Vin & Cie, en bonne compagnie et en toute liberté ...
Extension du domaine du vin ...
Chaque jour, avec votre petit déjeuner, sur cet espace de liberté, une plume libre s'essaie à la pertinence et à l'impertinence pour créer ou recréer des liens entre ceux qui pensent que c'est autour de la Table où l'on partage le pain, le vin et le reste pour " un peu de douceur, de convivialité, de plaisir partagé, dans ce monde de brutes ... "
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Bonne journée à tous, ceux qui ne font que passer comme ceux qui me lisent depuis l'origine de ce blog.
Les britishs ont très mauvaise langue, ainsi Philip Kerr, né à Édimbourg, qui se la joue allemand dans Prague fatale, tout comme Alan Jefferson qui, en 300 pages, a rédigé une biographie Elisabeth Schwarzkopf publiée par l'éditeur londonien Gollancz.
En 1946, le célèbre chef d'orchestre Herbert von Karajan, lui aussi mouillé avec les nazis, la décrit comme « probablement la meilleure chanteuse en Europe ».
Après la Seconde guerre, sous la houlette d’un producteur et directeur artistique anglais, Walter Legge, qui lui fait réaliser ses premiers enregistrements commence une carrière internationale d’une incomparable qualité. Elle l’épouse en 1953.
1992 anoblie par Elizabeth d'Angleterre.
Lors de la débâcle des vinyles j’ai acheté sur une brocante Les Introuvables d’Elisabeth Schwarzkopf chez EMI 5 33 tours.
Je savais qu’il y avait anguille sous roche. Messieurs les anglais tirez les premiers :
Philip Kerr La dame de Zagreb
« Qu’est-ce que Küttner a dit exactement sur votre liaison avec cette petite chanteuse d’opéra ? demandai-je à Jury sans prendre de gants.
Vraiment je tiens à protester. »
Il me décrocha un regard noir, comme s’il souhaitait que je sois allongé sur le lit avec une balle dans le torse.
« Quel est son nom déjà ? Elisabeth quelque chose. Elisabeth Schwarzkopf, c’est bien ça ?
Et si nous laissions son nom en dehors de cette histoire ?
Très bien. Pourquoi pas.
[…]
« Le fait est, Gunther, que le capitaine Küttner a appris cette histoire par moi. C’est moi qui lui ai parlé de la liaison du général avec Fräulein Schwarzkopf. Je suis désolé Hugo, mais tout le monde à Berlin est au courant de ce qui se passe. Sauf peut-être le Führer et votre femme, Karoline. Espérons qu’elle au moins pourra rester dans l’ignorance de tout ceci.
« Mais, Herr Kommissar, je pense que la partie de l’histoire qui a le plus offusqué le général Jury à propos de cette Fraülein concerne moins ses talents au lit, qui, je présume sont considérables, que ses qualités de chanteuse. Je regrette, mais c’est vrai, Hugo. Si elle était vraiment valable comme soprano, elle chanterait à l’Opéra d’État et non à l’Opéra allemand de Berlin. Or, vous l’ignorez peut-être, mais le Kommissar a parfaitement raison de dire qu’elle accorde également ses faveurs au Ministre de la Propagande. J’en détiens la preuve irréfutable, que je serais, à un stade ultérieur, heureux de vous soumettre. Il est donc inutile de monter sur vos grands chevaux. Vous la baisez tous les deux, un point c’est tout. Enfin, comment croyez-vous qu’elle a pu devenir soprano principale si peu de temps après avoir intégré le chœur ? C’est Goebbels qui a arrangé ça pour elle. En échange des services qu’elle lui rendait horizontalement. »
Les joues de Jury étaient maintenant écarlates et ses poings violemment serrés. Je me demandai s’il fallait y voir l’image d’un homme suffisamment en colère pour tuer un collègue officier de sang-froid.
« Je n’aime pas vos manières, général Heydrich dit Jury.
ELISABETH SCHWARZKOPF, ÉCHO «NAZILLARD». UNE BIOGRAPHIE ANGLAISE RÉAFFIRME QUE LA DIVA FUT MEMBRE DU PARTI NAZI.
Christian LEBLE
Alan Jefferson se veut exhaustif et a travaillé hors du contrôle d'Elisabeth Schwarzkopf (alors que toutes les archives et les commentaires du film l'Album souvenir diffusé par Arte avaient été sélectionnés par la chanteuse). «Quand Gollancz a proposé d'écrire ce livre, contact fut pris avec Elisabeth Schwarzkopf. Elle a répondu que si biographie il devait y avoir, elle l'écrirait elle-même. Elle n'a fourni aucune aide», commente Alan Jefferson au téléphone et ajoute que «la politique n'est pas l'aspect principal du livre».
Le récit de ses débuts, entre 1935 et 1945, restait jusqu'ici approximatif ou carrément omis. «Je me suis adressé au Berlin Documents Center, poursuit Alan Jefferson, qui possède les dossiers individuels que le ministère de la Propagande du Reich avait ouvert et qui n'avaient pas été détruits au moment de la prise de Berlin. On m'a répondu que le dossier Elisabeth Schwarzkopf contenait 200 pages, j'en ai obtenu copie par l'intermédiaire de l'ambassade britannique, avec l'appui de l'éditeur.» Le dossier Schwarzkopf synthétise, d'après l'auteur, la carrière de la chanteuse au Deutsche Oper, situé dans le quartier de Charlottenburg, sous contrôle du ministère de la Propagande de Goebbels, et qu'elle intègre en 1938. Auparavant, indique Alan Jefferson, Elisabeth Schwarzkopf a été membre de l'Association des étudiants nationaux-socialistes quand elle était à la Berlin Hochschule. Le 1er mars 1939, peu avant de quitter l'université, écrit Alan Jefferson en se référant aux dossiers berlinois, «Elisabeth Schwarzkopf est admise comme membre du Reichstheaterkammer (RTK) du Promi, le ministère de la Propagande et des Spectacles, sous le numéro 67784. (...) Elle rejoignit le Parti national-socialiste un mois après son arrivée au Deutsche Opera. Il fallut deux ans avant qu'elle soit inscrite comme membre, inscription qui ne fut ratifiée que neuf mois plus tard quand lui fut transmis son numéro d'adhésion (n$ 7548960) et son carnet de travail (Arbeitsbuch n$ 40/1 238 359).»
L'auteur s'acharne-t-il à citer les prestations d'Elisabeth Schwarzkopf, en France en 1941, sur le front de l'Est en décembre 1942? Ces précisions semblent plus que nécessaires, pour deux raisons (outre celle de la stricte réalité historique). D'abord, il s'agit là des années où l'interprète prend son élan et que, faute de les prendre en compte, on sous-estime le mélange de talent et d'ambition qui la caractérise. Alan Jefferson explique comment elle s'est lancée dans la mêlée, comment elle a menti sur les rôles qu'elle connaissait pour obtenir son engagement, comment elle a cherché à se distinguer des autres membres de la troupe de chanteurs permanents par des frasques (absence aux répétitions), des revendications sur des rôles de valeur. La correspondance avec Wilhelm Rode, le directeur du Deutsche Opera membre du parti nazi depuis 1933, figure dans son dossier, ainsi que les lettres du directeur à sa hiérarchie réclamant sans succès des sanctions contre la soprano indisciplinée, de même que les avenants au contrat de la chanteuse «confirmant que le président du Reichsmusikkammer, Joseph Goebbels, autorisait les dépassements de cachet par rapport à la grille du Deutsche Opera».
La seconde raison, et peut-être la principale, Elisabeth Schwarzkopf a toujours voulu dissimuler cette période et tout particulièrement à la fin de la guerre. A l'époque, la chanteuse avait déjà fait ses débuts à l'Opéra de Vienne avec le chef d'orchestre Karl Böhm (dérogeant ainsi aux règles du Deutsche Opera) et craignait qu'une condamnation de son passé politique ne se traduise par une interdiction de se produire en scène et l'arrête dans son élan. Alan Jefferson explique comment la cantatrice a rempli quatre questionnaires successifs sur son passé de guerre, le dernier en mai 1946, tous divergents. Au cours du procès mené par la commission Hurdes, chargée en Autriche de clarifier les cas, Elisabeth Schwarzkopf, puis son avocat, reconnurent que les «déclarations avaient été falsifiées et que la chanteuse avait rejoint le parti nazi pour chanter au Deustche Opera». Aujourd'hui encore, néanmoins, face à la publication du livre d'Alan Jefferson, Elisabeth Schwarzkopf a nié avoir été membre du parti nazi, mais prétend avoir simplement déposé une demande d'adhésion à laquelle il n'aurait jamais été donné suite, le tout sous la pression de son père. »
« Le son numérique rend toutes les voix beaucoup trop claires. Elles deviennent perçantes au point de nous faire mal, on croirait des lames de couteau. Mais la jeune génération ne connaît rien d'autre ; son oreille est faussée, pervertie. »
Le car dans lequel ils embarquèrent, un British-Leyland, avait des allures de bus psychédélique avec sur ses flancs des fleurs peintes cernant des décalcomanies de portraits de Marx, Gandhi, Castro, des Beatles et, bizarrement, de la Reine d’Angleterre et son porte-bagages couvert d’une bâche bleue arborant la colombe de la paix. Jeanne et lui, gagnèrent les places du fond qui leur étaient réservées. Les saluts furent joviaux, ils durent s’habituer à leurs nouveaux prénoms : Mohammed et Sonia. Le voyage se passa sans incident et ils se retrouvèrent à la tombée de la nuit dans un hôtel pour congrès, en lisière de la ville, genre monstruosité de verre et d’acier à la sauce soviétique. Après un dîner, dans une salle à manger sinistre, où ils ne sauraient dire ce qu’ils avaient ingurgité, ils descendirent dans le bar de l’hôtel au sous-sol où les colonnes de pierre et les fresques se voulaient représentatives de la grandeur des Habsbourg. C’était totalement grotesque. Quelques grosses pouffiasses buvaient du Coca-Cola à la paille en jetant des regards autour d’elles pour repérer d’éventuels festivaliers étrangers égarés qu’elles pourraient ferrer et, peut-être, attirer dans leur lit. Depuis leur arrivée ils étaient flanqués de trois accompagnateurs officiels. Sacha les avait prévenu « c’est l’usage, tu fais comme si tu ne le remarques pas. Votre chambre sera fouillée. Ne jouez jamais au plus malin. Souriez sans arrogance ça les rassurera... » Très vite Benoît comprit qu’en fonction de l’ordre hiérarchique le lourdaud Conrad, amateur de Pilsner, s’accrochait à ses basques ; que le grand Horst, avec ses faux airs d’intellectuel, pistait Jeanne ; et que, la très revêche Frau Doktor Bahr de l’ambassade d’Allemagne de l’Est à Prague surveillait tout le monde. Une folle gaieté régnait à leur table où seul Horst tentait d’animer un semblant de conversation avec Jeanne qui jouait à merveille l’effarouchée du sérail. Benoît ne cessait de penser à leurs retrouvailles dans la chambre au lit très étroit.
Tout allait trop bien pour que ce fût honnête. Leur sortie sans accroc de la nasse berlinoise, en dépit du baratin de Sacha, intriguait benoît qui n’en laissait rien paraître à Jeanne. Après une nuit où leurs corps s’accordèrent au-delà des espérances de Benoît celle-ci lui témoignait une confiance sans limite. Pour passer le temps elle jouait au tennis sur un cours en terre battue plein de nids de poule avec la colonie des mâles sud-américains. Ceux-ci, les argentins surtouts, la draguaient sans se soucier de la présence de Benoît. Les surveillants officiels semblaient bien trop bienveillants, trop coulants, obséquieux jusqu’à l’écœurement. Alors, comme Benoît n’avait strictement rien à faire et que cette cavale inopinée bouleversait tous ses plans, il s’employa à lever ses doutes. Que les services soviétiques appuyés par leurs diligents collègues est-allemands aient perdu aussi facilement leur trace dans une ville truffée de mouchards professionnels, de flics, l’amenait à conclure que leur cavale était entre leurs mains. Que souhaitaient-ils faire d’eux lorsqu’ils les coinceraient dans la souricière choisie par eux ? Des exemples pour leur propagande contre les vilenies des affreux impérialistes américains. Pensez-donc, une Mata-Hari ayant entraîné, par la séduction de ses charmes, un haut dignitaire du régime soviétique à tomber dans l’enfer du jeu et à se retrouver dans l’obligation d’être à leur solde, accompagnée d’une vermine gauchiste elle aussi à la solde de l’Ouest. Du pain béni ! Si cette hypothèse, qui tenait la route, se révélait exacte, il lui fallait très vite, sans éveiller les soupçons de leurs accompagnants, prendre mes manipulateurs à leur propre jeu.
J’appelle Pie II, pape et poète, à la rescousse, qui déclara : je vais, provisoirement, « quitter Vénus pour Bacchus » Formule qu’il prononça lorsqu’il entra dans les ordres, les prêtres étant réputés aimer le vin de messe.
Je convoque ce pochtron de Raoul Ponchon (1848-1937)
« Si j’étais roi de quelque endroit,
Tout mon peuple serait ivrogne,
Et je punirais sans vergogne
Tous ceux qui marcheraient trop droit. »
La peinture comique, spontanément rapprochée des gueuseries paysannes d’un Bruegel l’Ancien ou d’un Jan Steen, trouve une expression originale dans l’Italie de la Renaissance.
La présence d’une Scène bachique attribuée au peintre vénitien Niccolò Frangipane dans les collections du musée Saint-Léger, à Soissons, et sa restauration, constituent le point de départ de cette étude du burlesco, envisagée plus spécifiquement sous l’angle du repas.
De la confrontation à d’autres tableaux attribués à Frangipane, à son entourage ou aux maîtres du genre, Vincenzo Campi et Bartolomeo Passerotti, à la réappropriation de cet univers pictural par le cinéma italien : une invitation à la « Grande Bouffe », telle que Marco Ferreri l’avait imaginée dans son long métrage d’anthologie.
La grande bouffe
PEINTURES COMIQUES
DANS L’ITALIE DE LA RENAISSANCE
C’était du 28 octobre 2017 > 11 mars 2018 au Musée Saint-Léger de Soissons
Je n’ai pu y aller la faute à mon vol plané.
Scène bachique
« Douze personnages vus à mi-corps sont réunis autour d’une table recouverte d’un drap vert. Entassés au premier plan, ils envahissent la surface picturale dans une composition très serrée, si bien que le joueur de luth, assis sur un tabouret, semble prendre appui sur le rebord du cadre. Le personnage central, qui focalise l’attention de l’assistance, possède tous les attributs identifiant Bacchus : couronné de pampres, il presse de sa main droite une grappe de raisin dont le jus s’écoule dans une petite coupe, et serre un petit tonneau sous son bras gauche. Derrière lui surgit un satyre reconnaissable à son teint hâlé, à sa pilosité abondante, son visage en pointe et son expression lubrique. Dans ce contexte mythologique, les deux femmes à gauche pourraient être des ménades, comme le suggère le large décolleté de la première, qui laisse deviner un sein généreux. Deux enfants au premier plan s’abreuvent du divin nectar. Les hommes s’esclaffent, ouvrant d’immenses mâchoires. »
Face à une telle débauche le président de l’ANPAA, appuyé par la syndicat des addictologues, a exigé la censure de ce tableau incitant notre belle jeunesse à téter le divin nectar, ici sans contestation possible du vin nature sans additifs œnologiques.
« Actif dans les dernières décennies du XVe siècle à Venise et à Rimini, Niccolò Frangipane était réputé pour ses scènes comiques possédant une dimension parodique. La toile de Soissons s’inscrit pleinement dans le registre défini en 1582 par le cardinal Paleotti des pitture ridicole, majoritairement produites en Italie du Nord, et dont le but était de déclencher le rire du spectateur par mimétisme avec le personnage. Les historiens anciens désignent Frangipane comme un élève du Titien. »
« La figure centrale ne représente pas Bacchus mais un personnage travesti en Bacchus. Les femmes ont des allures de courtisanes et le joueur de luth renvoie explicitement à l’univers de la comédie : le masque qui couvre le haut de son visage le rapproche des Zanni de la commedia dell’arte. »
« La confrontation du tableau soissonnais avec les rares œuvres signée par Frangipane incite à rester prudent sur l’attribution. Malgré la vigueur du coloris, caractérisé par de beaux accords d’harmonies rares – rose framboise, jaune citron, vert « Véronèse » –, quelques maladresses dans le rendu de l’anatomie et du traitement de l’espace, tout comme l’absence de ce poudroiement lumineux typiquement vénitien qui caractérise sa production aussi bien religieuse que profane, ne plaident pas en faveur d’une œuvre autographe. »
« Je descendis, m’adjugeai quelques cigarettes supplémentaires ainsi qu’un schnaps bien tassé d’une bouteille posée sur un plateau d’argent dans la bibliothèque – la meilleure sorte, fabriquée avec les meilleurs fruits, des poires en l’occurrence, probablement autrichienne, comme la plupart des grands schnaps et vous donnant l’impression de déguster la poire la plus succulente que vous ayez jamais mangée, pour vous apercevoir soudain qu’il s’agit d’une merveilleuse poire magique dont l’effet s’étend bien au-delà de la bouche, jusque dans tous les recoins du corps humain, tel le sort bienfaisant d’une sorcière. Je m’en versai rapidement un autre et sentis un sourire s’étaler sur mon visage comme un nuage s’écartant du soleil. Cette bouteille était beaucoup trop bonne pour la laisser traîner dans un endroit pareil. Si quelque chose méritait d’être délivré des nazis, c’était bien elle. »
La Dame de Zagreb Philippe Kerr
Le héros récurrent des polars de Philippe Kerr, Bernie Gunther est un grand buveur de schnaps, il en siffle en permanence, surtout pour oublier les atrocités nazies, des quantités considérables.
Le schnaps désigne normalement une eau-de-vie transparente, distillée à partir de céréales, de racines ou de fruits, en particulier de cerises, (Kirschwasser), de pommes, de poires, de pêches, de prunes, d'abricots ou de mirabelles. Il arrive souvent que le produit de base utilisé soit le marc restant après que les fruits aient été pressés pour en extraire le jus. Le véritable schnaps ne reçoit aucune adjonction de sucre et n'est pas aromatisé. En bien des points, le schnaps ressemble à la vodka, mais avec un léger goût de fruit qui dépend des ingrédients utilisés. Le taux d'alcool est généralement proche de 40%.
Il existe dans le monde un grand nombre de boissons alcoolisées et baptisées "schnaps" qui ne répondent pas à la stricte définition du terme, telles le schnaps de pêche, ou le schnaps au caramel connus en Amérique du Nord. Elles peuvent résulter de procédés différents, n'impliquant pas la fermentation d'un produit avant sa distillation. Certaines d'entre elles utilisent une base alcoolique (telle que schnaps, vodka ou rhum) pour extraire les arômes de fruits. Souvent, elles comportent des ingrédients supplémentaires, en particulier du sucre.
D’une manière générale dans tous les romans de Kerr les culottes de peau allemandes apprécient les eaux-de-vie, surtout le Cognac mais ce matin je souhaite évoqué un épisode peu connu celui de l’appellation Calvados.
Ce n’est qu’en effet qu’en 1942 que le Calvados obtint son appellation d’origine contrôlée. Plus prosaïquement, il s’agissait au temps de l’occupation d’éviter la réquisition par les Allemands du cuivre des alambics et de l’alcool, car seules les eaux-de-vie classées étaient exemptées de saisie.
Et pourquoi ce nom : Calvados ?
Au début du XVIe siècle, la culture des pommiers à cidre, est encouragée par l'arrivée de nouvelles variétés de pommes, en provenance du Pays Basque. La légende veut, que ce nom tiendrait d'un navire espagnol "San Salvador" ou "El "Salvador" de l'Invincible Armada du roi Philippe II d’Espagne, échoué en faisant route sur les côtes anglaises en 1588. Le nom du bateau aurait été transformé en "Calvador" puis "Calvados".
Le 28 mars 1553 est la date de la première apparition du Calvados dans le journal du Sire Gilles de Gouberville, agronome du Cotentin. Il s'intéresse tout particulièrement à la culture de ses vergers, qui ne comptent pas moins de 40 variétés de pommiers.
Il faut ensuite attendre 1942 pour qu'un décret reconnaisse le Calvados du Pays d'Auge en Appellation d'Origine Contrôlée et, les Calvados produits dans les autres zones, en Appellation d'Origine Réglementée. L'appellation d'origine réglementée Calvados est promue, en Appellation d'Origine Contrôlée le 11 septembre 1984 par décret. Le Calvados Domfrontais, qui possède une saveur très originale due à la présence dominante de poiriers dans cette région, attendra le 31 décembre 1997
Le cidre distillé en dehors des aires consacrées ne peut être que de l’eau-de-vie de cidre.
En 1935, les communistes chinois, en pleine débâcle, font halte dans le village de Maotai et les soldats vont trouver dans la puissante eau-de-vie « une alliée idéale pour panser leurs plaies et reprendre courage. « La Longue Marche a été un succès en grande partie grâce au Maotai » assurera Zou Enlai lors de la proclamation de la République populaire. Peu après, la distillerie devient propriété de l’Etat et la boisson fétiche accède au rang d’alcool national. »
Le 19 octobre 1935 s'achève la Longue Marche des communistes chinois et de leur chef Mao Zedong. Après une épopée de douze mille kilomètres à travers la Chine, les communistes se réfugient au Chen-si (ou Shaanxi). Dans cette province montagneuse isolée du nord-ouest, ils échappent aux attaques du parti rival du Guomindang ou Kouo-Min-Tang et de son chef, Tchang Kaï-chek. Mais de 130.000 au départ, un an plus tôt, ils ne sont plus que 30.000. La faim et la lutte contre les troupes du Kouo-Min-Tang ont eu raison des autres.
Depuis le toast réussi avec Nixon lors de sa visite à Pékin en 1972, les dirigeants chinois font couler le Moutai, eau-de-vie de sorgho titrant 53° (dit aussi Maotai petite ville de la province du Guizhou au sud de la Chine) dans le gosier de tous les chefs d’Etat et hauts dignitaires en visite en Chine. En effet, lorsque Deng Xiaoping, deux ans plus tard, se rend aux USA, Henry Kissinger lui confiera « Si nous buvons assez de Moutai nous pourrons résoudre tous nos problèmes. »
Après l'arrivée au pouvoir des communistes, en 1949, les États-Unis avait refusé de reconnaître la Chine populaire. Les relations entre les deux pays restaient tendues au début des années 70. Cependant, l'accueil fait à une équipe américaine de ping-pong en tournée et les visites secrètes en Chine du conseiller du président Nixon, Henry Kissinger, pavent la voie à un rapprochement. Le 21 février 1972, Nixon entreprend un voyage officiel en Chine au cours duquel il rencontre le premier ministre Zhou Enlai et l'ancien président Mao Zedong.
« Nixon n'a pas été reçu comme le représentant coupable d'un impérialisme vaincu par les contradictions du capitalisme. Il n'a pas été reçu comme un tacticien avec lequel on fait une expérience que l'on se réserve le pouvoir de désavouer aussitôt. Il a été reçu comme un chef d'État avec lequel on peut conclure la paix et on peut fonder la coexistence. Mao lui-même s'est engagé. Il n'est plus en mesure, comme certains sinologues s'aventuraient à le conjecturer, de désavouer Chou En-lai.»
Jean Daniel, «Les surprises de Nixon» Le Nouvel Observateur 28 février 1972
Je l'avais appelé Mao parce que je revenais de Chine. Je voulais qu'il règne sur moi comme le grand empereur de la nouvelle dynastie sur son peuple. Certains virent là un signe de mépris pour le vainqueur de la Longue Marche. Pour cela, il aurait fallu donner son nom à un porc ou à un veau. Mon dernier chien s'appelait César comme celui de la ferme de mes grands-parents dans la Mitidja. Ainsi à nous deux portions-nous le nom du général qui conquit la Gaule et la soumit à Rome. Dans l'idée que, ce Mao-là, du moins, je pouvais l'aimer, et qu'il m'obéissait, j'avoue qu'on pourrait discerner quelque secrète démarche ou fourberie : sans penser à ramener, symboliquement, la Chine au servage de l'Occident, j'admets que se nichait là une innocente ironie, mais quoi, j'aurais aussi bien appelé mon chien Charlie pour me gausser espièglement de notre roi, si grand, si fier et si puissant. Après tout, quand on donne aux chiens le nom d'un homme, c'est que cet homme est illustre, et l'hommage ainsi décerné flatteur pour un monarque, qu'il soit roi de France ou empereur de Chine. Et puis Mao peut s'écrire comme un vieux nom français. Un gendarme de Vézelay s'appelle Mahaut, et il eut assez d'humour pour ne pas se vexer quand il a su que mon chien portait le même nom que lui. Chaque fois que nous allions chez le menuisier, c'était des Mao par-ci et des Mao par-là. La gendarmerie est au-dessus, et le fils du gendarme Mahaut un familier de l'artisan, qui tient bistrot.
Ne devrais-je pas employer l'imparfait de l'indicatif ? A présent, la gendarmerie a été bâtie hors des murs de la ville, le menuisier s'en est allé, le bistrot a changé de propriétaire. Serais-je en vie quand ces pages paraîtront ?
Jules Roy
La Mort de Mao écrit en 1969 à Vézelay et publié chez Christian Bourgois.
« 1972.
Yenan. Au musée de la Révolution, après les manigances ourdies contre Liou Chao-chi d'abord, et contre Lin Piao ensuite, les plus habiles retoucheurs chinois, les experts ès laboratoires, avaient retouché des centaines de photos. Un travail d'orfèvre. La plus impressionnante, pour moi, était celle de Mao à cheval, avec à ses côtés, Lin Piao, à cheval lui aussi. Maintenant, sur le cheval de Lin Piao il n'y avait plus de Lin Piao, mais un petit halo blanchâtre, un ectoplasme, et Mao regardait le photographe droit dans les yeux, en faisant dans le même temps un mouvement de bras pour appuyer les propos qu'il tenait à son ami Lin. Mais à présent que le bandit Lin Piao n'était plus en selle, Mao paraissait s'adresser au cheval, qui d'ailleurs tournait attentivement ses naseaux vers lui, comme s'il comprenait son discours (...)
A Yenan, pendant la nuit, j'eus une discussion animée avec les Chinois qui m'accompagnaient. « Pourquoi retouchez-vous les photos ? » demandai-je.
« Nous ne les retouchons pas, répondirent-ils. Nous avons seulement une conception différente de la photographie.
- N'est-ce pas une conception différente de l'histoire ?
- De la photographie plutôt...
- Non, c'est une conception mutilante de l'histoire, insisté-je (...) "
Extrait de " Deux mille ans de bonheur "Maria-Antonietta Macciocchi chez Grasset pages 88-89
Mao Zedong ou Mao Tsé-toung (毛泽东 Máo Zédōng) : l'ex-grand timonier de la Chine rouge pour l'éternité
«Les maîtres de la Chine-rouge-pour l’éternité n’aimaient pas La Cause* (ou plutôt les bureaucrates qui s’occupaient de ces affaires subalternes dans un recoin de la Cité interdite) : ils y voyaient non sans raison un ramassis d’irresponsables anarchisants susceptibles de gêner leurs négoces avec la France du président Pompe. Et ce n’était pas l’ambassade d’Angelo* qui risquait de les faire changer d’avis. Ils avaient commencé par l’expédier d’autorité chez le coiffeur, ils lui trouvaient les cheveux trop longs. Angelo avait eu beau protester, il avait dû se laisser détourer les oreilles. Puis devant le maréchal Lin Piao, le dauphin de l’époque, il avait détaillé son plan qu’il avait conçu d’établir dans le périmètre Saint-Jacques-Soufflot-Sainte-Geneviève-Saint-Germain une Commune insurrectionnelle étudiante et lycéenne défendue par les armes. Cela fait beaucoup de saints avait juste observé ce maréchal à tête de valet de comédie qui allait quelques années plus tard se désintégrer dans le ciel mongol. On avait finalement introduit Angelo, au sein d’une délégation « d’amis occidentaux», devant le Soleil rouge incarné : boudiné dans la toile kaki, ses petits pieds chaussés de vernis noirs croisés entre les dragons de bois-de-fer de son trône, le despote verruqueux portait à sa bouche, de cette petite main rose et comme bouillie qui avait si fort impressionné Malraux, d’incessantes cigarettes blondes. De l’autre il se tripotait nonchalamment la braguette. Le vieux Minotaure venait sans doute d’honorer une des lycéennes qu’il se faisait livrer »
Olivier Rolin « Tigre en papier »
* Angelo pseudo d’un mao de la GP délégué à Pékin lors d’un Congrès quelconque pour représenter les peuples soutenant la ligne chinoise contre la ligne soviétique
Histoire du petit livre rouge
Pascale NIVELLE
« Best-seller international, le petit livre rouge a été imprimé à plus d’un milliard d’exemplaires. Ce recueil de citations de Mao est rapidement devenu le manifeste de la Révolution culturelle et un objet de culte aussi bien en Chine que pour les maoïstes occidentaux.
Apparu en 1964, les Citations du président Mao Tsé-toung, bréviaire inspiré des discours ou des œuvres du fondateur de la République populaire, est d’abord conçu comme un outil d’éducation politique pour l’armée, puis devient l’« arme spirituelle » des gardes rouges et le manuel de vie de 700 millions de Chinois. En Europe, il séduit une partie des intellectuels, les « maos » français de Mai 68, qui le rebaptisent « petit livre rouge » et en font le talisman de leur propre « révolution », ignorants les atrocités commises par le régime chinois.
Cinquante ans après le début de la Grande Révolution culturelle prolétarienne et quarante ans après la mort de Mao Zedong, la journaliste Pascale Nivelle raconte l’épopée de cette petite bible en vinyle rouge vif qui a été, de Pékin à Paris, le coeur d’une immense et folle passion collective. »
Dans ce livre passionnant je souhaite extraire, pour leur rendre hommage, l’aventure du couple Claudie et Jacques Broyelle emblématique de la mouvance maoïste française, qui travaillait comme traducteurs à mon Pékin Information.
Lui, normalien, prochinois historique, fondateur de l’UJC-ML (Union des Jeunes Communistes marxistes-léninistes)
Elle, a écrit un livre à la gloire des Chinoises émancipées, La Moitié du ciel.
« Leur boulot consiste à mettre en bon français les traductions de leurs collègues chinois pour Pékin Information.
Ils déchantent assez vite. A plupart des articles exportés sont tirés du Quotidien du Peuple, principal organe en langue de bois du Parti. Au siège du journal, raconte Jacques Broyelle, il règne « un culte quelque peu exagéré de la division du travail ». Il décrit un cycle bureaucratique kafkaïen : chaque traduction nécessite une dizaine d’opérations enchaînées les unes aux autres, sans aucune coopération entre les six ou sept personnes qui travaillent dans l’unité française. Procédé qui qui entraîne « le désintérêt absolu des travailleurs », note le normalien coincé dans la chaîne, et la « multiplication des personnes inutiles ». Tout cela, expliquera-t-il plus tard, pour produire « des articles d’une monotonie éternellement triomphaliste ».
« Les traducteurs n’ont aucune marge de manœuvre. Ils sont obligés de piocher dans un énorme fichier d’expressions toutes faites, auxquelles il ne faut pas enlever un tiret ou une majuscule. Tel le bloc « Notre Grand Dirigeant le président Mao » ou le triptyque sacré « ouvriers-paysans-soldats ».
[…]
« Même aliéné par la propagande, même anesthésié par une situation matérielle confortable qui tranche avec celle des années de militantisme parisien, et même aveuglé par sa propre foi, Broyelle a encore quelques réflexes. Un jour, il voit passer la phrase « le modernisme, le fauvisme, le rock’n’roll et le strip-tease dominent dans les pays occidentaux pour la plus grande corruption des peuples ». À envoyer tel quel à Paris et dans toute l’Afrique francophone. Cette fois, le normalien proteste, oubliant d’y mettre les formes : « cette analyse est surtout la preuve de l’ignorance du rédacteur, elle exhale un chauvinisme assez malvenu. » Que n’a-t-il dit ! L’article en question a été dicté à un quotidien chinois par Jiang Qing en personne ! On ne touche pas à madame Mao. « Ce fut une affaire d’État a raconté Jacques Broyelle en 1977, deux ans après être rentré (traumatisé) de Chine.»
Johann Schneider-Ammann: «La Route de la soie n’est pas une utopie» ICI
L’adresse de Sacha se révéla être celle d’un temple luthérien où un pasteur acétique flanqué d’une servante sans grâce les accueillit avec une économie de paroles qui cadrait bien avec le climat pesant de la capitale de la RDA. En dire le moins possible ici participait à l’instinct de survie : personne ne comptait sur personne, les liens sociaux se résumaient à une forme très accomplie d’ignorance mutuelle doublée d’un état d’indifférence profond sur le malheur des autres. Ils sortaient, comme leurs frères de l’Ouest, vaincus, cabossés, affamés, asservis, mais eux se retrouvaient parqués, retenus prisonniers par un parti qui se disait frère du grand vainqueur soviétique. Plus de repères, la grande machine à laver les cerveaux opérait pour que l’Histoire officielle essore le passé de la vieille Allemagne et serve de moule au soi-disant Homme Nouveau Socialiste. Benoît supposait que leurs hôtes, sans être des opposants, ni même des résistants, devaient rendre des services à Sacha en échange d’une liberté d’action relative pour l’exercice de leur culte. Ils les installèrent sur des lits de camp dans une soupente au-dessus de la salle paroissiale de réunion. Jeanne semblait totalement absente, elle suivait Benoît sans piper mot.
Sacha se pointait comme un chat, selon ses bonnes habitudes, au beau milieu de la nuit alors qu’ils dormaient après avoir ingurgité un dîner composé de pommes de terre à l’eau, de harengs saurs arrosés d’une bière immonde. Jeanne dormait à poings fermés. Assis sur le bord de la couchette de Benoît, Sacha l’informait qu’il allait les exfiltrer d’ici sous le couvert d’une troupe de jeunes comédiens anglais que le British Council qui, après avoir entamé sa tournée par Berlin-Est, partait le surlendemain pour le Festival International du Théâtre de Prague. La chance leur souriait, le régisseur et son assistante venaient de contracter la coqueluche. Ils prendraient leurs places nombre pour nombre. Benoît informa Sacha de leurs nouvelles identités, n’allaient-elles pas poser problème au sein de ce groupe de jeunes rosbifs. Sacha haussa les épaules : « Ils n’auront pas d’autre choix que de gober mon histoire. D’ailleurs, ils sont tellement cons que je suis persuadé qu’ils vont trouver ça terriblement excitant d’accueillir deux bronzés. Surtout que ta compagne me semble pourvue de tout ce qu’il faut pour exciter leur libido de boutonneux. » Benoît s’inquiéta des visas. « Entre pays frères c’est relax, et d’autant plus que vous êtes officiellement des protégés de Boumediene... » lui rétorquait un Sacha plus intéressé par la contemplation du corps de Jeanne endormie que par ses inquiétudes. D’un ton désinvolte il ajoutait « le plus difficile pour vous sera de sortir de la nasse des pays du Pacte de Varsovie. Là il vous faudra jouer serré... »
« … une fois par an, on allait en montagne pour honorer le saint patron du lieu et visiter Ascruthia et Coraci, deux villages de montagne abandonnés après l’inondation qui avait tout balayé au temps où les grands parents étaient jeunes mariés.Après les visites aux villages et la messe dans l’église dédiée au saint, on s’arrêtait dans la pinède, on mangeait et on buvait pendant des heures […]
« J’étais impatient que le déjeuner finisse : les poivrons rôtis à la braise du feu de yeuse ; les pommes de terre et les œufs enfouis à cuire sous la cendre brûlante ; les tripes des chèvres enroulées autour du gras et des frites, noyées dans un bain d’huile, oignon et poivre ; et puis les macaronis cuits à la maison , assaisonnés de sauce de chèvre blanche ou rouge ; le capocollo, les lardons, les salamis piquants, les fromages doux de brebis et de vache et piquants de chèvre ; les tartes à la mûre des ronces et à la mûre de mûrier, à la cerise de montagne… »
Si les Calabrais de l’Aspromonte peuvent apparaître comme un «peuple de mâles», une race maudite qui n’a pour horizon que la guerre, leurs femmes, à l’opposé, «trament depuis toujours pour la paix».
« La ‘ndrangheta est comme la nature infecte d’une très belle femme ; les amants inexperts la pénètrent, brûlants de désir, et au lieu de l’apaisement des sens, ils trouvent l’anéantissement de l’âme. »
« Dans les livres comme dans la vie, il n’y a pas d’un côté «les bons» et de l’autre «les méchants». Une troisième catégorie d’individus existe: les «assassins par nécessité historique». Inclassables en termes moraux. Echappant à toute forme de jugement. Des êtres qui sont le siège d’une culture ancestrale et qu’il est impensable de vouloir étiqueter. Encore moins condamner. Et qui résident prioritairement en Calabre, terre de grande tradition grecque et de grande désespérance économique.
Tel est le thème du thriller calabrais à succès, «la Soie et le fusil», signé Gioacchino Criaco. Où il est démontré qu’«un homme et un peuple qui ne sont pas en mesure de défendre leur propre territoire cessent d’être un homme et un peuple».
Tout ici remonte à la nuit des temps, à la mythologie des «Aigles» (la famille Therrime) et des «Loups» (la famille Dominici). Deux clans qui s'affrontent et se disputent des terres. L’auteur affiche nettement une préférence pour les Dominici. Dans leur guerre, ils ont toujours refusé, même aux pires moments, de s’allier avec la mafia locale, la célèbre 'Ndrangheta, le bras armé des puissants. »
Lire ICI la critique de Marcelle Padovanile 06 avril 2018 : Avec "la Soie et le fusil", l'écrivain calabrais Gioacchino Criaco signe un romanzo criminale aux accents mythologiques. Epique.
Résumé :
De part et d’autre d’une vallée de l’Aspromonte, deux familles s’affrontent dans une guerre sans âge et font le décompte de leurs morts : les Therrime contre les Dominici, les Aigles contre les Loups. Leur inimitié est balayée un jour par l’inondation qui emporte toute la vallée fertile jusqu’au bord de la mer et les deux peuples migrent sur la côte dans les « Jardins », où parmi les vergers les enfants font des courses à cloche-pied. C’est là que Julien, dit le Gecko, et Agnese, la Nymphe, deux descendants des lignées ennemies, tombent amoureux pour la vie, sous le regard jaloux du frère jumeau d’Agnese, Alberto, le Chiot, et avec la complicité des vieilles tisseuses de soie.
Mais dans l’Aspromonte les trêves ne durent jamais bien longtemps, et lorsque le père de Julien Dominici est tué, la vendetta reprend et la peste noire s’abat sur la vallée : Julien devient un monstre, un tueur. Alors qu’il sort de prison, vingt ans plus tard, il découvre qu’il est mêlé contre son gré à une sombre histoire de trafic de drogue avec les triades chinoises. Le combat reprend.
Souffle épique et antique, sentiment de la nature, affrontement des mythologies (épopées calabraises, mais aussi légendes de la Chine), thriller ultra contemporain, ce roman fait magnifiquement la fusion entre le polar et les batailles mythologiques qui se poursuivent aujourd’hui, sous le poids d’un implacable destin.
CANESTRATO D'ASPROMONTE
Sur le massif montagneux d'Aspromonte (Calabre), au pied du quel ce fromage est élaboré, paissent de nombreux troupeaux de brebis, de chèvres et de vaches. Aussi, utilise-t-on toujours au moins deux laits, en fonction des saisons de mise bas des animaux. Les meilleures origines, les plus caractéristiques du cru, sont sur le versant tyrrhénien, les communes de Scilla, San Syefano d'Aspromonte, Sinopoli, Scido. C'est un fromage caillé divisé et à égouttage acceléré sous presse. Il se présente sous la forme d'une petite roue à talon convexe de 1,5 à 4 kg. On le consomme après 2 mois de cave, soit en dessert, soit en hors d'oeuvre, lorsqu'il est conservé dans l'huile d'olive à la mode locale.
« Bordé par la mer Tyrrhénienne à l’ouest et la mer Ionienne à l’est, le territoire de la Calabre jouit d’une géographie très diversifiée composée d’un vaste littoral, de hauts plateaux et de montagnes luxuriantes. Séparée de la Sicile par le détroit de Messine, la région forme la pointe de la botte italienne dans l’extrême sud de la péninsule. Bien qu’on y cultive la vigne depuis le 7e siècle avant notre ère, la Calabre figure aujourd’hui parmi les régions d’Italie où il se produit le moins de vin. Optant longtemps pour une production de vin en vrac exporté vers le nord, la Calabre mise depuis les années 1970 sur la commercialisation de ses vins d’origine. Bien qu’elle accuse un certain retard par rapport aux autres régions du Mezzogiorno en termes d’investissement, la Calabre a entamé depuis peu la modernisation de son vignoble avec des résultats forts encourageants.
La Calabre demeure une région essentiellement agricole. Dans l’ensemble, la vigne reste toutefois secondaire par rapport aux autres formes de cultures telles les agrumes et les olives. Deux principaux cépages d’origine grecque, le Gaglioppo, pour les rouges, et le Greco, pour les blancs, dominent aujourd’hui le paysage viticole calabrais. L’écrasante majorité des vins de la région sont rouges avec 90 % de la production totale.
Surnommée Enotria (terre de vins) pendant l’antiquité, la Calabre produit sans doute l’un des plus anciens vins d’Italie, le vin Cirò DOC, cultivé dans les environs de la ville de Cirò Marina près de Crotone. De loin l’appellation la plus réputée de la région, ses collines ensoleillées situées sur la côte ionienne sont particulièrement propices à la viticulture.
Le vin de Cirò découlerait du vin de Kremissa, le nom de la colonie grecque qui occupait initialement l’emplacement de Cirò Marina à l’époque de la Magna Graecia (la Grande-Grèce). On raconte que c’est le vin que buvaient les athlètes calabrais pour célébrer leurs victoires lors des premières olympiades.
Confituré, puissant et acidulé, le Cirò est un rouge typique des chauds climats du sud de l’Italie et l’incarnation même du cépage Gaglioppo. Sa forte personnalité exprime un charme rustique intimement associé à son terroir d’origine. Contrairement à d’autres cépages du Mezzogiorno reconnus pour leurs robes denses et opaques, les vins de Cirò possèdent une teinte plus pâle et des nuances orangées. Les Riserva se conservent aisément pendant une bonne décennie. La récente modernisation du vignoble et des techniques de production tend à donner des vins moins alcoolisés, plus ronds et moins susceptibles à l’oxydation. De récentes expérimentations avec le cépage Magliocco et d’autres cépages internationaux comme le Cabernet Sauvignon assemblé au Gaglioppo livrent dernièrement d’assez bons résultats qui contribuent au rayonnement des vins de la région. Mais, le récent boom commercial vécu dans les Pouilles et la Sicile tarde encore à venir et la Calabre demeure toujours marginale dans le circuit des œnophiles.
Le vin de Cirò représente à lui seul près de 85% de la production du vin DOC calabrais. Les DOC de Lamezia, Scavigna et Savuto, sur la côte tyrrhénienne, constituent le second pôle viticole significatif de la région. Les autres DOC de la Calabre telles que Melissa, Donnici, Bivongi ou Pollino perdent de plus en plus de terrain et sont rarement exportées. Produit dans la ville de Bianco au sud de Reggio Calabria, le Greco di Bianco figure parmi les meilleurs vins doux d’Italie. Rare, il s’agit d’une curiosité gastronomique à ne pas manquer lors d’un séjour dans la région. »
Les Légendes de Mathilde @Sorokine J’y étais. J’ai pris cette photo. Je suis très heureuse.
Sur Twitter Marcel Sel (@marcelsel) de Bruxelles
Un Français me disait ce matin : « on croyait que les Belges étaient super sympas, on découvre qu'ils sont super rancuniers en fait ». Oui, ça se remarque.
La vie est Belge @Marjoriecolot6
La France a gagné une étoile sur un maillot...
La Belgique a gagné le respect du monde entier...
La France parle d’elle-même, le monde entier parle de la Belgique
Un potard ventripotent outre-quiévrain, même pas belge, qui n’a sans doute jamais couru derrière un ballon rond, à même lâché : la France une petite équipe...
Quelle aigreur !
Moi qui ai tété le lait du jeu à la nantaise, celui orchestré par José Arribas puis par Jean-Claude Suaudeau, joué par un Henri Michel fidèle, que n’ai subi les lazzis de ceux qui m’envoyaient à la gueule que les Canaris n’avaient jamais décrochés de timbales internationales.
Le football est un sport d’équipe qui se joue dans le cadre de règles codifiées, avec des arbitres, cette « petite équipe » de France a-t-elle trichée ? A-t-elle cassée du tibia ? A-t-elle pervertie l’esprit du jeu ?
La réponse est non.
Elle a joué son jeu, pourquoi diable les défenseurs ne sont-ils jamais à l'honneur ?
Jules Rimet, l’inventeur de cette Coupe du Monde, voulait que « les hommes puissent se rencontrer en toute confiance sans haine dans leurs cœurs et sans insultes sur leurs lèvres ».
Le fair-play n’est pas inscrit dans l’ADN de certains de nos voisins, je le regrette. Libre à eux de nous trouver arrogants, donneurs de leçons, nombrilistes mais de grâce qu’ils ne profitent pas d’une compétition sportive pour déverser leur bile.
Oui la Belgique, et plus encore la Croatie, étaient de belles équipes, je l’ai écrit et j’aurais applaudi si l’une ou l’autre avait décrochée la timbale.
Mais n’en déplaise aux mauvais perdants cette équipe de France a gagné c’est que c’était une équipe solidaire, soudée et ce n’était pas couru d’avance avec la collection d’individualités talentueuses et cotées sur le marché.
Coupe du monde 2018 : « En route, les gars, on y va tous ensemble », par Pierre Georges
L’ex-journaliste du « Monde », Pierre Georges, qui a couvert plusieurs Coupes du monde, traduit mieux que je ne le ferais, comment cette « classe turbulente et vivante », cette « génération surdouée » en est arrivé là.
LE MONDE | 16.07.2018
Dans le fond, ce fut comme une révélation. Hilarante et en même temps dantesque. Dans ce fameux stade de Moscou, Poutine avait convié ses hôtes, non pas pour leur asséner, comme chaque soir de match, un admirable concerto de piano mécanique. Non, là, c’était autre : la grandiose remise des prix à la cérémonie Vladimir. Une vraie de vraie avec fanfare, collection de médailles, distribution de diplômes et coupes annexes, buteur espoir du siècle, Ballon d’or jusqu’à la fin des abonnements à vie, sauf trépas sportif. Et, bien sûr, la fameuse Coupe en or massif de la « Maison Jules Rimet, Paris », dont tout pratiquant rêve avant même l’idée de puberté. C’est dire l’horreur de la dépendance, et planétaire celle-là.
Notre tsar, incontestablement ravi de l’issue négative pour les Croates, ceux-là mêmes qui avaient éliminé sa Russie, les vit prendre l’ultime potion. Et ce fut pour ainsi dire une alliance franco-russe. Un gang de gamins, Français de partout et fiers de l’être, avait décidé, comme des jeunes, comme une équipe, d’arrêter les conneries, les déguisements, les trajectoires égoïstes de futures idoles des foules, de contrats en pétrodollars et de vie de nabab. Ne serait-ce qu’un moment, ils avaient juré d’aider leur pays à être le pays, la France leur France et réciproquement. Ensemble, faisons un bout de chemin, un bout de bonheur de vivre.
C’est un pari de jeunes, le pari d’une génération. C’est un pari de « ouf », diraient-ils. Essayer, comme l’avait écrit un jour Jean Lacouture (1921-2015), de « péter contre le tonnerre ambiant ». Le faire taire un peu, ce malheur collectif que les crétins, augures et prédicateurs, les racistes, les prévisionnistes des mille et une plaies, de la décadence garantie sur avenir et de l’endettement sur commande. Et d’ailleurs, ce pet fit tellement de bruit qu’il finit par estourbir l’orage, qu’on n’ose imaginer croate. Et qu’à la place, on vit le plus joyeux monôme de footballeurs français, déguisés en sac à Coupe aller chercher pour leur génération, l’immense majorité des jeunes Français, un moment d’autre chose que la sinistre assignation à la morosité contemplative : le bonheur.
L’équipe chantait au départ comme elle dansait à l’arrivée
Laissons Poutine et sa garde récupérer, mais un peu tard, des parapluies pour sauver ses hôtes. Laissons Trump, gougnafier de première, laisser la reine d’Angleterre rissoler sept minutes en plein cagnard, passer la garde en revue avant elle et faire une sorte de sacrilège photographique en un musée royal. Ces gens-là sont hors de notre espérance commune.
Ici, un aveu hors de toute modestie : savez-vous comment j’ai imaginé que la France pouvait gagner cette Coupe du monde ? En observant le car, leur car. Ce n’était pas un car à l’américaine, façon school, mais plutôt un car de sécurité en pur blindage. Et, après chaque match, en route vers un hôtel genre forteresse de luxe. Et immanquablement, au départ comme à l’arrivée, l’équipe chantait au départ comme elle dansait à l’arrivée, le personnel au garde à vous au début, hilare et joyeux. Des gens en route vers la félicité, et dans le rire le plus partagé. Signe infaillible de rêve. Pour tout dire cela ne ressemblait pas à un car sud-africain où d’autres s’étaient constitués prisonniers à leur propre connerie collective.
Et puis, deuxième signe infaillible : le sort fait aux deux sélectionneurs, Aimé Jacquet et Didier Deschamps, en ligne de mire, l’un comme l’autre, limogeage maintenant ou demain. Bref, le procès permanent fait par des millions de sélectionneurs, gens de métier ou gens de bistrot, agents d’influence, et tous ceux qui se croient oints de la sainte huile footbalistique. C’est la nature même de la passion dévorante du football. Seulement, voilà : Aimé Jacquet a gagné la Coupe du monde en 1998 et occi les cabalistes. Et Didier Deschamps vient de suspendre au lustre moscovite la coalition de ses tourmenteurs. 2 à 0, en bonne arithmétique de nos enfants de France !
Mœurs de satrape et procès de fronde
On a tout dit, et tout prédit, sur Deschamps : que sa sélection était bancale, que sa visée de jeu n’était pas optimiste, mais Rapetout, point après point, marche après marche. On lui a lancé dans les pattes – et là, c’est de l’infamie – une hypothèse Zinedine Zidane, libre de Madrid et supposé libre pour l’équipe de France. On a organisé, en plein début du Mondial, des sondages : chers Français de France, qui préférez-vous comme sélectionneur national ? Zizou répondit la foule. Et bien, patientez un peu, on embaumera le défunt au premier quart de finale venu, et vive Zizou !
Voilà ce joli monde tel qu’il va, avec ses mœurs de satrape et ses procès de fronde. Et voici en face le grand mystère qui nous réjouit ce jour : comment Didier Deschamps a-t-il réussi à convaincre ses jeunes Marie-Louise et ses quelques vieux briscards de se fédérer, d’être vingt-trois au début et vingt-trois à la fin, de leur dire, en somme, « en route, les gars, on y va tous ensemble, je ne peux pas vous promettre de tous jouer, mais de vivre un bonheur commun » ?
Il s’agit, sans aucun doute, du vrai triomphe d’un pédagogue et, derrière lui, d’une ribambelle d’enseignants, de parents, d’éducateurs, de formateurs. Et puis une chose insensée, la découverte d’une génération formidable et surdouée. Mais il ne faut pas exclure une extraordinaire évolution du pédago lui-même, au contact de cette classe turbulente et vivante. Oui, il n’est pas exclu d’imaginer que Deschamps ait été parmi les premiers à avoir vu bouger le bonheur sous leur pied. Et qu’il en soit devenu, à sa manière rude et tendre, « tout chose ».
Une femme entrée sur le terrain salue le Français Kylian Mbappé, les Pussy Riot ont revendiqué cette invasion de terrain.
La presse londonienne parle d’une somme de 225 millions pour Hazard et Courtois au Real Madrid
Equipe de France : la victoire du talent
Rarement en maîtrise lors de la finale contre la Croatie, les Bleus ont fait la différence sur des inspirations individuelles. L’analyse des « Cahiers du football ».
Une frappe enroulée de Pogba après des jongles de Griezmann dans la surface. Un missile à rebonds de Mbappé dans la foulée d’une percée d’Hernandez. Et deux coups de pied arrêtés, un coup franc et un penalty obtenu sur corner. Les quatre buts français, mélanges de talent individuel et de savoir-faire sur coups de pied arrêtés, résument bien mieux les forces tricolores que le contenu d’une finale jamais vraiment maîtrisée, loin de la force tranquille dégagée ces dernières semaines.
Ce qui ne change évidemment rien au résultat : un deuxième titre mondial indiscutable, remporté par des Bleus qui sont les premiers à boucler la phase finale sans jouer de prolongation, depuis le Brésil en 2002. Et rend particulière toute froide analyse d’un match qui vaut avant tout pour son aspect historique. Comment s’attarder sur le rapport de force, souvent en faveur de Croates qui ont su maximiser leurs forces, sans émettre des réserves forcément inaudibles après un tel succès ? Et que tirer d’une lecture tactique qui, ce Mondial désormais terminé, ne peut même pas servir à prévoir la réussite future ?
La réponse la plus simple, et qu’on peut d’ailleurs trouver parfaitement rassurante, est que le football appartient aux footballeurs. Que, peu importent les forces et faiblesses d’une stratégie, la qualité finit souvent par l’emporter. Mais aussi que, dans la lignée des trois sacres européens d’affilée du Real Madrid, la Coupe du monde a confirmé une tendance lourde : les compétitions à élimination directe, traditionnellement plus imprévisibles que les championnats, finissent tout de même souvent par sacrer les équipes qui possèdent le meilleur effectif. Ou, plus exactement, celles qui possèdent le plus de talent aux deux extrémités du terrain.
Analyse de Didier Deschamps : « On a des imperfections, aujourd’hui [dimanche] on en a eu aussi, on n’a pas tout bien fait mais on a fait preuve de qualités mentales et psychologiques déterminantes dans cette Coupe du monde où la maîtrise n’a pas suffi. » Qu’il semble loin, ce sacre espagnol de 2010 construit autour d’un milieu qui confisquait le ballon mais avec peu de tranchant à l’approche de la surface…
Fébrilité inhabituelle
On l’a écrit tout au long de ce Mondial, c’est la solidité de la charnière Varane-Umtiti, pourtant pas toujours rassurante lors des matchs de préparation, qui permettait à l’équipe de France de jouer aussi bas pour contre-attaquer, une stratégie que la vitesse de Mbappé rend létale. Encore une fois, et malgré quelques moments de flottement avec le ballon en première période, les défenseurs centraux ont répondu présent, le Madrilène battant même le record historique de dégagements défensifs sur l’ensemble de la compétition (44). Dans l’autre camp, et là aussi la finale n’a fait que confirmer ce qui se passe depuis un mois, la Croatie a failli sur coups de pied arrêtés, elle qui avait déjà encaissé quatre buts sur cette phase avant les deux de dimanche.
Dans cette finale, on a d’abord vu la difficulté de l’équipe de France à gérer un 4-3-3 avec trois milieux techniques, elle qui se retrouve en infériorité numérique dans l’entrejeu si son 4-2-3-1 n’est pas renforcé. Etiré par Modric et Rakitic, qui venaient demander les ballons de manière basse et écartée, le bloc français s’est distendu, la position des stars croates empêchant de poser un calque défensif où le marquage serait naturel. Tantôt libres, tantôt pris par un adversaire sortant de sa position et ouvrant un espace, les dépositaires du jeu croate ont ainsi pu trouver des solutions, à commencer par Perisic, logiquement vainqueur de nombreux duels face à Pavard.
On a aussi vu une fébrilité inhabituelle, probablement liée à l’enjeu, qui relativise les limites du plan de jeu initial. Si la Croatie, très agressive à la perte de balle, a privé les Bleus de temps, il a manqué la maîtrise technique à la relance. Ces fameuses séquences où, en quelques secondes, Pogba et Griezmann réussissent grâce à des redoublements d’une folle précision à se libérer de l’étau pour lancer Mbappé. En difficulté pour récupérer les ballons et incapables de se donner de l’espace quand ils y arrivaient, les hommes de Didier Deschamps ont alors endossé un drôle de costume : celui de l’équipe de contre qui ne peut pas contrer.
Malgré tout, le score était de 2-1 à la pause, et le but encaissé était venu d’une séquence hautement improbable, enchaînement de duels aériens perdus par une équipe habituellement intraitable dans le domaine. Mener sans briller, mais mener quand même. D’où ces mots de Didier Deschamps après la rencontre : « Les équipes avec le plus de possession ont pratiquement toutes été punies par des attaques rapides, parce que c’est le foot. Si vous savez bien défendre, vous êtes sûr que vous aurez deux ou trois occasions à chaque match, en contre ou sur coup de pied arrêté. » La construction par la défense, rationnalisée par une théorie voulant que toute équipe finisse tôt ou tard par se procurer des situations de but. L’histoire a donné raison au coach des Bleus, d’autant que le troisième but a largement rééquilibré le rapport de force, la Croatie accusant le coup physiquement et psychologiquement.
Deschamps, pas idéologue
Pas idéologue, le technicien aura essayé et jamais hésité à rectifier le tir, quitte à en faire un implicite aveu d’échec sur le moment. Du changement de système après un premier match raté à la sortie d’un Kanté redevenu humain en finale, Deschamps aura prouvé sa capacité à lire les situations et à rectifier les problèmes, rappelant au passage que le projet de jeu n’a finalement pas besoin d’être spectaculaire et ancré dans l’ADN d’une sélection pour fonctionner. Ces Français qui alternaient entre contres et attaques placées à l’Euro 2016 sont cette fois allés au bout d’une idée réactive, masquant leur manque de créativité avec le ballon face à une défense regroupée par le fait de le laisser et de jouer en transition. Les 34 % de possession en finale sont d’ailleurs le plus faible chiffre enregistré par une équipe à ce stade depuis 1966 et l’apparition des statistiques.
Alors il faut féliciter Deschamps, évidemment. Et d’autant plus après les critiques, souvent justifiées tant son équipe a parfois déjoué, mais parfois systématiques, comme si bâtir sur la défense (quand c’est bien fait) était un péché. Mais ce titre mondial, au-delà d’être celui de l’entraîneur, est celui d’un modèle de formation. De compétences d’éducateurs un peu partout dans l’Hexagone qui permettent à une équipe de 25 ans de moyenne d’âge d’être championne du monde en débutant sans un ailier de Barcelone et un milieu du Bayern, et sans même emmener en Russie l’attaquant du Real. Et qui, dans les années futures, pourrait être renforcée par Lenglet ou Laporte derrière et Aouar ou Ndombele au milieu, pour ne citer qu’eux.
En faisant sortir des joueurs de leur zone de confort (Pavard latéral, Pogba dans un rôle très discipliné, Griezmann en quasi-numéro 10), le sélectionneur a pris un risque. En acceptant la mission, qui n’était pas forcément de nature à les faire briller individuellement, les joueurs l’ont suivi. Au lieu de se brider, ils ont su se cadrer, séquencer leurs fulgurances. Ils sont désormais champions du monde. Sans rien à prouver mais avec encore tellement à gagner. Joueur, Deschamps avait soulevé le trophée l’année de ses 30 ans. Mbappé ne les aura pas encore au Mondial 2028…
Christophe Kuchly, journaliste pour les Cahiers du football
J’exècre les culs pincés, les grenouilles de bénitier ou de mosquée, toutes les engeances effarouchées par ce qui ne se fait pas, les cachez-moi ce sein que je ne saurais voir, ceux qui se cachent derrière la religion pour enfouir leur frustration.
Jésus se démarque radicalement des pratiques de son temps. Alors qu’il demande à ses disciples de renoncer à tout pour le suivre, ce qui est une exigence bien plus radicale que ce qui se pratiquait alors dans le monde moyen-oriental et grec environnant, il n’accorde aucun intérêt aux règles de table en vigueur. Ainsi, tandis que les pharisiens et les membres de la communauté de Qumrân ne mangeaient qu’entre eux, Jésus déjeune avec n’importe qui.
La transgression fait scandale :
« Les scribes des pharisiens, le voyant manger avec les pécheurs et les publicains, disaient à ses disciples : « Quoi ? Il mange avec les publicains et les pécheurs ? » (Mc 2, 16). Le pharisien Simon, qui l’avait invité à un repas, en est lui aussi scandalisé. Alors qu’une femme pécheresse s’était introduite dans la salle du banquet et s’était mise à parfumer les pieds de Jésus, Simon maugréait : « Si cet homme était prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche et ce qu’elle est : une pécheresse ! » On le voit, l’attitude de Jésus choque et le discrédite. »
À Table avec JésusGabriel Peynichou éditions du Petit bout de la lorgnette
Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc, chapitre 13, versets 6 à 9
Il leur disait encore la parabole que voici :
«Un homme avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint y chercher des fruits et n’en trouva pas. Il dit alors au vigneron : Voilà trois ans que je viens chercher des fruits sur ce figuier, et je n’en trouve pas. Coupe-le ; pourquoi donc occupe-t-il la terre pour rien ? Mais celui-ci, répondant, lui dit : Maître, laisse-le cette année encore, le temps que je creuse tout autour et que je mette du fumier. Peut-être donnera-t-il des fruits à l’avenir. Sinon, certes, tu le couperas. »
Ce que le Christ, dans l’hypothèse où il serait le fils de Dieu, avait oublié, c’est que le figuier qu’il utilise ici comme une métaphore d’Israël avait joué bien longtemps avant, un rôle symbolique encore plus important pour les peuples du Livre.
GENESE 3 -1-5
Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs, que l’Éternel Dieu avait faits. Il dit à la femme : Dieu a-t-il réellement dit : Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin ?
La femme répondit au serpent : Nous mangeons du fruit des arbres du jardin.
Mais quant au fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : Vous n’en mangerez point et vous n’y toucherez point, de peur que vous ne mouriez.
Alors le serpent dit à la femme : Vous ne mourrez point.
Mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et que vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal.
La femme vit que l’arbre était bon à manger et agréable à la vue, et qu’il était précieux pour ouvrir l’intelligence; elle prit de son fruit, et en mangea; elle en donna aussi à son mari, qui était auprès d’elle, et il en mangea.
Les yeux de l’un et de l’autre s’ouvrirent, ils connurent qu’ils étaient nus, et ayant cousu des feuilles de figuier, ils s’en firent des ceintures.
Alors ils entendirent la voix de l’Éternel Dieu, qui parcourait le jardin vers le soir, et l’homme et sa femme se cachèrent loin de la face de l’Éternel Dieu, au milieu des arbres du jardin.
Mais l’Éternel Dieu appela l’homme, et lui dit : Où es-tu ?
Il répondit : J’ai entendu ta voix dans le jardin, et j’ai eu peur, parce que je suis nu, et je me suis caché.
Et l’Éternel Dieu dit : Qui t’a appris que tu es nu ? Est-ce que tu as mangé de l’arbre dont je t’avais défendu de manger ?
L’homme répondit : La femme que tu as mise auprès de moi m’a donné de l’arbre, et j’en ai mangé.
Et l’Éternel Dieu dit à la femme : Pourquoi as-tu fait cela? La femme répondit : Le serpent m’a séduite, et j’en ai mangé.
L’éternel Dieu dit au serpent : Puisque tu as fait cela, tu seras maudit entre tout le bétail et entre tous les animaux des champs, tu marcheras sur ton ventre, et tu mangeras de la poussière tous les jours de ta vie.
Je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité : celle-ci t’écrasera la tête, et tu lui blesseras le talon.
Il dit à la femme : J’augmenterai la souffrance de tes grossesses, tu enfanteras avec douleur, et tes désirs se porteront vers ton mari, mais il dominera sur toi.
Il dit à l’homme : Puisque tu as écouté la voix de ta femme, et que tu as mangé de l’arbre au sujet duquel je t’avais donné cet ordre : Tu n’en mangeras point! Le sol sera maudit à cause de toi. C’est à force de peine que tu en tireras ta nourriture tous les jours de ta vie.
Il te produira des épines et des ronces, et tu mangeras de l’herbe des champs.
C’est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu’à ce que tu retournes dans la terre, d’où tu as été pris; car tu es poussière, et tu retourneras dans la poussière.
Figatelli aux figues.
« Enfin pour clore ce chapitre consacré à la figue, une recette corse.
Je suppose que vous avez toujours pensé que le figatelli était une sorte de spécialité corse à base de chair à saucisse et de figues ?
Eh bien pas du tout, le figatelli est une charcuterie dans laquelle on ajoute du foie de porc. La racine figa que nous retrouvons ici n’est pas due au hasard. Les Romains, pour fabriquer leur foie gras, gavaient leurs oies, les fameuses oies du Capitole, avec des figues et ainsi figa la figue a donné son nom à notre foie. Comme quoi l’étymologie nous fait découvrir notre passé aussi sûrement que si l’on creusait le sol dans la région de Pompéi.
En souvenir de cet épisode de l’histoire de Rome où des oies ont sauvé la ville, vous pouvez servir en apéritif des tranches de figatelli passées au four sur des demi-figues fraîches ou sèches suivant la saison. Et si c’est la fête, remplacez le figatelli par du foie gras. Mais j’ai bien peur que tout cela nous éloigne de Jésus-Christ. »
Je rappelle que Jules Rimet, le créateur de la Coupe du monde qui n’a jamais atteint un haut-niveau en sport mais qui voulait le sortir de la sphère aristocratique a créé, à 24 ans, le Red Star Club, où jeunes employés et ouvriers pratiqueront l’escrime, la course, le vélo, le football, mais aussi la poésie et la littérature, dont il est passionné.
Claude Askolovitch, fan du Red Star a écrit le 14 juillet 2018 :
La tentation est grande de faire des Bleus les hérauts de quelque valeur. Ce serait une erreur.
«Eh bien, vrai, ça me fait plaisir ; c'est pas pour dire, mais je suis content, je suis bien content.»
Il me revient à une poignée d’heures de l’extase ce contentement d’un paysan normand, croqué par Maupassant dans son Histoire d’une fille de ferme, découvrant que son épouse avait eu un enfant avant de le connaître et décidant qu’il allait, avec elle, élever le petit.
«Eh bien, vrai, ça me fait plaisir; c'est pas pour dire, mais je suis content, je suis bien content», disait le vieux de cet «éfant» d’un autre qu’il allait pourtant faire sien, et ainsi nous autres Français et Françaises nous préparons à recevoir une Coupe du monde, qui n’est pas de nous et qui ne nous doit rien, mais que nous ferons nôtre.
Péché mignon
La Coupe du monde de Deschamps et de Lloris sera la Coupe du monde de la France, et plut à Dieu que nous nous contentions d’être contents, bien contents et rien d’autre, plut à la décence que nous n’allions pas croire que nous y sommes pour quelque chose.
Le moment va revenir où nous parlerons de la France à propos de football, comme si le jeu devait éclairer notre destin hésitant. J’attends la mélopée de l’optimisme retrouvé, de la concorde au ballon, de la jeunesse radieuse et des vertus d’un peuple éternel et sans cesse renouvelé. J’entends déjà l’hymne au métissage fécond, et en contrepoint les imbéciles qui ne sauront admettre en dépit d’une évidence que le noir Kanté va au teint de Marianne aussi bien que l’albâtre Pavard. »
21 février 1897, bistrot Villiermet, à l'angle de l'avenue de la Bourdonnais et de la rue de Grenelle, quartier du Gros-Caillou, Paris VIIe. Jules Rimet, futur créateur de la Coupe du monde, fonde le Red Star. Un club est né. (L'Equipe
« C’est bien plus tard, m’étant plongé dans l’histoire du Red Star, raconte ainsi Didier Braun – mémoire vivante du journal L’équipe dans son dernier livre L’armoire à maillot, que je découvris que ce club à l’étoile rouge, ainsi nommé par pure anglophilie par son fondateur Jules Rimet – qui n’avait rien d’un bolchevik – avait connu la célébrité avec un maillot à larges rayures marines et blanches, avant d’adopter le vert de l’Olympique, lorsque les deux grands rivaux du football parisien des années 1920 avaient uni leurs destinées. »
Signalons néanmoins que Jules Rimet, pour l’époque une sorte de « catho de gauche » (l’inverse de Coubertin), était un ancien du Sillon, qu’il inventa la coupe du monde de football, et refusa de cautionner la politique, certes très anti-foot de Vichy. Ce fut en quittant la capitale et ses beaux quartiers au début du XXe siècle et en s’installant au cœur de la cité laborieuse de Saint-Ouen, à deux pas des puces, que le club va changer de destin et d’image. Pierre Laporte, son historien officieux, membre de l’Amicale des anciens joueurs, en détaille les étapes. « Le stade Bauer a été construit sur des anciens jardins ouvriers en 1909 quand le club est venu y jouer. On y accueillera même les premières rencontres de l’ancêtre de l’équipe de France avant la guerre de 1914. Longtemps, il s’appellera simplement Stade de Paris ou Municipal. Son actuel patronyme, il le doit au changement, à la Libération, du nom de la rue où il est domicilié en hommage à un résistant fusillé, et surtout à l’habitude prise par Le Parisien de le nommer ainsi. Comment oublier qu’en 1964, le Red Star, premier en D2, reçoit le Stade de Reims. La rencontre se déroule devant 22 000 entrées payantes quand la veille le Racing de Paris matchait l’OM au Parc des Princes devant à peine 2 200 spectateurs. »
C'est Lucien Gamblin, dit «Lulu-les-Gros-Bras», défenseur et capitaine emblématique du Red Star, qui a soulevé les trois Coupes de France consécutives du club de Saint-Ouen en 1921, 1922 et 1923. (L'Equipe)
Seize ans après, le Red Star, descendu jusqu'en DH, retrouve la Ligue 2 ! L'occasion de revoir en images douze visages importants de l'histoire du club fondé en 1897.
Votre Taulier ne rechigne jamais, même pendant les mois d’été, à explorer les plis et les replis de la libido du buveur. Mais, comme il est aussi un fieffé ramier, il ne crache pas sur le recyclage de chroniques anciennes. Pour sa défense, celle que je...
Puisque certains n'ont pas compris mes conneries de la saison 1 ICI link j'en remet une louchée. C’est donc l’histoire d’un mec qui passait sa vie avec les bandits manchots dans les casinos. Il jouait à tout. Il pariait sur tout. Il grattait. Il se faisait...
Fenêtre sur cour, L’amour Est un crime parfait, Des mots noirs De désespoir Jetés sur un petit carnet. Mère au foyer sans foyer À nue Toute nue. Sur sa peau lisse tout glisse. Ses grains de beauté Fixés sur mes clichés volés. Sente blanche de ses hanches...
1- J'adore les mecs, le cul vissé sur le siège de leur scooter, qui m'invectivent parce que sur mon vélo je ne démarre pas assez vite aux feux tricolores... Bienheureux les beaufs ! 2- J'adore les nanas, les fesses posées sur le cuir des sièges de leur...
Sur la Toile faut s’attendre à tout lorsqu’on est comme moi un VB, vieux blogueur, un VC, vieux con, un VD, vieux débile qui crache sa bile comme dirait l’immense Mimi, mais un qui a aussi le bras très long, un influenceur de Première League, un gars...
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