Pour en finir avec mon histoire de la SIDO, je me dois d'ajouter au tableau des menus plaisirs que le PDG avait une voiture de fonction, un chauffeur et des frais de représentation. Bref, administrateur de SOFIPROTEOL, ardent défenseur de l'huile d'olive, de la culture du lin et du chanvre, sous l'oeil rieur de JC Sabin et le sourire moqueur de Georges Robin je présidais, débonnaire mais soucieux du service à mes clients.
Je sais que ce n'est pas bien de dire clients, dans l'Administration on dit usagers mais moi quand j'entends ce mot je pense, pour avoir subi comme tout un chacun les affres du guichet, à usagé comme un machin dont tout le monde se fout. Mon souci de regroupement n'avait pas comme seule motivation de faire plaisir aux éminents conseillers de la Cour de la rue Cambon mais partait d'un constat simple : l'Office des Céréales et nous la SIDO avions, avec la réforme de la PAC, les mêmes clients, conséquence de l'assolement dans les grandes cultures. Mes actionnaires n'étaient pas très chaud, la perspective d'aller se dissoudre dans le monument de bureaucratie post-soviétique qu'est l'ONIC leur faisait craindre le pire. Je les convainquis. Je suis très convainquant vous savez.
L'ONIC et la SIDO distribuions une quinzaine de milliards d'aides directes (en francs à l'époque), un beau paquet de fric et bien sûr nous étions dotés chacun d'un Agent Comptable nommé par les tenants de la rigueur de Bercy. Toujours dans un souci d'économies et d'efficacité l'unification de nos Agences Comptables s'imposait. C'est à ce stade que l'histoire prend tout son piment car, à la Direction de la Comptabilité Publique, on décréta que pour compter ce tas d'or il ne fallait rien moins qu'un TPG (Trésorier Payeur Général). Fort bien : va pour un TPG qui, pour ceux qui ne le savent pas, fait partie du cercle d'or des fonctionnaires les mieux payés de notre pays.
Par la suite, discrètement, on me précisa que cet éminent fonctionnaire ne pouvait, sans déchoir, entrer en fonction sans qu'on nommât à son côté un fondé de pouvoir. En l'occurrence ce fut une femme charmante. Alors je fis mes comptes : le TPG + son fondé de pouvoir ça nous donnait une masse salariale très nettement supérieure à l'addition de ce nous coûtaient nos deux Agents Comptables. Nos " Coast Killer " de Bercy si intraitables pour le menu fretin oubliaient leurs calculettes : les postes de débouchés se faisant rares un maroquin de TPG supplémentaire c'est toujours bon à prendre.
Comme je le disais à Ginette Douard qui s'en offusquait : faites ce je dis mais ne faites pas ce que je fais. A signaler qu'aucun d'eux ne s'est soucié, de près ou de loin, du devenir du PDG qui, dans l'opération bien évidemment, se retrouvait le cul en l'air. Après tout, avec mon bras long et ma gueule enfarinée, je n'avais qu'à me démerder tout seul. C'est ce que j'ai fait.