L’heure n’est pas à plaisanter mais que, tout de même, l’évêché de Luçon passa du plus crotté de France a cette exécrable réputation, il y a un pas que l’ancien enfant de chœur confirmé par Mgr Cazaux évêque de Luçon n’aurait jamais imaginé.
31 octobre 2018
Cher Jean-Pierre Sautreau votre livre « Une croix sur l’enfance en Vendée », la vôtre volée, violée, martyrisée, par le clergé, est une œuvre de salubrité publique… ICI
Ancien évêque de Luçon sanctionné pour voyeurisme : en Vendée, la colère d’un collectif de victimes
Porte-parole du collectif des victimes de violences sexuelles dans l’église de Vendée, Jean-Pierre Sautreau estime que « l’affaire Michel Santier montre que l’Église continue de protéger non pas les victimes mais les bourreaux ». Il dénonce « une nouvelle offense faite aux victimes ».
L’écrivain vendéen Jean-Pierre Sautreau est le porte-parole du collectif des victimes de violences sexuelles dans l’église de Vendée. Il regroupe des victimes d’ecclésiastiques ou de laïcs dépendants du diocèse de Luçon. La plupart de ces agissements ont été commis du début des années 1950 jusque dans les années 1980, notamment au petit séminaire de Chavagnes-en-Paillers.
- Évêque de Luçon de 2001 à 2007, Michel Santier a été sanctionné par Rome pour des « abus spirituels ayant mené à du voyeurisme » sur deux hommes majeurs, dans les années 1990. Il était alors directeur de l’École de la foi à Coutances (Manche). Dix jours après la révélation des faits dans la presse, vous êtes toujours en colère ?
Oui, c’est le mot. Nous, les victimes qui avons témoigné auprès de la Ciase, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église, nous pensions avoir été écoutées. Nous découvrons ces jours-ci qu’au moment même où l’Église fait mine de s’intéresser au sujet, elle couvre des faits : ceux-ci ont été reconnus dès 2019, mais ils ont été tus, simplement sanctionnés en 2021. Cette réaction montre que l’Église continue de protéger non pas les victimes mais les bourreaux, comme dans les années 1950 ! (1)
- Avez-vous connaissance de témoignages de victimes de Michel Santier en Vendée ?
Non, pas à ce stade, mais les répercussions dans le département sont tout-de-même très fortes. Ce qui nous fait mal, ce n’est pas tant la découverte d’une nouvelle pratique, avec cette histoire de strip-confession, dans laquelle le pénitent devait enlever un à un ses vêtements, à chaque péché avoué à son confesseur. C’est triste à dire, mais on a entendu tellement d’horreurs que nous ne sommes plus surpris. Ce qui est le plus choquant, c’est le traitement de cette affaire par l’Église en 2019, en plein dans son MeToo. C’est une nouvelle offense faite aux victimes. Ici encore, le sacrement de la confession a été utilisé pour agresser sexuellement, et encore une fois le culte du silence a permis de protéger un agresseur.
- Pour vous, la confiance est remise en cause par cette affaire ?
Clairement. J’entends d’ailleurs que certains acteurs de l’Église vendéenne en sont bouleversés. Comment ne pas avoir l’impression que c’est pourri jusqu’à la moelle ? À qui faire confiance ? Dans certains milieux catholiques, en Vendée, on se souvient avec reconnaissance des mots de Michel Santier qui avait exprimé le pardon de l’Église pour les personnes divorcées, les homosexuels (2). Et aujourd’hui, on apprend ces faits incroyables… avec de nouveaux témoignages ces derniers jours… Qui peut avoir confiance dans ce contexte ?
- Comment vivez-vous la réaction de Mgr François Jacolin, l’actuel évêque de Vendée ?
Je continue de penser que même s’il y a des phrases maladroites, il faut reconnaître à l’évêque Jacolin un certain courage. Il est l’un des rares évêques français à avoir fait acte de repentance publique pour les victimes de pédophilie dans le diocèse de Luçon, en octobre 2020. Je peux témoigner qu’il y a, dans le diocèse actuel, une volonté de prendre le problème par le haut. Cette nouvelle affaire, même sans victime signalée en Vendée, a sans doute un côté désespérant. On peut supposer que pour certains paroissiens, cela pourrait être le scandale de trop.
Contact : https://collectif85.com/
(1) Au moment de sa démission du diocèse de Créteil, acceptée par le pape François le 6 juin 2020, Michel Santier avait évoqué des raisons de santé. Il n’a quitté officiellement sa charge que le 9 janvier 2021.
(2) Le texte a été lu dimanche 2 avril 2006 à la messe qui ponctuait la dernière assemblée du synode diocésain.