Je sens qu'à la lecture du titre de ma chronique le petit cochon qui sommeille en vous s'éveille. Les bien-pensants doivent se dire que depuis que le petit Pochon se dévergonde ce blog glisse dans le tabloïd. Hé bé non, zavé tout faux, je vous ai appâté : ce matin je vais vous parler d'histoire d'eaux.
Comme me le disaient mes amis de la Confpé à leur université d'été en 2002 : le vin n'est pas une marchandise. Certes mais, ne leur en déplaise, il a pourtant un prix, donc des acheteurs, donc des vendeurs, donc des boissons concurrentes qui draguent les buveurs de liquides. Qui sont-elles ? Les BRSA : boissons rafraîchissantes sans alcool, les eaux, les bières, les alcools, les cidres. Première indication : en terme de niveau de consommation(litres/an) entre 2002 et 2005 seules les BRSA sont stables. Toutes les autres boissons concurrentes sont en baisse, surtout les bières. Tous les chiffres cités concernent la consommation à domicile(hors restauration).
Passons en revue les bugets moyens en 2005, en euros, dans l'ordre décroissant : les alccols = 105,4 - les BRSA = 91,5 - les eaux = 66 - les bières = 40,7 - cidres = 36. Rappelons qu'un litre d'Evian c'est 0,40 euros le litre et une eau de source autour de 0,10 euros le litre. Pour le Coca Cola 0,87 euros le litre. Pour la taille de la clientèle : le % des ménages acheteurs : 98,1 pour les BRSA, 95,1 pour les eaux, 79,3 pour les bières, 73,2 pour les bières et 36 pour les cidres. Beaucoup de chiffres mais il en faut parfois pour éviter de raconter n'importe quoi.
Revenons au vin maintenant (les tranquilles) entre 2002 et 2005 :
- taille de clientèle stable 88,1 en 2005 ;
- niveau moyen d'achat : moins 7 bouteilles en 3 ans, 57 cols/an en 2005 ;
- fréquence : 2 visites de moins dans le rayon en 3 ans ;
- budget moyen d'achat : moins 10 euros/an soit 122,4 euros/an en 2005.
Voilà le tableau : toujours autant d'acheteurs de vin en France mais les consommateurs fréquentent moins le rayon ou passent moins " à l'acte " ! Pourquoi ? Voilà une bonne question qui mérite qu'on se livre à un examen sérieux afin de trouver des réponses à la hauteur de l'enjeu. Se contenter des ritournelles habituelles qui font plaisir aux vignerons ne fera pas avancer le schmilblick d'un millimètre.
Sur la table des français, il y a encore du vin, mais les BRSA : 107 litres/an et les eaux : 265 litres/an l'ont supplanté. Nos maux viennent pour une part de là. D'un côté : buvez éliminez, la forme, la minceur, l'éternelle jeunesse : une fabrique de minces, beaux et séduisants ; de l'autre : de l'eau, du sucre, du gaz et des aromes : une fabrique d'obèses, moches et complexés. Et bien sûr, dans les deux cas des grosses machines à vendre : Danone, Nestlé, Coca-Cola et de gros budgets de publicité et de sponsoring.
Qu'est-ce qu'on fait les gars et les filles ? On s'en bat les c... ou on fait comme à Sans Interdit, qui s'est réuni lundi dernier à Bordeaux, ensemble, toutes sensibilités confondues, on réfléchit, on s'organise pour mettre sur la table des répliques à la hauteur de l'enjeu. Bien sûr, c'est moins bandant que de faire de la provoc à deux balles ou de lutter dans son petit coin contre la frilosité du temps. Et bien sûr ça n'intéresse pas la presse du vin qui vend du papier glacé...