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3 octobre 2021 7 03 /10 /octobre /2021 06:00

 VOIR en fin de chronique

 

J’en connais trois, Claire la vigneronne des Hautes-Côtes, Claire l’ancienne taulière du Lapin Blanc maintenant caviste à Bruxelles, Claire la meilleure dénicheuse de vin nu. Dénominateur commun le vin.

 

Celle d’aujourd’hui me renvoie à ma vie d’avant, celle où nous devions pour les dossiers importants en référer au château, à Tonton donc, François Mitterrand, le Président comme le disait Louis Mermaz.

 

Ici CLAIRE est un pseudo attribué au dernier secret de François Mitterrand

« Le Dernier Secret » : la jeune fille et le président François Mitterrand ICI

 

Par Solenn de Royer

Publié le 29 septembre 2021

DOCUMENT

 

Solenn de Royer, grande reporter au « Monde », raconte dans un ouvrage à paraître chez Grasset le 6 octobre un pan inconnu de la vie du président : sa relation amoureuse avec une très jeune femme prénommée Claire durant les huit dernières années de sa vie. Extraits.

 

[Dans Le Dernier Secret, à paraître le 6 octobre chez Grasset, Solenn de Royer, grande reporter au Monde, révèle un pan inédit de la vie du président socialiste : sa liaison, entre 1988 et 1996, avec une très jeune femme, prénommée Claire dans le livre. Malgré leur différence d’âge – cinquante ans –, cette relation, connue d’une poignée d’initiés, a duré jusqu’à la mort de Mitterrand. Le récit souvent stupéfiant qu’en fait la journaliste dit beaucoup de cette époque particulière au palais de l’Elysée.]

 

Bonnes feuilles. C’est à la fin qu’elle m’a raconté les commencements.

 

Quand j’interrogeais Claire sur les raisons l’ayant conduite à rencontrer, si jeune, François Mitterrand, elle esquivait, ajoutait, en riant, que ça ferait l’objet d’un deuxième livre. Je n’arrivais à rien. Au fond, je crois qu’elle avait peur d’être jugée, de paraître singulière, un peu ridicule peut-être, parce qu’elle avait espéré, attendu, cherché le président de la République pendant quatre ans. Parce qu’elle l’avait voulu.

 

Au départ, m’explique-t-elle, c’est une passion politique.

 

En 1984, Claire a 18 ans. Elle vient d’arriver de Limoges à Paris pour faire son droit, quittant avec soulagement un milieu provincial et bourgeois, sans joie. (…) Ses parents ont toujours voté à droite. A l’unisson de la bourgeoisie française, ils ont paniqué à l’élection de François Mitterrand, le 10 mai 1981. Ce jour-là, puis le lendemain, de retour au lycée, Claire a envié l’excitation de ses amis, qu’elle ne pouvait partager, tiraillée entre les convictions familiales et des idéaux de gauche séduisants qu’elle n’a pas encore faits siens.

 

En arrivant à Paris, elle veut se rattraper. Elle prend sa carte au Parti socialiste, s’investit dans le syndicalisme étudiant, milite à gauche. Mitterrand, pourtant, ne fait déjà plus rêver. Depuis le tournant de la rigueur, le peuple de gauche a compris qu’il ne changerait pas la vie. Les élections européennes du printemps 1984, où Claire vote pour la première fois, sont catastrophiques pour le pouvoir. « Peut-il encore gouverner ? », titre L’Express.

 

L’étudiante trouve ces critiques injustes. Dans les couloirs de sa fac de droit, auprès de ses amis aussi, elle défend ardemment le président. Paris l’a sauvée de l’ennui et de la tiédeur, mais ça ne suffit pas, elle a besoin de sens et de grandeur, d’intensité. L’abolition de la peine de mort, qui a marqué le début du septennat, l’a emportée, fait vibrer. La gauche et ses idéaux deviennent sa cause.

 

François Mitterrand, une idole.

 

Elle se met en tête de le rencontrer. (…)

 

« Il est patient, s’enquiert de sa journée, de ses projets. De ses cours ou de ses examens. Puis, plus tard, de son travail »

 

[Dans les années suivantes, l’étudiante et un ami prénommé Benoît parviennent peu à peu à approcher François Mitterrand, à Paris ou lors de ses déplacements. Pour la jeune fille, de cinquante ans sa cadette, cette volonté de le voir et d’échanger avec lui de façon amicale confine parfois à l’obsession.]

 

Longtemps après, Claire s’est interrogée sur la finalité de cette quête insensée. Encore aujourd’hui, elle semble ne pas avoir toutes les clés. Bien sûr, il y avait la politique, le pouvoir. Paris à conquérir. Mais pas seulement. Il y avait aussi une part de jeu. Et puis, ce secret, qui les soudait, elle et Benoît, n’appartenait qu’à eux. Elle sentait une ferveur autour de cet homme, à laquelle elle désirait communier. Elle voulait faire partie de la famille, du clan. Etre adoptée. (…)

 

A quoi pouvait bien penser François Mitterrand en rencontrant Claire et Benoît, partout où il allait ? Parfois, il ne se passait presque rien. Un simple échange de regards ou un signe de la main. La plupart du temps, il s’arrêtait pourtant, amusé, touché peut-être, par leur persévérance.

 

Claire me montre une photo, prise le jour d’un déplacement en province : Mitterrand échange avec une jeune femme brune, vêtue d’un imperméable. Elle semble parler tout bas puisqu’il se penche légèrement pour l’entendre. Il sourit à moitié, attentif et doux. (…)

 

[En 1988, une relation amoureuse commence à se nouer, à l’initiative de Claire, qui invite le président dans son petit appartement de la rue du Four, à Paris. Elle se rend très fréquemment à l’Elysée, et participera même, par la suite, à des voyages officiels.]

 

Il l’appelle tous les jours, au moins deux fois. Le matin et le soir. (…)

 

Rue du Four, le téléphone se trouve au pied du lit. Et le répondeur à cassette dans l’entrée. Elle attend que la sonnerie résonne plusieurs fois avant de répondre, ne veut pas se précipiter.

 

« Tu te rends compte, me dit Claire, il m’a réveillée tous les matins pendant huit ans. »

 

Le matin, il téléphone quand il arrive à l’Elysée. Le soir, c’est variable, 21 heures ou 23 heures.

 

En raccrochant, il lui dit « au revoir », en détachant les syllabes, ou « à plus tard ».

 

Il est patient, s’enquiert de sa journée, de ses projets. De ses cours ou de ses examens. Puis, plus tard, de son travail. Un jour, il lui dit que ses chefs la tiennent en esclavage, menace d’intervenir. Il sait ce qu’elle fait, quand et avec qui. Il connaît tout de sa vie. Elle ne vit pas, elle attend. (…)

 

Elle ne pense qu’à lui. A l’instant où elle va enfin le retrouver, aux déjeuners dans la bibliothèque de l’Elysée, aux dîners chez les écaillers, aux lentes flâneries sur les quais ou dans les rues de Paris, aux appels du soir et à ceux du matin. Lui n’aime pas qu’elle sorte, il aimerait la garder pour lui seul. (…)

 

Partout où elle va, il la suit, la traque, la précède parfois, se présente comme « M. Etienne », laisse un message, demande qu’elle le rappelle quand elle est arrivée. (… ) La durée de leurs conversations varie, dépend de son agenda à lui, ou de son état à elle. Quand Claire va mal, lui dit qu’elle n’en peut plus, qu’elle va crever, qu’elle a besoin de lui, alors il prend son temps. (…) Quand elle n’est pas là, il laisse un message sur le répondeur. Je demande à Claire si elle a gardé les cassettes. Elle me dit : « Oui, je les ai toutes, des dizaines. » (…)

 

« [A l’Elysée] Claire ne vient jamais sans être annoncée. Au début, elle montre ses papiers au garde républicain. Puis, même plus »

 

Mitterrand lui dit parfois en riant qu’elle se prend pour le centre du monde. Il la traite de « gare de Perpignan de Dali », tout en lui désignant son nombril, d’un geste.

 

« Tu es obsédée par ce que je ressens pour toi… »

 

Parfois, il reconnaît de mauvaise grâce qu’il ne l’a pas assez écoutée.

 

« Tu ne veux pas admettre que cette histoire est extraordinaire, dit-il.

 

– L’admettre, ce serait renoncer », répond Claire.

 

Et ça recommence.

 

« Mais tu te rends compte de la manière dont tu me parles ? », lui lance-t-il, un jour. Elle réclame, tempête, exige, assure qu’elle est déçue parce que leur relation n’évolue pas. Il lui dit qu’elle fait des caprices de bourgeoise.

 

« Mais tu es impossible à la fin ! »

 

Quand il veut raccrocher, épuisé, elle crie : « Non, attendez. » (…)

 

[A l’Elysée] Claire ne vient jamais sans être annoncée. Elle gare sa petite moto, une Yamaha 125, à côté du kiosque à journaux, avenue de Marigny, traverse la rue à la hâte. Au début, elle montre ses papiers au garde républicain. Puis, même plus. C’est souvent le même gendarme qui l’accueille à la loge d’honneur. Elle le trouve sympathique. Il parle fort et aime plaisanter. Ça fait longtemps qu’il a compris.

A l’entrée du palais, elle n’est jamais tranquille. Hésitante, en retrait. Elle tremble de croiser un conseiller qu’elle connaît, redoute les questions que l’on pourrait se poser. La plupart du temps, la loge est déserte. Le gendarme appelle un huissier qui la conduit jusqu’au premier étage. Ou alors, il lui dit : « Vous connaissez le chemin », et elle y va seule. (…)

 

Elle ne sait jamais à l’avance le temps dont il dispose.

 

Il aime la maintenir dans le flou, l’incertitude. (…)

 

« Claire sort une deuxième cassette du sac. Cette fois, la voix est plus nette »

 

Je lui demande si elle a retrouvé les cassettes de son répondeur. Depuis des semaines, je veux les écouter, mais, à chaque fois que j’évoque le sujet, Claire se montre réticente, fuyante. Ce soir, elle n’hésite pas longtemps. Je la suis sous l’escalier, où elle a rangé une malle cloutée. Elle retire la pile de magazines posés dessus et l’ouvre doucement, avant d’exhumer les objets, un à un. Une paire de lunettes. Des échantillons Hermès dans une trousse de toilette Air France, rapportée du dernier voyage officiel en Concorde. Un stylo offert par le premier ministre du Québec. Du sirop d’érable, qu’elle n’a jamais ouvert. Une boîte de chocolats, elle ne sait pas ce qu’elle fait là.

 

« Je suis une collectionneuse », me dit Claire.

 

Au fond de la malle, deux sacs en plastique. Les voilà. J’essaye de masquer mon impatience. Lui demande comment on va les écouter. Elle me dit qu’elle a gardé une radiocassette quelque part. Elle se lève, monte à l’étage, redescend avec l’appareil d’un autre âge.

 

La bande crisse, ronronne. Plusieurs bips sonores. Des bruits oubliés. Enfin, une voix. Lointaine, voilée. A peine perceptible. Un simple filet. Claire monte le son, rien n’y fait. On colle l’oreille contre le poste, à tour de rôle. On n’entend rien. Je suis déçue. Peut-être ces bandes ne résistent-elles pas au temps.

 

Claire sort une deuxième cassette du sac. Cette fois, la voix est plus nette. Et c’est bien la sienne, la voix de Mitterrand. « Allô, allôôô ? » Il raccroche. Une sonnerie. Un bip. « Je vous appelle entre deux réunions, je ne sais pas à quelle heure vous rentrez… » Bip. « Je pense que je dormirai ce soir quand vous rentrerez. Je vous appellerai vers 8 h 15, demain. J’espère vous trouver. Au revoir. » Bip. « Allô ? Je vous avais dit que je vous appellerais un peu avant 7 heures… mais vous n’êtes pas là… » Bip.

 

« Ça me replonge dans quelque chose de… », commence Claire, sans me regarder.

 

Troisième cassette. Mêmes chuintements quand la bande se met à tourner. Et cette voix, toujours, qui alterne le tu et le vous. « Bonsoir. Je viens de rentrer de Loire-Atlantique. Je vous appellerai ce soir plus tard. En tout cas, demain matin. » Bip. « Bonsoir, il est 10 heures moins le quart pour l’instant. Je fais un petit bonsoir. Sinon j’appellerai demain matin. Bonne soirée. » Bip. « Tu vois, il est 11 h 10 ce soir, ce n’est pas très raisonnable… J’appellerai demain. Au revoir. » Bip. (…)

 

Elle apprend à dissimuler, s’arrange avec la réalité. Elle parle de l’homme aimé en disant qu’il est marié, c’est vrai, qu’il est avocat, c’était vrai, et qu’il est plus âgé qu’elle, vrai aussi. Quand une conversation glisse devant elle sur François Mitterrand, éventuellement sur les nombreuses maîtresses qu’on lui prête, elle affiche un masque d’où rien ne transparaît.

 

Personne n’a jamais deviné.

 

Au cours de la première année, elle décide de se confier à une amie, la fille d’un préfet, qui vit chez ses parents dans un grand appartement dominant la Seine. Avec hésitation, d’abord, puis avec ferveur, Claire raconte tout. La peur, l’excitation, l’admiration, la joie, le manque, le chagrin, l’exaltation quand elle part le retrouver, l’attente anxieuse de ses appels, les livres, les flâneries dans Paris. Elle raconte aussi le premier baiser. La fille du préfet se tait.

 

« Ça me dégoûte », finit-elle par lâcher.

 

Ce verdict scelle la fin de leur amitié.

 

« Cinquante ans d’écart, c’est écrasant, mais, moi, je trouvais ça beau », me dit Claire.

 

Après cette confession, elle n’en a plus parlé à personne, en dehors du petit cercle de ses amis intimes. Elle poursuit : « Je ne voulais plus qu’on salisse mon histoire. Je voulais la vivre, puis la chérir un jour, en paix. »

 

« “On ne se voit jamais, regrette Claire.


– Mais je t’ai vue plus longtemps que Sakharov et Walesa!”, plaide-t-il »

 

Claire se souvient aussi du geste de Michel Charasse, le fidèle conseiller, à qui François Mitterrand pouvait tout demander, le gardien des secrets. Dans une voiture qui filait quai Voltaire, le mamelouk du président, qu’elle aimait bien pourtant, l’avait regardée d’un drôle d’air en faisant glisser lentement son pouce sous sa gorge :

 

« Si tu parles… » (…)

 

Il [le président] l’appelle le soir même, à 23 h 15. Ils se chamaillent au téléphone. Claire lui en veut. Il n’est resté qu’une heure chez elle, tout à l’heure. Et la veille, à l’Elysée, il l’a délaissée, n’ayant pas terminé le discours qu’il devait prononcer en l’honneur du physicien et dissident russe Andreï Sakharov. Il a travaillé toute la durée du rendez-vous. « Tu es une muse », lui a-t-il dit en souriant, avant de la chasser.

 

« On ne se voit jamais, regrette Claire.

 

– Mais je t’ai vue plus longtemps que Sakharov et Walesa ! », plaide-t-il.

 

Elle soupire :

 

« Si vous croyez que ça me flatte ! »

 

Il est déçu.

 

« Quittez-moi !, lâche-t-elle brusquement.

 

– Pourquoi moi ?, demande Mitterrand.

 

– Parce que j’en suis incapable, moi. Il faut qu’on arrête. C’est trop difficile.

 

– C’est bien d’avoir tenté l’impossible. » (…)

 

Quand Claire descend dans le hall de son immeuble, la gardienne tire le rideau de sa loge et engage la conversation, l’air de rien.

 

Elle aussi attend le président.

 

C’est une Bretonne. Claire se souvient qu’elle avait les cheveux roux, très fins, une permanente.

 

La gardienne, elle, se souvient de la fille du septième.

 

Pendant huit ans, elle a vu passer François Mitterrand devant sa loge. Elle n’a jamais rien dit. (…)

 

Le déjeuner terminé, ils montent dans son bureau. Mitterrand s’excuse de ne pas avoir de cadeau pour elle et la remercie pour le sien, un joli carnet relié. Claire lui demande de lui écrire dessus. Il répète : pas de traces, pas de traces. Elle lui dit qu’elle a tout prévu : il écrira, lui donnera ensuite le carnet, elle lui répondra, et ainsi de suite. Et, à la fin, promet-elle, il pourra garder l’original. Elle est fière de son plan, qu’elle croit imparable.

 

« Tu es vraiment amoureuse pour avoir des attentions comme ça, c’est attendrissant. Tu es pleine de poésie. »

 

Elle s’approche soudain, lui vole un baiser.

 

« Veux-tu ! », fait-il mine de s’offusquer.

 

Il ferme les yeux, lui dit qu’il est fatigué.

 

« Il y a l’arbre de Noël en bas, mais ils attendront. Je ne suis pas obligé d’y aller tout de suite… Ils me traitent de monarque déclinant maintenant. Mais je vais encore leur en faire voir ! Tu trouves que j’ai l’air d’un monarque déclinant ?

 

– Déclinant, non. »

 

Elle sourit, veut l’embrasser encore. Il dit non, pas ici. Puis il se laisse faire. Ils s’embrassent sans s’arrêter.

 

Dans son agenda, à la date du 21 décembre 1988, Claire note : « Il n’a jamais eu l’air autant attaché à moi. Il semble un peu triste, préoccupé. » (…)

 

Il lui fait lire Lettres à une amie. Mitterrand est intarissable sur ces lettres que Clemenceau a écrites, à la fin de sa vie, à son dernier amour, Marguerite. Il a 82 ans, et elle 40. (…) Claire s’est procuré le lourd recueil, six cent soixante-huit lettres. Elle aime ces mots (…), qu’il lui répète : « Je vous aiderai à vivre et vous m’aiderez à mourir. » (…) Quand Claire cherche à savoir quelle est sa place, Mitterrand lui répond toujours :

 

« Tu resteras jusqu’à la fin. » (…)

 

[Au fil du temps, Claire constate que la santé du président se dégrade, mais sans deviner qu’il souffre d’un cancer.]

 

(…) Mitterrand se rassoit aussitôt qu’elle entre. Il a eu une brutale chute de tension et sa voix a baissé. Plus tôt dans la journée, il s’est brusquement mis à tituber en allant chercher un livre au Pont-Neuf. Il a saigné du nez.

 

« Ce dont j’ai peur, c’est que ça fasse claquer un vaisseau là, poursuit-il en désignant son front. Je ne veux pas être diminué. »

 

Il lui explique qu’il a fait promettre à deux ou trois amis de pratiquer l’euthanasie si son état, un jour, devait brutalement se dégrader. Tout en parlant, il prend sa tête entre les mains, ferme les yeux. Elle lui ordonne de venir se reposer. Ils vont dans la chambre. Mitterrand cherche ses médicaments, les avale avec un verre d’eau. Puis lui demande d’ouvrir le lit.

 

« Tu n’es pas obligée de te déshabiller, mais, moi, j’ai besoin de m’allonger. »

 

Elle s’allonge aussi.

 

« Tu te couches, comme ça, dans le lit de tous les hommes ? », tente-t-il de plaisanter.

 

Mais le cœur n’y est pas. Elle veut savoir si son médecin est là. Le docteur Gubler est parti en week-end et Mitterrand refuse de l’appeler.

 

« S’il m’arrivait quelque chose, ne reste pas…, ordonne-t-il. Tu fileras par cette porte. Je ne veux pas qu’on t’accuse de quoi que ce soit. »

(…)

 

« Le journal “Minute” publie une photo d’Anne Pingeot. La rumeur d’une double vie courait depuis longtemps, mais Claire refusait d’y croire »

 

« Je ne sais pas quand je pourrai te rappeler », lui a dit Mitterrand sur le répondeur.

 

Il a laissé un message jeudi 10 septembre 1992, tard dans la soirée. Un message qui ne ressemble pas aux autres. Claire dort mal cette nuit-là, troublée. Elle appelle l’Elysée le lendemain, on lui passe Marie-Claire Papegay. Elle lui demande si le président est là, si elle peut lui parler. La secrétaire part dans un petit rire sec, répond que ce n’est pas possible, sans expliquer pourquoi. A midi, vendredi, l’Elysée publie un communiqué signé du professeur Adolphe Steg et du médecin personnel de Mitterrand, Claude Gubler, pour informer les Français que le président de la République a été opéré d’un cancer de la prostate à l’hôpital Cochin.

 

Quelque chose se fissure ce jour-là.

(…)

 

La publication de Minute, le 17 mars 1993, est une deuxième cassure.

 

« Pour voir clandestinement la femme de sa vie, il vit caché en plein Paris », titre l’hebdomadaire d’extrême droite qui fait sa « une » sur « le domicile secret de Mitterrand ». Le journal publie une photo de la voiture du président de la République arrivant discrètement quai Branly, et une autre d’Anne Pingeot.

 

La rumeur d’une double vie courait depuis longtemps, mais Claire refusait d’y croire. Elle voit Mitterrand le jour même. La discussion se passe mal. « Tu ne vas quand même pas croire ce torchon », se défend-il, feignant l’indignation. Elle sait bien qu’il s’agit d’un journal grossier, diffamatoire. Mais elle ne trouve pas en elle de quoi lutter. Il ne sait pas non plus la rassurer. Il s’adoucit soudain, lui prend la main.

 

Ce soir-là, Claire ne rentre pas dormir chez elle. Il aurait appelé à l’heure habituelle. Elle ne veut pas lui parler. Il insiste, rappelle le lendemain. Elle ne décroche pas. Il rappelle encore, laisse un nouveau message. Elle résiste.

 

« Sans gloire », écrit-elle dans son carnet. (…)

 

La maladie et les traitements l’ont changé. Il râle, récrimine, devient de plus en plus difficile, capricieux. Les menus qu’on lui soumet ne vont jamais. Il les renvoie raturés, annotés. Les maîtres d’hôtel reviennent en cuisine, déconfits. Claire est gênée d’assister à ces réprimandes. Parfois, elle tente de le raisonner. Il se défend, argumente, lui dit que la viande est mal cuite, le poisson surgelé, il ne comprend pas pourquoi les cuisiniers veulent toujours lui servir des mets sophistiqués alors qu’il n’aime que les choses simples.

 

« Ce n’est pas une raison pour humilier les gens, murmure Claire.

 

– Tu trouves que j’ai été méchant ?, interroge-t-il.

 

– Oui. »

 

Il ironise :

 

« Quoi ? Tu te prends pour la maîtresse officielle ? » (…)

 

[Alors que la santé du président continue de se dégrader, la presse révèle qu’il a eu une fille, Mazarine, avec Anne Pingeot, mais ignore tout de sa liaison avec Claire.]

 

« Qu’est-ce que je prends, qu’est-ce que je prends… ! »

 

Mitterrand est tassé dans le fauteuil de sa chambre. Claire lui dit sa colère et sa peine. Le 10 novembre 1994, Paris Match a publié une photo du président de la République et de sa fille Mazarine, dont l’existence est révélée. « Le bouleversant récit d’une double vie », titre l’hebdomadaire.

 

« Je suis quoi, moi, dans tout ça ? Un jouet ? Une doublure ? »

 

Elle crie, elle tempête. Elle le traite de menteur. Il encaisse mais ne se justifie pas.

 

Les mois qui suivent sont empoisonnés par ces révélations. Quand Claire évoque Anne ou Mazarine, hausse le ton, il plaide doucement :

 

« Arrête… Elles sont gentilles… »

 

« Je ne sais même plus alors de qui, de la mère ou de la fille, je suis jalouse », me dit Claire.

 

On feuillette ensemble son agenda 1994. Elle a pris peu de notes, cette année-là. A la date du 16 novembre, soit six jours après la publication de Match, elle a noté, à 18 heures : « Retrouvailles difficiles après histoire fille. »

 

Elle affirme que plus rien n’a été pareil ensuite. (…)

 

Il l’emmène partout, désormais. Lui ouvre les portes, tous les accès. Il accepte même qu’elle le photographie et répond longuement à ses questions, le petit enregistreur de Claire posé à côté de son fauteuil ou sur son lit. Elle lui a dit qu’elle voulait écrire un livre sur ses derniers mois à l’Elysée. Comme ça, je serai avec toi tout le temps, a-t-elle plaidé. Il ne lui résiste plus. Elle se persuade qu’il a trouvé là un moyen de se racheter, après les révélations sur Anne et Mazarine. Il est épuisé. (…)

 

« Elle a lu les lettres, éblouissantes, que Mitterrand a écrites à Anne Pingeot entre 1962 et 1995 »

 

[Au printemps 1995, François Mitterrand se prépare à quitter l’Elysée, où il est installé depuis quatorze ans. Claire est présente.]

 

Assise dans un coin, elle le regarde ranger sa chambre. Une valise est posée sur le lit. Des cartons partout. On a décroché aussi les tableaux. Le déménagement entre l’Elysée et la rue de Bièvre est un crève-cœur. Lui, le collectionneur, déteste jeter, se séparer des objets.

 

« C’est dommage, lance-t-il, j’aimais bien ma chambre… »

 

Il a commencé par les livres. Il dit que c’est le gros morceau, qu’après ça ira plus vite.

 

« Des livres que j’ai acquis en un demi-siècle… Je vais les envoyer au centre Jean-Jaurès, à Nevers, comme ça ils ne seront pas séparés. Quand je serai mort, ils s’écrouleront sous la poussière. » Plusieurs gardes du corps sont venus l’aider. Le plus grand sort les livres de l’étagère, un autre les range dans les cartons, un troisième dresse l’inventaire. Le président donne des ordres, assis dans son fauteuil. Il précise qu’il n’aurait jamais pu faire ça tout seul, comme s’il se justifiait d’avoir enrôlé les gendarmes. Puis :

 

« Je ne crois pas que je passerai 1995. »

 

Pour chasser la mélancolie, les gardes du corps ont une idée : habiller chaque rayon vide de la bibliothèque avec des bibelots qui resteront jusqu’à la fin. (…)

 

Je lui parle des Lettres à Anne, publiées par Gallimard en 2016. Claire me dit qu’elle a accueilli cette nouvelle révélation avec calme. Le temps a passé, elle se sent en paix désormais. Après toutes ces années, âpres et épuisantes, à l’attendre tout en redoutant sa mort, elle n’a plus peur de rien.

 

C’est le mot repos qui lui vient.

 

Elle a lu les lettres, éblouissantes, que Mitterrand a écrites à Anne Pingeot entre 1962 et 1995. Au départ, Claire choisissait des dates qui avaient un sens pour elle. Son anniversaire, par exemple, qu’il fêtait tous les ans avec elle, le soir. Ou l’anniversaire de leur première rencontre, rue de Bièvre, le 12 juillet, qu’ils passaient toujours ensemble. Pour voir si, ces jours-là, il avait écrit à l’autre et, si oui, ce qu’il lui avait dit. Elle n’a rien trouvé de particulier.

 

Elle me dit : « Anne a été son grand amour. » Il n’y a pas d’amertume dans sa voix. (…)

La dernière biographie vraiment originale est due à la plume d’un anglais Philippe Short « François Mitterrand » Portrait d’un ambigu. L’auteur dans son prologue annonce la couleur « Les autres nations font face à des scandales. Les Français, eux, font face à des affaires » et dans ses remerciements il remercie le ciel de l’avoir envoyé en France sous la présidence de François Mitterrand. Comme je le comprends moi, l’homme de l’ombre, qui a passé sa vie à se glisser dans les plis. Souvenir d’André Rousselet, premier directeur de cabinet du nouveau Président de mai 81, «dont les récits tendres et ironiques et lucides sur son ami, François Mitterrand » ont été précieux pour Philippe Short. « Grâce à lui, Anne Pingeot accepta de mettre sa discrétion légendaire de côté pour me parler de l’homme avec qui elle partagea pendant plus de trente ans un amour extraordinaire et courageux. Elle fut « l’héroïne d’un film que personne ne verra jamais », selon les mots de leur fille, Mazarine. »

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2 octobre 2021 6 02 /10 /octobre /2021 06:00

https://cache.larvf.com/data/photo/w600_h315_c1/40/6601.jpghttps://cache.larvf.com/data/photo/w660_c18/40/6601.jpg

Je  ne sucre pas encore les fraises mais mon âge avancé m’a permis de vivre le conflit larvé Sud-Nord à propos du droit de sucrer le moût, en terme plus soft : chaptaliser !

 

Why increase the alcohol level in the Languedoc? Stop chaptalisation! |  BKWine Magazine |

 

En clair, la France viticole du nord avait le droit de chaptaliser, après demande, toujours accordée, alors que celle du SudLanguedoc-Roussillon, Provence, Côtes-du Rhône sud… en était privée ; les côtes-du-rhône étaient coupée en 2, celle du Nord pouvaient, celles du sud non.

 

Comme nous avions porté la plume européenne cette césure était devenue européenne car nos amis allemands pratiquant le sucrage-mouillage nous avaient soutenus : le donnant-donnant franco-allemand. Bien évidemment nos voisins italiens hurlaient à la distorsion de concurrence, ils n’avaient pas tort même si leur pratique en vin de table n’était pas toujours très catholique. L’entrée de l’Espagne renforça le camp des adversaires de la chaptalisation.

 

La plaisanterie est en effet saumâtre puisque les vins du Nord, majoritairement d’AOC, l’élite, chantant la vérité du  terroir, l’authenticité, chaptalisaient et chaptalisent encore à tour de bras alors que la piétaille languedocienne, le gros rouge, le vin popu, le 13° en litre étoilé s’en voyait privé. La seule restriction pour les AOC chaptalisées c’est que les vins ne pouvaient pas être déclassés en vin de table.

 

Ça chauffait dur et le mou Pierre Méhaignerie, ministre de l’Agriculture commanda un rapport à mon directeur de l’ONIVIT, Pierre Murret-Labarthe, afin de dénouer ce nœud gordien. Celui-ci proposa de permettre aux viticulteurs du sud d’enrichir leurs moûts avec des moûts concentrés ou des moûts concentrés rectifiés dit MCR en effet du sucre de raisin. Ce qui fut fait et entériné à  Bruxelles.

 

Chaptalisation : procédé qui consiste à enrichir de sucre le moût en fermentation afin d’augmenter son potentiel en alcool. ICI 

Jean-Antoine Chaptal — Wikipédia

Cette invention est l’œuvre du chimiste français Chaptal, d’où le nom de chaptalisation. En général, on pratique la chaptalisation lors des années difficiles, lorsque la pleine maturité du raisin n’est pas atteinte. Ainsi, le sucre ajouté se transforme en alcool de la même manière que le ferait le sucre naturel contenu dans le raisin. Chaptaliser est en France strictement règlementé. ICI

 

LA FRAUDE ET LE VIN - Caves coopératives de vinification d'ici et  d'ailleurs.

 

Sans cacher derrière son petit doigt la chaptalisation permet la mise en marché de vins qui, sans elle, ne le pourraient pas, on augmente donc artificiellement les volumes. Quant à la vérité et l’authenticité du vin je vous laisse juge. Le moins qu’on devrait faire c’est de porter la mention chaptalisé sur le flacon.

 

Bref, pour le baratin nous sommes très bon mais de moins en moins crédibles. Certes, économiquement c’est justifié mais les pourfendeurs des vins nu devraient fermer leur clapet.

 

Pas de sucre dans le vin. Il faut une interdiction de l’UE

La crainte de pénurie de sucre explose les coûts de chaptalisation

Mardi 28 septembre 2021 par Alexandre Abellan

 

L’apparition de foyers de pourriture accélère la vendange et augmente le besoin de chaptalisation. - crédit photo : ODG Médoc

Le besoin d’enrichissement des moûts met sous tension l’approvisionnement du vignoble pour assurer les montées en degrés alcooliques nécessaires face au ralentissement des maturations et à l’augmentation du risque de pourriture grise.

 

Le saccharose mis à sac et les Moûts Concentrés Rectifiés (MCR) en grande tension. Le rythme de maturation allant moins vite que le risque Botrytis, les vendanges s’accélèrent dans le vignoble français, augmentant mécaniquement le besoin en sucre pour enrichir les degrés et retrouver des profils habituels. Dans de nombreux bassins viticoles, la tendance est au stockage pour anticiper les besoins futurs. « Ceux qui attendent les analyses en cuve pour préparer leurs achats risquent d’avoir une mauvaise surprise » prévient un vigneron bordelais, qui a vu la semaine dernière le prix du kilo de sucre augmenter de 10 centimes. Face à la crainte de ne pas pouvoir suffisamment chaptaliser, les opérateurs stockent selon leurs besoins, très variables selon les terroirs et leurs volumes de saccharose en réserve. « Nous allons devoir faire tomber du sucre, mais nous en avons suffisamment en stock » indique ainsi un vinificateur dans le Beaujolais.

 

Pour d’autres fournisseurs, le besoin explose soudainement, exacerbé par la crainte de pénurie. Si la petite récolte dans le Muscadet réduit à peau de chagrin les besoins dans le pays nantais, les demandes augmentent en Anjou et Touraine indique Philippe Serrault, le directeur général de Loire Viti Vini Distribution (LVVD), qui a reçu pour la première fois des appels d’autres vignobles pour se fournir en sucre, comme Gaillac. « Nous avons la chance d’avoir passé un contrat d’approvisionnement qui nous protège des fluctuations » souligne le fournisseur, voyant dans l’anticipation une solution aux tensions actuelles sur les matières premières (bouteilles, cartons…). « Le fond du problème c’est la spéculation mondiale sur le sucre » note Stéphane Becquet, l’animateur conseil du Syndicat des Vignerons Bio de Nouvelle-Aquitaine, qui reste confiant dans les disponibilités régionales en sucre certifié bio (coûtant deux fois plus cher que le conventionnel).

 

MCR

 

Pour réussir des vinifications techniques, les alternatives au sucre existent, comme l’assemblage 85/15 de millésimes différents (pour baisser les degrés alcooliques 2020 et remonter ceux 2021) et les MCR. Ces derniers sont le seul outil d’enrichissement des moûts dans le Sud, où l’ajout de sucre de betterave est interdit. Actuellement, les demandes de MCR sont significatives sur l’ensemble du vignoble français rapporte Yoann Maillard, le directeur marketing de l’union de distilleries coopératives Grap’Sud, l’un des principaux producteurs de MCR pour le marché français. Faisant tourner à plein régime ses installations de la Mancha pour répondre à la demande de ses adhérents et d’autres vignobles français, « nous sommes globalement en mesure de faire face à la demande » rassure Yoann Maillard, ajoutant que les tarifs sont en forte hausse de leur côté, répondant aux lois de l’offre et de la demande avec une augmentation de 40 à 50 % du prix des MCR depuis le début de la campagne par effet d’aubaine.

 

« Je n’entends pas parler sur le terrain de gens n’ayant pas réussi à trouver de MCR, mais la raréfaction de vins espagnols après le gel raffermit les prix. On a atteint des prix allant de 2,5 à 4 €/°.hl » indique Laurent Vial, le directeur du secteur de l’Hérault pour l’Institut Coopératif de la Vigne (ICV). À date, la situation sanitaire reste globalement maîtrisée, mais l’absence d’évolution des degrés alcooliques et l’humidité de la météo forcent à accélérer le ramassage. « Cela faisait des années que l’avait oublié la problématique d’un millésime tardif ayant du mal à accumuler des sucres » souligne Stéphanie Prabonnaud, consultante pour le laboratoire Natoli & Associés dans le Langeudoc, qui souligne des problèmes de livraison de MCR pour les gros faiseurs alors que les fermentations alcooliques n’attendent pas en cuve. « On ne parle pas d’enrichir toute une cave, mais certains lots (comme le cinsault après les pluies) » conclut l’œnologue.

 

 

 

Connaissance du vin - Frise chronologique histoire du vin - Inrap

Pas de sucre dans le vin. Il faut une interdiction de l’UE ICI
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30 septembre 2021 4 30 /09 /septembre /2021 06:00

Votre serviteur, bien sûr !

 

18 septembre 2010

« La cuisine émoustille l’âme : je choisis mon pain entre cent, à des lieues, et je foule mon vin moi-même... »

 

Retour au calme ce matin, désolé de ne pas tendre la joue gauche lorsque l'on me soufflète la droite, je suis ainsi fait mais je continue de penser que certains volent plus vite au secours des importants alors qu'ils s'abstiennent lorsqu'il s'agit de défendre des va-nu-pieds des railleries d'une huile... Mon papier sur la Corse valait quelques commentaires, pourquoi n'y en a-t-il pas cher Norbert et autres ? J'adore la cannelle mais pas dans le vin...

 

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La parole est à un sage : Joseph Delteil. ICI  

 

Et voilà t’y pas que le POINT Florence Monferran

 

* Historienne, chercheuse diplômée de l’université Jean-Jaurès à Toulouse, vigneronne aujourd’hui près de Montpellier, Florence Monferran s’attache depuis une dizaine d’années à mettre en lumière des patrimoines et des terroirs de grande qualité, des vins et des cépages du Languedoc, afin tant d’œuvrer au maintien de la viticulture que d’éveiller à une culture du vin protéiforme. Elle a ainsi mené le projet Terre apiane sur les muscats et travaille à démontrer l’excellence des productions en vins blancs en Languedoc. En 2020, elle a fait paraître l’ouvrage « Le Breuvage d’Héraclès », aux éditions Privat. Du discours à la pratique, il ne restait plus qu’un pas, que Florence Monferran a franchi en redonnant vie à de petites parcelles entièrement en muscat à petits grains, à Mireval (Hérault). Une façon de passer du mot à l’ouvrage, de tendre des ponts entre les temps.

 

Tuilerie de Massane a proximite de Montpellier, demeure du poete Joseph Delteil (1894-1978).

 

Joseph Delteil et la Tuilerie de Massane : un patrimoine à sauver ICI

 

Prix Femina en 1925, ami de Chagall, Soulages ou Henry Miller, cet écrivain avait investi une demeure historique aujourd’hui à l’abandon et menacée par un projet immobilier.

 

Tuilerie de Massane a proximité de Montpellier, demeure du poète Joseph Delteil (1894-1978).

 

Par Florence Monferran*

 

La vigne est la plante délicate par excellence. Elle exige des soins constants, une sorte d’intelligence ou de divination manuelles. Puis, un beau matin, une gelée, un coup de grêle emportent tout. Dans ces soucis, dans cette précarité́, le plus humble paysan puise le sens d’une vie supérieure. De se savoir à la merci d’un nuage prédispose l’âme à la métaphysique, à la religiosité́ – aux chimères aussi… Le vin, d’ailleurs, est aujourd’hui l’âme de ce territoire, et son espèce de dieu. Il lie et centre l’esprit d’un peuple entre tous individualistes, et dont la vie sociale risque de retourner à la tribu. Il l’enjolive aussi et le pare de ses grâces. Il lui apporte la dorure de Bacchus. » Extrait de La Belle Aude, 1930

 

À la saison des vendanges, les Journées européennes du patrimoine nous ouvrent des portes inconnues. Arpentant des chemins inattendus, elles dévoilent des histoires, ravivent de délicieux souvenirs. Mais elles alertent aussi sur la préservation nécessaire de pans de notre mémoire collective. Tel est le cas d’un domaine viticole en perdition, lieu de création d’une œuvre littéraire effacée.

 

Aux portes de Montpellier, à Grabels, à deux pas du Domaine d’Ô, haut lieu de la culture locale, la Tuilerie de Massane attend de renaître enfin de ses cendres. Figés dans l’instant, comme victimes d’une catastrophe naturelle, l’édifice, pillé, fragilisé, ses jardins et terrasses sont désormais interdits d’accès. Pourtant, ils accueillirent pendant plus de quarante ans un des écrivains les plus originaux du XXe siècle, Joseph Delteil, mi-écrivain mi-vigneron, et sa compagne, l’Américaine Caroline Dudley.

 

Joseph Delteil avait été adulé à la capitale, notamment par les surréalistes, pour avoir écrit en quelques années des livres incandescents. Il enchaîna Sur le fleuve Amour (1922), Choléra (1923) et une Jeanne d’Arc iconoclaste (1925, Prix Femina) adaptée au cinéma par Carl Dreyer. Né près de Limoux, son accent occitan à couper au couteau détonnait dans les salons parisiens, dont il était la coqueluche. Pourtant, il fuit… cap au sud, avec ses amis Marc Chagall et Robert Delaunay. Perpignan (1927), La Belle Aude (1930) portent trace de ce retour aux sources. Sa rencontre en 1930 avec Caroline Dudley, initiatrice de La Revue nègre, marque un tournant. Caroline a fait venir des États-Unis une troupe d’artistes noirs autour du jazz-band de Sidney Bechet. Elle triomphe avec une jeune inconnue, Joséphine Baker. Joseph Delteil, émerveillé, fait de Caroline la compagne de sa vie. Elle achète une propriété viticole, Trinquevedel, près de Tavel, puis la Tuilerie de Massane en 1937. Joseph Delteil se retire alors de la vie intellectuelle parisienne pour entamer une longue quête du bonheur. « Et je suis parti… J’ai quitté Paris, j’ai quitté le monde pour un monde meilleur. » (La Deltheillerie)

 

La Tuilerie de Massane

 

De la métairie du XVIe siècle des seigneurs de Massane, ventre de Montpellier qui nourrissait la ville, il fit son repaire. « Donc il y avait là-bas dans les garrigues de Montpellier une espèce de vieille métairie à vins, à lavandes et à kermès, a demi abandonnée, et dont j’ai fait une oasis dans le désert, un point de vie comme il y a des points d’eau. » Il y produisit son vin, au milieu des vignes et des garrigues mêlées, autant qu’il y instaura un mode de vie poétique. La Deltheillerie (1968), véritable profession de foi qui inspire les soixante-huitards, décrit cette vie à l’écoute des sens et des sensations.

 

La Tuilerie en elle-même constitue un patrimoine bâti remarquable, utilisé dès le Moyen Âge pour fabriquer tuiles et briques à destination de Montpellier. Charles Gabriel Leblanc la rachète en 1736. Il se sert de la source d’eau antique pour créer un vaste réseau hydraulique. Ainsi, il alimente les immenses jardins et fontaines du Domaine d’Ô voisin, qu’il vient également d’acquérir. L’ensemble constitue, selon le jeune historien Elias Burgel, l’une des dernières traces d’un patrimoine diffus, éclaté sur la périphérie de Montpellier en Folies [1] et métairies aujourd’hui bétonnées.

 

Le vin et les passants célèbres

 

À l’intérieur, un chai aux dimensions colossales, aux immenses foudres, témoigne d’un XXe siècle où le vin coulait à flots en Languedoc. Quelques bouteilles noyées de poussière, un foudre effondré sur lui-même, il reste bien peu. Le comédien Jean-Claude Drouot se rappelle comment élaborer du vin était « quelque chose de merveilleux » pour lui. Il raconte comment Joseph servait son vin à table, à la pipette, comment il avait ritualisé les toasts portés entre amis. Il faisait lui-même sa cartagène et donnait ses conseils pour bien embouteiller, que la biodynamie ne désavouerait pas. Mais ses écrits parlent encore mieux de son lien intime à la vigne et au vin, né dès son enfance au pays de la blanquette et de La Belle Aude, conforté par ce rapport étroit à la nature qui pétrit dès lors son œuvre.

 

 

Là, dans cette tuilerie surplombant Montpellier de son sauvage espace, le milieu intellectuel dont il s’est retiré vient à lui, du monde entier. On ne compte plus les passants célèbres. Les amis fidèles – Chagall, les Delaunay, Pierre Soulages qu’il héberge pendant la Seconde Guerre mondiale –, les écrivains, d’Henry Miller – « Delteil est un ange, d’où sort ce type ? » – à Frédéric-Jacques Temple, Lawrence Durell et bien d'autres, se croisent là, en un impressionnant carrefour de cultures.

 

Aujourd’hui encore, les intellectuels défilent à la Tuilerie en ruines. Ils se mobilisent autour du lieu, de l’homme, de l’œuvre. En 2018, Fabrice Luchini et Pierre Soulages soutiennent la pétition lancée par la revue Souffles. En juillet 2021, le philosophe Michel Onfray et le peintre Robert Combas se déplacent également sur le site.

 

Delteil, plus célébré aux États-Unis qu’en France

 

L’esprit qui préside à son œuvre résonne à nos oreilles d’une étonnante modernité pour un homme qui prônait une Cuisine paléolithique (1964), « celle qui apparut dès le commencement par pur instinct, simple appétit entre l’homme et le monde ». Un retour aux origines, à l’état naturel, évocateur de pratiques culturales récentes. À l’homme-machine, utilisé comme un outil, il substitue l’avènement de l’homme-nature. Il dépeint une « frugalité heureuse » – aux accents de décroissance – qui doit nous inciter à repenser nos modes de vie. La rupture brutale avec la capitale comme l’harmonie entre humains, animaux et campagne qu’il recherche à Grabels parlent à nos propres interrogations.

 

 

L’œuvre et la vie de Joseph Delteil et Caroline Dudley sont célébrées dans le monde entier, notamment aux États-Unis, à l’université Columbia ou chez les Amis d’Henry Miller. Mais nul n’est prophète en son pays. Malgré la densité de l’œuvre, l’acuité de la vision, rien n’a été fait, encore, pour sauvegarder ce lieu mythique. Rien n’a été fait, encore, pour protéger des patrimoines remarquables, tant bâtis que naturels. La métairie, la source de Massane, sources de vie de Montpellier depuis le Moyen Âge, le parc et ses jardins, les vignes et les garrigues interpellent nos consciences.

 

Quel avenir pour La Deltheillerie ?

 

Après trente-cinq ans d’indifférence et de tergiversations, le projet de la ZAC Gimel, élaboré en 2019, englobe la Tuilerie et ses sept derniers hectares dans un équipement culturel (salle des fêtes, cinéma, école) au milieu de 850 logements [2]. Il ne correspond pas, pour les associations fédérées aujourd’hui en Comité de sauvegarde de la Tuilerie de Massane, à l’esprit de La Deltheillerie [3].

 

Gardarem lo Delteil propose d’isoler la Tuilerie de l’ensemble de la ZAC, de porter le projet à la compétence de la métropole et de travailler en trois axes : restaurer les bâtis, protéger les espaces naturels, la source d’eau et leur biodiversité, défendre un projet culturel (autour d’une maison d’écrivain) pour que la Tuilerie de Massane, lieu de mémoire et lieu de vie, retrouve sa dignité, sa fonction et son objet. « Un rapport à l’autre, à la nature et à la culture », commente, en première ligne de ce mouvement de sauvegarde, Alice Ciardi-Ducros, médecin qui côtoya Joseph et Caroline.

 

La thématique des Journées du patrimoine cette année, « Patrimoine pour tous », prenait tout son sens à Grabels. Joseph Delteil appartient à tous, et il nous appartient de nous en souvenir. Dans une lettre à Henry Miller, il écrit : « N’essayez pas de changer le monde. Changez de monde ! » Des mots que le temps, les modes ne démodent pas. C’est sans doute pour cela que Joseph Delteil et Caroline Dudley ne peuvent être effacés du paysage littéraire et montpelliérain, avec ses vignes, son vin et ses garrigues mêlées.

 

[1] Le terme désigne des résidences d’été de l’aristocratie, qui fuit la chaleur urbaine à la campagne, tout en restant proche de Montpellier.

 

[2] Projet consultable ici : ville de Grabels

 

[3] Pétition en ligne ICI 

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28 septembre 2021 2 28 /09 /septembre /2021 06:00

SantYuste Paraje Vayuste 2020 | Decántalo

Même si ça ne se dit plus de nos jours, je suis dans le ventA Hard Day's Night 1964 Les Beatles – chébran – « Quand j'étais enfant, déjà, on inversait l'ordre des syllabes dans le mot, ce n'est pas très nouveau. Ça veut dire branché bien entendu [...] mais c'est déjà un peu dépassé, vous auriez dû dire 'câblé'François Mitterrand le 29 avril 1985 interview d’Yves Mourousi – je suis en langue d’aujourd’hui : tendance.

 

La preuve en est que je me suis résolu à endosser le statut de dégustateur pour le compte d’un groupe WhatsApp de dégustation initié par une caviste naturiste. D’une certaine manière je me la joue Butane&Degaz pour le compte de Monoprix, sauf qu’ici, contrairement à eux, je bosse pour des prunes.

 

Deux remarques :

 

  • la dégustation est l’art de l’acheteuse ou de l'acheteur qui achète pour revendre : caviste ou acheteuse ou acheteur de GD, au-delà  de ses goûts personnels il se doit de répondre aux goûts de sa clientèle. J’ai exercé la fonction de dégustateur à la SVF en tant que négociant-embouteilleur. Que les amateurs, grands ou petits, se livrent à la dégustation c’est pour faire joli, leurs commentaires sont pour la cantonade, pour flatter leur ego, ils n’ont aucune utilité. Pour ce qui est des critiques ou des blogueurs, le temps béni où ils se croyaient influenceurs est terminé. (vous mettez tout au féminin)

 

  • Du côté de la maison Bettane&Desseauve, je l’estime infréquentable depuis qu’elle abrite le sieur Rin de Rien, N de Rouyn, dont je me garderais bien d’attribuer un qualificatif, ce serait m’abaisser à son niveau. Pépé Louis aurait dit « Bon à jeter au bourrié ! »

 

Revenons à ma nouvelle fonction :

 

Esmeralda Garcia (@verdejosegovia) | TwitterMichika | Esmeralda garcia | Santiuste, SegoviaSantYuste Paraje Vayuste 2020 | Decántalo

 

  • WhatsApp s’agite : demain 13 h dégustation Esmeralda Garcia avec Fleur Godart.

 

  • Je tope.

 

  • Le jour dit, j’enfourche mon destrier, traverse la Seine, bon pour le service.

 

  • Fleur est à l’heure, elle pose son scooter sur les places réservées à cet effet, porte sa besace emplie de ses flacons destinées à la dégustation, nous nous saluons.

 

  • Nous sommes en terrasse, 5, une plus 4, ICI 

 

  • Fleur est à la manœuvre.

 

Santiuste de San Juan Bautista est une petite ville de 500 habitants de la province de Ségovie, proche des limites entre les provinces d'Avila et de Valladolid.

 

Les vignobles sont situés à une altitude comprise entre 800 mètres et 890 mètres, autour de la plaine castillane, de la forêt et de la rivière.

 

À Santiuste, avec quatre ou cinq autres villages de la région, il y a les plus anciens vignobles de la variété Verdejo, dans certains cas plus de 200 ans, en autonome, pré-phylloxéra.

 

Le climat est continental, avec des hivers très froids, où les températures nocturnes atteignent -12ºC, et les températures diurnes ne dépassent pas 10ºC. Les étés sont secs et très chauds, avec peu d'humidité ambiante, les températures diurnes oscillent entre 35-40ºC et les températures nocturnes entre 15-20°C Cet important saut de température entre le jour et la nuit, agit en faveur de l'équilibre dans l'affinage entre le degré et l'acidité.

 

Les précipitations sont généralement concentrées pendant la saison hivernale et le printemps, et jusqu'à il y a quelques années, les précipitations étaient en moyenne de 600 mm, actuellement on dit qu'elles sont d'environ 400 mm

 

Dans de nombreux cas, compte tenu de l'âge des parcelles, des déformations subies au fil des années, des failles, des scions... il n'y a pas un alignement très marqué des souches, même si on peut dire que la superficie de la plantation dans exactement 2,70 x 2,70, ayant une densité moyenne de plantes de 1000 souches / hectare.

 

Comme dénominateur commun, les sols sont des calcaires argilo-sableux de grande profondeur (entre 1 et 3 mètres), avec des particularités de chacun des sites : sables de dégradation éolienne, dépôt d'érosion hydrique, blocs rocheux, argile...

 

En raison de la longévité des plants, des conditions climatiques, de la variété de raisin, du type de sol, de la production moyenne elle se situe entre 1 500 - 3 000 kg/hectare.

 

SantYuste Paraje Vayuste 2020 | DecántaloEsmeralda García – sagerandwineVin de Esmeralda García · Vinissimus

 

Cépage unique Verdejo ICI Le verdejo est un vieux cépage blanc, très certainement originaire d’Afrique du Nord. Il est majoritairement utilisé en Espagne même si on le retrouve parfois en Australie, Bulgarie, Chili ou Nouvelle-Zélande. Sa capacité d’adaptation au climat chaud et au long hiver lui a permis de trouver sa place dans la province Castilla y Leon au nord-ouest de l’Espagne 

 

Vendanges manuelles en caisses de 15 kg. Les raisins sont ramassés le matin, profitant du fait qu'ils sont encore froids de la nuit, ils sont traités de midi au soir, les raisins récoltés l'après-midi sont stockés dans les caisses pendant la nuit pour refroidir à température ambiante et traité le matin.

 

Nombre de bouteilles par cuvée peu important.

 

1- Arenas de Santyuste

 

Les raisins proviennent de différentes parcelles de la ville : Carrascal, Vallejo, Seteao, Blanchisseuse, vayuste, Fuentecilla. L'âge de ces vignobles varie de 140 à 200 ans, en préphylloxérique.

 

Un pressurage très léger et de longue durée est réalisé avec un petit pressoir pneumatique, pendant lequel la peau du raisin est macérée.

 

Les jus sont directement transférées dans une cuve en acier inoxydable et des amphores où la fermentation est effectuée sans contrôle de température pendant environ 30 jours, se poursuivant de manière statique jusqu'à la mise en bouteille, qui est réalisée sans micro-filtrage ni ajout d'additif.

 

2- El Carrascal

 

Situé au nord à une altitude de 880 mètres. Sol limono-sableux calcaire issu de la dégradation éolienne du massif central, à forte teneur en blocs, une profondeur de sable de 1,5 mètre, à base d'argile. Il convient de mentionner que sur ce site, il y a des traînées de cendres provenant d'établissements préromains à cet endroit. L'âge de ces vignobles varie entre 180 et 200 ans.

 

Le paysage de ce site est une plaine typique du plateau castillan, d'où l'on peut voir la ville, la mer de pins et en arrière-plan, le massif central, il est possible de voir Somosierra à gauche, Navacerrada au centre et Gredos à droite...

 

Un pressurage manuel longue durée est réalisé dans une presse verticale.

 

La plus grande partie du jus va dans des amphores d'argile, où il fermente et reste sur lies pendant environ six mois environ, d'où il est mis en bouteille sans micro-filtrage ni ajout d'additif.

 

4- Vallejo

 

Situé au sud à une altitude de 835 mètres. Sol limono-sableux crayeux d'origine de dégradation éolienne du massif central, avec quelques cailloux superficiels, et profondeur de sable de 2 mètres, à base d'argile. L'âge de ces vignobles se situe entre 130 et 180 ans.

 

Le vignoble est situé dans un environnement urbain, protégé par les maisons de Vallejo et les rues de Sopas de Ajo, ainsi qu'une ancienne vasière. Certains vignobles sont disposés sur un coteau léger d'exposition est-ouest.

 

Un pressurage manuel longue durée est réalisé dans une presse verticale.

 

La plus grande partie du jus va dans des amphores d'argile, où il fermente et reste sur lies pendant environ six mois environ, d'où il est mis en bouteille sans micro-filtrage ni ajout d'additif.

 

4- La Fuentecilla

 

Situé au nord-est à une altitude de 820 mètres, direction la ville de Coca. Sol limono-sableux calcaire, de dérivation différente : origine de la dégradation par le vent dans la partie supérieure du site avec une profondeur moindre (environ 1 mètre), et dépôt de sable par érosion hydrique, avec une profondeur plus élevée d'environ 2 mètres).

 

L'âge de ces vignobles varie entre 130 et 180 ans.

 

Situé dans le plateau castillan, avec une légère pente nord, sud dans certaines parcelles, et influencé par le ruisseau souterrain du Salmoral qui traverse une partie de la limite. Dans cette zone, les sources de ce ruisseau remontent à la surface, d'où le nom du site : Las Fuentecillas (Les Petites Fontaines)

 

Un pressurage manuel longue durée est réalisé dans une presse verticale.

 

La plus grande partie du cru va dans des amphores d'argile, où il fermente et reste sur lies pendant environ six mois environ, d'où il est mis en bouteille sans micro-filtrage ni ajout d'additif.

 

5- Vayuste

 

Situé au sud-est à une altitude de 800 mètres, en direction du village de Nava de la Asunción.

 

Le sol est sablonneux avec des composants sodiques, dont l'origine remonte à la période tertiaire, lorsque ce qui sont actuellement des champs, étaient les plages de l'ancienne mer de Castille, la mer de Téthys.

 

La profondeur du sol de Vayuste est de plus de 3 mètres pour atteindre une petite veine d'argile d'à peine 30 cm, suivie d'un autre 2-3 mètres de sable.

 

L'âge de ces vignobles varie entre 180 et 220 ans.

 

L'environnement de ce site, un massif forestier de pins parasols (Pinus Pinea) et de pins résineux (Pinus Brutia), où les souches de raisin se mêlent aux arbres, en bordure du canyon de la rivière Voltoya.

 

Toutes ces particularités font de Vayuste un site exceptionnel, où le froid est plus intense au printemps, l'ombre est apportée par la pinède et la fraîcheur de la rivière, protège les souches des températures élevées des mois d'été.

 

Un pressurage manuel longue durée est réalisé dans une presse verticale.

 

La plus grande partie du cru va dans des amphores d'argile, où il fermente et reste sur lies pendant environ six mois environ, d'où il est mis en bouteille sans micro-filtrage ni ajout d'additif.

 

6- Las Miñañas, vin parcellaire

 

Situé dans la région de Carrascal, à une altitude de 880 mètres, d'où l'on peut voir Santiuste et toute sa limite de ville, avec un sol sablo-calcaire, des rochers et un paysage de plaine du plateau.

 

L’essentiel du vignobles du Carrascal est situé sur le côté droit d’une route qui traverse, tandis que le petit et ancien vignoble de Las Miñañas est le seul vignoble situé de ce côté du site.

 

L'emplacement dans la zone donne un caractère spécial, où la puissance de Carrascal devient délicate, grâce à l'eau du ruisseau souterrain Salmoral, dont le lit de la rivière passe en dessous sur le chemin de la Fuentecilla.

 

La parcelle des Miñañas, est aussi la parcelle familiale, étant la première que les grands-parents de la vigneronne ont achetée. C'est le vignoble de mon enfance, de mon adolescence et maintenant de ma maturité.

 

Son nom, Las Miñañas, est le surnom de ma famille, d'origine matriarcale.

 

Un pressurage manuel longue durée est réalisé dans une presse verticale, laissant un temps de contact avec les peaux.

 

Le jus brut va dans un tonneau de bois de châtaignier, où il fermente. Plus tard, il passe dans une amphore en argile où il repose jusqu'à la mise en bouteille, sans micro-filtrage ni ajout d'additifs.

 

8- Michiko, Vin de vieillissement biologique

 

Basé sur l'union des racines maternelles et paternelles de la vigneronne (Ségovie et Cadix), le vin est élaboré dans une amphore à partir de raisins du site de Carrascal, puis il passe dans un fût de Xérès de l'année 1967 pour rester un an avec un vieillissement oxydatif sous une souche de levure (voile de fleur).

 

La mise en bouteille se fait sans micro-filtrage ni ajout d'additifs.

 

8- Michika, l'élégance spontanée.

 

« Un peu d'ici un peu de là, pas de règles : ce qui ne va pas, ce que j'aime, ce que j'ai envie d'essayer... » Verdejo de vignes pré-phylloxéra réalisé en tourie traditionnelle en verre de 16 litres.

 

La mise en bouteille se fait sans micro-filtrage ni ajout d'additifs.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour les petites louves et les petits loups je précise que l’exercice dégustatif se déroule ainsi :

 

  • Tout en présentant la cuvée à déguster Fleur verse dans nos verres des lichettes du nectar ;

 

  • Les doué (e)s d’une belle rotation du poignet font valser le nectar dans le verre (j’en suis totalement incapable) ;

 

 

  • Ensuite c’est la plongée du nez, ça je sais faire ;

 

  • En tenant le verre par la rondelle du pied ingurgitation d’un soupçon du nectar qui va rincer délicatement les papilles, certain (e)s amplifient sur le mode gargarisme, pas moi ;

 

 

  • Expulsion du gorgeon de nectar dans un seau à glace. Certain (e)s ont le jet fluide et droit, parfois même élégant. Moi, je me penche ;

 

  • Certains licheurs ou licheuses ne crachent pas, le risque de finir pompette n’est pas leur souci, pour ma part, lorsque le nectar me plaît, je m’envoie une larme sauvegardée au fond du verre ;

 

 

  • L’acheteuse en chef couvre son petit carnet de notes ;

 

  • Votre serviteur, lui, prends  des photos des flacons.

 

 

Je sens poindre une question : « Que choisirais-tu ? »

 

  • Tout !

 

  • Pourquoi ?

 

 

  • Parce, même si j’ai préféré une cuvée en particulier, l’ensemble des cuvées 1 à 6 est un ensemble que je ne souhaite pas rompre.

 

  • Alors, quelle est la fameuse cuvée que tu as préférée ?

 

 

  • Secret professionnel, je dois la réponse à la seule l’acheteuse en chef.

 

  • Et la 7 et 8 ?

 

 

  • Valent le détour, je prends aussi…

 

  • Qu’as-tu fait après cet effort ?

 

 

  • Suis allé déjeuner en face chez Giovanni Passerini.

 

 

 

 

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27 septembre 2021 1 27 /09 /septembre /2021 06:00

 

Une journée avec… OLIVIER JACQUET « À l’origine de… « l’Origine »

 

Beau titre de l’interview de Sonia Lopez Calleja dans le dernier Le Rouge&leBlanc.

 

OLIVIER JACQUET

 

Docteur en histoire. - Ingénieur de recherche chargé de mission pour la chaire UNESCO "Culture et traditions du vin" de l'Université de Bourgogne et chercheur associé au Centre Georges Chevrier, UMR CNRS 3603 (en 2009) Membre du comité de rédaction (Secrétariat scientifique) de la Revue électronique Territoires du vin publiée par la Maison des Sciences de l'Homme de Dijon.

 

Interview intéressante à plus d’un titre, ce qui signifie sous ma plume accords&désaccords, je vous laisse le soin de découvrir ses propos dans le dernier LeRouge&leBlanc. Le fil historique est exact même si dans le cas de la dégustation que l’auteur dit avoir été imposée par la RFA de l’époque ce n’est pas tout à fait la réalité de la négociation communautaire où le marchandage a permis bien des compromis portés par les allemands et les français. N’oublions pas que c’est la Commission qui élabore les projets, les ministres qui les votent.

 

Mon désaccord  le plus important, je laisse de côté la notion stupide de typicité, de l’air de famille d’une appellation, support des comités de dégustation chargés de trier le bon grain de l’ivraie, porte sur la notion des critères essentiels du vin de qualité.

 

Les vins d’origine, AOP-IGP, seraient donc des vins de qualité, et les autres des vins  sans qualité ?

 

Vision figée, fermée, réglementaire, loin des réalités de l’évolution de la demande, très autocentrée Bourgogne, le texte qui suit, c’est la conclusion de l’interview, le montre :

 

« Aujourd’hui, les vins d’origine fonctionne bien, peut-être même trop bien. Au regard des critiques essuyées régulièrement par les vins d’AOC face à la concurrence naissante d’autres formes de production et de conception  de la qualité (vins « bios », « biodynamiques », natures »), la question des qualités des vins d’AOC reste fondamentale. »

 

L'INAO s'est affublée d'un Q !

 

À vous de vous faire une opinion, choisissez-vous vos vins en fonction de leurs qualités d’AOC ?

 

Vous vous doutez que moi pas !

 

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26 septembre 2021 7 26 /09 /septembre /2021 06:00

 

Quand je suis parti, on ne m’arrête plus, je suis capable de faire Bordeaux-Paris*sans m’arrêter, façon de parler pour souligner qu’après avoir torché des milliers de chroniques sur le vin je suis encore capable d’en pondre  une couvée.

 

Et là, c’est un must, car il s’agit de chroniquer sur un cépage emblématique de la Vendée : le noah !

 

C’est un gars du Girouard ICI passé par la MOTHE-ACHARD, qui m’a expédié ce nectar : Clos de la Limonière 2019.

 

Le Girouard

 

Le Girouard, Sainte Flaive des Loups au nord, Grosbreuil au sud, Nieul-le-Dolent à l’est, la Chapelle-Achard à l’ouest, est à 8 km de La Mothe-Achard, une petite demi-heure à vélo.

 

*Une course incomparable, tombée dans l'oubli

 

Exténuante, Bordeaux-Paris était un épouvantail qui réclamait une préparation spécifique et des choix de programme : n'importe quel coureur risquait de s'y « griller » pour de longues semaines. Elle souffrirait de la concurrence du Giro et de la Vuelta (longtemps courue fin avril-début mai), ainsi que du dédain de Merckx, qui ne s'y est jamais risqué.

 

BORDEAUX-PARIS : ALCELIA participe au retour de cette course cycliste !  🚴‍♂️

 

La particularité de l'épreuve, où s'écrivirent néanmoins quelques pages de la légende, c'est d'abord la distance : près de 600 km, et une quinzaine d'heures d'effort pour le vainqueur. La nuit, propice à tant de choses que le jour ignore, et la fin de parcours effectuée derrière engins motorisés par des coureurs éberlués de fatigue, achevaient d'en faire une course à part. Le stupéfiant exploit d'Anquetil, venu la remporter en 1965, au lendemain même de sa victoire dans le Dauphiné. Herman Van Springel, sept fois vainqueur. En 1974, après s'être trompé de parcours, le Belge arriva premier ayant pourtant parcouru plus de kilomètres que prévu : il fut classé ex aequo avec le Français Delépine.

 

1965 : le doublé incroyable et fou du cycliste Jacques Anquetil

 

 

Revenons au NOAH

 

Pépé Louis avait une vigne sur le haut de la Mothe-Achard, commune qui avait peu de hauts et beaucoup de bas, complanté entièrement en noah. J’ai donc décavaillonné, vendangé, mais pas vinifié vu qu’une fois pressuré le moût vivait sa vie en toute liberté – il serait privé de la dénomination nature vu que pépé souffrait à mort pour lutter contre les fleurettes, et pourtant c’était un vin nu de chez vin nu – et bien sûr bu ce breuvage titrant les meilleures années 8°. Aux battages, les bouteilles de noah désoiffaient les gars des gerbes et du pailler. Ce n’est pas pour rien que j’habitais au Bourg-Pailler.

 

Élève à l’école d’agriculture de la Mothe-Achard du frère Henri Bécot, grand défenseur du noah j’ai taillé et vendangé, mais pas vinifié, les rangs de « Noé » nouveau nom de baptême donné par mon maître-vigneron pour faire échapper à la faux de l’arrachage obligatoire des cépages interdits Clinton, Noah, Jacquez, Herbemont, Othello, Isabelle. Coup de Jarnac des tous puissants viticulteurs du Midi pour étouffer l’autoconsommation de vins locaux. ICI

 

 

C’était au temps où la France était rouge, rouge d’une foultitude de cantons accueillant plus de 10 000 ha de vignes. Ma vieille Vendée en nombre de déclarants : 58 305 sur un total d’1 million 500 mille occupait la 3e place après l’Hérault et l’Aude. Le pépé Louis en était comme le sacristain ou le notaire. En superficie 18 858 ha sur un total d’un million 700 mille ha. En volume 854 000 hl sur 78 Millions d’hl, soit le 19e département viticole français.

 

Il existait donc un vignoble domestique important alimentant une forte autoconsommation et un vignoble productif dominé par les 2 mastodontes : le Languedoc et l’Algérie.

 

Concurrence !

 

Sus aux vignobles familiaux !

 

Haro sur les fameux cépages Clinton, Noah, Jacquez, Herbemont, Othello, Isabelle.

 

La loi va introduire la notion de cépages interdits et rendre leur arrachage obligatoire.

 

Officiellement le gouvernement lutte pour résorber la surproduction : 15 à 20 millions d’hl sur les 93 millions produits. Distiller donc, c’est l’Etat qui paye. Mais aussi, et c’est là où le débat entre le petit peuple des viticulteurs du dimanche et les intérêts des grandes propriétés du Midi « plantées d'aramon, irriguées en permanence, capables de produire plus de 300 hectos à l'hectare » et les « privilèges accordés à l'Algérie : liberté de plantation à très bon marché, taxes pratiquement inexistantes, main d'œuvre peu chère ».

 

Dans les années 30 le « Statut Viticole » s’est efforcé de réduire la production en pénalisant les hauts rendements et en interdisant la plantation de vignes nouvelles. En 1936, pour tenter de réduire l’appareil productif les pouvoirs publics promeuvent l’arrachage volontaire primé et menacent de recourir à l’arrachage obligatoire. L’acte fondateur des droits de plantation est le Décret n°53-977 du 30 septembre 1953 relatif à l'organisation et l'assainissement du marché du vin et à l'orientation de la production viticole Une stricte discipline d'encépagement est créée. La suppression des cépages prohibés est prescrite ; toutefois, pour en encourager la disparition, les producteurs pourront par exception remplacer par anticipation les vignes à disparaître lorsque celles-ci avaient été régulièrement plantées. Dans chaque région, seront par ailleurs définis les cépages dont l'utilisation sera recommandée et efficacement encouragée. A long terme, cette discipline doit entraîner une diminution du potentiel viticole.

 

J’ai planché sur La grande novation de la dernière réforme est que le Règlement (CE) N°479/2008 du Conseil du 29 avril 2008 portant Organisation Commune du Marché vitivinicole prévoit dans son Titre V : Potentiel de Production au chapitre II : un Régime transitoire des droits de plantation. Article 90 : Interdiction transitoire de plantation de vigne. En clair, à partir de 2015 la plantation de la vigne sera libre sauf si... ça c’est une autre histoire sur laquelle ma réserve naturelle et mon obligation de réserve font que je ne vous en dirai pas plus. Pour que vous ne soyez pas trop frustrés je vous offre un florilège des débats  sur la loi du 24 décembre 1934 concernant les hybrides producteurs directs américains et français.

 

 

 

Monsieur Renaud, député de l'opposition attaque: « Vous voulez interdire l'utilisation de certains cépages, vous déclarez la guerre aux hybrides producteurs directs qui pourtant ne jouent dans l'augmentation de la production qu'un rôle insignifiant.

Si vous croyez vraiment à la surproduction, il faut frapper les responsables et eux seulement ».

 

Monsieur Baylet député socialiste s'exprimera dans le même sens. Car, dit-il, « en Algérie, des millions d'ouvriers travaillent de l'aube au crépuscule sous le knout pour un salaire misérable ». Il ne sera pas suivi. 

La majorité de l'époque fait bloc pour défendre les représentants des grands domaines de France et d'Algérie

 

A l'Assemblée Nationale, lors des deux premières séances du 15 Décembre on parlera « d'atteinte à la liberté des petits viticulteurs » Monsieur le député Mauger monte à la tribune pour défendre longuement « les productions familiales injustement touchées ».

 

La conclusion de ces séances restera à Monsieur le député Grandmaison qui déclare :

 

« Je constate sans l'apprécier, que c'est la totalité de la récolte de nos petits producteurs de cépages condamnés qui est touchée soit par l'interdiction soit par la distillation obligatoire. Alors que dans les régions responsables de la surproduction, c'est une très faible partie qui sera atteinte par les mesures préconisées, mesures véritablement iniques ».

 

 

 

La troisième séance du 15 Décembre commence dans le même esprit.

 

Le député Jaubert parle « d'atteinte à la liberté individuelle des petits vignerons ».

 

Le Ministre des Finances, monsieur Germain Martin, déclare après quelques échanges aigre-doux « depuis quand s'est développée la culture du Noah en particulier, car enfin, c'est de lui qu'il s'agit: depuis deux ans »? Bronca dans les rangs de l'opposition, sifflets, prises de paroles.

 

 

Le Ministre rectifie alors comme il peut:« Je parlais de culture, pas des plants qui sont plus anciens je crois »!!!

 

Le climat restera tendu jusqu'à la fin des débats, il n'y aura pas de véritable échange.

 

 

 

Monsieur le sénateur Rouart rapporteur de la Commission de l'Agriculture présente l'article 6 et parle de « cépages primitivement introduits d'Amérique depuis de longues aimées, qui ont des goûts détestables, tel le Noah, d'autres moins mauvais comme l'Othello et le Clinton qui sont tout de même des cépages inférieurs. On a voulu y joindre en même temps tout ce qu'a apporté l'hybridation française qui est une chose admirable » dit-il.

 

 

 

Deux anecdotes pour terminer :

 

 

Pour enrayer la surproduction, Monsieur le député Chouffet a proposé que la ration de vin par soldat passe de 1/2 litre à 1 litre.

 

 

« Je ne pense pas, a-t-il dit, qu'il puisse se trouver quelqu'un ici pour affirmer qu'un litre de vin par jour et par homme soit une ration trop élevée ».

 

 

Le Président du Conseil a renchéri: « Je suis tout à fait d'avis que dans la période où le vin est bon marché on fasse un gros effort pour en assurer la consommation et que la troupe bénéficie de plus fortes rations »

 

.

Sauf que cela ne représentait que 300000 hectolitres volume dérisoire par rapport aux 15 ou 20 millions d'excédents.

 

 

Monsieur le sénateur Rouart s'exprimant au nom de la Commission de l'Agriculture fait référence à la proscription du Gamay sous Louis XV et déclare :

 

 

« Singulière naïveté du pouvoir absolu, croyant dominer les adaptations naturelles.

Si la volonté royale avait été complètement exécutée, nous serions privés d'un des meilleurs vins courants de France. »

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25 septembre 2021 6 25 /09 /septembre /2021 06:00

 

Le vin, toujours le vin, je ne m’en lasse pas, surtout que je vais moucher les petits gardiens des tables de la loi des vins nu qui s’offusquent que notre grand Gégé, toujours sur l’action, comme Mr Wurtz l’arbitre de foot strasbourgeois en son temps, a concocté un vin orange.

 

Rien ne lui interdit, il ne qualifie pas son breuvage de vin nature, il se contente de surfer sur la mode  du vin orange.

 

Bizarrement il l’a baptisé ORANGE GOLD, j’aurais préféré ORANGE MÉCANIQUE, plus transgressif.

 

L'orange mécanique, 45 ans après | Le Club de Mediapart

 

Gégé se convertit au VIN de FRANCE, Bio de surcroît, avec la bénédiction de Butane&Degaz.

 

Gérard Bertrand | Orange Gold vin orange biologique 2020 - 12 bouteilles -  Vin Orange

Gérard Bertrand, Orange Gold, vin-de-France blanc 2020

 

En bref : La nouvelle référence du vin orange.

 

Ce qu’on en dit : Come-back réussi de la plus ancienne méthode de vinification. Profusion d’agrumes, de fruits blancs, de fleurs. Entre générosité gourmande et fraîcheur vive.

 

Avec qui, avec quoi ? Un apéritif original et plein d’émotion !

 

Le prix : 12,90 €

 

La note : Jury Gourmet

 

Gérard Bertrand | Orange Gold vin orange biologique 2020 - Vin Orange

Le point de vue de Gégé :

 

Orange Gold rend hommage aux premiers vins oranges de Géorgie d’il y a 4500 ans.

 

Gérard Bertrand souhaite créer un nouveau profil de vins orange, très frais. Avec ce nom unique, Orange Gold rend hommage au pouvoir du soleil ainsi qu’aux magnifiques couchers de soleil du Sud de la France.

 

Vinification & Elevage

 

Orange Gold est issu d’une technique de vinification ancestrale. Les raisins blancs sont vinifiés et fermentés en grappes entières, à la manière des vins rouges. Cette macération avec les rafles et les peaux apporte une couleur orange remarquable aux reflets dorés et une tanicité très singulière. C’est un assemblage exceptionnel de sept cépages, essentiellement méditerranéens : le Chardonnay, le Grenache Blanc et le Viognier apportent du volume et la Marsanne, le Mauzac et le Muscat enrichissent la complexité aromatique du vin. La parfaite maîtrise de la vinification et le choix des cépages en font un vin orange au profil inédit, d’une finesse et d’une subtilité remarquables. Orange Gold reflète la vibration, le dynamisme, la minéralité et la fraîcheur du Sud de la France. Issu de raisins bios et empreints de toutes les nuances de leur terroir, Orange Gold est certifié AB.

 

Notes de Dégustation

 

Le nez est complexe, avec une explosion de notes de fleurs blanches, de fruits confits et de poivre blanc. En bouche, une fraîcheur aromatique très flatteuse, aux saveurs précises et sur un bel équilibre auquel la structure donne du corps et de l’esprit. Suave et fine, sa texture enveloppe le palais. La dégustation se termine par une belle longueur en bouche qui prolonge le voyage gustatif et une douce pointe amère qui stimule les papilles.

 

Où le trouvera-t-on ?

 

Sûrement pas chez les cavistes de vin nu qui depuis un bail ont promu les vins orange, mais dans les allées de la GD alors pourquoi s’inquiéter de l’arrivée de l’orange du grand Gégé ?

 

Suis donc allé à MONOPRIX qui est pacsé avec Butane&Degaz pour me fendre de 12,90 €, bel effort, et avec mon chat nous allons le déguster.

 

Sans me pousser du col j’ai plus de références de vin orange dans ma musette que Butane&Degaz, ainsi qu’une longue antériorité, alors je trouve un peu fort de café que ces 2 commis d’office osent parler de nouvelle référence en vin orange.

 

C’est du lourd : 1 kg 326, pour un ardent défenseur de la nature c’est trop !

 

Flacon genre eau de Cologne à la manière des Muscats de Beaume de Venise…

 

Bien évidemment je ne vais pas noter ce vin orange, versus Grand Gégé, ni vous livrer mes commentaires de dégustation, le site maison ci-dessus est dithyrambique, on est jamais si bien servi que par soi-même simplement je vais le situer par rapport à la large palette des vins orange que j’ai bu depuis plus de 10 ans.

 

Mon appréciation, élève appliqué, trop, trop de maîtrise nuit, c’est lisse, trop lisse, il eut fallu aller jusqu’au bout de l’expérience, je n’écris pas la copie, ce vin orange est un brave vin orange qui, n’en déplaise à Butane&Degaz affiliés Monop, ne constitue pas une nouvelle référence du vin orange. Je ne sais s’il plaira aux bobos de Monop, mais si nos grands goûteurs étaient honnêtes, ils accepteraient une dégustation comparative à l’aveugle avec les grands vins orange pour étalonner leur échelle de Richter des vins orange autour du Gold de Gérard Bertrand.

 

Dans mon approche, je suis sans reproche, j’ai payé  de ma poche ce Gold, je l’ai bu dans des conditions idéales avec des produits de la mer, je ne le descends pas en flamme, j’estime simplement que lorsqu’on  décide de produire un vin orange au nom d’une tradition ancestrale on va jusqu’au bout de son projet et surtout, au lieu de s’accrocher des médailles, on publie ce qu’on a fait dans le chai. Prendre des risques même pour un négociant vinifiant n'est pas hors de portée. J'attends !

 

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24 septembre 2021 5 24 /09 /septembre /2021 06:00

 

 

  • Attendu que je me dois de chroniquer sur le vin sous peine de me voir taxer d’usurpation d’antenne ;

 

  • Attendu que je me dois d’occuper un terrain qui n’est pas celui des grands dégustateurs patentés ;

 

 

  • Attendu que j’ai toujours eu un faible pour le Sidi Brahim rouge qui convenait fort bien au bœuf en daube ou au coq au vin.

 

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  • Attendu que Sidi Brahim, comme Boulaouane sont commercialisés par la SVF (souvenirs);

 

  • Attendu que le Sidi Brahim est un vin voyageur composée à l'origine de vins d'Algérie puis du Maroc, la production s'est déplacée ensuite en Tunisie et à nouveau depuis 2019 exclusivement au Maroc avec des vins d'appellation Beni M'Tir

 

  • Attendu que le grand Michel Smith en parlait beaucoup mieux que moi : Impressions Marocaines, ou le vin sous voile ICI

 

  • Attendu que la marque a été fondée en 1924, en Algérie française par André Vigna pour commercialiser divers vins sans appellation d'origine. Elle emprunte son nom à la bataille de Sidi-Brahim (milieu du XIXe siècle). Le Groupe Castel a acheté la marque en 2003 à la société William Pitters de Bernard Magrez, qui elle-même l'avait acquise auprès des frères Jacques et Philippe Vigna.

 

Bataille de Sidi Brahim,La bataille de Sidi Brahim : vain rouge épandu dans le désert

La bataille de Sidi Brahim : vain rouge épandu dans le désert ICI 
  • Attendu que la boutanche écussonnée ne vaut que 2,9 euros ;

 

  • Attendu qu’elle a reçu un Silver Médaille au CONCOURS MONDIAL de BRUXELLES 2020 ;

 

  • Attendu que le vin est dit ROND & FRUITÉE.

 

  • Attendu que le chat de ma voisine exilée au States, qui squatte chez moi, est un excellent dégustateur ;

 

Je déclare que le Sidi Brahim Beni M’ TIR appellation d’origine garantie rosé vaut largement beaucoup de rosés de Provence et d’ailleurs bien plus onéreux ; que c’est un excellent dentifrice ; qu’on peut le rafraîchir avec des glaçons sans honte ; qu’on peut le limonader, le limer ; pas très écolo bouteille lourde ; bourré de sulfites…

 

Bonne dégustation !

 

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22 septembre 2021 3 22 /09 /septembre /2021 06:00

Philippe Castéja (à g.) et Hubert de Boüard, à l’ouverture du procès, le lundi 20 septembre 2021 à Bordeaux. © Crédit photo : Guillaume Bonnaud / SUD OUEST

En raison de l’actualité judiciaire d’Hubert, Ciné Papy du mercredi est repoussé à demain jeudi.

Hubert de Boüard à la barre !

 

Ça fait très années Giscard !

 

Mais notre Hubert de Boüard de Laforest, avec son petit sécateur et sa valise à roulettes, est abonné à la barre du tribunal.

 

Sa première prestation devant la  17e chambre ne fut pas très glorieuse, sa suffisance et celle de son avocat, un bijou, il mordit la poussière face à Isabelle Saporta. Rebelote en appel.

 

La nouvelle montée à la barre de notre Hubert date du lundi 20 septembre où s’est ouvert à Bordeaux « le procès de deux grands noms du vin, Hubert de Boüard et Philippe Castéja, deux propriétaires de châteaux classés, soupçonnés par la justice de "prise illégale d'intérêt", d'avoir été juges et partie lors du classement de 2012 de l'Inao. »

 

Cette fois-ci, j’ai le sentiment que l’homme de l’Angelus peut être plus serein, il sera bien difficile de trouver dans le dossier des preuves matérielles de ses interventions, de son omniprésence, tout ça s’est passé dans la coulisse, en loucedé. C’est ce que j’ai déclaré à la barre de la 17e Chambre, et fut entendu. Les délibérations officielles du Comité National sont pure cosmétique, chambre d’enregistrement.

 

Bref, qui vivra verra, nous suivrons ce procès par un correspondant sur place.

 

Procès du classement de Saint-Émilion : « On ne m’a pas dit que c’était interdit », affirme Hubert de Boüard ICI 

 

La nouvelle est tombée ce matin. Une amende de 100.000 euros partiellement assortie de sursis a été requise mardi contre Hubert de Boüard. Concernant M. Castéja, le représentant du ministère public a laissé une éventuelle sanction à "l'appréciation" du tribunal.

 

Mardi, le procureur adjoint Jean-Luc Puyo a fait un virage à 180 degrés par rapport à cette position et indiqué qu'il "ne partageait pas l'analyse juridique" faite à l'époque par le parquet Il a souligné la "participation parfois dynamique" de M. de Boüard "tout au long de la procédure de classement". Il a été "un définisseur, un impulseur", a-t-il assuré, jugeant M. Castéja pour sa part "bien plus en retrait".

 

Présentation de l’affaire par la presse nationale.

 

Publié le 19/09/2021

 

Hubert de Boüard, premier jurat, lors d'un discours pour le Ban des Vendanges de la Jurade à Saint-Emilion, dimanche 19 septembre 2021. "Je suis serein, demain est un autre jour".

 

Hubert de Boüard, premier jurat, lors d'un discours pour le Ban des Vendanges de la Jurade à Saint-Emilion, dimanche 19 septembre 2021. « Je suis serein, demain est un autre jour ». • © France 3 Aquitaine

 

Deux figures du Bordelais comparaissent devant le tribunal correctionnel de Bordeaux pour le controversé classement de Saint-Emilion. Cette affaire secoue le monde du vin depuis 10 ans.

 

Juges et parties ?

 

Ce week-end des 18 et 19 septembre s'est tenu le traditionnel Ban des Vendanges de la Jurade à Saint-Emilion. A cette occasion, une quarantaine d'impétrants a été intronisée en tant que jurats. Le premier jurat, c'est Hubert de Boüard. Demain, il comparaîtra devant la justice. Interrogé par France 3, il n'a pas souhaité aborder le procès.

 

Je suis serein et je suis aujourd'hui avec mes amis. Demain est un autre jour.

 

Deux grandes figures du vignoble bordelais ont-elles été juges et parties dans l'élaboration du classement 2012 des grands crus de Saint-Emilion ? Le tribunal correctionnel de Bordeaux entame lundi 20 septembre un procès de deux jours qui pourrait aussi être aussi celui d'un système.

 

Il est reproché à Hubert de Boüard, copropriétaire du célèbre château Angélus et consultant viticole, et à Philippe Castéja, négociant et propriétaire de château Trotte Vieille, une "prise illégale d'intérêt" dans le processus de classement, le seul au sein des grands vins de Bordeaux à être révisable (tous les dix ans).

 

Comme le note la cour d'appel de Bordeaux, qui a donné le feu vert à un procès après 10 ans de multiples rebondissements judiciaires, ce classement ouvert aux propriétés de l'appellation Saint-Emilion Grand Cru est "déterminant pour la notoriété et la valorisation financière et commerciale des lauréats" sur un marché des vins de Bordeaux qui se compte en milliards d'euros.

 

Le Ban des Vendanges de la Jurade à Saint-Emilion. Le procès du classement 2012 des crus est dans tous les esprits, mais rares sont ceux qui se risquent à un commentaire...

 

Le Ban des Vendanges de la Jurade à Saint-Emilion. Le procès du classement 2012 des crus est dans tous les esprits, mais rares sont ceux qui se risquent à un commentaire... • © France 3 Aquitaine.

 

Un classement qui vaut de l'or

 

MM. de Boüard et Castéja étaient tous deux membres du comité national des vins de l'Institut national de l'origine et de la qualité (INAO), établissement public rattaché au ministère de l'Agriculture, qui a validé le règlement du classement puis ses résultats, arrêtés par une commission indépendante. M. de Boüard, plus actif que M. Castéja d'après l'enquête, était également membre de l'organisme de gestion des vins de Saint-Emilion, organe qui a participé à l'élaboration du règlement du classement avec l'INAO selon l'instruction.

 

En 2012, Angélus avait été promu premier grand cru classé A, au plus haut, et Trotte Vieille maintenu comme premier grand cru classé B. Sept autres propriétés pour lesquelles M. de Boüard était consultant avaient été récompensées au classement. « C'est comme si quelqu'un qui passait l'examen du bac rédigeait lui-même les sujets », assure Éric Morain l'avocat des parties civiles, trois propriétés familiales (Croque-Michotte, Corbin-Michotte et La Tour du Pin Figeac) recalées et qui ont entamé leur combat judiciaire début 2013.

 

Une influence considérable

           

L'avocat dénonce l'attitude du parquet de Bordeaux, qui avait fait appel de la décision de renvoi de la juge d'instruction. "Je ne connais pas d'autre procédure dans laquelle un parquet a fait cela, hormis quand ça concerne un gendarme ou un policier", dit-il. « Il fallait absolument sauver les soldats de Boüard et Castéja... », des grands noms du Bordelais à l'influence considérable.

 

Selon Me Morain, « ce procès remet l'église au milieu du village". "On va parler d'un système qui ne dit pas au consommateur que la note de dégustation ne compte que pour 30% dans le classement », ajoute-t-il, le reste mesurant la notoriété, l'accueil des châteaux etc.

 

"Un système qui vend de la marque et non plus du raisin".

 

Les deux prévenus ont toujours nié les accusations de conflit d'intérêts et leur défense, dont l'avocat Antoine Vey, a fait valoir qu'ils se sont "systématiquement déportés" des délibérations pouvant concerner le classement. L'enquête n'a en outre pas permis d'établir qu'ils avaient pris part à des votes.

 

Parallèlement, un contentieux administratif est toujours en cours contre le classement 2012 qui était pourtant censé remplacer le classement 2006, annulé par la justice administrative après déjà des recours. Le sort judiciaire du classement 2012 pourrait donc ne pas être connu avant la publication de son remplaçant, en 2022.

 

 

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21 septembre 2021 2 21 /09 /septembre /2021 06:00

Des bouteilles de Romanée-Conti vendues plus de 10 millions d'euros

Le reproche récurrent que me font certains, chroniquer rarement sur le vin, est justifié, en défense ma réponse est simple : j’ai le sentiment d’avoir fait le tour de la question et que perdurer ce serait tourner en rond. Bien sûr, je pourrais à la manière de Butane&Degaz ou autres grands nez me la jouer dégustateur patenté, noter, commenter, mais ce n’a jamais été ma tasse de thé et je n’ai nulle envie de m’y coller. Faire le beau sur les réseaux sociaux, ferrailler avec les détracteurs des vins  nu, faire ami-ami  avec les ouvriers de la 25e heure des mêmes vins nu, serait vain, l’heure est aux outrances chez anti-vins qui puent, à la mièvrerie chez les petits licheurs de vin nature, ignorants qu’ils sont de l’histoire du vin et de sa réalité socio-économique.

 

Alors, je me contente de boire, des vins nu bien sûr, en ce domaine je suis devenu extrémiste et ma dealeuse préférée me fournit en came adaptée, je me marre, je dis au petit monde qui s’agite en rêvant de devenir vigneron, un remake des éleveurs de chèvres post-soixante-huitard, que la terre est basse, le métier dur. Le petit monde du vin nature prend une vilaine tournure, reproduisant les codes décriés, l’heure  est aux agents, aux allocations, un petit biseness juteux pour eux qui ne l’est pas pour ceux qui font, et ceux qui vendent le vin. Le modèle économique est bancal, accumule les surcoûts, savoir compter n’est pas une atteinte à la liberté, bien au contraire…

 

Quand on vieilli le risque est de radoter, de repasser les plats, de seriner je vous l’avais bien dit, en l’occurrence écrit dans mon fichu rapport, de regretter l’immobilisme de ceux qui sont en charge, alors rien ne vaut le retrait, le silence, laisser la place à ceux, sachants de fraîche date, qui surfent sur les ondes, les réseaux sociaux, qui pour moi ne sont que des petits couteaux, des ramenards, des imposteurs, des profiteurs.

Mais, ayant le respect de mes lecteurs de longue date je vais forcer ma nature, à nouveau mettre l’ouvrage sur le métier, informer.

 

Pour ce faire, je vais vous proposer ce matin de consulter une interview d’Aubert de Villaine au Figaro-Vin ICI  

 

Aubert de Villaine, Domaine de la Romanée-Conti : «J'espère avoir réussi à faire vivre cet héritage»

 

A la tête du domaine le plus célèbre au monde, Aubert de Villaine s’exprime rarement auprès des médias, préférant la discrétion aux grands discours. A l’heure où il s’apprête à passer le relais, il livre au Figaro Vin un entretien exclusif.

Par Alicia Dorey

Publié le 18/09/2021

 

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2 février 2011

3 Questions à Aubert de Villaine l’inscription des Climats du vignoble de Bourgogne au patrimoine mondial de l’UNESCO ICI 

 

Offre exceptionnelle Domaine de La Romanée Conti : Le mythe frappe à votre  porte ! - U'Wine

22 janvier 2013

Mais qui est donc ce Henry-Frédéric Roch dont le Pousson de Barcelone nous rebat les oreilles sur Face de Bouc? ICI 

NDLR Henry-Frédéric Roch est décédé le 17 novembre 2018

 

Je ne ferai aucun commentaire sur cette interview vous laissant  ce soin.

 

Aubert de Villaine, gardien du temple romanée-conti

 

Il serait vain de penser que le prestige permet d’échapper à la réalité. Bien qu’encensé dans le monde entier, avec des vins atteignant des prix stratosphériques et des allocations triées sur le volet, le Domaine de la Romanée-Conti doit aussi, au quotidien, faire face aux enjeux de son époque. Transmission du patrimoine et du savoir-faire, aléas climatiques, envolées spéculatives… Mais au-delà de ces considérations, Aubert de Villaine reste confiant, et prêt à accompagner la relève, en la personne de sa co-gérante Perrine Fenal – fille de Lalou Bize-Leroy (Propriétaire et vigneronne du Domaine Leroy et Domaine d’Auvenay, et actionnaire de Domaine de la Romanée-Conti) – également présente lors de cet entretien, ainsi que de son neveu Bertrand de Villaine.

 

Domaine de la Romanée-Conti - Perrine Fenal et Aubert de Villaine

 

LE FIGARO : Voilà quelques années que vous vous préparez à transmettre le domaine à la génération suivante. Allez-vous continuer à être présent ? 

 

Aubert DE VILLAINE : Oui bien sûr, je vais continuer à accompagner ce travail et à apporter des conseils, mais «les conseilleurs ne sont pas les payeurs» comme le dit l’adage, il faut savoir laisser à chacun la possibilité de prendre ses responsabilités, d’assumer sa vision, car toutes sont valables. La mienne a été guidée par ceux qui m’ont précédé, et j’espère avoir réussi à faire vivre cet héritage.

 

  • Justement, quelle était cette vision, et que pensez-vous avoir apporté ?

 

Je n’ai pas le sentiment d’avoir apporté de nouveautés, mais d’avoir contribué à poursuivre dans une voie qui est celle du domaine depuis toujours. Celle de perpétuer ce qui a été bien fait par le passé, et, modestement, d’avoir cherché à faire un peu mieux à la lumière des avancées du présent dans la connaissance. De la culture de la vigne à la vinification, il y a toute une infinité de détails, que l’on peut faire plus ou moins bien, et finalement, un grand vin est le résultat de ces milliers de détails et de la façon dont ils ont été réalisés. Il faut surtout que ces détails fassent partie d’une philosophie. C’est ça, la gérance d’un domaine comme celui-ci, c’est d’être en veille des détails, du balayage de la cour à la décision de date des vendanges.

 

  • Le terme de domaine de légende vous dérange ?

 

Vous êtes dans un domaine viticole comme les autres. Il faut tout le temps se remettre en question. Nous ne vivons pas dans notre tour d’ivoire, la tradition bourguignonne reste de recevoir au domaine, de partager. Il nous semble important de rester nous-mêmes, de préserver notre équipe de toute tentation de se considérer comme à part ou meilleure que les autres. Avec l’espoir que les vins fassent la différence !

 

  • Justement, lorsque l’on parle du Domaine de la Romanée-Conti, ou d’autres domaines mythiques, on parle peu des détails. Y a-t-il des détails spécifiques aux «grands» domaines ?

 

Non, il y a très peu de détails vraiment différents d’autres domaines viticoles. Simplement, on essaie de les faire tous le mieux possible, et quelquefois d’aller plus loin. Aujourd’hui, labourer au cheval est devenu une chose assez commune, mais lorsque nous avons décidé de le réintroduire dans les vignes au début des années 2000, nous étions les premiers, et nous avions le sentiment d’apporter quelque chose de plus, un sol moins tassé, plus vivant. Mais nous parlons finalement assez peu de ce que nous avons pu faire, car ce sont les vins qui doivent parler. Lorsque quelqu’un nous demande pourquoi nous avons choisi le cheval ? Je réponds parfois : tout simplement parce que c’est beau ! Voir un cheval travailler dans la vigne le matin, avec le soleil dans sa crinière, crée une beauté qui ne peut que faire du bien à la vigne.

 

  • Est-ce que l’on peut parler d’un retour en arrière en matière de techniques viti-vinicoles ?

 

Pas à proprement parler, car un retour en arrière signifierait d’en revenir à un travail de la vigne intégralement réalisé par la main de l’homme. A cet égard, le cheval est plutôt l’ancêtre du tracteur qu’une résurgence de l’histoire.

 

  • Ressentez-vous une émotion particulière en dégustant vos vins ?

 

Il y a quelques jours j’ai dégusté une bouteille de Grands Echezeaux 1962, et j’ai eu un sentiment de perfection. Ça n'a pas duré très longtemps, mais ce qui est formidable, lorsque l’on déguste un très grand vin, c’est d’avoir ce sentiment de toucher à un moment parfait et de réaliser que le vin a fait son chemin tout seul dans la bouteille. Bien entendu pas complètement, car nous avons tout mis en œuvre pour qu’il le fasse, mais c’est son travail dans la bouteille qui a amené cette perfection, et qui nous procure ce sentiment de plénitude, car nous avons réussi ce que nous voulions faire, ce mariage de la vigne et de notre travail.

 

  • Le travail du vigneron est donc d’accompagner le vin plutôt que de le faire ?

 

Nous sommes toujours en train de chercher la vérité du terroir, de la Romanée-Conti et de nos autres climats. Mais en réalité, cette vérité n’existe pas, car chaque année, elle est fonction des conditions climatiques, de notre travail et du mariage réalisé entre les deux. La vérité n’existe que dans un millésime donné, et encore, si nous l’avons réussi ! Le devoir de faire de grands vins est le même, mais avec des moyens chaque année différents. Nous essayons de répondre à ce que nous propose la nature, aussi bien au niveau du sol que de la vigne. Perrine (Fenal) et mon neveu (Bertrand de Villaine) seront chargés de continuer cela. Cela dit, attention, il ne faut surtout pas le prendre comme une charge [rires]. Il faut plutôt le voir comme une responsabilité. C’est important, si tout d’un coup, cela devient une charge, c’est très mauvais. Il faut se montrer très serein et accepter de faire une erreur. 

 

  • Quels sont les grands défis à relever pour la génération suivante ?

 

Le défi de la transmission est l’un des plus grands que nous ayons en face de nous. Nous avons toujours fait le nécessaire pour le relever, mais c’est un grand problème en Bourgogne. Les taxes de succession sont importantes et, dans une famille, ceux qui veulent rester n’ont pas toujours les moyens de racheter les autres. Pour nous, la Bourgogne est un tissu de domaines familiaux, et il faut que l'État nous donne les moyens de préserver cela, de transmettre la propriété familiale des domaines. La vraie valeur d’une propriété viticole, qui est une entreprise comme les autres, me semble devoir être liée à ses résultats et non pas à la valeur extravagante qu’elle peut prendre à certaines époques où la spéculation l’emporte sur la raison. Nous attendons de l’Etat qu’il prenne ces valeurs-là comme valeurs de succession.

 

  • Est-ce réaliste de croire à cela ?

 

D’un point de vue économique, c’est très réaliste, mais il faut pour cela avoir une vision à long terme, car en effet cela représente moins de gains immédiats pour l’Etat. Le problème, c’est que si les valeurs sont telles que les familles ne peuvent plus se transmettre les domaines, nous prenons le risque que l’arrivée de grands investisseurs français ou étrangers contribue à faire régresser cette tradition de propriété familiale constitutive du territoire bourguignon. Si elle disparaît, c’est la position éminente de la Bourgogne qui sera affectée et tout le monde en sera affecté, y compris l’Etat.

 

Par ailleurs, il faut faire attention, que l’arrivée de nouvelles techniques ne vienne pas abîmer les climats, qui sont des écosystèmes fragiles et qui demandent respect et excellence à tous les niveaux. Depuis toujours, mais encore plus depuis une vingtaine d’années, nous nous préoccupons de la question de la sélection des plants de vigne. Il est essentiel, pour des grands terroirs dont la richesse provient des sols et sous-sols, de recevoir des plants de haute finesse, si nous voulons avoir une chance que le potentiel unique de ces terroirs soit entièrement accompli.

 

  • Comment explique-t-on le succès des vins de Bourgogne ?

 

La suite ICI 

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