« Je descendis, m’adjugeai quelques cigarettes supplémentaires ainsi qu’un schnaps bien tassé d’une bouteille posée sur un plateau d’argent dans la bibliothèque – la meilleure sorte, fabriquée avec les meilleurs fruits, des poires en l’occurrence, probablement autrichienne, comme la plupart des grands schnaps et vous donnant l’impression de déguster la poire la plus succulente que vous ayez jamais mangée, pour vous apercevoir soudain qu’il s’agit d’une merveilleuse poire magique dont l’effet s’étend bien au-delà de la bouche, jusque dans tous les recoins du corps humain, tel le sort bienfaisant d’une sorcière. Je m’en versai rapidement un autre et sentis un sourire s’étaler sur mon visage comme un nuage s’écartant du soleil. Cette bouteille était beaucoup trop bonne pour la laisser traîner dans un endroit pareil. Si quelque chose méritait d’être délivré des nazis, c’était bien elle. »
La Dame de Zagreb Philippe Kerr
Le héros récurrent des polars de Philippe Kerr, Bernie Gunther est un grand buveur de schnaps, il en siffle en permanence, surtout pour oublier les atrocités nazies, des quantités considérables.
Le schnaps désigne normalement une eau-de-vie transparente, distillée à partir de céréales, de racines ou de fruits, en particulier de cerises, (Kirschwasser), de pommes, de poires, de pêches, de prunes, d'abricots ou de mirabelles. Il arrive souvent que le produit de base utilisé soit le marc restant après que les fruits aient été pressés pour en extraire le jus. Le véritable schnaps ne reçoit aucune adjonction de sucre et n'est pas aromatisé. En bien des points, le schnaps ressemble à la vodka, mais avec un léger goût de fruit qui dépend des ingrédients utilisés. Le taux d'alcool est généralement proche de 40%.
Il existe dans le monde un grand nombre de boissons alcoolisées et baptisées "schnaps" qui ne répondent pas à la stricte définition du terme, telles le schnaps de pêche, ou le schnaps au caramel connus en Amérique du Nord. Elles peuvent résulter de procédés différents, n'impliquant pas la fermentation d'un produit avant sa distillation. Certaines d'entre elles utilisent une base alcoolique (telle que schnaps, vodka ou rhum) pour extraire les arômes de fruits. Souvent, elles comportent des ingrédients supplémentaires, en particulier du sucre.
D’une manière générale dans tous les romans de Kerr les culottes de peau allemandes apprécient les eaux-de-vie, surtout le Cognac mais ce matin je souhaite évoqué un épisode peu connu celui de l’appellation Calvados.
Ce n’est qu’en effet qu’en 1942 que le Calvados obtint son appellation d’origine contrôlée. Plus prosaïquement, il s’agissait au temps de l’occupation d’éviter la réquisition par les Allemands du cuivre des alambics et de l’alcool, car seules les eaux-de-vie classées étaient exemptées de saisie.
Et pourquoi ce nom : Calvados ?
Au début du XVIe siècle, la culture des pommiers à cidre, est encouragée par l'arrivée de nouvelles variétés de pommes, en provenance du Pays Basque. La légende veut, que ce nom tiendrait d'un navire espagnol "San Salvador" ou "El "Salvador" de l'Invincible Armada du roi Philippe II d’Espagne, échoué en faisant route sur les côtes anglaises en 1588. Le nom du bateau aurait été transformé en "Calvador" puis "Calvados".
Le 28 mars 1553 est la date de la première apparition du Calvados dans le journal du Sire Gilles de Gouberville, agronome du Cotentin. Il s'intéresse tout particulièrement à la culture de ses vergers, qui ne comptent pas moins de 40 variétés de pommiers.
Il faut ensuite attendre 1942 pour qu'un décret reconnaisse le Calvados du Pays d'Auge en Appellation d'Origine Contrôlée et, les Calvados produits dans les autres zones, en Appellation d'Origine Réglementée. L'appellation d'origine réglementée Calvados est promue, en Appellation d'Origine Contrôlée le 11 septembre 1984 par décret. Le Calvados Domfrontais, qui possède une saveur très originale due à la présence dominante de poiriers dans cette région, attendra le 31 décembre 1997
Le cidre distillé en dehors des aires consacrées ne peut être que de l’eau-de-vie de cidre.