Dans la tiédeur du soir vénitien je suis un tantinet taquin mais, que voulez-vous, je ne me changerai pas car jamais je n’aurai l’aura de Michel Bettane ni la vista de Thierry Desseauve moi qui ne suis qu’un tâcheron de la plume, un qui n’a pas la chance de savoir tout sur tout, et surtout un pauvre chroniqueur qui ne bénéficie pas d’un passeur de plats appointé. Et pourtant, tel un mort de faim, je lis tout ce qui me tombe sous la main : pour preuve le Spécial Pinard de Fluide Glacial. Numéro à ne pas mettre entre toutes les mains d’ailleurs car nos gars font toujours dans le gore. Mais comme il nous faut respecter tous nos consommateurs et que, par exemple, un Lefred-Thouron en est un bon, je me dois de vous rendre compte de ce numéro spécial à la gloire de ce qui fut notre grande boisson nationale. On le trouve chez tous les marchands de journaux pour 3,90€. Bien évidemment j’en déconseille la lecture à celles et ceux qui font dans le raffinement, les dîners au château, le baisemain à la baronne, le Stéphane Bern non révisé, ici c’est gros, c’est gras, ça gerbe un peu, mais dans le tas il y a certaines vérités qui ne sont pas toujours bonnes à dire ou à écrire. Ici vous êtes sur un espace de liberté ouvert : alors bienvenu aux lichetronneurs de Fluide Glacial et à ceux qui ne portent pas forcément le vin dans leur cœur.
Le numéro commence fort avec Jousselin et son John Booster chevalier milliardaire qui vient proposer à deux frères vignerons bordelais, des gars du bas bien sûr, dont l’exploitation « ne pourra résister longtemps face à la concurrence et à la pression de la Grande Distribution » un nouveau marché car « a new marché, it’s new consommateurs and new consommateurs, it’s new bénéfices ! It’s simple ! »
Ensuite page 4 je trouve le concept de VIN D’OCCASION absolument génial. Pas sûr que je sois très suivi par les longs nez et les becs fins.
Viennent ensuite Nuc et Bibendum de Lindingre sur « qu’est-ce qu’il y a ce soir à la téloche ?
- Des encravatés qui causent pinard avec des grands mots. Ça donne pas très soif.
Tiens ça me fait penser... On l’a pas fini le cubi de champagne ?
Ils me plaisent les deux gars dans cette histoire qui fleure la télé bidouillée et les remarques du buveur de base « C’est vraiment intéressant, pour une fois ! Et lui, il fait pas semblant de licher »
Dans IN VINASSE VERITO j’adore la phrase « Aussi, lors de la dernière réunion de la Gazette, on a fait un effort et on a ouvert quelques briques de vin UHT « la vielle treille » vendanges trainardes, conseillé par un copain œnologue de chez Ed. »
La vie sentimentale de Laurence P par ISA réjouira les fans du CAC 40 car on y voit le baron Ernest-Antoine Seillière emmener en virée ses potes et Laurence P à Mouton-Margaux. Elle ravira les tenants du dialogue social : pour une histoire de bottes et fera se gondoler notre Léon avec le fond de l’histoire : le « Tricofiton Rubrhum ».
Mon père ce héros aviné de Bouzard fera verser quelques larmes au dernier carré des communistes qui savaient ce qu’était le gros rouge en cubitainers de caves coopératives. Pour sûr que nos amis les prohibitionnistes vont voir rouge mais je ne pense pas qu’un seul d’entre eux soit en capacité d’accéder aux douceurs de Fluide Glacial.
J’aime assez dans la galerie de portraits de Fabcaro et Patcab : le frimeur.
- Mmh... Belle robe, un poil tannique, des saveurs de fruits rouges, on sent le fût de chêne... »
- le garçon : euh non Monsieur ça c’est le rince-doigts...
Et puis un Lefred-Thouron : Ich Bin Gland
- le garçon : Comment ça, le vin est bouchonné ?
Vous voulez rire ? Il vient d’un cubi !
- le client : alors il est capsulé...
Pour ceux qui n’apprécient guère le peu de goût pour notre belle et vivifiante boisson nationale de notre premier magistrat : la fig.4 : Argument politique des Vertus du Vin par le Docteur Tobia leur fera chaud au cœur.
Mondo Vinasse présente quelles seront les grandes tendances des cuvées 2015-2020 du wine marketing avec :
- Marjolain&Tofunette Futon-viticulteurs biodynamiques
- Bob Winemarker œnologue américain influent
- Kang Liang Xiong –Pdt du groupe « Sintemilliong&Cpy »
- Virginie Labory-ingénieure vinicologue à l’INRA
- Gontran Seypat-de-Lamayrde- Président du GIE de la Guilde des premiers grands crus classés et leurs amis politiques.
Pour clore cet aperçu non exhaustif sous la rubrique Vin de Messe la célèbre chanson « Dominique... Nique, Nique, de Washington à la Martinique... » et bien sûr la dernière tournée de Lefred-Thouron :
- Hé Man !
T’as essayé les glaçons dans le vin chaud ?
- Arrête... c’est des coups à crever ! »
Pour en terminer avec les suppléments vin j’estime qu’il y a un manque étonnant parmi nos hebdomadaires : celui de la presse catholique qui se devrait tout de même de célébrer le substrat du sang du Christ et celui de la presse communiste qui a sans doute oubliée jusqu’à la couleur de son drapeau depuis qu’elle a fait le lit d’un ancien rose qu’a viré au vinaigre. Allez Michel et Thierry encore un petit effort du côté du goupillon et de la faucille, offrez-nous un spécial vin de messe et un spécial vin en cubi pour la Fête de l’Humanité. Promis je pondrai une chronique pour me faire pardonner mon ironie facile.
PS. Tient pourquoi notre écumeur de dîner au château n’était pas du côté de Monaco pour nous dresser l’état de la table et le listing des convives couronnés ? Tout se perd ma chère...