Vin & Cie, en bonne compagnie et en toute liberté ...
Extension du domaine du vin ...
Chaque jour, avec votre petit déjeuner, sur cet espace de liberté, une plume libre s'essaie à la pertinence et à l'impertinence pour créer ou recréer des liens entre ceux qui pensent que c'est autour de la Table où l'on partage le pain, le vin et le reste pour " un peu de douceur, de convivialité, de plaisir partagé, dans ce monde de brutes ... "
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Bonne journée à tous, ceux qui ne font que passer comme ceux qui me lisent depuis l'origine de ce blog.
Quel rapport entre visiter le musée du Louvre autrement en se gondolant, découvrir Assignan, en ricanant, 130 âmes, village engourdi entre Béziers et Carcassonne, et sa «cathédrale couchée» du vin du domaine Château Castigno, regretter que le régime méditerranéen n'a plus la cote dans ses pays d'origine ?
Un mot passe partout : le goût, avoir bon goût ou mauvais goût ou pas de goût du tout…
« Il y a dans l'art un point de perfection comme de bonté et de perfection dans la nature ; celui qui le sent et qui l'aime a le goût parfait ; celui qui ne le sent pas et qui aime en deçà ou au-delà a le goût défectueux ; il y a donc un bon et un mauvais goût, et l'on dispute des goûts avec fondement » La Bruyère, I.
« Le goût, ce sens, ce don de discerner nos aliments, a produit, dans toutes les langues connues, la métaphore qui exprime, par le mot goût, le sentiment des beautés et des défauts dans tous les arts ; c'est un discernement prompt, comme celui de la langue et du palais, et qui prévient comme lui la réflexion… il est souvent, comme lui, incertain et égaré, ignorant même si ce qu'on lui présente doit lui plaire, et ayant quelquefois besoin, comme lui, d'habitude pour se former » Voltaire, Dictionnaire philosophique Goût, § 1.
« Pour tenter de cerner la notion de goût, on peut citer un écrivain obscur du XIXe siècle, Bercot, sauvé de l'oubli par Littré pour cette réflexion : « Il faut avoir bien du goût pour échapper au goût de son époque. » Le goût, en effet, désigne, d'une part, un « don » personnel, d'autre part un phénomène collectif, l'orientation d'une société ou d'un milieu vers certaines formes d'art nettement déterminées ; c'est la faculté d'éliminer, de choisir, de créer des associations heureuses, qui naît d'une certaine intuition de la qualité, de la « saveur » des choses, parallèle en somme à celle qui s'exerce sur le plan sensoriel et... gastronomique. Dans ce dernier cas, le facteur primordial est la subtilité du palais ; en matière d'art et d'esthétique, la finesse et la qualité du goût dépendent d'abord de la sensibilité de l'œil et de l'oreille ; et, comme la sensibilité n'est pas compartimentée, l'environnement, l'ambiance, le fond sonore peuvent modifier, en l'accentuant ou en l'annihilant, l'impression ressentie devant un spectacle, un tableau, un paysage. Mais bien d'autres éléments interviennent pour développer, nuancer, personnaliser le goût : le tempérament et le milieu, l'étendue de la culture et de l'expérience visuelle. Ainsi, le goût de chaque individu est à la fois inné et perfectible, il peut être formé ou déformé, mais il reste essentiellement subjectif. »
GOÛT, esthétique - Encyclopædia Universalis
Au fil de mes achats de livres et de mes lectures sur la toile je vous propose de découvrir :
Le Louvre insolent, Cécile Baron et François Ferrier, mars 2016, 128 pages, 16,50 €
Assignan, rareté rurale et viticole, devenue destination internationale
Obésité: le régime méditerranéen n'a plus la cote
« Grâce à ce parcours buissonnier dans les salles de peinture du Louvre, c'est une autre manière, légère et sans complexe, de découvrir le musée le plus visité au monde et l'histoire de l'art qui est proposée ici. Parce qu'on peut aussi rire au musée ! Un Henri IV au sourire passablement niais bien gainé dans sa tunique d'Hercule, un moine tonsuré du XVe siècle qui vole comme une fusée, une toile de Rubens saturée de putti...
Et pourtant, vous êtes au Louvre, véritable temple de la Culture, or, en lieu et place d'un quelconque sentiment esthétique ou philosophique de rigueur, c'est l'esprit qui divague, qui s'attache à des détails incongrus et le fou rire qui point. Parce que le bon goût est celui que l'on se forge, l'enjeu de ce parcours buissonnier, plaisamment iconoclaste mais surtout iconophile, est de s'autoriser à railler gentiment des peintures parfois loufoques.
Une entrée à la dérobée pour aller à la rencontre, sans complexe et avec légèreté, d'œuvres, voire de chefs d'oeuvre, parfois méconnus. »
Les Verstraete sont des esthètes hyperactifs et mécènes fortunés, après avoir revendu leur réussite industrielle européenne en Belgique. Depuis, ils ont quasiment abandonné la Belgique pour devenir citoyens uruguayens et développer Assignan.
Ce n’est pas le « French paradoxe », c’est le « Belge paradoxe d’Assignan ». Les Verstraete s’ont réservés et n’aiment pas forcément être pris en photo. Mais ils ont quand même réussi, par trois artiste interposés, à convaincre les habitants du village, les viticulteurs du cru et les acteurs de la destination à poser pour une exposition de plus de cent trente clichés disséminés dans le village et dans la campagne comme autant d’étapes sur le chemin défoncé de Château Castigno et surtout de son chai magistral, recouvert d’écailles de liège. « Ces écorces, comme on peut les découvrir quand on récolte le liège en Espagne et surtout au Portugal, c’était pour nous comme une évidence pour habiller notre chai. Il n’y avait pas meilleure couverture de l’édifice pour parler de vin dans ce paysage grandiose » explique Tine qui a eu l’idée de ce revêtement nature dans une ambiance de viticulture biologique et respectueuse de l’environnement. »
Longtemps considéré comme le régime exemplaire en matière d'alimentation saine et équilibrée, le régime méditerranéen semble être tombé en disgrâce dans ses pays d'origine. En témoignent les chiffres de l'obésité dans les pays où il est traditionnellement appliqué.
Longtemps adulé, le régime méditerranéen est-il dépassé? Les dernières conclusions de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) démontrent que ce qu'on appelle aussi le "régime crétois", ce régime alimentaire considéré comme sain et équilibré et qui fait la part belle aux légumes, à l'huile d'olive, aux fruits, dans une moindre mesure aux produits laitiers et aux poissons mais préconise une consommation réduite de viande, n'a plus la cote dans ses pays d'origine. »
Le lendemain matin, à la première heure, dans une fourgonnette Peugeot, que les services du Préfet avait dégoté je ne sais où, Chloé et Benoît prenaient le chemin de la Grande Brière. Aussi étrange que cela puisse paraître, à la suite de sa péroraison agricole la cote de Benoît auprès de son Ministre était montée de plusieurs crans. Face au Préfet, totalement à l’Ouest, et aux grands élus du département, tellement ravis d’être à la table d’un Ministre de cette envergure, qu’ils gobaient ses paroles sans trop savoir de quel côté ils allaient devoir pencher, le bel Albin le couvrait de fleurs et lui promettait un bel avenir en politique. À l’heure des cigares et du café sa requête pour qu’on mît à leur disposition un véhicule afin que sa douce et lui aillent se ressourcer dans les profondeurs de la Grande Brière avait reçu une immédiate acceptation du Préfet qui devait penser que sa célérité à le satisfaire lui vaudrait sans nul doute les faveurs de Paris.
La Grande Brière avec ses canaux, ses plans d’eaux peu profonds, ses roselières, ses prairies inondables et ses buttes où se perchent de minuscules villages est un monde clos, un monde consanguin, autarcique. Les Briérons pendant des siècles bénéficièrent d’un statut unique en France : ils étaient propriétaires du marais par la grâce du duc François II de Bretagne. Chassant, pêchant, pratiquant l’élevage et tirant l’essentiel de leur subsistance du marais, les habitants de ce marais brûlant la tourbe extraite de leur sol manifestèrent toujours une franche hostilité à tout ce qui venait du dehors. Comme Chloé et lui ressentait un réel besoin de s’isoler pour mettre un peu d’ordre dans leurs vies chaotiques, l’hostilité profonde de la Brière était le gage de le satisfaire. Un seul accès menait à l’Ile de Fédrun, butte de terre au milieu du marais, posée sur un lit de roseaux. Le jour se levait, en des haillons cotonneux, la brume s’effilochait au-dessus de la curée, le canal cernant l’île sur le lequel les chalands familiaux étaient amarrés à des pontons donnant sur de minuscules jardinets collés aux maisons basses recouvertes de roseaux. Chloé et lui, allaient occuper l’une d’elle premier jalon du Parc Naturel qui venait tout juste d’être créé. Les Préfets sont magiques dès qu’il s’agit de satisfaire le bon vouloir des nouveaux princes de ce monde, en quelques coups de téléphone le nôtre avait mobilisé ses chefs de service de l’agriculture et de l’équipement pour leur fournir le havre de solitude quels sollicitaient. Bien plus tard, un Directeur de l’Agriculture racontera à Benoît comment, chaque week-end, son Préfet en Dordogne, le mobilisait pour assurer la paix – les agriculteurs sont très joueurs avec les Ministres – des amours d’un Ministre avec celle qui se baptisera par la suite la « Putain de la République ».
C’est le sieur Dupont, lors de son pince-fesses au Bistrot du Sommelier de Bordeaux pour l’événement du monde du vin : la parution du Guide de Jacques Dupont inséré dans l’hebdomadaire le Point spécial Bordeaux, qui m’a mis la puce à l’oreille : ICI
« On fait aussi jouer la nouveauté, quand un vin est noté 15 dans une appellation et qu’il y a un nouveau, on le signale par un coup de cœur. On a aussi tendance à « favoriser l’ascenseur social » avec des jeunes qui démarrent et travaillent très bien, on a tendance aussi à leur mettre un coup de cœur. »
« Dans cette dégustation du Point, il y a bien sûr de grands noms de châteaux mais aussi des découvertes fort sympathiques comme le château Vieux Chaigneau en Lalande-de-Pomerol. Charlotte et Valentin Généré Milhade, tous deux 30 ans, ingénieurs agronomes diplômés de Montpellier, ont racheté ce château avec ses 6 hectares en 2014. « C’était une propriété bâtie par un couple avant nous et qui voulaient le transmettre à un autre couple. Ils ne voulaient pas le vendre à un investisseur qui n’aurait pas habité la maison. On s’est marié en 2014 et c’est la même année qu’on a acheté la maison et les vignes, et depuis on s’en occupe tous les deux. » Si le 27 avril 2017, ils ont perdu 50% de leur récolte en une nuit, leurs vignes non touchées leur ont permis de faire un très grand vin, noté 15 et coup de coeur, assemblé à 90% Merlot, 7% cabernet sauvignon et 3% cabernet franc, un millésime assez frais, très équilibré » selon Valentin, « fruits noirs, bouche velouté » selon Jacques Dupont. »
La France est un pays de petits vignerons et de gros investisseurs, les premiers s’occupent de leurs vignes et font leur vin, les seconds achètent en paquet-cadeau les vignes et ceux qui les cultivent, le vin et ceux qui le font.
« Le Château Lascombes, second cru classé de Margaux, a été acheté en 2011 par la MACSF, la mutuelle des professionnels de santé, à Colony Capital, un fonds d'investissement américain. « Installé dans le Médoc depuis trente-cinq ans, je déplore qu'il n'y ait presque plus de familles propriétaires, dit Dominique Befve, directeur de Lascombes. On ne voit plus de balançoires et de vélos dans les jardins, tout est léché, impeccable. Heureusement que des groupes comme la MACSF -donnent de la solidité aux châteaux.
… Dominique Befve prend les décisions avec les actionnaires : « J'ai les coudées franches, tant sur les bâtiments techniques que sur la vigne. Ma seule obligation est que le vin soit meilleur à l'arrivée. »
Dominique Befve aime beaucoup raconter l'anecdote de sa première réunion avec la MACSF : « Ils m'ont demandé ce que ça me faisait de travailler pour des mutualistes après avoir travaillé pour les capitalistes de Colony -Capital. J'ai répondu que je ne travaillais ni pour les uns ni pour les autres, mais pour Lascombes, qui nous survivrait à tous. Ils ont applaudi. Je crois que cette réponse les a influencés à poursuivre le travail engagé. » (Le Monde)
Comme il se doit, le Point spécial Bordeaux, fait un focus sur les nouvelles fortunes du vin
N’étant pas Bordelais je n’ai pas accès au contenu de ce numéro spécial, en revanche, étant abonné au Monde j’ai pu consulter le Monde des Vins publié vendredi : L'envie de châteaux des grands patrons
Michel Guerrin et Ophélie Neiman, dans le chapeau nous éclairent sur leur ambition :
« Vous êtes peut-être assuré chez Axa ou Groupama, vous avez une mutuelle AG2R La Mondiale, Allianz ou MAIF, vous roulez peut-être en Peugeot, vous vivez dans une maison Bouygues ou résidez dans un immeuble construit par le groupe de BTP Fayat. Vous portez un parfum Chanel, des chaussures Weston, un sac Louis Vuitton et soutenez le club de football de Rennes. Et peut-être, sans le savoir, buvez-vous des vins qui appartiennent à ces marques et entreprises.
Des assurances et mutuelles – les investisseurs institutionnels que l'on surnomme les " zinzins " –, mais aussi des groupes de luxe comme LVMH ou Artémis (Pinault), ou d'autres actifs dans le bâtiment, ont diversifié leurs activités en achetant de beaux raisins. Leur chiffre d'affaires dans le vignoble est souvent mineur par rapport à leur secteur principal, mais ils détiennent un ou plusieurs châteaux, parfois plus d'une dizaine.
Standing oblige, les trois quarts d'entre eux sont implantés à Bordeaux, dans une appellation prestigieuse : saint-estèphe, margaux, pauillac, saint-émilion. Certains ont choisi la Champagne, dont le prestige est tout autant intact. Dans des pays étrangers encore, en Argentine notamment, où la terre n'est pas chère mais peut rapporter gros.
C'est en France, loin du Bordelais, que les derniers gros achats de propriétés ont fait frémir le vignoble. En Bourgogne, avec le Clos de Tart, vendu en octobre 2017 pour près de 300 millions d'euros à la holding de François Pinault, et cela à la barbe d'autres candidats fortunés, dont le Chinois Jack Ma, patron d'Alibaba, le roi du commerce en ligne. Mais aussi dans la Loire, où les frères Bouygues ont acquis à prix d'or le Clos Rougeard, faisant grimper le prix foncier des vignes aux alentours.
Ces investisseurs comptent dans le paysage viticole. Ils permettent à des propriétés prestigieuses, fragilisées lors de successions familiales, de rester sous pavillon français. Ils ont les moyens d'engager des travaux, à la vigne comme au chai, pour produire du vin de qualité.
En échange, ils se construisent une belle image, entre élégance et tradition, et possèdent des sites magnifiques (château, chai, vignes) qui peuvent servir de lieu de réception pour l'ensemble du groupe. Et aussi, ils font des profits. Avec l'explosion des prix des grands vins, ce qui était souvent un achat patrimonial se transforme en un défi stratégique similaire à celui d'une marque de luxe.
Nous proposons dans ce numéro une cartographie de ces investisseurs et avons enquêté sur leurs motivations. Nous avons aussi goûté leurs bouteilles pour les juger, et, souvent, elles sont bonnes, en sachant que nous n'avons pu déguster certains domaines, les plus illustres, toute la production étant déjà vendue. La rareté n'est-elle pas le plus grand des luxes ?
Ensuite Laure Gasparotto et Ophélie Neiman nous éclairent :
Du Bordelais à la Nouvelle-Zélande, des groupes du luxe mais aussi des banques et des mutuelles enrichissent leur portefeuille d'un domaine viticole. Un placement qui leur offre du prestige, et parfois même des bénéfices record
Ascenseur social je vous avais dit :
« Avec les châteaux viticoles, les grands patrons ont trouvé un moyen facile de s'anoblir ", s'amuse Benoist Simmat, auteur d'une chronique et insolente bande dessinée sur le vin, Les Caves du CAC 40 (Vents d'Ouest-Glénat, 2014), qui raconte comment quelques milliardaires français ont -investi dans le vin. »
« Faute d'avoir une particule, ils ont au moins le château, raconte l'auteur. Les frères Bouygues confient à leurs intimes qu'ils sont châtelains à Bordeaux une partie de leur temps. Après avoir acheté Château Latour à Pauillac, en 1993, François Pinault disait que, ce qu'il perdait en argent, il le gagnait en image. »
Et la blague à 2 balles de la rareté des grands terroirs, Roger Dion reviens !
« Parmi les " zinzins ", l'assureur Axa est un poids lourd incontournable. En 1987, Claude Bébéar créait la branche Axa Millésimes. Aujourd'hui, le groupe d'assurances possède sept propriétés viticoles et 455 hectares, le tout chapeauté par Christian Seely : " Mon rôle est de définir les besoins de chaque propriété et de faire des recommandations à l'actionnaire. Nos objectifs sont uniquement tournés vers la qualité. "
Axa Millésimes a la particularité de posséder en France, au Portugal et même en Hongrie, des châteaux fleurons de leur appellation à faire pâlir de jalousie les acheteurs de grands crus. " Si on regarde le profil de nos châteaux, chacun est assis sur un très grand terroir ", explique le directeur de la branche vin. Logique. Seule la demande pour les grands vins se mondialise et augmente. Ce sera l'enjeu de demain. Les grands terroirs dans le monde entier ne sont pas légion, les belles étiquettes non plus. Autant dire que les prix de ces vignobles, et de leurs vins, n'ont pas fini de grimper. »
Grands terroirs ou belles étiquettes ?
That is the question?
Personne n’y répond, merci de relire Roger Dion Histoire de la vigne et du vin en France des origines au XIXe siècle
« Non, la qualité des vins de France ne tient pas seulement à celle des terroirs, ni à celle des cépages. Elle dépend surtout de la position géographique des vignobles par rapport aux marchés, des goûts et des attentes des clients.
Les crus classés de Bordeaux ? Ils doivent leur richesse à la stratégie commerciale des Anglais, qui ont cherché dès le Moyen Âge des produits de qualité pour un marché formé de princes et de négociants. Les grandes appellations de Bourgogne ? Elles s’expliquent par les exigences de la cour des ducs de Bourgogne à Dijon. Le nez frais et ouvert des Côtes-du-Rhône septentrionales, dominé par de subtiles notes épicées ? Il doit son originalité aux attentes de la bourgeoisie lyonnaise. Le succès du Champagne ? Il résulte d’une invention anglaise qui a connu une grande vogue dans la haute société britannique et française.
Au cours du dîner qui suivit le meeting las des mondanités Benoît entreprit son cher Ministre sur la fin des Paysans, un thème auquel il n’était pas insensible mais qui défrisait les caciques du syndicalisme agricole. La 1ière chaîne de la Télévision, dans son émission Hexagone avait mis le feu aux poudres. En effet, la vision duale de l’agriculture exprimée dans le documentaire très réaliste, Adieu coquelicots, signé de François-Henri de Virieu chroniqueur au journal Le Monde cristallisait le malaise identitaire des gaullistes et des dirigeants paysans. Oser mettre en avant que l’avenir était ce GAEC de l’Isère avec son étable de 1000 vaches laitières, ses deux éleveurs, dont l’un d’eux était prof de maths constituait un crime de lèse-agriculture familiale. La France éternelle des champs se voyait ravaler, par des technos comme René Groussard, au rang d’un secteur comme les autres à moderniser à marche forcée. Ironiquement Benoît soulignait, face au bel Albin médusé, et à un Préfet au bord de la défaillance, que le mémorandum Mansholt publié à la fin de 1968 et le Rapport Vedel affirmaient sans détour qu’une partie de la paysannerie était condamnée à terme et qu’elle devait se reconvertir. Pour Sicco Mansholt 80% des exploitations étaient trop petites. La pilule était amère, même pour les modernistes, tel Michel Debatisse car le diagnostic des « technocrates » mettait à nu les ambigüités de leur propre pensée. En effet, martelait Benoît, comment pourraient-ils concilier leur stratégie économique de modernisation qui jetait sur le bord du chemin beaucoup de paysans et le mythe de l’unité paysanne chère à la FNSEA. Faisant étalage de ses lectures il citait une tribune de Maurice Papon au Monde « Mansholt et Malthus », publiée le 8 avril 1969, qui usait de sa rhétorique pour stigmatiser ce plan qui « était une erreur à l’échelle de l’histoire » car il risquait « d’amplifier le risque de massification urbaine sur lequel la société urbaine sera sans doute obligée de revenir pour survivre ». Un visionnaire le Maurice de Vichy !
Face à un tel déluge de mots, et surtout au silence quasi-religieux qui s’était installé autour de la table Chloé elle-même le contemplait avec un étonnement sidéré. « Pour une fois tu parlais vraiment avec tes tripes, sans calcul, tu vivais ton sujet comme si pour toi l’enjeu touchait à ce que tu as de plus profond... » lui fit-elle remarquer lorsqu’ils se retrouvèrent dans l’immense chambre que leur avait alloué le Préfet. Avachi sur une bergère Benoît lui répondait qu’elle touchait juste, que lui le fils de paysan vendéen ne pouvait rester indifférent à cette fameuse « Révolution Silencieuse » qui allait broyer beaucoup des siens. Du petit cartable qui l’accompagnait toujours il tira une coupure des débats à l’Assemblée Nationale où, Michel Cointat, se livrait à un grand moment de démagogie qui devrait figurer dans une anthologie de la pensée agrarienne. Se levant et se juchant sur le velours cramoisi de la bergère il le déclamait, Chloé applaudissait.
Samedi on me dit que c’est la fête des voisins, moi je veux bien mais je pense que ça devrait être la fête au quotidien comme un simple bonjour…
Ce matin je ne vais pas vous parler de mes voisins du bâtiment 1 mais d’autres voisins : ceux qui vont réintégrer la maison d’arrêt de la Santé qui vient d’être rénovée et, plus étrange encore, une voisine qui a peuplé mes rêves d’adolescent : Belle de Jour.
Ce qui m’a mis la puce à l’oreille c’est que le 26 mai 1986, Michel Vaujour s'évadait de la prison de la Santé à bord d'un hélicoptère piloté par son épouse Nadine. Celui-ci se posa surla pelouse de la Cité universitaire où ma collégienne de fille faisait du sport avec sa classe. Être au cœur de l’actualité ça laisse des souvenirs.
Lire plus bas l’histoire !
Ironie de l’histoire, j’ai acheté il y a 18 ans un appartement au 9e étage d’un immeuble dont l’arrière donne sur la maison d’arrêt de la Santé. De la fenêtre de ma cuisine, en sirotant mon café noir je pouvais voir des prisonniers aller et venir dans une petite cour surmontée d’un grand filet, souvenir de Vaujour.
Et puis un beau jour ce fut le grand silence : « Laprison se refait une Santé » titrait une revue spécialisée.
« Edifiée de 1861 à 1867, la prison de la Santé (Paris XIVe ) répondait aux critères modernes et progressistes des lieux d’enfermement. Son architecte, Emile Vaudremer, Grand Prix de Rome, conçoit un dispositif parfaitement intégré au site, en quasi-périphérie du Paris de l’époque.
Sur ce terrain de 2,8 hectares en forte déclivité, l’architecte conçoit deux bâtiments distincts selon deux concepts : le quartier haut est constitué de plusieurs bâtiments longitudinaux autour de cours, réservés aux condamnés, qui y partagent de nombreuses activités. Le quartier bas accueille un bâtiment en croix, formé de quatre ailes centrées autour d’une rotonde couverte d’un dôme : les prévenus sont à l’isolement quasi total en attendant leur jugement.
Plus d’un siècle après, la prison de la Santé devait se remettre aux normes. Au terme de discussions entre le ministère de la Justice, la mairie de Paris et l’architecte des bâtiments de France, le choix s’est porté sur la démolition du quartier haut et la conservation ainsi que la rénovation du quartier bas. En 2013, après un dialogue compétitif avec plusieurs groupements, le maître d’ouvrage a signé un partenariat public-privé avec le groupement Quartier Santé, emmené par GTM Bâtiment. Deux contraintes pesaient sur le site. La première était liée au sous-sol, constitué d’anciennes carrières sur deux niveaux. La seconde tenait à son extrême exiguïté, car l’établissement est bordé de toute part de rues passantes. Ainsi, sous le contrôle de l’Inspection générale des carrières, l’ensemble du site, après avoir été analysé, a été conforté… »
J’ai assisté à la destruction, même que je me suis fait une collection de photos souvenirs, puis à la construction. Les travaux sont terminés, ouverture en juin.
Mon deuxième voisinage est plus étrange, il était niché dans mes souvenirs d’adolescent, c’était au cinéma le Modern, aux Sables d’Olonne, mon trouble lorsque je découvris Belle de Jour le film de Buñuel, adaptation d'un roman de Joseph Kessel.
« Séverine, Catherine Deneuve, le personnage principal de Belle de jour, est une jeune bourgeoise mariée à Pierre Sérizy, un brillant chirurgien qu’elle aime mais avec lequel elle est physiquement distante. Sans doute marquée par un souvenir d’enfance qu’évoque Kessel dans le prologue de son roman, elle est tenaillée par un désir de luxure avec des hommes de classes sociales inférieures. Elle se rend un jour chez Madame Anaïs, qui tient une maison de rendez-vous rue Virène, et fait acte de candidature comme pensionnaire en demandant de ne travailler qu’entre 14h et 17h. »
Il n’y a pas de rue de Virène à Paris, en revanche, à deux pas de chez moi, la rue Léon-Maurice Nordmann, commence rue de la Santé. J’y passais souvent sur mon vélo.
« Cette voie faisait précédemment partie de la rue Broca et avant 1890 de la rue de Lourcine. Un arrêté du 18 décembre 1944 lui donna le nom de l'avocat résistant Léon-Maurice Nordmann (1908 - Mont Valérien, le 23 février 1942), fusillé par les nazis. »
Et puis un jour sur Twitter j’apprends que les prises de vues de la maison de passe de madame Anaïs furent tournées dans un bloc d’immeubles de cette rue : square Albin Cachot.
Georges Charpak adolescent a vécu avec ses parents dans le square de 1936 à 19451.
Plusieurs plans du film Belle de jour de Luis Buñuel ont été tournés dans le square Albin-Cachot, renommé pour l'occasion « cité Jean-de-Saumur » où est situé l'appartement de Mme Anaïs. Catherine Deneuve rentre au no 3 du square, numéroté 11 dans le film. L'appartement est situé au no 3, mais la cage d'escalier est située à un autre numéro. L'appartement utilisé était celui de l'assistant de Buñuel.
Clara Malraux a habité dans le square.
Alice Sapritch a habité sur le côté droit à l'entrée du square, elle y avait un atelier de couture.
La famille Séchan (le chanteur Renaud) a aussi habité le square sur la droite à la deuxième fontaine.
Je vous offre mes photos.
« Secrétaire, elle travaille «dans les bureaux» à Paris pour 1 500 euros par mois. Exilée, elle habite à la campagne, cultive son jardin et plante des arbres. Fauchée, elle conduit une vieille 205 Peugeot, «250 000 km au compteur». Classique, elle porte une jupe rouge sous le genou, un corsage à fleurs et des chaussures plates. Artiste, elle peint des paysages et dessine des portraits. Elle s'appelle Nadine Vaujour. Il y a vingt ans, elle a délivré son homme de la prison de la Santé, aux commandes d'un hélicoptère. Une évasion hardie qui a fait d'elle une héroïne, incarnée au cinéma par Béatrice Dalle. Modeste et incrédule, pas pasionaria pour un sou, elle concède tout juste avoir «fait un truc gonflé, du jamais vu. C'était quand même pas mal».
Fille d'émigrés italiens installés à Reims, père menuisier sur les chantiers, mère représentante en mixeurs, la benjamine passe un CAP de secrétariat. Sténodactylo à 17 ans, les bals du samedi soir, les tournées dans les bars de Reims et déjà le mariage avec un ouvrier. A 20 ans, elle a un enfant. Elle s'ennuie. Il boit. Divorce. C'est par son frangin Gilles qui a «mal tourné», petits casses et mauvais coups, que Nadine a «mis le pied là-dedans, prison, avocats, parloirs, planques...» Secrétaire dans une imprimerie de chéquiers, elle habite avec sa mère à Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine) et se tient «tranquille» jusqu'au jour de 1980 où un pote de son frère débarque à la maison. «Ce gars-là m'en a imposé, par ce mélange de virilité et de douceur, d'assurance et de délicatesse, troublant», dit-elle. Elle tombe raide amoureuse. Gilles, alors en fuite, la met au parfum. Ce clandestin s'appelle Michel Vaujour, un braqueur recherché pour deux évasions de la prison de Châlons-sur-Marne. «Inconsciente du danger», elle part avec le fugitif. «J'ai 25 ans, on se plaît. Il veut quitter la France, mettre les bouts, sans moi.» Elle l'en dissuade, tombe enceinte, prend la gestion d'une brocante. Ils mènent «une vie de famille d'apparence normale», mais, même «en promenade, Michel ne pouvait s'empêcher de repérer des banques». Il se «barre» parfois plusieurs jours pour monter ses coups. Elle n'aime pas ce «milieu» et ce «métier», «surtout les hold-up avec des armes, je lui faisais des crises là-dessus».
En 1981, ils achètent un mas dans la Drôme et trois chevaux. Elle croit que s'il «se tient à carreau, sous sa fausse identité, rien n'arrivera». Elle essaie de «le convaincre d'arrêter». En vain. Michel Vaujour finit par tomber pour un vol à main armée. «Les flics nous embarquent tous comme des enragés, ma mère et moi, enceinte à terme, et ma fille de 7 ans qu'ils ont mise à la Ddass.» Incarcérée, Nadine accouche et garde son bébé à la nursery de Fresnes. «C'est lourd et dramatique, cet enchaînement, et plus tu te débats, plus tu t'enfonces.» Malgré tout, Nadine et Michel s'unissent à la vie, à la mort, à Fresnes le 27 mai 1982. Cadeau : le juge Hümetz libère la mariée le soir même.
Secrétaire à nouveau, Nadine reprend le chemin du parloir. Michel l'affranchit d'emblée. Pas question de croupir des années à l'ombre. «Messagère» pour monter l'évasion avec des copains, Nadine décide de devenir actrice. Peu intéressée par les engins masculins («Je sais même pas changer un pneu de voiture»), pas «forcément attirée par les avions», elle propose d'apprendre à piloter. Car elle refuse de braquer des gens pour détourner un hélico : «C'est trop moche, la prise d'otages.» En 1983, elle prend des cours à 2 000 francs de l'heure à Cergy sur un hélicoptère Alouette. Libéré, son frère commence par l'épauler mais meurt brûlé dans une attaque de convoyeurs. «Et nous voilà avec ma mère, deux femmes dans le malheur, à élever les deux garçons de mon frère et les deux miens.» Elle cauchemarde la nuit, se voit «carbonisée dans la carlingue», mais tient «promesse». L'été 1985, elle passe son brevet de pilote à Annecy à bord «d'un vieux coucou rouge coq qui a servi au tournage de Fantomas». La veille du grand jour, elle passe un message codé dans l'émission radio de taulards «Ras-les-murs» : «L'amour donne des ailes.» Elle a imposé à son mari d'utiliser des armes factices, un pistolet en plastique pour lui, et «une maquette de mitraillette» pour elle, «pour éviter le sang».
Lundi 26 mai 1986, elle enfile une combinaison kaki, loue un hélico à Saint-Cyr-l'Ecole (Yvelines), traverse le périph, survole Paris, balance dans la cour de la Santé «une canne à pêche télescopique dotée d'un crochet» puis se maintient en vol stationnaire, au-dessus du toit qu'il escalade jusqu'à elle. Elle, l'émotive, ne «tremble pas, ne panique pas». Elle arrache son homme, atterri sur la pelouse de la Cité universitaire. Sans plan de repli, avec 2 000 francs en poche. Elle a été «estomaquée» par le tam-tam médiatique fait autour de son acte audacieux : «Il devait pas y avoir d'actualité.» Et s'étonne encore de sa détermination : «Je n'aurais jamais mobilisé une énergie pareille pour un hold-up. Là, j'ai trouvé une espèce de force pour arriver à une fin heureuse, propre, sans violence. Je montrais à la fois à mes hommes engagés dans une voie sans issue et à la justice avec ses barreaux, ses menottes et ses hauts murs, qu'ils se mettent tous dedans.»
Quatre mois de cavale amoureuse dans les Vosges, en Dordogne. Nadine attend un nouvel enfant. Michel tombe lors d'un braquage sanglant à Paris, une balle dans le cerveau. Le voilà hémiplégique et enfermé. Et elle, coffrée dix-huit mois pour l'évasion. Son second enfant avec Vaujour naît en prison, comme le premier. A la sortie, elle retrouve son triste sort de femme de taulard, seule dans une HLM avec trois gosses à nourrir, huit heures de bureau, les centaines de kilomètres le week-end vers les centrales au volant de sa vieille GS qui la laisse en rade. Pour visiter Michel qui veut encore s'évader : «J'ai dit non. J'ai déjà donné. Je veux élever les enfants. A un moment, faut en sortir, mais par la grande porte.» Libérable en 2019, il l'accuse de vouloir l'enterrer vivant. Elle résiste. Il réclame de l'argent pour payer des complices. Elle publie la Fille de l'Air, garde l'à-valoir de 100 000 francs pour vivre puis achète une maison avec les 300 000 francs du film. Ainsi, «plus de liquide pour l'évasion». Il la largue. Un jour, au parloir, Nadine découvre «l'autre femme», qui, en 1993, tentera en vain de l'enlever... en hélicoptère. «Un remake», critique la pionnière, désormais vaccinée contre les hommes.
«Vue» à la télé lors de la sortie du film, Nadine Vaujour est «virée par Pasqua» de sa place de secrétaire dans un musée des Hauts-de-Seine. D'où sa discrétion actuelle. Pendant dix ans, elle «tape les textes» de l'écrivain Yann Queffélec. Elle reprend des études, obtient l'équivalence du bac, une licence d'arts plastiques. Elle passe les concours de la fonction publique pour devenir secrétaire administrative. Elle «montre un exemple de vie plus droite» à ses enfants, la trouille au ventre qu'ils ne «deviennent délinquants». «Ce fut une lente remontée de la pente, c'est plus long qu'à la dégringoler.» Elle redescend bien bas, à l'automne 2005, lors de la parution intempestive du livre de Michel Vaujour. Elle ne supporte pas «qu'il se montre à la télé sans prévenir, sans se présenter avant à ses gosses, auxquels il n'envoyait même pas un petit mot aux anniversaires ou à Noël». Pas revancharde mais meurtrie. Toujours fleur bleue, l'antihéroïne «offre», vingt ans après, son envolée dans «ce carré de ciel bleu sous le soleil de mai, à tous les amoureux, car ça, c'était beau».
Nadine Vaujour en 9 dates
25 mai 1954 : Naissance.
1980 : Rencontre Michel Vaujour, braqueur en cavale.
Septembre 1981 : Arrestation, prison et naissance de leur fille.
27 mai 1982 : Mariage avec Vaujour en prison.
26 mai 1986 : Pilote l'hélicoptère pour l'évasion de son mari.
1989 : Parution de la Fille de l'air (Michel Lafon).
Face à la grille de la Préfecture ce n’était plus la douce odeur du sablé chaud qui revenait flatter la mémoire de Benoît mais celle acidulée des gaz lacrymogènes des grenades des gardes mobiles. Toute une nuit passée à les harceler, à les faire tourner en bourrique ces caparaçonnés, ces lourds, en godillots cloutés, mal commandés, si peu mobiles en dépit de leur appellation officielle.Eux, les étudiants, les ouvriers, les paysans, étaient mobiles, chevaux légers en baskets, sans chef, jouant à merveille de l’entrelacé des rues pour fondre sur leurs arrières, les caillasser, se retirer aussi vite avant qu’ils n’aient le temps de balancer leurs lacrymogènes. Les plus organisés d’entre eux, casqués et embâtonnés, allaient au contact des bestiaux qui, bien sûr, les chargeaient pesamment en retour ce qui ouvrait des brèches dans lesquelles la troupe échevelée s’engouffrait pour tenter d’envahir la résidence du Préfet. Il n’y était jamais parvenu mais Benoît gardait le souvenir de ses yeux brûlants et de sa gorge ravagée lors des replis lorsqu’ils fendaient les épais nuages de lacrymogène. Jeu stupide aux yeux du très sérieux Comité de Grève mais la part du ludique de ce mois de mai 68, si beau, si chaud, a toujours été sous-estimé. Le soir suivant l’assaut de la Préfecture, sur la place Graslin, avec quelques-uns de ses petits camarades, Benoît « évangélisait les masses bourgeoises » Souvenir d'un monsieur bien comme il faut, très digne, promenant le petit chien de sa mémère qui lui tendait un demi de bière qu’il venait de faire tirer à la Cigale. En dépit de la grève générale, du bordel général, de la vacuité du pouvoir, il régnait sur la ville une légèreté à nulle autre pareille, une liberté jamais plus retrouvée. Comme quelques heures auparavant, dans le Mystère 20, en entrant dans la Préfecture, Benoît appréciait le pied de nez à ses souvenirs. Le préfet couvert de ses lauriers dorés qui l’accueillait, avec la componction et la révérence qui sied si bien à sa fonction, effaçait définitivement son vague à l’âme. De nouveau il se sentait en ligne avec son statut de fouteur de merde.
Son escapade lui valut, de la part de son cher Ministre, sur le ton taquin qu’il affectionnait avec lui, un rapide interrogatoire sur ses racines locales. Benoît lui servit, avec effronterie, l’histoire très image d’Epinal du petit vendéen crotté, né dans l’eau bénite, élevé par les frères, monté à Paris pour y faire son trou. Son silence sur sa contribution aux hautes œuvres de mai 68 le renforçait dans ses doutes sur la fraîcheur des salades qu’il lui servait mais Benoît restait persuadé que son ambigüité, ses mensonges, le séduisaient. Fin politique il le prît à son propre piège en exigeant qu’il l’accompagne à la tribune du meeting. Benoît ne put se défiler. Chloé se gondolait en sirotant le mauvais champagne du Préfet. Du côté de ses « amis » de la GP il ne risquait pas grand-chose vu que ces têtes d’œufs ne se compromettaient pas en regardant la télévision de l’Etat oppresseur. C’est plutôt du côté de sa hiérarchie poulardière que son apparition aux côtés d’une des étoiles montantes du régime pouvait lui valoir une petite convocation chez le Ministre. Peu lui importait, ça mettait du piment dans ses activités qu’il commençait à trouver par trop routinières. Sa ballade avec Chloé l’avait épuisé et, au grand étonnement du cher Préfet, Benoît réclamait une chambre pour y pousser un roupillon. Il s’exécutait en pensant sûrement que les cabinets ministériels accueillaient vraiment de drôles de zèbres ; impression renforcée par le fait que cette chère Chloé l’y accompagna. Ils y dormirent à poings fermés jusqu’à l’heure du meeting. Tout se déroula dans les meilleures conditions, salle bourrée de militants, ovations, discours, applaudissements, sauf que le lendemain, s’étalait à la Une de la Résistance de l’Ouest, une magnifique photo de son cher Ministre et de lui en plein conciliabule à la tribune. Sa maman la vit, elle prit soin que son père ne la vit pas. La messe était dite mais il ne le sut qu’au jour de la mort de son papa.
Vaillant, « à cœur vaillant, rien n’est impossible ! »c’était la devise de Jacques Cœur, né à Bourges, homme d'affaire devenu grand argentier du Roi de France Charles VII, je reprends du collier après mon vol plané pour évangéliser les petites louves et les petits loups qui ne savent pas cuisiner.
J’ai hésité pour les fraises, je sais c’est encore un peu tôtpour qu’elles soient de plein champ, mais j’étais impatient de faire un galop d’essai. J’ai donc choisi des gariguettes assez goûteuses rue Daguerre.
Pour la verveine, n’ayant pu me mettre en chasse de la fraîche, je ne suis pas encore très mobile, j’ai utilisé de la séchée d’origine corse ; ma copine Camille m’en rapportera de la fraîche lorsqu’elle ira draguer des vins nu dans le terroir profond.
Le blog « Les mains dans la farine », avec humour, balance : « Si je vous dis « verveine », je suis sûre que vous pensez à « tisane ». Je me trompe ? Non, hein… Bon, on va un peu dépoussiérer cette plante qu’on associe trop souvent aux maisons de retraite et aux boissons relaxantes. »
La verveine officinale, une aromatique aux vertus multiples
La verveine officinale (Verbena officinalis ; à ne pas confondre avec la verveine citronnelle) qui appartient à la famille des Verbénacées est une plante aromatique indigène en Europe où elle pousse sur les bords des chemins et dans les prairies. Vivace souvent cultivée comme une annuelle, elle fait de 40 à 60 cm de haut et possède des tiges ramifiées et dressées munies de feuilles ovales et dentées vert foncé dont la surface est rugueuse. De juin à octobre, des épis de fleurs tubulaires violet pâle apparaissent à l’extrémité des tiges.
Du côté opérationnel, c’est toujours la même chanson :
Pour les fraises (pour 6): 350 g de bien mûres que vous réduirez en bouillie et que vous passerez au tamis, puis vous ajouterez le jus d’un d’une orange et celui d’un citron et enfin le sucre : 175 g au maximum. Vous fouetterez ensuite 40 cl de crème liquide bien fraîche jusqu’à ce qu’elle devienne bien ferme. Mélangez avec la purée de fraises, battez légèrement et zou dans la sorbetière.
Pour la verveine (pour 4) c’est encore plus simple : dans une casserole, vous portez 30 cl de lait entier et 20 cl de crème à ébullition. Hors du feu, incorporer la verveine, couvrir et laisser infuser 30 minutes.Dans un saladier, blanchir les 3 ou 4 jaunes œufs avec les 75 g de sucre. Passez le lait au tamis pour ôter les feuilles de verveine puis vous le versez sur la préparation. Vous chauffez doucement en remuant avec une spatule, ça épaissi sans coaguler et zou direction la sorbetière.
Du côté arrosage j’ai choisi, sur les conseils avisés de Claire d’Ici Même, la Cuvée Rosé Saignée de Sorbéede Vouette et Sorbée
C’est un champagne issu de Pinot Noir, élaboré selon la méthode de la saignée. Macération carbonique longue, levures indigènes pour la fermentation alcoolique et la prise de mousse. Vinification prolongée en fût de chêne.
Sa belle main qui se posait sur son bras, sa belle voix qui lui disait « Vous devez avoir faim...», et qui ajoutait « c'est un sandwich au saucisson sec comme vous les aimez... », son rire, l’étonnement de Benoît, une apparition, elle n'était pas belle, elle était plus que belle, incomparable, une légère coquetterie dans l'œil, des cheveux longs et soyeux qui s'épandaient sur ses épaules nues et, tout autour d'elle, un halo de sérénité. « Mangez ! » Il avait obéi, la bouche pleine il la complimentait. Elle souriait « Je l’ai fait pour vous ». Et là, un garçon du Conti, toujours sanglé dans un grand tablier blanc, me dévisageait sans aucune aménité. Et lui de grommeler « Marie ! Marie ! Marie ! T'es chiante de m'avoir planté dans cette putain de vie où t'es pas... »
Chloé savait où le trouver et, comme le disent les supers-gendarmes, elle l’exfiltra rapidement de ce bocal empli de souvenirs. Le centre de Nantes, en ce temps-là, dès que les vents étaient favorables, embaumait des effluves chauds et rassurants du Petit LU et, pour mieux exorciser ses démons, sitôt sortis du Conti, Benoît saisissait Chloé par la taille pour la conduire, en marchant très vite, rue Boileau là où, en 1846, un jeune pâtissier lorrain, Jean-René Lefèvre s’installait au 5. Parler, parler, parler, déverser, dégorger, le libérait du joug de mes vieilles douleurs. Cette année-là, 1846, fut celle de la dernière grande famine en Europe– le mildiou de la pomme de terre fut à l’origine du ravage des cultures – qui extermina un million et demi de personnes. Elle dévasta l’Irlande poussant près du quart de sa population à s’exiler, surtout vers les Etats-Unis. Quatre années plus tard notre pâtissier venu de l’Est épousait Pauline-Isabelle Utile. Le succès aidant La Fabrique de biscuits de Reims et de bonbons secs annexait le 7 de la rue Boileau. imaginez, dans ce centre de la vieille ville aux rues pavées, sous la pluie fine et collante du crachin breton, dans la pestilence des déjections et des ordures, les charrettes à chevaux cahotant, les cris et les jurons fusant, alors que les bourgeoises nantaises, ou le plus souvent leurs bonnes, s’agglutinaient dans ce lieu vaste, bien tenu, où un personnel bien mis servait avec des pincettes les macarons, les langues de chat, les massepains, les boudoirs, les petits fours aux amandes, et bien sûr les biscuits de Reims.
Le Petit LU n’était pas encore né, il sera le fruit de l’amour du goût de ce couple alliant sens du commerce et inventivité. Avec Chloé, pour aller au plus près de l’épicentre de la source de cet embeurré qui a égaillé les goûters de ma jeunesse, ils retraversèrent la ville en descendant la rue du Chapeau-Rouge, puis celle de la Contrescarpe pour rejoindre le quartier du Bouffay avant de couper le cours des Cinquante-Otages. Comme promis à Chloé, ils empruntèrent le passage Pommeraye mais Benoît refusa obstinément de faire un détour par le quai de la Fosse. Trop dur ! Ils attrapèrent un bus au vol pour effectuer le restant de leur périple qui les conduisit aux lisières de la gare face à la grande fabrique du quai Baco. Ils gagnèrent ensuite à pied la Préfecture en longeant le château des Ducs de Bretagne et la cathédrale St Pierre.
La grenouille et le bœuf c’est l’image la plus ressemblante de l’ambition d’InVivo Wine « détrôner Castel Frères et Grands Chais de France. »
L’indéracinable Pierre tremblait, pendant que le père Joseph préparait ses valises, les vieux de la vieille comme moi se marraient.
D'un côté des coopérateurs on arbore du chiffres d'affaires alors que les pépères eux font du blé.
L'histoire :
Vous prenez 2 gus aux ratiches bien longues, Bertrand Girard qui se sent à l’étroit dans un Vinadéis amaigri, ex-Val d’Orbieu qui a mangé l’UCOAR, et Thierry Blandinières le boss d’In Vivo, groupe coopératif bien poussif, qui a la folie des grandeurs, ça donne un remake fascinant de ce que voulu faire Yves Barsalou au temps de sa toute-puissance du boulevard Pasteur, siège de Crédit Agricole SA.
Il rêvait du second marché l’Yves après avoir croqué Cordier Mestrezat à Bordeaux en 2015 et ramassé Listel jusqu’ici dans l’escarcelle des Salins du Midi.
Patatras, la débandade, on solde !
Et Bertrand Girard vint, les génies de Vitisphère et de la Vigne réunis l’élurent « homme le plus influent de la filière » après qu’il se fut pacsé avec l’ambitieux Blandinières.
Je passe sur le baratin flamboyant d’InVivo Wine, les pharaoniques perspectives de croissance, bon bourrage de mou à l’attention des gobeurs d’illusions.
Et ce qui devait arriver arriva, « Stupeur et tremblements à la tête du troisième groupe français des vins avec le départ de l’homme fort de Vinadeis. La transition sera assurée par Thierry Blandinières, le directeur général du premier groupe coopératif national »
Comme je comprends Marion Sepeau Ivaldi, qui entre nous soit dit devrait ne pas se faire le simple haut-parleur des grands féodaux de la filière, ça fait grosse tache sur le beau tableau.
Le communiqué de Thierry Blandinières est à son image, plein empathie et d’humanité :
« Je vous informe d'un changement dans l'organisation d'InVivo Wine avec le départ de Bertrand Girard. Je reprends en direct la direction de cette activité pour une période transitoire qui permettra d'accélérer la dynamique du projet vin en France et à l'international »
Quitte à se ramasser la gueule vaut mieux accélérer...
Bien sûr Bertrand Girard est aux abonnés absents…
J’attends sans impatience la suite du feuilleton InVivo Wine, comme l’aurait écrit Gabriel Garcia Márquez, « chronique d’une mort annoncée ». Je ne sais de quel encre sera fait le communiqué…
Le 14 mai 1968, il y a un demi-siècle aujourd’hui, débutait l’occupation de l’usine Sud-Aviation de Bouguenais. | Photos Jean-Lucas, Centre d’histoire du travai
Chloé en dépit de l’extrême sollicitude du Ministre, tout en jouant le jeu du badinage, couvait Benoît d’un regard tendre. Nul besoin pour elle de paroles, il était sous sa haute protection car elle le savait en péril. Sa volonté de l’accompagner à Nantes relevait de cette prescience de la louve, rassemblant ses petits face à l'imminence d'une menace, marque la réelle supériorité des femelles sur notre sexe dit fort. Elle ne pouvait le laisser affronter seul le champ de mines de ses souvenirs. Le steward sitôt le décollage leur servait des rafraîchissements. Benoît, loin de broyer du noir comme le craignait ma compagne, ne pouvait s’empêcher de penser que ce bel avion, joyau civil issu des solutions techniques développées dans le domaine militaire, avait été produit en coopération avec Sud-Aviation. Bouguenais, le noyau dur des grévistes de 68, les purs et durs, ceux qui voulaient vraiment gripper la mécanique pour que les politiques ramassent le pouvoir comme un fruit mûr. Et lui, le révolutionnaire d’opérette, qui les avait côtoyés au sein du Comité de grève il se gobergeait, bien assis dans un moelleux fauteuil, un verre de gin tonic à la main, aux côtés d’une des étoiles montantes du pouvoir. C’était une forme d’obscénité absolue, comme s’il leur chiait dessus. Au lieu de se sentir mal à l’aise il savourait la situation. Ce qu’il faisait depuis des mois était dépourvu de sens mais, s’il le souhaitait, à tout moment il pouvait faire éclater une bordée de scandales qui mettraient à mal le pouvoir ; bien plus sûrement que ne le feraient les escarbilles des délirants de la GP. Sa jubilation intérieure, qu’il avait du mal à réprimer, tenait au fait qu’il n’avait aucune envie de mettre à jour les turpitudes des officines ou des barbouzes dans lesquelles il se complaisait. L’important pour lui était de durer sans se soucier de justifications d’une quelconque nature. Son amoralité le comblait.
Lorsqu’ils atterrirent à Château-Bougon, et que Benoît se vit dans cette campagne pleine de haies, de vaches et de maisons basses, un soudain découragement lui était soudain tombé sur les épaules. Comme toujours avec lui c’est dans les moments où il se trouvait au fond du trou que lui venaient des idées les plus saugrenues. Dans la voiture qui les menait à la Préfecture, afin d’occulter le défilement d’un paysage trop connu, il se laissait aller à une forme de rêve éveillé, à l’instant où ils s’engageaient sur le Cours des 50 Otages, il demandait au chauffeur de stopper pour le laisser descendre car il lui fallait, dit-il, comme si sa vie en dépendait, aller manger un sandwich au Conti. Stupéfait par une requête aussi loufoque le chauffeur obtempérait semant la zizanie dans le cortège officiel précédé de deux motards. Sitôt descendu, Benoît enfilait la rue d’Orléans, à grandes enjambées, sans même jeter un regard en direction des voitures officielles qui reprenaient leur progression dans un concert de deux tons. Il se ruait vers la Place Royale comme si elle risquait d’avoir été engloutie, elle aussi, dans le trou sans fond de ses rêves de belle vie avec Marie. Cette place Royale dont ils voulaient rayer le nom le 24 mai 1968, pour la rebaptiser place du Peuple. Oui, pendant que les tracteurs tournaient autour de la fontaine de cette place encore Royale, il était de ceux qui, installés dans la verrière de la terrasse du Continental, prêchaient la bonne parole. Comme il n'avait rien dans le ventre depuis son café du matin, ses yeux se brouillaient, il se sentait à la limite de l'évanouissement.
Poursuite de la grève générale avec occupation des locaux à l'usine Sud Aviation de Bouguenais près de Nantes. Principales revendications : pas de réduction de salaire si réduction du temps ...
Votre Taulier ne rechigne jamais, même pendant les mois d’été, à explorer les plis et les replis de la libido du buveur. Mais, comme il est aussi un fieffé ramier, il ne crache pas sur le recyclage de chroniques anciennes. Pour sa défense, celle que je...
Puisque certains n'ont pas compris mes conneries de la saison 1 ICI link j'en remet une louchée. C’est donc l’histoire d’un mec qui passait sa vie avec les bandits manchots dans les casinos. Il jouait à tout. Il pariait sur tout. Il grattait. Il se faisait...
Fenêtre sur cour, L’amour Est un crime parfait, Des mots noirs De désespoir Jetés sur un petit carnet. Mère au foyer sans foyer À nue Toute nue. Sur sa peau lisse tout glisse. Ses grains de beauté Fixés sur mes clichés volés. Sente blanche de ses hanches...
1- J'adore les mecs, le cul vissé sur le siège de leur scooter, qui m'invectivent parce que sur mon vélo je ne démarre pas assez vite aux feux tricolores... Bienheureux les beaufs ! 2- J'adore les nanas, les fesses posées sur le cuir des sièges de leur...
Sur la Toile faut s’attendre à tout lorsqu’on est comme moi un VB, vieux blogueur, un VC, vieux con, un VD, vieux débile qui crache sa bile comme dirait l’immense Mimi, mais un qui a aussi le bras très long, un influenceur de Première League, un gars...
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