Vin & Cie, en bonne compagnie et en toute liberté ...
Extension du domaine du vin ...
Chaque jour, avec votre petit déjeuner, sur cet espace de liberté, une plume libre s'essaie à la pertinence et à l'impertinence pour créer ou recréer des liens entre ceux qui pensent que c'est autour de la Table où l'on partage le pain, le vin et le reste pour " un peu de douceur, de convivialité, de plaisir partagé, dans ce monde de brutes ... "
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Bonne journée à tous, ceux qui ne font que passer comme ceux qui me lisent depuis l'origine de ce blog.
Ramon Mason Le départ des fruits et légumes du cœur de Paris
Commençons par la fin, les américains se sont pris de passion pour ce légume pas très glamour en transformant à tout va sa chair: en pizzas, beignets, toasts ou même « steak »
La presse s’interroge gravement : Le chou-fleur est-il en train de devenir le nouvel aliment star et healthy d'Instagram?
En effet les Américains développent une obsession irrationnelle pour cette plante potagère.
« Témoignant de l'engouement insolite pour celui-ci, la marque américaine CauliPower (jeu de mots avec "chou-fleur" et "pouvoir"), s'est même lancé au début de l'année 2017 avec pour seul et unique produit une pizza chou-fleur déclinée en plusieurs saveurs, promettant une pâte faite de ce légume et d'un soupçon de farine sans gluten. »
« Si la marque CauliPower a aidé à populariser le chou-fleur sous la forme de farine, le monde des foodistas ne l'a pas attendu pour le cuisiner sous toutes ses formes. Aux États-Unis, les chefs en font leur matériel privilégié: rôti tel une entrecôte chez La Condesa à Austin, cuisiné en couscous chez l'étoilé Michelin Le Bernadin à New York, grillé comme des ailes de poulets chez Takoda à Washington... »
J’imagine la gueule de Pousson ! Encore un terrain de jeu pour foodistas.
En même temps, comme le disait notre Président avant de l’être, ce matin je ne recule devant rien pour faire l’intéressant : sans être impertinent je puis écrire qu’au château « Ils sont dans les choux »
Références littéraires obligent :
« Il entendait poursuivre, d'autant que les flics de la Crim' semblaient dans les choux, occupés à traiter un autre suspect. » Sang d'encre au 36
« M. Verdurin eût pu maintenant être salué sans honte par son neveu, celui qui était dans les choux. » Marcel Proust À la recherche du temps perdu…
Pour couronner le tout, j’épluche en ce moment l’œuvre de Philippe Kerr et son héros récurrent, Bernie Gunther, en parlant des hauts gradés de la SS les désigne comme les « choux-fleurs de service», eut égard aux broderies argentées qui ornaient les revers de leurs sinistres uniformes.
Alors pourquoi ne pas rappeler que celui qui tient encore la baraque, à défaut de tenir la route, votre Taulier le 9 février 2016 titrait avec force : Le chou-fleur « injustement mésestimé, dédaigné, relégué au rang des légumes grossiers connaît enfin son heure de gloire gastronomique »
En fait, c’était Camille Labro qui l’écrivait dans M le magazine du Monde.
«Longtemps dédaigné, relégué au rang des légumes grossiers, éclipsé par son cousin le brocoli et par un chou kale surmédiatisé, le chou-fleur connaît enfin son heure de gloire gastronomique. Voilà plusieurs années que quelques cuisiniers s'échinent à le valoriser, comme Yotam Ottolenghi, grand chef d'origine israélienne installé à Londres, qui tient une chronique régulière dans The Guardian : « Depuis 2007, je fais campagne pour convaincre le monde que le chou-fleur n'est pas un légume terne et fade. La bataille semble enfin gagnée ! », se réjouissait-il l'an dernier.»
Déjà, j’ajoutais : Sans trop ramener ma science, affirmer que j’ai du nez pour humer les tendances, le 3 janvier 2015 sur mon espace de liberté je chantais déjà les louanges du chou cramé à la Miznon.
« Je plonge le chou-fleur dans une grande casserole remplie d'eau, je chauffe et fais cuire 15 minutes à partir de l'ébullition. J'égoutte le chou-fleur, puis je le mets dans un petit plat allant au four. J'arrose de 2 cuillerées à soupe d'huile d'olive, je sale et j'enfourne environ 45 min à 230 °C (mode grill), le temps que le chou-fleur noircisse un peu. »
Et comme je suis trivial je ramenais encore ma science :
Si le chou-fleur cramé m’a inspiré c’est que dans ma vie au 78 rue de Varenne, ce gros légume blanc de nacre dans sa corolle verte à peuplé mes dossiers de crise associé à un leader breton charismatique Alexis Gourvennec, le père de la SICA de Saint-Pol-de-Léon plus connue de nos jours par la marque Prince de Bretagne.
Petit retour en arrière, mai 1961, la jacquerie la plus étendue et la plus violente que la France moderne a connue.
Ce n’est qu’un petit message à ceux qui nous serinent à longueurs de leurs écrits les merveilles de la France profonde d’avant, ces villages regrettés qu’ils ont d’ailleurs quittés pour aller vivre en ville dans le confort et la facilité.
« Les troubles commencèrent dans la Bretagne du sud, durement touché par une baisse désastreuse du prix des pommes de terre. Des remorques de pommes de terre furent déversées sur les places des villes, et dans quelques communes des bandes de paysans sabotèrent les élections locales en enlevant et en brûlant des urnes électorales. Quelques jours plus tard, l’étincelle de la rébellion enflammait la Bretagne du nord, – qui avait été le théâtre d’une « guerre des artichauts »* très remarquée un an auparavant. Quelques 4000 paysans montés sur des tracteurs envahirent la ville de Morlaix et occupèrent la sous-préfecture pendant quelques heures – à titre symbolique et sans recourir à la violence. Cette nuit-là, les deux principaux organisateurs (ndlr Gourvennec et Léon) furent arrêtés, et les représentants du gouvernement annoncèrent leur intention de faire des exemples avec les coupables. Malheureusement pour le gouvernement, ces organisateurs se trouvaient être parmi les jeunes dirigeants syndicalistes les plus en vue de la région. L’un d’entre eux, Alexis Gourvennec, était un ancien jaciste qui, à 24 ans, était déjà vice-président de la fédération départementale d’exploitants agricoles. En autre région de la France, les jeunes syndicalistes n’étaient si nombreux ni si bien organisés ; beaucoup s’étaient récemment battus en Algérie, et étaient familiers des techniques de guérilla et de contre-guérilla.
La nouvelle des deux arrestations de Morlaix eut pour conséquence, la propagation de l’insurrection rurale, à la manière d’un feu de brousse à travers tout l’Ouest : pendant les dix jours suivants, les voies ferrées et les routes furent barrées, les villes envahies par des manifestants en tracteurs, les lignes téléphoniques furent sabotées, le Premier Ministre pendu à plusieurs reprises en effigie… »
En l’absence de notice biographique sur le peintre à ses heures, Olivier de Moor, j’ai décidé de vous parler d’un autre bas-bourguignon qui a passé une grande partie de sa vie en Vendée, à Boulogne d’abord puis à Sainte-Florence de l'Oie, à Vix enfin. L’Hippobosque du bocage.
Hormis cette proximité géographique, ce qui relie Olivier à Gaston c’est que comme lui il n'a jamais bénéficié d'enseignement d'histoire de l'art, ni suivi aucun cours de peinture. Olivier me confie « C'est un manque de moyen, une erreur sans doute, une frustration mais en même temps cela me permet d'avoir une liberté totale et assumée de mes goûts. »
Je garde pour une prochaine chronique qui flirtera avec il n’y a pas que le vin dans la vie, les maîtres connus ou méconnus qu'Olivier apprécie, admire, qui l'inspirent « Alors oui la peinture pour se changer les idées. Ça fait longtemps depuis que je suis gamin que je m'y attache comme une ouverture sur autre chose. A vrai dire une soupape. »
Rappelant volontiers qu’il est avallonais à quiconque le qualifie de vendéen, Gaston Chaissac écrivait « Je suis d’Avallon, comme cousin d’Avallon, mon maître en compilation »
Dans son livre, publié dans la collection blanche de Gallimard, il nous taillait un costard.
« En Vendée on a un faible très marqué pour ce qui est inauthentique et le Vendéen n’est d’ailleurs jamais un novateur mais toujours un suiveur. »
Mais il écrivait aussi :
« Tu parles des bocains, c’est quand ils quittent l’école qu’ils sont le plus amusants et le plus sympathiques l’hiver car les chemins si boueux du bocage exigent qu’ils soient guêtrés comme les hommes et cela en fait de vrais chats bottés nom sous lequel on les désigne. Et à ce sujet je vais te parler d’une chose que j’ai vue : quand les paysans vont avec leurs charrettes à bœufs cherché des fagots ils ont coutume d’y aller avec plusieurs charrettes de sorte que ça fait un défilé de charrettes pleines de fagots. Et bien pour un de ces défilés-là que j’ai vu, la première charrette était conduite par un homme et la suivante avait comme conduction un de ces chats botté en question et il était si petit que pour sûr qu’il n’en existait pas de plus de petit guêtré comme leur père et stupéfaction, le conducteur de la charrette suivante était un enfant encore plus jeune et plus petit et qui était vraisemblablement le frère de l’autre par conséquent d’au moins 10 ou 12 mois de moins et guêtré pareillement lui aussi, preuve qu’il avait quitté l’école. D’en voir un seul c’est déjà amusant mais une paire c’est bien autre chose. »
Lettre de Gaston Chaissac à Jean Dubuffet août 1947 in Hippobosque au bocage Gallimard
Gaston Chaissac est en effet natif de la basse Bourgogne, dans le chef-lieu d’arrondissement de l’Yonne qui en est le centre géographique. Le 13 août 1910 « à la veille du grand concours agricole et tandis que la comète servait de pièce d’attraction » dire-t-il, au premier étage du numéro 1 rue de Paris. Ses souvenirs remontent au tout début : « J’ai été baptisé en l’ancienne collégiale d’Avallon. » Dernier-né d’une famille de quatre enfants, il est choyé par sa mère qui représente tout pour lui. Élevé en liberté, l’enfant est fréquemment dans le potager familial qu’il appelait « le jardin de Morlande ». Il se souviendra toute sa vie de ce jardin en terrasse, avec un poulailler à un étage et une mare : « Il aurait aimé vivre dans une petite maison haute, dans les bois, une tour semblable au poulailler de son enfance. »
Gaston Chaissac a une douzaine d’années quand sa mère divorce : « Il en fut presque heureux.»
Ensuite, apprentissage… d’abord comme marmiton à l’hôtel du Chapeau-Rouge… puis dans la quincaillerie, bourrellerie… « Il n’avait pas une grosse santé, déclare son ami Pierre Renou, et autrefois, cordonnier, c’était un peu la fonction qu’on donnait à ces gens qu’étaient pas trop solides, en campagne, eh bien ils étaient cordonniers ! On n’a pas à marcher, à trop se fatiguer ! »
Dans sa lettre du 4 décembre 1946 à Jean Dubuffet : « Lorsqu’à quinze ans j’étais apprenti bourrelier, j’aimais beaucoup carder le crin parce que la poussière se fixait épaisse dans mon duvet et ça me faisait une moustache dont j’étais fier et qui m’embellissait à mes yeux. J’ai également toujours trouvé beaux les tas d’ordures. »
Chaissac se trouva mêlé à l’aventure de l’art brut. « Je baptisais mes bonhommes tout bonnement de peinture rustique moderne, expliquera-t-il au début des années 60. Plus avisé Dubuffet parla d’art brut, le mot fit fortune et je restai chocolat. »
« Mon mode d’expression en peinture, qui n’a rien à voir avec quelque chose d’épuré, de correct, est assez comparable à un dialecte et même au patois avec lequel on peut s’exprimer et qui peut même être particulièrement savoureux. Parmi ceux qui le goûtent il y a certes des bouseux sensibles à mon art et des gens d’un savoir infiniment plus étendu à qui il reste fermé. Moi-même je me suis assez analysé pour savoir que je ne suis pas autre chose qu’un bouseux. Il m’arrive même de dire très sincèrement à des campagnards : « de nous deux c’est moi le bouseux. » Il y a d’ailleurs dans mes dessins du temps où j’en savais encore moins qu’aujourd’hui des choses parfaitement valables. Certains ont même dit avec conviction que l’ignorance ne s’apprend pas. »
« Mes sculptures naturelles en bois viennent de s’augmenter d’une nouvelle unité qui est cette fois une personne qui baisse la tête et que j’ai bien envie de baptiser : le Parlementaire vu qu’elle a le bras très long qui est d’ailleurs en bois plus vulgaire et plus corruptible et qui commence même de se désagréger, tomber en poussière. »
« En littérature et arts je pense que c’est surtout les à peine dégrossis qu’il faut encourager et pousser à ça car nous les du peuple n’avons que trop tendance à classer l’académisme parmi nos préférences. »
À Jean Dubuffet le 4 décembre 1946 :
« Si votre peinture est si mauvaise qu’on dit je ne saisis pas pourquoi on en parle. Mais on ne parle jamais des mauvais tableaux et lorsque l’on dit que des tableaux sont mauvais ça veut plutôt dire qu’ils sont bons. En critique d’art c’est le silence qui doit traduire par mauvais. Alors je suis bien content que vous m’ayez dit du mauvais de mes tableaux. »
Taiseux et graphomane, bouffeur de curé, “peintre de village” et théoricien du style rustique moderne… Dans la maison familiale, sa fille raconte ce père étrange et magnétique.
Le porte-parole du gouvernement assure que le bilan du président de la République sera réévalué par les Français. ERIC FEFERBERG/AFP
Stéphane Le Foll est un garçon fort sympathique, cool, pas bégueule pour deux sous, le genre à monter au front en toute saison, un grognard aussi, au sens napoléonien, lui qui rejoignit le François premier secrétaire sous Jospin premier Ministre de la cohabitation née d’une dissolution à la hussarde du grand Jacques inspirée par le meilleur d’entre eux, un pur produit de la rue de Solférino versus l’autre François de Jarnac.
Ayant fréquenté, avant et après 1981, la CNA, la commission nationale agricole du PS, chapeautée d’abord par le souriant Pierre Joxe, puis par Bernard Thareau, j’ai pu assister au basculement du discours : néo-marxiste avant, les offices fonciers, la remise au pas de la FNSEA ; puis avec le tournant de 1983, l’expulsion d’Édith Cresson du 78 rue de Varenne, on ne touche à rien pour avoir la paix dans les campagnes.
En plus trivial, quand tu es dans l’opposition, l’intransigeance est de mise, tu t’opposes, tu vilipendes le pouvoir en place ; quand tu retrouves les manettes du pouvoir c’est une autre histoire, la dure loi de la réalité te fait remiser tes paroles flamboyantes pour canoter, cogérer avec la grande maison de la rue de la Baume : la FNSEA.
La pauvre Stéphane, alors que François venait de terrasser Nicolas, fut à deux doigts de rester sur la touche : le nouveau président voulut le sacrifier en offrant le maroquin au veau sous la mère, Jean-Michel Baylet. Sauvé d’un cheveu mais flanqué d’un fan de Ségolène, Guillaume Garot.
Mais, même si l’agriculture était officiellement son amour, le grand Stéphane vivait en concubinage notoire avec la politique, devenir premier secrétaire, être à la manœuvre dans le marigot de Solférino. Il fut de ceux qui soutinrent Harlem Désir à ce poste, sous-entendu un facile à virer.
Stéphane prit vraiment son pied lorsqu’il fut enfin intronisé porte-parole du gouvernement, à l’aise, crinière rétro au vent, prêt à tout défendre, séducteur, bretteur, au sommet de son art. Mais qui se souvient de sa loi d’avenir ?
Le François se dégonflant, le PS réduit à une peau de chagrin par le petit Manu, Stéphane réélu dans l’ancienne circonscription de Fillon sans candidat de Macron en face, ne se laissa pas abattre, il sortit de suite de son carquois deux flèches : l’agroécologie, oui, oui, et l’envie de prendre d’assaut les ruines fumantes de Solférino délaissées par la grande « fripouille » de Cambadélis.
Le Foll devint alors le héraut du bilan du François qui s’était remis à l’écriture pour retrouver de la popularité du côté des centres commerciaux.
Pendant ce temps, son directeur de cabinet, un certain Philippe Mauguin, parachuté à la présidence de l’INRA, en fait des tonnes sur le thème du grand virage vers une agriculture respectueuse de son environnement. Risettes à Travers, fréquentation assidue de Twitter, belle trajectoire d’IPEF toute tournée vers les beautés de la carrière.
Mais nos deux lascars viennent d’être rattrapés par la patrouille l'usage des pesticides a augmenté de 12% entre 2014 et 2016.
Le bilan, le bilan, un boomerang vous revient toujours dans la tronche messieurs les ouvriers de la 25e heure.
Voici la dure loi d’airain des chiffres via l’AFP :
Malgré le lancement de deux plans Ecophyto depuis 2008 pour réduire l'usage des produits phytosanitaires en agriculture, l'utilisation des pesticides a globalement augmenté de 12% entre 2014 et 2016 poussant le gouvernement à renforcer ces mesures, dans le sillage des Etats généraux de l'Alimentation.
"L'indicateur NODU (nombre de doses unités) qui est utilisé pour mesurer l'utilisation des produits phytopharmaceutiques, a augmenté de plus de 12% en valeur entre 2014 et 2016 avec une légère baisse en 2015 et une stabilité en 2016", indiquent dans un communiqué commun les ministères de l'Agriculture, de la Santé, de la Recherche et de la Transition écologique.
Le recours aux pesticides avait augmenté de 9,4% de 2013 à 2014.
Les quatre ministres réunis dans le comité d'orientation stratégique et de suivi (COS) vendredi matin ont affirmé vouloir "donner une nouvelle impulsion au plan Ecophyto et mettre en oeuvre des actions complémentaires à celles déjà engagées".
Ecophyto II+ devra ainsi intégrer le plan d'action sur les produits phytopharmaceutiques et une agriculture moins dépendante aux pesticides qu'ils ont présenté le 25 avril et le plan d'action de sortie en trois ans du glyphosate présenté le 22 juin dernier.
Le plan Ecophyto II+ sera soumis à la consultation publique à l'automne prochain et publié avant fin 2018, selon le communiqué.
Concernant le financement, les ministres n'ont pas prévu de fonds supplémentaires à part les 71 millions d'euros de crédits publics budgétés chaque année, et comptent "mobiliser les outils du grand plan d'investissement pour accompagner les priorités d'Ecophyto II+".
Le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert a toutefois annoncé jeudi une enveloppe de 2 millions d'euros supplémentaires afin de multiplier par 10 le nombre de fermes expérimentales Dephy, qui devrait passer de 3.000 à 30.000 d'ici 2021.
Pour l'association France Nature Environnement, "c'est un constat d'échec: les plans Ecophyto successifs lancés depuis 2008, dont l'objectif initial était de réduire de 50% l'usage des pesticides pour 2018, se sont avérés inefficaces".
"L'outil Ecophyto est intéressant mais la sortie des pesticides ne se fera pas sans l'activation d'autres leviers économiques et règlementaires nécessaires pour obtenir une mobilisation de l'ensemble de la profession", a souligné Claudine Joly, en charge des questions pesticides à FNE, citée dans le communiqué.
En France, à défaut de pétrole, nous avons eu droit en plein mois de juillet, selon le Président Mélenchon, à un Watergate.
Rien que ça, sans vouloir ironiser permettez-moi d’affirmer que ce genre d’affirmation sent la boursouflure, relève de l’outrance, comparaison n’est pas raison mais c’est du Mélenchon pur sucre.
Pour autant, monsieur le Président de la République, dans cette affaire, car s’en est une, que vous le vouliez ou non, vous, votre cabinet, vos ministres, vos élus, avez été calamiteux, au-dessous du niveau de la mer.
Le seul qui surnage dans ce naufrage c’est votre Premier Ministre, Édouard Philippe :
« Or réside là toute la différence entre la prestation d'Emmanuel Macron avec celle, remarquée car remarquable, d'Édouard Philippe. Celle-ci avait eu lieu devant les Français, le même mardi 24 juillet, mais au sein de l'Assemblée nationale, devant la majorité et les oppositions. Avec des techniques oratoires conformes à sa personnalité, le Premier ministre a manié l'humour pince-sans rire, le flegme et la précision pour renvoyer dans leurs réquisitoires les plus grands procureurs de l'hémicycle, y compris le redoutable Jean-Luc Mélenchon. Il l'a donc fait au milieu du Palais-Bourbon et filmé en direct ; devant les députés élus par le peuple souverain et sous les yeux des Français. »
Oui, monsieur le Président, pourquoi ne pas s’adresser à nous, directement, sans filtre, pour nous expliquer ce qu’il s’était passé ?
Au lieu de cela, vos colins froids, se sont évertués à tortiller du cul pour chier droit, à se prendre les pieds dans le tapis en donnant le sentiment qu’ils voulaient cacher la poussière dessous. La gestion par vos troupes de la commission d’enquête à l’Assemblée Nationale est un cas d’école, faire pire demandera beaucoup d’acharnement dans la stupidité.
Maître des horloges dites-vous, et soudain vous sortez de votre mutisme, que certains qualifieront de hautain, bien au chaud, à la Maison de l’Amérique latine, devant votre troupe de godillots :
« On ne peut pas être chef par beau temps. S'ils veulent un responsable, il est devant vous. Qu'ils viennent le chercher. Et ce responsable, il répond au peuple français, au peuple souverain. »
Fort bien, vous assumez, « Le seul responsable c'est moi et c'est moi seul ; c'est moi qui ai fait confiance à Alexandre Benalla. » « C'est moi qui ai confirmé la sanction » et, un plus tard vous affirmez que vous ne regrettez pas de l’avoir embauché car c’était un garçon qui avait su s’extraire de sa condition à la force du poignet.
Il y a chez vous un petit côté transgressif qui ne me déplaît pas même si le trouve un peu trop propre sur lui avec une petite pointe de condescendance propre à ceux dont le parcours a été jonché de pétales de roses et non d’épines.
Mais, il y a un gros mais, vous ne pouvez pas vous empêcher de faire du Sarkozy, le petit coq de basse-cour (qualification utilisée à dessein) :
« Avec ce « qu'ils viennent [me] chercher », voilà donc qu'à l'amateurisme de François Hollande dans la gestion de crise, Emmanuel Macron adjoint le ton direct – et un brin vulgaire – que Nicolas Sarkozy avait utilisé à l'égard de pêcheurs en 2007. Il lui va mal. Subitement, la verticalité se teinte de brutalité, et la démonstration de haute volée du sens des responsabilités baisse en gamme. »
Que la presse française, Le Monde y compris, ne brille pas particulièrement pour son professionnalisme, j’en conviens. Dans la majorité des cas, sa capacité d’investigation ne va pas au-delà de la réception dans la boîte e-mail des limiers, d’informations détenues par la police. Madame Chemin écrit bien mais qui peut-elle convaincre lorsqu’elle s’autoproclame enquêtrice ?
Pas moi !
Que vous régliez vos comptes avec la presse, c’est votre choix et, pour ne rien vous cacher, ça ne me fait ni chaud ni froid ou, comme le disait le grand Jacques la fainiasse : « Ça m'en touche une sans faire bouger l'autre ».
Ce qui m’exaspère, sans que pour autant je rallie le camp des imprécateurs, c’est que vous avez choisi, dans un premier temps de sortir de votre mutisme devant les représentants de votre camp et d’en profiter pour étriller « la presse ».
Et nous, monsieur le Président de la République, les nases, on sent le gaz ?
Votre petit jeu de communication sur les fameux réseaux sociaux, beaucoup d’entre nous s’en branlent, pour ma part je n’ai comme tout un chacun qu’une toute petite voix que je glisse dans l’urne, je fais partie des retraités privilégiés qui payent plus de CSG sans bramer, mais vous ne m’empêcherez pas de vous déclarer que vous vous comportez à notre égard comme un jeune gougnafier.
Le respect de votre fonction, qu’à juste raison, vous exigez de nous, je vous le renvoie à notre égard, oui respectez-nous, expliquez-vous devant nous, sans artifice de communication.
Tempête dans un verre d’eau venez-vous de déclarer !
Vous en portez la coresponsabilité.
Si vous étiez passé par la case bouse de vache du Ministère de l’Agriculture, comme le défunt Michel Rocard, vous auriez au moins appris à gérer à chaud une crise, à vous mettre les mains dans le cambouis ou, comme je suis bon prince, dans le concentré de tomates. En passant, je profite de l’occasion pour dire que sur l’un des grands dossiers de votre quinquennat, l’alimentation, vous êtes en train de trouver vos limites, vous allez subir un vrai revers.
Un peu d’humilité ne nuit pas à l’autorité.
Le vieux monde n’est pas derrière vous, il est autour de vous.
Votre chance, c’est qu’en face, les oppositions n’offrent aucune perspective valable à des gens comme moi. Auriez-vous atteint vos limites monsieur le Président de la République ?
J’ai toujours fait mien le « Dieu me garde de mes amis ! Mes ennemis, je m'en charge. »
La lecture de l’interview au Monde de celui par qui le scandale est arrivé est révélatrice du climat qui règne dans votre entourage. (voir plus bas).
Là encore c’est votre problème pas le mien, votre gestion des hommes me semble guère à la hauteur de vos ambitions.
Vous sortez de cette crise à la française, affaibli aux yeux de vos concitoyens comme sur la scène internationale, saurez-vous mettre un mouchoir sur votre orgueil pour venir simplement vous expliquez devant nous sans pour autant nous faire la morale, nous ne sommes pas des enfants.
Je ne suis pas un pêcheur à ligne et je n’ai nulle intention de le devenir lors des prochaines élections.
Votre porte-parole déclare que « Toutes les leçons seront tirées à la rentrée »
Les promesses n’engagent que ceux qui y croient.
Rétablir la confiance ne se joue pas au bonneteau va falloir mouiller le maillot monsieur le Président, ne plus nous tartiner des discours mais, comme savait si bien le faire Pierre Mendès-France, venir nous dire sur quel chemin vous nous conduisez.
Bien sûr, on ne sort de l’ambigüité qu’à son détriment, mais ça je croyais que c’était l’ancien monde, celui des pères François, l’onctueux de Jarnac et le faux-bonhomme qui vous a mis le pied à l’étrier.
Sous vos dehors transgressif vous êtes fichtrement conformiste monsieur le Président de la République.
J’ai horreur des Cours et des courtisans, et Dieu sait qu’en 10 ans de service sous les ors de la République j’en ai vu défiler des oui monsieur le Ministre, des le Président a dit, l’entourage, le premier cercle des grognards, des arrivistes, ceux qui veulent sitôt nommé changer la moquette de leur bureau, ceux qui adorent faire couiner leur deux tons et briller leur gyrophare dans les rues de Paris, ceux qui sont là pour accélérer leur carrière, ceux qui profitent au nom de l’impunité, ceux qui ragotent, ceux toujours bien placé sur la photo.
Être en capacité de vous dire les yeux dans les yeux « vous déconnez monsieur le Président » c’est faire œuvre utile.
Trop de consanguinité intellectuelle nuit.
Ouvrez les portes et les fenêtres, laissez entrer la vrai vie dans votre palais !
Cette « tempête dans un verre d’eau », c’est vous qui le dites, me semble révélatrice de l’incapacité de nos élites à donner l’exemple.
Oui, l’exemplarité monsieur le Président, un truc de vieux con sans aucun doute, je ne parle ici de la vertu mais de la capacité de ceux qui détiennent une parcelle de pouvoir à mettre leurs actes en conformité avec leurs paroles. Mettre à mal le fameux « faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais. »
Cessez de nous prendre pour des demeurés !
Vous noterez que je ne hurle pas avec les loups monsieur le Président de la République, que je ne fais pas parler les morts – j’aurais pu le faire en évoquant les cendres de Monticello – mais votre chien fou, cet Alexandre rouleur de mécaniques, est pour moi un pur produit du défunt PS que vous avez contribué à exécuter.
Au fait pourquoi le virez-vous ce brave méritocrate couvert de faveurs ?
Un fusible ?
L’éditorialiste du Monde, le journal par qui le scandale est arrivé, écrit :
« Le président assume donc sa responsabilité personnelle et il récuse la « République des fusibles ». Cette responsabilité tient essentiellement à la confiance qu’il a naguère prodiguée à M. Benalla. Il a marqué sa « déception » et dénoncé sa « trahison ».
Mais, en même temps, applaudi par ses fidèles, il a fait l’éloge de son collaborateur, saluant son « courage », son « talent », son « engagement » (à quatre reprises) et même sa « dignité ». Alors que des enquêtes, judiciaires, parlementaires, sont toujours en cours, il a plaidé responsable, mais pas coupable, des fautes et des erreurs qui ont émaillé cette affaire. Une posture que M. Macron peut afficher d’autant plus facilement qu’il est protégé par la Constitution. »
« M. Macron s’est ainsi livré à un habile tour de passe-passe. Tout en se défendant de sacrifier des collaborateurs sur « l’autel de l’émotion populaire », il a reconnu la gravité des faits reprochés à M. Benalla et entend corriger les dysfonctionnements observés. Mais, en même temps, il a cherché à faire disparaître la crise que l’affaire a générée. Paradoxalement, en tentant de faire baisser la pression, il a admis en creux l’importance de la crise que traverse l’exécutif.
En malmenant les contre-pouvoirs, en laissant planer des zones d’ombre, des imprécisions, des omissions, voire des contradictions, le président de la République fait un pari osé. Le résultat de sa contre-attaque pourrait aboutir à l’inverse de l’objectif recherché et mettre de l’huile sur le feu en galvanisant ses oppositions. M. Macron espère sans doute que l’été apaisera la fièvre et que le Parlement reprendra à la rentrée le chemin de la réforme constitutionnelle. Mais il n’est pas sûr qu’il ait rempli son rôle de gardien des institutions. »
Merci de ne pas me faire le coup du microcosme parisien cher à Raymond Barre : « Les porteurs de pancartes, ceux qui scribouillent, jacassent et babillent, le chœur des pleureuses et le cortège des beaux esprits, des milieux qui ne vivent que de manœuvres, d’intrigues et de ragots. »
« Ma détente, lorsque j'étais à Matignon, était de lire le grouillement du microcosme dans Le Canard enchaîné. Je n'ai jamais vraiment souffert d'être caricaturé. »
Vous en êtes, vous et votre garde rapprochée, moi pas, sans pour autant me draper dans les oripeaux de la France profonde, du peuple invoqué pour le meilleur et pour le pire comme le font les adeptes du moulin à prière, alors je vous en prie reprenez-vous, mettez un mouchoir sur votre ego, redescendez sur le plancher des vaches.
Ne vous illusionnez pas ce petit ouragan dans un verre à pied a fait du dégât, vous allez payer cash auprès de vos électeurs :
Retweeted Bruno Jeanbart (@bjeanbart):
72% des Français jugent l’affaire Benalla grave et près d’une personne sur deux (46%) très grave. Même les électeurs d’Emmanuel Macron au premier tour de 2017 partagent ce point de vue (54%)
@opinionway pour @LCI
Je reprends ici les propos d’Axel Kahn (l’intégralité ci-dessous)
« L’affaire Benalla est sérieuse mais relativement mineure dans l’histoire de la cinquième république. Pensons à Auriol, au SAC et à ses cartes tricolores, à Pasqua et à Ouvéa,, aux CDR, à Barril et aux écoutes de l’Élysée sous Mitterrand, à l’attentat de Karachi, à Kadhafi, aux Balkany, à Cahuzac. Ici, un chargé de mission sécurité passé de Martine Aubry à Hollande puis à Macron pour lequel le nouveau président a de la sympathie et qui lui inspire confiance. C’est une confiance bien mal investie, coupable. Le dit Benalla joue indûment les cowboys à l’encontre d’un couple qui jette des bouteilles sur les CRS. Il y a brutalité mais ni blessure ni incapacité provoquée. La sanction de l’Élysée est insuffisante. Dans l’état des informations, voilà ce que l’on sait.
Cependant, la révélation de l’affaire par le Monde destinataire d’une vidéo tronquée (les jets de bouteilles, avoués par le couple, n’y figure pas), de Taha Bouhafs, activiste de la FI, semble entraîner une véritable sidération à l’Élysée. Toutes les suppositions peuvent dès lors être faites.
C’est là qu’intervient la mise en route de la revanche tant espérée de la totalité de l’éventail politique, de Poutou et de la FI à LR et au FN. Ce sérail de l’extrême gauche à l’extrême droite avait été humilié par l’insolente et impudente victoire en 2017 de cet intrus, ce blanc-bec. Il n’y a aucune unité politique dans ce sérail. La droite approuve des réformes qu’elle n’a jamais osé mettre en œuvre et que la gauche combat. Alléluia, il existe pourtant un motif d’union, la chasse au Macron, le dégommage du vainqueur honni de 2017. Enfin, il fait une faute, abattons le. Ils ne le lâcheront plus. Or, le président Macron est plus seul que ne l’a jamais été aucun Président de la cinquième République. Sans parti véritable, il ne peut compter sur aucune presse favorable. Au plus fort de l’impopularité de Mitterrand, l’Obs. et Libé ne participait pas à l’hallali. Idem avec Hollande. La haine de Sarkozy n’a jamais dissuadé Le Figaro, Valeurs Actuelles et quelques autres de le soutenir. Rien de tel avec Macron. Les publications de gauche, modérées, de droite et d’extrême droite sont aussi violentes les unes que les autres à mener la charge. Ils ne le lâcheront pas et il aura beaucoup, beaucoup de mal à poursuivre la réalisation de son projet. Je pense qu’in fine les forces politiques dominantes du pays remporteront la mise. La droite, donc. Soit. Pour ma part, je ne m’associerai pas plus à la meute aux trousses du président que je ne me suis associé à ses thuriféraires de 2017. »
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ILS NE LE LACHERONT PLUS ... par Axel Kahn
Ceux qui suivent ce mur connaissent l’évolution de ma position vis à vis d’Emmanuel Macron. J’ai critiqué le ministre de François Hollande, inspirateur de toute sa politique économique et sociale. J’ai toujours reconnu la grande intelligence de l’homme. Lorsqu’il a été candidat, j’ai signalé qu’il n’était en rien un homme de gauche, pas un social-démocrate non plus, mais un libéral néoclassique sociologiquement et politiquement centriste, plutôt de centre droit. Je n’ai à la présidentielle voté pour lui ni au premier ni au second tour. Au deuxième tour, la défaite de MLP étant certaine et prévue large, j’ai voté blanc. Une fois le président élu, j’ai dans un billet posté le 7 mai à 20h fait un pronostic de ce que serait sans doute la présidence du nouvel élu.
Attaché à mon pays et à ses habitants plus qu’à quelque étiquette que ce soit, j’ai annoncé que je ne souhaitais pas l’échec du nouveau président, puisqu’il avait été élu. De plus, je suis très conscient que l’alternative à Emmanuel Macron est actuellement à droite. Certes pas à gauche.
L’affaire Benalla est sérieuse mais relativement mineure dans l’histoire de la cinquième république. Pensons à Auriol, au SAC et à ses cartes tricolores, à Pasqua et à Ouvéa,, aux CDR, à Barril et aux écoutes de l’Élysée sous Mitterrand, à l’attentat de Karachi, à Kadhafi, aux Balkany, à Cahuzac. Ici, un chargé de mission sécurité passé de Martine Aubry à Hollande puis à Macron pour lequel le nouveau président a de la sympathie et qui lui inspire confiance. C’est une confiance bien mal investie, coupable. Le dit Benalla joue indûment les cowboys à l’encontre d’un couple qui jette des bouteilles sur les CRS. Il y a brutalité mais ni blessure ni incapacité provoquée. La sanction de l’Élysée est insuffisante. Dans l’état des informations, voilà ce que l’on sait.
Cependant, la révélation de l’affaire par le Monde destinataire d’une vidéo tronquée (les jets de bouteilles, avoués par le couple, n’y figure pas), de Taha Bouhafs, activiste de la FI, semble entraîner une véritable sidération à l’Élysée. Toute les suppositions peuvent dès lors être faites.
C’est là qu’intervient la mise en route de la revanche tant espérée de la totalité de l’éventail politique, de Poutou et de la FI à LR et au FN. Ce sérail de l’extrême gauche à l’extrême droite avait été humilié par l’insolente et impudente victoire en 2017 de cet intrus, ce blanc-bec. Il n’y a aucune unité politique dans ce sérail. La droite approuve des réformes qu’elle n’a jamais osé mettre en œuvre et que la gauche combat. Alléluia, il existe pourtant un motif d’union, la chasse au Macron, le dégommage du vainqueur honni de 2017. Enfin, il fait une faute, abattons le. Ils ne le lâcherons plus. Or, le président Macron est plus seul que ne l’a jamais été aucun Président de la cinquième République. Sans parti véritable, il ne peut compter sur aucune presse favorable. Au plus fort de l’impopularité de Mitterand, l’Obs et Libé ne participait pas à l’hallali. Idem avec Hollande. La haine de Sarkozy n’a jamais dissuadé Le Figaro, Valeurs Actuelles et quelques autres de le soutenir. Rien de tel avec Macron. Les publications de gauche, modérées, de droite et d’extrême droite sont aussi violentes les unes que les autres à mener la charge. Ils ne le lâcheront pas et il aura beaucoup, beaucoup de mal à poursuivre la réalisation de son projet. Je pense qu’in fine les forces politiques dominantes du pays remporteront la mise. La droite, donc. Soit. Pour ma part, je ne m’associerai pas plus à la meute aux trousses du président que je ne me suis associé à ses thuriféraires de 2017.
Axel Kahn
Entretien exclusif : Alexandre Benalla livre ses vérités
Plus d’une semaine après les révélations du « Monde », l’ex-chargé de mission de l’Elysée a accepté de répondre longuement à nos questions.
LE MONDE | 26.07.2018 à 09h26 • Mis à jour le 26.07.2018 à 10h06 |
Propos recueillis par Gérard Davet, François Krug et Fabrice Lhomme
Pour la première fois depuis le déclenchement de l’affaire qui porte son nom, Alexandre Benalla parle. Barbe rasée pour ne pas être importuné, l’ancien chargé de mission de l’Elysée, accusé d’avoir molesté deux manifestants en marge des manifestations du 1er-Mai, a accepté de répondre longuement aux questions du Monde.
L’entretien, que nous n’avons pas fait relire, s’est déroulé à Paris, mercredi 25 juillet, au domicile de Marc Francelet, un ancien journaliste reconverti dans les affaires qui se présente aujourd’hui comme « communicant ». Lors de la séance photo, réalisée en fin de journée, est apparue Michèle Marchand, figure de la presse people et très proche du couple Macron. Preuve que dans la tempête, M. Benalla n’est pas un homme seul.
Estimez-vous avoir « trahi et déçu » Emmanuel Macron ? Ce sont ses mots…
Ce sont des déclarations que je comprends. Parce que s’il y a un problème autour du président de la République, il ne doit pas être provoqué par un collaborateur. C’est quelqu’un qui avait – et qui a toujours, je pense – confiance en moi, dans mon action au quotidien. Mais au vu de ce que cette histoire a déclenché, je ne vois pas quels autres termes il aurait pu employer pour qualifier la situation. Donc forcément qu’il y a de la déception, forcément qu’il doit y avoir un sentiment de trahison…
Avez-vous le sentiment de l’avoir trahi ?
Moi, je n’ai pas le sentiment d’avoir trahi le président de la République, j’ai le sentiment d’avoir fait une grosse bêtise. Et d’avoir commis une faute. Mais cette faute, elle est plus d’un point de vue politique : je n’aurais jamais dû aller sur cette manifestation en tant qu’observateur, puis j’aurais, peut-être, dû rester en retrait.
Reprenons du début. Comment apparaissez-vous dans l’entourage de M. Macron ?
Au départ, à l’été 2016, un copain m’appelle et me dit : « Alexandre, Emmanuel Macron va sans doute se lancer dans la bataille pour la présidentielle. » On est à une période, après sa démission le 30 août, où le gouvernement lui refuse de pouvoir conserver ses officiers de sécurité. Or, c’est une personnalité quand même exposée. Progressivement, je m’oriente vers de nouvelles fonctions : directeur de la sûreté et de la sécurité du mouvement En marche ! Il y a les premiers meetings à monter, Strasbourg, Le Mans… En fait, mes fonctions, c’est de l’organisation pure et simple, car les gens d’En marche ! sont inexpérimentés.
Mais avez-vous la compétence pour ça ?
Oui, je l’ai apprise, sur le terrain, au Parti socialiste, dont j’ai été membre du service d’ordre de 2009 à 2012, avec Eric Plumer [chef du service d’ordre de l’époque], qui m’a formé et tout appris… J’ai fait la campagne de Hollande.
Quel est votre premier contact avec Macron ?
Très amical. Amical au sens large du terme, Macron est quelqu’un de très facile d’accès, qui a un charisme. Avec lui, vous êtes à l’aise tout de suite. J’ai rencontré pas mal de « bêtes » politiques, mais chez lui, il y a quelque chose de plus qui se dégage. Je l’ai toujours vouvoyé, il est président de la République, pas de familiarité entre lui et moi. Après, lui, il peut donner du « tu », du « vous », ça dépend de la situation, mais moi, je l’ai toujours vouvoyé.
Avant l’élection, êtes-vous armé ?
Je fais une première demande au ministère de l’intérieur, fin 2016. On me répond que ce n’est pas possible. Mais il y a deux cents personnes qui bossent au QG, représentant une « cible molle », comment les protéger de la menace terroriste ou même d’un fou ? Donc on fait la demande d’acquérir et détenir des armes dans le QG. Et on obtient finalement de la Préfecture de police l’autorisation de détenir des armes, des Glock 17 de mémoire, mais dans le QG uniquement.
N’êtes-vous jamais sorti avec ?
Non, jamais. On n’est pas mabouls, il y a un risque pour la réputation du candidat…
Avez-vous les compétences pour porter une arme ?
Bien sûr ! Je suis inscrit dans un club de tir depuis des années et je suis un réserviste de la gendarmerie. Il n’y a pas d’amateurisme là-dedans, au contraire. Et si le préfet de police a accordé l’autorisation, c’est qu’il estimait bien qu’il y avait une menace.
Comment se passe la suite, notamment l’intronisation de Macron au Louvre ?
Déjà, c’est moi qui trouve le lieu, le Louvre, parce qu’on cherchait un endroit facile à sécuriser et simple d’accès, sachant que la maire de Paris nous refuse absolument tout !
Après la passation des pouvoirs, que se passe-t-il ?
Le soir de la passation, Patrick Strzoda [directeur de cabinet du président] vient me trouver et me dit : « Le chef m’a expliqué que vous étiez un mec bien, j’ai quelque chose à vous proposer, faudra qu’on se voie dans les jours à venir… » Et je m’installe à la chefferie de cabinet, au 1er étage. Strzoda me convoque quelques jours après, me dit : « Vous avez un profil sécurité, on m’a dit que vous étiez un génie de l’organisation, je vous vois bien à la chefferie de cabinet, ça vous va ? » Et j’entre donc officiellement avec le titre de « chargé de mission auprès du chef de cabinet du président de la République ».
Un contrat de combien de temps, pour quel montant ?
Un contrat sur toute la durée du mandat, donc cinq ans, rémunéré 6 000 euros net, c’est le salaire de tous les chargés de mission.
Quel va être votre rôle ?
Moi, je dois m’occuper des affaires privées du président de la République, parce qu’il a une vie à côté de ses fonctions, avec Brigitte Macron, celle d’un Français normal. Il va au théâtre, au restaurant, part en vacances… Je suis toujours présent, avec le groupement de sécurité de la présidence de la République (GSPR) et le service privé du président.
Y avait-il besoin d’une personne comme vous, en plus des membres du GSPR ?
Mais le GSPR, ils ne sont pas du tout dans l’organisation. Eux ne prennent en compte que la sécurité. Par exemple, si le président va au théâtre, moi je vais tenir compte de la tranquillité du couple présidentiel, de l’image du président, etc.
Vous avez 25 ans, et vous vous retrouvez à donner des ordres à des policiers expérimentés…
En fait, tout à l’Elysée est basé sur ce que l’on peut vous prêter en termes de proximité avec le chef de l’Etat. Est-ce qu’il vous a fait un sourire, appelé par votre prénom, etc. C’est un phénomène de cour.
Mais vous-même, vous considérez-vous proche du président ? Au Touquet, par exemple vous aviez les clefs de sa maison…
Je n’ai jamais détenu les clefs ! Elles sont à disposition du GSPR. Après il peut arriver qu’il y ait un truc à récupérer, donc il m’est arrivé de les avoir en main, mais je ne les ai jamais détenues, ni eues chez moi.
Il y a eu des frictions entre vous et le GSPR…
Des frictions, oui, mais sous forme de non-dits. Moi, j’ai toujours fait les choses, non pas pour ma personne, mais dans l’intérêt du président. Mais il y a des gens qui sont formatés d’une autre façon. On fait le sale boulot. Et on s’expose forcément. Et quand on s’expose face à ce type de personnes, ils vous disent « oui » avec un sourire, mais ils n’oublient pas… Je ne fais pas partie du club. Je le ressens mais je dois en faire abstraction, car la seule chose qui compte c’est que le président soit bien.
On vous taxe d’arrogance…
Non, je n’ai pas le melon. La vérité, c’est que ma nomination à ce poste, ça a fait chier beaucoup de gens. Parce qu’un gamin de 25 ans, qui n’a pas fait l’ENA, qui n’est pas sous-préfet – parce que je suis le seul à ne pas l’être dans l’équipe, je suis l’extraterrestre de la bande ! –, et en plus qui dit les choses, là où il n’y a que des non-dits, évidemment, ça suscite des rancœurs…
Avez-vous un logement de fonction ?
On met un appartement attribué « par nécessité absolue de service » à ma disposition. Le 8 ou 9 juillet, on me remet les clefs. J’avais demandé au directeur de cabinet du président, Patrick Strzoda, s’il était possible d’avoir un appartement, et il m’avait dit « bien sûr, vu les contraintes liées à vos fonctions, il y a un appartement qui est en train d’être rénové, je vous l’attribue… » Oui, un appartement de 80 mètres carrés, pas 300 comme ça a été dit.
On a parlé de la carte d’accès à l’hémicycle de l’Assemblée comme d’un passe-droit…
Moi, je ne considère pas ça comme un passe-droit. C’est une demande de ma part, cette carte. J’en avais bénéficié d’une avant Emmanuel Macron, en tant que collaborateur parlementaire bénévole. Je l’ai demandée tout simplement parce que j’aime aller à la salle de sport de l’Assemblée. C’est peut-être un caprice de ma part, je l’admets.
Une fois à l’Elysée, faites-vous une demande de port d’arme ?
Oui, je la fais, auprès du ministre de l’intérieur. Par courrier. Mais elle est refusée car d’un point de vue administratif, celle que j’avais déposée du temps d’En marche ! est encore en cours d’étude, à la direction générale de la police nationale (DGPN). Je vois alors qu’on peut faire la demande en passant par le cabinet du préfet de police, en passant par la voie hiérarchique, c’est-à-dire Patrick Strzoda. Il la transmet, sans l’appuyer. Après enquête, et considérant que ma fonction est exposée, on m’autorise à acquérir un Glock et à le détenir dans l’exercice de ma mission.
Les policiers ne vous ménagent pas…
Les syndicats de police ne disent que des conneries, ils ont trouvé le moyen d’exister alors qu’ils sont très affaiblis au sein de la police nationale. Ça ne me touche pas.
Vous étiez suspendu, rétrogradé, mais vous avez pourtant géré le retour des Bleus en juillet ou encore l’hommage à Simone Veil…
Parce que toutes les missions délicates sont pour moi, mais je ne participe plus aux déplacements du président. S’agissant du bus des Bleus, j’ai monté les réunions préparatoires mais je n’ai pas donné l’ordre d’accélérer le rythme du bus ! Je suis juste là pour informer l’Elysée s’il y a un problème. Et je ne m’occupe pas des bagages des joueurs !
Pourquoi étiez-vous habilité secret-défense ?
On a accès à des informations sensibles quand on approche le président. J’ai eu droit à une enquête très poussée de la DGSI, j’ai une habilitation secret-défense, mais je n’ai pas les codes nucléaires ! Les plans de l’Elysée, c’est classifié, les notes de services le sont, et je produis des documents qui sont classifiés, notamment la future direction de la sécurité de la présidence de la République (DSPR), à la conception de laquelle j’ai participé. Au cabinet, tout le monde est habilité.
Avez-vous voulu réorganiser le service de protection du président ?
Deux entités concourent à la même mission : le commandement militaire, la gendarmerie, et de l’autre, le GSPR. Le GSPR, c’est l’enfant terrible de l’Elysée. Il y a des incohérences qui, pour moi, sont complètement incroyables. Si demain il y a une cohabitation, vous avez la sécurité qui est sous la main du ministre de l’intérieur.
Le service de la protection de la personne [SDLP], qui coiffe administrativement le GSPR, n’a pas accès aux déplacements du président de la République, c’est leur rêve, ils nous appellent dix fois par jour pour être dans l’avion avec le président. Ils n’ont qu’un pouvoir de nuisance qu’ils savent mettre en œuvre si vous ne leur donnez pas ce qu’ils veulent, le SDLP. Ce n’est pas la création d’une garde prétorienne, le président ne va pas avoir à son service des mercenaires ou des barbouzes… On avait bien avancé, mais on avait en face un ministère de l’intérieur qui refusait de participer à l’élaboration de cela. Je n’aurais eu aucun rôle dans la future structure. Je n’avais aucun intérêt à quitter le cabinet. Lire aussi : Les personnages-clés à connaître pour comprendre l’affaire Benalla
Imaginez-vous être victime de règlements de comptes internes à la police ?
Je fais plus que l’imaginer : on a essayé de m’atteindre, de me « tuer », et c’était l’opportunité aussi d’atteindre le président de la République. Les faits, je les assume, je ne suis pas dans la théorie du complot, c’est la réalité. Sur ce qui s’est passé après, je suis beaucoup plus réservé. Il y avait en premier une volonté d’atteindre le président de la République, c’est sûr et certain. Et je suis le maillon faible, je le reconnais. Et en même temps, il y a énormément de gens qui se frottent les mains en se disant « ça y est, on s’est débarrassé de lui, il ne va plus nous emmerder, c’est fini ». Les gens qui ont sorti cette information sont d’un niveau important.
Au ministère de l’intérieur ? Des fonctionnaires ?
Des politiques et des policiers. Et je ne pense pas à Collomb en qui j’ai confiance, je ne suis personne pour lui. Mais il y a des gens qui travaillent autour de lui qui auraient pu…
Son directeur de cabinet, le chef de cabinet ?
Le chef de cabinet, j’ai une entière confiance en lui. On s’est servis de mon affaire pour régler des comptes, ça a pris des proportions… Je dis pas que j’ai servi de fusible, je dis juste que ça a servi plusieurs intérêts, un intérêt pour atteindre le président de la République, à un moment pas mal pour lui, une bonne séquence, et voyant que ça avançait pas mal de mon côté et que j’emmerdais pas mal de monde alors que je faisais juste mon travail. Et faire son travail, c’est surtout ce qu’il ne faut pas faire, sauf si vous avez un statut particulier ou que vous faites partie de la bande. Ce n’était pas mon cas.
Pensez-vous être victime d’un complot ou d’un règlement de comptes visant Emmanuel Macron ?
C’est une façon d’attraper le président de la République par le colback. J’étais le point d’entrée pour l’atteindre, le maillon faible. Au bout d’un an, il y a des inimitiés qui se créent, il y a des gens qui ne supportent pas que vous ne fassiez pas partie du club, que vous ne soyez pas énarque, sous-préfet… Je pense que si j’avais eu un tel statut et qu’il s’était passé ce qui s’est passé le 1er mai, les choses auraient été différentes.
C’est vous qui demandez à être présent le 1er mai ?
Je ne demande pas à être observateur. Je suis invité à être sur place par Laurent Simonin, chef d’état-major à la Préfecture de police. Il me dit un jour : « Je te propose de participer sur le terrain au service en tant qu’observateur… » Ce sont eux qui me le proposent. Contrairement à ce que dit le préfet de police, quand il parle de copinage malsain, je n’ai jamais pris une bière ou mangé au restaurant avec Laurent Simonin.
Le 26 mars, je reçois le SMS de Simonin, puis le 27 avril, je reçois un appel de Simonin qui me demande toutes mes mensurations. Ensuite, je vais voir le directeur de cabinet, Patrick Stzroda, je lui dis que j’ai été invité. Il me dit, « c’est très bien, c’est une bonne expérience ». En aucun cas Stzroda ne sait que je vais me retrouver avec un casque sur la tête, à deux pas des casseurs, place de la Contrescarpe.
Dénoncez-vous une sorte d’amateurisme dans la réalisation de cette mission ?
Même si j’ai été surpris, je ne m’y suis pas opposé. La réalité des choses, c’est que la préparation et l’encadrement de cette mission d’observation, elle n’a pas été au niveau. Il n’y a pas de copinage malsain. Quand on fait venir un magistrat ou un journaliste, il y a trois policiers autour de lui. Même s’il est habillé en policier.
D’où provient l’équipement de policier que vous utilisez ?
L’officier de liaison de l’Elysee vient deux jours avant la manifestation avec un sac qu’il me remet, avec un casque, un ceinturon en cuir, un masque à gaz, un brassard police et une cotte bleue marquée police et un grade de capitaine dessus. L’équipement reste dans mon bureau. Puis, j’ai un kit oreillette et le porte-radio. On me procure ensuite des rangers et une radio. Je n’y connais rien, déjà je suis surpris. Je mets le brassard dans ma poche au cas où ça camphre, je prends la radio pour savoir ce qui se passe, dans la salle, je n’ai pas parlé à la radio, vous pouvez chercher c’est enregistré, je n’ai aucune légitimité à parler.
Comment cela se passe-t-il le 1er mai ?
Je laisse tout dans le coffre, on descend en salle de commandement pour commencer la présentation. Je salue Laurent Simonin, le directeur adjoint Eric Belleut qui me parle pendant dix minutes, même s’il l’a oublié, apparemment. Ils me présentent le dispositif. Et on part avec le major, pris en charge dans une Ford Mondeo équipée police, avec le gyrophare. Je demande ce que je fais de mes affaires. Le major me dit : « T’as pas besoin de ça, prends juste ton brassard et la radio. » Le black bloc commence à se former au niveau du pont. Ils descellent les pavés, ils avancent, mettent le feu au McDo. Je recule. C’est la confusion la plus totale, on se retrouve sur un côté. Les CRS arrivent. Un policier me dit : « T’as un brassard ? Ils savent pas si t’es un collègue. » Je le mets, j’ai une radio dans la main.
Que se passe-t-il place de la Contrescarpe ?
Une cinquantaine de jeunes sont au milieu de la place, avec des lunettes de piscine, je pense pas qu’ils avaient piscine, des masques de chantier, je ne pense pas qu’ils travaillaient sur des chantiers, des sacs à dos, des casquettes coquées, c’est un lieu de regroupement donné sur les réseaux sociaux. Les lunettes, ça sert à échapper aux lacrymos. Je prends le casque dans le coffre de la voiture car le major me dit, « on ne sait pas ce qui peut se passer et je le dissimule sous ma chemise ». Ils se déchaînent, ils envoient les verres sur les CRS, on est en retrait, on est isolés, c’est de la guérilla urbaine, des gens masqués, avec des bras d’honneur, les CRS ne savent pas qui on est, personne n’est au courant.
A un moment, je vois ces deux personnes, ce couple qui s’enlaçait tendrement au milieu de la place cinq minutes auparavant. Ils avaient insulté avant, on les avait repérés, c’était les plus agités de la bande, la fille essaie de saisir une table, elle n’y arrive pas, elle jette une chaise, son copain se met au milieu de la place, il jette une bouteille qui arrive sur la tête d’un CRS, elle reprend des bouteilles, ça arrive sur l’épaule d’un CRS, elle fait des bras d’honneur… On les voit sur la vidéo, elle est hystérique et lui aussi.
Et vous décidez d’intervenir, violemment…
Ce qui se passe dans ma tête, c’est : si on reste là à rien faire, on va être isolés, et en plus, il faut donner un coup de main, on ne va pas laisser faire des délinquants ; jeter des projectiles sur un CRS, c’est violences volontaires, c’est un délit puni d’emprisonnement, c’est très clair dans ma tête. Et la faute que je commets à ce moment-là, c’est d’y aller. Et de laisser de côté mes fonctions à l’Elysée. C’est la faute pour laquelle je suis puni ensuite, ce n’est pas parce que j’ai commis un délit, c’est parce que j’ai fait une faute politique, d’image, on peut qualifier cela comme on veut, et de faire abstraction des fonctions qui sont les miennes.
Et si vous n’étiez pas collaborateur à l’Elysée, étiez-vous en droit de le faire ?
Bien sûr. Article 73 du code de procédure pénale : tout citoyen a qualité pour appréhender l’auteur d’un délit. Je ne considère pas avoir fait une arrestation, j’ai appréhendé quelqu’un et l’ai remis aux policiers. Les gens ont des agissements délictueux, ils cassaient en toute impunité, il faut le vivre, et moi, c’est ma nature, je suis trop engagé. Si je n’étais pas collaborateur de l’Elysée, je referais la même chose. Collaborateur de la présidence, je ne le referais pas.
Avez-vous avez usurpé une identité de policier ?
Le casque m’est donné, rien ne m’interdit de le porter. Je ne nie pas que l’on a l’apparence de policiers, mais le casque, on me dit de le porter, c’est pour ma sécurité personnelle. Quand je le fais, c’est clair, ce sont des situations auxquelles j’ai déjà été confronté. J’ai interpellé des personnes auteurs de délits flagrants, il y a très longtemps, en Normandie. Des personnes se faisaient agresser, j’ai interpellé l’auteur des faits et je l’ai remis aux policiers, c’est le devoir du citoyen.
On insiste, les images de votre intervention sont violentes…
Il n’y a aucun coup. C’est vigoureux. Je conçois que c’est une scène qui peut paraître violente, mais les policiers y sont confrontés des dizaines de fois par jour. Le mec a une force qui est décuplée, il est dans l’adrénaline, il est excité, il a été gazé, il ne veut pas se laisser faire. D’ailleurs, si vous regardez la vidéo, à cinq CRS, équipés et formés à ce type de situation, pendant plus de trente secondes, ils n’arrivent pas à le maîtriser. C’est des débiles, les mecs en face, lui y compris.
Je passe ma main gauche sous son aisselle, et la deuxième au niveau de son cou, et j’essaie de le lever pour l’emmener vers le major Mizerski et un autre policier. C’est exactement le même geste que j’ai fait à Emmanuel Macron quand il a pris un œuf au Salon de l’agriculture : il n’a pas déposé plainte pour violence et il n’a pas eu mal au cou plus que ça le lendemain !
Quand avez-vous réalisé que vous étiez filmé ?
Je sais depuis le début de la manifestation que je suis filmé. Je ne me cache pas.
Lorsque vous intervenez, où se trouve le policier qui vous accompagnait ?
Il est en retrait. Je me mets à sa place : c’est un major de police, il y a un collaborateur du président de la République avec lui, il ne va pas m’attraper par le cou et me mettre par terre. Ce n’est pas lui qui est fautif. Ce qui a été sous-dimensionné, ce n’est pas son action à ce moment-là, c’est le dispositif qui était censé encadrer un collaborateur du président venant sur ce type d’événement.
Que se passe-t-il ensuite ?
On s’en va à pied avec le major Mizerski, je remets mon casque dans le coffre de la voiture, on part à la Préfecture de police et on redescend en salle de commandement. Dans la salle, grosse surprise, Gérard Collomb est présent, avec le préfet de police de Paris, avec le DOPC Alain Gibelin, le cabinet du ministre et celui du préfet. Je me mets dans un coin. Ils sont en train de faire une présentation à Collomb. Quand il sort, il vient me voir et me serre la main : « Ça va ? Qu’est-ce que tu fais là ? »
Le ministre de l’intérieur vous tutoie ?
Il me tutoie, il me vouvoie, il alterne, mais là, en l’occurrence, il me tutoie. Gérard Collomb m’identifie visuellement, il sait que je travaille à la présidence de la République. Je peux le croiser deux, trois, quatre fois par semaine sur des déplacements ou quand il vient à la présidence. Alors, est-ce qu’on se connaît ? Visuellement, oui. Est-ce qu’il sait qui je suis et ce que je fais exactement ? Je n’en suis pas sûr.
Lors de ses auditions à l’Assemblée nationale et au Sénat, il a en tout cas assuré ne pas vous connaître…
Je me mets à sa place. Je pense que la connerie vient d’un échelon qui reste à déterminer à la Préfecture de police. Il pense que ce n’est pas sa connerie à lui, tout le monde est en train de l’attaquer, il fait des réponses maladroites.
Pourtant, il vous tutoie…
Il est courtois.
Que se passe-t-il après le départ du ministre ?
Dans la salle de commandement, je vois le major Mizerski et un sous-directeur de la Préfecture partir dans le fond de la salle à gauche, où il y a deux opérateurs en civil qui sont sur les réseaux sociaux, et en l’occurrence sur Twitter. Il y a des images de la place de la Contrescarpe, une heure et demie après. On me dit que c’est problématique, je regarde le truc. Moi, je ne vois toujours pas ce que j’ai fait de mal. Je ne comprends pas l’ampleur que ça va prendre, et c’est là justement mon erreur. Je connais donc l’existence de cette vidéo le soir même. Le lendemain, je reçois un coup de téléphone de Patrick Strzoda : « Alexandre, qu’est-ce que c’est que cette histoire de vidéo, est-ce que vous pouvez venir me voir ? » C’est là que je comprends que j’ai fait une faute. Il m’annonce qu’il va prendre une sanction à mon égard.
Est-ce qu’il considère que c’est une faute morale ou une faute pénale ?
La faute, c’est d’avoir exposé la présidence de la République. C’est un préfet qui a l’expérience du maintien de l’ordre. Il sait très bien qu’il n’y a pas de délit. Il n’y a pas de tabassage, comme ont pu le dire certains journalistes. C’est un citoyen qui appréhende un délinquant, point à la ligne. Je n’étais pas d’accord avec la sanction, mais je l’ai acceptée. Patrick Strzoda me rappelle dans la journée. Il me dit : « J’ai vu Alexis Kohler [secrétaire général de l’Elysée], on va vous mettre quinze jours de suspension sans traitement et on verra quelles seront vos fonctions quand vous rentrerez. »
En avez-vous parlé avec le président ?
Non, parce qu’il était en Australie à ce moment-là et que je ne vais pas le déranger avec ça, ce n’est pas mon rôle. Je n’ai jamais eu le président au téléphone pendant ma suspension. Le vendredi, je prends ma voiture et je pars en Bretagne avec ma femme. J’y reste du 4 au 15 mai, je rentre à Paris le 15 et je ne remets pas les pieds à la présidence avant le 22.
Alain Gibelin, le directeur de l’ordre public et de la circulation (DOPC), a affirmé aux députés vous avoir croisé lors de réunions pendant ces deux semaines de suspension, avant de se rétracter. Pourquoi ?
Parce qu’il ment, et c’est même la deuxième fois qu’il ment. Il dit qu’il n’a appris que le 2 mai que j’étais présent à la manifestation la veille. Ce n’est pas vrai. On a déjeuné quelques jours avant avec le général Bio-Farina [commandant militaire de l’Elysée], au 2, rue de l’Elysée. C’était une réunion de travail à propos des policiers qui font la sécurité autour du palais. A la fin de ce déjeuner, il m’a demandé si je venais toujours le 1er mai et si j’avais reçu l’équipement que je devais recevoir.
Pourquoi mentirait-il ?
Il y a des gens qui pensent à leur carrière et qui se défaussent. Je n’ai participé à aucune réunion, ni à la présidence de la République, ni par email, ni par téléphone. Je pense qu’Alain Gibelin s’en veut de ne pas avoir prévenu le préfet de police. Je pense sincèrement que le préfet n’était pas au courant de ma venue ce jour-là au cœur de la manif. Il était réellement surpris quand il m’a vu dans la salle de commandement. Alain Gibelin, lui, était parfaitement au courant et n’en a pas rendu compte à sa hiérarchie.
Que se passe-t-il à votre retour à l’Elysée après votre suspension ?
J’ai un rendez-vous avec Patrick Strzoda et le chef de cabinet, qui me disent qu’on ne va pas pouvoir faire comme avant. J’ai déjà été puni, je suis surpris. Ils me disent : « Tu es trop dedans, il faut que tu prennes un peu de recul, tu ne vas t’occuper que des événements qui se passent au palais de l’Elysée. » Je le vis comme une humiliation.
A l’intérieur du palais, vous êtes forcément amené à croiser Emmanuel Macron. Vous parle-t-il de l’affaire ?
Quelques jours après mon retour, à l’occasion d’un événement dans le palais, il me prend à part et il me dit les choses. Il me dit : « C’est une faute grave, ça va être compliqué et il faut assumer. » Il m’explique que ça n’enlève pas la confiance qu’il a en moi mais que j’ai fait une grosse bêtise.
D’où vient la vidéo que la justice vous reproche d’avoir détenue ?
Moi, je ne l’ai pas demandée. Après la publication de l’article du Monde sur Internet, je reçois un appel vers 22 heures de quelqu’un à la Préfecture de police, dont je ne citerai pas le nom : « Alexandre, on a la vidéo du gars et de la fille en train de jeter des projectiles sur les CRS, est-ce que tu la veux pour te défendre ? » Bien sûr que ça m’intéresse, si on peut prouver que les gens en face ne sont pas de simples passants mais des casseurs. Je ne sais pas d’où viennent ces images. Je suis en train de dîner dans un restaurant près du palais et quelqu’un vient me donner un CD. Il n’y a rien écrit dessus, ni « préfecture de police », ni « vidéosurveillance ». Ce CD, je ne le regarde pas et je le remets à l’Elysée à un conseiller communication. Ces images n’ont pas été diffusées.
Avez-vous demandé ensuite au service communication de l’Elysée ce qu’il avait fait de cette vidéo ?
Je crois qu’ils ont essayé de la diffuser et de la fournir à des gens, pour montrer la réalité des faits.
Pour de nombreux Bretons, les craquelins ont la saveur d’une madeleine de Proust. Ces petits pains soufflés composés de farine de froment, d’œufs, de lait, de malt et de poudre à lever ont marqué des générations entières.
Dans le temps, il paraît que les fabricants de craquelins faisaient ça dans leur village et on les appelait alors des maîtres craqueliniers parce qu’ils étaient des sortes de chefs. C’est le roi Louis XIV qui leur a donné la permission par une « charte ». Ils cultivaient eux-mêmes leur blé pour avoir de la farine et ils chauffaient leur four avec le bois coupé dans les forêts environnantes.
Il ne reste plus que 5 fabricants de craquelins en Bretagne. Tous situés autour de la vallée de la Rance. Ceux de Saint-Malo sont leaders sur le marché. Chaque jour, 100 000 petits pains soufflés sortent de l’usine de Saint-Malo.
Le craquelin est écrin pour le beurre salé et c’est encore meilleur quand on le goûte chaud avec du beurre salé dessus qui fond un petit peu ; une bonne confiture de fraises ou d’abricots dans le creux du craquelin c’est aussi une bonne idée.
Mais on peut aussi les cuisiner.
Comment cuisiner les craquelins.
La recette des Craq'oeufs d’Antony Cointre
Pour 4 personnes
4 craquelins de Saint-Malo (les plus larges et creux)
Louis XV initia aux délices du champagne Madame de Pompadour, peut-être pour la dégeler. « Le sein de la favorite aurait-il servi de moule pour fabriquer la première coupe de champagne ? Nul ne le sait. »
L’abbé de Bernis (devenu cardinal par la suite), lui avait adressé un compliment bien tourné où le « le champagne » […] prêt à partir » dissimulait à peine la promesse d’une gâterie, suivie d’une éjaculation heureuse :
L’Amour sort toujours de prison
Sous la main d’une belle !
« Réputé pour sa capacité à procurer une griserie nerveuse plutôt qu’une ivresse comateuse, le champagne dans son sillage d’écume une réputation à la fois aristocratique et érotique. Sa carrière galante se poursuit bien après les orgies de cour du XVIIIe siècle, avec un autre personnage au sang bleu, le Prince de Galles futur Édouard VII (1841-1910). Surnommé « Bertie » par les prostituées qui lui accordaient leurs faveurs, le fils de la reine Victoria était un client assidu du Chabanais, une des maisons closes les plus connues et les plus luxueuses de Paris, entre 1878 et 1946, date de sa fermeture. Il y avait fait installer une baignoire en cuivre rouge, ornée d’une sphinge (monstre féminin), consacrée uniquement à des barbotages au champagne (Ndlr du Mumm Cordon Rouge). Le sort de ce pétillant joujou restera lié à l’extravagance, sinon à la débauche : achetée une petite fortune par un antiquaire de la rue Jacob, cette baignoire devint l’enseigne publicitaire d’un fabricant de meubles du boulevard Montmartre, avant de finir son parcours, en 1972, dans une chambre du Meurice… mais pas n’importe laquelle ! Des admirateurs de Salvador Dali en firent l’acquisition pour le maître. De l’hôtel de passe au palace, elle aura fait couler autant de bulles que de billets de banque. »
Le 30 décembre 1972, une équipe de télévision se rend à l‘hôtel Meurice pour y rencontrer Salvador Dali. Le Maître les reçoit assis dans une baignoire de cuivre que des amis viennent de lui offrir.
L’énigme : À quoi L.F.Céline faisait-il allusion dans Mort à crédit 1936 ?
« Son truc c’était les pissotières et surtout les croûtes de pain qu'on trempent dans les grilles »
La réponse est dans Même les légumes ont un sexeNathalie Helal chez Solar dont j’ai tiré les citations sur le cardinal de Bernis et la baignoire du Prince de Galles.
« En 1883, la façade du Chabanais était aussi discrète pour ne pas attirer l’attention des indésirables. Mais quand les portes étaient ouvertes par un Africain habillé d’une tenue mauresque étincelante, un monde magique se dévoilait.
Chacune des 30 pièces du bordel était décorée selon un thème différent, créant un catalogue raffiné des arts érotiques. Il fut ouvert en 1878 par une ancienne courtisane richissime, «Madam Kelly», qui aurait dépensé plus de 1.700.000 francs sur la décoration intérieure (actuellement environ 8,7 millions d’euros), et qui rapidement attira les financiers, les hommes politiques, les aristocrates et les vedettes de la scène les plus riches d’Europe.
Le vestibule du bordel ressemblait à une grotte souterraine, avec des murs en pierre artificielle et des cascades. Les clients étaient emmenés au premier étage —la salle Pompéi tout en miroirs— où des femmes peu vêtues s’inclinaient sur des sofas romains surmontés de fresques de 16 vignettes en huile peintes par —qui d’autre?— Henri de Toulouse-Lautrec, bien sûr, et représentant des centaures masculins et féminins se livrant à des actes sensuels.
C’est à cet étage que s’opéraient les transactions financières. Aucun argent ne pouvait être échangé au-dessus, donc les clients achetaient là à la dame des jetons qu’ils pouvaient échanger plus tard contre des boissons et des services. Le minimum était 100 francs —environ 500 euros d’aujourd’hui. À ce stade, les clients n’avaient plus qu'à choisir leur fantaisie. Il y avait la chambre hindoue, ornée avec des œuvres d’art indien; la chambre turque, remplie d’artéfacts orientaux; ou le Salon Louis XV, pour les francophiles purs et durs. La pièce vénitienne, évoquant la Renaissance italienne, avait un lit énorme en forme de coquille. Dans le salon japonais, il y avait six divans arrangés en cercle autour d’un brûleur d’encens. Il y avait même une chambre pirate, avec des hublots contre lesquels l’eau de mer pouvait être jetée par les employés. »
En attendant, non pas Godot, mais que Jean-Claude Ribaut se mette au piano dans la cuisine pour nous préparer sa tête de veau sauce tortue, parlons peu mais parlons sushis avec lui.
Mais, comme vous me connaissez, je ne puis avant de lui céder la plume m’empêcher de mettre mon grain de sel dans le bouillon de culture.
En effet, le 20 juillet 2012 je pondais une chronique très acérée :
Le hôchô, un sabre de samouraï dans la cuisine japonaise
« Le hôchô japonais traditionnel est une lame à simple tranchant. La forme triangulaire du hôchô permet d’obtenir des tranches lisses et régulières. C’est cette lame qui permet de couper la chair tendre du sashimi avec autant de précision et des tranches de radis daikon plus fines que du papier.
Autrefois les cuisiniers étaient appelés des hôchô-shi : les « maîtres du couteau » et lorsqu’ils quittaient l’établissement ils emportaient leur hôchô avec eux car il était leur propriété. Le hôchô portait la marque de fabrique du forgeron. « Pour un apprenti cuisinier, recevoir le couteau de son instructeur est le plus grand honneur qu’il lui est donné. » L’art de manipuler le hôchô remonte à la période de Heian (794-1192) « À cette époque, les hôtes des banquets exécutaient des démonstrations de leur talents pour le divertissement de leurs invités. Debout devant une planche à découper, un hôchô dans la main droite et de longues baguettes appelées mana-bashi dans la main gauche, l’hôte coupait un poisson et préparait le namasu, l’ancêtre du sashimi. Les baguettes mana-bashi étaient uniquement utilisées pour que le cuisinier puisse couper le poisson ou la volaille en tranches sans toucher la chair avec ses doigts mais elles n’étaient jamais utilisées pour manger. Elles ont perduré jusqu’à l’époque d’Edo dans les grands restaurants mais à partir du XIXe siècle, l’usage de cet ustensile a disparu progressivement. »
« Il n’y a vraisemblablement aucun autre pays qui ait une telle gamme de couteaux de cuisine. Les cuisiniers japonais utilisent des hôchô de différentes formes et de différentes appellations pour la coupe des sashimis, des anguilles, des pastèques, des légumes, des nouilles etc. Cette grande variété date du XVIIIe siècle, époque à laquelle se sont développés les restaurants et, avec eux, les ustensiles de cuisine et tout particulièrement le couteau.
À la maison 3 couteaux suffisent : le nakiri-bôchô, le deba-bôchô et le sashimi-bôchô (voir planche titre)
Alléno – Okazaki : Cuisines en résonance par Jean-Claude Ribaut
« La préparation des sushis obéit à un cérémonial longtemps resté confidentiel, mais que Yasunari Okazaki accepte de faire comprendre, sinon partager, tant l’exercice est complexe, à une douzaine de convives face au comptoir, les yeux rivés sur ses gestes. Il ne faut en effet pas moins d’une dizaine d’années pour former un maître chef-sushi (sushiya) capable de cuire et d’assaisonner le riz selon l’usage, d’affûter lui-même ses couteaux, de choisir le poisson et de le découper en fines lamelles avant d’assembler le tout avec la dextérité d’un magicien. Car la découpe du poisson cru, ou à peine tiédi, requiert non seulement une attention extrême portée au produit (thon, bar, langoustines, turbot), au fil de sa chair selon qu’il est découpé en darne ou en filet, mais aussi au maniement de l’instrument de découpe, un couteau triangulaire à lame d’airain qu’il faut tenir d’une main ferme, l’index pointé au-delà du manche. L’on observe vite que le sushi n’est pas une recette de poisson mais de riz tant sa préparation et son assaisonnement vinaigré exigent de précautions. Il existe en effet plusieurs variantes de sushi : oshi (pressé), maki (roulé), et bo (en barre), chirashi (méli-mélo). Le nigiri-sushi est la variation la plus récente, imaginée au XIXème siècle à l’époque où Tokyo s’appelait encore Edo, qui consiste en une boulette de riz vinaigré couverte d’abord de poissons salés ou légèrement cuits. « C’est seulement après la seconde guerre mondiale et le développement de la réfrigération, explique Mme Emi Kazuko spécialiste de l’art culinaire du Japon, que l’on a commencé à utiliser du poisson cru. » Encore faut-il manier avec aisance ladite boulette de riz au creux d’une main humide pour lui donner la consistance appropriée. »
Les Petits buveurs] : [estampe] / Jean Veber | Gallica
« Ivrognerie ou extase mystique, transport amoureux ou fureur criminelle, griserie heureuse ou vertige douloureux… Le terme « ivresse » désigne des expériences très dissemblables. Un point commun les relie, cependant : cette faculté de métamorphoser la présence au monde de celui qui s’enivre, ainsi que l’analyse Véronique Nahoum-Grappe dans ses recherches sur l’« effet d’ivresse ».
Elle offre un double visage : festif ou violent, fécond ou destructeur, supérieur ou excessif. Comme le montre Thierry Éloi, dès l’Antiquité romaine s’opposent, au banquet, l’ivresse équilibrée, civilisée du citoyen et l’orgie amollissante du sauvage, incapable d’absorber sans le dévoyer le vin, ce nectar suprême. Ambiguïté qui traverse, souligne José-Luis Diaz, la création poétique : libation divine, la boisson engendre l’inspiration, celle, joyeuse, des bachiques ou celle, sublime, des mystiques ; celle aussi, désespérée, des romantiques, lorsque ivresse et dérèglement des sens deviennent les masques du spleen. Car l’ivresse est de ces états limites où, écrit Michel Delon, génie et folie se côtoient, où la raison s’aiguise au risque de se perdre. Témoignent de cet équilibre dangereux les immersions poético-destructrices des écrivains buveurs que raconte Sébastien Lapaque.
Au quotidien, c’est son excès que l’on dénonce. Et encore prête-t-il avant tout à rire. Au Moyen Âge, l’ivresse légère est tolérée, voire encouragée (« Bon vin éloigne le médecin »), nous rappelle Danièle Alexandre-Bidon. La figure de l’ivrogne comique parcourt chansons et fabliaux. Cette tolérance est visible aussi dans les chansons à boire, qu’évoque Pascal Cordereix : l’ivresse joviale, voire paillarde, y a vertu de convivialité, mais aussi d’exutoire, et ses dérapages sont pardonnés. Les illustrés pour la jeunesse n’échappent pas à cette tendance et les enfants eux-mêmes y trinquent volontiers.
À la fin du XIXe siècle, les ravages causés notamment par l’absinthe conduisent à la condamnation de l’alcoolisme. Non sans contradictions, car, dans le même temps, champagne et vins fins deviennent des symboles nationaux, nous rappelle Dominique Kalifa. Le rituel de la dégustation se met en place, avec ses gestes et son décorum, dont les étiquettes font partie intégrante, comme l’expose Frédérique Desbuissons.
Finalement, c’est associée au petit peuple que l’image du « dangereux alcoolique » fait florès, de longue date : Arlette Farge guette les traces de cette ivresse populaire « criminogène » dans les sources policières du XVIIIe siècle. Anne-Emmanuelle Demartini montre, à la suite de Susanna Barrows, comment ces lieux de sociabilité populaire que sont les tavernes et cafés deviennent, aux yeux du pouvoir, des repaires de rébellion ou de perdition, à surveiller.
Car les lieux de l’ivresse sont lieux de mouvement : les cafés sont des « accélérateurs » d’idées, d’échanges, de modernité, rappelle Stéphane Guégan, qui en analyse les représentations dans l’art. Et parfois la ville elle-même en est la métaphore, quand le vertige de l’errance annonce l’étourdissement de la boisson : ainsi des ivresses tokyoïtes que décrit Michaël Ferrier où chaque pas, chaque bar murmure : enivrez-vous ! »
Antoine de Baecque
Historien et critique de cinéma, spécialiste de l’histoire culturelle du xviiie siècle et de la Nouvelle Vague. Il a publié récemment Éric Rohmer. Biographie (Stock, 2014), La Traversée des Alpes. Essai d’histoire marchée (Gallimard, 2014), En d’atroces souffrances. Pour une histoire de la douleur (Alma, 2015) et Les Nuits parisiennes, xviiie-xxie siècle (Seuil, 2015). Il est professeur d’histoire et d’esthétique du cinéma à l’École normale supérieure.
Et Bérénice Stoll
Le sens de l’ivresse
Entretien avec Véronique Nahoum-Grappe
Propos recueillis par Antoine de Baecque ICI c’est 3 euros pour lire.
Mars 2011 - N°33
Addictions
Magazine de l’Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie
Entretien avec Véronique Nahoum-Grappe
Quand l’alcool fait vaciller la réalité
Anthropologue, Véronique Nahoum-Grappe est une observatrice passionnée des pratiques et rituels du boire dans notre quotidienICIpages 8-9
Au hasard de ma revue de presse je tombe sur un article publié le 18 juillet 2018 par Blandine Vié La « tielle », tourte aux poulpes, emblème culinaire de la ville de Sète ICI
Bien sûr je lis, puis je me dis, mon ego étant ce qu’il est, surdimensionné, que j’avais pondu le 14 juin 2016, une chronique qui valait son pesant de Picpoul de Pinet.
Vive la Tielle de Pouffre de Sète, plat du pauvre, fille des pêcheurs de Borgo de Gaete au nord de Naples !
Extrait :
Certains esprits chagrins trouvent que mon cœur penche trop souvent ces temps-ci du côté de l’Italie mais dans le cas de la tielle qui, certes est venue d'Italie dans les bagages des émigrants italiens de la petite bourgade de Borgo de Gaeta au nord de Naples à la fin du XIXe siècle, ce sont les espagnols qui sont les géniteurs de cette tourte.
Le Royaume de Naples était sous la domination espagnole au siècle de Charles Quint et les autochtones se nourrissaient frugalement d’un peu d'huile, quelques anchois et olives, l'ancêtre de la pizza était l'ordinaire... Ils remarquèrent très vite que la troupe ibérique confectionnait à peu près la même chose avec toutefois un couvercle de pâte par-dessus et ils se rendirent compte que cette façon de faire se conservait plus longtemps que leur pizza.
La technique se perfectionna et par souci pratique on ne mit plus directement la pizza sur la sole du four mais dans un plat de terre cuite appelée TEGLIA...et ainsi la tielle était née.
En Espagne c’est une empanada...
À Gaeta le tielle se décline de plusieurs façons, selon les propres mots des natifs du lieu, il y a les tielles de la mer, au poulpe, sardines, anchois, crevettes, moules etc... et les tielles de la terre à la scarole et aux pignons, aux œufs et aux courgettes…
À Sète seule la tielle de poulpe connut la célébrité.
Au début de leur installation à Sète, les pécheurs Gaétans faisaient la tielle comme dans leur mère patrie et lorsque les enfants allaient à l'école, la maman mettait souvent une tielle de pouffre dans le cartable fait de morceaux de vieille voile cousue, aujourd'hui les anciens racontent qu'à l'école ils se cachaient pour la manger car les petits Sétois mangeaient des croissants du boulanger.
La tielle était l'ordinaire des pécheurs installés au quartier haut ou était regroupée la communauté italienne, comparé à l'opulente société Sétoise enrichie par le commerce du vin, c'était un quartier pauvre ou ils vivaient selon leur coutumes et parlaient le napolitain. La majorité de la nourriture était tirée de la pêche que le père ramenait à la maison. Ces pêcheurs ne descendaient que rarement en ville et la belle société Sétoise de l'époque ne connaissait pas la tielle qui était vue comme étant une nourriture de pauvre.
Le texte ci-dessous est un extrait d'un article « Typologie des cabinets » publié dans la revue Pouvoirs en 1986 par Guy Carcassonne.
Il s’agit des cabinets des Ministres mais il colle assez bien à la conception qu’a Emmanuel Macron de sa gouvernance verticale.
Affaire Benalla : quand la « bande d’Alexandre » suit Macron à l’Elysée ICI
Ce que la polémique sur l’affaire Benalla révèle d’Emmanuel Macron ICI
L’affaire Benalla, fruit d’un mélange des fonctions pourtant prohibé ICI
Les 2 premiers articles sont du Monde abonnés si vous souhaitez accéder au texte intégral il suffit de me le demander.
« Fondamentalement, un ministère se compose du ministre et de ses services. Le cabinet n'est nullement un protagoniste à part entière, ayant en propre sa légitimité, sa compétence et sa fonction. Il n'a que celles que lui octroie le type de relations entre ministre et administrations. Tantôt le premier est assez sensiblement assujetti aux secondes, et les conseillers sont les interprètes plus ou moins fidèles des directions, davantage que les courroies de transmission de la volonté gouvernementale. Tantôt ils impriment effectivement la logique politique, mais alors ils parlent et agissent au nom et pour le compte de leur "patron". Car la fonction de ministre, en fait, n'est jamais individuelle. Il n'est de ministre que collectif : " le titulaire du poste+son cabinet ".
Qu'on ne s'y trompe pas : une telle affirmation ne signifie nullement que les membres du Gouvernement seraient des personnes sous influence aux mains d'une équipe qui les manipulerait. Plus prosaïquement, une part considérable du temps qu'un ministre consacre à son activité est dévorée par des fonctions tenant de la représentation, réduisant ainsi à la portion congrue - ou plutôt incongrue - les moments disponibles pour le travail de fond. Aussi, et parce que l'adoubement présidentiel ne suffit pas à conférer l'omniscience, le ministre se démultiplie en autant de parties que son cabinet compte de membres.
La question essentielle n'est donc pas de savoir comment l'équipe se situe entre le ministre et ses services - elle est le ministre collectif - mais porte sur la manière dont les membres du Gouvernement utilisent les moyens que leur offre cette démultiplication. En exigent-ils des informations, des conseils, des décisions ? Veulent-ils accaparer ou déléguer ? Toutes les combinaisons, avec tous les dosages, sont possibles entre ces divers éléments. "
Les valets
C'est évidemment la forme la moins aguichante, pas obligatoirement la plus rare ni la moins efficiente.
Dans ce système, les recrutements, à une ou deux exceptions près (généralement le chef de cabinet et l'attaché parlementaire), sont laissés à la discrétion du directeur de cabinet.
Celui-ci occupe une place stratégique, non qu'il se substitue au ministre mais parce que ce dernier a décidé de l'avoir comme interlocuteur unique, par lequel tout doit impérativement passer et qui est le véritable responsable de l'équipe.
Les conseillers, réputés techniquement compétents, ne communiquent avec leur patron que par des notes dont ils ont rarement l'occasion de défendre personnellement le bien-fondé. Ils doivent toujours être prêts à exécuter les ordres, adopter une attitude respectueuse à laquelle une certaine obséquiosité ne nuira pas.
Vis-à-vis des services, deux variantes sont possibles. Dans l'une, le ministre entretient des relations plus suivies avec les directeurs qu'avec son propre cabinet. Celui-ci ne peut alors exercer de véritable autorité sur ceux-là et son rôle se borne à veiller à l'application de décisions prises en dehors de lui. Dans l'autre, les responsables de l'administration sont également privés de contacts directs et fréquents avec le ministre, le cabinet regagne alors un peu de son aura dans la mesure où il est l'intermédiaire obligé, mais sans vraiment pouvoir s'imposer car son audience est connue limitée.
Dans certains départements ministériels, ceux dont la conduite est la plus politique, cette substitution d'une brigade de valets à des conseillers personnels peut ne pas présenter de grands inconvénients et donner des résultats.
Dans les autres, elle a deux défauts graves. Parce que le ministre ne veut voir personne et que le directeur de cabinet ne peut voir tout le monde, des frustations naissent rapidement, tant chez les membres du cabinet, dont la fonction est trop peu gratifiante pour provoquer la mobilisation souhaitable, que chez les fonctionnaires qui apprécient peu d'être de simples exécutants. En outre - et c'est le second défaut - le sentiment d'un travail d'équipe, et de la solidarité correspondante, est impossible à susciter lorsque chacun ignore non seulement ce qui sera fait de son avis mais aussi ce que font les autres membres du cabinet.
Il est, enfin, un indice qui ne trompe pas pour déceler cette situation : la plupart des cabinets fonctionnant sur le mode ancillaire tiennent leur réunion hebdomadaire, quand elle existe, le mercredi matin, c'est-à-dire au moment où les obligations gouvernementales interdisent toujours la présence physique du ministre.
Votre Taulier ne rechigne jamais, même pendant les mois d’été, à explorer les plis et les replis de la libido du buveur. Mais, comme il est aussi un fieffé ramier, il ne crache pas sur le recyclage de chroniques anciennes. Pour sa défense, celle que je...
Puisque certains n'ont pas compris mes conneries de la saison 1 ICI link j'en remet une louchée. C’est donc l’histoire d’un mec qui passait sa vie avec les bandits manchots dans les casinos. Il jouait à tout. Il pariait sur tout. Il grattait. Il se faisait...
Fenêtre sur cour, L’amour Est un crime parfait, Des mots noirs De désespoir Jetés sur un petit carnet. Mère au foyer sans foyer À nue Toute nue. Sur sa peau lisse tout glisse. Ses grains de beauté Fixés sur mes clichés volés. Sente blanche de ses hanches...
1- J'adore les mecs, le cul vissé sur le siège de leur scooter, qui m'invectivent parce que sur mon vélo je ne démarre pas assez vite aux feux tricolores... Bienheureux les beaufs ! 2- J'adore les nanas, les fesses posées sur le cuir des sièges de leur...
Sur la Toile faut s’attendre à tout lorsqu’on est comme moi un VB, vieux blogueur, un VC, vieux con, un VD, vieux débile qui crache sa bile comme dirait l’immense Mimi, mais un qui a aussi le bras très long, un influenceur de Première League, un gars...
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