Mes petites histoires de godasses ont mis de l'animation sur le blog.
C'était le but. Tout est parti comme souvent de pas grand chose. Début août je rentre de vacances. Remettre des grolles normales après trois semaines de tongs me pèse. Alors passant à vélo dans le quartier des Halles - l'ex ventre de Paris, le trou bouché des Halles devenu un haut lieu de la consommation des banlieusards drainés par le RER - je tombe en arrêt devant une vitrine de pompes de sport. J'entre, montre du doigt la paire qui me plaît. Je dis je peux les essayer. Des bateaux, légères, aérées, à l'opposé des écrases m... rutilantes des marques leaders.
J'achète.
Avant de remettre mes nouvelles pompes dans leur boîte je soulève la languette. J'ironise pour cacher ma mauvaise conscience : « alors elles sont fabriquées au Brésil ? »
Le grand type qui tient boutique me toise : « ce sont des Veja » Moi penaud j'ouvre des yeux ronds et me tient coi. Face à mon ignorance crasse le vendeur de pompes très militant me sert tout sur les Veja : « veja en brésilien veut dire regarde : caoutchouc, coton naturels, commerce équitable... » Je suis tout ouïe, remercie et repart. En entrant dans cette boutique je me contentais d'acheter des pompes alors qu’en ressortant je transportais dans un carton un autre monde.
Fin du premier épisode.
Le samedi suivant rue de Rennes j'entre dans un temple de la « Chooz de djeune » pour acheter des semelles. Une charmante jeune femme brune s'approche de moi tout sourire, normal pour quelqu'un en charge de la vente me dis-je. Cependant dans son regard je devine une pointe d'intérêt. Le papy se dit que son charme joue encore. Elle me dit d'une voix pleine de connivence « vous avez des Veja ».
J'opine. Et là, au milieu des Nike et consorts, nous entamons une conversation sur les Veja. La brunette d'origine espagnole est intarissable. J'apprends même qu'on peut les trouver porte de Clignancourt : les puces de St Ouen pour les provinciaux. Bref, avec cette jeune femme de 25 ans, pas une bobo, ni une branchée, non une vendeuse au salaire aussi mince que sa taille nous avions un monde en commun.
Dans ma tête le lien se fait. Le souvenir de ce je racontais à mes compères du groupe stratégique quand nous planchions sur Cap 2010 et que les gens de CCA nous avaient déterminés les socio-types des français face au vin : « si nous souhaitons intéresser certaines catégories de jeunes adultes à notre produit il faut que nous puissions le présenter comme un monde dans lequel ils aient envie d'entrer. L'envie. Le fil rouge. La différence. Un autre monde. Foin de la complexité, celle-ci une fois qu'ils ont investi un monde ils s'en jouent: confère leur dextérité sur le net, leur capacité est 100 fois supérieure à celles de leurs aînés »