Le Laurent eut droit au grand jeu. L'entrée de la petite Fougère au bar du Fouquet's draina les regards concupiscents et les autres. Elle avait osée le costume marin ultra short et plus si affinités, à couper le souffle. D'ailleurs le Laurent manquait d'air lorsqu'elle lui tendit la main en minaudant " jpeu m'asseoir à côté de toi..." Ce qu'elle faisait avant même que le bellâtre puisse prononcer son premier mot. Léon tenta une plaisanterie pour l'aider à retrouver de l'oxygène " alors moussaillon le Pacha t'a donné la permission de minuit ? " qui s'écrasa comme une mouche sur un porte-avion, sans bruit. Clairette occupait l'espace, en chair et en paroles. Laurent tétanisé se raccrochait à la contemplation des cuisses lisses et pain d'épices de la belle. Il faisait eau de toutes parts.
Ils carburèrent au champagne, du Krug millésimé. La Clairette picorait et papotait, se penchait, effleurait et lançait des regards fripons à Léon. Laurent, en état de choc, la consommait sur pied. Juste avant le dessert la douce enfant s'éclipsait pour se poudrer le nez. Profitant de ce répit le petit Pochon fit deux inserts pour permettre à Laurent de redescendre sur terre. Tout d'abord, paternel, il lui conseilla de ne pas s'enflammer face à la braise car les souris des villes ne sont pas les souris des champs. Elles sont coquettes, girouettes et il faut leur laisser le temps de se donner l'illusion de dominer leurs sentiments. Le Laurent n'entravait rien à son boniment. Léon s'en tamponnait car l'important était ailleurs et, avec le sérieux de ceux qui mentent effrontément, il assura Laurent qu'il discernait en lui l'étoffe d'un grand, d'un chef quoi. La réponse de Laurent le laissa comme deux ronds de flan, du moins apparemment, monsieur Pochon c'est à vous que nous avons pensé. à la prochaine assemblée du syndicat nous débarquerons cette bande d'empotés et nous vous élirons à mains levées..."