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11 septembre 2006 1 11 /09 /septembre /2006 00:02

Quand on se prénomme Sully, sans le vouloir on transporte avec soi des images de labourages et de pâturages, bucolique évocation d'une France jardinée si bien vue du ciel par Yann Arthus-Bertrand. Pour Sully Ledermann, démographe français, homme de comptes donc, la postérité n'a retenu que son patronyme accolé au concept dur, au sens se science dure, de loi ; ça fait sérieux, béton, même si en l'occurrence la "loi de Ledermann" n'en est pas une.

En 1956, Sully Ledermann, publiait un ouvrage en deux volumes intitulé "Alcool, alcoolisme,alcoolisation". Dans son chapitre V : " Mesures du degré d'alcoolisation alcoolique d'une population" l'auteur expose une hypothèse. Il entend démontrer que la consommation moyenne d'alcool d'une population en détermine la proportion de buveurs excessifs. Le problème qu'il a tenté de résoudre est le suivant : nous connaissons, pays par pays, la quantité d'alcool pur consommé par an et par habitant, ou plus exactement la quantité totale consommée divisée par le nombre d'habitants de tous âges. En revanche, nous connaissons mal la distribution.

Notre démographe formule donc une théorie entendant démontrer que la consommation moyenne d'alcool d'une population détermine le nombre de buveurs excessifs (la proportion de buveurs excessifs augmentant selon le carré de la consommation moyenne en suivant une distribution log gaussienne). Cinquante ans plus tard, cette hypothèse, baptisée loi de Ledermann, continue d'être martelée par les ayatollahs d'une politique de santé publique aussi verbalement autoritaire qu'inefficace pour fonder la lutte contre l'alcoolisme. On est entre scientifiques, des gens sérieux, pas des gens qui vivent d'un produit dangeureux, circulez y'a rien à voir même si Gauss doit se remuer dans sa tombe en les voyant utiliser sa théorie pour des distributions biologiques. Quant à l'autre Got, toujours prêt à se drapper dans l'éthique, nous lui serions reconnaissant de bien vouloir nous expliquer au tableau la pertinence de la théorie de Ledermann.

Alors, pourquoi diable me direz-vous, des gens d'apparence sensée, qui tous les jours se frottent à des malades, dont la mission est importante, peuvent-ils véhiculer de telles contrevérités ? La réponse est simple : parce que ça les arrange. Ils ne peuvent s'afficher prohibitionnistes, alors ils disent qu'il faut générer des abstinents pour que le nombre d'alcooliques chute automatiquement. C'est simple : s'il n'y avait plus de voiture sur les routes il n'y aurait plus d'accidents de la route. Alors que, on l'a constaté récemment, la lutte contre les comportements à risques a fait baisser le nombre de morts sur les routes. Oui mais ça c'est dur, difficile, il faut aller jusqu'aux causes et ne pas se contenter de préconiser une société d'interdit et d'irresponsabilité.

Avancer masqué est le pire comportement dans la sphère du bien public. Je cite le père de la lutte contre le tabagisme " c'est un des problèmes du discours actuel sur les addictions ; ce discours englobant s'est construit à partir d'une logique de santé publique : on y parle beaucoup du besoin d'éviter le passage à l'usage, de l'usage à l'abus et de l'abus à la dépendance..." La prohibition pointe son nez " dans une optique stricte de santé publique, les alcoologues ont l'habitude de se référer à la loi de Ledermann ; le meilleur moyen d'utiliser la loi de Ledermann est d'interdire la consommation..."

La dernière parution sur la consommation des jeunes est là pour rappeler à ces messieurs que la réalité ne se plie jamais à une fausse loi et que si l'on veut convaincre le corps social, l'aider à vivre dans un monde difficile, ce n'est pas avec de la pseudo-science mais avec des approches où les principaux acteurs se parlent, s'expliquent et agissent. Comme dirait l'autre on ne peut faire la paix qu'avec son ennemi alors messieurs, même si vous n'aimez pas la modération, venez vous asseoir au Conseil de la Modération, n'en déplaise à une " journaliste " du Monde vous y êtes majoritaire à la condition de ne pas y pratiquer la politique de la chaise vide.

 

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9 septembre 2006 6 09 /09 /septembre /2006 23:12

Ses autres femmes : la petite Fougère et la grande Lucienne, avisées par lui en mots choisis de ses embrasements, face au buisson ardent s'étaient retirées sur la pointe des pieds. Elles attendaient. Il leur reviendrait. De cette plante en pot entièrement refaite en 3D, belle et dangeureuse, avec ce visage immobile comme sculpté dans la cire, Clairette avait dit à Lucienne " chez elle tout est faux, son visage parfait elle l'a choisi sur un ordinateur avec son chirurgien, alors voilà, on va vous faire des pommettes hautes, comme ça, en silicone, on va raccourcir le nez et rajouter un peu de menton pour l'équilibre du profil, très bien les yeux, mais on peut opérer une très légère incision sur les tempes histoire de rehausser la ligne du sourcil, qu'en pensez-vous, quelques injections de Botox pour glacer l'ensemble, pour les dents vous verrez avec mon collègue..."

Léon les prenait souvent au téléphone et leur racontait des histoires qui les faisaient rire. Elles s'inquiétaient de sa santé. " Tu devrais sortir... Faire un peu d'exercice..." En leur répondant " qu'il était en apnée dans sa bulle " il pensait " de l'exercice j'en fais..." mais, toujours aussi délicat il se gardait de toute allusion à ses ébats. Au dehors les paparazzis guettaient les allers et venues de la belle Carlotta. Au milieu d'eux s'étaient glissés un détective privé payé par l'époux délaissé et un officier des RG mandaté par la rue des Saussaies pour surveiller les retombées de cette ébullition. Tous les ingrédients d'une bombe à retardement s'accumulaient. Le petit Pochon s'en foutait. Enfant il rêvait d'épouser une princesse, de vivre un conte de fées alors il se fichait pas mal des échotiers qui eux rêvaient d'étaler sa belle siliconée sur leur papier glacé. Pour être franc c'est lui qui avait vendu la mèche aux rédacs chef des torchons en question.

Des journées entières au lit, calé à une muraille d'oreillers, l'ordinateur portable wifi sur ses cuisses, Léon écrivait. A toute heure du jour et de la nuit le service d'étage lui portait des platées de gratin de nouilles qu'il mangeait avec ses doigts. Il carburait au Pontet-Canet. A cinq heures pétantes du matin il engouffrait son jus d'orange pressé, ses oeufs brouillés au bacon, sa tartine de pain beurrée couverte d'une fine tranche de Tomme corse, son bol de café bouillant sans sucre. Ensuite, il passait un long moment sur le trône en lisant la presse nationale et internationale du jour d'avant. Allégé et guilleret, fenêtre grande ouverte, nu comme un ver, il se tapait cent pompes puis se douchait. S'installait. Ecrivait. A neuf heures Carlotta s'annonçait. En peignoir éponge blanc il l'accueillait encore tiède de la couche matrimoniale, lui déposait un baiser sur son beau front et retournait dans le mitan du lit. Carlotta lui allumait une cigarette, la seule du jour, une Craven A. Dévêtue elle se posait en tailleur à son côté. Depuis plus d'une semaine Léon s'abstenait.

A suivre, au week-end prochain...

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9 septembre 2006 6 09 /09 /septembre /2006 19:50

Dans le Landerneau des présidents - périmètre étroit, aussi surpeuplé qu'une favela de Rio ou un métro aux heures de pointe, mais en plus douillet, pour preuve peu d'entre eux ne se bousculait pour quitter le cocon - le départ inopiné du petit Pochon souleva une houle de contentement, un énorme soupir de soulagement proportionnel à l'énormité de la trouille éprouvée par les chefs du troupeau. Bien sûr ils n'en laissèrent rien paraître même si certains d'entre eux, les prévoyants, ceux qui n'insultent jamais l'avenir, tout aussi fau-culs que les autres, se fendirent d'un communiqué où ils regrettaient qu'un élément aussi prometteur que Léon Pochon fasse défaut à la viticulture nationale au moment où celle-ci se trouvait confrontée à une crise d'une gravité exceptionnelle ; sous-entendu on ne quitte pas le navire en pleine tempête quand on est capitaine.

Les plus futés, les curieux et les anxieux, s'interrogeaient : quelle mouche avait donc piqué l'ambitieux ? S'ils avaient connu la réponse ils seraient tombé sur le cul. Le dard d'une mouche n'était pour rien dans la volitisation de Léon car c'était la flèche de Cupidon qui lui avait transpercé le coeur ; ça c'était la version eau de rose. La réalité, plus charnelle, se déclinait dans des rets lisses et incandescents : les interminables cuisses d'un ex-top model au tempérament de feu. Depuis leur rencontre au bar du Raphaël le petit Pochon passait ses nuits et ses jours dans une suite du George V, dormant le jour, ferraillant la nuit - si je puis me permettre de résumer ainsi son apostolat - la belle se révélait insatiable. Toute maigre, toute blanche, un blanc de lait fin et soyeux, c'était une haute tige androgyne au regard flou de myope qui gommait un peu la dureté de l'ensemble. L'addiction était totale, du type Chabalier avec la boutanche.

 

Elle était mariée, mariée à une figure de mode très Rive Gauche, mèche au front et débat d'idées en kit incorporé, beaucoup de mots mais les phéromones de la belle pousse réclamaient bien plus que ce dont le bien doté des neurones pouvait lui offrir. Léon, lui, répondait présent, inventif, libre, insoucieux des habituels clichés en vigueur dans ce genre de huis-clos, tel un virtuose sûr de son art il alternait partition et improvisation, figures libres et figures imposées. Carlotta la mante, celle dont les femmes bafouées disaient " qu'elle a couché avec la terre entière..." et que " si elle ne revoyait pas ses ex elle ne verrait personne..." semblait, pour une fois, en position de faiblesse, accro elle aussi. Une dominante dominée par un adepte de la non domination, c'était le monde à l'envers, tout ce que Léon adorait : prendre son monde à contre-pied.

A suivre, à demain...

note de bas de page : les entre guillemets sont des citations...

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8 septembre 2006 5 08 /09 /septembre /2006 08:02

Hier au soir chez Christie's la traditionnelle soirée du Point pour son Spécial Vins : le Ministre, je salue Jean Edouard son chauffeur, puis Philippe Séguin : je lui donne du monsieur le Premier Président, il se marre. Comme dab ya du beau monde, même l'ex juge Halphen. Une première station chez les vignerons de Châteauneuf du Pape, souvenirs de ma mission : il suffit de regarder leur bouteille pour savoir de quel " camp " ils sont. Les gars du Muscadet m'offrent un verre. Une bise à Patricia : le temps de l'Hotel de Lassay, une autre bise à Catherine Pégard, je soigne mes abonnées. Avec Michel Chapoutier, autre abonné qui se proclame berthomophile, nous parlons de René et des pesanteurs de notre petit monde. En partant je fourgue mon blog aux deux Claude, Imbert et Allégre. Merci Jacques pour ta fidèle attention.

Alors ce matin, comme ça, pour rien, pour changer de mes litanies sur le vin qui comme les litanies de la semaine sainte tombent dans le silence profond de l'indifférence, j'ai envie de vous parler de mon riz au lait que je confectionne avec du lait cru de vache jersiaise de Bernard Gaborit www.bernardgaborit.com un agriculteur bio du Maine-et-Loire.

 

Pour faire du bon riz au lait faut d'abord du bon lait et du bon lait c'est rare. J'en prends deux litres. Dans le faitout je mets pas tout, je garde un petit fond de lait froid. Pendant que le lait chauffe à feu doux je fends une gousse de vanille Bourbon, de la vraie, bien dodu et luisante, stockée dans un tube de verre. Je gratte la fente et disperse le coeur vanillé. Sur ma balance de ménage je pèse du riz blanc rond. Quand le lait frémit j'y jette le riz. Je brasse avec une cuillère en bois. Attention à ne jamais racler le fond du faitout. Faut du temps, le temps de penser : une cuisine est un bon lieu pour agiter ses idées. Bon ça prend de la consistance alors je saupoudre du sucre roux, comme ça, au pif. Sur la fin je fais buller le riz pendant 1 à deux minutes puis je coupe le feu et je jette le reste de lait froid. Opération capitale pour l'onctuosité. Je verse mon riz dans un moule. Frigo et plus tard démoulage. A feu doux je fais fondre du chocolat de ménage. Je nappe. Refrigo et puis bon appétit.

 

Ya pas à dire c'est meilleur que du riz Nestlé en petit pot, et moins cher, le marketing ça coûte du pognon, ça pas beaucoup de goût, mais qui a encore le temps de passer du temps devant ses fourneaux...Moi car j'ai toujours pris le temps même quand j'en avais pas. Bon ceci dit, en dehors du riz au lait cru de vache jersiaise je vous ai concocté une petite surprise pour le week-end. Pour les plus courageux, ceux qui prendront du temps pour aller sur mon blog, ils trouveront un revenant. Pour les abonnés yaura pas de message comme dans la semaine. Bon on verra bien si ce rebondissement à du succès. Bon riz au lait cru de vache Jersiaise (pour les ignares en vache ce sont ces Jersiaises des "usines" à crème) Allez bon wek !

 

Note de bas de page : le riz rond est de Camargue mais la cuillère n'est pas en bois d'olivier car mes amis de South of France ne n'ont jamais fait de cadeau... 

Pensez à aller sur le blog samedi et dimanche pour être surpris ! Faites de la pub pour le blog si vous l'aimez !

 

  

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7 septembre 2006 4 07 /09 /septembre /2006 07:11

                   GERARD DEPARDIEU

                          VITICULTEUR

C'est écrit tout en bas d'une pochette 22x16, très classe, sous neuf portraits originaux, non signés, de bonne facture, de notre Gégé national.

Vite je pioche dans le Robert à viticulteur : " personne qui cultive la vigne pour la production du vin "

Alors j'imagine d'abord Gérard en bourgeron au cul de son cheval tenant les manchons de la décavaillonneuse dans ses vignes d'Aniane où il s'est substitué aux envahisseurs US chassé par l'intraitable Aimé Guibert ; et puis, un autre jour, en salopette bleue le cul sur son tracteur enjambeur en pleine lutte raisonnée dans le Blayais ; enfin en canadienne dans le froid piquant d'un petit matin d'hiver jetant dans un brasero les sarments tout juste taillés. Te fâche pas Gérard, je te chambre un peu, mais faut pas te faire de mourron t'es pas une exception beaucoup de viticulteurs présidents sont dans ton cas, ils sont plus souvent le cul dans le fauteuil de leur bureau que sur le siège de leur tracteur. Toi tu fais l'acteur, eux je sais pas toujours ce qu'ils font, peut-être aussi du cinéma.

Et puis je sors de mon rêve éveillé et j'ouvre la pochette, feuillette une à une les fiches et que lis-je sur les étiquettes présentées :

- Gérard Depardieu propriétaire à Fours Côtes de Blaye 2 ha, à Mendoza Argentine 1,5 ha,

- Gérard Depardieu acteur propriétaire de vignobles Lussac Saint-Emilion 1,3 ha, à Aniane Coteaux du Languedoc 3 ha, Toro Espagne 4,2 ha, Priorat Espagne 5 ha,

- Ma Vigne en Haut-Médoc 2 ha,

- Ma Terre en Pays d'OC 3ha,

Mon Vin du Maroc à Guerouane 4 ha,

- Gérard Depardieu Douro 2 ha.

Ben dit donc pfut ! plus de viticulteur. Ce sont les amateurs de vins de propriétaires qui vont être contents même si les vins de notre viticulteur mondialisé sont sans nul doute des vins de salariés vendus par un négociant renommé Bernard Magrez. Pour ce qui est des prix, sacré non de diou de bon diou, je les garde pour moi car, tant que je n'ai pas goûté Confiance, Ma Vérité, Référence, mi Diferencia, le Bien Décidé, Lumière, Sine Nomine, Spiritus Sancti tous ces nectars de notre acteur propriétaire de vignobles, je ne peux que garder un silence respectueux face à leur poids en euros.

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6 septembre 2006 3 06 /09 /septembre /2006 08:13

 

Mes petites histoires de godasses ont mis de l'animation sur le blog.

 

C'était le but. Tout est parti comme souvent de pas grand chose. Début août je rentre de vacances. Remettre des grolles normales après trois semaines de tongs me pèse. Alors passant à vélo dans le quartier des Halles - l'ex ventre de Paris, le trou bouché des Halles devenu un haut lieu de la consommation des banlieusards drainés par le RER - je tombe en arrêt devant une vitrine de pompes de sport. J'entre, montre du doigt la paire qui me plaît. Je dis je peux les essayer. Des bateaux, légères, aérées, à l'opposé des écrases m... rutilantes des marques leaders.

 

J'achète.

 

Avant de remettre mes nouvelles pompes dans leur boîte je soulève la languette. J'ironise pour cacher ma mauvaise conscience : « alors elles sont fabriquées au Brésil ? »  

 

Le grand type qui tient boutique me toise : « ce sont des Veja »   Moi penaud j'ouvre des yeux ronds et me tient coi. Face à mon ignorance crasse le vendeur de pompes très militant me sert tout sur les Veja : « veja en brésilien veut dire regarde : caoutchouc, coton naturels, commerce équitable... » Je suis tout ouïe, remercie et repart. En entrant dans cette boutique je me contentais d'acheter des pompes alors qu’en ressortant je transportais dans un carton un autre monde. 


Fin du premier épisode.

 

Le samedi suivant rue de Rennes j'entre dans un temple de la « Chooz de djeune » pour acheter des semelles. Une charmante jeune femme brune s'approche de moi tout sourire, normal pour quelqu'un en charge de la vente me dis-je. Cependant dans son regard je devine une pointe d'intérêt. Le papy se dit que son charme joue encore. Elle me dit d'une voix pleine de connivence «  vous avez des Veja ».

 

J'opine. Et là, au milieu des Nike et consorts, nous entamons une conversation sur les Veja. La brunette d'origine espagnole est intarissable. J'apprends même qu'on peut les trouver porte de Clignancourt : les puces de St Ouen pour les provinciaux. Bref, avec cette jeune femme de 25 ans, pas une bobo, ni une branchée, non une vendeuse au salaire aussi mince que sa taille nous avions un monde en commun.


Dans ma tête le lien se fait. Le souvenir de ce je racontais à mes compères du groupe stratégique quand nous planchions sur Cap 2010 et que les gens de CCA nous avaient déterminés les socio-types des français face au vin : « si nous souhaitons intéresser certaines catégories de jeunes adultes à notre produit il faut que nous puissions le présenter comme un monde dans lequel ils aient envie d'entrer. L'envie. Le fil rouge. La différence. Un autre monde. Foin de la complexité, celle-ci une fois qu'ils ont investi un monde ils s'en jouent: confère leur dextérité sur le net, leur capacité est 100 fois supérieure à celles de leurs aînés »

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5 septembre 2006 2 05 /09 /septembre /2006 07:15

Hier je passais la première couche. Que Dominique se rassure mes histoires de godasses c'est pour vous mener ailleurs que là où elle pense. Je n'ai nullement l'intention de conduire à la perdition les ados. Patience, je vais à mon train : d'abord au pas, puis un petit trot enlevé, enfin si vous êtes sages : au galop. Ce cher Alessandro, à la plume légère est encore convoqué. Pour des raisons de format et de droits je ne peux le citer in extenso. Alors, pour les puristes : lisez Next !

" Les faits, c'est que lorsque vous achetez une paire de Nike vous payez cent euros pour le nom et cinquante pour les chaussures. Est-ce que vous êtes idiot ? Non. Vous êtes en train d'acheter un monde (...) Des gens libres qui courent, presque toujours beaux, généralement plutôt élastique comme Michael Jordan, et de toute façon très modernes (...) Si vous trouvez que c'est un geste imbécile ou puéril, alors pensez à ceci.

Vous allez au concert. Beethoven. Musique de Beethoven. Vous avez payé votre billet. Qu'avez-vous acheté ? Un peu de musique ? Non, un monde. Une marque. Beethoven est une marque, construite au fil du temps autour de la figure du génie sourd et rebelle, alimentée par deux générations de musiciens romantiques qui ont créé le mythe.. De lui descend, en ligne directe, une marque encore plus puissante : la musique classsique. Un monde. Ce que vous avez acheté, ce n'est pas un peu de musique : dans le prix, il y a une certaine vision du monde, la foi dans une dimension spirituelle de l'humain, la magie d'un retour provisoire au passé, la beauté et le silence de la salle de concert, les gens qui sont autour de vous, l'inscription dans un club plutôt réservé et généralement sélectif. Vous avez loué un monde. Pour l'habiter. Ils l'ont construit pour vous avec infiniment d'habileté, et vous, vous l'achetez. L'ont-ils construit parce qu'ils étaient beaux et intelligents ? Ils l'étaient peut-être, mais ils l'ont construit pour la même raison qui a poussé Nike à construire le sien : l'argent. Que je sache, Beethoven écrivait pour de l'argent, et de lui jusqu'à la maison de disques d'aujourd'hui, et jusqu'au pianiste qui est en train de jouer pour vous, ce que vous avez acheté a été construit par des gens qui voulaient des tas de choses, mais, entre autres, une : de l'argent.

Je sais que ça choque de dire ça, mais ce qui nous choque tant, quand il s'agit de chaussures ou de hamburgers, est une expérience que nous faisons, sans aucune résistance, quand il s'agit de choses plus nobles. Beethoven est une marque. Les Impressionnistes français en sont une. Kafka en est une. Shakespeare en est une..." 

 

 

Comme Alessandro qu'est-ce que je vais prendre du côté des alters : la marchandisation du monde etcétéri etcétéra... J'assume. Simplement je demande à chacun de réfléchir à son comportement au quotidien avant de me balancer des arguments moralisateurs. Moi j'essaie de comprendre et pour en revenir à mes histoires de pompes, là où que j'aille, dans tous les milieux, et pas seulement le week-end, aux pieds de beaucoup de " jeunes urbains désinvestis " qu'est-ce-que je vois ? Des Nike, des Puma, des Adidas, des Asics, des Converse ou des marques chicos ou des marques nulles. C'est leur monde. Leur recherche de la différence comme les petites fleurs ou les petits coeurs au stylo à bille sur les Superga syndicales des copains rebelles d'Alessandro. A demain pour la suite de mon histoire haletante... 

A propos : Vin&Cie l'espace de liberté est une marque, si le coeur vous en dit ceux d'entre vous qui surfez sur ce blog abonnez-vous en allant dans la case inscription à la newletter (colonne de droite) 2 clics et vous aurez votre berthomeau tout chaud comme les croissants matinaux. Quand aux abonnés ils peuvent inscrire leurs amis, copains et copines, amis et ennemis, parentèle ou tout autre individu amoureux de notre divin nectar culturel... Merci par avance.

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4 septembre 2006 1 04 /09 /septembre /2006 06:52

De bon matin, plein de bonnes résolutions de rentrée, pas la scolaire, non celle de Vin&Cie l'espace de liberté ma petite entreprise de presse au long cours, j'ai décidé de vous proposer pour la semaine qui s'ouvre un fil rouge pour mes chroniques, un fil rouge répondant au doux nom de : beaucoup de bruit pour une histoire de pompes... J'entends déjà dans les campagnes, entre les rangs de vigne, monter la rumeur : " c'est grave docteur, voilà maintenant que ce pauvre Berthomeau ce met à nous raconter des histoires de godasses. L'a pas d'autres choses à faire ce garçon..." Méfiez-vous, comme le disait la SNCF d'avant : attention un train peut en cacher un autre...

" Quand j'étais petit(nous parlons de la fin des années 60) il y avait le jour où l'on allait acheter les chaussures de sport(...) En ce temps-là, quand il fallait acheter des chaussures de sport, le choix était pratiquement limité à : Superga beige et Superga bleues. Enfin : dans ma famille c'était comme ça. En réalité, d'autres possibilités, il y en avaient, du moins en théorie. Les plus chicos et/ou riches achetaient les mythiques Adidas, trois bandes sur le côté, semelle profilée, renfort devant et derrière. Il y en avait de quatre sortes : je me souviens que j'étais dingue d'un modèle qui s'appelait Rom. Adidas Rom. Ou bien Room ? Je ne sais plus. En tout cas j'en étais dingue. Plus élitistes encore, les Puma : très peu en avaient, et elles étaient regardées avec un grand respect mais aussi avec une pointe de méfiance (elles étaient considérées comme les rivales des Adidas, ce qui ne témoignait pas en leur faveur). Et pour finir, les All Star, mais elles étaient vraiment rarissimes : ce qui nous plaisait c'est qu'il y en avait aussi des rouges, mais en gros elles étaient vues comme des chaussures de blaireau, elles étaient très difficiles à trouver, les seuls pratiquement qui en avaient c'étaient ceux qui jouaient au basket. En dessous de cet Olympe on trouvait les nulles. C'étaient des chaussures avec des noms spirituels genre Tall Star, Luma, Addas. Elles tentaient le coup. Sans aucune pudeur, elles affichaient les bandes mythiques sur le côté : sauf qu'il y en avait quatre, ou deux. Elles ne coûtaient pas cher, et elles se vendaient au marché (...) Il faut rappeler aussi que les chaussures de sport se mettaient quand on allait faire de la gymnastique, et pas à d'autres occasions (pourquoi les abîmer ?).

Je me rappelle que puisque tout le monde avait des Superga, et que dans la salle de gym on était tous là avec les mêmes chaussures comme si on était des Chinois, à part deux ou trois privilégiés avec des Adidas ou des Puma, mais il y en avait peu, les autres c'était tous les mêmes - bref, je me rappelle que certains d'entre nous, les plus originaux, un peu rebelles, ceux qui étaient les plus éveillés, n'arrivaient pas à accepter ça, qu'on soit tous pareils, et alors, pour essayer d'être différents, pour vaincre la monoculture de la chaussure, ils décidaient de se rebeller, et ce qu'ils faisaient, justement, c'était : dessiner quelque chose au stylo-bille sur leurs Superga. Ou peut-être une inscription. Ou des petits coeurs, des fleurs, des choses de ce genre. Dans ce monde-là, pour inventer tes propres chaussures, tout ce que tu pouvais faire c'était dessiner dessus au stylo bille.

Bon. Et maintenant un grand saut dans la machine du temps. Imaginez que vous avez un fils d'une douzaine d'années et que vous l'emmenez acheter des chaussures de sport. Janvier 2002. "

Cet extrait est tiré d'un petit livre sur la globalisation et le monde à venir d'Alessandro Barrico " Next " chez Albin Michel et comme vous vous en doutez il se place comme le nez de Cyrano au milieu de la figure de nos chers promoteurs de la campagne Vinplissime : les dragueurs des " jeunes urbains désinvestis " A demain pour la suite de cette plongée dans l'étrange univers de la consommation dans lequel notre antique nectar culturel est balloté tel une bouteille à la mer... 

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1 septembre 2006 5 01 /09 /septembre /2006 08:38

Sans vouloir vous forcer la main chers lecteurs je vous demande ce matin de sacrifier quelques secondes de votre précieux temps pour vous soumettre aux 3 questions de ce test sans conteste déjanté. Vous répondez dans votre petite Ford d'intérieur. Vous zêtes pas zobligés de me transmettre le résultat. Bonne chance !

QUESTION n°1 : êtes-vous RAGGA ? OUI   NON

QUESTION n° 2 : êtes-vous VEJA ?   OUI   NON        

QUESTION n° 3 : êtes-vous CHAIYYA CHAIYYA BOLLYWOOD JOINT ?     OUI    NON

3 OUI = vous êtes aptes à draguer les " jeunes urbains désinvestis " pour leur vanter la séduction de notre merveilleux nectar.

2 OUI = vous pouvez tenter de vous y coller.

1 OUI = difficile mais si vous vous accrochez vous pouvez avoir quelques résultats.

NADA = il vaut mieux que vous changiez de métier si vous souhaitez vendre du jaja aux " jeunes urbains désinvestis ".

Les réponses vous seront données en fin de journée à la suite de cette chronique. Revenez-y et à bientôt pour d'autres aventures chers lecteurs...

Ragga : abréviation de Raggamuffin c'est un genre musical issu de la dancehall raggae. Sean Paul est l'un des chanteurs les plus connu de ce style musical avec son titre Baby Boy avec Beyoncé (cf ma chronique consommation ethnique). Une passerelle entre les générations.

Veja : c'est la basket équitable pour plus d'explication allez sur le site http://www.veja.fr même remarque qu'au-dessus. 

Chaiyya Chaiyya Bolywood Joint : est une chanson qui ouvre et qui clôture le film de Spike Lee Inside Man. Pour les culs pincés du Monde  " La musique de Inside Man s'impose tout naturellement comme l'une des meilleures BO de ce début d'année 2006 ". Vive l'Ipod ! N°1  des sonneries téléchargées, ça pulse pour tous les âges.

Dans une prochaine chronique je m'expliquerai sur ce test déjanté et, même si j'ai poussé le bouchon assez loin, on m'a toujours dit que pour explorer un territoire inconnu et ses habitants il valait mieux s'imprégner des us et coutumes, apprendre la langue, ce qui ne veut pas dire pour autant adopter pour soi-même les us et les coutumes de la tribu... Bon week...

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31 août 2006 4 31 /08 /août /2006 08:33

Paris le 31 août 2006

 

Cher JR,


La nouvelle est tombée : vous partez ! Vous quittez la présidence du syndicat des vignerons que vous occupiez depuis une grosse poignée d'années. Combien ? Je ne sais... Ce dont j'ai souvenir c'est que président vous étiez lorsque je débarquai d'un avion d'Air Liberté, en plein été, juste avant que le raisin ne soit vendangé, dans votre pimpante cité au pied des Pyrénées. Vos collègues venaient tous de démissionner du Comité et, dare-dare, les gens haut-placés du cabinet me dépêchait pour tenter de vous proposer un traité de paix. Médiateur y m'avait baptisé. C'était la première fois que ça m'arrivait depuis que je suis né.


Sous les stocks vous crouliez, des petits prédateurs, des bradeurs patentés ne faisaient que vous énerver. Bref vous faisiez que vous chamailler, vous insulter, faire du courrier aux autorités et plein de procès et autres joyeuseutés. A mon arrivée aux côtés du fringant Bringuier vous étiez dans vos petits souliers. Moi j'étais très étonné de ce défilé dans l'antichambre du préfet. Tout le monde voulait me causer. Se faire psychanalyser. Les excités voulaient des têtes coupées que bien sûr je ne leur ai pas données vu que je suis né en Vendée et que là-bas c'est pas notre tasse de thé. Bref j'ai écouté. J'ai même engueulé votre banquier préféré. J'ai beaucoup proposé. Dissous le Comité. Vous ai demandé de prendre vos responsabilités. En un mot j'ai essayé de faire au mieux le boulot pour lequel j'étais mandaté. Le résultat n'a pas été à la hauteur des problèmes posés mais qu'est-ce j'y pouvais ?


Pour en revenir à vous de prime abord je vous ai trouvé un peu ébouriffé même si je dois avouer que ce que vous me proposiez ne m'a pas décoiffé. Je n'ai pas toujours saisi ce que vous m'expliquiez, c'était un peu alambiqué mais, comme je ne suis pas très éveillé, j'ai évité de vous contrarier. On a beaucoup réunionné. Même que vous m'avez, à plusieurs reprises, invité à causer dans vos assemblées. J'y suis toujours allé. Faire des discours m'a toujours botté. Et puis ça faisait plaisir au préfet de me voir pérorer. Au bout du compte on a piétiné et les problèmes ont perduré.


Et puis la roue a tournée. Je m'en suis allé dans d'autres contrées. J'en ai profité pour jeter sur le papier mes petites idées. La dernière fois qu'on s'est revu c'était le jour où votre voisin préféré du département d'à côté, une célébrité avec Ray Ban incorporé, m'a donné un bel exemple de sa fidélité à la parole donnée. Vous aviez l'air gentiment peiné. Rassurez-vous la terre ne s'est pas arrêtée de tourner. Ce qui compte pour moi c'est que dans votre département ké presque tout Aocé, un peu moins que le bordelé, j'ai noué de solides amitiés, des gens de qualité et de fidélité. Alors j'aime toujours y retourner.


Allez, cher président retraité, je vous fait mes amitiés. Chassez bien le sanglier et sachez que moi, le gratte-papier, j'aurais tant aimé voir sur les arpents du vignoble de votre beau département, plutôt que des ceps arrachés, les premiers signes de la prospérité retrouvée... Bon vent cher président...


Votre dévoué


Pour les non initiés je suis désolé pour les clés de ce courrier. Je vous promets de ne plus recommencer.

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