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3 septembre 2012 1 03 /09 /septembre /2012 10:50

 

HB

L’actualité prime sur le farniente : Hervé Bizeul a un fichu caractère, car il en a beaucoup de caractère le bougre, et nos passes d’armes sur mon espace de liberté ont parfois pris des allures de combats au sabre d’abordage. J’adore la belle castagne, sans coups bas, loyale, où tout à la fin les protagonistes déposent les gants et se serrent la main. Avec Hervé il en a toujours été ainsi et, celles et ceux qui nous croyaient fâchés après nos prises de bec en ont toujours été pour leurs frais. J’ai de l’estime et du respect pour son travail car Hervé est de ceux qui font et, croyez un vieil expert des Pyrénées-Orientales, il fallait de la moëlle et de la pugnacité pour s’implanter et réussir dans ce département en pleine décadence post-vdn.

 

En revanche, je l’avoue, pendant tout un temps, celui où j’étais sous le feu, la RVF, ne m’a jamais paru briller pour son avant-gardisme, sa capacité à capter les nouvelles tendances et à mettre en avant des vignerons border line, son courage dans les débats professionnels où ses rédacteurs étaient le plus souvent aux abonnés absents. Surtout ne pas choquer l’establishment, rester engoncé dans une conception très grands vins prout, prout ma chère, ignorer les vins roturiers, bref une vieille dame digne avec permanente, napperons sous les vases, guéridons enjuponnés et gâteaux secs incorporés. Bref, tout ça était bel et beau mais ne s’adressait plus qu’à un lectorat vieillissant alors, avec la foi des nouveaux convertis, la vaillance des ouvriers de la vingt-cinquième heure, la RVF s’est mise à la mode avec plus ou moins de bonheur. Tant mieux pour la cause du vin même si les gloses de Denis Saverot sur la loi Evin frisent souvent la bonne démagogie et que les blogueurs ne sont guère appréciés de la vieille dame rafraîchie.

 

Alors, je dois avouer que la lecture de l’article d’Antoine Gerbelle m’a laissé un sale petit goût de règlement de comptes à OK  organisateurs de salons en tout genre. Son titre « Peut-on juger en toute sérénité les vins du Roussillon ? » laisserait augurer d’une profonde réflexion de ce cher Antoine sur les évolutions qu’ont connu les vins du Roussillon. Mais tel n’est pas l’objectif du papier, il s’agit essentiellement de river le clou à Hervé, le renvoyer dans ses 18 mètres, lui brandir sous le nez un carton rouge : « Trublion de la blogosphère et figure du Roussillon, le vigneron Hervé Bizeul s’en prend aux commentaires de l’édition 2013 du Guide Vert de La RVF dans sa région. A-t-il raison ou pousse-t-il un peu trop loin le bouchon ? » Est-ce vraiment la bonne question ? J’en doute vraiment à la lecture du papier de ce cher Gerbelle qui après l’évocation des bisbilles avec Hervé se clôt par une bordée de méchancetés. Je cite :


« Mais l’inventeur de La Petite Sibérie vendue à plus de 200 euros la bouteille a suivi depuis une trajectoire difficilement lisible : un temps négociant soit disant équitable pour la grande distribution avec sa marque Walden, puis égaré sur les collines ventées du domaine de La Chique avec de gros volumes de petit vin à vendre, il a fini par manquer d’oxygène au point de céder une large part du capital de son Clos des Fées. Toutes ces péripéties ont fait de lui un homme pressé, qui ne voit dans les critiques qui lui sont adressées que des obstacles à son rêve de devenir le premier golden vigneron catalan. Il le confiait d’ailleurs à La RVF, en mars 2011 : « Il y a trois secrets pour réaliser un grand vin : l’argent, l’argent et l’argent », ajoutant un peu plus loin : « Si je ne bouge pas, je vais vivre pauvrement et mourir riche, comme un paysan. » Espérons pour lui qu’il a fait le bon calcul... »

 

Désolé Gerbelle moi je ne mange pas de ce pain-là. Comment un plumitif, dont je suis moi aussi, peut-il se permettre de juger la trajectoire d’Hervé ? Si elle n’est pas lisible Antoine Gerbelle c’est que tu ne sais pas lire et, qui plus est, de quel droit la qualifies-tu ainsi en alignant des qualifications outrageantes et désobligeantes ? Pour sûr, quand on a simplement le cul assis sur une chaise, ce que je suis moi aussi, on ne risque pas de s’égarer sur des sentiers difficiles. C’est plus pépère pour tailler un petit costar à un gars certes doté d’un sale caractère qui entreprend, se bat et cherche la réussite et la reconnaissance. À chacun sa philosophe mais, que je sache, le groupe Marie-Claire, actionnaire de la RVF, n’est pas à classer dans les tenants d’une économie solidaire pour petits vignerons en sandales : pas vrai le sieur Lubot grand maître du club de la Vendée entreprenante ! Bref, sans prendre parti, car je n’ai aucun parti à prendre dans l’histoire des échantillons du Guide Vert, cette façon de faire me déplaît et je l’écris. Oui, entre la RVF et Hervé Bizeul, en l’espèce j’ai choisi. Ce qui ne m’empêchera pas bien évidemment de titiller Hervé si l’occasion se présente. Du côté de la RVF, ce dont je suis certain, c’est que mes petits bruissements ne les troubleront guère : ils ont mieux à faire !

 

Je pars me baigner !

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31 août 2012 5 31 /08 /août /2012 00:09

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Dans notre bas-monde, dans les pays où la propriété privée existe, tout s’achète et tout se vend même les rares châteaux bourguignons. C’est simple comme bonjour. Vous en avez marre de votre chaumière au milieu des vaches : vous vendez ! Vous voulez changer de bagnole vous fourguez la vieille avant d’en choisir une neuve. Vous vous êtes vautrés aux bandits manchots : vous vendez les bijoux de famille ! Bref, pour vendre il faut se dégoter à minima un acheteur mais, si vous vous voulez faire monter les enchères ou tirer un bon prix, le vôtre bien sûr, un peu de concurrence ne nuit pas. Tout dépend de ce que vous avez à vendre : si c’est la pendule de mémé sans doute vaut-il mieux se taper une brocante pour draguer l’acheteur mais si c’est quelques ouvrées en Bourgogne s’adresser à un agence spécialisée dans les transactions viticoles est fortement recommandé pour dénicher les gars prêt à aligner un maximum de blé. Pas la peine de vous faire un dessin les gars de métier, connaissent le marché, les prix, les acquéreurs potentiels.

 

Que vous achetiez un bout vigne de quelques centiares de baco dans le fin fond d’une IGP perdue ou de belles ouvrées d’un monopole bourguignon c’est exactement la même chanson : paroles et musique. Bien évidemment le nombre de zéros à aligner sur le chèque n’est pas le même. Depuis leur érection par Pisani au temps du Général les SAFER (société d'aménagement foncier et d'établissement rural sont systématiquement informées des ventes et elles disposent d'un droit de préemption. Selon la loi « Les Safer ont notamment pour rôle d'acheter des biens agricoles ou ruraux et de les revendre à des agriculteurs, des collectivités, des établissements publics nationaux ou locaux. La loi leur donne la possibilité de disposer d'un droit de préemption et elles sont systématiquement informées des projets de vente par les notaires et peuvent acheter à la place de l'acquéreur initial, pour éviter la surenchère des prix et favoriser le développement local »

 

Les SAFER sont honnies des vendeurs car, sauf dans le cas du château de Gevrey-Chambertin où la vente s’est faite à un Chinois pour la somme record de 8MEUR, normalement l’expertise situait la valeur du bien à 3 à 3,5 millions d'euros. Ça fait unes sacrée différence qui n’a pu être laminée par la Safer Bourgogne/Franche-Comté car celle-ci n’a pu préempter car ce bien était géré en indivision. « en général 95% des transactions se font à l'amiable sauf que la loi ne nous autorise pas à préempter sur des parts de société. Le code rural et la loi ne nous permettent pas de préempter des parts de société et il était donc impossible d'intervenir » a déclaré Daniel Caron le directeur de la dites SAFER. Le domaine était détenu en indivision par 8 ou 9 personnes d'une même famille française. Toujours selon ce cher homme « une vente comme celle-ci cela saborde des années de travail sur la maîtrise des prix, pour qu'on ait des biens à leur valeur réelle et transmissible d'une génération à l'autre ».

 

C’est lui qui le dit, pour une fois qu’une SAFER peut se la jouer populaire je peux comprendre le registre utilisé par son directeur qui, au passage, fout un coup sur les doigts du législateur qui « ne nous a pas donné les moyens d'intervenir » Mais que font ces fégniasses de socialo-communistes, qui sont plutôt d’ailleurs avec le PNR des socialo-verts, pour ériger des barrières juridiques qui bloqueronnt aux portes de la Bourgogne les hordes de barbares colorées ? Sans vouloir la ramener : primo je ne suis pas sûr que cette transaction juteuse pour les vendeurs dérègle le minuscule marché des transactions de la vigne bourguignonne car, comme l’avoue le directeur de la SAFER, « en général 95% des transactions se font à l'amiable », donc ça permet des arrangements locaux (je ne fais pas allusion aux initiés comme pour les ha de l’hippodrome de Libourne transmués par l’INAO en AOC Pomerol et brillamment rétrocédés par la SAFER à des gens bien placés) ; deuxio déjà à sa valeur normale entre 3 et 3,5 millions d’€ (j’adore le delta de 500 000 € de l’estimation de la SAFER, une feuille de papier à cigarettes) je ne vois pas beaucoup de jeunes viticulteurs en capacité de les aligner (sauf papa aisé) pour s’installer car, de plus il semblerait que le château de Gevrey et ses vignes aient besoin d’un bon coup de Ripolin et le Ripolin ça coûte beaucoup de pépettes.

 

Donc dans cette histoire du fin fond du terroir bourguignon, si on veut pousser des cris d’orfraies les seuls qu’il faut éventuellement « blâmer » ce sont les héritiers indivis, pas le « malheureux » chinois Louis Ng Chi Sing qui a  fait beaucoup de sous dans les machines à sous de Macao. L’intermédiaire aussi s’en est mis plein les fouilles car sa commission est un pourcentage du prix de vente. À propos qui c’était ? Moi j’avoue que ça m’a laissé froid, totalement de marbre, même si un ex-agent immobilier reconverti dans le vin m’a fait beaucoup rire en avançant une superbe explication à la mainmise étrangère sur le terroir bourguignon : le peu d’appétence des capitaux nationaux, terrorisés par les khmers verts et les socialo- confiscateurs, à s’investir dans une France sous le joug d’un pouvoir illégitime et spoliateur. Franchement c’est risible puisque le même s’esbaudissait de l’achat d’un château bordelais par une banque mutualiste de l’Ouest. La réalité, toute bête, toute concrète, c’est que les enchérisseurs nationaux, à juste titre, ont estimé que l’addition était trop lourde.

 

Pourquoi n’ai-je pas hurlé avec les défenseurs du terroir bourguignon ? Car le terroir de Bourgogne, comme tous les autres, n’est pas délocalisable alors si un jour les martiens achètent quelques ouvrées de Chambertin ça ne changera rien, le vin produit sera toujours made in Bourgogne. Quand à demander aux pouvoirs publics de mettre leur nez, et pourquoi pas leurs sous, dans cette affaire, franchement c’est du grand n’importe quoi. Est-ce que le fait que la maison Jadot appartienne, depuis un beau paquet d’années à un actionnaire américain, a nui à qui que ce soit en Bourgogne ? Je crois que non. Alors un chinois ou une compagnie d’assurances bien française, la propriété du foncier ne change rien à la bonne marche d’une appellation sauf à ce qu’une vaste razzia des émergeants mettent la main sur la majeure partie du vignoble : ce n’est pas demain la veille en Bourgogne vu le volume des transactions et, n’en déplaise au petit marquis qui veut rester jeune les candidats bien français se bousculeront au portillon dès qu’une bonne affaire va se présenter.  

 

« Aujourd'hui, son rêve se réalise.

La 5e fortune de France, vient d’acquérir une ouvrée (4.28 ares) de montrachet pour le prix astronomique de plus de 1 million d'euros auprès du Château de Puligny-Montrachet.

Il a aussi acheté 2 ouvrées de grand cru bâtard-montrachet aux environs de 900 000 € chaque.

François Pinault est déjà implanté en Bourgogne au travers du Domaine Eugénie (ex Domaine Engel acheté 13 million d'euros en 2006) à Vosne-Romanée, qui exploite 6 hectares dont 2.5 de grands crus et où il a fait bâtir une nouvelle cuverie. »

 

Non je ne crois pas à une quelconque déferlante d’investisseurs étrangers en Bourgogne, avec pour conséquence une flambée des prix du foncier. Pour ce qui concerne le nouveau proprio je note avec plaisir qu’il se prénomme Louis prénom excellemment porté avec un tiret du côté du négoce de Beaune. Plus sérieusement,  « Notre ambition est de restaurer cette ravissante propriété dans son ancienne gloire », a assuré Louis Ng. « Avec le temps, j’espère que mes nouveaux voisins bourguignons viendront eux aussi apprécier ma sincère passion pour les grands vins comme en témoigneront les aménagements positifs que je veux apporter au château de Gevrey-Chambertin », a plaidé cet homme peu disert comme tout chinois qui se respecte. Comme le château de Gevrey-Chambertin est une propriété classée du XIIe siècle il s’est engagé à faire rénover le château par « un architecte français du Patrimoine » et à employer « des entreprises régionales spécialisées dans les bâtiments historiques » Ce cher homme va découvrir aussi les délices de notre bureaucratie française avec un avantage certain puisque la chinoise n’est pas à piquer des hannetons elle aussi.

 

Sans faire de la provocation je préfère que ce soit « un particulier », fusse-t-il chinois, qui ait acquis le château de Gevrey-Chambertin, plutôt qu’un institutionnel, fusse-t-il français, sans visage. D’ailleurs, ce cher Louis, à qui je conseille de prénommer son fils, s’il en a un, Louis-Fabrice, va confier la gestion de son bien à Éric Rousseau, du domaine Armand Rousseau. Jeannie Cho Lee, une œnologue de Hong Kong qui le connaît bien, confirme sa « passion sincère » et déjà ancienne au vin. Louis Ng – qui vit à Hong Kong mais possède également la nationalité portugaise – est un « collectionneur » riche d’une « grande expérience du vin », assure-t-elle. « C’est l’un des collectionneurs les plus passionnés et connaisseurs d’Asie, il aime et il achète du vin depuis plus de vingt ans. »

 

« Pour Jeannie Cho Lee, la méfiance à l’égard des Chinois fait écho à la fraîcheur avec laquelle les Japonais, en leur temps, avaient été reçus dans les chais. « Les Japonais ont été les premiers à s’intéresser au vin dans les années 1980 et 1990. À l’époque, ça avait créé des remous parce que les Japonais commençaient à acheter des propriétés à Bordeaux et à investir dans des domaines en Bourgogne », rappelle-t-elle. « C’est la même chose avec les Chinois aujourd’hui. »


Davis Fong, directeur de l’Institut d’études du jeu à l’Université de Macao, confirme de son côté l’extrême discrétion de Louis Ng, associé de longue date de Stanley Ho dont la société SJM Holdings gère 17 casinos dans l’ancienne colonie portugaise. Le Tycoon a eu la haute main sur l’empire du jeu sur le territoire autonome de Chine méridionale, le seul où cette activité soit autorisée, jusqu’à son ouverture à la concurrence et l’arrivée massive des investisseurs étrangers en 2002. Depuis, Macao, à une heure de ferry de Hong Kong, est devenue la capitale mondiale des jeux d’argent, avec un chiffre d’affaires cinq à six fois supérieur à celui de Las Vegas. M. Ng est plus particulièrement chargé des VIP au sein de SJM, selon M. Fong. « Il est très important, mais ce qu’on sait de lui publiquement est très limité. Je sais seulement que c’est un type qui compte, un décideur », confie-t-il. Louis Ng se définit, chez lui, comme un « ambassadeur des vins français de classe mondiale ».

Que Jean-Michel Guillon, président du syndicat viticole de Gevrey-Chambertin, qui avait mis 5 millions d'euros sur la table avec des partenaires locaux pour acquérir la propriété, évaluée à 3,5 millions, me pardonne mais vraiment il n’y a pas le feu au lac et je prends le pari que Mr Louis sera un partenaire exemplaire, sans doute bien plus que certains bourguignons de souche. Nos belles AOC, syndiquées au sein d’une CNAOC agrippée à ses droits acquis, ont vraiment d’autres chats à fouetter que de touiller dans un nationalisme de mauvais aloi. D’abord, il faudra mettre Mr Louis au parfum pour la chaptalisation, les droits de plantation, les déclarations en tout genre, les contrôles des organismes de contrôles, des douanes, tous les trucs et les machins dont raffolent les petits chefs qu’ils soient pensionnaires de l’Administration ou salariés de la Profession.

 

Pour clore cette chronique une supplique : « merci à l’avenir de cesser de nous gonfler avec les équivalents AIRBUS à propos des scores de notre commerce extérieur Vins&Spiritueux... » en effet si ces joujoux coûteux qui volent ne devaient être vendus qu’à des compagnies bien françaises le succès serait du même tonneau que celui de notre RAFALE financé avec l’argent du contribuable. Bonne pioche, ne pensez-vous pas ! Ce qui m’importe c’est l’extension du domaine du vin pas les petits ou savants calculs de certains qui, sous le couvert de la défense de l’intérêt général, s’en tiennent, et je ne les blâme pas, à la défense des leurs....

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30 août 2012 4 30 /08 /août /2012 00:09

Je n’ai pas pu résister : voilà le travail d’un Taulier en congepés d’été, dans l'île de Beauté normalement ses derniers.

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« Concentration aromatique, belle acidité... les premières vendanges sur les cépages blancs laissent augurer de beaux vins de garde. Dans le sud, le sciacarellu souffre tout de même de la chaleur... » À Patrimonio Antoine Arena a dégainé le premier en commençant ses vendanges le 18 août devancé de 48 heurs dans l’extrême sud par un autre pape de la viticulture insulaire Yves Canarelli qui a rentré tout son biancu gentile, le sciacarellu et vermentino. Les caprices du climat devenus des dérèglements de celui-ci affolent le calendrier des vendanges dans notre vignoble le plus méridional : Yves Canarelli le dit « Nous avons vendangé le 16 août. On aurait pu le faire le 15 août mais c’était la Sainte Marie... Il y a 20 ans, lorsque j’ai commencé ce métier on vendangeait autour du 10 septembre. Depuis 2000, nous n’avons plus vendangé en septembre. Auparavant, le plus tôt dans l’année, c’était le 17 août en 2003. »


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Tout ça c’est dans Corse-matin : les vendanges sont un merveilleux marronnier qui permet de meubler une pleine page avec grande photo en Une (toujours ça de pris, la PQR n’aime pas beaucoup l’écrit). Le journaliste Christophe Laurent au patronyme affreusement continental pond une copie qui suit le même scénario que celui de l’année passée. Bien sûr, le couplet sur le millésime est de mise et pour le décrire quoi de plus chic et tendance qu’un « maître sommelier de France » : Patrick Fioramonti du Grand Hôtel de Cala Rossa à Porto-Vecchio (peut-être qu'Emmanuel Delmas, le Du Bellay de la blogosphère , aurait fait mieux? Qu’en penses-tu chère Eva ?) Que nous dit-il cet homme qui ne sert que des bronzés plein de thune ? « Les vignerons que j’ai eus au téléphone me disent que le raisin est magnifique. En quantité ce sera moindre mais en qualité par contre... On aura sans doute de très beaux vins de garde. Il ne faut pas croire que l’épisode climatique va donner un millésime solaire comme 2003 ! Il ne faut pas oublier la pluie, le froid et la chaleur correcte que l’on a eue auparavant. Là, les raisins vont avoir une richesse aromatique, une belle concentration, une superbe acidité. Attention à ne pas vendanger trop tard parce que le degré d’alcool monte en ce moment comme un TGV ! Il faut garder de la fraîcheur à nos vins ! »


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Je n’ironiserai pas sur le fait que notre gars il ne se donne  même pas la peine d’aller mettre son tarin dans le vignoble pour constater lui-même l’état de santé du raisin mais je note la forte utilisation du verbe falloir. En Corse y’a déjà 4 techniciens par agriculteur maintenant si les sommeliers s’y mettent y sont pas sortis de l’auberge nos amis vignerons insulaires. Pour le reste les ingrédients de la sauce sont toujours les mêmes donc reste le saucier qui se fait mousser. Grand bien lui fasse mais il existe tellement de produits de substitution qu’on en vient à se demander qu’avec tous ces conseilleurs, ces guides, a-t-on vraiment besoin lorsqu’on pose ses fesses sur les chaises de luxe d’un resto qui pète aussi haut que son cul d’un sommelier pour te conseiller puisqu’on sait tout ?

 

Sans transition ni commentaire j’en reviens au titre de cette chronique « Il n’y a qu’un guide vraiment valable sur le marché français : celui de Bettane et Desseauve » qui est une pure citation d’un bel encadré de Corse-matin (voir ci-dessous) Pas sûr que leurs petits camarades de la RVF soient être très contents, je vois bien Denis Saverot provoquer en duel Thierry Desseauve, à vélo bien sûr : le Ventoux par exemple ou s’ils poussent jusqu’en Corse la montée vers le Clos d’Alzeto. Du côté de Pierre Guigui je lui conseille un duel à la belote avec Michel Bettane. Pour les autres, le guide Hachette qui n’a pas de visage et au couple Gilbert&Gaillard dont je ne sais qui est le bon G... pour ne pas faire de jaloux je vous donne les références de tous ou presque :


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Le Grand Guide des Vins de France - Bettane & Desseauve

Le Classement des Meilleurs Vins de France - La Revue du Vin de France

Guide Hachette

Guide Gault Millau : Les meilleurs vins de France

Guide des vins en biodynamie - Evelyne Malnic

Bonnes adresses du Vin Bio - Jean-Marc Carité

Guide des Vins Bio - Evelyne Malnic, Georges Lepré, Antoine Pétrus

Guide des vins de Bourgogne

Le guide des vins de Bordeaux - Jacques Dupont

Guide Quarin des vins de Bordeaux - Jean-Marc Quarin

Guide Parker Bordeaux

Les notes Parker des vins de Bordeaux

Guide Parker France

Meilleurs vins à petits prix - Antoine Gerbelle & Ph. Maurange (RVF)

Guide des vins Gilbert et Gaillard

Guide Fleurus des Sommeliers

Les 1001 meilleurs vins à moins de 10 € - Ed. Petit Futé

Vinalies Internationales : 1000 vins du monde

Vins, Vignobles et Vignerons - Guide Ellébore

Guide Solar des Vins Bio

Le petit Lapaque des vins de copains

Le Guide des grands amateurs de vin - Alain Marty

Guide Paumard des grands vins du monde

Les Grands Bordeaux de 1899 à nos jours - Franck Dubourdieu

Les Bons Bordeaux - Franck Dubourdieu

Guide Dussert-Gerber

Guide des Vins Bio

Mes vins préférés à moins de 10 € - Jean-Pierre Coffe

Guide Malesan

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29 août 2012 3 29 /08 /août /2012 00:09

 

 

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Dans le vocabulaire culinaire je préfère les abattis aux abats, c’est plus léger, ça sonne mieux. Ceux-ci, les abattis désignent chez les volailles, non seulement les organes comme chez les animaux de boucherie, mais une liste bien plus exotique : le gésier  5 sur le croquis (estomac), le cou, les ailerons, les crêtes de coq, les pattes… qui s’ajoutent au foie 9 sur le croquis, au cœur… Bref, tout ce qu’il faut pour ajouter à vos salades d’été une touche de fantaisie nourrissante qui, de plus, permet d’accorder le vin en général peu friand du caractère vinaigrée de cette verdure fatiguée (« Fatiguer la salade » j’adore cette expression, par ailleurs définie dans la Robert Culturel : comme étant l’action de « la remuer pour y mêler l’assaisonnement » (1845), tout d’abord parce que je la trouve bien plus belle que « mélanger sa salade » ou « touiller sa salade », mais surtout parce qu’elle transpire d’une chaude sensualité. Voir chronique link


Du côté de la salade je vous recommande tout particulièrement la frisée et le pissenlit qui,par leur croquant et leur côté acidulé, se prêtent excellemment au mariage avec les abattis de volailles : gésiers et foies tout particulièrement.


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Deux recettes :


-         Foies sautés au raisin et avec un vin à bulles


Faire revenir vivement les foies de volailles dans l’huile jusqu’à ce qu’ils soient cuits à point. Réservez-les. Ajoutez une noix de beurre salé dans la poêle et faites suer vos échalotes ciselées. Versez votre vin à bulles (celui de votre choix), faites-le réduire de moitié, ajouter du jus de viande et faites réduire quelques minutes à feu vif . Complétez avec des grains de raisin frais, le mascarpone et la crème fraîche (qui n’est pas indispensable). Ajoutez les foies et servez chaud avec la salade assaisonnée si possible avec une belle huile non raffinée et du vinaigre balsamique, du vrai, ou de Banyuls.


-         Salade de gésiers aux œufs durs


Pour les gésiers utilisez ceux de poulet ou de pintade qui sont plus faciles à préparer. Faites les inciser, pour enlever la membrane intérieure, et nettoyer par votre volailler. La cuisson des gésiers au bouillon est assez longue car c’est un muscle coriace.  Lorsqu’ils sont cuits vous les émincez pour les mélanger avec les œufs durs hachés et des oignons ciselés. Au choix, une sauce moutardée ou classique, c’est selon votre humeur et le goût de vos invités. Là aussi vous pouvez ajouter des grains de raisin frais.


Un conseil de cuisinier amateur avant de parler vin, lorsque vous faites cuire une volaille au four ou à la broche, remplissez-là de foies achetez chez votre volailler. Vous les récupérez une fois la bestiole cuite. Ils pourront vous servir pour confectionner des plats simples avec par exemple des pommes de terre cuite en robe des champs : un peu de vinaigre balsamique, des herbes aromatiques, sel, poivre et pourquoi un filet du jus de cuisson de votre volaille : un plaisir simple…

 

Pour le vin tout est possible mais je suis ici délibérément rouge, surtout pas de rosé, et là la palette des vins friands, qui désoiffent sans pour autant être sans caractère, du fruit, du fruit, du fruit mais du vrai en ligne directe avec le raisin, sans artifice améliorateur, exhausteur de saveur… un peu de nature ça me va et vous pouvez aussi vous adresser à Eva elle top sur la quille coquine. Moi je m’en tiens à mes deux derniers choix :


-         Poignée de raisins link

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-         Tandem link

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28 août 2012 2 28 /08 /août /2012 00:09

Si ce matin vous voulez bien mettre vos yeux dans mes lignes vous allez découvrir une drôle d’histoire, qui n’est pas forcément une histoire drôle, une histoire qui, en dépit d’une appropriation abusive par les Jhiras : les habitants Saint-Gilles Croix de Vie, autre port de pêche de la côte vendéenne, s’est déroulée à deux pas de chez, moi disons quelques kilomètres à vélo, sur la plage de la Parée à Brétignolles-sur-Mer, plus exactement au lieu-dit le « Trait Neù » selon Joseph Papin historien local brétignollais.


À mon grand désespoir j’ignorais tout de cette histoire. Alors comment l’ai-je découverte ? Par le plus grand des hasards mais aussi grâce à ma manie de draguer les livres dans les bonnes librairies. Le samedi où, rentrant de ma montée à Marx Dormoy  je suis passé rue des Écoles, tout près de la Sorbonne  et du Collège de France, à la librairie Compagnie 58 rue des écoles 75005 www.librairiee-compagnie.fr . Au sous-sol de cette librairie il y a le Saint des saints de la production intellectuelle. Il y règne une atmosphère monacale, seuls les initiés s’y risquent et sur les tables présentoirs sont couchés des lourdes sommes fruit d’années de labeur intense de philosophes, linguistes, historiens, psychanalystes, scientifiques, sociologues, anthropologues… bref que du beau monde qui ne se laisse pas aller à l’affriolant. Les jaquettes sont sobres, le sérieux est de mise, loin des paillettes de la production pour lecteurs de plage.


Sauf que samedi à la vue de ceci (ci-dessous) j’ai failli tomber à la renverse. Et pourtant l’opus de 300 pages publié aux éditions errance  www.editions-errance.fr 27€ était signé par un très sérieux directeur de recherche au CNRS Jean-Loïc Le Quellec.


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Passé ma stupéfaction je me suis bien sûr rué sur l’ouvrage pour en découvrir le contenu. Et là je tombe sur le premier titre VERSIONS VENDÉENNES et je n’en crois pas mes yeux « Les marins de la Chaume, grands amateurs de sobriquet, affublent volontiers les Jhiras ou habitants de Saint-Gilles (officiellement Gillo-Cruciens !) du surnom de « Buveurs d’eau-de-vie de singe ».


Mais c’est chez moi ça ! Je suis tout excité : quelle histoire ! Mais de quoi s’agit-il au juste ? L’auteur y répond de suite : les faits suivants se seraient déroulés durant l'hiver 1904. « Une barrique fut trouvée sur la plage de Saint-Gilles, roulée là par le flot, suite probable de quelque fortune de mer. On s’aperçut alors qu’elle contenait de l’eau-de-vie, gnole jugée excellente par nos inventeurs lesquels, aidés de quelques collègues, eurent rapidement vidé la barrique de son contenu liquide ; il s’avère alors qu’elle renfermait atre chose. Nos compères quelque peu titubants parvinrent à coups de hache à défoncer les douelles et nos Giras virent alors le singe… conservé dans l’eau-de-vie par quelque naturaliste d’alors… » Mornet 1989.


Mais cette histoire se décline sous  de multiples versions où le lieu varie : Saint Gilles ou Brétignolles, ceux qui ont trouvé le tonneau, la façon dont fut découvert le fameux singe, la nature du singe lui-même : jeune chimpanzé ou Orang-Outang…  Notre chercheur cherche et livre tous les récits avec de légitimes interrogations. Mais l’histoire semble véridique car selon Dominique Lambert, dans un écrit datant de 1987 « des personnes de Saint-Gilles ayant eu vent de l’histoire, dont M.Boutain, photographe, viennent chercher le singe et, avec la complicité de marins et d’un autre fût (probablement) font des photos qui illustreront l’histoire, en collection de cartes postales. Le singe a été exposé de nombreuses années chez M.Boutain, et à la devanture d’une pharmacie de la rue principale de Croix-de-Vie, non loin du pont, après le magasin Grasset. Ce singe venait, paraît-il de Sumatra, et était destiné à un musée. »


La version brétignollaise diffère bien sûr mais elle confirme l’exposition du singe « La déclaration de cette trouvaille fut faite à l’administration maritime de Saint-Gilles. Le singe fut transporté à Croix-de-Vie chez les frères Boutain. Ceux-ci  firent naturaliser et il fut exposé de nombreuses années dans leur magasin « Au Bazar de la tentation », près de la gare. » Je vous passe les détails de la guéguerre entre Roger Artaud, conseiller régional et maire de Brétignolles et M. Rousseau maire de Saint Gilles pour récupérer le dit singe qui selon Véronique Poingt responsable des Archives de la mairie de Saint-Gilles avait bien été acquis et exposé dans la salle des Archives où l’auteur l’a photographié en 1990.


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L’histoire pourrait en rester là si l’origine de ce fameux singe, un naufrage sur la côte vendéenne d’un navire en provenance de Sumatra, on n’en trouvait aucune trace dans les archives de l’administration maritime. Alors notre chercheur tenace va continuer de chercher et s’apercevoir que l’histoire du singe dans son tonneau d’eau-de-vie se délocalise à Longeville, à saint Martin de Brem, à Sainte Marie en Ré, en Bretagne en pays pagan, en Normandie, et surprise on le retrouve dans un ouvrage d’Henri Vincenot publié en 1975 sur la base d’un récit collecté dans le milieu des cheminots de Dijon.


C’est beau comme du Vincenot « par le terrible hiver de 186, un chef de train eut à loger dans son fourgon un colis énorme, assez long, fort lourd, et dans lequel, au cours de la manipulation, les wagonniers et les serre-freins crurent entendre des glougloutements caractéristiques : le colis contenait du liquide et, aux dires des connaisseurs qu'ils étaient tous, ce liquide était de l’alcool. Et même un alcool de haut degré. Grelottant dans son fourgon, le chef de train caressait ce curieux paquet du regard. A la fin, il n’y tint plus : écartant délicatement les toiles d’emballage, il s’aperçut que le colis était constitué par un récipient oblong, en boissellerie. Une sorte de tonneau, long et étroit. L’envoi était fait de Java. Oui, Java, dans les îles de la Sonde. Et le destinataire était le Professeur P… du collège de France. Pas de doute : ce tonneau contenait un alcool rare envoyé au Professeur par un de ses riches admirateurs. Le chef de train joua du vilebrequin et, ô merveille, le liquide qui s’échappa était bel et bien de l’alcool, un alcool ambré,  de goût très fin et très particulier. Le brave chef de train pensa immédiatement à la joie de ses coéquipiers, lorsqu’il leur offrirait cette merveille, ce délicieux breuvage exotique qu’il tint à goûter lui-même, plusieurs fois afin d’identifier si possible ce parfum très subtil et très are qui faisait le charme de cet alcool de luxe. Le train fut garé quelque part pour laisser passer un train express, et le chef de trin en profita pour convoquer ses serre-freins à la dégustation. A sept, on se contenta sagement de boire deux litres de breuvage javanais. On remit la cheville, très sagement, et le train express passé, on reprit la route, réchauffés, la bouche embaumée par ce liquide dont aucun n’avait pu identifier le bouquet.


A la gare destinatrice, tout le monde « donna la main » pour aider à décharger le précieux tonneau, et ces braves gens furent heureux de trouver là, sur le quai de déchargement, le Professeur P… lui-même, informé par télégraphe de l’arrivée de son précieux nectar. Le Professeur, un petit barbichu à lunettes, exigea que le colis fût ouvert afin, dit-il, de voir si la « pièce » n’avait pas été détériorée en cours de transport, et formuler éventuellement des réserves. On ouvrit donc précautionneusement ce curieux récipient, et les hommes virent alors, recroquevillé dans de l’alcool, le cadavre d’un grand singe de Bornéo que le Professeur contemplait avec ravissement, alors que les serre-freins et le chef de train devenaient verts et étaient pris de coliques rétrospectives. »


Oui j’avais omis de signaler que dans toutes les versions nos francs buveurs d’où qu’ils soient lorsqu’ils découvraient la réalité de la fonction de leur breuvage se vidaient, dégobillaient et même dans une version « certains seraient même morts sous le choc de l’horrible découverte. »


Fort bien, Vincenot en bon bourguignon avait la plume bien chantournée mais cette histoire de singe dans son tonneau d’alcool échoué sur une plage de Vendée est-elle un mythe ou une réalité ? Notre chercheur, ayant en bon écrivain maintenu le suspens, répond.


Dans un des États des Naufrages et Épaves déclarés dans les ports du sous-arrondissement de Saint Gilles Croix-de-Vie, du 7 juin 1899 au 4 novembre 1917  on y apprend que Monsieur arnaud, « garde-Côte à Brétignollles » récupéra «  à la côte de Brétignolles », le 27 décembre 1911, « une barrique contenant un cadavre de singe en assez bon état de conservation, sans marque extérieure ». l’ensemble fut mis en vente le 17 janvier 1912, permettant un produit brut de 40 francs (et net de 24,58 francs), dont le versement à la caisse des gens de mer porte le numéro de remise 1026.


Le Publicateur de la Vendée du 5 janvier 1911 indique « Saint Gilles-sur-Vie, Singulière trouvaille. La semaine dernière, il a été trouvé sur la côte de Brétignolles, un fût paraissant avoir contenu du vin ; or, les pêcheurs ayant constaté qu’il y avait, à la secousse, un bruit qui ne pouvait être produit par du liquide, défoncèrent le fût et y trouvèrent le corps d’un énorme singe. Cette pièce provenait certainement d’un navire sombré au large. » 

            

L’honneur des Brétignollais est sauf, c’est bien chez eux que le fameux tonneau fut découvert mais il reste que la taille du singe ne correspond pas à celui exposé à Saint Gilles et que le Journal des Sables du 14 janvier 1912 donnait une autre version (des pêcheurs de saint Marin de Brem mais la plage de la Parée est si proche que ça n’ a guère d’importance…) mais concluait « les malicieux disent que les pêcheurs, à qui l’eau-de-vie dans laquelle avait séjourné l’homme des bois (un orang-outang selon le rédacteur) avait paru si savoureuse, furent pris d’un tel dégoût qu’ils la rendirent plus vite qu’ils ne l’avaient absorbée… »


Fermez le ban ! Oui comme le souligne la quatrième de couverture « Le Quellec nous entraîne dans une étonnante enquête… » et que la lecture de son texte « où l’érudition, souvent pimentée d’humour, est au service d’une recherche passionnante, vous captivera. » Si tous les ouvrages érudits étaient de ce tonneau ils se placeraient facilement dans la catégorie des best-sellers de l’été en lieu et place des pavés insipides de Marc Lévy…


Si ça vous dit allez acheter « Alcool  de Singe et Liqueur de Vipère » Légendes urbaines de Jean-Loïc Le Quellec aux éditions errance 27€ vous ne serez pas déçus du voyage…

 

Ci-dessous la plaque émaillée photographiée aux Puces d'Ajaccio dimanche dernier : le Taulier a du nez pour dégoter des trucs qui collent a ses chroniques : même les italiens s'y mettent pour lui faire plaisir...

 

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27 août 2012 1 27 /08 /août /2012 00:09

Le campagnard, le gars qui parlait fort dans le métro pendant le salon de l’agriculture, le plouc, le péquenot, le bouseux, est une espèce en voie de disparition tout comme la campagne d’ailleurs. Il a laissé la place au rural grand fourre-tout qui accueille les derniers paysans, quelques natifs du cru et bien sûr, plus on va vers le Sud, le soleil quoi, tout une palanquée de résidents secondaires, retraités ou voisins du gros patelin d’à côté. En parodiant Jean Ferrat je dirais « que la campagne est belle… » depuis qu’il n’y a presque plus de paysans… J’exagère sans doute mais, à la réflexion, je mets le doigt sur la contradiction la plus forte des habitants des villes, les urbains, face à ceux des champs, les ruraux dans lequel se nichent ces rares paysans dont les vaches pètent la couche d’ozone, les cochons puent, les tracteurs pétaradent à pas d’heures et qui passent leur temps sur M6 à chercher des fiancées car « l’amour est dans le pré » dit-on.


Les paysans, les urbains les aiment dans un monde fantasmé, rêvé, joyeux mélange d’images d’Epinal, de regrets, qui trouve sa quintessence dans la grande ferme du salon de l’Agriculture avec ses animaux bien brossés, choyés, bêtes à concours. Idylle contrariée, surtout du côté des écolos, par toutes les saloperies qu’ils foutent dans la nature qu’ils ont déjà bousillée en arrachant les haies pour que leurs gros engins aillent plus vite. Bon, ça n’empêche pas les résidents secondaires de bourrer leur coffre de victuailles ramassées chez Lidl ou Leclerc, normal ça coûte moins cher. Bien sûr j’évite de parler du sujet qui fâche le plus bobonne : ce putain de coq qui chante dès le lever du soleil. Bref, l’amour est certes dans le pré mais vaudrait mieux que les vaches aillent ruminer ailleurs.


Tout ça vient de loin bien sûr car chez nous « la Terre ne ment pas » mais elle a beaucoup servi aux hérauts de notre belle et intelligente droite qui aime tant les paysans, ces campagnards qui savent si bien voter avec leurs sabots. Pour preuve, ce que mettaient en avant, pour promouvoir la « campagne », au début des années 70, un groupe parlementaire rassemblant 180 députés UDR et Républicains Indépendants (le GEPAR) emmené par son fringant président, l’ondoyant Jean-Pierre Soisson bas-bourguignon d’occasion et menteur comme un arracheur de dents. Lors de leur première journée nationale le 11 avril 1972, sans doute avec force de Chablis qui est le lait de Jean-Pierre, le député-maire d’Auxerre explicitait leur programme.


L’objectif était de « faire prendre conscience au pays avant qu’il ne soit trop tard de la chance que constitue son retard en matière d’industrialisation et d’urbanisation pour proposer un type de société original. » En clair, ces aménageurs, nous sommes avec notre palanquée de grands Ingénieurs des Ponts, des Mines, du Génie Rural un peuple d’aménageurs, veulent bâtir une politique ambitieuse de la campagne destinée à défier « une modernité d’aujourd’hui (1972) qui engendre l’abstraction et l’uniformité ». Ils se veulent le contrepoids de la civilisation industrielle afin de contenir « une industrialisation qui s’effectuerait au détriment de la vraie nature de la France. »


Le mot est la lâché : la vraie France c’est la France verte des vaches, cochons, couvée, revivifiée. C’est la France contrepoids salutaire de la France grisâtre des ZUP où s’entassent pêle-mêle des populations émigrées de l’intérieur et de plus en plus de l’extérieur via nos anciennes colonies. Renault manque de bras, mais Renault est à l’Ile Seguin aux portes de Paris et Citroën après avoir quitté le quai de Javel dans le XVe monte ses bagnoles à Aulnay-sous-Bois dont les bois ne sont plus qu’un souvenir. Des usines à la campagne donc… loin des banlieues rouges… des usines dans les prés avec des ouvriers-paysans comme à l’usine Citroën de Rennes. Ces chantres de la campagne bénéficiaient du climat particulier qui régnait autour de Georges Pompidou, homme de Montboudif dans le Cantal, avec Pierre Juillet, Jacques Chirac… Le Cantal, la Creuse, la Corrèze deviennent les références d’une France qui doit y ressourcer ses valeurs.


Pierre Juillet, le campagnard du Limousin, confiait à Alain Peyrefitte : » Alors que tout bouge autour de nous, l’essentiel est de garder notre équilibre, d’éviter les écueils et de ne pas sombrer ! Dans le tourbillon des découvertes, des innovations technologiques, des échanges internationaux, ce qui importe au contraire, c’est de rester soi-même au milieu du changement qui s’accomplit de toute façon, que nous le voulions ou non ! C’est de préserver nos valeurs fondamentales ! »


Les valeurs fondamentales de notre vieux pays se trouvent dans le noyau dur d’une France provinciale qui allie les idées des radicaux et une forme de poujadisme latent : il y a du Juillet dans Guaino ! Henri de Gastines, prototype du hobereau paysan de l’Ouest, décrit bien le ressort profond du crypto-agrarisme de la République pompidolienne. « Il était né (Pierre Juillet) dans ce milieu, son père était gendarme, son frère est devenu préfet. C’étaient des gens qui avaient du tempérament et qui étaient très enracinés. C’était l’époque où les instituteurs jouaient un très grand rôle dans la nation, où ils étaient officiers de réserve, où ils étaient très patriotes et en même temps ils avaient été nourris aux mamelles de la paysannerie, sur le terrain, sachant ce qu’était la vie dure des paysans. Il était imprégné de tout cela, c’était vraiment cela le fondement de son raisonnement. »



Dit par Chirac Ministre de l’Agriculture, le 7 novembre 1973,ça donne ça : « Nous vivons dans un monde qui évolue très rapidement, marqué par une certaine agitation due au développement de processus dont nous contrôlons pas très exactement les conséquences, qu’il s’agisse du progrès technique, de la concentration de la population, de la pollution, de la destruction des milieux naturels, de l’urbanisation. Ces processus ont tendance, si l’on n’y prend pas garde, à remettre en cause non seulement les éléments temporels de notre civilisation mais aussi, on s’en aperçoit depuis quelques années, les fondements mêmes sur lesquels sont assises nos civilisations et l’organisation de nos sociétés. Quel que soit le sens qu’on donne à ces valeurs traditionnelles qui ont toujours marqué les sociétés organisées, par opposition aux sociétés d’anarchie, il faut remarquer que le monde rural est le seul, par a nature, à être capable de puiser dans son travail un certain sens de l’harmonie de la vie. Nous ne devons jamais l’oublier. »


Reste que dans la compétition internationale qui s’ouvrait avec l’amplification du démantèlement des barrières douanières (GAAT) et de la mise en œuvre des fameuses politiques agricoles commune du Marché Commun, c’est l’agriculture productiviste et le paysan-entrepreneur qui vont triompher. Le génie de Chirac fut de montrer de l’empathie pour les oubliés de la PAC tout en défendant mordicus les grandes cultures. La gauche de Mitterrand fut incapable de sortir du piège tendu par la FNSEA, sauf en viticulture où cette maison n’avait aucune prise. Quand à Sarkozy ce monde lui est totalement étranger c’est enfant de la ville et il s’est planté en dépit de son forcing final pour brosser les paysans dans le sens du poil. Reste notre PNR qui renoue avec la tradition corrézienne, revendiquant sa filiation avec le petit père Queuille, aura-t-il ou souhaitera-t-il aller au-delà d’un ruralisme mou ? Je ne sais, mais les intentions affichées du Ministère d’être à la fois celui des agriculteurs et celui de l’agro-alimentaire exige bien plus que des bonnes paroles ou des incantations de redressement industriel, c’est l’acceptation de la réalité et sa prise en compte qui accoucheront d’une campagne vivante.


Mon petit voyage depuis plus d’une année dans les plis et les replis de la France du lait, celle des producteurs du Grand Sud-Ouest, de la Normandie, du Forez et d’ailleurs et des grandes entreprises privées et coopératives qui transforment et vendent des produits laitiers, m’ont appris une chose : si le Ministère de l’Agriculture veut faire la preuve de son utilité il se doit de réinvestir le terrain, là où tout se noue, de cesser de croire que tout se joue dans les négociations communautaires, de se transformer en seul gestionnaire de primes européennes diverses et variées, d’oublier que dans les années qui viennent le sourcing va plus encore qu’aujourd’hui la clé du devenir de ces espaces ruraux dont on ne parle que dans les discours mais qui sont abandonnés à la seule loi du marché. C’est un travail de fourmi, de mise en relations, d’accouchement de groupes régionaux viables, se contenter de jouer les mauvais pompiers, comme dans le dossier Doux où ce cher Charles fait restructurer sa dette au détriment des éleveurs et des salariés, c’est à terme négliger l’essentiel : l’anticipation des grandes évolutions…

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26 août 2012 7 26 /08 /août /2012 00:09

Dans les eaux tièdes de la baie de Tiuccia des bans de barracudas indolents guettent le Taulier en se pourléchant leurs petits crocs affutés. Que fait-il là cet intrus avec son masque et ses palmes ? Mais les gros oblades aux écailles argentées, d’apparence si paisible, qui eux aussi en bans serrés vont et viennent autour du taulier entubé qui se prend pour un mérou, le trouvent parfois bien encombrant.

 

Cette parabole des jeunes aux dents longues et des vieux, grisonnant et un peu rond du bidon, vaut pour le Taulier en congepés réponse aux quelques-uns qui, débarquant sur son espace de liberté, avec leurs petites grolles modernes accueillant leurs chevilles enflées ou leurs gros sabots de gens à qui on ne la fait car ils connaissent tout du vin, et qui n’aiment pas que le vieux mérou se rebiffe parce qu'ils viennent lui chercher des poux sur la tête. Charbonnier est maître chez soi, la gratuité, la liberté d’accès ne vaut pas sésame pour le sans gêne.

 

La blogosphère du vin est, sans jeu de mots, un océan rouge où l’on se bouscule pour se faire une place. Normal, ainsi va la vie d’un écosystème. Pour autant, les nouveaux entrants imberbes ou les vieilles barbes qui se pointent aussi, doivent savoir que c’est dur de durer et que si, de temps à autre, le vieux mérou les remet en place ce n’est pas parce qu’ils prennent sa place mais que très franchement leur intrusion le gonfle. Ça me rappelle une vieille histoire que l’on se racontait en Vendée. Elle est toute bête : un couple qui n’en finissait pas de s’incruster chez des gens, un soir à la veillée, a vu soudain l’hôte se lever et dire à sa femme « Viens, y’allons nous en aller je pense que nous dérangeons… »


C’est clair !


Oui j’ai la grosse tête : j’ai des opinions sur tout et rien, plutôt sur rien que sur tout d’ailleurs, mais nul n’est obligé de me lire alors de grâce que l’on m’épargne de prise à témoin du genre : voyez comme ce type est impossible ! Oui je suis impossible, je me la pète grave mais ça me va bien au teint, je me porte bien mais je me soigne : la preuve ci-dessous sur le divan. Le vieux mérou veut tout ce que l’on veut sauf que l’on vienne se draper dans une dignité outragée par son mauvais caractère. La maison est grande ouverte, les commentaires sont libres mais lorsque je ne suis pas content je le dis. Rien à traire des barracudas ou des oblades qui ont la peau fragile ou la couenne sensible.

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Les dessins sont d’UNTER et les scénario de WANDRILLE et sont tirés de PSYCHANALYSE du Héros de Cartoon éditions Vraoum www.vraoum.eu 5€


Avant de vous quitter sachez que les chroniques des 3 semaines à venir sont en boîte, pendant ce temps-là je bullerai, je me contenterai de provoquer les barracudas et les oblades avec mon tuba et mes palmes, je lirai, je me baladerai, je jetterai un coup d’œil à mes vaches, mes pensées seront ailleurs mais je ne vous direz pas où bien sûr, il m’arrivera même de réfléchir, de boire aussi et que ça ne vous empêche pas de commenter (quand les commentaires sont ouverts, ce qui n’est pas le cas pour le Grand Jeu de Piste Normal de l’été…)


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24 août 2012 5 24 /08 /août /2012 00:09

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Tirer le portrait d’Olivier Dauga me turlupinait depuis que nous nous étions croisés à Vinexpo en 2009 link J’avais écrit ce jour-là « Olivier Dauga, né dans les vignes, sa carrure de rugbyman, ses lunettes, ses santiags, un style qui décoiffe l’establishment bordelais, une philosophie fondée sur l’harmonie entre terroir, raisin et la personnalité du propriétaire, une conception de l’environnement du produit résolument moderne pour toucher le consommateur, un vision très haute-couture par le sens du détail, une passion de l’excellence, des aphorismes percutants « la plus grande bouteille est celle qui se boit. » Mais la roue tourne, chacun suit son chemin, on se recroise de temps à autre sans prendre le temps de s’arrêter pour aller au-delà des clichés aussi réducteurs que commodes. En effet, s’en tenir aux chemises à fleurs d’Olivier, à ses grôles, à sa dégaine de 2de ligne et à ses aphorismes un peu provocateurs c’est tout bêtement passer à côté du bonhomme. Bon, pour certains de ses confrères passer à côté de leur personnalité n’est pas un problème car en fait ils sont tellement engoncés dans l’image qu’ils se sont fabriqués que dessous ça sonne le creux. En dehors du vin, point de salut, c’est le toujours plus, une course effrénée à la notoriété dont a bien du mal à saisir la finalité.


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Olivier s’affiche, s’expose, au risque de se surexposer mais ça n’est pas qu’un jeu il y a sous le faiseur de vin affiché un gars qui a du cœur et un réel amour de la terre. Fort de cette intuition, et mes copines attesteront que j’en suis bien doté, il ne me restait plus qu’à soumettre Olivier, non pas à mes questions mais au plaisir d’une vraie conversation à bâtons rompus autour d’une table, fourchettes et couteaux, verres bien emplis qui délient l’esprit. Rendez-vous pris sur les hauteurs de Paris, du côté d’Abbesses un midi pour déjeuner. Je rejoins Olivier et nous marchons sur les pavés disjoints d’une de ces petites rues de la Butte qui mènent à la rue Lepic, tout en haut, au-dessus du Moulin de la Galette où Antoine Westermann vient d’ouvrir Coq’rico. Nous bavardons et tout à coup je me viande lourdement, mon pied droit ayant glissé sur un pavé. Olivier, en bon deuxième ligne, s’en veut de n’avoir pu me rattraper afin d’éviter ma chute, par ailleurs sans gravité. Ça c’est Olivier, l’esprit d’équipe, le bon geste, la solidarité. Arrivé à Coq’rico nous nous installons à la table d’hôte tout au fond, à un bout, à l’autre un couple déjà installé. Commande d’un poulet de Challans, des œufs en entrée et une bouteille de côte roannaise proposée par Olivier. Le décor est planté et nous sommes idéalement en situation de tenir une vraie conversation.


J’ai pris, une fois n’est pas coutume, des notes afin de ne pas me planter mais, comme ça fait quelques mois de ça, elles me paraissent bien maigres sans liens. Peu importe, plus que le détail des paroles c’est la musique qui compte et d'elle je me souviens bien. Ce qui me frappe tout d’abord c’est qu’Olivier est certes né dans un milieu viticole, Vérac le château du Pontet, mais son père est membre de l’UNCAC, l’Union Nationale des Coopératives d’Approvisionnement et de Céréales, la coopération, le mutualisme, il relance le bœuf de Bazas. Avec Olivier il est facile de parler d’autre chose que du vin, sa culture est aussi agricole. Même que nous abordons un instant ma mission laitière, le monde est petit pour ceux qui veulent bien ouvrir portes et fenêtres. Le père d’Olivier créera aussi Sol Dive, une belle marque de melon. Bien sûr Olivier s’intéresse au vin, tout comme Michel Rolland, il passe par le lycée agricole de Saintes l’Oisellerie mais comme il le dit c’est le temps de l’insouciance, Cognac, Martell, il joue au rugby, rejoint le Bataillon de Joinville pour faire son service militaire, y côtoie, Gérard Bertrand, Aubin Hueber, Olivier Roumat. Une autre époque, un temps où l’on forgeait des jeunes hommes dans des principes qu’on a aujourd’hui trop tendance à railler. Olivier rejoint le SBUC à Bordeaux. Sans doute ne suis-je pas exhaustif et ma chronologie est un peu ollé, ollé, mais il y a un temps pour tout et celui-ci pour Olivier lui permet aujourd’hui, permettez-moi l’image, d’émerger de la mêlée avec une belle part d’humanité, d’épaisseur humaine qui allie le goût de la compétition avec une forme de respect de l’environnement humain.


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Ensuite, et là je me perds dans le bazar de mes notes, autrefois les grands reporters étaient équipés des merveilleux Nagra, mais Olivier me confie, et j’aime la formule « Le Médoc était à cette époque-là un truc invisible… » Et puis Alfred Minot (je ne sais plus qui c’est) envoie des gars à Sociando-Mallet et c’est la rencontre avec Jean Gautreau. Olivier découvre un homme hors normes doté d’un sens du détail exceptionnel qui se donne les moyens de sa politique : grâce à lui il sort de sa culture familiale, ouvre grande ses élytres, engrange de l’expérience, une école d’humilité. Ensuite la direction technique de la Tour Carnet. C’est la rude école où sa combativité est mise à l’épreuve et comme il me le confie en 96 il sort la tête hors de l’eau, il lève le nez au-dessus du guidon et, sans aucun doute, dans sa tête un grand désir d’indépendance s’installe. Son passage chez Jean Guyon, à Roland de By et haut Condissat, où Olivier accomplit le dernier pas de son parcours : il apprend au côté d’un homme qui n’est pas du sérail : le faire-savoir, il ne suffit pas de faire du vin il faut vendre des bouteilles.


Enfin, le grand saut, la question s’installer, oui mais le coût du foncier est un facteur limitant. Alors, à l’image des Michel Rolland, Stéphane Derenoncourt, du professeur Dubourdieu et d’autres : devenir consultant. 2 ou 3 clients au départ, le bouche à oreille, tenter d’apporter autre chose, de ne pas se substituer  au propriétaire, garder son caractère entier et indépendant… Alors ne pas s’en tenir à la place de Bordeaux, voir ailleurs dans les vignobles proches : la Navarre en Espagne ou plus lointain : le choc de l’Australie avec ses autres méthodes, son approche du vin entièrement tournée vers la recherche de nouveaux consommateurs. La Nouvelle-Zélande, l’Afrique du Sud sont des pays de consultants, alors s’y établir. Le chemin des hommes est rarement rectiligne, il est pavé d’hésitations, d’enthousiasmes ou parfois d’impasses. Qu’importe l’important c’est d’avancer vers le but qu’on s’est fixé. En 2003, avec sa compagne Cathy Olivier se pose les termes de l’alternative de tout jeune entrepreneur qui a atteint une certaine notoriété : se développer ou en rester à une forme de cousu-main ? C’est la deuxième voie qui est choisie avec des relations privilégiées avec les vignerons. Ne pas se mettre en avant, bien identifier son vignoble, son potentiel, le faire s’exprimer. Dit comme ça, tout paraît  simple, banal, mais n’est-ce pas là le lot de toute activité humaine, ce que fait la main qui n’est en rien de la pure mécanique mais l’expression la plus aboutie de la pensée.


D’autres chantiers sont en cours tels le suivi des vins de la Cave en ville de Monoprix, la Cuvée Mythique du Val  d’Orbieu… mais ça sera pour une autre fois car chacun d’eux requiert de ma part une attention particulière car nous sommes dans le domaine des vins du plus grande nombre, ceux que mes chers confrères confinent dans la zone grise, celle qui n’est pas intelligible à leur haute compétence, tous ces vins de monsieur et madame tout le monde qu’au fond ils méprisent absolument. Le temps passe si vite lorsqu’il est empli d’une conversation suivie et j’ai tout juste le temps d’amener Olivier à des confidences qui paraîtront à certains hautement futiles mais qui dans la trame qui compose la personnalité sont tout autant révélatrices que la hauteur du CV. Olivier aime les tissus, leur texture, leur toucher, c’est un tactile et comme en toute chose, la beauté de la matière, sa densité, son origine, son mode de fabrication, est à la base de tout. Cette animalité, cette sensualité que je partage avec Olivier, ôte à l’intellect pur, sa froideur, son inhumanité. Le contact est essentiel, il donne aux gestes comme aux mots leur chaleur, leur densité, leur force. Le faiseur de vin est tout entier dans cette sensibilité, cette simplicité, ce faire qui manque si souvent à celles et ceux qui se contentent de refaire le monde sur leur canapé ou sur les lignes de leur science.


Si j’avais encore du temps, nous aborderions un sujet cher à Olivier : la Ford Mustang dont j’ai  évoqué le mythe récemment à propos d’un film culte Bullitt  avec Steve Mac Queen et une poursuite extraordinaire dans les rues de San Francisco link   Un de mes lecteurs vigneron à écrit en commentaire : « La poursuite de Bullitt est un monument: on attache la ceinture, et pas une goutte de sueur avec le col roulé. La classe jusqu'au bout, il évite le motard et  j'ai l'impression que SM Queen semble vérifier qu'il peut repartir.

Et les rapports de vitesse sont beaux comme des doubles débrayages... »

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21 août 2012 2 21 /08 /août /2012 00:09

Comme c’est étrange, alors que je venais de passer devant l’épicerie du 56 rue des Trois Frères, qui a servi de cadre à Amélie Poulain,Djamel Debbouze incarnait avec un naturel désarmant Lucien qui subit stoïquement les vexations continuelles que lui fait subir son patron M. Colignon incarné par Urbain Cancelier. Lieu devenu culte, tout comme le café des 2 Moulins, rue Lepic, où Amélie est engagée comme serveuse, pour les peuplades qui envahissent la butte Montmartre, et que je redescendais vers la rue des Abbesses pour accomplir le devoir de tout chroniqueur : dénicher une nouvelle idée, force était de constater que le quartier continuait de se boboïser : boutiques de fringues de luxe, un café proposant de la bouffe Newyorkaise, des restos chics et tocs…


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Comme les terrasses des café, qui bordent la rue des Abbesses sur son flanc droit lorsqu’on la remonte en direction de la place, étaient empli d’un ramassis de touristes en tenue de touristes et de pseudo-intellos reconnaissables à leur négligé crade étudié, je décidais d’aller explorer l’antre de la cave des Abbesses qui a gardé son enseigne dépenaillée. Mon premier tour de piste me laissait sur ma soif, rien de très original mais je persistais. Bien m’en pris car, tout au fond, en haut d’un rayonnage bien peu affriolant je découvrais Tandem. Nouvelle référence cinématographique de l’errance de deux paumés : Jean Rochefort et Gérard Jugnot dans une parodie grinçante du Jeu des Milles Francs, le pauvre Lucien Jeunesse, paix à son âme, n’avait guère apprécié le film de Patrice Leconte.


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La floraison d’étiquettes, plus ou moins racoleuses, destinées à choper l’attention des bobos toujours en quête de différenciation, me gonfle un peu. Celle de Tandem était gentiment naïve mais ce qui m’intriguait c’était le palmier. Alors j’ai levé le nez pour lire le petit carton accolé en haut du casier où était exposé Tandem. J’y lisais : vin du Maroc, tiens pas fréquent chez nos cavistes peu adeptes du Boulaouane. Mais ce n’était pas tout, en gras, la mention Vin Nature excitait mes neurones assoupis. J’empoignais d’une main ferme la bouteille exposée pour y lire que cette Syrah nature était l’œuvre d’un grand maître de la Syrah, Alain Graillot.  Je me doute que toutes les fines bouches étaient informées mais j’appris que celui-ci s’était associé  avec Jacques Poulain, qui n’est pas le père d’Amélie mais un œnologue bordelais installé au Maroc au domaine Ouled Thaleb dans la région de Meknés. Pour compléter le tableau on me dit que « ce vin marocain, Tandem, qui n'est pas sans rappeler les Crozes Hermitage, est une vraie réussite de par sa fraîcheur et une découverte qui vous transporte sur les contreforts de l'Atlas »


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Bref, c’était bien un tandem, même si Alain Graillot, plus médiatique, était mis en avant sur l’étiquette, et je me délestais de 14,90€ pour acquérir un flacon. Cap ensuite sur la librairie des Abbesses pour une moisson de petits livres intelligents. Elle fut bonne et il ne reste plus qu’à trouver l’occasion de me lichetronner ce Tandem nature. Ça ne saurait tarder : affaire à suivre !


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19 août 2012 7 19 /08 /août /2012 00:09

Après un mois  de juillet mouillé et plutôt frisquet au virage du 15 août nous avons basculé dans une vraie canicule surtout dans le grand Sud-Ouest. Les autorités sanitaires qui, au temps du Phœnix du Poitou, avec leur art consommé d’être toujours en retard d’une guerre, englués dans leurs procédures, avaient par leur inertie largement contribué à éclaircir les rangs des personnes âgées, nous balancent des conseils par la voie des ondes ou de la télé. Restez au frais et BOIRE.


Les gens du Sud le savent mieux que quiconque, tenir leur intérieur au frais, en tirant les volets, en retenant la fraîcheur de la nuit, est la règle de base. En effet, lors des pics de chaleur l’amplitude entre le jour et la nuit étant très faible si l’on trouver le repos il faut que la maison ne se transforme pas en four. Donc, si possible, restons au frais ou cherchons le frais là où il est. C’est plus simple à la campagne que dans les villes. Chez moi, au neuvième plein sud, sans vis-à-vis ça cogne dur. J’ai des stores, des ventilos, mais c’est chaud.


Alors boire !


De l’eau fraîche bien sûr, pas glacée, mais l’eau c’est fade et l’eau du robinet pas terrible, quand à l’eau en bouteilles on a vite fait d’épuiser le stock du magasin du coin. Alors boire oui mais aussi se désaltérer, se désoiffer.

 

Mes conseils :


1-      L’eau coupée de vin rouge avec une variante sympathique : mettre de la glace pilée dans votre vin rouge que vous choisirez fruité. À chacun ses proportions mais le vin doit rester largement minoritaire ;

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2-     Le blanc limé bien connu : un blanc acidulé avec une bonne limonade artisanale ;

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3-     Une bière tchèque Pilsner Urquell ou Budweiser qui ont une belle amertume désaltérante ;

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4-     Un vrai panaché : une larme de limonade dans une bière blonde artisanale (on en trouve de plus en plus comme la Mystic au chanvre)

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5-     Un granité au vin rouge ou avec un vin à bulles… apporte le plaisir d’un sorbet et la fraîcheur d’une boisson ;

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6-     Café ou thé glacé fait maison, là-aussi le mieux est de rajouter de la glace pilée pour frapper le café ou le thé.

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7-     Le citron vert pressé : pour le sucrer ajouter une larme de Cointreau.


8-    L’orange pressée : avec une larme de rhum blanc agricole.


9-     Cocktail orange-citron-pamplemousse : toujours avec un soupçon d’alcool blanc pour donner une petite pointe de peps !

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