Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
28 octobre 2022 5 28 /10 /octobre /2022 06:00

Il y a 10 ans 1 petit viticulteur métayer du Beaujolais m’écrivait : son père lui disait « le Beaujolais est perdu »  Qui sauvera le beaujolais ?

Gérard Bancillon, président de la Confédération des vins à Indication Géographique Protégée de France, ne fait pas dans la dentelle, il sort son 49.3 : la sébile tendue aux pouvoirs publics : « Il va falloir sortir le carnet de chèques »

 

La perfusion d’argent public, communautaire et national, fut pendant des décennies la recette des producteurs de vin de table.

 

Le 8 août 2007 j’écrivais à Mariann Fischer Boel

 

 

Madame la Commissaire,

 

 

 

Je suis déçu. En vous, femme du Nord soucieuse des consommateurs, j'avais placé des espoirs immodérés : j'espérais que votre réforme dégraisserait le mammouth viti-vinicole survivance d'un temps où le vin - le gros rouge colonial puis transalpin - se transportait par pinardiers, trains entiers pour être assemblé en plein cœur de Paris à Bercy. Notre divin nectar y était traité comme un vulgaire boisseau de blé, bref comme une commodité - commodity pour vous chère Mariann - avec ses contrats de stockage à court et long terme, sa garantie de bonne fin et sa palanquée de distillations en tout genre.

 

Ce fut ensuite la "guerre du vin" menée par une poignée d'irréductibles de notre Midi : Montredon, l'Ampelos à Sète, des morts et, en 1986, un comble pour des vins médecins, du méthanol assassin en provenance d'Italie...

 

Produire, produire, pour rien, alors nous avons, à Dublin, avec Michel Rocard, décidé de la double peine : l'arrachage et la distillation obligatoire à bas prix pour les hauts rendements (DO). En clair, on nettoie la base, on brise la productivité, et ce fut le triomphe des VQPRD. Notre Midi releva la tête et le défi.

 

La suite ICI 

 

Nous nous croyions sortis de l’auberge la presque totalité de nos vins accédaient à l’identification géographiques, enfermés dans un corpus de règles d’apparence qualitative : AOC-AOP, IGP, exit les vins sans origine ni qualité, et puis patatras, les consommateurs de beaucoup de ces vins ripolinés, peuplant les murs de vin de la GD, vendus 2 balles, n’étaient plus au rendez-vous, les boomers, gros acheteurs, pousseurs de caddies, comme tout un chacun, vieillissent, disparaissent, ne passent plus au tiroir-caisse.

 

Aux vieilles lamentations sur le bashing du vin par la loi Evin, se sont ajoutées la Covid, la guerre d’Ukraine, l’essoufflement de la demande chinoise, le retour de l’inflation, masquant la réalité pourtant prévisible : la saturation de notre marché domestique des petits vins, le ventre mou de notre production.

 

Retour à la politique de la main tendue dans l’urgence, l’absence d’analyse sérieuse de notre potentiel commercial. Pour beaucoup d’entreprises vigneronnes la faillite pointe son sale nez et je ne suis pas en train de plaider pour une politique qui les laisseraient tomber mais pour une prise en compte de la réalité.

 

Au passage, nous sommes loin des vapeurs de Michel Bettane sur ces vins vites fait, vite bu, ici nous sommes face à la masse des vins invendus. Le vrac, celui qui circule dans les gros camions : produits alimentaires, des vins boissons, des vins sans avenir.

 

Y'A PLUS QU'À

10 000 €/ha, la prime d'arrachage demandé par le vignoble de Bordeaux

Unie et mobilisée, la filière des vins de Bordeaux fixe ses demandes d’aide au gouvernement pour répondre à l’urgence de sa crise viticole. Reste à trouver une voie juridique et des financements pour passer au concret.

Par Alexandre Abellan Le 21 octobre 2022

 

ICI 

 

Sans arrachage ni distillation, "2023 sera l’année de tous les dangers pour le vin en vrac"

 

Le président des vins IGP de France s’alarme du manque d’avancées sur les dossiers structurant les surplus actuels de production dans le vignoble français. Il en appelle à de rapides réflexions régionales et nationales.

Par Alexandre Abellan Le 18 octobre 2022

 

À situation de crise, il faut des solutions de crise » pose Gérard Bancillon, le président de la Confédération des vins à Indication Géographique Protégée de France, en appelant au soutien financier du gouvernement français et de la Commission Européenne. Alors que les vendanges/vinifications s’achèvent, le viticulteur gardois appelle les pouvoirs publics à rapidement saisir les enjeux de la filière vin pour débloquer les tensions qui menacent toujours plus ses opérateurs. N’ayant pas eu écho d’avancées depuis la réunion estivale des représentants du vignoble et du négoce avec le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, Gérard Bancillon milite pour une nouvelle réunion dans les prochaines semaines : « il faut aller très très vite et que les préfets de région se mobilisent pour étudier les situations selon chaque bassin » pointe Gérard Bancillon, soulignant la diversité de fortune d’un vignoble à l’autre.

 

« On a des régions en France où il y a de vraies dynamiques de demande et où il manque de la réserve (Bourgogne, Champagne…) qu’il faut soutenir (avec des rendements au-delà du butoir), il y a des régions où les marchés sont moins dynamiques et il y a des régions où les marchés sont plantés. Il va falloir sortir le carnet de chèques » prévient le président des vins IGP, qui veut rapidement la mise en place d’outils de distillation de crise et d’arrachage primé. Appelant à des actions différenciées selon les régions, il prône la distillation de crise pour apurer les stocks pâtissant de problèmes conjoncturels. « Comme certains vins IGP vendant beaucoup en Grande Distribution et faisant face, avec la guerre en Ukraine, à une inflation poussant les consommateurs à choisir produits de première nécessité pour leurs caddies. C’est un souci passager pour certaines IGP, avec des volumes à résorber par distillation » détaille Gérard Bancillon, précisant qu’il n’y aurait pas l’IGP du Vaucluse à être intéressée.

 

 

 

« D’autres auront des besoins. Que l’on soit clair, il y a des caves qui, malgré la petite récole de 2021 et son gel du siècle, sont encore à moitié pleines : il faut se dépêcher » alerte-t-il, rapportant que la France « vient de rentrer une récolte plutôt correcte, il faut réagir rapidement pour éviter la baisse des prix : que faire de tout ce vin ? 2023, c’est l’année de tous les dangers au niveau du vrac. Il faut donner une lueur d’espoir aux viticulteurs avec la distillation et l’arrachage, pour estomper la déconsommation, éviter que les marchés s’effondrent et donner espoir à ceux qui continuent. » Reste à convaincre la Commission Européenne de la nécessité de débloquer une nouvelle distillation de crise, après celle de la pandémie de covid-19. Les derniers retours de Bruxelles indiquent plutôt un refus, « Avec la guerre en Ukraine, on se trouve face à une inflation exceptionnelle et dans le cas d’une crise spécifique, grave, qui ressemble à celle du covid » réagit le président des vins IGP.

 

 

Expertiser les possibilités de financement de l’arrachage

 

 

Le ministère répond à côté de l'attente vigneronne sur le remboursement des PGE

 

En complément d’une distillation de crise conjoncturelle, Gérard Bancillon défend un arrachage structurel : « il y a des régions parmi les plus célèbres qui ont des problèmes structurels et devront arracher : il y a Bordeaux, mais pas que » note Gérard Bancillon, évoquant des cours ponctuellement trop faibles en AOP du Languedoc. Si la filière viticole française est unie devant le besoin et le principe d’un arrachage à Bordeaux (en témoigne le Syndicat des Vignerons de l’Aude, voir encadré), tout le défi est désormais de trouver un moyen de le financer pour passer au concret (la demande est vive en Gironde). « Il faut tout mettre à plat et expertiser les possibilités de financement de l’arrachage : entre piocher dans le Plan Stratégique National (PSN) et recourir aux fonds Feader (via les régions) » estime Gérard Bancillon.

 

Dossiers chauds

 

Dans tous les cas, peut importe le moyen tant que la filière arrive à ses fins pour le président des vins IGP, qui martèle l’urgence d’agir sur les autres dossiers vitivinicoles en souffrance : la révision de la moyenne olympique pour renforcer l’assurance climatique, modifier les critères de fertilisation de la certification Haute Valeur Environnementale (HVE), allongement automatique du remboursement des Prêts Garantis par l'Etat (PGE), modification fiscalité Dotation pour Épargne de Précaution (DEP)… De quoi peser sur le moral vigneron, déjà bien entamé par les hausses de tous les coûts de production (produits phytosanitaires, salaires, engrais… et GNR). En IGP Pays d’Oc, les frais fixes moyens de 3 500 €/ha augmentent de 750 €/ha indique Gérard Bancillon, notant qu’avec un rendement de 70 hl/ha, il faudrait une augmentation de plus de 10 €/hl des cours du vrac. « Je ne suis pas sûr que l’on y arrive d’après les premiers retours d’acheteurs... Je comprends qu’il n’y ait pas d’euphorie, les retiraisons ne se font pas parce que la consommation baisse. On observe une nouvelle déconsommation qui arrive sur une érosion chronique de la consommation » analyse-t-il. Ce qui appelle à d’amples réflexions au sein de la filière vin pour lancer une stratégie d’évolution sur la production et la consommation de demain.

Partager cet article
Repost0
27 octobre 2022 4 27 /10 /octobre /2022 06:00

Connaissant l’extrême susceptibilité de celui qui, ayant rêvé, en ses années de maturité, de connaître une notoriété internationale dans le difficile domaine de la prescription des grands vins, c’est un rustaud étasunien, avocat de profession, inconnu au bataillon des nez fins, qui lui volera la vedette, un certain Robert Parker propulsant certains GCC de Bordeaux au firmament de prix pharaoniques, en les parkérisant, diront certains, je me risquerai, avec la prudence d’un Sioux, à seulement m’étonner qu’il puisse penser que le débat qu’il lance, sur le papier glacé du magazine En Magnum, en fusse un.

 

Pourquoi y-aurait-il débat ?

 

N’en déplaise à Michel Bettane, le vin produit en notre vieux pays de terroirs, qu’il soit grand, petit, moyen, prestigieux, minable, mis en bouteille ou en vrac, est produit pour trouver une place, un prix sur le marché, sur son segment de marché, marché intérieur comme celui du grand large. Je sais, ce que j’écris choquera les esthètes, les « amoureux du vin », les dégustateurs patentés, oui je suis atrocement trivial, vulgaire, mais je ne vois pas au nom de quoi, celles et ceux qui font du vin, devraient suivre les vapeurs de bonnes sœurs de ceux qui se disent prescripteurs, des que plus grand monde suit, proches qu’ils sont de la cabine téléphonique chère aux défunts radicaux.

 

Enfin, j’ose conseiller aux plumitifs qui œuvrent pour Bettane&Desseauve, de sortir de leurs dégustations, d’aller à la rencontre, sur les nouveaux lieux de consommation, de ces drôles d’oiseaux que sont ces jeunes et nouveaux consommateurs. Les ignorer, les mépriser même, se moquer d’eux, les prendre pour des ignares sans vocabulaire qui se contentent de siffler des canons vite fait bien fait.

 

Je m’en tiens là, laissant Michel Bettane à ses accablements... ses regrets... à sa manière bien à lui de sermonner sur la montagne.

 

Le sermon sur la montagne – Regards protestants

 

Le vin à boire vite, cette illusion tragique

Michel Bettane –

6 octobre 2022

 

 

Le débat est lancé. il contient ce qu’il faut de bon sens pour qu’on s’y intéresse. entre techniques nouvelles et convictions d’expérience, qui aura le dernier mot ?

 

Il y a rarement de l’imprévu ou du nouveau dans le monde du vin et les débats d’aujourd’hui ressemblent diablement à ceux d’hier. Dans les années 1960, Alexis Lichine, qu’on surnommait dans tous les pays du monde le « pape du vin » – on n’avait pas attendu Robert Parker – remarquait dans son Encyclopédie pionnière que les grands vins blancs de Bourgogne madérisaient rapidement et qu’ils étaient meilleurs à boire vers leur cinquième année ou même avant. On ne connaît que trop aujourd’hui les ravages des oxydations précoces de beaucoup de vins blancs. Rappelons que les exceptions d’alors, capables de défier les décennies, provenaient de viticulteurs maniant avec dextérité le sulfitage ou l’acidification, comme Pierre Ramonet-Prudhon ou François Raveneau.

 

On n’accepte plus ces pratiques œnologiques aujourd’hui. De toute façon, le jeunisme de la nouvelle génération – son amour de la nouveauté et de l’immédiateté dans le succès, sa vision du temps souvent devant elle et rarement derrière – donne sa préférence au fait de boire les vins aussi vite que possible. On souhaitait aussi la même chose il y a un demi-siècle, avec d’autres arguments.

 

Ainsi, Max Léglise, directeur de la station œnologique de Beaune, expliquait dans La Revue du Vin de France que le manque de caves pour faire vieillir les vins dans les nouveaux immeubles justifiait une vinification courte et assouplissante. Avec un chauffage initial du raisin pour accélérer le processus et rendre moins nocive l’altération de nombreuses vendanges.

 

Le fameux docteur Dufaÿs, au château de Nalys, influençait toute une génération de producteurs du Vaucluse ou d’ailleurs avec sa dénonciation des lourdeurs et fragilités inacceptables, selon lui, des vins traditionnels. Il prônait, influencé par ses amis du Beaujolais, le recours à la macération carbonique, permettant de produire des vins fruités buvables dès la mise en bouteille. Presque tout le Languedoc et le Roussillon (rappelons que cette méthode de vinification a été codifiée à Montpellier) s’y mettra à son tour dix ans plus tard sous l’influence, chose amusante, d’un œnologue bordelais, Marc Dubernet. Déjà dans les mêmes années 1960 à Bordeaux, un négociant bien introduit dans tous les milieux de la restauration, Pierre Coste, avait popularisé les « petits bordeaux rouges des Graves », vinifiés souples et fruités pour une consommation immédiate, avec l’entière complicité de ses amis Pierre Dubourdieu (le père si inventif de Denis) et Robert Goffard, dégustateur et marchand hors pair. Ce type de vin a hélas fait flop, parallèlement au destin injuste de Pierre Coste. Mais Bordeaux ne s’en est jamais remis dans nos grandes villes, désormais malades du « bordeaux bashing ». Aujourd’hui, une génération nouvelle de buveurs aime toujours boire du vin parce qu’elle trouve dans les vins dits « naturels » une boisson souple et désoiffante, bien plus que moralement supérieure, même si quelques excités en sont persuadés. Donc on boit à nouveau jeune, vite, un peu moins cher, ce qui n’est pas négligeable, et sans chercher ce qu’une minorité de connaisseurs dans le monde a reconnu dans les bons vins français, c’est-à-dire une expression d’origine ou de millésime. Les mentions bio, le style rebelle et irrévérencieux, souvent drôle et inventif des étiquettes, contre-étiquettes et noms de cuvées passionnent plus que la réputation du millésime ou des hiérarchies nées de l’histoire.

 

Faisons quand même preuve de prudence devant ce retour cyclique qui favorise le vin jeune, alors que paradoxalement le vin dit « nouveau » a failli à sa mission. On est heureux que la souplesse de ces vins dits nature ne provienne pas d’un artifice œnologique, comme hélas s’était dévoyé le beaujolais nouveau coloré et standardisé des années 1980. On risque pourtant d’y perdre plus qu’on y gagne, comme cela n’est que trop évident dans l’usage de la langue, avec la simplification outrancière du vocabulaire, entraînant celle de la pensée, devenue incapable de nuancer ce qu’elle ressent ou veut communiquer.

 

Le monde binaire – comprenons c’est génial ou c’est nul – n’a rien à nous apporter, à nous apprendre ou pour nous permettre de progresser. Dans le vin, l’opposition simple « cela me plaît tout de suite ou sinon je fais autre chose » peut encore se comprendre sur le plan aromatique, mais conduit progressivement à ne plus percevoir, parce qu’on ne peut plus nommer, faute d’expérience ou de vocabulaire, les nuances aromatiques plus complexes d’un bouquet de vieillissement. Elle devient vraiment tragique si l’on accorde aux sensations tactiles l’importance qu’elles méritent. Quand un ancien disait plaisamment ce vin glisse « comme un petit Jésus en culotte de velours », il rendait simplement hommage à son sens tactile, habitué au toucher des tissus, au grain du bois, au contact direct avec la matière. Avec les mots pour désigner son ressenti et sa capacité à faire des distinctions. Quand on dit, en revanche, « ça glisse » ou « c’est gouleyant » sans précision, cela réduit la perception du vin boisson à celle de l’eau boisson. La matière interne du vin n’intéresse plus. On a vu les ravages du rosé, forcément plus souple et simple, par rapport aux rouges issus des vignobles du Sud. Et ce rosé, rouge moins coloré et moins tannique, se rapproche de plus en plus du blanc dans les évolutions les plus récentes, parce qu’on l’imagine plus aérien ou plus cristallin s’il perd toute marque de couleur. Pour les rouges de garde, qu’on consommera d’ailleurs sans les garder, à deux ou trois ans d’âge sur la table de la plupart des bistros à vins ou restaurants, le vinificateur cherchera à adoucir et à simplifier leurs contours : beaux arômes, belle et facile entrée de bouche, puis creux sans rebond dès le milieu de bouche.

 

Je suis accablé par le succès actuel de certains producteurs de Bourgogne, à la mode mondiale et au prix de vente inversement proportionnel à la dilution de la matière. Et tout aussi accablé devant le bashing des grands bordeaux récents qui n’ont jamais, avec la sévérité de plus en plus grande des sélections, présenté une matière aussi riche, aussi complexe et prometteuse. On les accuse même de manquer d’émotion ou d’être trop sophistiqués techniquement. On songe à ces jeunes bacheliers incapables de lire, de mémoriser une phrase de plus de deux lignes et qui seraient prêts à interdire aux écrivains de les rédiger. Les mêmes seront un jour prochain incapables de lire un « hashtag ».

 

Heureusement, on se console, si l’on peut, avec une minorité encore existante – pour combien de temps ? – de vins complets, sans doute les meilleurs jamais produits depuis un demi-siècle, meilleurs vins nature compris, au cœur, comme toujours, de notre magazine.

 

 

 

Partager cet article
Repost0
25 octobre 2022 2 25 /10 /octobre /2022 06:01

Médoc : l'Australien Penfols va acheteur le château Lanessan

Penfolds double son vignoble médocain avec le château Lanessan

 

Les domaines Bouteiller cèdent leur propriété de 85 hectares de vignes médocaines au groupe australien Treasury Wine Estates, qui consolide ses actifs dans le vignoble bordelais pour sa marque phare.

 

Par Alexandre Abellan Le 19 octobre 2022

 

Et pendant ce temps-là Le ministre de l’Agriculture fait avancer les demandes d’arrachage du vignoble bordelais

 

Interpelé à l’Assemblée Nationale et à l’occasion d’une visioconférence sur les enjeux de réduction des surplus viticoles à Bordeaux, Marc Fesneau pose les premiers jalons d’une quête de solution concrète. ICI

 

Par Alexandre Abellan Le 19 octobre 2022

 

En clair ARRACHONS, ARRACHONS, avec le pognon des contribuables !

 

Souvenirs, souvenirs, du temps où Hubert Bouteiller proclamait à l’INAO : laissez-nous la liberté de planter nous avons les marchés pour vendre nos Bordeaux !

 

Hubert Bouteiller avis qualité bouchon Diam / Mytik - DIAM

 

Au temps où j’officiais sous les lambris de l’Hôtel de Villeroy, au 78 rue de Varenne, pour moi le Château Lanessan c’était Hubert Bouteiller. Homme de conviction, à la personnalité bien trempée, dans le cénacle parfois bien Plon Plon du Comité Vin de l’INAO, ses interventions argumentées, souvent pertinentes, tranchaient.

 

Je le confesse aujourd’hui, il présentait toutes les qualités requises pour présider le Comité Vins de l’INAO. Mais il était bordelais et, dans les subtils équilibres sociopolitiques du monde du vin français, le TSB : tout sauf Bordeaux unissait les barons des autres régions. Dans notre beau pays, les nominations publiques à des postes de responsabilité, font les délices des hommes de pouvoir et de leur entourage.

 

Par chance, je n’eus jamais à procéder à cet exercice, le magistère de feu Jean Pinchon, qui succéda à un bordelais Pierre Perromat, m’exonéra d’avoir à trancher dans le ballet des prétendants.

 

Ce rappel du passé simplement pour saluer un homme, avec qui j’eus bien des désaccords, mais qui prit toujours la peine, une fois même par le truchement d’une longue lettre manuscrite suite à mon fameux rapport, d’argumenter, de tenter de me convaincre sans jamais se départir d’une grande courtoisie.

 

Nos désaccords portaient sur l’expansionnisme des plantations à Bordeaux, sur le contenu de mon rapport mais alors qu’il se mit en retrait de l’INAO, Hubert Bouteiller m’invita à Lanessan pour concéder, alors que nous visitions ses vignes en calèche, qu’il s’était trompé et que votre serviteur avait vu juste. Rare les hommes publics qui font amende honorable.

 

Château Lanessan : les grands terroirs savent vieillir - Château Lanessan :  les grands terroirs savent vieillir - Terre de Vins

Treasury Wine Estates se renforce en France avec le Château Lanessan ICI 

 

Le groupe australien vient d’annoncer une prise de participation majoritaire dans le Château Lanessan, pépite du Haut-Médoc. Une nouvelle acquisition qui renforce Treasury Wine Estates en France.

 

Par Béatrice Delamotte

 

Publié le 19/10/2022

 

Et de cinq ! Treasury Wine Estates (TWE) vient d’annoncer une prise de participation majoritaire dans le Château Lanessan, en Haut-Médoc. Une acquisition qui renforce le groupe australien en France après l’achat du Château Cambon La Pelouse en appellation Haut-Médoc et Margaux en 2019 et, en novembre dernier, de trois propriétés sur la commune de Macau : Château Belle-Vue, cru bourgeois exceptionnel du Médoc, Château Gironville en Haut-Médoc et Château Bolaire en Bordeaux, ainsi que la marque Petit Verdot by BV. De quoi renforcer la stratégie de Treasury Wine Estates qui considère les vins français comme une opportunité de développement important sur ses principaux marchés.

 

 

Avec l’acquisition de Château Lanessan, Treasury Wine Estates double la capacité de production de Penfolds en France et renforce la marque en tant qu’icône mondiale du luxe. Le groupe fait entrer dans son giron 390 hectares de terres médocaines, dont 80 hectares de vignobles en appellation Haut-Médoc, ainsi que le château historique Lanessan, créé par l’architecte Henri Duphot et construit en 1878, le château Lachesnay, conçu par Louis-Michel Garros en 1883, le chai et les bâtiments annexes. Cet important patrimoine agricole et immobilier était géré jusqu’à présent par la famille Bouteiller qui se déclare «confiante dans la vision de Treasury Wine Estates pour l’avenir de Lanessan», précise un porte-parole de la famille dans un communiqué de presse.

 

Treasury Wine Estates annonce d’ores et déjà ses ambitions pour la propriété et projette d’investir lourdement aussi bien dans le vignoble qu’avec un projet de nouveau chai. Sans oublier la rénovation des bâtiments d’habitation historiques pour développer un pôle oenotouristique. «Nous allons renforcer la capacité de production du château et sa réputation de vin de qualité, tout en approfondissant nos relations avec la communauté locale de Bordeaux, confirme Tom King, directeur général de Penfolds. Nous avons des projets ambitieux d’investissements pour y accueillir les amateurs de vin et leur faire découvrir les traditions viticoles uniques de la région».

 

«La prise de participation majoritaire du Château Lanessan est un ajout passionnant au portefeuille de Treasury Wine Estates en Europe, se félicite de son côté, Kerrin Petty, chef des approvisionnements de TWE. L’augmentation de notre capacité de production, avec un tel site historique, soutiendra nos plans de croissance futurs, car nous répondons à la demande des consommateurs pour les vins de notre portefeuille de marques, y compris Penfolds.» En plus de produire du vin sous la marque, la propriété continuera cependant à proposer des cuvées sous les étiquettes Château Lanessan, Les Calèches de Lanessan et Château de Saint-Gemme, qui seront distribuées par les canaux existants. De quoi renforcer la présence de TWE en France et de compléter l’offre existante : les vins élaborés en partenariat avec Dourthe Bordeaux, le FWT 585 produit à Cambon La Pelouse, la collaboration en cours avec la maison de champagne Thiénot.

Partager cet article
Repost0
24 octobre 2022 1 24 /10 /octobre /2022 06:00

C’est un opéra terriblement sexiste !

 

Faut-il clouer Mozart et son librettiste Schikaneder au pilori pour misogynie et racisme ou, au contraire, se servir de leur œuvre pour dénoncer les travers de notre temps ?

 

Comme je suis allé mercredi dernier, avec qui vous savez cher Pax, à l’Opéra Bastille, pour une représentation de la Flûte enchantée de Mozart, je me dois de poser la question pour être dans le sens du vent qui souffle à pleins poumons depuis la bouche de notre Sandrine Rousseau que le monde entier nous envie mais que ses électeurs de son arrondissement de Paris se disent « mais qu’est-ce qui nous à pris de l’envoyer au Palais Bourbon ? »

 

 

Jetons un œil sur trois passages du livret de La flûte enchantée : « Les femmes agissent peu mais parlent beaucoup » ; « Sans un homme, une femme tend à outrepasser ses limites » ou, s’agissant du serviteur noir Monostatos : « Toute la création connaît les joies de l’amour […] et moi seul, je fuirais l’amour parce qu’un homme noir est laid ! Ne m’a-t-on pas donné un cœur ? »

 

Le sexisme dans les opéras classiques

ICI

 

ANAIS PROUST

 

Majoritairement écrits aux XVIIIe et XIXe siècle il peut sembler absurde de s’étonner du sexisme présent dans les opéras classiques. Pourtant, étant admirés encore et toujours pour leur beauté musicale et théâtrale il est bon de revenir sur les livrets de ceux qu’encore aujourd’hui on considère « classiques »

 

La Flûte enchantée de Mozart

 

 

Les hommes sont les héros : Tamino, Papageno, même Sarastro est un grand sage plein de vertus. Papageno est le seul qui semble présenter des faiblesses.

 

Les femmes sont quant à elles maléfiques et manipulatrices comme la reine de la Nuit, du moins c’est une interprétation possible. Pamina dans toute sa pureté et innocence reste une part intégrante aux épreuves de Tamino qui ne doit absolument pas céder à la tentation de parler à la femme qu’il aime et qui devant son silence le croit indifférent.

 

 

Dans « Mozart’s Women » paru en 2006, Jane Glover montre combien Mozart était entouré de femmes : sa mère et sa sœur Nannerl, une grande musicienne, puis sa femme Constance et ses sœurs, dont Mozart fut très proche, sans oublier les musiciennes pour lesquelles il composait.

 

Mozart adorait les femmes, de l’impératrice à la servante, de la tendre à la manipulatrice. Sa relation aux femmes nourrit son œuvre...

La Flûte enchantée de Mozart, un opéra aux multiples facettes

RÉSUMÉ

 

Le Prince Tamino est chargé par la Reine de la Nuit d’aller délivrer sa fille Pamina des prisons du mage Sarastro, présenté comme un tyran. Guidé par les trois Dames de la Reine, le courageux Tamino est surtout accompagné de Papageno, un oiseleur froussard.

 

 

À Papageno revient un carillon et à Tamino une flûte magique – deux instruments qui les aideront dans leur périple. Mais Tamino découvre au cours de son voyage que ce n’est pas Sarastro qui est le tyran mais bien la Reine de la Nuit, qui est prête à tout pour se venger de Sarastro, qu’elle déteste. Tamino et Papageno sont mis à l’épreuve et leur aventure se double d’une véritable initiation spirituelle qui les mènera vers la lumière et vers l’amour.

 

 

 

Robert Carsen signe une mise en scène élégante et épurée, qui tisse une réflexion sur l’existence en explorant la nature au fil des quatre saisons.

La Flûte enchantée scintille à l’Opéra Bastille ICI

 

 

Le 18/09/2022 Par Lara Othman

 

La Flûte enchantée de Mozart, dans la mise en scène de Robert Carsen, revient sur les planches de l’Opéra Bastille, avec Mauro Peter et Pretty Yende dans les premiers rôles, accompagnés de l’Orchestre et des Chœurs de l’Opéra de Paris, respectivement dirigés par Antonello Manacorda et Ching-Lien Wu.

 

La Flûte enchantée, l’opéra franc-maçon de Mozart 

 

Lorsqu’il compose “La Flûte enchantée”, Mozart est franc-maçon depuis sept ans. Très attaché aux idéaux maçonniques, il a déjà écrit des petites pièces pour les loges. En 1791, Emanuel Schikaneder, un ami, directeur de théâtre et franc-maçon lui-aussi, lui propose de composer un opéra en allemand. Ensemble, ils racontent une aventure fantastique où se rencontrent un Prince, une homme-oiseau, une Reine de la nuit, un serpent... Et sous ces thèmes magiques et philosophiques, des clins d’œil à la franc-maçonnerie sont discrètement disséminés. “Mozart savait que s'il montrait ces symboles de façon trop évidente, l'opéra pourrait être interdit, explique Laure Dautriche, musicologue et auteur de "Ces musiciens qui ont fait l'Histoire" (ed.Tallandier). En revanche, ces symboles sont suffisamment éloquents pour que le public dans la salle, et en particulier les francs-maçons, puisse reconnaître immédiatement qu'il s'agissait là d'un hommage à la franc-maçonnerie.”

Partager cet article
Repost0
23 octobre 2022 7 23 /10 /octobre /2022 06:00

Image

Le petit Olivier Faure, ex-admirateur du conducteur de pédalo, qui se dit premier secrétaire d’un PS qui suce la roue de Mélenchon, ose écrire sur Twitter :

 

« Il y a 40 ans disparaissait Mendès-France, conscience de la gauche de l’après-guerre. Il était l’eau, Mitterrand le feu. Leur complémentarité fit dire au nouveau président en mai 1981 « Sans vous rien n’aurait été possible ». Hommage à notre illustre collègue du groupe socialiste. »

 

C’est ça PMF, illustre collègue et pourquoi pas adulateur de la NUPES !

 

 

Le blog de Jean-Charles Houel: Pierre Mendès France un « perdant magnifique  » en podcast sur France Inter

10 février 2021

Pierre Mendès France un « perdant magnifique » en podcast sur France Inter ICI 

J'étais présent 

Pierre Mendès France (1/4) : une exigence morale en politique - AgoraVox le  média citoyen

7 OCTOBRE 1982 - SEUL LE PRONONCÉ FAIT FOI

 

ALLOCUTION DE M. FRANÇOIS MITTERRAND, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE, À L'OCCASION DE L'HOMMAGE RENDU À PIERRE MENDÈS FRANCE, DANS LA COUR D'HONNEUR DE L'ASSEMBLÉE NATIONALE, MERCREDI 27 OCTOBRE 1982.

 

 

Mesdames et messieurs,

 


- Il est dans l'histoire des moments privilégiés où l'intégrité a un nom, la rigueur un visage, la conscience une voix, et dans la vie d'un homme un instant - sa mort - chacun, ami ou adversaire, perçoit l'écho d'un même message et voilà que soudain - oui, pour un instant - tous se rejoignent.

 


- Comment exprimerai-je ici la qualité de l'émotion qui secoue tant d'hommes et de femmes depuis ce lundi 18 octobre 1982 ?

 

Et nous-mêmes, connaissons-nous toutes les raisons du serrement de notre cœur ?
- Avant que nous ayons pu rendre à Pierre Mendès France le solennel hommage qui nous réunit aujourd'hui, la nation française, notre peuple et combien d'autres dans le monde avaient d'eux-mêmes reçu cette mort comme un deuil. Ils avaient perdu l'un des leurs, qu'ils aimaient, respectaient, admiraient, l'un de ceux dont on sait dans la nuit et dans l'incertitude qu'ils ouvrent le chemin.

 


- Pierre Mendès France a voulu que les jours qui suivraient sa disparition fussent réservés à sa famille, à ses intimes et distingués des cérémonies officielles. Je n'ai pas à interpréter cette volonté, conforme à la conduite d'une vie. Je me pose cependant la question : cet homme, d'un destin insolite, d'une originale plénitude, mesurait-il assez ce qu'il avait apporté au pays ou doutait-il du mouvement de gratitude et de chagrin que son départ susciterait ?

 


- S'il fut atteint par ce doute et comment ne pas le comprendre - lui qui fut si longtemps combattu, calomnié, injurié -, il n'ignorait pas qu'on s'y expose et qu'on en prend le risque dès lors qu'on intervient dans les affaires de la cité. Ce sort n'a épargné aucun fondateur d'ordre, aucun grand porteur de message. Et lui-même, mieux que personne, enseignait que pour dominer les outrages de la fortune et parvenir à la "sérénité du couvreur sur le toit", où se situait Léon Blum, il y fallait beaucoup de robustesse d'âme.

 


L'hostilité qu'avaient provoquée les fulgurances de ses idées, de son action, avait-elle nourri en lui-même cette interrogation passagère ?

 

Pourtant dans les orages et les affaissements de la IVème République, il avait apporté, et la jeunesse de France y avait applaudi, la lumière et le redressement. En moins de huit mois, il avait arrêté l'effusion de sang de la guerre d'Indochine, donné de façon spectaculaire et, à la lettre, révolutionnaire, un élan décisif à la décolonisation avec l'émancipation de la Tunisie, pris les dispositions les plus novatrices pour notre défense nationale, imprimé aux orientations de notre économie une rare impulsion, inauguré enfin un style et une méthode dont l'empreinte marque encore ceux qui ont à décider, où qu'ils se trouvent, du destin de la France.

 


- Le doute encore aurait pu survenir - quel grand esprit ne l'a connu ?

 

- lorsque, comme cela fut exprimé pour un autre, "l'aigle ayant fait son nid, on prétendit le contraindre à s'y reposer". Il pouvait craindre que, les vicissitudes de la politique, les divisions de son propre camp l'ayant éloigné de la direction du pays, ses luttes, ses compétences, ses avertissements ne fussent anesthésiés par le tribut peu onéreux et le respect sans risque qu'une société procure à sa mauvaise conscience. Or, si tout a été dit, et souvent bien dit sur ce Français dont le manque déjà nous afflige au-delà de toutes prévisions, on a peu rappelé, me semble-t-il, à quel point pendant ces vingt dernières années il a été présent parmi nous avec quelle fidélité enracinée, quelle ténacité incontournable il avait découragé ceux qui l'invitaient à se placer au-dessus de la mêlée. Quand je lui confiais un jour récent, que sans lui rien n'eût été possible, je pensais, certes au rôle que, chef de file, il avait joué auprès de ma génération et à la confiance qu'il m'avait faite dès 1953 et 1954 en me comptant parmi les siens, mais je pensais surtout qu'il n'avait jamais cessé d'être, lui, ce compagnon inaliénable de ceux qui luttaient pour que tout redevint possible en France.

 


Pierre Mendès France nous laisse une foi, une méthode, un exemple. Sa foi, la République, sa méthode, la vérité, son exemple, l'inlassable combat pour la paix et pour le progrès.

 


- Car la République, même ingrate, fut sa passion. Elle était, pour lui, la conquête des libertés, la mise en œuvre des droits de l'homme et des vertus civiques, la forme supérieure du développement des sociétés humaines : le lieu où le devoir de vérité, le respect de la parole donnée, les scrupules de l'esprit libre, l'amour du bien public fondent le gouvernement des peuples. Ses choix et ses refus furent animés de cette passion. Elle éclaire l'engagement du jeune avocat, du jeune député et du jeune ministre qu'il fut, son combat de 1936, sa participation au gouvernement du Front populaire, son action à la Présidence du Conseil. Elle éclaire sa présence aux côtés du Général de Gaulle en 1945, et aussi son retrait, quand il cessa d'être d'accord. Elle explique la politique de décolonisation dont il prit le risque d'être le promoteur, dont il devint le symbole sous les haines accumulées. Le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, à conquérir indépendance et dignité lui semblait être une conquête inéluctable de la démocratie - que la France devait assumer pour rester fidèle à elle-même. Sa passion de la République explique encore qu'il fut jusqu'à son dernier jour, jusqu'à l'extrême limite de ses forces, engagé, solidaire sans défaillance, jugeant certes, mais entendant que son rôle, dans sa retraite, restât celui d'un citoyen et d'un serviteur du pays.

 

 


- On n'achète pas la confiance du peuple. On la gagne. Et pour cela il faut convaincre. La République commence avec la volonté de convaincre. Brûlante mais méthodique, cette volonté animait Pierre Mendès France, qu'il s'adressât au plus humble, au plus ignorant de ses électeurs ou au plus grand des plus grands de ce monde, à son ami le plus intime dans une conversation la plus personnelle ou à l'assemblée la plus anonyme et même la plus hostile. Être Républicain, c'était croire, selon lui, que tout homme, peut être juge du bien commun.

 


- Comme tous les grands inspirateurs, Pierre Mendès France disait des choses simples. Rien n'est plus fort que le langage qui rend à chacun le droit de comprendre. Ainsi ont grandi les mythes, les religions et les philosophies. Ainsi se sont formés les mots pour lesquels des hommes ont voulu se battre ou mourir.

 


- Il répétait : "La République est un contrat" et il appliquait cette maxime à toute chose. L'acte lucide que passent des citoyens libres avec ceux qui seront là pour les représenter. Ni Montesquieu, ni Rousseau n'avaient dit autre chose, ni tous les fondateurs de toutes les Républiques. Mendès France, malgré les échecs, les reculs et la montée des barbaries, avait tout simplement continué d'y croire. Le problème pour lui n'était pas tant de renforcer le gouvernement que de respecter ceux qui le désignaient, de renverser la charge de la preuve en redonnant au citoyen la mission d'être en première ligne : parce que c'était à lui qu'il revenait, en fin de compte, de décider.

 


- Oui, dans la lignée de Gambetta, Jaurès et Léon Blum, bien qu'autrement, il incarne, à mes yeux, le combat de la République. Il en avait la plus haute idée. Il lui en a donné la plus belle expression et c'est pourquoi son souvenir qui nous rassemble ici n'est pas près de nous quitter.

 


Ecoutons-le décrire le devoir de l'élu à l'égard de ses électeurs, du responsable politique à l'égard des citoyens comme il le fit dans son livre "La vérité guidait leurs pas" :

 


- "Il devra les avertir d'une erreur, résister aux entraînements des intérêts particuliers, montrer les exigences de l'intérêt général, faire face à des mouvements nés de la passion ou d'une information incomplète ou falsifiée, s'ils menacent ou compromettent les buts essentiels pour lesquels il a été choisi. Il lui faudra pour cela du caractère, du courage. C'est justement ce qui confère à la mission politique son utilité vraie et sa vraie dignité".

 


- Ce qui nous apparaît comme un autoportrait, les jeunes générations le perçoivent ressemblant. De là qu'en lui se réconcilient jeunesse et politique.

 


- A cet égard j'ai toujours trouvé remarquable qu'il n'entrât dans son discours à la jeunesse aucune forme de démagogie. Nulle trace dans ses propos de cette stratégie illusoire qui consiste pour certains, quand ils parlent aux jeunes, à triompher de leur propre vieillesse, en croyant mettre ainsi l'avenir dans leur jeu. Tout au contraire, lorsqu'en décembre 1955, il s'adresse à la jeunesse, c'est pour lui dire, sans détour, qu'elle a autant de responsabilités que de droits. Au reste, la jeunesse est l'âge le moins crédule. Et Mendès France le savait. "A l'écoute" de la jeunesse, comme il le fut en mai 1968, ce n'était pas pour lui aller nécessairement dans son sens, mais comprendre, pour accompagner ou infléchir un monde en mouvement. Dans un autre message, il affirmera qu'il est impossible d'être jeune et de dire "A quoi bon ". Mais, changeant d'interlocuteurs, c'est aux hommes politiques, aux éducateurs, aux hommes de responsabilités, qu'il lancera cet avertissement : aucune mesure n'est saine si elle n'intègre au moment où elle est conçue, formulée et enfin appliquée, son incidence et ses retombées chez les jeunes.

 


- C'est ainsi qu'il a inspiré, suscité, favorisé l'éclosion d'idées, de réformes, de projets que le gouvernement de la France met aujourd'hui en oeuvre. On en retrouve les sillons dans les travaux des colloques de Caen, de Grenoble, dans les études des Cahiers de la République, dans les comptes-rendus de séminaires discrets, où il déployait le meilleur de son caractère et de son imagination. Témoignage qui reste vrai pour ceux qui, parmi nous, seraient tentés de concevoir ou de réaliser en ne pensant qu'à l'urgence ou bien au provisoire.

 


Un autre domaine où Pierre Mendès France s'est montré visionnaire a été celui du tiers monde. Il a vite dépassé sur ce sujet le sermon ou le prêche et n'a jamais évoqué ce problème en termes de charité. Il a simplement observé que sur cette planète les pauvres restaient pauvres et qu'ils étaient de plus en plus nombreux et que les riches qui indéfiniment croyaient pouvoir le demeurer, en assurant leur domination, préparaient leur propre ruine. Et lui, qui a si souvent proclamé notre dette, la dette de l'Europe et de l'Occident, à l'égard des Etats-Unis d'Amérique qu'il aimait - comme je les aime - il devait être le premier à dénoncer ce qu'on nomme par dérision ou bien par antiphrase "l'ordre monétaire international" et la suprématie du dollar, source de tant de troubles et de dommages dont les pays pauvres sont toujours les premières victimes. Encore une fois, le tiers monde pour lui, comme pour nous tous, c'était insupportable. Mais c'était aussi une injure contre cette raison humaine qu'il plaçait avant tout. "L'homme ne peut pas construire de ses propres mains la fin de l'homme" répétait-il en parlant de la course aux armements mais aussi et surtout en évoquant l'insupportable irrationnalité des -rapports entre l'Occident et le tiers monde. On connait ses propositions pour l'indispensable système monétaire nouveau, sur la garantie des cours des matières premières, sur le développement propre à l'identité de chacun.


Bien des actes du gouvernement Mendès France sont encore sous le coup de la délibération de l'histoire.

 


- Si le débat et sa conclusion et sur la ratification ou plutôt le refus de ratification du traité de la Communauté européenne de défense est aujourd'hui tranché, il a laissé longtemps un goût amer à nombre de démocrates sincères, européens engagés et sans doute trop pressés par leur idéal d'imaginer l'Europe autrement qu'elle n'était. Contrairement à son tempérament, Pierre Mendès France s'abstînt dans le vote final, et avec lui ses ministres. Mais il s'empressa aussitôt de tracer un nouveau chemin où nous sommes encore, et où nous avons pour l'amitié franco - allemande continué d'avancer. C'est à l'Hôtel Matignon, en son temps, que j'ai pour la première fois rencontré un chancelier allemand : il avait en ces domaines comme en tout autre, les réflexes d'un patriote de vieille et grande tradition.

 


- Il aimait les Etats-Unis, je l'ai dit, même s'il leur parlait haut, refusait d'appeler "impérialisme" la logique d'une hégémonie à propos de laquelle il annonçait à nos alliés d'outre-Atlantique qu'elle les entraînerait, s'ils n'y prenaient garde, à connaître de cruels retours.

 


- De l'Union soviétique, il savait qu'elle rassemblait un grand peuple, notre ami, au travers d'une longue histoire. S'il n'admettait pas son régime intérieur, il ne faisait pas entrer cette donnée en ligne de compte quand il s'agissait de veiller aux équilibres nécessaires entre les nations de la terre.

 


Mais ce qu'on appelle le patriotisme, mesdames et messieurs, c'est-à-dire considérer la patrie comme une valeur fondamentale, n'était pas pour Pierre Mendès France un concept abstrait, un idéal incertain. Et il le prouve. Dès que la guerre est déclarée en 1939 il ne se pose pas de questions : il doit se battre. Sa place est au front. On lui fait observer que, parlementaire, il peut obtenir une affectation spéciale : il s'engage dans l'aviation. Comme on annonce une guerre de positions à partir des lignes Maginot et Siegfried et que l'on prévoit que les engagements se feront attendre, il demande son envoi immédiat dans l'armée du Levant censée procéder à une opération d'encerclement de l'ennemi par les Balkans.

 


- Promu lieutenant il harcèle le commandement pour obtenir de nouvelles missions. La débâcle le retrouve en France. Il tente de rejoindre son escadrille au Maroc et s'embarque sur le Massilia. Arrêté, jugé pour désertion, il est condamné le 9 mai 1941 à sept ans de prison. A la barre les témoins défilent : ce sont ses supérieurs. Tous font son éloge. Ils ne se contentent pas de laver l'accusé du soupçon, de juger scandaleuse l'accusation, ils confirment qu'ils ont rarement vu un officier français aussi calmement et opiniâtrement décidé à se battre. Incarcéré, il multiplie les tentatives d'évasion. Avant la dernière, celle qu'il réussira, il écrit aux autorités du moment la lettre que voici :

 


- "Il est certes interdit de se faire justice à soi-même, mais à condition de trouver et de défendre son honneur (...) je ne peux laisser affirmer mon déshonneur sans user du seul moyen de protection qu'il me reste, le plus solennel, le plus éclatant : je reprends une liberté à laquelle je n'ai jamais cessé d'avoir droit (...) cependant si la France faisait quelque jour de nouveau appel à ses enfants je solliciterais alors l'autorisation de servir à l'endroit le plus exposé comme je l'ai déjà fait en 1939-40".

 


- Et, lorsqu'il finira après maintes aventures, par rejoindre le Général de Gaulle à Londres et que le chef de la France libre l'interrogera sur ses vœux, Mendès France répondra simplement : "Je suis dans l'aviation, je veux rejoindre mon arme dans une unité combattante". Ce qu'il fit.

 


Il faudrait être bien inattentif pour croire que l'action de Pierre Mendès France fut limitée aux quelques sept mois et dix-sept jours passés de juin 1954 à février 1955 à la tête du gouvernement de la République. Un été, un automne, quelques jours. L'histoire ne fait pas ces comptes-là. Léon Blum, pour un an. Gambetta et Jaurès, pour si peu, pour jamais, pour toujours.

 


- Cet homme qui fut brièvement mais pleinement homme de gouvernement avait pour le Parlement un respect qui ne fut pas, il faut le dire, payé de retour. Les témoins se souviennent de la clameur qui couvrit ses propos en ce jour du 5 février 1955, alors qu'abattu par une coalition d'intérêts contraires - et sans doute s'était-il refusé à compter tous les suffrages qu'il eût pu réunir -, il tentait, contre les usages, d'exposer les sentiments qui étaient les siens et l'ampleur de la tâche qui attendait son successeur. J'ai vécu avec lui ce moment et j'entends encore son cri :

 


- "le devoir interdit tout abandon".
- Tout Mendès France était dans ce double aveu : la peine qu'il ressentait à se voir privé du moyen de poursuivre la politique qu'il croyait bonne pour le pays, la conviction qu'une politique juste serait tôt ou tard reprise par d'autres, après lui.

 


- J'ai gardé jusqu'ici pour moi le récit de cette scène que nous avons été quelques-uns à partager. Dans le bureau du chef du gouvernement au Palais Bourbon, Pierre Mendès France, le visage dans les mains, refermé sur lui-même, puis nous regardant, creusé de chagrin et laissant échapper cette plainte à mi-voix : "J'ai fait ce que j'ai pu. Que deviendra la République" ?

 


- Les objectifs, la méthode et cette morale aussi se confondaient pour Pierre Mendès France avec l'idée même qu'il se faisait de ses choix. Car s'il était attentif à comprendre les opinions contraires, il appartenait, je cite, "au camp de ceux qui éprouvent la soif humaniste et socialiste de plus en plus largement partagée et qui demeure la meilleure promesse pour demain". Et il ajoutait : "Je suis de ceux qu'animent à chaque instant la volonté et la passion de prendre une part, fut-elle modeste, à une grande œuvre qui ne sera jamais achevée et qui est d'autant plus urgente".

 


- Quant à la primauté qu'il donnait à la justice sociale dans le respect des lois de l'économie, ah ! cette conscience dure qu'il avait de considérer la réalité en face, cela restera la loi de notre société, celle du moins qu'ont voulue, que veulent bâtir la majorité des Français.

 


Depuis quelques années son rôle politique paraissait effacé. Il appartenait à l'histoire, pensait-on. Des générations aux fidélités entremêlées se réclamaient de son héritage. Et pourtant son influence restait vive, présente, et on le voit aujourd'hui, immense, dissuasion permanente d'une conscience démocratique.
- Je n'en prendrai pour exemple que ce dernier appel pour le retour à la paix, dans le Proche-Orient. Il avait depuis longtemps attaché sa réflexion à ce problème. Mais il se désolait que la guerre fratricide continuât. Il offrait ses conseils, lui si discret. Il voulait la paix entre ces peuples qu'il aimait. Et lui, Français juif, sentait plus que d'autres, mieux que d'autres la nécessité de l'histoire. Il avait la conscience d'être ce qu'il était, Français toujours placé au premier rang des combats pour la France et fidèle, en tout fidèle, à ce qui l'avait fait.

 


- "...La vie use et rejette les hommes et semble ne réserver qu'à quelques-uns un sort privilégié".

 


- "Pour ceux-là, la vieillesse n'est pas l'étape qui achemine à l'effacement, (...) plutôt la transition qui les conduit à la place où l'histoire les accueillera".

 


- "La mort elle-même (...) respecte ces existences dont l'image s'épure selon le dessin que le futur en retiendra" et "Leur exemple servira de modèle ou en tout cas de précédent £ parce que leur comportement a façonné des usages et jusqu'à des institutions £ parce que (ce comportement) continuera de peser dans l'opinion en faveur des causes qu'ils ont servies £ parce que d'autres prolongeront la même lutte en ne cessant pas de s'appuyer sur eux".

 


- Ces mots sont de Pierre Mendès France et il les appliquait à Zola, Jules Ferry, Jaurès, Blum, Churchill, de Gaulle. Qui n'aurait aimé les écrire pour Mendés France lui-même ?


- On ne peut, mesdames et messieurs, contenir son message en quelques traits simplifiés. Cet homme de volonté et de rigueur était surtout un homme généreux. Les hommes, pour lui, étaient différents. Il fallait tenir compte de leurs différences. Mais tous avaient le même besoin : s'émanciper, devenir ou bien rester libres. Comment les inspirer, comment les équiper, pour en faire les créateurs qu'ils peuvent être, comment reconnaître le génie de chacun ? Certes, Pierre Mendès France comme Lincoln, comme Jaurès, est mort sans avoir terminé sa tâche. A moins que sa tâche n'eut été précisément celle-là ! "Tout est création", disait Jaurès, "tous est création de l'homme, même le pain, même le vin".

 


- Je cherche les derniers mots pour dire ce que je ressens en cet instant. Devant vous et devant la France, je cherche à définir ce que fut Pierre Mendès France. Et je ne trouve pas d'autre définition que celle-ci :

 


- "Pierre Mendès France, l'éveilleur des consciences".


- A sa femme, je dis : "il fut votre tendresse et votre vie. A ses enfants, je dis : "il fut votre conseil, votre ami le plus proche". Aux siens, à tous les siens, je dis : "il fut votre compagnon, votre guide. Je suis l'un d'entre vous".

 


- Aux Français, à tous les Français, je dis : "il fut une part de notre honneur, il fut une part de notre histoire : le temps s'en souviendra".

Partager cet article
Repost0
22 octobre 2022 6 22 /10 /octobre /2022 06:00

J’aime beaucoup ce texte extrait du livre d’Eva Bettan « Le Goût de nos mères », elle y parle de la sienne.

 

 

Entre 1981 et 83 j’ai bossé aux côtés de Frédéric sous les ors de l’hôtel de Lassay, Eva, son épouse, venait dans nos conversations en fin de semaine...

 

Quant à Georgette Café c’est à la fois un clin d’œil et un pied-de-nez !

 

Ce faisant je fais une pierre deux coups :primo je satisfais PAX qui veut flemmarder le samedi, et secundo je lui rappelle qu’il n’a pas transcrit les recettes de Marie-Louise, son cordon bleu préféré, depuis un bail depuis le coup d’essai réussi.

 

 

 

 

 

Biographie

 

Journaliste de formation, Eva Bettan est spécialisée dans le cinéma et la littérature. Elle commence sa carrière en 1979 comme journaliste au sein de la rédaction de l'information de TF1 jusqu'en 1992.

 

Elle rejoint France Inter au début des années 1980, station de radio où elle fait toute sa carrière de journaliste. Elle y réalise depuis 1983 des reportages culturels dans les différents journaux d'information de la chaine. Critique de cinéma, elle anime plusieurs émissions spéciales lors des festivals du 7e art. Elle propose également des chroniques cinéma tant dans la matinale du week-end (Chronique Cinéma, Le cinéma d'Eva) qu'en semaine (Côté culture dans la matinale de Patricia Martin, rubrique culturelle en 1996-1999).

 

En 2004, Eva Bettan collabore au Journal de la culture animée par Florence Dauchez sur la chaîne franco-allemande Arte.

 

Entre 2006 et 2010, elle coanime avec Vincent Josse l'émission culturelle Esprit culturel. Entre 2010 et 2014, elle est chroniqueuse cinéma dans l'émission de radio Comme on nous parle, puis dans l'émission Alive durant la saison 2014-2015, toutes deux animées par Pascale Clark.

 

Depuis 2015, elle anime la chronique Le cinéma en VO dans Un jour dans le monde et propose une revue d'actualité cinématographique dans Le journal de 13h chaque mercredi9.

 

Eva Bettan organise le prix du Livre Inter depuis 200810.

 

Durant l'été 2021, elle anime la chronique Le goût de nos mères, une prolongation de son livre paru la même année.

 

Vie privée

Eva Bettan est mariée au dirigeant d'entreprise Frédéric Saint-Geours, avec lequel elle a trois enfants

Partager cet article
Repost0
21 octobre 2022 5 21 /10 /octobre /2022 06:00

La viscose de Gillet : TASE - Sandrillon in Lyon

Vous y découvrirez la condition ouvrière des années 30, dans les usines Gillet filant la viscose, la soie naturelle...

 

L'usine TASE fut construite en 1924 par le groupe Gillet dans le but de produire de la viscose, l'autre nom de la soie artificielle. En un an, une gigantesque usine capable d'accueillir plus de 3000 ouvriers et une cité ouvrière de 97 pavillons sortent de terre dans le secteur de Vaulx la Cote. C'est le début d'une grande aventure textile vaudaise qui durera jusqu'en 1975, date de la fermeture de l'usine TASE.

La suite ICI 

 

 

 

Lisez « Et ils dansaient le dimanche » de Paola Pigani plutôt qu’Annie Ernaux !

« Et ils dansaient le dimanche est un très grand roman historique et social, montrant une fois de plus l'extrême attention de l'auteure aux simples « choses de la vie » humaine, sa manière bien à elle de révéler dans le quotidien la violence ou la beauté.

 

En 1929, Szonja, une jeune paysanne hongroise, quitte son pays avec sa cousine Marieka, pour gagner Lyon, où les attend une promesse d'embauche dans une usine de fabrication de viscose, cette soie artificielle qui connaît alors un bel essor. Au cours même du long voyage ferroviaire, pourtant, le rêve d'émancipation commence déjà à s'effriter, et la découverte de leur nouvel environnement industriel à l'arrivée ne fera qu'empirer le désenchantement. Szonja est obligée de se loger dans une triste pension tenue par des sœurs, de partager avec les autres ouvrières les maigres repas au réfectoire, de subir à l'usine cadences infernales et mauvais traitements, victime des brimades et des inégalités entre hommes et femmes, abimant ses mains dans des produits toxiques, sa tête et ses poumons dans un brouillard de fumées nocives. Et pourtant, avec ses collègues immigrés d'Europe centrale et d'Italie, elle découvre aussi la camaraderie et la solidarité, la joie des conversations, de la fête dominicale, et des danses au bord de la Rize.

 

Quand surgit la grande Crise, conséquence du crash économique de 1929, entraînant le chômage et l'hostilité à l'égard des étrangers, cette fraternité des ouvriers, dans la colère et la lutte, leur permettra de résister jusqu'au Front Populaire et ses promesses de jours meilleurs… Dans un récit engagé, trouvant toujours les mots justes pour dire les tourments du corps comme les sentiments, traduisant avec la même poésie la douleur et l'amour, Paola Pigani nous entraîne, comme ses héros, dans la plus belle des valses littéraires… Laissez-vous emporter par sa musique, comme par le souffle de l'accordéon du « petit bal perdu » !

 

CRITIQUES ICI 

 

Partager cet article
Repost0
20 octobre 2022 4 20 /10 /octobre /2022 06:00

 

Total par ci, Total par-là, ses superprofits, la rémunération de Pouyanné, les salaires dans les raffineries, les piquets de grève de la CGT, les queues à la pompe, la France des autos au bord de la crise de nerfs.

Même que le sénateur à vie Mélenchon pense qu’après sa longue marche à Paris cette France est au bord de la Révolution.

« Le 5 et le 6 octobre 1789 les femmes marchent sur Versailles contre la vie chère. Elles ramènent le roi la reine et le dauphin de force à Paris sous contrôle populaire. Faites mieux le 16 octobre »

 

Paul Chopelin, maître de conférences en histoire moderne, a vu dans le tweet du tribun des « parallèles absurdes ». D'autre part, Jean-Luc Mélenchon semble commettre une seconde approximation dans son tweet. Il évoque en effet la "capture" de Louis XVI quand il apparaît, toujours selon l'encyclopédie Universalis, que le Roi s'est en réalité rendu de lui-même à la capitale, afin d'"apaiser la fureur des manifestants".

 

Pour faire bon poids, notre Robespierre non poudré convoqua aussi Le Front Populaire...

 

Plus c’est gros plus ça passe : enflure !

 

Suite à la levée en masse : entre 30 000 et 140 000 piétons venus à pied, à cheval et en autocars, le petit Boyard, député insoumis au QI riquiqui, sent poindre un nouveau Mai 68

 

Normal, quand y’a plus d’essence ça sent la répétition du fameux mois de mai jeté aux orties par le déferlement gaulliste sur les Champs Elysées. Faudra prendre de la graine petit Jean-Luc adorateur de Tonton.

 

Bref, votre serviteur, ce matin, va rafraîchir la mémoire du petit monde des profs de l’EN qui aiment tant battre le pavé de Paris.

 

Et si on rappelait l’histoire d’Elf-Aquitaine !

 

Elf Aquitaine était une société française d'extraction pétrolière.

D'abord publique, l'entreprise est privatisée en 1994 pour 33 milliards de francs. Alors qu'elle s'apprête à faire une offre publique d'achat (OPA) sur Total, Elf subit les contrecoups boursiers produits par l'enquête de la juge d'instruction Eva Joly. À la suite d'interminables démêlés politico-judiciaires, Elf est absorbé par le groupe Total pour former TotalFinaElf.

La campagne des “ronds rouges”, pionnière du “teasing”.

Un « Etat dans l’Etat », l’histoire du

 

groupe Elf-Aquitaine

par Frédéric Langer 

 

LES « émirs », ce sont ces potentats pétroliers qui, en prévision de l’épuisement futur de la source de leur soudaine richesse, placent leur argent en lieu sûr — c’est-à-dire surtout aux Etats-Unis.

 

Pour Pierre Péan et Jean-Pierre Séréni, qui consacrent un livre à l’histoire de la constitution du groupe français Elf, les « émirs de la République », ce sont ces hauts fonctionnaires-hommes d’affaires, ingénieurs des Mines et autres aristocrates de l’administration française qui, après avoir édifié avec l’argent des contribuables une vraie petite multinationale française du pétrole, en emploient aujourd’hui les bénéfices à investir aux Etats-Unis en se diversifiant.

 

L’achat récent par Elf-Aquitaine de la société Texas Gulf, pour laquelle le pétrole n’est qu’une activité marginale, correspond bien à cette image. Mais le parallèle s’arrête là. P. Péan et J.-P. Séréni ne laissent pas entendre que le flux de revenus d’Elf (au quatrième rang mondial des firmes non américaines pour la rentabilité) soit menacé de tarissement. De plus, alors que, pour un véritable émirat, un « après-pétrole » mal préparé, c’est le retour au sous-développement, une moindre richesse d’Elf-Aquitaine ou même sa disparition n’ébranleraient pas la société française.

 

Et c’est bien là qu’est le problème, comme le font sentir les auteurs malgré une tendance à céder parfois à des simplifications séduisantes. « Excroissance de l’Etat, chargée d’exécuter dans le secteur des hydrocarbures la politique gouvernementale », Elf-Aquitaine a réussi à influencer très largement cette politique dans le sens d’objectifs lui permettant de croître et de s’établir comme une véritable puissance économique et financière, voire un « Etat dans l’Etat ».

 

L’histoire des efforts de ceux qui voulurent après la seconde guerre mondiale permettre à la France de disposer de « pétrole français » de bout en bout, à partir de gisements prospectés et exploités dans les territoires de l’Empire, jusqu’au raffinage et à la distribution en métropole, présente les caractéristiques que l’on retrouve fréquemment dès qu’il s’agit de pétrole. Les trouvailles miraculeuses (Hassi-Messaoud) y alternent avec les épreuves de force à caractère impérialiste, peu glorieuses, (mise à genoux du Congo-Brazzaville), les catastrophes (Feyzin), les luttes à couteaux tirés avec les « majors », l’interpénétration des influences privées et politiques.

 

MAIS, après tout, on peut se demander si le jeu valait la chandelle. L’automobiliste français n’a pas payé son « super » moins cher que son voisin allemand, ravitaillé uniquement par les compagnies pétrolières internationales.

 

Le « contrat du siècle » avec l’Arabie Saoudite, qui, en 1974, mobilisait le gouvernement français sur le thème du « cavalier seul » dénoncé par M. Kissinger, a fait long feu. Et la C.F.P., dont l’Etat est actionnaire, fournit elle aussi du « pétrole français ».

 

Même si ces considérations peuvent paraître mesquines face à une entreprise qui « s’est toujours enveloppée du drapeau tricolore », le moment est opportun de les rappeler : comme le concluent justement les auteurs, « l’expérience d’Elf et de quelques autres entreprises publiques (...) est là pour témoigner qu’il ne suffit pas que l’Etat soit le propriétaire pour qu’il reste en permanence le maître ».

 

Notes :

 

Pierre Péan et Jean-Pierre Séréni : Les Émirs de la République — l’aventure du pétrole tricolore, Le Seuil, Paris, 1982, 224 pages.

Amazon.fr - La Putain de la Republique - DEVIERS-JONCOUR-C - Livres

L'affaire Elf en résumé

 

Voici ce qu`il faut savoir de l'affaire Elf :

 

- Les faits:

 

Une des plus grosses affaires de corruption, une affaire politico-financière qui a éclaté en 1994, suite à une enquête de l'ancêtre de l`Autorité des marchés financiers actuelle (AMF), sur le financement de l'entreprise textile Bidermann, par le groupe pétrolier, entre 1989 et 1993.

 

L'entreprise pétrolière française publique Elf fut dévalisée de plus de 305 millions d`euros par ses cadres dirigeants, surtout durant le second septennat du Président socialiste François Mitterrand (1988-1995).

 

Aujourd'hui privatisée sous le nom de Total, la société pétrolière a abrité un vaste système de corruption permettant non seulement l'enrichissement de ses cadres principaux, mais aussi la rémunération de dirigeants africains. La Cour de cassation a clos ce volet de l`affaire mercredi 31 janvier 2007.

 

Celui qui s`ouvre jeudi 8 mars concerne les "emplois fictifs" d'Elf, qui auraient permis à un panel de personnalités et de dirigeants de toucher un total de 2 millions d'euros.

 

Parmi les autres volets connus de l`affaire se trouvent celui dit "Dumas", ou encore "Bidermann".

 

 

- Les révélations de Loïk Le Floch-Prigent, lors d`un entretien au Figaro et Aujourd`hui en France en 2001, révèle tout un système mis en place en 1967, dès la naissance d'Elf:

 

"En créant Elf à côté de Total, les gaullistes voulaient un véritable bras séculier d'État, en particulier en Afrique (...). Une sorte d'officine de renseignements dans les pays pétroliers. Sous la présidence de François Mitterrand, le système est resté managé par André Tarallo (P-DG d'Elf Gabon), en liaison avec les milieux gaullistes (...). Les deux têtes de pont étaient Jacques Chirac et Charles Pasqua (...). L'argent du pétrole est là, il y en a pour tout le monde. (...)

 

Un grand nombre de personnes au sein de l'État étaient parfaitement au courant des sommes en jeu et des dangers de cette procédure. Tous les présidents de la République, tous les secrétaires généraux étaient informés des montants et des pays destinataires. Les ministres des Finances étaient également au courant des détails les plus importants. Au final, pour chaque opération, une quarantaine de personnes savaient tout, et en temps réel (...). Sur ce sujet, pas un homme politique, pas un, ne peut jouer les Saint-Just. Ça suffit. (...)

 

L'affaire Elf ne porte pas sur les années 1989-1993 mais sur la période 1973-2001. On ne peut réellement le comprendre qu'à la lumière des relations complexes entre la société pétrolière, le pouvoir politique en place et les différents États concernés. " Complexité réelle, mais dont la finalité est simple en ce qui concerne le continent africain : Elf fut et reste une pièce essentielle du dispositif néo-colonial mis en place par Paris, quelques années après les indépendances, afin de maintenir sa tutelle économique et politique sur les pays de son ancien pré carré formellement émancipés. Les "soleils des indépendances", pour reprendre le titre de l'écrivain africain Ahmadou Kourouma, étaient par avance brouillés."

 

 

 

- Les dates clefs:

 

- 1981: François Mitterrand reprend partiellement le contrôle d'Elf, qui obéit désormais à la fois à l`Elysée et au RPR (parti gaulliste). L'entreprise étend son influence dans toute l`Afrique francophone et même parfois anglophone, comme au Nigeria.

 

-1990: l`EAI est installée à Genève et dirigée par Alfred Sirven.

 

- 1994: début de l`instruction sur les détournements de fonds par les juges Eva Joly, Laurence Vichnievsky et Renaud van Ruymbeke.

 

- 1997: deux lettres anonymes mettent sur la piste les juges Eva Joly et Laurence Vichnievsky qui ordonneront une perquisition au siège d`Elf Aquitaine. Roland Dumas, ancien ministre des Affaires étrangères, sera vite impliqué par la découverte d'importants mouvements bancaires et de sa relation avec Christine Deviers-Joncour, lors de la vente des frégates de Taïwan.

 

- 1998: Roland Dumas est convoqué au cabinet des juges d'instruction, puis accusé d`"abus de biens sociaux" et de "complicité d'abus de biens sociaux". Sortie du livre de Christine Deviers-Joncour, "La Putain de la République". Elle y lève le voile sur sa relation avec Roland Dumas, et sur la rémunération qu`elle a perçue d`Elf pour le faire changer d'avis sur la vente des frégates.

 

- 23 janvier 2001: début du procès. Alfred Sirven, un des personnages clefs, a fui aux Philippines.

 

- 30 mai 2001: la chambre du tribunal correctionnel de Paris condamne Roland Dumas à six mois de prison ferme, deux ans avec sursis et 1 million de francs d'amende pour "recel d'abus de biens sociaux". Loïk Le Floch-Prigent est condamné à trois ans et demi d'emprisonnement, et Alfred Sirven quatre ans ferme. Christine Deviers-Joncour est condamnée à trois ans de prison dont dix-huit avec sursis. Tous interjettent appel, sauf Loïk Le Floch-Prigent.

 

- 29 janvier 2003: la cour d`appel acquitte Roland Dumas et réduit les peines des autres condamnés. Loïk Le Floch-Prigent est condamné à trente mois de prison ferme, Alfred Sirven à 3 ans de prison. Christine Deviers-Joncour est condamnée à 30 mois de prison dont 18 ferme.

 

31 janvier 2007: la Cour de cassation rejette les pourvois de dix des onze prévenus, clôturant le volet "corruption" de l`affaire.

 

Que devient Christine Deviers-Joncour, "la Putain de la République" ?

 

- Les principaux protagonistes:

 

 

- Loïk Le Floch-Prigent, P-DG d`Elf de 1989 à 1993, la période durant laquelle l`abus de biens sociaux a été commis (5 ans de prison et 375 000 euros)

 

- Alfred Sirven, ancien directeur des affaires générales, avait lui-aussi été condamné à 5 ans de prison ferme et 1 million d`euros d`amende en première instance. Il est décédé le 12 février 2005 avant que la cour d`appel ne se prononce sur son cas.

 

- Daniel Léandri, ancien conseiller de Charles Pasqua, et policier réputé (10 mois ferme)

 

-Yves Verwaerde, ancien député européen (PR). Fin janvier, la Cour de cassation a cassé la décision d`appel le condamnant à une peine de 18 mois d`emprisonnement dont 10 avec sursis.

 

- Jean-Jacques de Peretti, ex-mari de Christine Devier-Joncours et ancien ministre RPR délégué à l`Outre-mer. Il a été acquitté pour non-lieu en janvier 2006.

 

- André Tarallo, ex-numéro deux dans la hiérarchie et connu sous le nom de `M. Afrique` (7 ans de prison et 2 millions d`euros). Il avait lui-aussi formé un pourvoi en cassation, et s`est finalement désisté. Sa condamnation est donc elle-aussi définitive.

 

- Dominique Strauss-Kahn, ancien ministre de l`Economie, acquitté en octobre 2001 pour non-lieu. La juge Eva Joly avait considéré que le délit d`abus de biens sociaux dont il était accusé n`était pas constitué.

 

- André Guelfi, intermédiaire (3 ans dont 18 mois avec sursis)

 

- Dieter Holzer, intermédiaire (15 mois ferme)

 

- Pierre Lethier, intermédiaire ancien officier de la DGSE (15 mois ferme)

 

- Alain Guillon, ancien directeur du raffinage (3 ans et 3 millions d`euros)

 

- Jean-François Pagès, ancien directeur de l`immobilier (3 ans dont deux avec sursis, et 150.000 euros)

 

- Maurice Bidermann, industriel (3 ans dont 2 avec sursis, 1 million d`euros)

 

- Fatima Belaïd, ancienne épouse de Loïk Le Floch-Prigent (3 ans dont deux avec sursis, un million d`euros)

 

Au total, 37 cadres et intermédiaires ont été traduits en justice, 30 déclarés coupables, les chefs d`accusation étant `abus de biens sociaux et crédits`, `abus de pouvoir`, `complicité d`abus de biens sociaux` et `usage de faux documents`.

 

Le 4 Avril 1950, un puits de pétrole à Lacq.

Page

Page

Page

Page

Page

Page

Page

Page

Page

Page

Partager cet article
Repost0
18 octobre 2022 2 18 /10 /octobre /2022 06:00

 

 

Le lac
Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges
Jeter l'ancre un seul jour ?

Ô lac ! l'année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,
Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s'asseoir !

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes,
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés,
Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.

Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.

Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos ;
Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère
Laissa tomber ces mots :

" Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !

" Assez de malheureux ici-bas vous implorent,
Coulez, coulez pour eux ;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;
Oubliez les heureux.

" Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m'échappe et fuit ;
Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l'aurore
Va dissiper la nuit.

" Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons !
L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ;
Il coule, et nous passons ! "

Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse,
Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur,
S'envolent loin de nous de la même vitesse
Que les jours de malheur ?

Eh quoi ! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace ?
Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus !
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
Ne nous les rendra plus !

Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes
Que vous nous ravissez ?

Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous, que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !

Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux.

Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface
De ses molles clartés.

Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire,
Tout dise : Ils ont aimé !
 

 

 

 

 

Page

La suite ICI

 

Les pêcheurs professionnels s’inquiètent pour leur avenir. Ici Romuald Bouvier, Dylan Cotton, Cédric Giroud et Mickaël Ranson (de gauche à droite) sont déterminés à se faire entendre. Photo Le DL/M.A.

 

Le lac du Bourget, « trop propre » pour les pêcheurs professionnels
Les pêcheurs professionnels du lac du Bourget craignent de disparaître, faute de poissons. Les prises sont de plus en plus petites. Sale temps pour la pêche dans le lac du Bourget. S’il ne reste ici que 10 pêcheurs professionnels (contre 110 en 1929), leur nombre pourrait bien décliner encore, et rapidement. Alors que les prises représentaient plus de 130 tonnes dans les années 1950, elles ne pesaient plus qu’une quinzaine de tonnes en 2020. ICI

Le lac du Bourget est le plus grand lac naturel de France : 4 450 ha, longueur 18 km, largeur entre 1,6 et 3,5 km, avec une profondeur allant jusqu'à 145 m. Le lac accueille une richesse piscicole remarquable avec 33 espèces recensées.

 

POISSONS PRÉSENTS

Omble chevalier (poissons et fruits de mer)

 

 

Perche dans le guide d'achat WWF: Perche de source durable?

 

Lavaret (poisson)

Perche commune, Sandre, Brochet, Carpe, Silure, Omble chevalier, Corégone (lavaret), Petits poissons blancs, Truite lacustre

pechesurlelacdubourget-aixlesbainsrivieradesalpes

PÊCHE AU LAC DU BOURGET ICI
Pêche - Site de pêche - 1ère catégorie
Partager cet article
Repost0
17 octobre 2022 1 17 /10 /octobre /2022 06:00

 

Jean-François Collin est un garçon sérieux, il publie dans A.O.C.

 

Votre serviteur, lui, ne l’est pas, les vieux dit-on « retournent en enfance ».

 

Le triste spectacle d’une Assemblée Nationale, version cour de récréation, d’un président qui se veut gaullien mais qui n’a pas pris ou qui ne veut pas prendre en compte qu’il ne dispose pour gouverner que d’une majorité relative dans cette assemblée, qui louvoie, qui fait louvoyer ses troupes, dans des « alliances de circonstance », adepte des beaux discours, pas très bon DRH d’un gouvernement pléthorique et amateur, font que j’ai perdu le goût de la chose politique, nouvelle agueusie, et que, n’ayant qu’un seul bulletin de vote à ma disposition, rangé sur le bas-côté, je ne vais pas me cailler le lait pour réfléchir sur les voies et moyens de gouverner mes concitoyens.

 

Bref, que Macron dissolve l’Assemblée m’irait bien au teint, ce serait très gaullien, quitte à ce qu’il démissionne s’il est cette fois-ci désavoué.

 

Un bonne leçon de réalité ne ferait pas de mal à la coalition des y’a qu'a et des faut qu’on…

 

 

Image

 

 

Avec ou sans majorité, Emmanuel Macron ne change pas sa façon de gouverner

 

 

Après les élections législatives, tout devait changer

 

 

Emmanuel Macron et sa Première ministre ont fait mine, après les élections législatives du mois de juin dernier, de prendre acte du message que leur avaient envoyé les Français : ils avaient certes réélu Emmanuel Macron faute d'alternative crédible, ni Marine Le Pen ni Jean-Luc Mélenchon ne leur apparaissant comme telle, mais cette élection ne signifiait pas adhésion à son programme où blanc-seing donné à son action.

 

 

Au mois de juillet, il n’était question que de co-construction, de concertation et de débats.

 

 

Pour manifester sa volonté de changer sa manière de gouverner et de dialoguer avec les Français, Emmanuel Macron inventa une instance consultative de plus, le Conseil national de la refondation, pensant qu'il suffirait d'usurper l'acronyme de son glorieux prédécesseur, le Conseil national de la résistance, pour changer le plomb de la division et du morcellement de la société française en or, le rassemblement des Français autour d’un projet de société partagé.

 

 

Il a, dans le même temps, lancé un grand nombre de concertations nationales, sur les retraites, la santé, l'école, ou l'énergie. à chaque fois, cela donna lieu à de grands discours et à d'innombrables commentaires permettant aux médias écrits ou audiovisuels d'alimenter le « robinet à actualités » et de donner l'impression qu'il se passait quelque chose.

 

 

Mais que se passa-t-il vraiment ?

 

 

En réalité, rien n'a changé.

 

 

Un Conseil national pour rien

 

Le Conseil national de la refondation est mort-né… pour de bonnes raisons.

 

Pour délibérer sur les orientations à donner au pays et adopter les lois, lorsqu'il en faut (et il n'en faut pas toujours), et pour contrôler l'action du gouvernement, il existe une institution élue, le Parlement, même lorsque sa composition ne convient pas au président de la République et au gouvernement qu'il a désigné.

 

Le Conseil national de la refondation n'est qu'une tentative d’affaiblir, encore plus qu’il ne l’est déjà, le Parlement. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si l'idée en a été lancée par Emmanuel Macron entre les deux tours des élections législatives, au moment où celui-ci pouvait déjà prévoir le très mauvais résultat du parti présidentiel.

 

La présidente de l'Assemblée nationale elle-même, pourtant membre du parti présidentiel, a fait part de ses réserves sur cette institution. Les partis d'opposition ont refusé d'y participer, tout comme les syndicats.

 

Il ne s'est trouvé qu'un nombre significatif d'associations pour se rendre à l'invitation du président de la République, ce qui donne à réfléchir sur la place occupée dans la vie politique du pays par ces « organisations de la société civile » dont les propositions sont rarement écoutées par les gouvernements, mais qui n'en participent pas moins avec une grande régularité aux multiples concertations qu’ils organisent, qui sont autant d'occasions pour ces associations de montrer qu'elles existent et qu'elles jouent un rôle dans la société. On peut aussi se demander si leur dépendance aux subventions publiques versées par les différents ministères, sans lesquelles elles disparaîtraient, explique ou non cette attitude « positive ».

 

 

Des décisions prises avant l’achèvement des concertations nationales

 

Les concertations nationales ont-elles été plus constructive que cette opération politicienne ?

 

 

Il faut bien, hélas, faire le même constat négatif.

 

 

Sur quoi peut déboucher une concertation sur les retraites qui se déroule alors que le Président de la République fait savoir qu'il souhaitait inscrire le report de l'âge légal du départ à la retraite et l’allongement de la durée des cotisations, dans un amendement au projet de loi de financement de la sécurité sociale ? Il en résulta un débat interne à la « majorité présidentielle » à l’issue duquel, pour donner satisfaction à François Bayrou, la solution retenue fut celle d'un projet de loi rectificatif portant sur le financement de la sécurité sociale, qui sera présenté au mois de janvier prochain et dont le contenu est déjà connu puisque le président de la République a réaffirmé sa volonté de voir mise en œuvre sa réforme au mois de juillet 2023.

 

Que reste-t-il donc en discussion dans ces conditions ? Il faut dire que cette énième réforme des retraites, personne n’en veut, pas plus le patronat qui ne la demandait pas, que les syndicats des salariés. E Macron n’a donc pas l’intention de perdre trop de temps en discussions pour obtenir au bout du compte, éventuellement, la neutralité de la C.F.D.T.

 

Image

 

Et la politique énergétique ?

 

En cette période de flambée des prix de l'énergie et de difficultés d'approvisionnement en pétrole et en gaz, la stratégie énergétique du pays doit être rediscutée et réorientée.

 

Dans ce domaine également, Emmanuel Macron considère qu’il lui revient de prendre les décisions sans attendre que les résultats des différentes concertations engagées ou à venir sur la programmation pluriannuelle de l'énergie, le plan national d'adaptation aux changements climatiques ou le bien-fondé de la construction de réacteurs nucléaires de type EPR 2 à Penly soient connus.

 

La commission nationale du débat public a été chargée de conduire une concertation nationale sur l’opportunité de construire un nouveau réacteur de type EPR 2 à Penly. Elle l’organise en ce moment même et la première réunion nationale devrait avoir lieu à la fin du mois d'octobre. Cela n'a pas empêché le président de la République d'indiquer à plusieurs reprises et dernièrement encore, à l'occasion de l'inauguration d'un parc éolien en mer, puis à la réunion de lancement du Conseil national de la refondation, qu'il avait décidé de développer une stratégie ambitieuse de développement de la production d'électricité d'origine nucléaire en France.

 

On peut discuter du bien-fondé de cette stratégie, mais nous ne le ferons pas dans cet article. Nous nous contenterons de discuter de la méthode par laquelle le gouvernement conduit un simulacre de concertation sur des décisions déjà prises.

 

Alors que le débat public sur l’opportunité de construire un réacteur nucléaire à Penly n'a pas encore véritablement commencé et qu'il devrait se dérouler jusqu'à l'année prochaine, le gouvernement a mis en consultation un avant-projet de loi « visant à accélérer la construction de nouvelles installations nucléaires à proximité de sites nucléaires existants ». Il a indiqué qu’il souhaitait adopter le texte définitif au milieu du mois d’octobre de cette année, après son examen par le Conseil national de la transition écologique et le Conseil d’État. Les dispositions prévues sont très importantes puisqu'elles permettraient notamment de déroger au droit de l'urbanisme, à la loi littorale, à la loi montagne, aux lois de protection des espèces protégées et d'alléger les contraintes pesant sur l'autorisation de prolongation de la durée d'activité des réacteurs nucléaire au-delà de 35 ans.

 

Il s’agit d’une remise en cause sans précédent du droit de l’environnement et du principe de « non-régression » qui signifie que les États ne peuvent normalement que renforcer le droit de l’environnement mais ne peuvent pas réduire le niveau de protection des milieux existant. On notera au passage à quel point le fait d’annexer à la constitution la charte de l’environnement n’a en rien amélioré le respect de l’environnement par le pouvoir politique, ce qui devrait faire réfléchir ceux qui demandent une extension permanente du champ des principes constitutionnels.

 

On comprend facilement que ces atteintes au droit de l’environnement ne seraient pas nécessaires si la perspective de ne pas construire de nouveaux réacteurs nucléaires restait ouverte et s’il était possible que nous en restions aux orientations fixées, notamment par la loi de 2015, de plafonner la part du nucléaire à 50% de la production totale d’électricité française et pour cela d'arrêter le fonctionnement d'une douzaine de réacteurs d'ici 2035, ce qui reste encore, à ce jour, le cadre législatif dans lequel nous vivons. Mais on voit que les lois peuvent être considérées comme un témoignage du passé abandonné aux nostalgiques, avant même d’être abrogées. Le secrétaire général adjoint de l’Élysée en 2015, devenu Président de la République considère que la loi de 2015 n’était pas une bonne loi ; il a décidé de relancer la construction de réacteurs nucléaires, comme il l’avait déjà indiqué lors d'une visite de l’usine d’Alstom au Creusot l'année dernière. Et il le fait. Le parlement suivra et modifiera la loi en conséquence.

 

Les raisons de la brutalité de l’exécutif

 

 

Au nom de quoi Emmanuel Macron agit-il de cette façon ?

 

Au nom de la légitimité qu'il considère tenir de sa réélection. Pour lui et pour ses porte-parole qui le répètent à l’envi dans les médias, les Français lui auraient donné, en le réélisant, un mandat pour réformer le régime des retraites qui faisait partie de son programme électoral.

 

 

Le Président de la République indique de cette façon que pour lui le résultat des élections législatives n'a pas une portée comparable à celui de sa propre élection. Les élections législatives n’ont été à ses yeux que l'expression d'un mécontentement sans fondement véritable et ce Parlement, divisé entre une NUPES coupée de ce que pense et ressent la majorité du peuple français et une extrême droite que les Français ne souhaitent pas porter au pouvoir, est certes bien ennuyeux au quotidien, mais ne l’empêchera pas de mettre en oeuvre sa politique et de gouverner comme il l’a fait au cours de son précédent mandat. Les moyens de contraintes dont dispose l'exécutif pour faire passer ses textes et discipliner les partis qui le soutiennent plus ou moins suffiront, jusqu’à ce que le moment opportun de prononcer une dissolution de l’assemblée nationale soit venu.

 

Il est sans doute un autre motif à cette détermination à passer en force, le plus rapidement possible, des « réformes » impopulaires, et toutes le sont puisque le mot réforme est devenu synonyme de régression sociale depuis les années mille neuf cent quatre-vingt.

 

Pensons à la réforme du régime d’indemnisation du chômage qui doit « devenir adaptable à la conjoncture économique » – c’est le motif officiel avancé par le gouvernement. Quand la croissance est plus forte et qu’il est plus facile de trouver un travail, il serait juste, pour le parti Renaissance et le gouvernement, de réduire l’indemnisation du chômage pour inciter les chômeurs à prendre un emploi, puisque, naturellement, dans leur conception du monde les chômeurs le sont par choix. L’ennui, c’est que la croissance ralentit en France et Europe et que les prévisions convergent pour nous dire que la récession sera là en 2023. Le gouvernement l’ignorerait-il ? Je ne le crois pas. Il tient un discours sans rapport avec la réalité pour justifier cette réforme et faire des économies. Nous sommes en présence de l’habituelle « Novlangue » de nos dirigeants.

 

Les économies espérées des « réformes structurelles » qui sont le mantra de la Commission de l’Union européenne, le gouvernement d’Emmanuel Macron les a promises à l’occasion de l’examen périodique de l’état de nos finances publiques conduit à Bruxelles dans le cadre des « semestres européens ». Ces promesses faites à la Commission, notre Président devra les tenir, d’autant plus qu’il ne cesse d’assenner aux Français son credo européen. Il n’a pas manqué de le faire encore récemment en expliquant qu’une taxation nationale des surprofits des entreprises qui profitent de la crise était une mauvaise chose et qu’il fallait une mesure concertée en Europe, mesure que nous allons attendre longtemps. Pendant ce temps-là, beaucoup d’autres pays européens ont mis en place des dispositifs de taxation nationaux de ces superprofits. En France, au contraire, on baisse les impôts sur les entreprises et pour les plus riches.

 

Emmanuel Macron s'était vanté en juillet 2020 d'avoir imposé au reste de l'Europe un programme de sauvetage qui ne coûterait pas un euro aux Français et leur permettrait de sortir plus rapidement de la crise économique provoquée par le COVID. J’avais écrit à l'époque en quoi ces déclarations ne correspondaient pas à la réalité (article publié par AOC le 17 septembre 2020). La France est le deuxième contributeur au budget européen, derrière l’Allemagne avec 26,4 Mds€ de contribution en 2021, soit 20 % des contributions des États membres au budget de l’UE. Elle a reçu au titre du plan de relance européen un premier versement le 19 août 2021 de 5,1 milliards d'euros, puis un second de 7,4 milliards d'euros en mars 2022. Pour chaque versement, elle doit démontrer qu'elle a réalisé suffisamment d'investissements et de réformes figurant dans son « programme national de relance et de résilience » présenté pour bénéficier des contributions du fameux plan de relance européen.

 

Si l’on résume de façon un peu brutale ce qui se passe, la France contribue au budget européen plus qu’elle n’en bénéficie, ce qui n’est pas en soi scandaleux pour autant que chaque État contribue à proportion de ses facultés contributives, ce qui n’est pas le cas en raison des rabais dont bénéficient l’Allemagne, l’Autriche, les Pays-Bas, le Danemark ou la Suède. Mais en plus, elle doit demander à la Commission européenne l'autorisation de dépenser ce qui lui est attribué et tailler dans son système social pour recevoir moins qu’elle n’a donné. Ce n’est pas une surprise, l’accès au plan de relance a toujours été conçu comme conditionnel et la première des conditions est de mener une politique économique conforme aux recommandations faites par la commission lors de leur examen annuel à Bruxelles.

 

Mais expliquer à Paris que l’on conduit des réformes que l’on s’est engagé à faire à Bruxelles a toujours été un aveu difficile pour nos gouvernements.

 

La conclusion de tout cela ? Majorité relative ou pas, ce n'est toujours pas au Parlement que sont conduites les délibérations sur notre avenir et que se prennent les décisions essentielles.

 

 

Le 7 octobre 2022 - Jean-François Collin

Image

Partager cet article
Repost0

  • : Le blog de JACQUES BERTHOMEAU
  • : Espace d'échanges sur le monde de la vigne et du vin
  • Contact

www.berthomeau.com

 

Vin & Co ...  en bonne compagnie et en toute Liberté pour l'extension du domaine du vin ... 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



 

 

 

 

Articles Récents