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21 septembre 2006 4 21 /09 /septembre /2006 08:01

Je sens qu'à la lecture du titre de ma chronique le petit cochon qui sommeille en vous s'éveille. Les bien-pensants doivent se dire que depuis que le petit Pochon se dévergonde ce blog glisse dans le tabloïd. Hé bé non, zavé tout faux, je vous ai appâté : ce matin je vais vous parler d'histoire d'eaux.

Comme me le disaient mes amis de la Confpé à leur université d'été en 2002 : le vin n'est pas une marchandise. Certes mais, ne leur en déplaise, il a pourtant un prix, donc des acheteurs, donc des vendeurs, donc des boissons concurrentes qui draguent les buveurs de liquides. Qui sont-elles ? Les BRSA : boissons rafraîchissantes sans alcool, les eaux, les bières, les alcools, les cidres. Première indication : en terme de niveau de consommation(litres/an) entre 2002 et 2005 seules les BRSA sont stables. Toutes les autres boissons concurrentes sont en baisse, surtout les bières. Tous les chiffres cités concernent la consommation à domicile(hors restauration).

Passons en revue les bugets moyens en 2005, en euros, dans l'ordre décroissant : les alccols = 105,4 - les BRSA = 91,5 - les eaux = 66 - les bières = 40,7 - cidres = 36. Rappelons qu'un litre d'Evian c'est 0,40 euros le litre et une eau de source autour de 0,10 euros le litre. Pour le Coca Cola 0,87 euros le litre. Pour la taille de la clientèle : le % des ménages acheteurs : 98,1 pour les BRSA, 95,1 pour les eaux, 79,3 pour les bières, 73,2 pour les bières et 36 pour les cidres. Beaucoup de chiffres mais il en faut parfois pour éviter de raconter n'importe quoi.

Revenons au vin maintenant (les tranquilles) entre 2002 et 2005 :

- taille de clientèle stable 88,1 en 2005 ;

- niveau moyen d'achat : moins 7 bouteilles en 3 ans, 57 cols/an en 2005 ;

- fréquence : 2 visites de moins dans le rayon en 3 ans ;

- budget moyen d'achat : moins 10 euros/an soit 122,4 euros/an en 2005.

Voilà le tableau : toujours autant d'acheteurs de vin en France mais les consommateurs fréquentent moins le rayon ou passent moins  " à l'acte " ! Pourquoi ? Voilà une bonne question qui mérite qu'on se livre à un examen sérieux afin de trouver des réponses à la hauteur de l'enjeu. Se contenter des ritournelles habituelles qui font plaisir aux vignerons ne fera pas avancer le schmilblick d'un millimètre.

Sur la table des français, il y a encore du vin, mais les BRSA : 107 litres/an et les eaux : 265 litres/an l'ont supplanté. Nos maux viennent pour une part de là. D'un côté : buvez éliminez, la forme, la minceur, l'éternelle jeunesse : une fabrique de minces, beaux et séduisants ; de l'autre : de l'eau, du sucre, du gaz et des aromes : une fabrique d'obèses, moches et complexés. Et bien sûr, dans les deux cas des grosses machines à vendre : Danone, Nestlé, Coca-Cola et de gros budgets de publicité et de sponsoring.

Qu'est-ce qu'on fait les gars et les filles ? On s'en bat les c... ou on fait comme à Sans Interdit, qui s'est réuni lundi dernier à Bordeaux, ensemble, toutes sensibilités confondues, on réfléchit, on s'organise pour mettre sur la table des répliques à la hauteur de l'enjeu. Bien sûr, c'est moins bandant que de faire de la provoc à deux balles ou de lutter dans son petit coin contre la frilosité du temps. Et bien sûr ça n'intéresse pas la presse du vin qui vend du papier glacé...

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20 septembre 2006 3 20 /09 /septembre /2006 08:02

Vin de bagnole, c'est ce qui m'a sauté à l'oeil lorsque j'ai vu l'étiquette gentiment trash - fond jaune canari et bandeau rose - et je me suis dit voilà un gars qui se fout de la gueule des bordelais et de leur vin de garage. Mais au-dessus de cette appellation non contrôlée, en noir, s'étalait la gracieuse expression masculine " ON S'EN BAT LES COUILLES " et là je me suis dit c'est sans doute de l'humour de mec. Comme c'est une photo dans un magazine je lis le texte explicatif, spirituellement intitulé "God save the bibine " où le journaleux gastronomique écrit en citant le vigneron " on n'est pas obligé de le boire au volant " Ouf ! Son "vin de bagnole " provocateur assumé, moque la frilosité de notre époque et la diabolisation du vin..."

Moi j'adore les provocateurs mais en l'espèce où est la provocation. A l'endroit du Ministre de l'Intérieur ? Il s'en bat les c... De plus, l'emploi du on générique laisse à penser que c'est la corporation des roulez bourrés qui s'exprime. Mec, faut assumer et écrire " je m'en bats les couilles ". De qui d'ailleurs, des pauvres gens qui se font défoncer par un pochtron ? Et vous le journaleux, je ne vois pas en quoi se battre les couilles des lois de la République - même si on les estime mauvaises - c'est se moquer de la frilosité du temps. Faut pas demander aux sauvageons le respect de la légalité républicaine, eux aussi ils s'en battent les c... Je ne suis pas soupçonnable de participer à la diabolisation du vin ni d'être cul pincé, mais désolé les mecs ce genre de plaisanteries à deux balles, bien couillues, je trouve ça minable, très Loir et Cher profond, très con. Ce n'est pas avec ce niveau de provoc épaisse que nous convaincrons l'opinion publique de notre bonne foi face à la lutte contre la violence routière.

De plus, détail intéressant, ce nectar issu de 6ha de vieilles vignes, un gamay dit le gratte-papier, "du vin digeste, le plus nature" dit le provocateur mercanti, est un vin de table de France vendu au prix très couillu de 7,40 euros la boutanche de 75cl. C'est le père Coutoux qui doit être content : à l'hecto c'est tout bon pour ses vignerons. Certes, le provocateur autoproclamé s'en bat les couilles mais il s'en met plein les fouilles. Le jour où ce petit monde se retrouvera face à de braves gens qui ont vu leurs proches tués par un chauffeur bourré - j'ai pas dit au vin, mais ça peut aussi en être - je suis sûr qu'ils feront moins les intéressants. Ils bafouilleront que... Que quoi d'ailleurs... Si c'était de l'humour je préfèrais celui de Coluche car lui au moins il avait du coeur et du talent. Bon vous me direz que tout cela est une tempête dans un verre d'eau, que c'est un pet de lapin sur une toile cirée, ça va pas faire grand bruit. Certes, mais c'est du niveau de nos affrontements à la con, de la provoc nullissime, ça débouche sur du mépris et entre nous ça n'intéresse que nous, pas nos consommateurs.

Moi ce matin ça m'a fait du bien de pousser un coup de gueule dans le désert de l'indifférence. Car dans ce pays on s'en bat les couilles de beaucoup de choses, plus particulièrement des autres qui ne sont pas des choses. Gueuler ça dégage les bronches. Et puis ce bref retour du côté de Mesland m'a fait penser à Michel Delpech et au temps où j'étais "monsieur vin du Loir et Cher"   

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19 septembre 2006 2 19 /09 /septembre /2006 00:15

Une liste de citations sur le vin circule sur le Net US :

W.Shakespeare,

E.Hemingway, T.Jefferson, B.Franklin, J.Joyce, Goethe, L.Pasteur et d'autres moins célèbres.

En surfant il y a quelques jours je l'ai trouvé sur le site 94.7 WCSX The classic rock station de Détroit Michigan, dans son wine club, où l'iconographie présente deux belles bouteilles de Chassagne Montrachet, dont un clos St Jean 1er Cru. Vous voyez bien que ces barbares nous aiment même si on leur offre notre belle complexité.

Florilège : " Men are like wine-some turn to vinegar, but the best improve with age." Pope John XXIII soit en gaulois " les hommes sont comme le vin certains d'entre eux tournent au vinaigre mais les meilleurs s'améliorent au vieillissement " Jean XXIII le pape de Vatican II en rémission de mon impiété récente;

" Life is far too short so as to drink bad wine " Goethe soit via la langue du dit Goethe " la vie est trop courte pour boire de mauvais vin" ;

" Wine is a constant proof that God loves us and wants us to be happy" Benjamin Franklin francophile avéré " le vin est la preuve perpétuelle que Dieu nous aime et veut notre bonheur"

" The wine, we talk about it,... it is a civilisation, a way of life." Jacques Berthomeau. C'est une traduction car le dit Berthomeau est nul de chez nul avec la langue de Shakespeare compressée par les yankees.

Désolé chers lecteurs, je me la pète grave et je sais que ça déplaît aux défenseurs de la culture du vin. Rassurez-vous, je me soigne. Je bois du vin sans me prendre la tête... A plus de chez plus...

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17 septembre 2006 7 17 /09 /septembre /2006 00:03

Léon affichait le sérieux qui sied aux gens haut placés, il passait un costume sombre sur une chemise blanche sous le regard lance-flammes d'une Carlotta aussi nue que courroucée. Sans se démonter, il lui demandait " je peux mettre mes Veja avec ça Carlotta ? " La tigresse voltait, hésitait, lui lançait " tu n'es qu'un goujat plus jamais tu ne me toucheras..." pour s'entendre répondre " alors comme ça je suis congédié comme un valet..." Décontenancée, Carlotta lui tendit les bras qu'il esquiva. " Penses-tu recevoir ces messieurs dans ce simple appareil ? " railla-t-il. Elle croisait les bras. Il en rajouta une couche " c'est mieux ainsi mais ça ne suffit pas Bella " Rageuse elle s'enroulait dans un drap " comme ça, ça te va ? " Léon, qui laçait ses Veja, lui répondit " aujourd'hui tout me va..." 

Carlotta introduisit les plénipotentiaires dans le grand salon où se tenait Léon calé dans un vaste fauteuil, les pieds posés sur le cuir patiné d'un bureau empire. Ils étaient quatre, deux gros, dont le gros Pochon le papa de Léon, et deux longs. Pendant qu'ils s'alignaient en rang d'oignons face au petit Pochon Carlotta posait ses belles fesses, à l'extrême ouest du bureau et affichait à ses lèvres botoxées un sourire à damner une bonne moitié des saints du calendrier. On aurait entendu une mouche voler. Léon contemplait le bout de ses Veja. Ce fut le gros Pochon qui fit les présentations. Le papet d'abord, le rusé Bourdalou qui avait l'air aussi frais qu'un mérou en fin de marché, boudiné, fripé, avec aux pieds des mocassins de gérant de clandé.

Pochon premier s'escrimait à vanter les hautes et anciennes responsabilités du papet qui s'impatientait grave, goûtant que très modérément la décontraction du petit Pochon. C'est alors que Carlotta, tout miel, sussurait " cher monsieur Bourdalou, vous souvenez-vous, nous nous sommes rencontrés chez le gouverneur de la Banque de France, je portais un fourreau en lamé, un dîner avec le Ministre des Finances qui tout en nous bassinant sur l'état des déficits ne cessait de me faire du pied et de me tripoter..." Le papet exultait. Enfin quelqu'un qui savait reconnaître en lui un important de ce pays. Imperturbable le vieux Pochon continuait ses présentations en se tournant vers le plus long des deux longs, sapé comme un banquier, du fil à fil, rien à jeter. Sitôt son patronyme annoncé : Amédée Fleuron de Poulpiquet, le long déposait de sa belle main aux doigts manucurés ses références sur carton : associé-gérant de Brown, Brown and Brown. Le dernier, le plus jeune des longs, inquiétait Léon, sa dégaine de flic ne lui disait rien de bon.

A la semaine prochaine et bon dimanche...   

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16 septembre 2006 6 16 /09 /septembre /2006 00:02

Carlotta avait tout essayé sans obtenir de résultats.Léon ne bandait pas. Il abreuvait Carlotta de discours sur la chasteté, la fidélité et le retour à la pureté, qu'elle gobait sans autre forme de procès. En réalité, notre jeune Pochon saisit d'une nouvelle frénésie honorait avec un capuchon toute une cotriade d'épouses délaissées par des époux trop occupés. Un jour de pluie, le blues l'avait saisi et dans un moment de folie il passait une annonce dans le Figaro " écrivain le matin cherche joli brin pour conjuguer le verbe aimer et plus si affinités..." Ce fut la ruée. Son téléphone explosait. Il gérait. Ce flux tendu l'ennuyait. Il coupa court, jetant dans le désespoir toutes ces belles sans amour, avoua tout à Carlotta et, alors qu'il croyait la jeter dans le désarroi, le Léon du, sans désemparer, la combler pendant trois jours d'affilés. Ca ne pouvait plus durer !

Le soir du troisième jour, posant le pied à terre, il déclarait à Carlotta " je suis las..." Elle s'étirait. Le téléphone sonnait. Il décrochait. " On vous demande à la réception..." Léon s'en étonnait, ici au George V il n'était qu'un passager clandestin, en transit, sans identité connue, rien qu'un homme entretenu. Un court moment il hésitait entre répondre " qui me demande et on demande qui ? " mais afin d'éviter d'embrouiller plus encore la situation, Léon se contentait de lâcher un " ah bon " poussif qui plongeait son interlocuteur dans la stupéfaction. " Ces messieurs semblent être de vos relations..." Léon délivrait un second " ah bon " tout aussi dépourvu de conviction pour enchaîner dans le mêm souffle un " faites les monter! " décidé qui prenait Carlotta à froid.

A ce stade du récit, le narrateur, moi en l'occurence, je vous dois une explication sur les débordements du jeune Pochon. Je pourrais par facilité me retrancher derrière la psychanalyse et chercher dans la petite enfance de Léon une foultitude de raisons. Tout cela ne serait que billevesées, je dois à la vérité d'avouer que ce pauvre garçon n'est que la pure victime de mon imprévision. A l'origine, pour ceux qui n'ont pas perdu le fil, la résistible ascension du petit Pochon se voulait une pochade sur toile de fond des agissements du microcosme des gens du vin. Et puis, soudain lassé, j'ai balancé le Léon, sans aucune précaution. Pfutt ! plus de petit Pochon. De fidèles lecteurs m'ont fait part de leur stupéfaction : il l'aimait bien le Léon. Alors, bon petit soldat, j'ai remis ça en précipitant le petit Pochon dans la fornication. De derrière les fagots de la rive gauche j'ai dégoté la Carlotta, une super nana, un canon, bref j'ai cédé à la facilité de la peopolisation. Je vous en demande pardon. Je me repends, un peu, juste ce qu'il faut pour retrouver le fil à cette foutue histoire... 

A demain chers lecteurs... Abonnez-vous qui disait le petit Pochon ça coûte pas un rond et ya de de temps en temps du bon...

 

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15 septembre 2006 5 15 /09 /septembre /2006 07:20

Vin&Cie est un espace de liberté, comme l'indique son intitulé, où au gré de mes envies ou de mes partis pris parfois je commets des petites chroniques que je m'efforce de rendre légères. Pour autant je ne me suis pas donné une mission de thérapeute délivrant des ordonnances et des potions pour guérir les écrouelles. Certains commentaires me le laissent à penser alors ce matin je vais mettre les points sur les i car je pense qu'il vaut mieux se répéter plutôt que d'être mal compris.

Dans ma chronique du 27 juin " expert en jachère cynégétique " - les plus courageux peuvent s'y reporter- j'avais clairement donné ma position " vais-je du haut de mon blog donner urbi et orbi mon avis sur tout : l'arrachage, la libéralisation de l'OCM et autres joyeusetés... De même, à la demande générale irais-je faire le calamantran et commenter les nomminations à Viniflhor, le départ du président du CIVB, l'élection du nouveau président de Viniflhor... La réponse est NON ! "

Dans ma vie professionnelle récente j'ai commis deux documents qui sont des biens publics, payés par les contribuables, donc accessibles à tous sur le Net :

1° " Comment mieux positionner les vins français à l'exportation? " août 2001 signé Jacques Berthomeau ;

2° " Cap 2010 le défi des vins français " oeuvre collective co-signée par Pierre Aguilas,JM Chadronnier, Pierre Mirc, JL Piton, Robert Skalli,JL Vallet et votre serviteur.

Depuis, tout ce que j'écris sur ce blog relève de ma sphère privée, c'est gratuit et ouvert à tous. Le club " sans Interdit " dont j'ai été l'origine se veut une boîte à idées, un THink Tank - cf ma chronique du 23 août " advocacy tank " et là c'est le nous qui est de mise. J'y suis un membre au milieu des autres membres, nous n'avons ni président, ni porte-parole et notre production sera fonction d'objectifs très professionnels.

Enfin, ma chronique du 5 mai " la France en rose " mettait sur la table une proposition on ne peut plus concrète de communication innovante sur le vin. On m'a écrit que c'était vraiment très bien mais comme c'est un produit gratuit il n'intéresse pas les " en charge de dépenser les CVO ". Alors maintenant mes petites idées entrent dans le domaine de la propriété intellectuelle donc de l'économie marchande. Pourquoi continuerais-je de faire des préconisations précises à des gens qui ne me demandent rien ? Les officines spécialisées qui recyclent à l'infini des préconisations en kit à des prix confortables sont là pour ça. Ma petite entreprise se porte bien.

Le petit Pochon sera encore présent ce week-end...

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14 septembre 2006 4 14 /09 /septembre /2006 07:07

Comparaison n'est pas raison, ce matin juste une petite histoire de la Vendée crottée et profonde, à la charnière des années 50 et 60, celle des chemins creux, des échaliers du bocage et des sacristies. De là à extrapoler il n'y a qu'un pas. Le franchirais-je ?

En mes jeunes années donc, notre petite communauté villageoise, en dehors de quelques laïcards bouffeurs de curé, se composait de "consommateurs réguliers" de messes, processions et autres cérémonies religieuses : confirmation, communion privée et solennelle, mariage, baptême et enterrement. Sous la férule de monseigneur Antoine-Marie Cazaux, évêque de Luçon, grand défenseur de l'école libre, à qui nous donnions à chaque moisson des sacs de blé pour financer ses séminaires, tout était bien cadré. La vie s'écoulait sans heurt apparent. Les séminaires : petit, grand et des vocations tardives étaient pleins." Longtemps l'Eglise avait été la seule à offrir à un garçon pauvre, mais intelligent, la possibilité d'accéder à un rang plus élevé" écrit Paul Murray Kendall dans le prologue à sa biographie de Louis XI. C'était toujours vrai dans la Vendée du début des années 60.

Pour raviver la foi des ouailles des prêcheurs venaient périodiquement monter en chaire pour brandir la menace du feu éternel. Beaucoup de calvaires vendéens marquent le souvenir de ces missions. Les agents recruteurs de l'évêché battaient la campagne pour fournir les séminaires. Une fois par an, l'un d'eux, passait à l'école nous faire remplir un petit formulaire qui s'inquiétait de notre avenir professionnel et posait la question : voulez-vous devenir prêtre ? Un jour, je ne sais quelle mouche m'a piqué, j'ai répondu oui. Alors la machine s'est mise en route : retraite au grand séminaire, visite du curé et abondante littérature... Bref, du beau boulot qui pris vite fin car je déclarai à notre curé doyen de la paroisse que j'aimais les filles...

Et puis, boum badaboum, mai 68 a vidé les séminaires, crise des vocations, chute vertigineuse de la fréquentation des lieux de culte, y restait plus que les vieux. Les habits trop étroits craquaient de partout, un monde disparaissait et tout ce qui semblait immuable s'engloutissait avec. Je ne vais pas m'aventurer sur le terrain miné de Vatican II pour me retrouver coincé entre les intégristes et les chrétiens de gôche de TC, ce n'est pas mon rayon et mon propos visait seulement à souligner qu'un passé multimillénaire ne met pas à l'abri des failles où, par pans entiers les fidèles disparaissent et ne sont pas remplacés...

JiPi Two, grand communicateur - à ne pas confondre avec J 4 M lui aussi grand communicateur à la chaussure et au cash flow troués - l'avait bien compris et ses JMJ drainant des foules immenses, venant du monde entier, chantant, priant, grand show médiatique sur podium, c'était une réponse moderne, appropriée et efficace à cette désaffection. JiPi Two recrutait. Bon, même si on me traite d'impie, ça ne fera qu'ajouter à ma panoplie déjà bien fournie, je saute le pas, j'extrapole. Notre volonté de recruter des jeunes urbains désinvestis pour remplacer les papys fidèles, alors que la loi de santé publique a pour priorité d'augmenter le nombre d'abstinents, va nous contraindre à déployer des arguments séduisants pour dire que notre nectar, tout en assumant clairement, sans faux-semblant, son statut de produit alcoolisé, est un produit de civilité, d'initiation, de convivialité et non un fabricant de pochtrons...

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13 septembre 2006 3 13 /09 /septembre /2006 07:47

Le vin ça fait vendre du papier glacé : zavé jamais vu de spécial bières ou de spécial eaux minérales et pourtant nous sommes les champions du monde de la consommation d'eau en bouteille. Bref, ce matin je ne vais pas vous causer de l'eau du robinet mais des problèmes de robinet simples comme l'arithmétique de l'école primaire. Et pourtant, j'ai le sentiment que plus personne ne sait faire des additions et des multiplications, reste plus que la soustraction : l'osmose inverse qui met en transe les puristes :-)

Tout le monde glose sur la saga des petits robinets : ça donne des vignerons qui montent, des révoltés, des mutants, ça donne de belles photos d'hommes et de femmes qui font bien leur métier, ça donne des coups de coeur, des coups de foudre et que sais-je encore ? Qu'on me comprenne bien, je suis pas contre, je trouve même ça intéressant, mais au bout du compte je fais l'addition. Et là, chers vous tous et les autres, tous ces petits robinets dispensateurs de nectars ça fait de belles bouteilles mais pas beaucoup d'hectolitres. Le gros du peloton (je ne pense pas à Perrico) qu'est-ce qu'on en fait? Lui laisser croire, comme certains, pas tous cher Jacques, que cette démarche vigneronne proche des boulangers artisans qui font du bon pain, est la seule voie à emprunter pour s'adapter à la nouvelle donne, c'est vendre de l'illusion. D'ailleurs, sous l'image d'Epinal, moi qui suis dans le cambouis de la réalité, qui vois et entends, elle n'est pas toujours rose cette réalité, certains petits robinets ont bien du mal à trouver preneur car le marché n'est pas extensible.

Entre cette démarche, que je respecte et défends, et celle qui tend à assurer un débouché commercial durable au plus grand nombre, il n'y a pas un océan de vinasse ou de vin industriel formaté, une telle vision relève du fantasme. A ceux qui, à tout bout de champ ou de vigne, demandent le respect du travail vigneron, je dis qu'on doit exiger d'eux le même respect des gens de peu qui sont comme eux dans leurs vignes et y font bravement leur boulot. Il n'y a pas de sot métier, il n'y a que des sots. Notre problème central de vieux et grand - au sens de la taille de notre vignoble et de sa réputation - pays généraliste du vin est de savoir ou de vouloir gérer nos grands réservoirs de vin : encore un problème de robinets, des gros, et de vases communicants : les replis.

La solution, la seule à la hauteur des volumes, est entre les mains de ceux qui sont en capacité de concevoir et de vendre les vins issus des raisins produits sous le grandes ombrelles régionales. Piloter nos grands bassins par l'aval c'est réguler l'ensemble du système, c'est anticiper, enterrer les distillations de destruction, éviter que la mauvaise monnaie chasse la bonne. Bien plus que les belles réformes juridiques dont nous raffolons, nous les héritiers du droit romain écrit, la gestion des grands volumes est la clé du renouveau. La codification viendra par surcroît. Appliquons déjà les fondamentaux et cessons de seriner que notre système d'AOC est trop complexe, il l'est certes, mais il est surtout figé, calcifié, niveleur, protecteur de médiocrité, bavard et hypocrite. Par essence c'était un système de responsabilité où chacun était partie prenante de l'élaboration et du respect des règles communes. Qui s'en souvient ? L'AOC n'a pas besoin de chapelles, de Savonarolles ou ayatollahs autoproclamés, de bureaucrates enkystés, mais de respiration, d'invention, de liberté... De nos jours Dom Pérignon n'aurait plus droit de cité.

Ce qui me chagrine et me navre dans la situation actuelle c'est que, comme pour tout problème de robinets, la solution est d'une effarante simplicité. Mais qui sait encore compter ? C'est politiquement incorrect de compter, il est plus gratifiant de se conter des histoires entre soi, toujours les mêmes. Nous sommes un grand pays d'architectes mais en ce moment nous avons besoin de maçons...

 

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12 septembre 2006 2 12 /09 /septembre /2006 08:20

En faisant mon marché samedi, alors que j'achetais du Chasselas de Moissac et du Muscat de Hambourg en provenance du Ventoux, je repensais à un épisode granguignolesque survenu alors que j'officiais galerie Sully au temps où le chouchou des sondages était Ministre de l'Agriculture.


Je recevais une délégation lorsque le crépitement caractéristique sur le parquet de la galerie des talons hauts d'Arlette ma secrétaire me laissait à penser qu'une tuile nous tombait encore dessus. La rue de Varenne pendant la saison des fruits d'été c'est la caserne des pompiers. Sur le pas de la porte tout de go elle me dit "le sénateur Vidal est pris en otage.Je l'ai au téléphone" Un ange passe et je suis ma trottinante secrétaire jusqu'à son bureau.


A l'autre bout du fil, l'ami Marcel Vidal (décédé récemment), ne semble pas particulièrement angoissé. En quelques mots il m'informe de la situation : une délégation de producteurs de raisins de table conduite par Emmanuel Maffre Baugé occupe sa mairie de Clermont l'Hérault. "je te le passe" Pour les plus jeunes d'entre vous, Maffre Baugé, c'est une voix, le démagogue rural à l'état pur, il aime s'entendre causer. J'ai droit à la réthorique : la concurrence italienne nous fait crever, il faut fermer les frontières et indemniser le manque à gagner des producteurs. Je l'écoute : les couloirs au téléphone permettent d'essouffler son interlocuteur. Emmanuel avait du coffre mais à un moment il change de terrain : il évoque son compagnonnage avec le PC pour me mettre la honte au front, souligner mon insensibilité aux difficultés du peuple de la vigne. Là, sans ménagement, je le contre en lui faisant remarquer que je n'ai pas de leçons à recevoir d'un converti de fraîche date (l'Emmanuel se tenait dans sa jeunesse sur un flanc très droit de la droite). Je sens qu'il s'étrangle au bout du fil. Il tempête. J'ai joué à quitte ou double : il se fait plus conciliant.


Le marché est conclu : il "libère" Marcel Vidal et je m'engage à descendre à Clermont l'Hérault pour prendre conscience de la situation. Le surlendemain, après avoir déjeuné avec Gérard Saumade le président du CG, on me dépose devant la mairie de Clermont l'Hérault. La gendarmerie est discrète. Les RG sont confiants. Marcel Vidal m'accueille chaleureusement. Je rejoins la salle où se tiennent une petite vingtaine d'hommes d'âge mûr, chemises ouvertes, sandales et l'air de braves gens. Emmanuel Maffre Baugé me salue avec chaleur. Nous discutons deux bonnes heures. En fait nous tournons en rond mais l'important c'est que je sois là à écouter et pour Emmanuel que je sois descendu de Paris. En final nous allons visiter la coopé. Et là je comprends toute l'ampleur du désastre : ce n'est même pas du bricolage, c'est la quintescence de la non organisation, le sentiment que rien n'a bougé depuis des décennies. Je suis atterré.


Tout ça pour dire que le gros Italia bien lisse, sans saveur, qui devait tout balayer sur son passage, lorsqu'il se retrouve face à un produit de qualité, gustativement bon, bien présenté, même si tout n'est pas rose sur le marché du raisin de table, la concurrence joue, le consommateur peut choisir et accepter de payer la différence. Allez, manger du raisin c'est excellent pour la santé...   


Ceux d'entre vous non initiés qui voudraient savoir qui était JR lire le commentaire de son successeur en clicquant, colonne de gauche commentaires sur la chronique "cher JR "ça rassurera une lectrice qui me trouvait amer...

 

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11 septembre 2006 1 11 /09 /septembre /2006 07:59

Buvons, buvons, buvons,

Le sirop Typhon, Typhon,

L'universelle panacée, eh ! eh !

A la cuillère

Ou bien dans un verre,

Rien ne pourra nous résister.

En 1968 le très dynamique Richard Anthony, l'homme qui entendait siffler les trains, délivrait sur les ondes des radios périphériques (Europe n°1, RTL, RMC émettaient depuis l'étranger) ce refrain de haute portée universelle (1). La suite que vous pouvez consulter sur le net est du même tonneau. Mais qui connait la véritable histoire du sirop Typhon ? Quelques initiés, comme moi, des bourlingueurs, des gus qui savent prendre des risques.

Le sirop Typhon - dont la formule était codifiée par décret écrit par le syndicat de défense du sirop Typhon et du sirop Typhon Supérieur - était élaboré dans un périmètre délimité par une multitude de producteurs individuels ou regroupés en coopératives. Après fabrication le sirop était agréé par des commissions de producteurs. Yavait pas beaucoup de déchet. Certains producteurs procédaient au flaconnage eux-mêmes mais la majorité du sirop Typhon était enflaconné par des enflaconneurs du cru ou d'ailleurs. Tout allait bien jusqu'au jour où tout se mit à aller mal.

On commença à dire qu'il y en avait trop et qu'y'en avait du pas bon et que certains déversaient leur trop plein de Jouvence de l'abbé Soury ou de sirop des Vosges Cazes dans le bassin de production du sirop Typhon et qu'il faudrait faire des marques et petit à petit monta une grande agitation. Les prix piquaient du nez et même qu'un blocus fut décrété. Les enflaconneurs du cru et surtout ceux d'ailleurs furent accusés de brader le sirop Typhon. Bref on cherchait des solutions pour sauver le sirop Typhon.

C'est alors que quelques uns lancèrent l'idée qu'il faudrait obligatoirement enflaconner le sirop Typhon dans sa zône de production. Certains murmurèrent qu'ils voyaient pas quel effet il y aurait sur la surproduction, d'autres sans le proclamer officiellement soulignaient que si y'en avait toujours du pas bon y voyaient pas ce que l'enflaconner dans la zône de production changerait quoique ce soit à la désaffection. Des courageux demandaient qu'on réforme l'agrément pour que le sirop Typhon soit toujours bon. Mais comme en France tout finit par des chansons téléchargeons le sirop Typhon sur nos portables et buvons, buvons, buvons...

(1) cette oeuvre impérissable est une adaptation d'une version originale The Scaffold, Lily the Pink, écrite par Gorman, Mc Gear, Mac Gough. On dit même que Mc Gear était James Mac Cartney frère de Paul qui avait changé de nom pour ne pas faire du tort à son illustre frère. 

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Pour les étourdis je signale que depuis samedi le petit Pochon est de retour pendant le week-end : deux épisodes vous attendent dans la colonne articles récents vous ne serez pas déçu du voyage car le petit Léon fait des folies de son corps...

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