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2 août 2006 3 02 /08 /août /2006 09:36

- Parfait. Et tenez, pendant que vous y êtes, une bouteille de sauvignon blanc cloudy-bay.

- Cloudy quoi ?

- Cloudy-bay. Un blanc néo-zélandais. On m'en a dit des merveilles. Vous en avez encore, hein ?

- Désolé, monsieur Bradford. Jamais entendu parler. Par contre, si vous voulez un excellent sauvignon de Californie, j'ai...

- C'est que ça m'interressait vraiment, ce truc néo-zélandais...

- Vous avez une minute ? Je passe un coup de fil à mon fournisseur.

- Euh, d'accord, ai-je approuvé malgré Adam qui me tirait la main vers la sortie.

- Juste, une seconde ", a-t-il promis en décrochant son téléphone. En attendant qu'il finisse, j'ai inventé un petit jeu pour tenir mon fils occupé : compter tous les crus bas de gamme de l'empire Gallo qu'il pouvait voir. Enfin, Herb a terminé son appel. " Oui, en effet, c'est un vin disponible aux Etats-Unis, mais sur commande uniquement. Et limité à deux caisses par client, en plus : il paraît que c'est un cru très recherché et qu'il n'est produit qu'en très petite quantité. Mon grossiste me dit que c'est le meilleur sauvignon du monde, ou peu s'en faut. Evidemment, il n'est pas donné, ça c'est sûr : dix-huit quatre vingt-dix neuf la bouteille, hé ! "

" Sur commande uniquement. " Voilà, Beth s'envoyait en l'air avec un oenologue plein aux as "

" Eh bien, je vais y penser. merci."

Douglas Kennedy L'homme qui voulait vivre sa vie Belfond 1998 in Pocket n°10571

Chronique de transition, Douglas Kennedy que j'avais découvert grâce à un polar brûlant Cul-de-sac  qui avait pour toile de fond le bush australien, est un auteur qui met, avec accuité et férocité, en scène la nouvelle bourgeoisie américaine... Celle qui fait le succès de la consommation du vin... J'y reviendrai... Si vous êtes à Ajaccio en août Douglas Kennedy y sera de passage pour dédicacer son dernier livre. Dernière remarque, le traducteur aurait du parler d'oenophile plus que d'oenologue, mais qu'importe en l'occurence, profession ou hobby, la jalousie a besoin de levures pour monter en degré...   

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1 août 2006 2 01 /08 /août /2006 09:36

Lire ! J'ai beaucoup lu. Le second volet de la trilogie Underworld USA : American Death Trip, de James Ellroy, commencée avec American Tabloïd, c'est le cauchemar américain : la baie des Cochons, l'assassinat de JFK, le bourbier vietnamien, J Edgar Hoover, Bob Kennedy et le dossier K, comme KKK...

 

Alors ce matin, en dépit du gris de gris de Paris, comme je suis encore en tongs dans ma tête, je me laisse aller aux souvenirs de mon dossier K à moi, à l'aube des années 90...

 

Je me souviens du préfet Thoraval, un grand bonhomme nommé par Charles Pasqua, il me jaugea, la connection se fit et bien plus tard, alors qu'il était devenu président du Secours Catholique, dans le bus 68 nos regards se croisaient;

 

Je me souviens du DRAF louant un hélicoptère pour me faire découvrir l'île vue du ciel : un choc ! Nous en profitâmes pour rendre visite discrètement à deux éleveurs. J'étais déjà infréquentable;

 

Je me souviens de ce petit c... de Filidori, avec ses petites lunettes, son mépris, me traitant de valet du pouvoir colonial au nom de la Confédération Paysanne ;

 

Je me souviens des bureaux de la Chambre d'Agriculture calcinés, un moyen sûr de faire taire les disques durs des ordinateurs ;

 

Je me souviens de Lucien Tirroloni, le président de la Chambre que j'aimais bien, assassiné sur un trottoir ;

 

Je me souviens des Comités Interministériels avec Michel Rocard, j'ouvrais mon clapet en plantant mon regard dans celui de Pierre Joxe dont les sourcils broussailleux me rappelaient le maquis;

 

Je me souviens du préfet de police d'Ajaccio négociant ma sécurité avec les chefs du Canal à propos d'une émission en direct sur France 3 Corse entre 22H et minuit;

 

Je me souviens d'un Préfet de Région nommé pour faire du développement économique, bon petit soldat jeté dehors qui s'épanchait dans mes bras sous la voute du salon de la Préfecture en écoutant un opéra de Verdi ;

 

Je me souviens des gilets pare-balles qui venaient me cueillir au bas de la passerelle sur le tarmak de Campo del Oro lors de mes derniers voyages;

 

Je me souviens de tant de choses mais je ne suis pas James Ellroy et le dossier K n'intéresse personne...

 

Les deux titres d'Elroy sont édités par  Rivages/Noir n° 282 et 489

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31 juillet 2006 1 31 /07 /juillet /2006 09:46

L'insularité confère aux territoires une frontière nette, incontestée et incontestable, des côtes qui évoquent pour moi le croquet des anciennes cartes postales, alors l'annexion ou l'arrimage au continent- ce que les technocrates ont baptisé la continuité territoriale -d'une île est une vue de l'esprit. Confeti ou impériale, la position insulaire isole et prédispose à une forte affirmation identitaire.

La contre-étiquette du Clos d'Alzetto, que mon loueur avait eu l'amabilité de m'offrir en guise de bienvenue, le revendiquait : cépages spécifiques, Sciaccarellu, Brustaniu, le vin que j'allais boire était un vin identitaire. Dans cette île où l'on compte la bagatelle de 9, neuf AOC sur une superficie modeste : deux crus, cinq villages, un muscat et un générique, le vin est la première production agricole. Au gré de mes périgrinations de consommateur j'ai pu constater que tous les produits que je déposais dans mon cabas étaient pourvus de leur carte d'identité.

La plus belle réussite commerciale en la matière touche au domaine des liquides : c'est la bière Pietra, à la châtaigne. Pour ne pas vous faire de peine je ne ferai qu'évoquer l'autre démarche identitaire pour rafraîchir les gosiers assoiffés : le Cola avec la tronche de cake de Pascal Olmetta tapissant les panneaux publicitaires. Comme dab les affiches pour la promotion collective des vins de l'île de Beauté ne valaient pas un coup de cidre. Les ordonnateurs des dépenses de l'argent commun se font un délicieux plaisir de viser à côté de la plaque, qu'importe après tout c'est de l'argent qui rentre tout seul et qui, par conséquent, peu sortir tel un petit robinet d'eau tiède.

Trois semaines de vacances, je rattrape le temps perdu. Vous avez été pendant mon absence, chers lecteurs, à mon grand étonnement, assidus et toujours aussi nombreux. Je vous en remercie chaleureusement. J'aime Paris au mois d'août, alors vous devrez encore me supporter. Allez, bonne semaine, et pour faire plaisir à Gérard Muteaud du Nouvel Obs, faites comme moi sur le port de Sagone, dites " je prendrai un ARENA... " le garçon vous regarde ensuite avec plus de respect ; identitaire quoi...   

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29 juillet 2006 6 29 /07 /juillet /2006 08:00

A son retour à Paris, accompagné de Lucienne, Léon exposait son plan à ses deux compagnes. La petite Fougère trouvait ça très excitant. Pour l'occasion elle consentit à se vêtir décemment " comme une nonne très cher..." lui dit-elle en lui envoyant des petits baisers qui jetaient un nuage sur le front de Lucienne qui avait plus de mal avaler le rôle qui lui était dévolu : faire du charme à ce vieux cochon de Pochon. De guerre lasse, elle se rangeait aux arguments de la Clairette qui lui faisait la leçon sur le thème : vous n'allez pas tout de même mettre des bâtons dans les roues de notre Léon si près du but, j'en serais vénère, moi j'ai bien accepté de faire du gringue à ce grand emplâtré de Laurent qui cocotte l'eau de toilette à deux balles et qui ne manque pas une occasion de m'envoyer des photos de lui en string, moi j'ai pris des risques et pourtant j'y suis allé comme sainte Blandine livrée aux bêtes féroces. A Léon qui s'étonnait de l'ampleur de sa culture religieuse elle rétorquait qu'il ne devait pas en faire un fromage vu qu'elle était zune ptite lyonnaise, point barre. Lucienne se demandait dans son fors intérieur si elle n'était pas un chouia jalouse de la petite Fougère.

Léon loua une auto. Lucienne prit le volant. Clairette avait acheté une belle brassée de fleurs pour la maman de son Léon. Pour le gros Pochon le petit Pochon plaçait des bouteilles de son appellation dans un panier d'osier. En traversant un bois ils stoppèrent pour couper de la fougère afin de faire un lit de verdure aux beaux flacons. Le coeur de midinette de Clairette, la petite Fougère, battit la chamade sous l'impact de cette cueillette. Toute rosée elle déposait un baiser enflammé sur la bouche de Léon. La lame glacée de la jalousie piquait Lucienne à l'âme. Elle s'installait dans une conduite boudeuse. la Clairtte consciente de son inconscience tortillait son joli postérieur en cherchant une idée pour alléger l'atmosphère. Soudain elle lançait à la cantonnade : je vais me marrier ! Surprise, Lucienne faillit faire une embardée. Léon ironisait : qu'elle est la victime ? Je n'ai que l'embarras du choix gazouillait-elle " OK ! tais-toi et choisis ! répliquait le petit Pochon en lui tapotant les cuisses.  

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28 juillet 2006 5 28 /07 /juillet /2006 08:04

La salle retenait son souffle. dans la poche de sa veste Léon sentait son téléphone cellulaire vibrer. La Clairette venait aux nouvelles. Il y vit un signe du destin, l'heure était venue de plonger dans le marigot, de cesser de vivre dans ses rêves éveillés, il allait devoir barbotter dans le bouillon visqueux de la vraie vie, alors il tombait la veste et retroussait les manches de sa chemise. La symbolique était forte et la salle appréciait. D'un geste ample il demandait le silence complet, se tornait vers le président en lui disant " permettez-moi de vous appeler Georges, cher président, le présent vote n'efface en rien votre mérite, tout ce que vous avez apporté à ce pays et à notre appellation, bien au contraire il souligne et met en lumière vos qualités d'homme de dialogue. Votre dignité face à ce geste un peu fou de jeunes gens impatients est le gage que vous saurez mettre plus encore, au service du bien commun, votre expérience. Nous avons besoin de vous pour d'autres missions. Pour ma part je n'accepterai la présidence que si vous consentez à être le représentant de notre région au Comité National... Si vous acceptez, cher Georges, je m'engage à vous y faire nommer..."

Le sortant en charpie, au bord des larmes, opinait. Debout la salle ovationnait le petit Pochon qui pour la première fois levait les bras en V. Pourtant il savait bien que le plus dur restait à faire. Avant d'aller banqueter il s'isolait pour appeler son père, le gros Pochon, qui l'accueillait froidement. L'annonce de sa présidence le surprenait et le réchauffait. Il acceptait le déjeuner de dimanche, même avec ses compagnes " plus on est de fous plus on rit " ironisait-il..." Léon faillit ajouter que le rire serait peut-être jaune mais il se retint. Obtenir une victoire d'amour-propre n'était rien, la victoire tout court lui suffisait. Ménager la susceptibilité de son géniteur valait bien cette retenue. Lorsque Léon revenait dans la salle il croisait le regard méchant de Paillard à qui la jeune garde n'avait même pas daignée concéder un strapontin. 

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27 juillet 2006 4 27 /07 /juillet /2006 08:00

" Il y a en 1968 deux France. Une France industrielle et technologique et une France sociale et institutionnelle. La première est à temps rapide, dynamique, ouverte sur l'extérieur: l'industrialisation et la concentration du capital se sont faites, depuis la guerre, à l'accéléré. Jamais l'humanité n'avait connu un tel rythme de croissance de ses forces productives que celui qui changea le visage de l'Europe après 1945 ; jamais la France au cours de son histoire, en un temps aussi bref, n'avait subi unpareil bouleversement de son infrastructure. La deuxième Francen celle des mentalités et des comportements épousait la lenteur des longues durées, celle qui rythme le devenir des valeurs et des moeurs (...)

" En 1968, la France de la pierre et du seigle, de l'apéro et de l'instit, du oui papa oui-patron oui-chéri recevait l'ordre de décamper pour que celle du software et du supermarché, des news et du planning, du know-how et du brain-storming puisse étaler ses bonnes affaires, enfin chez elle. Ce ménage de printemps fit l'effet d'une libération, et c'en fut une, effectivement..." 

Régis Debray modeste contribution aux discours et cérémonies officielles du dixième anniversaire chez François Maspéro 1978

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26 juillet 2006 3 26 /07 /juillet /2006 08:07

La fin du jour flottait dans une douce torpeur. Le président du syndicat accueillait à la porte de la salle des fêtes, avec chaleur, le petit Pochon en lui disant, tout en s'épongeant le front avec son mouchoir à carreaux, tout le bien qu'il pensait de la décision de Lucienne de l'associer à la commercialisation des vins de son domaine. Il ajoutait que le syndicat était honoré de le compter parmi ses membres. Léon opinait. Il venait de faire le grand saut en se mettant en disponibilité. Restée à Paris, la petite Fougère, poussait les feux, pas encore allumés, par des SMS ollé ollé avec un Laurent totalement scotché. Elle téléphonait à Léon son petit bonbon pour lui dire qu'il n'y avait que lui et qu'elle avait hâte de le revoir lundi. L'AG du syndicat de défense promettait d'être un long fleuve tranquille et ennuyeux. A la tribune on somnolait ferme. Le commissaire aux comptes débitait les comptes. Le rapport moral tombait dans l'indifférence générale. Vint l'heure du vote des motions statutaires. Le grand Paillard levait la main et demandait un vote à bulletin secret. Il eut posé une bombe au pied de l'estrade que l'effet de souffle n'eut pas été plus violent.

Les objurgations du président restèrent lettres mortes. Paillard agitait au-dessus de son crâne déplumé les statuts. Le secrétaire de séance allait quérir un carton à bouteilles pour fabriquer une urne de fortune qu'il déposait entre les deux scrutateurs médusés. Paillard dirigeait la manoeuvre face à un bureau en plein désarroi. Après moults discussions on passait au vote. Le dépouillement se déroulait sous une chape de crainte. Le raz de marée montait. La proclamation des résultats achevait le président. Laurent se saisissait du micro. Un effet Larsen déchirait le brouhaha. " Mes amis la base a tranché. Les résultats sont clairs. L'heure du renouveau a enfin sonné. Celui qui l'incarne le mieux c'est notre collègue Pochon..." Stupeur ! Abattement ! L'affaire était pliée.

" C'est un putch ! " murmurait le président. C'en était un mais restait à savoir si Pochon en était l'instigateur ou la victime consentante. Tout l'art du petit Pochon consista à brouiller plus encore les lignes. Son discours, prononcé de sa place, fut un monument de duplicité. en substance, ce cher Léon, commença par déclarer qu'il ne pouvait accepter une telle responsabilité. trop nouveau, trop novice, trop respectueux du travail accompli par l'équipe sortante. Bien sûr il appréciait la confiance qu'on venait de lui faire mais se lançant dans une analyse planétaire du marché, de la concurrence, jonglant avec les chiffres, proposant une nouvelle approche, il s'attirait une salve d'applaudissements qu'il calmait avec sagesse. Une large part de l'ancien bureau s'était jointe aux bravos. Léon se dit qu'il était temps de porter l'estocade. Rejoignant l'allée, tout en progressant vers la tribune il s'adressait au président déchu en déclarant qu'il allait faire une proposition qui dénouerait la crise. 

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25 juillet 2006 2 25 /07 /juillet /2006 08:00

Jacques, saint Jacques le majeur, le patron de ma parroisse natale, l'homme à la coquille, le pélerin de Compostelle... c'est ma fête et je vous offre pour l'occasion un petit bijou de Chaissac adressé à l'abbé Renou le 8 février 1962... 

" Un candidat aux élections disait : je n'ai pas été baptisé, je n'ai pas fait ma première communion, je suis marié civilement, que vous faut-il de plus, mes chers amis, pour vous inspirer confiance ? Et un cher électeur de lui répondre : fais-toi enterré civilement tout de suite..."

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24 juillet 2006 1 24 /07 /juillet /2006 08:00

Le Laurent eut droit au grand jeu. L'entrée de la petite Fougère au bar du Fouquet's draina les regards concupiscents et les autres. Elle avait osée le costume marin ultra short et plus si affinités, à couper le souffle. D'ailleurs le Laurent manquait d'air lorsqu'elle lui tendit la main en minaudant " jpeu m'asseoir à côté de toi..." Ce qu'elle faisait avant même que le bellâtre puisse prononcer son premier mot. Léon tenta une plaisanterie pour l'aider à retrouver de l'oxygène " alors moussaillon le Pacha t'a donné la permission de minuit ? " qui s'écrasa comme une mouche sur un porte-avion, sans bruit. Clairette occupait l'espace, en chair et en paroles. Laurent tétanisé se raccrochait à la contemplation des cuisses lisses et pain d'épices de la belle. Il faisait eau de toutes parts.

Ils carburèrent au champagne, du Krug millésimé. La Clairette picorait et papotait, se penchait, effleurait et lançait des regards fripons à Léon. Laurent, en état de choc, la consommait sur pied. Juste avant le dessert la douce enfant s'éclipsait pour se poudrer le nez. Profitant de ce répit le petit Pochon fit deux inserts pour permettre à Laurent de redescendre sur terre. Tout d'abord, paternel, il lui conseilla de ne pas s'enflammer face à la braise car les souris des villes ne sont pas les souris des champs. Elles sont coquettes, girouettes et il faut leur laisser le temps de se donner l'illusion de dominer leurs sentiments. Le Laurent n'entravait rien à son boniment. Léon s'en tamponnait car l'important était ailleurs et, avec le sérieux de ceux qui mentent effrontément, il assura Laurent qu'il discernait en lui l'étoffe d'un grand, d'un chef quoi. La réponse de Laurent le laissa comme deux ronds de flan, du moins apparemment, monsieur Pochon c'est à vous que nous avons pensé. à la prochaine assemblée du syndicat nous débarquerons cette bande d'empotés et nous vous élirons à mains levées..."  

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21 juillet 2006 5 21 /07 /juillet /2006 08:00

DELEGATION ROYALE A LA SECURITE PUBLIQUE DE VIGATA

Vigatà le 21 mars 1890 à M. le Questeur de Montelusa

Objet : Rapport quotidien


" Nous portons à votre connaissance qu'à Vigatà, dans la journée d'aujourd'hui 21, Vendredi saint, à l'occasion de la représentation des Funérailles ont afflué sur la Grande Place, outre les habitants demeurant dans cette ville, également environ deux mille étrangers au lieu, venus des bourgs circonvoisins.


L'Ordre public a toutefois été constamment maintenu grâce au généreux dévouement de mes subordonnés qui se sont prodigués sans aucune réserve.


Ont été placés en état d'arrestation les individus suivants dont les prénoms et noms se trouvent ci-joints :


Six(6) voleurs à la tire.


Neuf (9) personnes impliquées dans trois rixes distinctes et séparées.


Un (1) individu qui, s'étant ouvert la patte du pantalon, montrait ses parties honteuses dressées aux dames, aux demoiselles et aux jeunes filles. L'arrestation  a été promptement exécutée, non seulement pour mettre fin à l'indécence, mais encore pour soustraire l'homme à la furie des maris, fiancés et frères.


Trois (3) individus qui voulaient à tout prix s'asseoir aux places réservées aux Autorités.


Une (1) personne qui criait à gorge déployée : " Mort au Roi et à tous les tyrans ! "


Une (1) autre personne qui criait d'une voix forte : " Le maire est un très grand cornard ! "


Un (1) individu qui, après avoir bu trois litres de vin d'affilée, se refusait à régler l'addition et non content de cela tentait, en réussissant en partie, de mettre le feu à l'établissement (...) "

La suite à lire dans le petit bijou de livre de Andrea Camilleri La Disparition de Judas chez Métailié. Une satire noire dans la Sicile du XIXième... qui éclaire le présent

 

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