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5 juillet 2018 4 05 /07 /juillet /2018 07:00
La résistible ascension de Benoît H dans la demi-heure qui vient je suis bonne pour le 103 de la Ruschestrasse avec un bon de sortie immédiat pour le goulag (134)

« Merde ! Jeanne entrait dans l’ambassade d’URSS comme on entre dans un moulin et c’était à peine si les gardes ne lui présentaient pas les armes » Benoît en restait pantois, il n’eut d’autres ressources que de continuer ma marche jusqu’à un petit square où il trouva refuge. Son trouble amoureux s’était évaporé pour laisser la place à une foule de questions. Comme ici tout le monde espionnait tout le monde sans doute travaillait-elle pour le compte du KGB. Il s’asseyait sur un banc face à deux vieux qui le regardèrent d’un air soupçonneux, sa tenue ne correspondait guère aux canons vestimentaires des démocraties populaires. Pour les rassurer Benoît leur décocha le plus affriolant de ses sourires. En réponse ils pointèrent leurs regards vers le bout de leurs godasses miteuses. Tout en surveillant l’entrée de l’ambassade Benoît moulinait son hypothèse et plus il la moulinait plus elle lui paraissait peu vraisemblable. En effet, jamais une occidentale au service du KGB ne se pointerait au grand jour, la bouche en cœur, chez ses employeurs. À la minute même elle serait grillée. Alors, petit à petit, son scénario de partie de jambes en l’air reprenait des couleurs. La belle Jeanne se rendait à un rendez-vous galant et il ne faisait aucun doute que dans cette hypothèse c’était plutôt avec l’ambassadeur qu’avec son chauffeur. Benoît allumait une cigarette, il vit le regard furtif, plein d’envie, des deux vieux, il se levait pour leur tendre son paquet. Le plus décati s’en emparait d’un geste brusque. Avant même qu’ils échangent la moindre parole Benoît apercevait Jeanne qui sortait en hâte de l’ambassade. Entravée dans sa jupe droite elle s’efforçait de courir. Les élytres de Benoît décelaient un danger imminent et il se lançait à sa poursuite. En moins de deux minutes il se retrouvait à sa hauteur. Elle ne parut pas surprise de sa présence. Essoufflée, elle se contenta de lui lancer tout en s'efforçant de hâter le pas « Vous tombez bien je suis dans la merde jusqu’aux oreilles ! »

 

« Mais encore, chère Jeanne ? » L’ironie de sa question la mettait hors d’elle : « Vraiment ce n’est pas le moment de jouer les jolis cœurs. Je suis carbonisée et si je ne trouve pas une vraie planque dans la demi-heure qui vient je suis bonne pour le 103 de la Ruschestrasse avec un bon de sortie immédiat pour le goulag ». D’un geste brusque Benoît la saisissait par le bras, l’immobilisait face à un arrêt de tramway. Ses chevilles se tordaient et, s’il ne l’avait pas retenue d’une main ferme, elle partait en vrille. « Lâchez-moi, vous me faites mal ! » Rouge pivoine, elle tentait de le faire lâcher prise. Par bonheur aucun passant ne prêtait attention à eux. « Maintenant Jeanne vous fermez votre gueule, vous vous calmez, vous me prenez le bras avec tout l’amour dont vous vous sentez capable à mon égard et nous attendons tranquillement le prochain tramway » Benoît n’avait pas élevé la voix mais son ton ne laissait aucun doute sur ses intentions. Pourtant Jeanne se regimbait « Vous n’y pensez pas. Je n’ai pas une seconde à perdre... » La poigne ferme de Benoît la maintenait immobile. « Pauvre conne, courir est le meilleur moyen de vous faire repérer. Vous allez m’obéir sans discuter et me suivre... » Elle le fusillait du regard « Et pourquoi vous suivrais-je ? » Le tramway se pointait dans un bruit infernal de ferraille crissant. Benoît gueulait « Parce que vous n’avez pas le choix ma belle et parce que je suis un putain de flic qui ne pense qu’à vous sauter... »

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5 juillet 2018 4 05 /07 /juillet /2018 06:00
Chronique d’un trancheur de tomates « Le sel de l'existence est essentiellement dans le poivre qu'on y met. » Alphonse Allais…

Dans la touffeur  de ce début de juillet j’étais un homme en cuisine en train de trancher des tomates juteuses que j’allais étendre sur une assiette avant d’y poser des rondelles de mozzarella di Buffala ; une pincée de sel puis d’un coup de poignet léger actionner le moulin à poivre…

 

 

Et là, en un éclair fulgurant, je me suis dit « T’as jamais chroniqué sur le poivre, bougre d’âne ! Ça manque à ta palette de saveurs.»

 

Et puis, j’ai ri en pensant que mes premiers cheveux blancs sont apparus à 33 ans, l’âge du Christ et pendant tout un temps ma chevelure et ma barbe furent poivre et sel.

 

Et pour finir je me suis offert une petite citation poivrée

 

« Ne te laisse jamais embrasser par un homme sans moustaches; ses baisers n'ont aucun goût, aucun, aucun! Cela n'a plus ce charme, ce moelleux et ce... poivre, oui, ce poivre du vrai baiser. La moustache en est le piment. »

Guy de Maupassant Boule de suif (1880)

 

Enfin une pensée pour Annette Poivre et Patrick Poivre dit d’Arvor, le PPDA des défunts Guignols. En 2004, Patrick Poivre, ses enfants Arnaud, Dorothée et Morgane et son frère Olivier déposent une requête en changement de nom auprès des services du Garde des Sceaux, afin d'adopter officiellement le nom Poivre d'Arvor - requête satisfaite en septembre 2005, par décret.

 

« Pèbre d'ai ou « poivre d'âne » est le nom de la sarriette en Provence.

 

L'expression « poivre d'âne » vient du fait que cette herbe est très appréciée des ânes et, parait-il, leur permet d'avoir des érections grandioses. »

 

Lors de mon périple sur le sentier Stevenson, mon âne qui était une ânesse se nommait Sarriette.

 

23 août 2006

Adieu Modestine ! ICI 

 

J’entre dans le vif du sujet :

 

Il y a d’abord le poivre, l’épice des épices.

 

« En Chine comme à Rome son trafic tient un rôle à part, ne serait-ce que par son ancienneté, son volume et sa valeur. Son histoire à elle seule pourrait résumer celle de toutes les épices. Le poivre est synonyme de richesses et souvent valeur d’échange ; le roi wisigoth Alaric prend Rome en 410 ; il exige une rançon de 5000 livres de poivre. Au XVe siècle une expression française dit « Cher comme poivre ». De fait, lorsqu’un historien tente  de mesurer la plus-value qu’engendre ce commerce à la veille des grandes découvertes, il obtient des chiffres impressionnants : si le kilo s’achète un ou deux grammes d’argent aux Indes, il se rachète dix à quatorze à Alexandrie, quatorze à Dix-huit lorsqu’il est stocké au Fondaco dei Tedeschi à Venise ; le dernier acheteur, souvent un gros consommateur du nord de l’Europe, déboursera vingt à trente grammes de métal blanc. Lorsque les Portugais établissent un système d’approvisionnement direct à la source, le prix à l’arrivée est peu ou prou vingt fois celui du premier achat. Même si l’on tient compte des variations séculaires des cours et si l’on rappelle que le commerce du lointain a toujours engendré gros risque et gros profit, cette multiplication reste remarquable.

 

Le poivre est une marchandise dont il suffit d’énumérer les caractéristiques pour comprendre comment se déroulera la course aux épices. Il est de faible volume, rare, cher, exotique et impossible à transplanter en Europe ; il voyage surtout par mer et rapporte à l’intermédiaire bien plus qu’au producteur. Pendant longtemps les Européens ne peuvent s’en procurer que sur des marchés bien précis. Il y a fort à parier que celui qui emportera la course aux épices sera bon marchand, bon marin et bon diplomate. À ce jeu gagnera le plus inventif, le plus malin, le plus souple, parfois le plus cynique. »

 

L’horloge aux épices

 

« À la fin du XVIIe siècle, M. de Villayer fabrique une horloge dont chaque heure correspond à un logement contenant une épice différente. La nuit, on plonge le doigt dans le trou indiqué par l’aiguille des heures, et pour savoir à quelle vitesse passe le temps, il suffit de sucer son doigt. »

 

Les coureurs d’épices Edith Huyghe, François-Bernard Huyghe Payot

 

 

Tout savoir sur le poivre ICI 

 

Enfin, le poivre de Cayenne n’est pas du poivre.

 

« Il y a beaucoup de confusion entourant l'appellation "poivre de Cayenne". Ce dernier est extrait de piments forts du genre Capsicum et il ne doit pas être confondu avec le poivre noir ou blanc qui lui, est extrait d'une plante nommée Piper nigrum L. Le poivre de Cayenne est extrait à partir de cinq espèces différentes de Capsicum: Capsicum frutescens, Capsicum chinense, Capsicum baccatum, Capsicum pubescens et Capsicum annuum (comprenant jalapeño).

 

L'oléorésine de capsicum peut être extraite des piments avec un solvant organique. Cette oléorésine peut contenir de 0,1 à 1,5 % de composés piquants dont le plus connu est un alcaloïde appelé Capsaïcine. Celle-ci est une substance cristalline très irritante qu'on ne retrouve dans aucune autre plante. La Capsaïcine est la source de l'irritation et de la sensation de chaleur produite par les piments du genre Capsicum.

 

Le produit principalement utilisé par les forces policières qu'on appelle communément  "poivre de Cayenne", est en fait une bombe aérosol contenant de l'oléorésine de capsicum ou un autre type d'extrait de capsicum et un solvant qui peut être un mélange alcool-glycol. »

 

Pour finir en beauté Sgt Pepper's Lonely Heart Club Band.

 

« Le huitième album des Beatles, celui qui atteint des sommets dans les palmarès de vente de disques avec plus de 32 millions de copies écoulées, aura 50 ans ce 1er juin. Dès sa sortie, en 1967, Sgt Pepper's Lonely Heart Club Band, s'impose vite comme une oeuvre majeure de la culture pop et un des albums les plus influents. C'est cet album-là que le magazine iconique Rolling Stone hissera ainsi à la toute première place de son classement des "500 plus grands albums de tous les temps". »

 

Et petit coup pour la route avec Poivre d’âne le jaja rien que pour l'étiquette !

 

 

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4 juillet 2018 3 04 /07 /juillet /2018 07:00
La résistible ascension de Benoît H il verrait un grand type en uniforme vert-de-gris la défaire avec frénésie. (133)

« Mais qu’est-ce que fichait ici cette belle tige ? » Reprenant ses esprits il abandonnait son vélo le long d’une palissade de chantier pour lui emboîter le pas. Marcher avec des talons aiguilles est un art, une esthétique qui ne va bien qu’aux déjà grandes. Celles qui veulent se hausser, tricher, ne font que se dandiner telles des dindes ridicules se promenant au milieu des flamants roses. Jeanne, avec ses abdos en béton de tenniswoman, enchaînait ses courtes foulées avec une fluidité qui conférait aux ondulations de sa croupe ferme un tangage harmonieux. Comme pour ajouter à la difficulté, la mâtine, portait une jupe droite étroite qui limitait l’allonge de ses compas. Toutes autres que la belle Jeanne, eussent sautillé, se serraient tordues les chevilles sur un macadam inégal, empli de nids de poules, auraient perdues de leur superbe. Elle altière, le buste projeté, le menton tendu sans arrogance, déjouait tous les pièges et filait vers le quartier des ambassades. Benoît laissait entre eux une belle distance afin de ne pas se faire repérer. Son avantage c’est qu’à aucun moment elle ne pouvait l’imaginer présent à Berlin-Est. À plusieurs reprises, alors qu’elle attendait aux feux tricolores pour traverser une avenue, en se plaçant dans un angle mort, il pouvait l’observer de profil. Souriante, à peine maquillée, les deux premiers boutons défaits de son corsage blanc donnaient à sa poitrine exposée une candeur mystérieuse. Pour lui, il ne faisait aucun doute elle se rendait à un rendez-vous galant.

 

Même si ça peut paraître étrange cette perspective le portait au plus haut point d’ébullition. Elle éveillait en lui l’instinct de voyeur. Son imagination carburait à plein régime. Il la voyait entrer dans un grand hôtel. Monter dans une chambre où l’attendrait un hiérarque du régime. Il soudoierait le portier et la suivrait. À l’étage il volerait un passe pour se glisser dans la chambre voisine. Avant même que les deux amants aient eu le temps de s’étreindre il aurait enjambé tous les obstacles pour se retrouver sur le balcon. Bien sûr la porte-fenêtre serait entre-ouverte et le vent gonflerait légèrement les rideaux. Sous cette protection illusoire il verrait un grand type en uniforme vert-de-gris la défaire avec frénésie. D’abord le corsage d’où jailliraient ses seins qu’il désenclaverait d’un geste sec. La fermeture-éclair de la jupe droite filerait le long de sa hanche laissant jusque ce qu’il faut d’espace pour que le cylindre de tissu entame une descente au long de ses cuisses gainées de soie couleur chair. L’émotion l’étreindrait face au spectacle de Jeanne, debout, poitrine nue, en porte-jarretelles prête à subir l’assaut de son amant. Celui-ci lui intimerait l’ordre d’ôter son petit slip de dentelle. Elle s’exécuterait avec grâce dans une gestuelle lente qui offrirait à Benoît la vision sublime de ses fesses hautes. Il en tremblait de désir. Oui il la prendrait en levrette, offerte à son va-et-vient asynchrone de type ridicule avec son pantalon tire-bouchonné sur ses chevilles. Il enrageait. Jeanne se faisait poissonnière, charretière, exhortait son étalon à plus de vigueur, le suppliait de la réduire à l’état de putain. Imperceptiblement Benoît s’était rapproché d’elle et il ne s’aperçut même pas qu’ils se trouvaient face à une grille encadrée par deux guérites où deux factionnaires, munis de kalachnikov, arboraient sur leurs casquettes et leurs uniformes l’étoile rouge de l’Union Soviétique

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4 juillet 2018 3 04 /07 /juillet /2018 06:00
Fait chaud, buvons de l’eau fraîche ou de l’Yquem à la manière du baron Philippe de Rothschild…

Quand le soleil cogne et que l’air devient étouffant, tous les moyens sont bons pour trouver un peu de fraîcheur et de réconfort.

 

Boire un grand verre d’eau fraîche, pas forcément glacé, est simple et efficace de se désaltérer et de se réhydrater.

 

Au Bourg-Pailler nous avions un puits où nous allions tirer des grands seaux d’eau bien fraîche.

 

Mais si voulez verser dans l’extrême snobisme adoptez la méthode Philippe de Rothschild

 

« Le dessert était une tarte aux pommes maison, légèrement caramélisée. Le maître d’hôtel servit des petits verres emplis d’un liquide topaze. On aurait dit une liqueur. Édouard Minton connaissait la marotte de son hôte pour l’avoir expérimentée. Le baron affectionnait de faire mettre une bouteille d’Yquem, débouchée er placée debout, dans le compartiment à congélation du réfrigérateur. En trois heures de temps, le vin se dissociait, son eau devenant glace tandis que l’alcool et l’essentiel des autres principes restaient à l’état liquide. Cette concentration par le froid produisait un extrait qui était versé à chacun en faible quantité, pour une qualité très particulière. Lorsqu’il avait appris le traitement infligé à son cru, le marquis Bertrand de Lur Saluces était entré dans une colère monstre. Les deux seigneurs des vignes se détestaient de tout cœur. Mis à part l’originalité du sous-produit d’Yquem ainsi obtenu, Philippe de Rothschild jubilait à l’idée que le marquis eût immanquablement vent de cette pratique et qu’il en éprouvât quelque furie. »

 

C’est tout pour aujourd’hui, je retourne au frais, bonne journée…

 

Il est cinq heures Paris s’éveille…

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3 juillet 2018 2 03 /07 /juillet /2018 07:00
La résistible ascension de Benoît H Sacha goûta les plaisirs fades de la Convention internationale des égyptologues à Bucarest, l’ennui profond du congrès de la Fédération mondiale des syndicats à Varsovie, le néant absolu de la Foire au livre de Budapest et l’ambiance glaciale du Festival de la Paix et du chant de Leningrad. (132)

Pour Benoît, simple infiltré, misérable agent dormant dans le petit monde insignifiant des frelons de la Gauche Prolétarienne, accéder au statut international de répondant d’un agent double pour le compte de deux crèmeries de l’Ouest lui apparaissait comme un réel saut qualitatif. Son seul problème, si tant est que c’en fusse un réel, c’est qu’il ignorait le degré d’information de sa maison d’origine sur l’état d’avancement de son nouveau job. Le téléphone n’étant pas en ce temps quasi-préhistorique dans le domaine des télécommunications civiles ce qu’il est aujourd’hui Benoît prit la décision, après en avoir discuté avec Chloé, d’aller au consulat de France voir l’attaché militaire pour s’en m’ouvrir auprès de lui et lui demander d’entrer en relation directement, via la valise diplomatique, avec Marcellin. Son intrusion au consulat faillit tourner court dans le mesure où le consul était en congés, que l’attaché militaire était parti à la retraite sans avoir été remplacé et, qu’en tout et pour tout, il ne restait plus dans cette parcelle de France que le planton et une secrétaire revêche qui ne daigna même pas le recevoir lorsqu’elle contempla sa dégaine au travers de la baie vitrée de sa cage à poules.  Fataliste il battait en retraite lorsqu’il se butta à une belle et haute tige, en jupette blanche, qui serrait sur une fort belle poitrine une raquette de tennis Donnay. Un peu penaud il s’excusait en français ce qui déclencha chez elle l’expression d’un réel enchantement « Enfin, un français qui ne soit pas un bidasse ! »

 

C’est ainsi que Jeanne, la copine de la fille du consul de France à Berlin, entra dans sa vie. Qualification inexacte puisque, avec un art consommé de l’esquive, elle le maintint pendant un long moment éloigné de son lit. Ce n’était pas pour déplaire à Benoît que de se retrouver dans la position d’un soupirant. Chloé venait de partir pour Milan et Sacha fourbissait ses arguments pour convaincre les services de la RDA de son utilité de l’autre côté du mur. Tel ne fut pas la décision des bureaucrates qui décidèrent de faire voyager Sacha dans les pays frères pour qu’ils puissent sonder les reins et les cœurs de certains intellectuels tentés par un éventuel voyage aller sans retour vers les douceurs du monde capitaliste. Ainsi Sacha goûta les plaisirs fades de la Convention internationale des égyptologues à Bucarest, l’ennui profond du congrès de la Fédération mondiale des syndicats à Varsovie, le néant absolu de la Foire au livre de Budapest et l’ambiance glaciale du Festival de la Paix et du chant de Leningrad.  Consciencieux comme un bon élève il mettait le moindre choriste géorgien ou la plus minable syndicaliste de Corée du Nord en fiche tout en rédigeant pour le compte de Benoît des rapports synthétiques sur les modes de propagation de la désinformation anticommuniste dans la presse du Tiers-Monde ou sur l’état d’esprit déplorable des oncologues internationaux réunis à Sofia. Benoît lui ne s’emmerdait pas ferme son entreprise de séduction de la belle Jeanne le mobilisait.

 

Ses collègues américains, contrairement à lui, trouvait le travail de Sacha intéressant et pertinent. Les jours défilaient, vides. Jeanne le rendait fou. Chloé ne donnait plus signe de vie. Sacha se consacrait avec un enthousiasme sans limite à la chasse aux femmes des diplomates africains accompagnants leurs maris dans les Congrès exotiques dont raffolaient les pays du socialisme réel. Très bonne pioche selon Bob Dole. Que faire ? Prendre Jeanne d’assaut, Benoît courrait tout droit à la catastrophe. Rentrer à Paris, pour quoi faire ? Partir ? Oui mais partir pour où et pour quoi faire ? Même Karen n’arrivait plus, en dépit de ses assauts répétés, à le tirer de son ennui abyssal. Berlin lui sortait par les yeux. Jeanne faisait deux pas en avant puis trois pas en arrière. Un beau matin plein de soleil Benoît enfourcha un vélo et fila tout droit vers le check-point Charlie. À son grand étonnement personne ne se souciait de sa petite personne. Son bonjour en français aux Vopos sembla leur suffire. Il en resta pantois mais ça le requinqua. Il pédalait gaiement sur des avenues, aussi larges que des autoroutes, qui le menaient jusqu'à l'avenue Unter den Linden en passant par l'Alexanderplatz le nouveau centre-ville du « siège du gouvernement de la RDA » pour ne pas dire Berlin-Est capitale de l’autre Allemagne puisque celle de l’Ouest se contentait de Bonn. La soif commençait à le dessécher et alors qu’il cherchait des yeux une taverne pour s’envoyer un bock ses yeux tombèrent sur une fille perchée sur des talons aiguilles d’au moins 15 cm qui traversait au feu rouge : Jeanne. Il faillit percuter un paquet de cyclistes à l’arrêt.

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3 juillet 2018 2 03 /07 /juillet /2018 06:00
Si j’étais ministre de l’Intérieur je virerais sur l’heure le Préfet des Pyrénées-Orientales « plus con que lui tu meurs ! » soutien à Rie et Hirofumi Shoji vigneron(e)s à Banyuls-sur-Mer…

On me dit de signer une pétition adressée à Monsieur le Préfet des Pyrénées-Orientales.

 

Je n’en ferai rien, je demande à Gérard Collomb de le virer sur l’heure !

 

Les faits

 

« Installé en France depuis 2011 et riche d'une solide expérience dans le vin, un couple de japonais a investi la somme de 150 000 € dans le vignoble de Banyuls-sur-Mer afin d'y produire des vins nature. Alors que leur première cuvée se retrouve à la table de prestigieux restaurants, notamment au Can Roca à Gérone ou encore Le Verre Volé à Paris, et que la deuxième est réservée à 75 %, la préfecture des Pyrénées-Orientales leur a notifié une obligation de quitter le territoire. Une situation ubuesque que dénonce leur avocat Jean Codognès qui a décidé d'attaquer l'arrêté préfectoral devant le tribunal administratif de Montpellier. »

 

La suite ICI 

 

 

Virer un Préfet c’est simple comme un coup de pied au cul.

 

Hors-cadre !

 

Il ne sera pas sur la paille...

 

J’en ai connu des Préfets remerciés, j’en même vu un pleurer, c’était à Ajaccio.

 

Celui des Pyrénées-Orientales : un certain Philippe Chopin, présenté ci-dessous par l’Indépendant, est vraiment « plus con que la moyenne ».

 

« Arrivé de la Creuse,  Philippe Chopin a posé ses valises ce lundi dans les Pyrénées-Orientales où il succède à Philippe Vignes à la tête des services de l'Etat.

 

Un nouveau préfet "travaillomane" se décrit-il lui-même. Un homme de terrain qui va s'attaquer d'emblée aux dossiers de sécurité routière, chômage, tourisme, économie des hauts cantons, politique de la ville... Mais également un passionné qui aime la musique, le rugby, le vin, la corrida et les peuples de caractère et de traditions et qui savoure ainsi d'autant plus cette nouvelle "belle promotion" en Pays catalan. »

 

Le couple est défendu par l’ami Jean Codognès.

 

Le Chopin va prendre une claque s'il est toujours en poste.

 

J’ai vécu 18 mois en mission, à raison de 2 ou 3 jours par semaine, dans ce beau département. J’y suis attaché. Dans des cas comme celui-ci je suis partisan du dégagisme.

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2 juillet 2018 1 02 /07 /juillet /2018 06:00
Tonton Dupont nous parle de la « bête » friande des racines de ceps français appauvris par une alimentation insuffisante et une culture intensive de la vigne qui se déplace d'est en ouest, au gré et à la vitesse de ses caprices. Là où elle s'abat se déploie un épais linceul de désolation… »

Le mois de juillet n’est guère propice aux contes au coin du feu, à la rigueur on peut l’envisager pour les scouts et les louveteaux en camp de vacances dans les Gorges du Verdon.

 

La transmission de la longue histoire de cette drôle de liane qu’est Vitis vinifera, notre vigne à nous, aux petites louves et aux petits loups ignares, qui ont appris à écrire et à lire avec la méthode globale, est un devoir auquel s’attelle avec joie notre tonton Dupont.

 

Ne voyez pas dans cette familiarité à l’égard d’un des plus beaux nez du vin une quelconque outrecuidance, une raillerie, bien au contraire de ma part la reconnaissance à l’égard du dernier des Mohicans de la dégustation à l’aveugle, père de la tension.

 

En effet, tonton c’est :

 

  • Le fils du vinaigrier de Jarnac, le François deux fois président de la République, 14 ans, un record…

 

  • Le tonton pourquoi tu tousses de l’inégalable Fernand Raynaud…

 

  • L’un des tontons flingueurs, pour notre Jacques je penche du côté de Bernard Blier…

 

Bref, en ce début de juillet dans la touffeur comme j’ai envie de ne pas en foutre une rame je donne la parole à tonton Dupont le bas-bourguignon :

 

 

« Vitis vinifera, c'est notre vigne à nous (enfin, elle serait originaire du Haut-Nil pour une part et d'Asie pour l'autre), à l'état brut, sauvage. Domestiquée, sélectionnée, elle est devenue pinot en Bourgogne, cabernet en Aquitaine ou riesling en Alsace… Son nom, vitis vinifera, Linné le lui a donné. Le grand botaniste et naturaliste du XVIIIe siècle distinguait ainsi cette vitis, capable de donner du vin des autres vitis justes bonnes à faire des plantes d'ornement (vignes vierges, etc.) ou, mieux, des raisins de table. Elle a résisté à tout, même aux périodes glaciaires ! Et l'on sait grâce aux fouilles que les hommes du Néolithique en consommaient les fruits. Elle a cependant bien failli disparaître au XIXe siècle par la faute indirecte de l'Oncle Sam et fut aussi sauvée grâce à lui...

 

Tout le monde a entendu parler du phylloxera, insecte ravageur, l'Attila de la vigne, mais peu savent que depuis nos si anciennes vignes poussent avec des racines américaines.

 

1860. Le vin est partout. C'est l'âge d'or pour ceux qui ont misé sur la quantité plus que sur la qualité. Le développement des moyens de communication, l'industrialisation, l'urbanisation créent des conditions idéales pour les marchands. Produire toujours plus semble la règle, notamment dans le Midi. Alors, on expérimente. Des pépiniéristes tentent d'implanter des ceps américains, réputés productifs et résistants aux maladies. Ce faisant, ils facilitent le débarquement sur le Vieux Continent d'un puceron ailé ravageur, une sorte d'alien qui mue quatre fois avant d'être adulte, passe des feuilles aux racines, où, là encore, il mue de nouveau quatre fois, prolifère par air et sous terre. D'où la difficulté pour les scientifiques d'alors de comprendre le phénomène et de lutter contre. « Les individus qui se multiplient très vite ont deux caractéristiques principales : s'attaquer aux racines et se disperser en fonction de la puissance et de la direction des vents dominants », écrit Marcel Lachiver (1). Bref, le phylloxera est un ennemi redoutable, le pire que la vigne ait jamais rencontré. En piquant les racines, il provoque des excroissances qui bloquent la circulation de la sève. La plante s'asphyxie et meurt. »

 

La suite ICI

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1 juillet 2018 7 01 /07 /juillet /2018 07:00
Edinson Cavani quitte le terrain avec l'aide de son adversaire Cristiano Ronaldo, samedi 30 juin, lors du huitième de finale entre l'Uruguay et le Portugal à Sotchi (Russie). (JONATHAN NACKSTRAND / AFP)
Edinson Cavani quitte le terrain avec l'aide de son adversaire Cristiano Ronaldo, samedi 30 juin, lors du huitième de finale entre l'Uruguay et le Portugal à Sotchi (Russie). (JONATHAN NACKSTRAND / AFP)

Edinson Cavani quitte le terrain avec l'aide de son adversaire Cristiano Ronaldo, samedi 30 juin, lors du huitième de finale entre l'Uruguay et le Portugal à Sotchi (Russie). (JONATHAN NACKSTRAND / AFP)

 

L’Uruguay, pays de tous les exils ?

 

« L’histoire de l’Uruguay est celle d’un pays aux exils multiples. Autrefois « Suisse » d’une Amérique rêvée par des millions d’européens partis en quête d’une vie meilleure, le pays a par la suite joué le rôle capital d’espace-refuge lorsque l’Europe connut ses pires drames (la guerre civile espagnole, la répression franquiste, la seconde guerre mondiale) avant de devenir à son tour, à la fin du même siècle, le théâtre de la tragédie de la dictature et de la répression organisée au sein du Plan Condor. Dans ce contexte, c’est au tour des uruguayens de s’exiler massivement vers les pays de l’aïeul européen : l’Uruguay de l’accueil devient celui de l’ostracisme. Ces différentes facettes de l’exil sont au cœur des œuvres de José Mora Guarnido, Carlos Liscano et Marisa Silva Schultze, des écrivains qui ont connu de façon directe ou non l’effet de ces itinéraires transatlantiques, des contraintes des dictatures et des répressions. Dans leurs œuvres, ils ont choisi de mettre en scène cette condition de l’exilé « en » ou « depuis » l’Uruguay, ces voyages et expériences d’une rive à l’autre de l’Atlantique, contribuant ainsi à façonner une pensée de l’exil uruguayen. »

 

La suite ICI  

 

Le ballon rond, ciment social

 

Ce qui permet au petit pays d’exister sur la scène footballistique mondiale avec ses 3,4 millions d’habitants, est avant tout la part colossale de licenciés de la fédération de football, que le journal uruguayen La Republica estime à 165 000. Le Portugal, futur adversaire de la Celeste, et ses 10,3 millions d’habitants n’en comptent que 133 000.

 

Au-delà de la ferveur nationale, Pierre Arrighi trouve d’autres explications à la force du pays dans le domaine du ballon rond : « Si l’Uruguay a dominé le football d’Amérique du Sud depuis 1916 et le football mondial, (8 titres continentaux et 2 Coupe du monde entre 1930 et 1950) c’est en partie grâce au fait que l’équipe nationale uruguayenne a ouvert ses portes plus tôt et plus largement à l’immigration. »

Nicolas Rocca

1930

30 juillet

L'Uruguay remporte la première Coupe du monde

Lors de la finale de la première Coupe du monde de football à Montevideo, l'Uruguay bat l'Argentine par 4 buts à 2. La France terminera à la troisième place. L'équipe de l'Uruguay, qui joue à domicile, remporte tous ses matchs. L'Italie en 1938 puis le Brésil en 1970 et 2002 remporteront aussi la Coupe du monde sans perdre un seul match.

 

 

1950

16 juillet

La victoire de l'Uruguay noyée par les larmes des Brésiliens

Après douze ans d’absence, la Coupe du monde de football fait son retour au Brésil. Le pays tout entiers rêve alors du titre. La formule finale est unique cette année puisqu’elle se déroule sous la forme d’une poule. Mais le dernier match, qui oppose l’Uruguay au Brésil, a finalement la valeur d’une finale. En effet, les Brésiliens partent favoris puisqu’ils ont littéralement écrasé leurs adversaires : 7-1 face à la Suède et 6-1 face à l’Espagne. L’Uruguay a par contre fait match nul face aux Espagnols. Mais ce dernier bat le Brésil 2 à 1 et laisse le stade Maracanã dans un silence de mort. Abattus par cette défaite inattendue, les officiels brésiliens en oublient la cérémonie, si bien que c’est Jules Rimet en personne qui remet le trophée portant son nom au capitaine des Uruguayens.

 

1994

15 avril

Les accords de l'Uruguay Round

Dans le cadre du GATT (General Agreement on Tariffs and Trade), l’Uruguay Round aboutit, à Marrakech, à la signature de l’acte de naissance de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Ouvert en septembre 1986, ce cycle de négociations a réuni 125 pays. Il a été le plus long et le plus riche de l’histoire du GATT. Avant d’aboutir à l’OMC, il a porté sur la réduction des droits de douane et surtout sur l’élargissement des domaines de négociation à l’agriculture, au textile et aux services, incluant également le principe de propriété intellectuelle.

Présentation de l’Uruguay

Nom officiel : République orientale de l’Uruguay
Chef de l’Etat : M. Tabaré Vázquez

 

Données géographiques

Superficie : 176 065 km2
Capitale : Montevideo (1,34 million d’habitants)
Villes principales : Canelones (485 000 hab.), Maldonado (140 000 hab.), Salto (123 000 hab.), Colonia (119 000 hab.) et Paysandu (113 000hab.)
Langue officielle : espagnol
Monnaie : peso uruguayen
Fête nationale : 25 août (déclaration d’indépendance : 25 août 1825)

 

Données démographiques

Population : 3,42 M
Croissance démographique : + 0,24%
Espérance de vie : 77,3 ans
Taux d’alphabétisation : 98,4 %
Religion (s) : catholiques 66% ; protestants 2% ; juifs 1% ; autres et non-pratiquants 33% (Etat laïc depuis 1918).

La suite ICI 

 

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1 juillet 2018 7 01 /07 /juillet /2018 06:00
« Je suis d’une génération où il fallait faire silence. J’ai fait mes classes dans des écoles catholiques... »

Le grand silence à l’école d’agriculture Notre-Dame de la forêt commençait dès la fin du dîner jusqu’au lendemain matin où nous étions réveillé dans le grand dortoir par un  tonitruant « Dieu soit béni » auquel nous devions répondre « à jamais » en quittant notre lit avant d’allant torse nu, quel que soit la température, faire nos ablutions sous les robinets d’eau froide. Il n’était rompu qu’au moment du petit déjeuner.

 

Bien sûr, nous ne le respections pas toujours, le surveillant ne pouvant tous nous contrôler, mais dans cet internat, comme dans tous les internats, le silence était roi.

 

J’aimais bien ce silence comme une bogue dans laquelle mon imagination, cette folle du logis, s’en donnait à cœur joie.

 

Lire dans le silence, je lis dans le silence et ces derniers mois, sur mon lit, j’ai été gâté.

 

Écrire dans le silence, j’écris dans le silence du petit matin.

 

Le silence : « Comment enquêter sur ce qui touche à l’âme, cette «harpe silencieuse dans l’orchestre de Dieu», selon l’expression d’Henry David Thoreau

 

Chasseur de sensations, l’historien Alain Corbin consacre un livre lumineux au bonheur de se taire, traquant chez les écrivains le sens du silence, sa signification sociétale variable selon les époques.

 

Alain Corbin, Histoire du silence, De La Renaissance à nos jours, 210p. Albin Michel

 

Le silence, ce merveilleux signe de distinction

 

« Mais pourquoi cette chasse au silence, Alain Corbin?

 

«C’est quelque chose qui me tracassait depuis longtemps. J’ai souvent proposé ce sujet à mes étudiants doctorants, en vain. Comme mon livre sur les cloches, celui-ci dérive d’une expérience intime. Je suis d’une génération où il fallait faire silence. J’ai fait mes classes dans des écoles catholiques. Dans les années 1940, nous étions abonnés à l’adoration perpétuelle: on s’agenouillait dans une chapelle face au Saint-Sacrement et pendant une demi-heure, on n’avait pas le droit au moindre bruit. Je me rappelle aussi un voyage que j’ai fait avec mon père, un médecin mulâtre originaire de la Guadeloupe qui s’était établi en Normandie. Il m’a amené au monastère de Soligny-la-Trappe, j’y ai passé trois jours pendant la semaine sainte. J’avais 13 ans et j’étais fasciné par tous ces gens qui se croisaient en silence.»

[…]

« Première conclusion ici : le silence est un signe de distinction, une noblesse en soi. Dans le tintamarre de Paris, cette ville où au XIXe les forges imposent leur fureur dans les immeubles, où les charrois violentent les pavés, l’absence de bruit est un privilège. Et un raffinement. Sous les draps, il est recommandé de se masturber muet comme une carpe. Et quand le besoin se fait de pratiquer cet exercice dans une réunion familiale – mais oui –, il est là aussi exigé de ne rien montrer de son plaisir. Spécialiste du sujet, le docteur Deslandes note ainsi à propos de ces impénitents: «Ils n’exécutent aucun ou presque aucun mouvement, mais il y a dans le maintien, la physionomie, le silence du sujet […] quelque chose d’insolite.»

 

L’article ICI 

 

« De tous les métiers qu’un homme sensible et dépressif peut envisager, peu sont aussi périlleux que celui d’écrivain, un véritable écrivain. Les acteurs sont en première ligne, certes, mais la plupart des dommages surviennent au cours des auditions. Une fois qu’ils ont décroché un rôle, ils peuvent toujours se réfugier derrière un masque. Écrire, c’est se mettre à nu. « Ce sont les poètes qui ont découvert l’inconscient, pas moi », disait Freud, non sans un certain degré de frustration et d’envie. Il s’agit de laisser ses démons se manifester, aussi tapageurs et chaotiques soient-ils, de plonger dans les obscures profondeurs de ce pandémonium dans l’espoir de refaire surface avec quelque chose d’ordonné et de beau. La vie d’un véritable auteur requiert de longues périodes d’isolement. Celle d’un écrivain aussi consciencieux, méticuleux, scrupuleux et enclin à la dépression que Léonard Cohen exigeait une solitude implacable. »

La vie de Léonard Cohen I’M YOUR MAN Sylvie Simmons

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30 juin 2018 6 30 /06 /juin /2018 07:00
La résistible ascension de Benoît H Benoît organisa une dînette à la française accompagnée d’un Latour 1929, d’un Haut-Brion 1948 et d’un Corton-Charlemagne 1962 avec le fromage (131)

« Les traîtres sont des divas, Edward. Ils ont des dépressions nerveuses, des crises de conscience et des besoins exorbitants. Les Wolfgang de ce monde le savent. Si vous ne leur menez pas la vie dure, ils ne croiront jamais que vous valez la peine d’être acheté. » Qui plus que le grand John Le Carré a su décrire de l’intérieur le monde étrange des espions qui venaient du froid ? Pas grand monde et son affirmation s’appliquait à merveille à Sacha qui adorait croire que les services du bloc communiste le prissent pour une prima donna diva repérée, ferrée puis engraissée à prix d’or ce qui ne l’empêchait pas d’abreuver Benoît de ses crises de conscience. Pour l’entretenir dans ce perpétuel déséquilibre Chloé cultivait, avec un soin de jardinier, sa propension cyclothymique en le poussant dans le sens de sa plus grande pente. Pendant la guerre froide les opérations de retournement d’agents, d’un bord ou de l’autre, au profit du camp adverse relevaient de la routine pure et simple mais, dans le cas de Sacha, même s’il avait pris langue avec des émissaires de la RDA, celle-ci se révélait un peu plus difficile car l’oiseau ne correspondait pas au profil classique de l’espion. Il croyait, ou peut-être feignait-il de croire, à ce qu’il professait c’est-à-dire que la cause de la paix passait par son ralliement au camp communiste alors comment en faire l’instrument de l’impérialisme américain qu’il vomissait ?

 

Pour une fois la réponse à cette question cruciale vint de Benoît. Sacha vouait aux vins français une passion non feinte. Benoît en avisa Bob Dole pour qu’il passât une commande de Grands Crus Bordelais, de beaux  fleurons de Bourgogne et de quelques caisses de Krug et de Dom Pérignon. Son plan, pour ne pas éveiller les soupçons de Sacha, consistait à organiser un pseudo casse dans la cave de la villa des américains pour y faire la razzia de leurs grands vins français. Le tuyau venant, toujours le détail qui crédibilise, de la petite bonne des cow-boys qu’il venait de séduire récemment. Ainsi fut fait à l’aide d’une camionnette de blanchisseur, soi-disant volée par ses soins, que ses commanditaires avaient mis à ma disposition. Pour corser légèrement leur intrusion, toujours le détail qui crédibilise, Bob Dole fit une petite incursion dans la cuisine pendant qu’ils opéraient en sous-sol. Sacha se liquéfia. Bob Dole repartit en claquant la porte. Sacha alla pisser sur le tas de charbon tout en jurant en allemand. Benoît lui bourra les côtes en le charriant ce qu’il apprécia que très modérément. Ils rentrèrent en silence. Sacha fit une crise car Chloé ne les attendait pas. Benoît se fâcha tout rouge en le traitant de révolutionnaire en peau de lapin, d’enfant gâté et de couard. À son grand étonnement Sacha fondit en larmes.

 

Cet intermède inattendu permettait à Benoît de commencer son travail de sape. Il dégotait des glaçons dans le grand frigo de l’étage des mères  et il déposa un Dom Pérignon 1962 dans un seau en acier galvanisé. Sacha, en boule sur son vieux canapé, ressemblait à un chiot privé de mère. Dans leur razzia, le hasard bien orienté par les soins de Benoît leur avait offert un lot de saucissons secs et de saucisses sèches, deux beaux jambons, une grande cagette de fromages français : du Beaufort, du Comté, du Salers, un grand Brie et de la Tomme de Yenne, et deux belles miches de pain. Pour faire bon poids il avait aussi embarqué un bocal de cerises à l’eau-de-vie et deux bouteilles de Cognac non prévus à l’inventaire. Pour servir le champagne l’imagination de Benoît palliait l’absence de verrerie adaptée en réquisitionnant deux ciboires qu’un de leurs adeptes, dans un moment de rage païenne, venait de voler dans la sacristie d’une église des beaux quartiers. Les bulles ravivèrent le moral du futur agent double. Ensuite Benoît organisa une dînette à la française accompagnée d’un Latour 1929, d’un Haut-Brion 1948 et d’un Corton-Charlemagne 1962 avec le fromage. L’euphorie aidant Benoît lui parlait de la France patrie des droits de l’Homme et du bien-vivre. Pour une fois Sacha l’écoutait avec une réelle attention. Il le sentait prenable mais, à son grand étonnement, ce fut lui qui lui tendit la perche alors qu’il sirotait un Delamain tout en tirant sur un Puros cubain : « Et si tu me servais de relais avec les vrais démocrates français, je pourrais peut-être œuvrer pour l’amitié entre les peuples... »  

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