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9 août 2018 4 09 /08 /août /2018 06:00
Quand André Valadier qui a l’Aubrac au cœur apprenait à dresser les bœufs « Le dresseur joignait une paire et la laissait attachée dans l’étable pendant plusieurs heures. Les bœufs avaient le temps de méditer quand ils ruminaient sous le joug : on considérait qu’ils acceptaient de le porter »

J'ai deux grands bœufs dans mon étable,

Deux grands bœufs blancs marqués de roux ;

La charrue est en bois d'érable,

L'aiguillon, en branche de houx [...]

 

S'il me fallait les vendre,

J'aimerais mieux me pendre,

J'aime Jeanne, ma femme :

Eh ! bien j'aimerais mieux

La voir mourir que de voir mourir mes bœufs...

 

C'était le tube pour noces et banquets du pépé Louis doté d'un bel organe et qui portait beau avec sa moustache à la Foch. L'homme avait des idées très arrêtées, entre autres que le tracteur ne remplacerait jamais ses bœufs charolais sur la base d'un raisonnement qui se tenait : ils ne coûtaient pas cher à entretenir et quand on les remplaçait ils valaient des sous, eux. Quand il entonnait le couplet, je suis persuadé qu'il vivait les paroles. La mémé Marie, femme de devoir, n'en prenait pas ombrage. C'est à lui que je dois ma courte carrière de toucheur de bœufs enjugués. Ce n'est pas aussi simple que ça en a l'air : muni de son aiguillon sur l'épaule il faut tout d'abord appeler les bêtes dans le bon ordre : Jaunet-Blandin, tout en touchant (piquer le cul avec le bout de l'aiguillon qui est muni d'une petite pointe d'acier) le boeuf qui va impulser la bonne direction, soit celui de droite quand on veut virer à gauche par exemple. Fallait pas être pressé. Nous allions avec le tombereau ramasser les betteraves et les choux. Les grandes roues du tombereau creusaient dans la glaise des chemins creux et des chaintres de profondes empreintes. Pour le labour, j'ai un vague souvenir de la charrue Brabant à manchons. Fallait tirer droit, mais c'est mon frère aîné Alain qui prenait les engueulades. Le jour où on a vendu la dernière paire de boeufs à Mougard, le maquignon avec sa blouse noire et son gros portefeuille bourré de billets, le pépé Louis a pleuré.

Une vieille chronique du 18 avril 2007

 

16 juin 2011

Deux hommes et un dessein : l’Aubrac d’abord ! Christian Valette et André Valadier ICI 

 

La période hivernale était également consacrée au dressage des bœufs « Fabriquer des tracteurs vivants sur huit pattes motrices à l’époque où l’énergie renouvelable était une obligation » était un travail exigeant de l’expérience, de la dextérité et de la patience. Il était essentiel dans les fermes de l’Aubrac dont les revenus reposaient en partie sur la vente des bœufs dressés qui représentaient ainsi une plus-value de 20% par comparaison avec des animaux (entre autres, les bœufs vieux) destinés à l’abattoir. André Valadier, appelé à prendre la succession de son père, apprit donc à joindre sous le joug les mâles castrés de deux ans (doublons) et de trois ans (tersons). Les tracteurs étaient rarissimes sur l’Aubrac en 1947-1950 et personne ne songeait alors qu’ils pourraient détrôner les bœufs. Le département de l’Aveyron comptait le 1er janvier 1948 307 tracteurs pour 35 à 40 000 exploitations, ce qui représentait la moyenne d’un par commune seulement. André Valadier découvrit à cette occasion que c’était un art d’apparier les bêtes, de constituer des paires homogènes en s’efforçant d’accorder deux têtes et des cornes après une minutieuse observation de leur comportement. Il apprit beaucoup auprès de son père. Pour les tersons, le dressage débutait toujours pendant l’hiver et les périodes de mauvais temps. « Le dresseur joignait une paire et la laissait attachée dans l’étable pendant plusieurs heures. Les bœufs avaient le temps de méditer quand ils ruminaient sous le joug : on considérait qu’ils acceptaient de le porter. Nous répétions la même opération pendant plusieurs jours. Puis nous les détachions de l’étable et nous les conduisions au dehors. Cette manœuvre demandait la présence de deux hommes équipés de l’aiguillon. Le premier passait devant et les « appelait » puis le second fermait la marche et « poussait » les animaux qui renâclaient à avancer, tête baissée.

 

« Quand ils commençaient à relever la tête, nous les emmenions dans la campagne. Les dresseurs choisissaient  des chemins proches de l’exploitation et bordés de murets de pierre pour que les bœufs ne se retournent pas lorsqu’ils seraient engagés. Redoublant toujours de prudence et pour plus de sécurité, on associait un jeune bœuf – surtout s’il était rebelle – et un animal dressé. Les bœufs s’écartaient facilement pendant le dressage, tentant parfois de s’échapper. C’était dangereux ! Lorsqu’ils s’étaient habitués à l’aiguillon, aux ordres et au joug, ils ne bronchaient pas. Mieux ! Ils ruminaient. Nous disions alors qu’ils étaient « soumis » et dressés. Dans un deuxième temps, on pouvait leur imposer de charrier un traineau chargé de pierres ou d’une grume qui n’était pas équarrie. Les premiers matins, on les emmenait sur des chemins enneigés pour les mettre en confiance : ma neige étouffe tous les bruits. Dans les débuts, on ne les attelait jamais à un tombereau ni même une charrette : le cliquètement des moyeux et le passage des bandages métalliques sur les cailloux du chemin les auraient effrayés. Si nous attendions le printemps pour dresser des bœufs, nous assemblions des fagots de buissons et de traverses pour construire un traîneau que nous appelions alors une clède ramade, alourdi de pierres. Puis on attelait les bœufs pour le amener au travail dans les prés et les devèzes. Grâce aux buissons, ce traîneau permettait d’émietter les mottes de fumier éparpillées dans les parcelles, de rabaisser les taupinières, de ramasser des quantités de feuilles morte tombées des arbres depuis la Toussaint.

 

« Si elle était attelée tous les jours, une paire de bœufs jeunes obéissait après un apprentissage de quatre à cinq semaines. Puis, on pouvait leur confier la herse mais pas une charrue parce qu’ils auraient labouré maladroitement. On patientait souvent quelques mois avant d’accrocher aux retondes (les anneaux de l’attelage) le timon du tombereau, de la charrette, de la faucheuse. Quand les bœufs prenaient seuls l’initiative de tourner à la fin d’un sillon pour repartir dans la direction opposée et s’engager dans un nouveau sillon, c’était une belle promesse pour l’avenir. C’était la preuve que nous étions parvenus à les maîtriser. Nous éprouvions une grande fierté. Les animaux qui ruminaient en travaillant étaient rompus à toutes les tâches : c’étaient les plus forts et les plus dociles. Nous dressions par parfois des taureaux. C’était plus dangereux et difficile mais notre satisfaction était encore plus grande lorsque nous y arrivions : ils étaient plus résistants et plus puissants. Leur utilisation est notamment appréciée lorsqu’il fallait rassembler des quantités de pierres en prévision de la construction d’un bâtiment. »

 

André Valadier conserve des souvenirs précis de ces années où il dressait les bœufs, de l’étroite complicité qui unissait l’homme et l’animal dans l’effort à l’occasion des grands travaux. Il appartient à l’une des dernières générations d’éleveurs – sinon la dernière – qui pratiqua cet art difficile, en s’appuyant sur l’expérience des anciens, avant que la diffusion des tracteurs ne le précipite aux oubliettes et transforme le quotidien des exploitations… »

André Valadier l’Aubrac au cœur Daniel Crozes au Rouergue.

 

 

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8 août 2018 3 08 /08 /août /2018 07:00
Portraits sans retouche de Châtillonnais, Châtillonnaises, en Diois, fêtant le vin…

Me promenant au petit matin, dimanche, dans les rues du village médiéval, mon Leica en main, un des organisateurs du Festival Arts et Vigne de Châtillon-en-Diois, très impressionné me dit « Vous êtes un artiste ? » Gentiment je le détrompe « Je profite de la lumière du matin pour faire des photos… » Lui, pas convaincu, insiste « Vous ferez des photos de la fête, j’espère… » Comme un bon politique, en campagne électorale je dis « Oui… »

 

Chose promise, chose due, je sillonnerai la fête pour mettre en boîte quelques portraits à la volée avec l’assentiment des intéressés.

 

Ce ne sont pas des portraits d’art, n’en déplaise à mon admirateur matinal, mais rien des clichés de villageois en fête, verre à la main.

 

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8 août 2018 3 08 /08 /août /2018 06:00
Brèves de comptoir au café des Alpes : Pierre Jancou prend Racines à Chatillon-en-Diois… Le Taulier toujours le premier !

Il n’y eut aucun avis de recherche et pourtant Pierre Jancou avait disparu depuis des mois des radars de la bistronomie parisienne.

 

« L’absence de son nom dans l’actualité des chefs en cette rentrée des classes culinaires (ndlr 2017) est assourdissante. C’est que Pierre Jancou nous a habitués à faire parler de lui, pour une ouverture ou un projet de restaurant à venir. Depuis la Bocca, son premier bouclard jusqu’à Achille, l’homme âgé de 47 printemps n’a pas cessé de bouger, de créer, souvent avec talent. Mais que devient Pierre Jancou ? »

 

le 28 / 05 / 2018 son ami François Simon titrait :

 

PIERRE JANCOU, LE RETOUR !

 

« On le devinait tourner autour du pot, vouloir revenir, oublier la fin laborieuse d’Achille, mais où ? Il semble que Pierre Jancou ait trouvé son point de chute, le délicieux café de son village de la Drome, Châtillon-en Diois, le Café des Alpes qui ouvrait dès 6h30 pour les locaux et les travailleurs. Il ouvrira à la mi-juillet une formule très simple: salades, sandwiches pour les nombreux randonneurs avant de s’embarquer plus haut dans une salle en cour de rénovation. Pierre Jancou a ouvert son nouveau site  tout en portraits décalés et un poil punk…toujours sur le vin vivant. La meilleure nouvelle du mois. »

 

Fort bien très chers lecteurs fidèles, mais qui donc est allé, avec sa petite auto, sous un cagnard d’enfer de ce mois d’août, faire la première du café des Alpes à Châtillon-en Diois ?

 

Moi, bien sûr !

 

Je ris dans ma barbe de 3 jours de vieux bobo non révisé. Aller se glisser dans les plis et replis de la France profonde (Vidal de la Blache) n’est pas à la portée des abonnés aux étoilés…

 

Pour faire genre, avant de vous narrer mon équipée, quelques précisons pour mieux cerner la quête de Pierre Jancou :

 

Café, bar, caboulot, buvette, bistrot, troquet, rade, bouclard, estaminet, mastroquet, assommoir…

 

C’est un lieu dans lequel on boit. « On ne va pas dans un troquet ou un « bistroquet » pour prendre une coupe de champagne, plutôt un coup de rouge ou de blanc, ou une bière. On ne s’y attarde pas pour le plaisir. On s’y assied rarement. »

 

Les bistrots sont « des endroits où le quotidien s'égrène doucement au rythme de l'horloge biologique d'un quartier, du café de six heures et de la découverte des nouvelles dans le canard plié derrière le comptoir, près du compteur du téléphone, aux premiers blancs secs lorsque le bourguignon ou la blanquette commencent à mijoter en cuisine. Pour les apéros, par strates successives, les menus ouvriers à midi, le plat du jour, le digestif de quinze heures, l'accalmie de quatre heures. Les cafés, les chocolats à la sortie de l'école. Et cette longue zone de flou du soir qui s'éternise pour ceux qui, par solitude ou par goût, repoussent à plus tard le retour vers chez eux.

 

Voilà ce qu'est un bistrot. Un concentré de l'âme d'un quartier. »

 

Extrait de « Au vrai zinc parisien » de François Thomazeau et Sylvain Ageorges.

 

« Ce qui fait le bistrot, le vrai bistrot, c’est sa disponibilité dans le temps : il est ouvert du matin au soir, plus ou moins tôt, plus ou moins tard, mais sans interruption. »

 

Le bistrot, comme le café du coin, en tout lieu, grande ou petite ville, patelin, c’était le peuple qui y allait, le populo, les classes dangereuses, les poivrots, les traîne-lattes, les vas-de-la-gueule, les petits vieux et les mémés solitaires, les poinçonneurs de tickets de tiercé, le facteur, le boulanger, le boucher, les étudiants fauchés, les filles émancipées, les bidasses en goguette…

 

Fermez le ban !

 

 

J’arrive samedi sur la place du Reviron, cœur de la petite cité, la mairie, la fontaine, je gare ma petite auto, je loge chez Véro, une chambre d’hôtes au premier étage au-dessus du café de la mairie. Je me désaltère en terrasse. L’accueil est chaleureux, sans jouer sur les mots. Je m’installe. Je vais ensuite garer ma petite auto dans le bas du village car le lendemain dimanche c’est la fête de la Vigne à Châtillon-en Diois.

 

 

Me voilà chez Pierre, il « essuie les verres au fond du café », de son café des Alpes qui ne paie pas de mine mais c’est Le Café du village, là où se retrouvent les hommes du village, quelques femmes aussi, le café du matin, des lignes de petit jaune à l’apéro, à l’à pic du bar, sur le trottoir, ça cause fort, ça se charrie, des blagues, chacun tient son rang, grand ou petit, un petit confetti de la France des terroirs.

 

Le Diois c’est quoi ?

 

Le Diois cultive d’autres façons de vivre

 

« Tijlbert Vink est un entrepreneur de 36 ans dont le patronyme rappelle les origines néerlandaises. Ses parents ont quitté les Pays-Bas pour débarquer dans la Drôme quand il avait un mois. « J’ai dû voyager dans le coffre d’une 2 CV », raconte-t-il en souriant. Accompagnés d’un couple de compatriotes, ces jeunes urbains diplômés avaient laissé derrière eux Amsterdam pour effectuer un « retour à la terre », comme tant d’autres dans les années 1970.

 

Les Vink ont choisi le Diois, un pays de moyenne montagne constitué autour de la petite ville de Die, nichée entre le Vercors, les Préalpes et les monts de la Drôme provençale. Le climat est doux et la place ne manque pas. Ils y ont élevé des chèvres, puis ont cultivé des plantes aromatiques. Leur « héritier » se trouve aujourd’hui à la tête de l’Herbier du Diois, une entreprise qui réalise 5,4 millions de chiffres d’affaires et emploie 42 personnes, à Châtillon-en-Diois, un village de 560 habitants. »

 

La suite ICI

 

 

Voilà j’ai fait mon devoir.

 

Je bois l’excellente bière que me propose Pierre. Il me parle de son projet, il a l’air apaisé, loin du bruit et des fureurs de la notoriété parisienne, il est dans son élément, bien dans ses baskets qui sont des sandales, toujours un peu inquiet de bien faire, le voilà patron d’un petit boui-boui qui, je le crois, va faire son chemin, son chemin de traverse bien sûr, tranquille, sans esbroufe, simple et de bon goût, se fondre dans le paysage des habitués du café sans pour autant abandonner son identité de découvreur de belles quilles de vins nu. Et de bons produits pour la table ça va sans dire.

 

Ce soir je dîne au bar, souvenir, souvenir, des canons de Pierre bu au bar d’Heimat puis d’Achille…

 

C’est plein !

 

La carte du soir est écrite au blanc d’Espagne sur un tableau plaqué au mur.

 

 

Je confie le choix du vin à Pierre, très bonne pioche :

 

 

Je choisis :

  • Soupe froide de lentilles corail
  • Mijoté d’épaule d’agneau haricots/tomates
  • Clafoutis aux mirabelles

 

 

Le service d’Anaïs au bar et en salle est souriant et prévenant.

 

Pierre est, évidemment, au four et au moulin, et Anezka concocte les bons petits plats.

 

Bien sûr je ne suis pas François Simon, je n’ai pas le bras long, mais sans flagornerie je puis vous assurer que je me suis régalé, la soupe froide, outre d’être la bienvenue, alliait la beauté à la subtilité. J’ai bien mangé, j’ai bien bu, merci Petit Jésus !

 

La satiété !

 

« Mais les femmes caressées à satiété n'ont besoin de rien, ne désirent rien, ne regrettent rien. Elles rêvent, tranquilles et souriantes. »

Guy de Maupassant, Contes et nouvelles, t. 1, Caresses, 1883

 

Rassurez-vous, je ne suis pas liché toute la bouteille au dîner, Pierre l’a rebouchée, je la finirai le lendemain. C’est du bon nature, comme j’aime, celui qui se fait mitrailler par les hargneux et les teigneux de tout poil (ils détestent les vins à poils) qui enragent de voir leur jaja formaté délaissé.

 

Je prends le temps, je prends mon temps, je me laisse aller, sentiment d’éternité…

 

 

Avec la nuit, l’embrasement a fait place à une tiède douceur qui incite à la flânerie dans les ruelles du vieux village. Demain matin je me lèverai tôt pour y faire des photos.

 

C’est ma première sortie de Paris depuis 7 mois, je profite, je goûte avec délectation le plaisir de baguenauder, de m’asseoir en terrasse pour lire, pour rêvasser, aligner des mots sur mon petit carnet, d’espérer… de partager… de perdurer… le dur plaisir de durer… je sèmerais bien des petits cailloux pour aller côte-à-côte sur mon dernier bout de vie.

 

C’est l’heure d’aller dormir, à demain…

 

Notez bien sur votre petit cahier de devoir de vacances : le café des Alpes, le nouveau bouiboui de Pierre Jancou qui fait tout ce qui est en son pouvoir pour l’extension du domaine du vin sans poudre de perlin-pinpin…

 

Je sais, Mareva Saravane, Isabelle Spiri, Guillaume Nicolas-Brion, je fais des jaloux, ne m’en veuillez pas, si ça vous dit, nous irons de conserve, Mareva sur son vélo tout terrain, Isabelle en stop depuis le Vercors de papa-maman, Guillaume en blablacar, et moi sur mon tacot électrique de vieux bobo, déjeuner, dîner, au café des Alpes lorsque Pierre aura mis un point final à son projet… sur la terrasse pour le plaisir du partage…

 

 

 

 

 

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3 août 2018 5 03 /08 /août /2018 06:00
Il beau mon nouveau vélo de bobo californien Electra LOFT GO ! 8i plus besoin de pédaler ou presque…

Plus de 40 ans de vélo dans les rues de Paris ; 5 engins, le premier un vélo anglais qui n’a pas fait long feu, volé dans la cour du Ministre au 78 rue de Varenne, oui, oui, en ce temps-là on y entrait encore plus facilement que dans un moulin. Le second qui a eu la plus longue vie un Grand Batavus old Dutch avec freinage par rétropédalage, indestructible, volé lui aussi ; le troisième acheté chez En selle Marcel un Cooper Oporto, volé après un an ;  le quatrième toujours acheté chez En selle Marcel un Cooper Zandvoort, un vrai urban-cycle, léger, un bijou, c’est celui sur lequel j’ai fait un vol plané qui m’a valu un séjour en pneumologie à l’hôpital  Cochin. Il est en parfait état car c’est moi qui ai tout pris.

 

 

À nouveau d’attaque, après mûre réflexion, j’ai décidé de me convertir au vélo électrique et j’ai acheté Electra Loft Go ! 8i, du costaud, pour rouler en père pénard dans les rues de Paris.

 

Je vais vendre mon Cooper Zandvoort.

 

Je vais solliciter auprès de Mme Hidalgo les 400 euros de subventions pour l’achat d’un vélo électrique.

 

Je porte un casque.

 

 

Alors roule Mimile…

 

 

LOFT GO! 8i

 

Système Bosch Active Line avec moteur central de 250W

 

Bosch PowerPack 400 avec chargeur 2 AMP

 

4 modes ou niveaux d'assistance : Eco, Tour, Sport et Turbo

 

Distance : 40-120 km / 20-100 miles, selon le mode choisi et la nature du terrain

 

Recharge complète en 3,5 heures

 

Vitesse assistée maximale : Europe : 25 km/h

 

Durée de vie de la batterie : 2 ans de garantie Bosch

 

Moyeu à 8 vitesses intégrées et changement de vitesses par poignée tournante Shimano Nexus

 

Freins à disque hydrauliques Tektro

 

Pneus Schwalbe Fat Frank 700C

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1 août 2018 3 01 /08 /août /2018 06:00
Enfin Bettane&Dessauve ont trouvé des successeurs : Antonin Iommi-Amunategui&Jérémie Couston les nouveaux guides des vins à poils à petit prix…

L’avantage avec le célèbre couple de la critique du vin, que le monde entier nous envie, c’est que sa marque de fabrique est facile à détourner, j’ai osé Butane&Degaz, provoquant le courroux du gourou et la charge outrée de leur hallebardier de service.

 

Tout le monde vieilli, voyez le grand Bob l’étasunien, noté sur 100, l’érecteur des vins de garage cher au cœur de ce bon Jean-Luc Thunevin, qui a réussi l’exploit de voir son patronyme, décliné en néologisme accolé aux vins parkérisé , qu’il chérissait et enchérissait, s’est cassé avec un max de blé et n’a pas été remplacé.

 

Des vins bettanisés, il en rêvait le premier nommé !

 

 

« Trop tard ! » comme s’exclamait ce fêlé de Mac Arthur, le temps des gourous installés est terminé,  leur biseness est chahuté par de jeunes branleurs sans foi ni loi qui surfent comme des fous sur ces foutus réseaux sociaux.

 

« Nature, nature… »

 

Avec trois fois rien, ces moins que rien, occupent une large part de l’espace médiatique, déclenchent le buzz, séduisent les bobos et les autres, ringardisent les vins dit conventionnels (je trouve que ce qualificatif fait très Mélenchon grand admirateur de la Convention), poussent vers la sortie les papys installés.

 

C’est jouissif !

 

Le plaisir leur mot d’ordre, sans vergogne, ce nouveaux venus, ces sans-culottes du vin, se moquent, raillent les tenants des grands vins : « Le luxe n'est pas un plaisir, mais le plaisir est un luxe. » Barbey d’Aurevilly.

 

 

L’un d’eux, le défricheur, au patronyme imprononçable : Iommi-Amunategui, ose même faire salon d’essence 68 hard : Sous les pavés la vigne, d’abord à la Bellevilloise haut-lieu du populo bobo, puis à Lyon, et même à Bordeaux.

 

Tout baigne, le vin nature s’essaime, s’exporte, s’inscrit même à des tables étoilés, fait naître des vocations de cavistes alternatifs, en un mot fait chier ceux qui n’ont pas vu le train passer.

 

Je me gondole !

 

Ce n’est guère charitable mais, que voulez-vous, je suis un vieil homme indigne qui assume son indignité avec fierté.

 

Et voilà-t’y-pas que le susdit, Antonin Iommi-Amunategui, vient de décider de se mettre en tandem avec un loustic qui a une bonne descente, du poil aux pattes, un vélo tout terrain, une grande gueule qui écrit dans la bible des bobos de Paris et des provinces réunies : Télérama.  Il fait plutôt dans le cinéma mais, sa crèmerie bien-pensante, plus faux-cul qu’elle tu meurs, pour être dans la tendance, lui file aussi la mission de labourer profond dans les terroirs des vignerons pur jus, des filles et des gars qui n’aiment pas les poudres de perlin-pinpin. J’ai nommé Jérémie Couston.

 

 

Le couple a décidé de commettre un guide, et même que la FNAC, fondée par des trotskystes, maintenant devenue haut-lieu du capitalisme consumériste, m’annonce que je peux précommander

 

« Le premier guide de vins naturels dont toutes les bouteilles présentées sont à moins de 15 euros. Composé par deux journalistes parmi les plus grands spécialistes du vin naturel en France, avec une volonté de faire découvrir et de démocratiser l'accès au vin naturel souvent associé à un prix élevé et un état d'esprit guindé, cet ouvrage sérieux mais ludique - dont le style emprunte souvent au gonzo journalisme - propose une sélection de 150 cuvées entre 7 et 15 euros, classées par ordre de prix croissant. »

 

J’adore l’auto-qualification des 2 zèbres : « deux journalistes parmi les plus grands spécialistes du vin naturel en France » ça fait très Butane&Degaz.

 

Glou guide du vin naturel 150 vins nature à moins de 15 euros  sortira le 22 août 2018

 

Le à moins de 15 euros me chagrine un peu sur les bords, ça a un petit air connu très gaulois de bon petit vin par cher, une resucée du Gerbelle vert versus RVF. Bien sûr, 15 euros ce n’est pas un petit prix mais éliminer ceux d’haut-dessus, pour faire peuple, ça laisse de côté de beaux vins nature et ça ne fait pas beaucoup de cas de ce qui revient dans l’escarcelle de vignerons qui ne sont pas adeptes des volumes, une simple multiplication le prouve : rendement x prix départ – charges.

 

À part ça, pour ne pas bronzer idiot, pour faire la nique à Butane&Degaz, pour épater les bourgeois versus nouveau monde, pour vous la jouer insoumis, pour faire déviant, pour bien boire, achetez donc ce guide des vins qui ont du poil aux pattes !

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29 juillet 2018 7 29 /07 /juillet /2018 07:00
Au pays de naissance de Gaston Chaissac, la basse-Bourgogne, Olivier de Moor a du talent, il manie aussi bien le pinceau que le sécateur…

En l’absence de notice biographique sur le peintre à ses heures, Olivier de Moor, j’ai décidé de vous parler d’un autre bas-bourguignon qui a passé une grande partie de sa vie en Vendée, à Boulogne d’abord puis à Sainte-Florence de l'Oie, à Vix enfin. L’Hippobosque du bocage.

 

Hormis cette proximité géographique, ce qui relie Olivier à Gaston c’est que comme lui il n'a jamais bénéficié d'enseignement d'histoire de l'art, ni suivi aucun cours de peinture. Olivier me confie « C'est un manque de moyen, une erreur sans doute, une frustration mais en même temps cela me permet d'avoir une liberté totale et assumée de mes goûts. »

 

Je garde pour une prochaine chronique qui flirtera avec il n’y a pas que le vin dans la vie, les maîtres connus ou méconnus qu'Olivier apprécie, admire, qui l'inspirent « Alors oui la peinture pour se changer les idées. Ça fait longtemps depuis que je suis gamin que je m'y attache comme une ouverture sur autre chose. A vrai dire une soupape. »

 

Rappelant volontiers qu’il est avallonais à quiconque le qualifie de vendéen, Gaston Chaissac écrivait « Je suis d’Avallon, comme cousin d’Avallon, mon maître en compilation »

 

Dans son livre, publié dans la collection blanche de Gallimard, il nous taillait un costard.

 

 

« En Vendée on a un faible très marqué pour ce qui est inauthentique et le Vendéen n’est d’ailleurs jamais un novateur mais toujours un suiveur. »

 

Mais il écrivait aussi :

 

« Tu parles des bocains, c’est quand ils quittent l’école qu’ils sont le plus amusants et le plus sympathiques l’hiver car les chemins si boueux du bocage exigent qu’ils soient guêtrés comme les hommes et cela en fait de vrais chats bottés nom sous lequel on les désigne. Et à ce sujet je vais te parler d’une chose que j’ai vue : quand les paysans vont avec leurs charrettes à bœufs cherché des fagots ils ont coutume d’y aller avec plusieurs charrettes de sorte que ça fait un défilé de charrettes pleines de fagots. Et bien pour un de ces défilés-là que j’ai vu, la première charrette était conduite par un homme et la suivante avait comme conduction un de ces chats botté en question et il était si petit que pour sûr qu’il n’en existait pas de plus de petit guêtré comme leur père et stupéfaction, le conducteur de la charrette suivante était un enfant encore plus jeune et plus petit et qui était vraisemblablement le frère de l’autre par conséquent d’au moins 10 ou 12 mois de moins et guêtré pareillement lui aussi, preuve qu’il avait quitté l’école. D’en voir un seul c’est déjà amusant mais une paire c’est bien autre chose. »

 

Lettre de Gaston Chaissac à Jean Dubuffet août 1947 in Hippobosque au bocage Gallimard

 

Gaston Chaissac est en effet natif de la basse Bourgogne, dans le chef-lieu d’arrondissement de l’Yonne qui en est le centre géographique. Le 13 août 1910 « à la veille du grand concours agricole et tandis que la comète servait de pièce d’attraction » dire-t-il, au premier étage du numéro 1 rue de Paris. Ses souvenirs remontent au tout début : « J’ai été baptisé en l’ancienne collégiale d’Avallon. » Dernier-né d’une famille de quatre enfants, il est choyé par sa mère qui représente tout pour lui. Élevé en liberté, l’enfant est fréquemment dans le potager familial qu’il appelait « le jardin de Morlande ». Il se souviendra toute sa vie de ce jardin en terrasse, avec un poulailler à un étage et une mare : « Il aurait aimé vivre dans une petite maison haute, dans les bois, une tour semblable au poulailler de son enfance. »

 

Gaston Chaissac a une douzaine d’années quand sa mère divorce : « Il en fut presque heureux.»

 

Ensuite, apprentissage… d’abord comme marmiton à l’hôtel du Chapeau-Rouge… puis dans la quincaillerie, bourrellerie… « Il n’avait pas une grosse santé, déclare son ami Pierre Renou, et autrefois, cordonnier, c’était un peu la fonction qu’on donnait à ces gens qu’étaient pas trop solides, en campagne, eh bien ils étaient cordonniers ! On n’a pas à marcher, à trop se fatiguer ! »

 

Dans sa lettre du 4 décembre 1946 à Jean Dubuffet : « Lorsqu’à quinze ans j’étais apprenti bourrelier, j’aimais beaucoup carder le crin parce que la poussière se fixait épaisse dans mon duvet et ça me faisait une moustache dont j’étais fier et qui m’embellissait à mes yeux. J’ai également toujours trouvé beaux les tas d’ordures. »

 

Chaissac se trouva mêlé à l’aventure de l’art brut. « Je baptisais mes bonhommes tout bonnement de peinture rustique moderne, expliquera-t-il au début des années 60. Plus avisé Dubuffet parla d’art brut, le mot fit fortune et je restai chocolat. »

 

« Mon mode d’expression en peinture, qui n’a rien à voir avec quelque chose d’épuré, de correct, est assez comparable à un dialecte et même au patois avec lequel on peut s’exprimer et qui peut même être particulièrement savoureux. Parmi ceux qui le goûtent il y a certes des bouseux sensibles à mon art et des gens d’un savoir infiniment plus étendu à qui il reste fermé. Moi-même je me suis assez analysé pour savoir que je ne suis pas autre chose qu’un bouseux. Il m’arrive même de dire très sincèrement à des campagnards : « de nous deux c’est moi le bouseux. » Il y a d’ailleurs dans mes dessins du temps où j’en savais encore moins qu’aujourd’hui des choses parfaitement valables. Certains ont même dit avec conviction que l’ignorance ne s’apprend pas. »

 

« Mes sculptures naturelles en bois viennent de s’augmenter d’une nouvelle unité qui est cette fois une personne qui baisse la tête et que j’ai bien envie de baptiser : le Parlementaire vu qu’elle a le bras très long qui est d’ailleurs en bois plus vulgaire et plus corruptible et qui commence même de se désagréger, tomber en poussière. »

 

« En littérature et arts je pense que c’est surtout les à peine dégrossis qu’il faut encourager et pousser à ça car nous les du peuple n’avons que trop tendance à classer l’académisme parmi nos préférences. » 

 

À Jean Dubuffet le 4 décembre 1946 :

« Si votre peinture est si mauvaise qu’on dit je ne saisis pas pourquoi on en parle. Mais on ne parle jamais des mauvais tableaux et lorsque l’on dit que des tableaux sont mauvais ça veut plutôt dire qu’ils sont bons. En critique d’art c’est le silence qui doit traduire par mauvais. Alors je suis bien content que vous m’ayez dit du mauvais de mes tableaux. »

 

Quelques tableaux d'Olivier de Moor.

 

 

Au pays de naissance de Gaston Chaissac, la basse-Bourgogne, Olivier de Moor a du talent, il manie aussi bien le pinceau que le sécateur…
Gaston Chaissac, l’hérétique du marais poitevin
 
Taiseux et graphomane, bouffeur de curé, “peintre de village” et théoricien du style rustique moderne… Dans la maison familiale, sa fille raconte ce père étrange et magnétique.
ICI 

 

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27 juillet 2018 5 27 /07 /juillet /2018 06:00
Pendant vos congepés en Bretagne pour ne pas bronzer idiot mangez au petit-déjeuner des Craquelins de Saint-Malo avec du beurre salé ou des Craq'oeufs d’Antony Cointre…

Pour de nombreux Bretons, les craquelins ont la saveur d’une madeleine de Proust. Ces petits pains soufflés composés de farine de froment, d’œufs, de lait, de malt et de poudre à lever ont marqué des générations entières.

 

Dans le temps, il paraît que les fabricants de craquelins faisaient ça dans leur village et on les appelait alors des maîtres craqueliniers parce qu’ils étaient des sortes de chefs. C’est le roi Louis XIV qui leur a donné la permission par une « charte ». Ils cultivaient eux-mêmes leur blé pour avoir de la farine et ils chauffaient leur four avec le bois coupé dans les forêts environnantes.

 

 

Il ne reste plus que 5 fabricants de craquelins en Bretagne. Tous situés autour de la vallée de la Rance. Ceux de Saint-Malo sont leaders sur le marché. Chaque jour, 100 000 petits pains soufflés sortent de l’usine de Saint-Malo.

 

Le craquelin est écrin pour le beurre salé et c’est encore meilleur quand on le goûte chaud avec du beurre salé dessus qui fond un petit peu ; une bonne confiture de fraises ou d’abricots dans le creux du craquelin c’est aussi une bonne idée.

 

Mais on peut aussi les cuisiner.

 

 

Comment cuisiner les craquelins.

 

La recette des Craq'oeufs d’Antony Cointre

Pour 4 personnes

 

4 craquelins de Saint-Malo (les plus larges et creux)

4 gros œufs biologiques

4 champignons de Paris blonds ou blancs (100 g)

1/2 gousse d’ail

 

La suite ICI 

Pendant vos congepés en Bretagne pour ne pas bronzer idiot mangez au petit-déjeuner des Craquelins de Saint-Malo avec du beurre salé ou des Craq'oeufs d’Antony Cointre…
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17 juillet 2018 2 17 /07 /juillet /2018 09:50
Les Légendes de Mathilde @Sorokine J’y étais. J’ai pris cette photo. Je suis très heureuse.

Les Légendes de Mathilde @Sorokine J’y étais. J’ai pris cette photo. Je suis très heureuse.

Sur Twitter Marcel Sel (@marcelsel) de Bruxelles

 

Un Français me disait ce matin : « on croyait que les Belges étaient super sympas, on découvre qu'ils sont super rancuniers en fait ». Oui, ça se remarque.

 

La vie est Belge @Marjoriecolot6

La France a gagné une étoile sur un maillot...

La Belgique a gagné le respect du monde entier...

La France parle d’elle-même, le monde entier parle de la Belgique

 

La France championne du Monde: comment la presse étrangère a salué le sacre des Bleus

 

 

Un potard ventripotent outre-quiévrain, même pas belge, qui n’a sans doute jamais couru derrière un ballon rond, à même lâché : la France une petite équipe...

 

Quelle aigreur !

 

Moi qui ai tété le lait du jeu à la nantaise, celui orchestré par José Arribas puis par Jean-Claude Suaudeau, joué par un Henri Michel fidèle, que n’ai subi les lazzis de ceux qui m’envoyaient à la gueule que les Canaris n’avaient jamais décrochés de timbales internationales.

 

Le football est un sport d’équipe qui se joue dans le cadre de règles codifiées, avec des arbitres, cette « petite équipe » de France a-t-elle trichée ? A-t-elle cassée du tibia ? A-t-elle pervertie l’esprit du jeu ?

 

La réponse est non.

 

Elle a joué son jeu, pourquoi diable les défenseurs ne sont-ils jamais à l'honneur ?

 

Jules Rimet, l’inventeur de cette Coupe du Monde,  voulait que « les hommes puissent se rencontrer en toute confiance sans haine dans leurs cœurs et sans insultes sur leurs lèvres ».

 

Le fair-play n’est pas inscrit dans l’ADN de certains de nos voisins, je le regrette. Libre à eux de nous trouver arrogants, donneurs de leçons, nombrilistes mais de grâce qu’ils ne profitent pas d’une compétition sportive pour déverser leur bile.

 

Oui la Belgique, et plus encore la Croatie, étaient de belles équipes, je l’ai écrit et j’aurais applaudi si l’une ou l’autre avait décrochée la timbale.

 

Mais n’en déplaise aux mauvais perdants cette équipe de France a gagné c’est que c’était une équipe solidaire, soudée et ce n’était pas couru d’avance avec la collection d’individualités talentueuses et cotées sur le marché.

 

Coupe du monde 2018 : « En route, les gars, on y va tous ensemble », par Pierre Georges

 

L’ex-journaliste du « Monde », Pierre Georges, qui a couvert plusieurs Coupes du monde, traduit mieux que je ne le ferais, comment cette « classe turbulente et vivante », cette « génération surdouée » en est arrivé là.

LE MONDE | 16.07.2018

 

Dans le fond, ce fut comme une révélation. Hilarante et en même temps dantesque. Dans ce fameux stade de Moscou, Poutine avait convié ses hôtes, non pas pour leur asséner, comme chaque soir de match, un admirable concerto de piano mécanique. Non, là, c’était autre : la grandiose remise des prix à la cérémonie Vladimir. Une vraie de vraie avec fanfare, collection de médailles, distribution de diplômes et coupes annexes, buteur espoir du siècle, Ballon d’or jusqu’à la fin des abonnements à vie, sauf trépas sportif. Et, bien sûr, la fameuse Coupe en or massif de la « Maison Jules Rimet, Paris », dont tout pratiquant rêve avant même l’idée de puberté. C’est dire l’horreur de la dépendance, et planétaire celle-là.

 

Notre tsar, incontestablement ravi de l’issue négative pour les Croates, ceux-là mêmes qui avaient éliminé sa Russie, les vit prendre l’ultime potion. Et ce fut pour ainsi dire une alliance franco-russe. Un gang de gamins, Français de partout et fiers de l’être, avait décidé, comme des jeunes, comme une équipe, d’arrêter les conneries, les déguisements, les trajectoires égoïstes de futures idoles des foules, de contrats en pétrodollars et de vie de nabab. Ne serait-ce qu’un moment, ils avaient juré d’aider leur pays à être le pays, la France leur France et réciproquement. Ensemble, faisons un bout de chemin, un bout de bonheur de vivre.

 

C’est un pari de jeunes, le pari d’une génération. C’est un pari de « ouf », diraient-ils. Essayer, comme l’avait écrit un jour Jean Lacouture (1921-2015), de « péter contre le tonnerre ambiant ». Le faire taire un peu, ce malheur collectif que les crétins, augures et prédicateurs, les racistes, les prévisionnistes des mille et une plaies, de la décadence garantie sur avenir et de l’endettement sur commande. Et d’ailleurs, ce pet fit tellement de bruit qu’il finit par estourbir l’orage, qu’on n’ose imaginer croate. Et qu’à la place, on vit le plus joyeux monôme de footballeurs français, déguisés en sac à Coupe aller chercher pour leur génération, l’immense majorité des jeunes Français, un moment d’autre chose que la sinistre assignation à la morosité contemplative : le bonheur.

 

L’équipe chantait au départ comme elle dansait à l’arrivée

 

Laissons Poutine et sa garde récupérer, mais un peu tard, des parapluies pour sauver ses hôtes. Laissons Trump, gougnafier de première, laisser la reine d’Angleterre rissoler sept minutes en plein cagnard, passer la garde en revue avant elle et faire une sorte de sacrilège photographique en un musée royal. Ces gens-là sont hors de notre espérance commune.

 

Ici, un aveu hors de toute modestie : savez-vous comment j’ai imaginé que la France pouvait gagner cette Coupe du monde ? En observant le car, leur car. Ce n’était pas un car à l’américaine, façon school, mais plutôt un car de sécurité en pur blindage. Et, après chaque match, en route vers un hôtel genre forteresse de luxe. Et immanquablement, au départ comme à l’arrivée, l’équipe chantait au départ comme elle dansait à l’arrivée, le personnel au garde à vous au début, hilare et joyeux. Des gens en route vers la félicité, et dans le rire le plus partagé. Signe infaillible de rêve. Pour tout dire cela ne ressemblait pas à un car sud-africain où d’autres s’étaient constitués prisonniers à leur propre connerie collective.

 

Et puis, deuxième signe infaillible : le sort fait aux deux sélectionneurs, Aimé Jacquet et Didier Deschamps, en ligne de mire, l’un comme l’autre, limogeage maintenant ou demain. Bref, le procès permanent fait par des millions de sélectionneurs, gens de métier ou gens de bistrot, agents d’influence, et tous ceux qui se croient oints de la sainte huile footbalistique. C’est la nature même de la passion dévorante du football. Seulement, voilà : Aimé Jacquet a gagné la Coupe du monde en 1998 et occi les cabalistes. Et Didier Deschamps vient de suspendre au lustre moscovite la coalition de ses tourmenteurs. 2 à 0, en bonne arithmétique de nos enfants de France !

 

Mœurs de satrape et procès de fronde

 

On a tout dit, et tout prédit, sur Deschamps : que sa sélection était bancale, que sa visée de jeu n’était pas optimiste, mais Rapetout, point après point, marche après marche. On lui a lancé dans les pattes – et là, c’est de l’infamie – une hypothèse Zinedine Zidane, libre de Madrid et supposé libre pour l’équipe de France. On a organisé, en plein début du Mondial, des sondages : chers Français de France, qui préférez-vous comme sélectionneur national ? Zizou répondit la foule. Et bien, patientez un peu, on embaumera le défunt au premier quart de finale venu, et vive Zizou !

 

Voilà ce joli monde tel qu’il va, avec ses mœurs de satrape et ses procès de fronde. Et voici en face le grand mystère qui nous réjouit ce jour : comment Didier Deschamps a-t-il réussi à convaincre ses jeunes Marie-Louise et ses quelques vieux briscards de se fédérer, d’être vingt-trois au début et vingt-trois à la fin, de leur dire, en somme, « en route, les gars, on y va tous ensemble, je ne peux pas vous promettre de tous jouer, mais de vivre un bonheur commun » ?

Il s’agit, sans aucun doute, du vrai triomphe d’un pédagogue et, derrière lui, d’une ribambelle d’enseignants, de parents, d’éducateurs, de formateurs. Et puis une chose insensée, la découverte d’une génération formidable et surdouée. Mais il ne faut pas exclure une extraordinaire évolution du pédago lui-même, au contact de cette classe turbulente et vivante. Oui, il n’est pas exclu d’imaginer que Deschamps ait été parmi les premiers à avoir vu bouger le bonheur sous leur pied. Et qu’il en soit devenu, à sa manière rude et tendre, « tout chose ».

 

Une femme entrée sur le terrain salue le Français Kylian Mbappé, les Pussy Riot ont revendiqué cette invasion de terrain.

La presse londonienne parle d’une somme de 225 millions pour Hazard et Courtois au Real Madrid
Equipe de France : la victoire du talent

 

Rarement en maîtrise lors de la finale contre la Croatie, les Bleus ont fait la différence sur des inspirations individuelles. L’analyse des « Cahiers du football ».

 

 

Une frappe enroulée de Pogba après des jongles de Griezmann dans la surface. Un missile à rebonds de Mbappé dans la foulée d’une percée d’Hernandez. Et deux coups de pied arrêtés, un coup franc et un penalty obtenu sur corner. Les quatre buts français, mélanges de talent individuel et de savoir-faire sur coups de pied arrêtés, résument bien mieux les forces tricolores que le contenu d’une finale jamais vraiment maîtrisée, loin de la force tranquille dégagée ces dernières semaines.

 

Ce qui ne change évidemment rien au résultat : un deuxième titre mondial indiscutable, remporté par des Bleus qui sont les premiers à boucler la phase finale sans jouer de prolongation, depuis le Brésil en 2002. Et rend particulière toute froide analyse d’un match qui vaut avant tout pour son aspect historique. Comment s’attarder sur le rapport de force, souvent en faveur de Croates qui ont su maximiser leurs forces, sans émettre des réserves forcément inaudibles après un tel succès ? Et que tirer d’une lecture tactique qui, ce Mondial désormais terminé, ne peut même pas servir à prévoir la réussite future ?

 

La réponse la plus simple, et qu’on peut d’ailleurs trouver parfaitement rassurante, est que le football appartient aux footballeurs. Que, peu importent les forces et faiblesses d’une stratégie, la qualité finit souvent par l’emporter. Mais aussi que, dans la lignée des trois sacres européens d’affilée du Real Madrid, la Coupe du monde a confirmé une tendance lourde : les compétitions à élimination directe, traditionnellement plus imprévisibles que les championnats, finissent tout de même souvent par sacrer les équipes qui possèdent le meilleur effectif. Ou, plus exactement, celles qui possèdent le plus de talent aux deux extrémités du terrain.

 

Analyse de Didier Deschamps : « On a des imperfections, aujourd’hui [dimanche] on en a eu aussi, on n’a pas tout bien fait mais on a fait preuve de qualités mentales et psychologiques déterminantes dans cette Coupe du monde où la maîtrise n’a pas suffi. » Qu’il semble loin, ce sacre espagnol de 2010 construit autour d’un milieu qui confisquait le ballon mais avec peu de tranchant à l’approche de la surface…

 

Fébrilité inhabituelle

 

On l’a écrit tout au long de ce Mondial, c’est la solidité de la charnière Varane-Umtiti, pourtant pas toujours rassurante lors des matchs de préparation, qui permettait à l’équipe de France de jouer aussi bas pour contre-attaquer, une stratégie que la vitesse de Mbappé rend létale. Encore une fois, et malgré quelques moments de flottement avec le ballon en première période, les défenseurs centraux ont répondu présent, le Madrilène battant même le record historique de dégagements défensifs sur l’ensemble de la compétition (44). Dans l’autre camp, et là aussi la finale n’a fait que confirmer ce qui se passe depuis un mois, la Croatie a failli sur coups de pied arrêtés, elle qui avait déjà encaissé quatre buts sur cette phase avant les deux de dimanche.

 

Dans cette finale, on a d’abord vu la difficulté de l’équipe de France à gérer un 4-3-3 avec trois milieux techniques, elle qui se retrouve en infériorité numérique dans l’entrejeu si son 4-2-3-1 n’est pas renforcé. Etiré par Modric et Rakitic, qui venaient demander les ballons de manière basse et écartée, le bloc français s’est distendu, la position des stars croates empêchant de poser un calque défensif où le marquage serait naturel. Tantôt libres, tantôt pris par un adversaire sortant de sa position et ouvrant un espace, les dépositaires du jeu croate ont ainsi pu trouver des solutions, à commencer par Perisic, logiquement vainqueur de nombreux duels face à Pavard.

 

On a aussi vu une fébrilité inhabituelle, probablement liée à l’enjeu, qui relativise les limites du plan de jeu initial. Si la Croatie, très agressive à la perte de balle, a privé les Bleus de temps, il a manqué la maîtrise technique à la relance. Ces fameuses séquences où, en quelques secondes, Pogba et Griezmann réussissent grâce à des redoublements d’une folle précision à se libérer de l’étau pour lancer Mbappé. En difficulté pour récupérer les ballons et incapables de se donner de l’espace quand ils y arrivaient, les hommes de Didier Deschamps ont alors endossé un drôle de costume : celui de l’équipe de contre qui ne peut pas contrer.

 

Malgré tout, le score était de 2-1 à la pause, et le but encaissé était venu d’une séquence hautement improbable, enchaînement de duels aériens perdus par une équipe habituellement intraitable dans le domaine. Mener sans briller, mais mener quand même. D’où ces mots de Didier Deschamps après la rencontre : « Les équipes avec le plus de possession ont pratiquement toutes été punies par des attaques rapides, parce que c’est le foot. Si vous savez bien défendre, vous êtes sûr que vous aurez deux ou trois occasions à chaque match, en contre ou sur coup de pied arrêté. » La construction par la défense, rationnalisée par une théorie voulant que toute équipe finisse tôt ou tard par se procurer des situations de but. L’histoire a donné raison au coach des Bleus, d’autant que le troisième but a largement rééquilibré le rapport de force, la Croatie accusant le coup physiquement et psychologiquement.

 

Deschamps, pas idéologue

 

Pas idéologue, le technicien aura essayé et jamais hésité à rectifier le tir, quitte à en faire un implicite aveu d’échec sur le moment. Du changement de système après un premier match raté à la sortie d’un Kanté redevenu humain en finale, Deschamps aura prouvé sa capacité à lire les situations et à rectifier les problèmes, rappelant au passage que le projet de jeu n’a finalement pas besoin d’être spectaculaire et ancré dans l’ADN d’une sélection pour fonctionner. Ces Français qui alternaient entre contres et attaques placées à l’Euro 2016 sont cette fois allés au bout d’une idée réactive, masquant leur manque de créativité avec le ballon face à une défense regroupée par le fait de le laisser et de jouer en transition. Les 34 % de possession en finale sont d’ailleurs le plus faible chiffre enregistré par une équipe à ce stade depuis 1966 et l’apparition des statistiques.

 

Alors il faut féliciter Deschamps, évidemment. Et d’autant plus après les critiques, souvent justifiées tant son équipe a parfois déjoué, mais parfois systématiques, comme si bâtir sur la défense (quand c’est bien fait) était un péché. Mais ce titre mondial, au-delà d’être celui de l’entraîneur, est celui d’un modèle de formation. De compétences d’éducateurs un peu partout dans l’Hexagone qui permettent à une équipe de 25 ans de moyenne d’âge d’être championne du monde en débutant sans un ailier de Barcelone et un milieu du Bayern, et sans même emmener en Russie l’attaquant du Real. Et qui, dans les années futures, pourrait être renforcée par Lenglet ou Laporte derrière et Aouar ou Ndombele au milieu, pour ne citer qu’eux.

 

En faisant sortir des joueurs de leur zone de confort (Pavard latéral, Pogba dans un rôle très discipliné, Griezmann en quasi-numéro 10), le sélectionneur a pris un risque. En acceptant la mission, qui n’était pas forcément de nature à les faire briller individuellement, les joueurs l’ont suivi. Au lieu de se brider, ils ont su se cadrer, séquencer leurs fulgurances. Ils sont désormais champions du monde. Sans rien à prouver mais avec encore tellement à gagner. Joueur, Deschamps avait soulevé le trophée l’année de ses 30 ans. Mbappé ne les aura pas encore au Mondial 2028…

 

Christophe Kuchly, journaliste pour les Cahiers du football

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15 juillet 2018 7 15 /07 /juillet /2018 07:00
Dom Jacques Dupont disciple de Saint Benoît voit rouge « il est interdit d’interdire » de s’envoyer un gorgeon d’Ausone derrière la cravate !

Le  10 février 2016 je commettais une chronique qui n’absout du péché mortel commis dans mon titre, Alain Vauthier me le pardonnera, bien sûr les amateurs éclairés et les licheurs de la LPV réclameront le bucher de la Sainte Inquisition.

 

J’suis snob j'ne fréquente que des baronnes aux noms comme des trombones j’bois de l’Ausone en mangeant du camembert à la petite cuillère…

 

Je plante le décor :

 

  • dans un lieu tenu secret, un antre souterrain, 2 flacons d’Ausone : un 2003 et un 2005 que, sur son fidèle destrier, votre serviteur avaient porté la veille de la rencontre car le 2005, encore très jeune, avait besoin d’être carafé.

 

  • 3 amis, Jacques Dupont du Point, nul besoin de le présenter, Laurent Bazin journaliste à Itélé, blogueur, un peu intermittent ces derniers temps, sur le vin de mes amis et chroniqueur au Point et bien sûr ma pomme.

 

Ce dernier 12 juillet alors  que je passais péniblement le cap des 70 ans le Jacques Dupont prenait le mors aux dents, sabre au clair, il hissait l’étendard de la révolte en proclamant du haut de sa Basse Bourgogne :

 

Lâchez-nous la grappe !

 

« Saint Benoît préconisait, pour ses moines, dans sa règle 40, de boire une hémine de vin par jour (27 cl) ; par contre, il respectait ceux qui ne voulaient pas boire… Continuons sur cet exemple », conseille le Dr Jean-Pierre Rifler.

 

La suite ICI 

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14 juillet 2018 6 14 /07 /juillet /2018 07:00
Travailler moins pour acheter plus de vin ! Vive les jours fériés et les RTT !

Les mauvaises langues, surtout celles de langue anglaise, la teutonne aussi, nous font mauvaise réputation, nous serions les champions du monde toute catégorie du farniente payé en collectionnant les jours fériés, en étant les plus grands bâtisseurs de pont, et cerise sur gâteau amateurs immodérés des très fameuses RTT nées d’une loi « inique » toute droit sortie de la plume de la fille d’un type dénommé Delors. Bref, nous sommes de grosses féniasses, des tire-au-flanc, des embusqués qui ne pensent qu’à leurs congés. Nous sommes tous des « Alexandre le Bienheureux ! »

 

J’écrivais ceci en avril 2012

 

Amateur de chiffres, je me contenterai de mettre en avant que la France compte 11 jours fériés (5 civils et 6 d’origine religieuse) et les USA le gouvernement fédéral proclame 10 jours fériés par an, les allemands en comptent 16 mais leur nombre varient suivant le Land, au Royaume-Uni ils en ont 13 mais les anglais et les gallois n’en ont que 8 ou 9 et ils ne crachent pas sur les ponts, les écossais en prennent 10 comme les Irlandais du Nord. Que la France est bien la fille aînée de l’Eglise de Rome : 6 jours fériés sont d’origine religieuse.

 

La France compte 11 jours fériés, 5 civils le Jour de l'an,  le  1er mai : Fête du Travail, le 8 mai la capitulation de l’Allemagne, la Fête Nationale le 14 juillet, l’Armistice 14/18 le 11 novembre et 6 religieux : 3 à dates variables le lundi de Pâques, le jeudi de l’Ascension, le lundi de la Pentecôte devenu par la grâce de JPR la journée de solidarité envers les personnes âgées, sauf accord différent. Et 3 à dates fixes : le 15 août, la Toussaint 1er novembre et Noël le 25 décembre.

 

Aux USA le gouvernement fédéral proclame 10 jours fériés par an, dont trois Noël , Veterans' Day(Jour des Vétérans): 11 novembre et New Year's Day identiques aux nôtres, le Columbus Day (Jour de Christophe Colomb): 2ème lundi d'octobre, l’Independence Day (Fête de l'Indépendance américaine): 4 juillet, le Labor Day (Fête du Travail): 1er lundi de septembre, le Martin Luther King's Birthday (Anniversaire de Martin Luther King): 3ème lundi de janvier, le Memorial Day (Jour du Souvenir): dernier lundi de mai, Thanksgiving (Jour d'Action de Grâce): 4ème jeudi de novembre. Washington's Birthday (Anniversaire de Washington): 3ème lundi de février.

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