Lundi 14 août, un temps de Toussaint, je sors mon imperméable et je pars en chine : direction les Puces de StOuen, le désert, presque tout est clos, même la France du bric et du broc a déserté, les rares badauds sont des étrangers qui s'en étonnent. Déjeuner d'une andouillette avec un ballon de rosé puis, même si le soleil pointe le bout de son nez je ne résiste pas au plaisir d'investir la plus belle caverne d'Ali Baba de vieux livres de Paris. On y joue une ouverture de Wagner : Rienzi...
Ma moisson me plaît. Deux petits paragraphes pour ce matin, pour ceux qui rentrent et pour ceux qui triment. C'est extrait de la prose de Gabriel Milési, un journaliste économique qui officiait sur France Inter, un môssieu bien informé donc, du genre je cotoie le pouvoir économique et financier, un bon colpoteur d'anecdotes du monde des affaires, j'adore...
"Sous Valéry Giscard d'Estaing, raconte Alain Chevalier(1), alors président de Moêt-Hennessy, n'importe quel attaché de cabinet de seizième ou de dix-septième rang était considéré comme supérieur à un chef d'entreprise et lui faisait faire antichambre. On tenait les patrons à distance, comme des gens compromettants, on multipliait les mesures vexatoires. Ciombien de fois me suis-je entendu dire par un camarade de promotion : " Mon pauvre ami, vous êtes dans le pinard..." ? "
Alain Chevallier, énarque, haut-fonctionnaire donc, homme de cabinet, directeur au Ministère de l'Industrie qui, après avoir pantouflé chez Sacilor, est celui qui a fusionné MH avec Louis Vuitton, un expert des allées du pouvoir de l'époque donc. A l'étage au-dessous, lorsque je suis entré à la SVF beaucoup de mes collègues ont trouvé que ce n'était pas très convenable. Les temps ont un peu changé, même si la césure existe encore entre ceux qui vendent du luxe : champagnes et grands crus et la piétaille qui se contente de fourguer des boutanches plus modestes.
Après réflexion, je garde le second paragraphe pour ma gouverne personnelle, c'est page 123, une belle carte de visite, celle d'un homme qui " tient le monde du vin " (sic), après tout les petits curieux que vous êtes n'ont qu'à faire comme moi, chiner pour trouver le bouquin de Milési au titre raccoleur " Les Nouvelles 200 familles " les dynasties de l'argent, du pouvoir financier et économique publié chez Belfond en 1990. Bon courage ! Au téléphone peut-être je vous mettrai sur la piste...