au contenu de ce numéro spécial, en revanche, étant abonné au Monde j’ai pu consulter le Monde des Vins publié vendredi : L'envie de châteaux des grands patrons
Michel Guerrin et Ophélie Neiman, dans le chapeau nous éclairent sur leur ambition :
« Vous êtes peut-être assuré chez Axa ou Groupama, vous avez une mutuelle AG2R La Mondiale, Allianz ou MAIF, vous roulez peut-être en Peugeot, vous vivez dans une maison Bouygues ou résidez dans un immeuble construit par le groupe de BTP Fayat. Vous portez un parfum Chanel, des chaussures Weston, un sac Louis Vuitton et soutenez le club de football de Rennes. Et peut-être, sans le savoir, buvez-vous des vins qui appartiennent à ces marques et entreprises.
Des assurances et mutuelles – les investisseurs institutionnels que l'on surnomme les " zinzins " –, mais aussi des groupes de luxe comme LVMH ou Artémis (Pinault), ou d'autres actifs dans le bâtiment, ont diversifié leurs activités en achetant de beaux raisins. Leur chiffre d'affaires dans le vignoble est souvent mineur par rapport à leur secteur principal, mais ils détiennent un ou plusieurs châteaux, parfois plus d'une dizaine.
Standing oblige, les trois quarts d'entre eux sont implantés à Bordeaux, dans une appellation prestigieuse : saint-estèphe, margaux, pauillac, saint-émilion. Certains ont choisi la Champagne, dont le prestige est tout autant intact. Dans des pays étrangers encore, en Argentine notamment, où la terre n'est pas chère mais peut rapporter gros.
C'est en France, loin du Bordelais, que les derniers gros achats de propriétés ont fait frémir le vignoble. En Bourgogne, avec le Clos de Tart, vendu en octobre 2017 pour près de 300 millions d'euros à la holding de François Pinault, et cela à la barbe d'autres candidats fortunés, dont le Chinois Jack Ma, patron d'Alibaba, le roi du commerce en ligne. Mais aussi dans la Loire, où les frères Bouygues ont acquis à prix d'or le Clos Rougeard, faisant grimper le prix foncier des vignes aux alentours.
Ces investisseurs comptent dans le paysage viticole. Ils permettent à des propriétés prestigieuses, fragilisées lors de successions familiales, de rester sous pavillon français. Ils ont les moyens d'engager des travaux, à la vigne comme au chai, pour produire du vin de qualité.
En échange, ils se construisent une belle image, entre élégance et tradition, et possèdent des sites magnifiques (château, chai, vignes) qui peuvent servir de lieu de réception pour l'ensemble du groupe. Et aussi, ils font des profits. Avec l'explosion des prix des grands vins, ce qui était souvent un achat patrimonial se transforme en un défi stratégique similaire à celui d'une marque de luxe.
Nous proposons dans ce numéro une cartographie de ces investisseurs et avons enquêté sur leurs motivations. Nous avons aussi goûté leurs bouteilles pour les juger, et, souvent, elles sont bonnes, en sachant que nous n'avons pu déguster certains domaines, les plus illustres, toute la production étant déjà vendue. La rareté n'est-elle pas le plus grand des luxes ?
Ensuite Laure Gasparotto et Ophélie Neiman nous éclairent :
Du Bordelais à la Nouvelle-Zélande, des groupes du luxe mais aussi des banques et des mutuelles enrichissent leur portefeuille d'un domaine viticole. Un placement qui leur offre du prestige, et parfois même des bénéfices record
Ascenseur social je vous avais dit :
« Avec les châteaux viticoles, les grands patrons ont trouvé un moyen facile de s'anoblir ", s'amuse Benoist Simmat, auteur d'une chronique et insolente bande dessinée sur le vin, Les Caves du CAC 40 (Vents d'Ouest-Glénat, 2014), qui raconte comment quelques milliardaires français ont -investi dans le vin. »
« Faute d'avoir une particule, ils ont au moins le château, raconte l'auteur. Les frères Bouygues confient à leurs intimes qu'ils sont châtelains à Bordeaux une partie de leur temps. Après avoir acheté Château Latour à Pauillac, en 1993, François Pinault disait que, ce qu'il perdait en argent, il le gagnait en image. »
Et la blague à 2 balles de la rareté des grands terroirs, Roger Dion reviens !
« Parmi les " zinzins ", l'assureur Axa est un poids lourd incontournable. En 1987, Claude Bébéar créait la branche Axa Millésimes. Aujourd'hui, le groupe d'assurances possède sept propriétés viticoles et 455 hectares, le tout chapeauté par Christian Seely : " Mon rôle est de définir les besoins de chaque propriété et de faire des recommandations à l'actionnaire. Nos objectifs sont uniquement tournés vers la qualité. "
Axa Millésimes a la particularité de posséder en France, au Portugal et même en Hongrie, des châteaux fleurons de leur appellation à faire pâlir de jalousie les acheteurs de grands crus. " Si on regarde le profil de nos châteaux, chacun est assis sur un très grand terroir ", explique le directeur de la branche vin. Logique. Seule la demande pour les grands vins se mondialise et augmente. Ce sera l'enjeu de demain. Les grands terroirs dans le monde entier ne sont pas légion, les belles étiquettes non plus. Autant dire que les prix de ces vignobles, et de leurs vins, n'ont pas fini de grimper. »
Grands terroirs ou belles étiquettes ?
That is the question?
Personne n’y répond, merci de relire Roger Dion Histoire de la vigne et du vin en France des origines au XIXe siècle
« Non, la qualité des vins de France ne tient pas seulement à celle des terroirs, ni à celle des cépages. Elle dépend surtout de la position géographique des vignobles par rapport aux marchés, des goûts et des attentes des clients.
Les crus classés de Bordeaux ? Ils doivent leur richesse à la stratégie commerciale des Anglais, qui ont cherché dès le Moyen Âge des produits de qualité pour un marché formé de princes et de négociants. Les grandes appellations de Bourgogne ? Elles s’expliquent par les exigences de la cour des ducs de Bourgogne à Dijon. Le nez frais et ouvert des Côtes-du-Rhône septentrionales, dominé par de subtiles notes épicées ? Il doit son originalité aux attentes de la bourgeoisie lyonnaise. Le succès du Champagne ? Il résulte d’une invention anglaise qui a connu une grande vogue dans la haute société britannique et française.
Samedi on me dit que c’est la fête des voisins, moi je veux bien mais je pense que ça devrait être la fête au quotidien comme un simple bonjour…
Ce matin je ne vais pas vous parler de mes voisins du bâtiment 1 mais d’autres voisins : ceux qui vont réintégrer la maison d’arrêt de la Santé qui vient d’être rénovée et, plus étrange encore, une voisine qui a peuplé mes rêves d’adolescent : Belle de Jour.
Ce qui m’a mis la puce à l’oreille c’est que le 26 mai 1986, Michel Vaujour s'évadait de la prison de la Santé à bord d'un hélicoptère piloté par son épouse Nadine. Celui-ci se posa surla pelouse de la Cité universitaire où ma collégienne de fille faisait du sport avec sa classe. Être au cœur de l’actualité ça laisse des souvenirs.
Lire plus bas l’histoire !
Ironie de l’histoire, j’ai acheté il y a 18 ans un appartement au 9e étage d’un immeuble dont l’arrière donne sur la maison d’arrêt de la Santé. De la fenêtre de ma cuisine, en sirotant mon café noir je pouvais voir des prisonniers aller et venir dans une petite cour surmontée d’un grand filet, souvenir de Vaujour.
Et puis un beau jour ce fut le grand silence : « Laprison se refait une Santé » titrait une revue spécialisée.
« Edifiée de 1861 à 1867, la prison de la Santé (Paris XIVe ) répondait aux critères modernes et progressistes des lieux d’enfermement. Son architecte, Emile Vaudremer, Grand Prix de Rome, conçoit un dispositif parfaitement intégré au site, en quasi-périphérie du Paris de l’époque.
Sur ce terrain de 2,8 hectares en forte déclivité, l’architecte conçoit deux bâtiments distincts selon deux concepts : le quartier haut est constitué de plusieurs bâtiments longitudinaux autour de cours, réservés aux condamnés, qui y partagent de nombreuses activités. Le quartier bas accueille un bâtiment en croix, formé de quatre ailes centrées autour d’une rotonde couverte d’un dôme : les prévenus sont à l’isolement quasi total en attendant leur jugement.
Plus d’un siècle après, la prison de la Santé devait se remettre aux normes. Au terme de discussions entre le ministère de la Justice, la mairie de Paris et l’architecte des bâtiments de France, le choix s’est porté sur la démolition du quartier haut et la conservation ainsi que la rénovation du quartier bas. En 2013, après un dialogue compétitif avec plusieurs groupements, le maître d’ouvrage a signé un partenariat public-privé avec le groupement Quartier Santé, emmené par GTM Bâtiment. Deux contraintes pesaient sur le site. La première était liée au sous-sol, constitué d’anciennes carrières sur deux niveaux. La seconde tenait à son extrême exiguïté, car l’établissement est bordé de toute part de rues passantes. Ainsi, sous le contrôle de l’Inspection générale des carrières, l’ensemble du site, après avoir été analysé, a été conforté… »
J’ai assisté à la destruction, même que je me suis fait une collection de photos souvenirs, puis à la construction. Les travaux sont terminés, ouverture en juin.
Mon deuxième voisinage est plus étrange, il était niché dans mes souvenirs d’adolescent, c’était au cinéma le Modern, aux Sables d’Olonne, mon trouble lorsque je découvris Belle de Jour le film de Buñuel, adaptation d'un roman de Joseph Kessel.
« Séverine, Catherine Deneuve, le personnage principal de Belle de jour, est une jeune bourgeoise mariée à Pierre Sérizy, un brillant chirurgien qu’elle aime mais avec lequel elle est physiquement distante. Sans doute marquée par un souvenir d’enfance qu’évoque Kessel dans le prologue de son roman, elle est tenaillée par un désir de luxure avec des hommes de classes sociales inférieures. Elle se rend un jour chez Madame Anaïs, qui tient une maison de rendez-vous rue Virène, et fait acte de candidature comme pensionnaire en demandant de ne travailler qu’entre 14h et 17h. »
Il n’y a pas de rue de Virène à Paris, en revanche, à deux pas de chez moi, la rue Léon-Maurice Nordmann, commence rue de la Santé. J’y passais souvent sur mon vélo.
« Cette voie faisait précédemment partie de la rue Broca et avant 1890 de la rue de Lourcine. Un arrêté du 18 décembre 1944 lui donna le nom de l'avocat résistant Léon-Maurice Nordmann (1908 - Mont Valérien, le 23 février 1942), fusillé par les nazis. »
Et puis un jour sur Twitter j’apprends que les prises de vues de la maison de passe de madame Anaïs furent tournées dans un bloc d’immeubles de cette rue : square Albin Cachot.
Georges Charpak adolescent a vécu avec ses parents dans le square de 1936 à 19451.
Plusieurs plans du film Belle de jour de Luis Buñuel ont été tournés dans le square Albin-Cachot, renommé pour l'occasion « cité Jean-de-Saumur » où est situé l'appartement de Mme Anaïs. Catherine Deneuve rentre au no 3 du square, numéroté 11 dans le film. L'appartement est situé au no 3, mais la cage d'escalier est située à un autre numéro. L'appartement utilisé était celui de l'assistant de Buñuel.
Clara Malraux a habité dans le square.
Alice Sapritch a habité sur le côté droit à l'entrée du square, elle y avait un atelier de couture.
La famille Séchan (le chanteur Renaud) a aussi habité le square sur la droite à la deuxième fontaine.
Je vous offre mes photos.
« Secrétaire, elle travaille «dans les bureaux» à Paris pour 1 500 euros par mois. Exilée, elle habite à la campagne, cultive son jardin et plante des arbres. Fauchée, elle conduit une vieille 205 Peugeot, «250 000 km au compteur». Classique, elle porte une jupe rouge sous le genou, un corsage à fleurs et des chaussures plates. Artiste, elle peint des paysages et dessine des portraits. Elle s'appelle Nadine Vaujour. Il y a vingt ans, elle a délivré son homme de la prison de la Santé, aux commandes d'un hélicoptère. Une évasion hardie qui a fait d'elle une héroïne, incarnée au cinéma par Béatrice Dalle. Modeste et incrédule, pas pasionaria pour un sou, elle concède tout juste avoir «fait un truc gonflé, du jamais vu. C'était quand même pas mal».
Fille d'émigrés italiens installés à Reims, père menuisier sur les chantiers, mère représentante en mixeurs, la benjamine passe un CAP de secrétariat. Sténodactylo à 17 ans, les bals du samedi soir, les tournées dans les bars de Reims et déjà le mariage avec un ouvrier. A 20 ans, elle a un enfant. Elle s'ennuie. Il boit. Divorce. C'est par son frangin Gilles qui a «mal tourné», petits casses et mauvais coups, que Nadine a «mis le pied là-dedans, prison, avocats, parloirs, planques...» Secrétaire dans une imprimerie de chéquiers, elle habite avec sa mère à Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine) et se tient «tranquille» jusqu'au jour de 1980 où un pote de son frère débarque à la maison. «Ce gars-là m'en a imposé, par ce mélange de virilité et de douceur, d'assurance et de délicatesse, troublant», dit-elle. Elle tombe raide amoureuse. Gilles, alors en fuite, la met au parfum. Ce clandestin s'appelle Michel Vaujour, un braqueur recherché pour deux évasions de la prison de Châlons-sur-Marne. «Inconsciente du danger», elle part avec le fugitif. «J'ai 25 ans, on se plaît. Il veut quitter la France, mettre les bouts, sans moi.» Elle l'en dissuade, tombe enceinte, prend la gestion d'une brocante. Ils mènent «une vie de famille d'apparence normale», mais, même «en promenade, Michel ne pouvait s'empêcher de repérer des banques». Il se «barre» parfois plusieurs jours pour monter ses coups. Elle n'aime pas ce «milieu» et ce «métier», «surtout les hold-up avec des armes, je lui faisais des crises là-dessus».
En 1981, ils achètent un mas dans la Drôme et trois chevaux. Elle croit que s'il «se tient à carreau, sous sa fausse identité, rien n'arrivera». Elle essaie de «le convaincre d'arrêter». En vain. Michel Vaujour finit par tomber pour un vol à main armée. «Les flics nous embarquent tous comme des enragés, ma mère et moi, enceinte à terme, et ma fille de 7 ans qu'ils ont mise à la Ddass.» Incarcérée, Nadine accouche et garde son bébé à la nursery de Fresnes. «C'est lourd et dramatique, cet enchaînement, et plus tu te débats, plus tu t'enfonces.» Malgré tout, Nadine et Michel s'unissent à la vie, à la mort, à Fresnes le 27 mai 1982. Cadeau : le juge Hümetz libère la mariée le soir même.
Secrétaire à nouveau, Nadine reprend le chemin du parloir. Michel l'affranchit d'emblée. Pas question de croupir des années à l'ombre. «Messagère» pour monter l'évasion avec des copains, Nadine décide de devenir actrice. Peu intéressée par les engins masculins («Je sais même pas changer un pneu de voiture»), pas «forcément attirée par les avions», elle propose d'apprendre à piloter. Car elle refuse de braquer des gens pour détourner un hélico : «C'est trop moche, la prise d'otages.» En 1983, elle prend des cours à 2 000 francs de l'heure à Cergy sur un hélicoptère Alouette. Libéré, son frère commence par l'épauler mais meurt brûlé dans une attaque de convoyeurs. «Et nous voilà avec ma mère, deux femmes dans le malheur, à élever les deux garçons de mon frère et les deux miens.» Elle cauchemarde la nuit, se voit «carbonisée dans la carlingue», mais tient «promesse». L'été 1985, elle passe son brevet de pilote à Annecy à bord «d'un vieux coucou rouge coq qui a servi au tournage de Fantomas». La veille du grand jour, elle passe un message codé dans l'émission radio de taulards «Ras-les-murs» : «L'amour donne des ailes.» Elle a imposé à son mari d'utiliser des armes factices, un pistolet en plastique pour lui, et «une maquette de mitraillette» pour elle, «pour éviter le sang».
Lundi 26 mai 1986, elle enfile une combinaison kaki, loue un hélico à Saint-Cyr-l'Ecole (Yvelines), traverse le périph, survole Paris, balance dans la cour de la Santé «une canne à pêche télescopique dotée d'un crochet» puis se maintient en vol stationnaire, au-dessus du toit qu'il escalade jusqu'à elle. Elle, l'émotive, ne «tremble pas, ne panique pas». Elle arrache son homme, atterri sur la pelouse de la Cité universitaire. Sans plan de repli, avec 2 000 francs en poche. Elle a été «estomaquée» par le tam-tam médiatique fait autour de son acte audacieux : «Il devait pas y avoir d'actualité.» Et s'étonne encore de sa détermination : «Je n'aurais jamais mobilisé une énergie pareille pour un hold-up. Là, j'ai trouvé une espèce de force pour arriver à une fin heureuse, propre, sans violence. Je montrais à la fois à mes hommes engagés dans une voie sans issue et à la justice avec ses barreaux, ses menottes et ses hauts murs, qu'ils se mettent tous dedans.»
Quatre mois de cavale amoureuse dans les Vosges, en Dordogne. Nadine attend un nouvel enfant. Michel tombe lors d'un braquage sanglant à Paris, une balle dans le cerveau. Le voilà hémiplégique et enfermé. Et elle, coffrée dix-huit mois pour l'évasion. Son second enfant avec Vaujour naît en prison, comme le premier. A la sortie, elle retrouve son triste sort de femme de taulard, seule dans une HLM avec trois gosses à nourrir, huit heures de bureau, les centaines de kilomètres le week-end vers les centrales au volant de sa vieille GS qui la laisse en rade. Pour visiter Michel qui veut encore s'évader : «J'ai dit non. J'ai déjà donné. Je veux élever les enfants. A un moment, faut en sortir, mais par la grande porte.» Libérable en 2019, il l'accuse de vouloir l'enterrer vivant. Elle résiste. Il réclame de l'argent pour payer des complices. Elle publie la Fille de l'Air, garde l'à-valoir de 100 000 francs pour vivre puis achète une maison avec les 300 000 francs du film. Ainsi, «plus de liquide pour l'évasion». Il la largue. Un jour, au parloir, Nadine découvre «l'autre femme», qui, en 1993, tentera en vain de l'enlever... en hélicoptère. «Un remake», critique la pionnière, désormais vaccinée contre les hommes.
«Vue» à la télé lors de la sortie du film, Nadine Vaujour est «virée par Pasqua» de sa place de secrétaire dans un musée des Hauts-de-Seine. D'où sa discrétion actuelle. Pendant dix ans, elle «tape les textes» de l'écrivain Yann Queffélec. Elle reprend des études, obtient l'équivalence du bac, une licence d'arts plastiques. Elle passe les concours de la fonction publique pour devenir secrétaire administrative. Elle «montre un exemple de vie plus droite» à ses enfants, la trouille au ventre qu'ils ne «deviennent délinquants». «Ce fut une lente remontée de la pente, c'est plus long qu'à la dégringoler.» Elle redescend bien bas, à l'automne 2005, lors de la parution intempestive du livre de Michel Vaujour. Elle ne supporte pas «qu'il se montre à la télé sans prévenir, sans se présenter avant à ses gosses, auxquels il n'envoyait même pas un petit mot aux anniversaires ou à Noël». Pas revancharde mais meurtrie. Toujours fleur bleue, l'antihéroïne «offre», vingt ans après, son envolée dans «ce carré de ciel bleu sous le soleil de mai, à tous les amoureux, car ça, c'était beau».
Nadine Vaujour en 9 dates
25 mai 1954 : Naissance.
1980 : Rencontre Michel Vaujour, braqueur en cavale.
Septembre 1981 : Arrestation, prison et naissance de leur fille.
27 mai 1982 : Mariage avec Vaujour en prison.
26 mai 1986 : Pilote l'hélicoptère pour l'évasion de son mari.
1989 : Parution de la Fille de l'air (Michel Lafon).
Vaillant, « à cœur vaillant, rien n’est impossible ! »c’était la devise de Jacques Cœur, né à Bourges, homme d'affaire devenu grand argentier du Roi de France Charles VII, je reprends du collier après mon vol plané pour évangéliser les petites louves et les petits loups qui ne savent pas cuisiner.
J’ai hésité pour les fraises, je sais c’est encore un peu tôtpour qu’elles soient de plein champ, mais j’étais impatient de faire un galop d’essai. J’ai donc choisi des gariguettes assez goûteuses rue Daguerre.
Pour la verveine, n’ayant pu me mettre en chasse de la fraîche, je ne suis pas encore très mobile, j’ai utilisé de la séchée d’origine corse ; ma copine Camille m’en rapportera de la fraîche lorsqu’elle ira draguer des vins nu dans le terroir profond.
Le blog « Les mains dans la farine », avec humour, balance : « Si je vous dis « verveine », je suis sûre que vous pensez à « tisane ». Je me trompe ? Non, hein… Bon, on va un peu dépoussiérer cette plante qu’on associe trop souvent aux maisons de retraite et aux boissons relaxantes. »
La verveine officinale, une aromatique aux vertus multiples
La verveine officinale (Verbena officinalis ; à ne pas confondre avec la verveine citronnelle) qui appartient à la famille des Verbénacées est une plante aromatique indigène en Europe où elle pousse sur les bords des chemins et dans les prairies. Vivace souvent cultivée comme une annuelle, elle fait de 40 à 60 cm de haut et possède des tiges ramifiées et dressées munies de feuilles ovales et dentées vert foncé dont la surface est rugueuse. De juin à octobre, des épis de fleurs tubulaires violet pâle apparaissent à l’extrémité des tiges.
Du côté opérationnel, c’est toujours la même chanson :
Pour les fraises (pour 6): 350 g de bien mûres que vous réduirez en bouillie et que vous passerez au tamis, puis vous ajouterez le jus d’un d’une orange et celui d’un citron et enfin le sucre : 175 g au maximum. Vous fouetterez ensuite 40 cl de crème liquide bien fraîche jusqu’à ce qu’elle devienne bien ferme. Mélangez avec la purée de fraises, battez légèrement et zou dans la sorbetière.
Pour la verveine (pour 4) c’est encore plus simple : dans une casserole, vous portez 30 cl de lait entier et 20 cl de crème à ébullition. Hors du feu, incorporer la verveine, couvrir et laisser infuser 30 minutes.Dans un saladier, blanchir les 3 ou 4 jaunes œufs avec les 75 g de sucre. Passez le lait au tamis pour ôter les feuilles de verveine puis vous le versez sur la préparation. Vous chauffez doucement en remuant avec une spatule, ça épaissi sans coaguler et zou direction la sorbetière.
Du côté arrosage j’ai choisi, sur les conseils avisés de Claire d’Ici Même, la Cuvée Rosé Saignée de Sorbéede Vouette et Sorbée
C’est un champagne issu de Pinot Noir, élaboré selon la méthode de la saignée. Macération carbonique longue, levures indigènes pour la fermentation alcoolique et la prise de mousse. Vinification prolongée en fût de chêne.
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