Pour faire suite à mes élucubrations d'hier, si je ne suis pas haut-fonctionnaire j'ai occupé l'enviable position de PDG d'une société peu commune dans le paysage : la SIDO, société des oléagineux, protéagineux et plantes textiles, une SA de droit commun, créée en 1956 par les professionnels pour accomplir " sur instruction du gouvernement toutes opérations et interventions concernant le marché des matières grasses sur le plan national, communautaire et international dont elle sera chargée en vertu des conventions passées avec l'Etat..."
Une petite structure, dotée d'un personnel sous convention collective, sise avenue Victor Hugo dans le 16ième, efficace, maniant des fonds de l'Union Européenne à la plus grande satisfaction de celle-ci. Bref j'étais un PDG heureux, cotisant à la caisse de prévoyance du CNPF, en phase avec mes actionnaires et mes tutelles, le bonheur et la rigueur mais les beaux esprits cartésiens de la Cour des Comptes poussaient des cris d'orfraies car, pour eux, les fonds publics doivent être manier par une structure publique. A noter que nos voisins anglais n'ont pas ce genre de préjugés et, soi-dit en passant, ma petite SA, contrairement à ses cousins établissements publics versant des aides aux vaches, au blé ou autres produits, n'avait jamais fait l'objet d'un apurement communautaire : refus du FEOGA de rembourser les avances nationales pour mauvaise application des textes.
Nous étions souples et pragmatiques (certains lecteurs de ce blog peuvent en témoigner) mais pas dans le bon cadre. Alors, profitant de l'arrivée du grand Louis Le Pensec rue de Varenne je proposai de transformer la SIDO en établissement public et, pour faire des économies, de regrouper le personnel sur le site de l'ONIC (Office des céréales), et que le nouvel établissement et l'ONIC aient le même directeur. Ce qui fut fait. Nommé liquidateur j'ai abandonné l'avenue Victor Hugo : un beau loyer et mon poste de PDG : des émoluments de chef d'entreprise publique fixés par le Ministre du Budget. Bref, une goute d'eau dans l'océan budgétaire.
(à suivre)