Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
5 janvier 2016 2 05 /01 /janvier /2016 06:00
Carton rouge aux médias : Et si ce buzz d’un typhon dévastateur des vins sans origine n’était qu’un leurre pour mieux cacher le verrouillage des Vin de France ?

Le petit peuple des journalistes généralistes, sur la foi d’une dépêche AFP alambiquée, reprise avec l’objectif évident de faire le buzz par une journaliste du Parisien « Fin de l'indication géographique : avis de tempête dans les verres de vin » ont enfourché l’aubaine comme les moutons habituels qu’ils sont en copiant-collant.

 

C’est normal puisque que dans la presse généraliste tout ce qui concerne le vin est sous-traité à des grands nez très portés sur un consumérisme fort commercial qui vise à attirer des annonceurs. Il ne faut donc pas s’étonner que les journalistes en titre gobent le premier leurre venu.

 

Et c’en était bien un, bien gros, mais si attirant !

 

La vieille RVF s’est elle aussi contentée de reproduire la dépêche AFP même si sur Europe 1 Olivier Poëls tempérait l’emballement avec des arguments qui n’étaient pas les bons.

 

En bon lou ravi libéral Jean-Baptiste Noé, historien et écrivain, rédacteur pour la revue de géopolitique Conflits et chroniqueur à l'Opinion, entonne le « sonnez hautbois, résonnez musettes ! »

 

« Cet assouplissement est une petite nouveauté. Elle change surtout les mentalités : elle apporte plus de liberté aux vignerons, elle permet de développer les vignobles sans indication géographique, et elle ouvre le vignoble vers l’extension, et non plus la régression comme il le connaît depuis vingt ans. À cela s’ajoute l’assouplissement de la loi Evin et la possibilité de mieux parler du vin dans la publicité. 2016 s’ouvre donc sur de belles perspectives viticoles ! »

 

Embrassons-nous donc Foleville, tout va très bien madame la marquise dans le monde du vin français qui va pouvoir enfin mettre le Cap sur le grand large en plantant des vignes pour produire du raisin sans origine !

 

Mais où donc vont être plantées ces vignes ?

 

Dans le Nord-Pas de Calais, la Normandie ou la Bretagne en lieu et place du maïs et des prairies…

 

En théorie oui sauf que « les autorisations de plantations nouvelles pour les vins sans indication géographique (IG), les indications géographiques protégées (IGP) et les AOC, ne devront pas excéder 1 % des plantations des Etats-membres, chaque année. Soit 8.000 hectares maximum pour la France, avec la possibilité de mettre en place des contingents par bassins de production. »

 

C’est le sieur Despey, coopérateur languedocien, qui préside le conseil spécialisé des vins de FranceAgriMer qui le dit.

 

Et puis, implanter une vigne ce n’est pas comme semer du blé :

 

« Pour planter un hectare, entre les pertes de récolte et les coûts de plantation, il faut compter entre 25.000 et 30.000 euros. Avec aucune aide européenne ! Alors que les replantations seront, elles, aidées à 50 %. Il faut être sûr des débouchés commerciaux… »

 

Alors pourquoi tout ce raffut ?

 

Tout bêtement pour détourner l’attention sur le fait que le système est verrouillé dans les grands lacs de vignes que sont Bordeaux et le Languedoc-Roussillon !

 

Les Échos posent la question à Despey : « Cette réforme concerne également les vins sans indication géographique. Les producteurs du Languedoc-Roussillon pourraient-ils revenir sur ce marché ? »

 

« Je ne pense pas. Sur 13,5 millions d'hectolitres, la récolte 2015 ne compte que 4 % de vins sans IG. Je ne vois pas comment, dans cette région, on va faire des vins sans IG, avec, pour les producteurs, des autorisations à tenir jusqu'en 2030, sans être adossés à des garanties contractuelles des metteurs en marché. Ce serait suicidaire. Le nouveau système s'applique autant sur les IGP, les AOC que sur les vins sans IG. »

 

Du côté de Bordeaux 1 ha sur 400 pour les vins sans origine, y’a pas à dire ça sent le raz-de-marée…

 

2 précisions pour nos journalistes parisiens et régionaux ignares de la chose du vin  :

 

- La France a beaucoup arraché de vignes, surtout dans le Languedoc-Roussillon, mais elle a aussi toujours planté de nouvelles vignes, parfois trop comme à Bordeaux et à Cognac, dans les zones AOC devenues AOP et dans les vins de pays devenus IGP.

 

- Les fameux vins sans IG ne sont pas une nouveauté ils sont les successeurs des vins de table et surtout, depuis le basculement, ils peuvent être étiquetés Vin de France avec mention du cépage et du millésime.

 

Et c’est sur ce dernier point que les choses fâchent les grands mamamouchis qui disent piloter notre grand vignoble : ces putains de Vin de France chers aux naturistes échevelés.

 

Ils ne sont certes qu’une goutte d’eau dans le fleuve des vins français mais comme l’AOC et l’IGP sont des revendications le producteur qui sollicitera une autorisation pour des plantations IGP ou AOC pourra basculer vers le sans IG s'il le souhaite, mais pas l'inverse.

 

En clair :

 

- J’ai 1 vignoble classé AOP ou IGP je peux faire du Vin de France à ma guise.

 

- Je sollicite 1 autorisation pour planter de nouveaux ha AOP ou IGP cette faculté de faire du Vin de France reste dans le champ de mes possibilités.

 

- Je sollicite 1 autorisation pour planter de nouveaux ha en VSIG je pourrai faire des Vins de France mais pas d’AOP et d’IGP.

 

Le système est donc bien verrouillé.

 

C. LIMITATIONS POUR LES VSIG

 

VSIG - départements 67 et 68 : 0,1 ha

 

VSIG - départements 54, 55, 57 et 88 : 0,5 ha

 

VSIG Bassin Val de Loire zone 1 (Centre Loire) le département 18 en totalité et les départements 36,45 et 58 en partie, conformément à la liste des communes de la zone 1 précisée ci-dessous : 1 ha

 

VSIG Bassin Val de Loire zone 2 (dept 41, 44, 49 et 86)  75 ha

 

VSIG Bassin Val de Loire zone 3 - autres vignobles Les départements 79,72,37,85,03,63 en totalité et les départements 36 et 45 en partie, conformément à la liste des communes de la zone 3 précisée ci-dessous : 5 ha

 

VSIG Aire géographique AOP CHAMPAGNE les communes de l'aire géographique de l'AOP Champagne 0,1 ha

 

VSIG Bassin Vallée du Rhône Provence Tout le bassin hors les communes du département du Gard situé dans ce bassin : 50 ha

 

VSIG - département 33 : 1 ha

 

VSIG - départements 24 et 47 : 25 ha

 

Ces chiffres font vraiment frémir, sèment la terreur tout particulièrement en Champagne avec ses 0,1 ha pour les Coteaux champenois... La Bérézina quoi !

 

Du côté South of France ils s'en tamponnent le coquillard vu qu'ils pratiquent depuis des lustres les joies de la mixité...

 

Lorsque Despey déclare « … pour ma part, je continuerai à produire un IGP Pays d'Oc. On n'est pas compétitifs sur les vins sans indication géographique, car les metteurs en marché n'ont pas contractualisé sur des volumes suffisants. Et nos terroirs de plaine ne sont pas adaptés à ce type de production. » il a tout à fait raison sauf que notre vignoble presque 100% origine produit des vins en grande partie vendus à 2 balles dans la GD !

 

Compétitivité vous avez dit compétitivité !

 

Nous raisonnons, appuyés sur 1 marché domestique encore très important, alors que nous sommes un pays très exportateur, comme si nous vivions dans un système fermé.

 

Réduire la gestion du potentiel de production à une petite tambouille administrative franco-française abritée derrière une ligne Maginot est le plus sûr moyen d’enkyster le système et de ne pas le préparer à l’évolution des tendances de la consommation.

 

La grosse usine à gaz ICI ne fera que conforter les situations acquises et alimenter une ressource soi-disant d’origine mais qui ne débitera que des vins formatés, cousins germains des vins industriels sans en avoir la rentabilité.

 

Et pendant ce temps-là les ODG traqueront les affreux jojos qui ne veulent pas entrer dans le moule de leur dégustation réductrice…

 

Pour quel bénéfice ?

 

Même pas le leur avec des vins qui finiront chez Lidl !

 

Récemment, avec une amie, nous nous sommes retrouvés dans un bar lambda, nous avons choisi de boire un verre de Sancerre. Pour être gentil disons que ce fut un petit blanc sans intérêt… si c’est cette insignifiance que l’on souhaite il ne faudra plus s’en prendre au père Évin ou à ses frères constipés de l’ANPAA si notre belle jeunesse préfère se licher des vins nus estampillés vin de France.

 

Si je peux comprendre la hantise en Languedoc du retour d’un vignoble pissant l’hecto pour un négoce prédateur, j’ai beaucoup plus de mal à admettre l’acharnement déployé par les zinzins AOP contre la production de vins à faible rendement, bien vendus, dit vins nus.

 

Si la peur de la surproduction obsède vraiment les grands régulateurs du vignoble AOP je me permets de leur signaler qu’ils ont à leur disposition un outil principal très puissant dans les vins d’origine : la fixation annuelle des rendements et un autre pas si accessoire qu’on le prétend : la chaptalisation.

 

Beaucoup de bruit pour rien sauf la démonstration d’un mal bien français : l’enfumage au nom de grands principes !

 

Le plus drôle dans cette affaire c’est que la majorité des vins sans origine seront estampillés Vin de France. Franchement notre identité fout le camp !

 

L'interview d'Olivier Poussier par un journaliste d'E1 Pierre de Vilno ci-dessous est la démonstration que l'intervieweur ne balance que des lieux communs, il ne connait rien au dossier, c'est niveau café du commerce, alors qu'Olivier Poussier tente vaille que vaille de remettre les pendules à l'heure...

Carton rouge aux médias : Et si ce buzz d’un typhon dévastateur des vins sans origine n’était qu’un leurre pour mieux cacher le verrouillage des Vin de France ?
Partager cet article
Repost0
4 janvier 2016 1 04 /01 /janvier /2016 06:00
C’est la faute à UBER si votre boîte mail fut encombrée hier matin à 6 heures…

Chers abonnés,

 

Vraiment désolé pour la gêne occasionnée par cette intrusion massive, je vous prie de bien vouloir m’en excuser.

 

Alors que je dormais du sommeil du juste et que j’avais déposé sur ma table nuit ce que l’on n’appelle plus un téléphone je fus réveillé par une suite ininterrompue d’arrivée de message. 6 heures c’est l’heure de la mise en ligne de mes chroniques.

 

Je m’inquiète et je constate les dégâts ma chronique se duplique sans discontinuer.

 

Je me précipite vers mon grand écran. J’ouvre la boîte d’administration et verrouille les envois.

 

36 messages dans ma boîte mail, le mal était fait.

 

Comme nous étions dimanche je m’inquiétais pour la suite car tous bons français mes hébergeurs sont en week-end. Leur demander de réparer leur petit robot c’était pisser dans l’eau.

 

Subir sans pouvoir agir tel est le risque de confier à des robots des tâches autrefois contrôlée par sa main.

 

Au tout début de mon blog tel était le cas.

 

Que faire avec la prolifération de cette sous-traitance aveugle ?

 

Reprendre la main ?

 

Pourquoi pas !

 

Dans le cas présent l’incident est mineur mais lorsque nos vies dans un avion sont en grande partie entre les mains d’ordinateurs de bord, les conséquences d’un dérèglement sont d’une extrême gravité.

 

Bref, la société uberisée  que l’on nous promet ne me dit rien qui vaille.

 

« ... nous nous trouvons apparemment à la croisée des chemins. Soit la technologie servira à consolider l’actuelle société centrée sur le travail, en confinant nos enfants (et leurs enfants) dans une masse grandissante de “personnes jetables” n’ayant aucun rôle social ou économique, soit elle sera mise au service d’une société différente. Une société qui libérera du temps au lieu de le gaspiller en en nous obligeant à patienter dans la salle d’attente d’une agence pour l’emploi ou à gagner péniblement notre vie en menant une “carrière en portefeuille” [portfolio career, plusieurs jobs à la fois].

 

Nous sommes en train de réaliser que le travail n’est plus une question de survie biologique – envoyer des courriels à longueur de journée dans un bureau n’a pas grand-chose à voir avec l’activité d’un chasseur-cueilleur – mais une invention qui n’est pas gravée dans le marbre. »

 

Si l’incident se reproduisait pour le postage de mes chroniques je reprendrai la main.

 

Bonne journée avec mes excuses renouvelées…

Partager cet article
Repost0
1 janvier 2016 5 01 /01 /janvier /2016 06:00
« Si le monde explosait, la dernière voix que l’on entendrait serait celle d’un expert expliquant que la chose est impossible. » BONNE ANNÉE !

Ce bon mot de Peter Ustinov constitue pour moi une arme de dissuasion massive contre la formulation de vœux pour l’année qui commence.

 

L’an passé je m’y étais risqué et aux deux bouts de l’année : l’horreur, qui nous semblait lointaine, rien que pour les autres, nous a rattrapé !

 

«Quarante-sept années de vie commune fracassées. J'oscille entre insomnies et cauchemars, sidération et déni, enfermement et colère, obsédée par cette question : comment une scène de guerre a-t-elle pu se produire, en France, dans les locaux d'un journal satirique ?» Maryse Wolinski.

 

 

  • Le Vendredi 13 Novembre 2015 à 19h30 EAGLES OF DEATH METAL EN CONCERT LE VENDREDI 13 NOVEMBRE 2015, BATACLAN, PARIS 50 Bd Voltaire. Y aller en covoiturage avec Blablacar…

« C’était un supplice interminable » 

 

« Quand nous sommes arrivés en face de la salle de concert, on pouvait distinguer la scène illuminée du dehors. Au Bataclan, tu passes cinq mètres et tu atterris directement dans la salle… Les tirs ont commencé à retentir à la septième chanson, “Kiss the Devil”, environ 35 minutes après le début du concert. On a entendu des coups de feu, les gens ont commencé à crier et étaient pris de panique. Il y avait des flashs, des éclairs, derrière lesquels se dessinaient des silhouettes. Il était difficile de s’apercevoir du nombre de blessés ou tués. Le noir emplissait la salle. Le public s’est allongé par terre dès les premiers tirs. On s’est ensuite relevé, il y a eu un deuxième mouvement de foule. Les gens disaient ” Il faut se barrer”, certains se sont précipités vers la sortie la plus proche et on eut la chance de pouvoir s’échapper… Les tirs ont repris, la foule s’est jetée à nouveau à terre. C’est à cet instant que l’attente interminable a débuté. La tête contre le parquet, on a évité d’émettre le moindre son et mouvement pendant plus d’une heure pour éviter de se faire repérer »

 

Et il eut, bien sûr, un après… un bien étrange après qui me trouble, me déconcerte, me fait douter de notre capacité à retrouver, en notre vieux pays, le vivre ensemble, le bien vivre ensemble par-delà nos différences et nos convictions.

 

Cédant à nos peurs, serions-nous devenus des handicapés du cœur ?

 

Tout devient prétexte à déchirures, à invectives, à exclusion, au repli sur soi… les réseaux sociaux charrient des tombereaux d’ordures… les urnes débordent de bulletins nauséabonds… les médias courent après l’audience en tendant leurs micros à ceux qui font le plus de bruit… nos intellectuels se mirent dans leur miroir… nos dirigeants ne pensent plus, ils se vautrent… et nous que faisons-nous ?

 

Vivre en bonne intelligence !

 

Votre serviteur qui se dit que le bout de la route se rapproche a bien du mal à vous souhaiter, à nous souhaiter, une bonne année 2016.

 

 

Et dire qu’en 2008 je chantais l’année des mots bleus… 

 

Partager cet article
Repost0
31 décembre 2015 4 31 /12 /décembre /2015 12:15
La version vin de « Comment ça va ? »

Comme je suis un bon garçon en ce dernier jour de l’année j’ai décidé d’amorcer la pompe de votre jeu « comment ça va ? » en vous proposant les réponses des plus hautes personnalités du monde du vin. Si j’en ai oublié vous pouvez compléter.

 

Bien sûr, avec les people, les politiques, l’ami Onfray vous aurez sans souci du grain à moudre pour le gui l’an neuf…

 

Michel Rolland : « Je manque d’oxygène. »

 

Pierre Lurton : « Comme un Cheval ! »

 

1 caviste alternatif : « Ça goûte bien ! Ça sent le purin...»

 

Stéphane Derenoncourt : « Comme un rock ! »

 

Denis Saverot : « Demandez à ma belle-mère »

 

Hubert de Boüard de Laforest : « Comme une cloche ! »

 

B&D : « 100/100 »

 

Isabelle Saporta : « Demandez à mon avocat ! »

 

Bernard Magrez : « Comme un Pape ! »

 

Alexandre Bain : « Ça baigne. »

 

Jacques Dupont : « Je m’Invigne ! »

 

Le blogueur de l’année 2015 de la RVF : « Je MANIFESTE… »

 

Pierre Castel : « Comme un Vieux Pape ! »

 

Le futur blogueur de l’année 2016 de la RVF : « Je jouis ! »

 

Philippe Sereys de Rothschild : « C’est le Cadet de mes soucis.»

 

1 buveur de vin nu : « Pile, poils ! »

 

La blogueuse de l’année 2014 : « ELLE va bien ! »

 

Partager cet article
Repost0
30 décembre 2015 3 30 /12 /décembre /2015 07:00
Et si la Romanée-Conti faisait des bulles de Bourgogne ?

Pure provocation ou simple interrogation ?

 

Ce qui m’a décidé à écrire cette chronique ce sont les délires des journalistes suite à la mise en place au 31 décembre 2015, des autorisations de plantation qui remplacent les droits de plantation. La mesure s’accompagne du dézonage du vignoble français : il devient donc possible de planter des vignes sur tout le territoire.

 

Fin décembre, les professionnels de FranceAgriMer ont validé officiellement cette décision européenne prise en 2007 et entrée en vigueur vendredi.

 

Rien de vraiment nouveau sous le soleil puisqu’il s’agit de donner l'autorisation aux vignerons d'étendre leurs vignes déjà existantes ou d'en planter de nouvelles dans un contingent : chaque année, la surface viticole nationale pourra ainsi croître de 1 %. Soit 8 057 ha supplémentaires pour 2016.

 

Je signale à la gente journalistique qu’en France on a toujours planté, parfois à l’excès dans de grandes appellations Bordeaux et Cognac, de nouvelles surfaces de vignes. Donc vraiment je ne vois pas où est le loup dans la bergerie.

 

Alors écrire comme dans la Croix que «Pour la première fois en 2016, les viticulteurs français vont pouvoir étendre leurs vignes ou en planter de nouvelles.» en dit long sur la capacité des journalistes à travailler leur dossier. C'est faux. mais bon qui lit encore dans la presse ce type d'article ? Pas grand monde !

 

Et tout le monde reprend en boucle la même antienne : crédibilité zéro...

 

La novation c’est que théoriquement il sera possible de le faire partout en obéissant aux règles édictées pour les AOP, les IGP et les VSIG.

 

Oui, oui chers journalistes les VSIG ça existait déjà...

 

« Dans certaines régions, les plantations de nouvelles vignes seront automatiques. Dans d'autres, nous déciderons de les limiter», prévient Jean-Luc Dairien, directeur de l'Inao (Institut national de l'origine et de la qualité) qui, avec FranceAgriMer, instruira les demandes. Les conseils régionaux des zones concernées pourront aussi imposer un plafond de développement des surfaces plantées. »

 

Bref, le risque de voir la vigne coloniser les nouvelles régions fait partie des fantasmes que certains aiment à cultiver.

 

Je cite :

 

« Mais en Champagne, où les viticulteurs sont très sourcilleux en ce qui concerne leur territoire, des guerres de tranchées s'annoncent pour que la Picardie et son vin blanc ou rosé ne viennent pas piquer la vedette au renommé vin effervescent. » Le Parisien

 

« Ce qui inquiète le monde viticole français, c'est qu'on puisse planter des vignes n'importe où sans tenir compte du terroir, du sol ou de l'ensoleillement. Cela conduirait à abaisser la qualité de la production nationale et à écorner l'image de marque des vins français, notamment à l'export. Dans le vignoble champenois, on s'étrangle déjà de voir arriver de mauvais vins effervescents sur le marché. » France 3 Bourgogne.

 

Moi je m’étrangle de rire.

 

Il suffit de se promener dans la capitale pour contempler les publicités de 2 marques d’effervescents sans indication géographique : Kriter et Charles Volner.

 

La maison Castel vient de lancer des bulles d’Oc sous sa marque La Roche Mazet

 

 

Les bulles ont la cote : « En cette période de fêtes de fin d'année une boisson ne manque sur aucune table de France et de Navarre : le Champagne. Traditionnelle boisson du Réveillon, notamment, avec laquelle on trinque, elle est de plus en plus menacée par son "équivalent" italien, le Prosecco. Ce dernier se vend beaucoup plus en termes de quantité, mais ne dépasse pas son grand frère en valeur. » 

 

Bref, à force de jouer à se faire peur on raconte des grosses bêtises.

 

S’il suffisait de planter des vignes n’importe où pour bien vendre du vin effervescent ou non ça se saurait !

 

L'important c'est de boxer dans sa catégorie et, dans un marché ouvert, la frilosité à la française augure bien mal de l'avenir... Nous nous payons de mots et ce ne sont pas des contingents nationaux qui nous préserveront du dynamisme de nos concurrents italiens et espagnols.

 

Mais laissons les soucis d'avenir de côté, nous adorons les lignes Maginot, pour arriver là où je veux en venir depuis le début. 

 

Et si la Romanée-Conti faisait des bulles de Bourgogne ?

 

Pourquoi poser une telle question quasi-sacrilège ?

 

Explication :

 

 

Pour étayer ma démonstration je vous propose de consulter une publicité d’un site de vente de vin en ligne que j’ai reçu hier.

Et si la Romanée-Conti faisait des bulles de Bourgogne ?
Et si la Romanée-Conti faisait des bulles de Bourgogne ?
Et si la Romanée-Conti faisait des bulles de Bourgogne ?

Louis Picamelot Crémant de Bourgogne Un magnifique crémant aux bulles persistantes ! 13,00 euros

 

Janisson Baradon Champagne Brut Beaucoup de raffinement pour cette cuvée ! 22,50 euros

 

Brimoncourt Champagne Extra Brut Équilibre et générosité pour cette cuvée extra brut ! 40,00 euros

Qu’est-ce qui justifie une telle différence de prix entre un Crémant de Bourgogne et le Champagne ?

 

La notoriété de ce dernier, ses marques mondiales, et comme la notoriété ça ne se bâti en profitant de l’opportunité d’une libéralisation encadrée de l’extension du vignoble c'est la démonstration en vrai grandeur de l'inanité des craintes évoquées par nos gratte-papier.

.

Et pourtant la Champagne et la Bourgogne se touchent via le plus grand village en nombre d'ha de Champagne : les Riceys.

 

Et pourtant Chardonnay et Pinot noir règnent dans les deux régions en maîtres.

 

Et pourtant la méthode traditionnelle utilisée pour élaborer le crémant c’est la méthode champenoise que les Champenois ont exigé de détenir en exclusivité.

 

Et pourtant je ne parle pas des rendements, ça pourrait fâcher.

 

Et pourtant la Bourgogne est aussi prestigieuse que la Champagne.

 

Bref, sans offenser la fierté champenoise j’affirme tranquillement qu’il y a sur le marché un nombre, que je ne saurais évaluer, de champagnes sans intérêt et un nombre de crémant de Bourgogne excellents.

 

Mais Louis Bouillot ça fait un peu péquenot face à la Veuve Clicquot.

 

Alors, si vous voulez bien vous reporter, chers journalistes, à ma chronique sur la fixation des prix j’espère que vous aurez enfin compris que vos craintes sont de purs fantasmes.

 

On ne vend pas du vin comme des choux et des navets ou comme du blé : prière de lire Braudel !

 

Et j’en reviens à mon titre, certes, provocateur : Et si la Romanée-Conti faisait des bulles de Bourgogne ?

 

Qu’Aubert de Vilaine me pardonne ce ne serait en rien déchoir que de faire des bulles de Bourgogne en ce terroir prestigieux mais tout simplement remettre les pendules à l’heure légale. Donner des lettres de noblesse à un produit qui, sans les avoir eu de naissance, les a acquise par son excellence.

 

Merci à Carole Colin du restaurant Les Climats, la meilleure ambassadrice des bulles de Bourgogne, de m’avoir soufflé cette question qui dérange…

 

Démonstration magistrale de l'excellence des Crémants de Bourgogne par Carole sur des plats de Julien Boscus le chef des Climats et de Grégory Mourer, le pâtissier dans la vidéo ci-dessous :

 

 

Partager cet article
Repost0
22 décembre 2015 2 22 /12 /décembre /2015 06:00
Le nouveau classement de St Émilion est à l’OMC, avec l’inclusion de critères hors-terroir, du pain béni pour les lawyers anglo-saxons…

Rappelez-vous la chanson de Guy Béart LES GRANDS PRINCIPES !

 

Et les PETITS ARRANGEMENTS… avec bien sûr de BONS SENTIMENTS...

 

Par-delà le jugement sur l’affaire du dernier classement de St Émilion opposant des plaignants, exclus de celui-ci, à l’État, il n’en reste pas moins vrai que, sur le fond du règlement du classement, le cahier des charges de l’AOC « saint-émilion grand cru » homologué par le décret n°2011-1779 du 5 décembre 2011, JORF du 7 décembre 2011, le ver est toujours dans le fruit.

 

Selon les juges du TA de Bordeaux tout a été fait et bien fait… dans les formes… Le jugement souligne « la légalité de la procédure d’élaboration du règlement de classement et la qualité des travaux de la commission de classement »

 

Dans son communiqué l’INAO pousse un large soupir de soulagement tel Ponce Pilate : « près de trois ans après la fin des travaux de classement des vins de Saint-Émilion « Grand cru » (…) un jugement du tribunal administratif de Bordeaux vient de valider les propositions formulées en 2012. Par cette décision, le tribunal administratif confirme la validité de la démarche suivie, la fiabilité des procédures mises en place, la rigueur avec laquelle elles ont été appliquées. »

 

Mais sur le fond, motus, les gardiens du temple de l’INAO, en bons Tartuffe qu’ils sont, ferment les yeux sur la tripotée de critères, hors terroir, inclus dans le règlement de classement du Grand Cru à la sauce Sainte Émilionnaise.

 

Comme le constate avec humour un bon expert, Jacques Dupont : « Tout cela validé par l'Inao, l'institut national des appellations d'origine, dont la vocation, nous semblait-il, était davantage de garantir l'origine justement, les terroirs, plus que de certifier la présence d'hôtesse et de salle de séminaire... » 

 

Mais rappelons que pour être un grand cru il faut d’abord être un cru tout court.

 

« Faut-il redire que ce classement des St Emilion n'a rien à voir avec un classement de terroirs comme en Bourgogne – ce que je regrette à titre perso – mais dont le but était de mettre en avant des domaines prêts à offrir une nouvelle approche de la clientèle. »

 

C’est signé Mauss non suspect de Bordeaux bashing.

 

Nous sommes donc dans une stricte affaire de biseness : comment mieux draguer une certaine clientèle ?

 

Mais alors que vient faire le bras armé de l’État dans cette affaire ? Pourquoi ces signatures ministérielles au bas d’un décret pour officialiser une procédure de classement ? Est-ce bien nécessaire et surtout n’est-ce pas une faille, un coin introduit dans les grands principes de l’AOC, au nom de petits arrangements entre amis ?

 

Il va m’être répondu que le classement de St Émilion a toujours été de cette nature. J’en conviens aisément mais la dernière mouture accentue plus encore ses vices originels. De plus, nous ne sommes plus entre nous, dans notre étroit hexagone si habitué aux petits arrangements, mais confrontés aux débats au sein de l’OMC sur la protection de nos AOP. Alors attention de ne pas nous donner des verges pour nous faire fouetter par les merveilleux chicaneurs que sont les lawyers étasuniens.

 

Vu par ces ardents défenseurs du droit des marques nous sommes face à des marques : les châteaux saint-émilionnais en l’espèce, qui viennent, tels des poussins, se réfugier sous l’aile de mère poule : l’État via l’INAO, pour faire acter une procédure qui devrait relever du droit privé. Belle acrobatie juridique certes mais qui, à mon sens, vide de sa substance nos belles pétitions de principes sur la supériorité du terroir.

 

Les beaux chais, la qualité de l’accueil, la communication via le cinéma, et patati et patata sont des valeurs commerciales que nos concurrents du Nouveau Monde peuvent mettre en avant et exploiter tout comme nous qui souhaitons faire acter par l’OMC la spécificité de nos châteaux.

 

À mon sens, c’est agir avec beaucoup de légèreté que de persister à mettre sous la coupe du droit public une procédure de strict droit privé.

 

La référence au classement de 1855, fait par des courtiers, est sans objet, c'était en un temps où l'AOC était dans les limbes, l'INAO même pas en gestation. Ce classement est une antiquité dont certains songent à la faire classer au Patrimoine de l'UNESCO.

 

Celui de StÉmilion, taillé sur mesure sous la houlette des principaux bénéfiaires, n'a rien à devoir ni de près ni de loin à l'INAO. Les partisans du trop d'État n'aiment rien tant que de revendiquer son aide quand ça les arrange. Ce type de classement doit être le fit d'un club qui définit et gère ses règles de notoriété. En relevant du droit privé il s'éviterait des contentieux longs et de nature à jeter du discrédit sur les motivations de ceux qui en profitent.   

 

 

Je l’ai déjà écrit, je persiste et je signe.

 

« N’en déplaise à ceux qui se pavanent en traitant ceux qui ne pensent pas comme eux d’esprits faibles, sous-entendant ainsi qu’ils sont des esprits forts, en dépit de la signature de 2 Ministres en bas de cet arrêté, les critères du nouveau classement de saint-émilion sont contestables en droit public. L’Etat n’a pas à cautionner une pure opération commerciale qui débouche sur un enrichissement patrimonial. Ce type de compétition, je le répète relève du droit privé, de la liberté des parties de se soumettre à des règles qu’ils se sont données.

 

Il est très important de rappeler que le texte de l’arrêté du 6 juin 2011 a été rédigé par le syndicat de saint-émilion sous l’œil bienveillant de l’INAO, puis approuvé par le Comité National de l’INAO avant d’être soumis à la signature des 2 Ministres qui n’ont eu pour seule alternative : signer le texte en l’état ou le rejeter sans pouvoir d’amendement. »

 

Je sais, ou me doute, que mon point-de-vue n’intéresse plus personne dans les hautes sphères mais, en revanche, il est jugé digne d’intérêt en d’autres lieux. Et si j’occupais ma belle retraite en mettant ma vieille expérience des AOC au service de ceux qui ne les transforment pas en « chiffons de papier »

 

En cette fin d’année j’y songe sérieusement car je suis un drôle d’oiseau… et qui plus est une belle perruque blanche couvrirait ma tonsure originelle... Ce serait d'un chic so british !

 

Quelques chroniques traitant du classement de Saint-Émilion :

 

ICI

 

 

aussi ICI

 

et encore là 

 

et encore ICI

Partager cet article
Repost0
21 décembre 2015 1 21 /12 /décembre /2015 07:51
De l’amour des hommes, il y en a en chaque vigneron, on ne fait pas du vin sans amour : signé Don Saverot et ceux qui « feraient mieux de cultiver des carottes » comment le font-ils ?

Quand arrêtera-t-on de nous faire prendre des vessies pour des lanternes avec ce type de discours unanimiste ? Faut vraiment arrêter de prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages.

 

Je m’explique !

 

« Et puis, au détour d’une interview entendue lors de l’émission « On va déguster » sur France Inter voilà que cette star du VIIe arrondissement s’érige tout d’abord en juge inflexible : pour lui 90% des vins français valent au mieux le caniveau pour ensuite mieux se dresser en un procureur impitoyable pour qui les producteurs de ces vins feraient mieux de cultiver des carottes, pour enfin délivrer du haut de sa suffisance une sentence sans appel : 10% des vins français sont dignes d’être admis dans le Gotha des petits marquis du vin. »

 

Qui est donc cette star ?

 

Le 127e du classement de la RVF : le sommelier prodige Enrico Bernardo chronique du 20 juillet 2010 

 

5 ans après peut-être a-t-il mis un peu d’eau dans son vin de caniveau ?

 

Mais les 35e et 36e Boris Calmette : la voix des coopérateurs et Joël Castany : le phénix de Vinadéis qu’en pensent-ils eux ?

 

Et le Gérard le 46e qu’en pense-t-il, lui qui source dans les coopés de son Languedoc

?

Et Mr Farges 41e le Bordelais qui monte à Bruxelles, tout est bon dans le Bordeaux, comme dans le cochon ?

 

Et Marc Sibard le 66e « des vins industriels sont trop souvent présentés comme des vins de terroir. »

 

Et Olivier Bourdet-Pees le 119e l’héritier de l’homme au béret de Plaimont ?

 

Qui les achète ?

 

Papy Castel le 4e et le père Joseph l’alsacien invisible 6e

 

Qui les vend ces 90% ?

 

Le 13e Laurent Delpey pour Carrefour.

 

Les 52e Didier Coustou et Stéphane Berty pour le beau MEL.

 

Le 53e Jean-François Rovire chez Système U.

 

Le 88e Patrick Scheiber pour ce cher Pierre Chanau.

 

Le 174e Emmanuel Gabriot pour Monop.

 

Lisez-moi bien, il y a de la place pour tout le monde mais comme cette canaille de Talleyrand le disait fort bien « on ne sort de l’ambigüité qu’à son détriment. »

 

La dilution par extension du domaine de l’AOC-AOP et des IGP nous mène tout droit à l’uniformité.

 

L’amour certes mais avec des degrés dans la passion…

 

J’avoue en avoir ma claque de ce genre de couplet racoleur !

 

Et dire que l’on se gargarise en ces temps difficiles de la faillite des élites.

 

Dans Confessions d'un chasseur d'opium, Nick Tosches explique à propos du vin que : « C’était autrefois la boisson noble et sans apprêt des paysans nobles et sans apprêt – des paysans bien plus nobles et compétents que ces connards bourrés de fric qu’on escroque en leur faisant croire que le vin appelle d’autres commentaires que "bon", "mauvais" ou "ferme ta gueule et bois un coup" »

 

Partager cet article
Repost0
18 décembre 2015 5 18 /12 /décembre /2015 06:00
Le classement de la RVF des 200 personnalités du vin c’est vraiment à la gueule du client…

«Le feuilleter est presque aussi revigorant qu'un verre de chablis. À la lecture, ce palmarès des 200 personnalités les plus influentes dans l’univers du vin est comme un élixir dynamisant, un concentré d’optimisme, de fierté, avec même les arômes délicats d’une certaine prospérité que l’on ne rencontre plus tous les jours en France

 

Le regard de la RVF « … est tout sauf matérialiste. Nous célébrons ici des savoir-faire, le goût de la transmission, l’amour des hommes (il y en a en chaque vigneron, on ne fait pas du vin sans amour), pas simplement des fortunes professionnelles ni des comptes en banque bien remplis. »

 

Amen !

 

C’est signé du Révérend Père Denis Saverot.

 

« Ils sont 200 personnalités incontournables de la viticulture française. Ceux par qui leur passion, leur puissance économique, leur inventivité font prospérer le vin français dans l’Hexagone et au-delà.

 

La presse fourmille de classement, le plus souvent fondé sur la fortune ou le chiffre d’affaires. Par sa dimension civilisationnelle, culturelle, artistique et humaine, le vin dépasse ces critères certes objectifs mais arides. Nous avons donc décidé de fonder notre palmarès des 200 personnalités du vin sur la notion d’influence. C’est-à-dire en essayant de mesurer le rayonnement de leur action professionnelle sur leurs clients, leurs concurrents, au sein même de leur entreprise et aussi, naturellement, en évaluant l’efficacité de leur travail pour promouvoir le vin français.

 

C’est justement cette notion d’influence qui fait cohabiter dans un même palmarès de « simples » vignerons tels que Thierry Germain (169e), qui cultive 28 ha de vignes dans la Loire, ou Anselme Selosse (62e), qui produit 57 000 bouteilles par an en Champagne, avec Pierre Castel (4e) qui revendique 640 millions de bouteilles par an.»

 

C’est ainsi que commence le papier de présentation du palmarès de la RVF

 

  • Les incontournables de 1 à 50

  • Les influents du vignoble de 51 à 150

  • Il faut aussi compter sur eux de 151 à 200.

 

Ces 3 dénominations me font sourire, il est simple de contourner un incontournable croyez-moi, surtout si, comme les deux premiers, Bernard Arnault et Alexandre Ricard, il n’y a guère de chance de les croiser sur les chemins du vin français ; les influents, eux, sont souvent, comme les intrants, il est possible de s’en passer sans prendre de risques démesurés ; enfin les 50 petits derniers apprécieront le aussi. Mais, ceci écrit, ne comptez pas sur moi pour affirmer que, parmi les 200 certains, n’ont pas leur place ou que leur rang est injustifié. Même si je me dis que pour une fois les absents sont bien contents de ne pas en être.

 

Ce qui me pose question c’est :

 

  • La notion d’influence.

  • La légitimité d’un jury, composé pour la plus large part de dégustateurs, pour mesurer le rayonnement des élus et évaluer l’efficacité de leur travail.
  •  

Dans notre beau pays, le plus bel et le plus vieil outil de mesure de l’influence est le Who’s Who, tu en es ou tu en n’es pas, et tu es classé par ordre alphabétique quel que soit ton poids spécifique. On te demande si tu veux en être, si oui tu rédiges ta notice et tu n’as pas intérêt à la bidouiller comme beaucoup de CV.

 

Bref, je trouve affligeant ce genre de classement qui repose en grande partie sur la gueule du client, avec tout ce que cela comporte comme arrière-pensée de retour sur investissement. Quant aux notices, signées par l’un des classificateurs, certaines valent leur pesant de cirage de pompes, d’hypocrisie – celle de B&D a la gueule d’une notice boursière – ou de mauvaise foi.

 

Tout ça n’a guère d’importance mais à force de se payer de mots on les dévalue ce qui n’est pas sans conséquence dans le peu de crédit qu’accordent les citoyens-consommateurs à leurs décideurs, à leurs médias.

 

L’influence c’est quoi ?

 

Depuis toujours, des hommes cherchent des voies et moyens pour obtenir d'autrui un acte ou un consentement, sans menace ni contrepartie, mais simplement en modifiant sa perception ou son opinion. Force de la persuasion, gagner les cœurs et les esprits, prestige de l’image, storytelling propagande, publicité, lobbying, diplomatie publique ou d'influence stratégique... et maintenant d’e-influence.

 

Cela s'appelle l'influence.

 

La relation d'influence s’exerce :

 

  • Dans un rapport entre individus : par l'attraction ou la séduction de son image ou de son exemple, par des paroles convaincantes, par divers stratagèmes…

  • Dans un rapport social : toutes les croyances communes, habitudes, normes, stéréotypes..., tout que nous recevons de notre groupe ou de notre milieu, tout ce qu'il y a de collectif en nous témoigne à un degré ou à un autre d'une influence : une part énorme de notre vie psychique nous a été inculqué ou suggéré, même s'il nous est désagréable de l'admettre.

En sens inverse, des minorités actives peuvent réussir à imposer leurs idées ou valeurs, à renverser des conservatismes ou conformismes et faire adopter leur nouvelle norme à une majorité comme si elle avait toujours pensé ou désiré cela dans le tréfonds de nous-même…

 

  • dans un rapport politique : des élus sur leurs électeurs par la propagande ou la communication politique pour gagner leurs votes et conquérir le pouvoir ; des électeurs sur les élus via les médias, associations, ONG, manifestations, groupes d'intérêts… pour peser soit directement, soit via l'opinion publique sur l'exercice effectif de ce pouvoir. Ce n'est pas par hasard que l'on parle de groupes de pression ou d'influence.

  • dans un rapport stratégique, entre les différents « acteurs » dont les volontés s'opposent : chacun recherche la victoire en utilisant au mieux ses atouts. Gagner ! Des parts marchés. Des clients. Sceller des alliances. OPA. La guerre économique. L’espionnage économique. Obstacles aux échanges. Protectionnisme. Droits des marques…

  • Dans un rapport « idéologique » d'influence de propagation de l'idéologie. C’est le combat pour gagner des têtes. La notion même d'idéologie implique expansion et conversion, processus où les moyens de faire croire ne sont souvent pas moins importants que le contenu de la croyance contagieuse.

L’idée que l’influence est inséparable de l’action économique, ou, si l’on préfère qu’il est aussi important de communiquer que de produire ou de vendre n’est pas exactement nouvelle.

 

Désormais, l'entreprise doit mobiliser des relais dans l'opinion pour susciter une forme d'adhésion, notamment : envers l'image qu'elle souhaite incarner en mettant en avant ses valeurs par les méthodes dites de storytelling où elle formule son histoire, une saga dans laquelle ses salariés et ses consommateurs se reconnaissent.

 

L’intelligence économique, l'acquisition de l'information stratégique, la veille mondiale, la protection et le contrôle de l'information sensible, sont d’une grande importance dans le poids spécifique de leur influence sur les marchés financiers et commerciaux, sur les décideurs politiques de tous niveaux, nationaux, mondiaux, OMC, UE, multi et bilatéraux, sur les experts, les agences… Ce sont les actions de lobbying qui consistent à agir par l'information sous toutes ses formes - argumentation, séduction, négociation... pour obtenir des détenteurs de l'autorité une loi, un règlement ou une décision favorables.

 

« L'influence dans le domaine économique fait désormais interface entre l'économie au sens classique (la production, la répartition et la consommation de ressources rares) et deux autres domaines fondamentaux de l'activité humaine. D'une part, la politique : l'acteur économique cherche à modifier en sa faveur certaines décisions qui, en principe, ne devraient être régies que par les critères du Bien Commun. D'autre part, qu'il s'agisse de rendre ses produits plus désirables, d'améliorer ou de protéger sa propre image, toute stratégie économique intègre des facteurs non quantifiables, culturels ou sociaux : des "courants" de consommation, des attitudes face à l'entreprise ou à certaines formes de production, des comportements en réponse au risque (technologique, écologique, éthique), de nouvelles formes d'expression, mais aussi des modes inédits de socialité... »

 

Ceci écrit, et sans que l’on sache très bien dans ce classement qui influe sur qui ou sur quoi, il est légitime de se poser la question comment les notateurs de la RVF ont-ils procédé pour mesurer le rayonnement des récipiendaires et évaluer l’efficacité de leur travail ?

 

Mystère !

 

Pour classer, il est nécessaire de peser, de noter, d’évaluer, donc sans être mauvaise langue il est possible d’imaginer que, tel le grand Bob, nos classeurs se sont basés sur une notation sur 100. Il serait plaisant d’accoler cette note en vis-à-vis de chaque nom. Pour ne froisser personne, ce n’est vraiment pas le but de l’exercice, sauf pour le Dr Rigaud qui clôt - rien à voir avec le champagne - la liste, l’utilisation du ½ point s’impose.

 

Je plaisante à peine.

 

Pour le reste il vous suffit, comme moi dans la douleur, de vous délester de 6,50€ afin d’acquérir ce numéro dans lequel Antoine Gerbelle est encore dans l’Ours : viré depuis !

 

Quelques commentaires de dégustation :

 

  • Les Ministres passent, Le Foll (151e) Jérôme Despey (3e) comme les fonctionnaires reste… c’est la règle mais ce n’est pas pour autant que le monopole de la FNSEA sur la vigne ait apporté un nouveau souffle sur celle-ci.

  • Lolo (23e), le héros de la COP 21 et grand organisateur de pinces-fesses au Quai, qui est plutôt tango au coude à coude avec le bad boy de Bordeaux (24e) qui lui est à 1000% rock-and-roll.

  • Les coopérateurs d’Oc, Boris&Joël, le grand retour : Calmette (35e) et Castany (36e) les frères ennemis de l’Aude et de l’Hérault embrassons-nous Foleville !

  • Exit le grand Jacques des pays d’Oc au profit du bien pâle porte-serviette Simonou (42e)

  • Alain Vauthier (75e) le discret stratège de Saint-Émilion, ha, ha… il ne mentionne plus sur sa prestigieuse étiquette le classé A accordé à des galapiats… sacré Alain !

  • Jacques Dupont (112e) l’infatigable arpenteur des petites appellations de l’Hexagone (sic) et allié du groupe de lobbying Vin&Société (re sic) pour Vino Bravo. Vraiment torchée cette notice.

  • Antoine Arena le patriarche de Patrimonio (137e) ho, ho… avec le jeune Simeoni aux manettes à Ajaccio peut-être qu’Antoine prendra la peine de descendre chez les sudistes.

  • Antonin Iommi-Amunategui, le blogueur fort en gueule, l’animateur de la nuit des vins nus, n’est que (191e) presqu’à la queue, normal… alors que la madame qui l’a précédé au palmarès elle est passée à la trappe.

Mais où est donc passée Isabelle Saporta ?

 

Moi je l’aurais bien vu ex-aequo à la 28e place au plus près de l’homme aux bottes blanches et au petit sécateur.

 

Et Miren de Lorgeril, la lauréate Entrepreneure de l'année de la Tribune Women's Awards 2015 –

 

Caramba un gros raté !

 

Pauvre Christian Paly le président de l’INAO vins n’en est pas, est-ce à dire que l’INAO compte pour zéro il n’y a qu’un pas que je ne franchirais pas au vu des ennuis des recalés de la dégustation. Mais bon la RVF ne s’attache pas à ces petits détails de la vie vigneronne puisque pour elle le renouveau du bio c’est Chapoutier et Gérard Bertrand. Ne riez pas camarades cavistes alternatifs amateurs de vins nature Denis Saverot passe de temps au Jeu de Quilles pour vous caresser dans le sens du poil.

 

Je m’en tiens là, il y a tant et tant dans ce classement de pépites porteuses de beaux encarts et de présence salonarde que, si je perdurais dans mes railleries, mon ami JP. Lubot en serait bien fâché. Comme la dernière fois je lui ai fait voisiner la porte de Marie-Claire ce ne serait guère charitable.

Faut pas fâcher à la veille de Noël « paix sur la terre aux hommes de bonne volonté… »

Partager cet article
Repost0
17 décembre 2015 4 17 /12 /décembre /2015 06:00
Du piment, au Pérou. REUTERS/Enrique Castro-Mendivil

Du piment, au Pérou. REUTERS/Enrique Castro-Mendivil

Plutôt que de vous défouler sur votre clavier en postant des brassées de «casse-toi, pauvre con !» ou autres amabilités de la même eau sur le mur de vos « amis » de Face de Bouc ; de faire des « bons mots » à l‘apéro chez Momo le bistrotier conservateur des brèves de comptoir ; de vous empailler avec vos collègues à la cantine de votre boîte autour d’un steak frites d’origine indéterminée ; de vous engueuler avec votre beau-père, votre gendre ou le papy qui votent avec leurs pieds ; je vous conseille de faire séminaire ou retraite avec vous-même en vous retirant dans votre cuisine.

 

Le rouge vous est monté au front alors saisissez-vous d’une poignée de piments, rouges bien sûr !

 

Coupez-les violemment en rondelles et jetez-les brutalement dans une poêle où de l’huile d’olive grésille…

 

Faites-les revenir sauvagement avec une ou deux gousses d’ail !

 

Déjà, je sens que vous allez un peu mieux, pendant que l’ail se colore vous suez votre rage, elle s’apaise, votre courroux se dissous, votre colère blanche rejoint la planche où vous envoyez baller les gousses rousses.

 

Et pendant ce temps-là dans un grand faitout, où l’eau bout, salée d’une ample poignée, les penne ne sont pas à la peine, elles dansent une folle barcarole avant d’être balancée al dente dans la passoire.

 

L’heure est aux tomates pelées que vous désincarcérez de leur boîte avant de les mixer ou de les émietter pour les balancer dans la poêle avec les piments rouges

 

Le geste vous défoule, face à vous tout est nappé de rouge, broyez vivement du poivre et du sel, ça calme, puis cool feu doux pour le tout un bon quart d’heure.

 

Vos penne al dente ont cessé de danser alors faites-les sauter dans la poêle, jouez du poignet c’est excellent pour être zen.

 

Platée avec doigté, vous êtes calmé...

 

Avant de râper du pecorino romano ou du parmigiano reggiano sur vos penne, vous pouvez encore proférer vos dernières grossièretés.

 

Expulsion !

 

Respiration !

 

C’est fait vous venez de vous préparer des penne de la colèreLes penne all’arrabbiataL’arrabbiata : l’enragée !

 

Buon appettito!

 

Librement inspiré  de La vraie (vraie) recette des penne all’arrabbiata par Floriana

 

Cristiana Galasso è Feudo d’Ugni

 

Les penne all'arrabbiata | Mario Batali

 

Mes penne all'arrabiata à moi 

 

Tout vient de chez Alessandra : le vin, les pomidori, les piments et le pecorino romano

Les pominodori dont des pominodori del Piennolo del Vesuvio, les fraîches sontde plein champ serres froides de Sicile qui normalement sont mûres en février mais vu la chaleur elles sont chez AlessandraLes pominodori dont des pominodori del Piennolo del Vesuvio, les fraîches sontde plein champ serres froides de Sicile qui normalement sont mûres en février mais vu la chaleur elles sont chez Alessandra
Les pominodori dont des pominodori del Piennolo del Vesuvio, les fraîches sontde plein champ serres froides de Sicile qui normalement sont mûres en février mais vu la chaleur elles sont chez Alessandra

Les pominodori dont des pominodori del Piennolo del Vesuvio, les fraîches sontde plein champ serres froides de Sicile qui normalement sont mûres en février mais vu la chaleur elles sont chez Alessandra

At 2 a.m., it’s almost impossible to say no to spicy. Clockwise from top left: Spicy 3-Minute Calamari, Penne All'Arrabbiata and Spicy Shrimp Sauté.

At 2 a.m., it’s almost impossible to say no to spicy. Clockwise from top left: Spicy 3-Minute Calamari, Penne All'Arrabbiata and Spicy Shrimp Sauté.

Partager cet article
Repost0
16 décembre 2015 3 16 /12 /décembre /2015 06:00
Touche pas à mon Derain !

Attendu que je n’ai de comptes à rendre à qui que ce soit…

 

Attendu que je n’organise aucun salon, que je ne chronique dans aucun magazine ou spécial vins, que je ne fais pas la chasse aux encarts publicitaires…

 

Attendu que je ne fais pas de ménages…

 

Attendu que je n’ai pas de prix…

 

Attendu que je n’ai que peu de goût pour le concubinage constant de l’Administration avec la Profession agricole…

 

Attendu que j’aime ma petite planète, ses vers de terre, ses petites bestioles, ses fleurs et ses herbes folles…

 

Attendu que j’aime boire bon et sain.

 

Selon une jurisprudence bien établie je m’occupe de ce qui ne me regarde pas.

 

Aujourd’hui je le fais parce que, par-delà le cas d’espèce de Dominique Derain, se pose un problème de fonds : le droit protège-t-il un métayer face à un propriétaire qui désapprouve ses choix ?

 

 

Dominique Derain pratique la biodynamie, c’est son choix, ce que n’a pas eu l’heur de plaire au propriétaire de la parcelle de vigne cadastrée AD 152 lieu-dit « En Vosne » de 1802 m2 AOC Gevrey-Chambertin.

 

L’EARL Derain la loue en vertu d’un bail en métayage de 9 ans, depuis 1995, à un lointain GFA du nord de la France.

 

Que ce propriétaire, un héritier, n’aima pas les vins de Derain c’est son droit, mais je ne vois pas au nom de quoi il est venu chercher des poux sur la tête de Dominique, sauf à ce que la pratique d’une viticulture respectueuse de son environnement se révéla moins juteuse pour lui que celle que l’on qualifie bien rapidement de conventionnelle.

 

Je ne sais je ne pratique plus les baux ruraux et je ne fais aucun jeu de mots Dominique…

 

En 2006, il en fut pourtant ainsi, procédures à l’encontre de Dominique Derain pour aboutir le 29 octobre 2008 à un protocole d’accord signé entre les deux parties, qui prévoyait que Dominique Derain devait libérer sa parcelle après la vendange 2015.

 

Pour faire quoi de ces terres ?

 

-  Que le propriétaire les cultivât lui-même ?

 

-  Bien sûr que non, tout simplement les confier à un autre locataire plus docile, plus conventionnel quoi…

 

Et c’est là que notre droit, avec la complicité de l’Administration et des Organisations Professionnelles agricoles, ne protège en rien les choix culturaux de Dominique Derain. Des choix qui sont bons pour notre petite planète et qui participent à la notoriété de la Bourgogne dans un monde normalisé.

 

En effet, alors que le protocole d’accord ne l’empêchait pas de postuler pour une nouvelle attribution, l’Administration a oublié de l’en prévenir. Tiens donc ! Je ne vous parlerai ni de passer la salade pour recevoir la rhubarbe, c’est déjà pris.

 

Comme le fait remarquer avec pertinence Dominique Derain « Il faudra m’expliquer comment un domaine qui a déjà le double de ma surface de production, possédant des Grands crus, des 1ier crus et des appellations villages sur Gevrey-Chambertin est prioritaire sur mon exploitation.

 

« J’attire votre attention sur le fait que cette parcelle de 28 ares (surface minimum reconnue selon les critères de la SAFER pour permettre de vinifier dans de bonnes conditions) va se retrouver amputée des 2/3. Je suis propriétaire des 10 ares restants. »

 

Voilà le problème posé, outre que cette parcelle, hautement valorisée par Dominique Derain dont les vins sont reconnus et appréciés par la restauration et les amateurs, va quitter le petit monde de la viticulture propre, celle hautement souhaitée par Aubert de Vilaine pour assoir la réputation des Climats de Bourgogne, pour retomber dans le marais de la viticulture conventionnelle.

 

Un confetti, un timbre-poste, me rétorquera-t-on !

 

Peu me chaut c’est la méthode que je conteste, et je la conteste d’autant plus qu’elle se fait sous le couvert de la puissance publique.

 

C’est pour cette raison, alors que les lions sont lâchés : Dominique Derain vient de recevoir une assignation en référé devant le TGI de Dijon à l’instigation de son bailleur, que je mets mes petits pieds dans le plat.

 

Amis de la Toile soyons solidaires, mobilisons-nous et déclarons « Touche pas à mon Derain ! »

 

Affaire à suivre…

 

 

Partager cet article
Repost0

  • : Le blog de JACQUES BERTHOMEAU
  • : Espace d'échanges sur le monde de la vigne et du vin
  • Contact

www.berthomeau.com

 

Vin & Co ...  en bonne compagnie et en toute Liberté pour l'extension du domaine du vin ... 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



 

 

 

 

Articles Récents