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24 décembre 2012 1 24 /12 /décembre /2012 00:09

Le Ministre de l’Agriculture attribue le « poireau », le Mérite Agricole, créé par Jules Méline dont l’un des tous premiers actes lorsqu’il devint ministre de l'agriculture, fut la création de cette distinction spécifique pour récompenser les services rendus à l'agriculture.


Votre Taulier, Commandeurdu MA, en tant que Secrétaire-Perpétuel Autoproclamé de l’Amicale du Bien Vivre dite des Bons Vivants a pensé qu’il fallait honorer aussi celles et ceux qui, dans un labeur inlassable, hors les paillettes des peoples et les projecteurs des médias, œuvrent pour la Haute Gastronomie Française.


Ainsi, sans bien sûr avoir la prétention de singer un Ordre National hautement respectable et respecté, les membres de l’ABV ont souhaité que soit attribué chaque année « le Prix Bette » afin d’honorer un parmi les susnommés.


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La bette ou côtes de bettes, également appelée porée, jotte ou joute, en Vendée comme en Suisse est une plante herbacée annuelle de la famille des Chénopodiacées, cultivée comme plante potagère pour ses feuilles ou pour ses côtes ou cardes, consommées comme légume.


Légume oublié, ignoré, l’image a paru belle aux jurés, tout un symbole pour personnifier ce Prix.


C’est à l’unanimité que ce Prix a été attribué pour 2012 à Charles-Henri Orliac Chroniqueur – « Appréciateur » Gastronomique et Hôtelier Indépendant pour l’ensemble de son œuvre.

 

Une citation de lui en guise d’amuse-bouche :


 « Tourner tout autour de la place des Vosges à la recherche d'une place n'était pas vraiment dans nos plans ce jour-là. Peine perdu, pensais-je ! Une demi-heure plus tard, les arcades de la place seront à nous… »


C’est du Patrick Modiano s’est exclamé l’un des membres éminent de l’ABV…

 

Afin de ne pas gêner la discrétion bien connue du récipiendaire aucune remise officielle du Prix « Bette » n’aura lieu. De notre part ce n’est rien que pour la beauté du geste à destination d'un éminent chroniqueur . « Un peu de douceur dans ce monde de brutes… » Nous tenons cependant à disposition de l'heureux lauréat un magnifique calice en chocolat qu'il pourra retirer chez la concierge du Taulier en déclinant son identité.


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22 décembre 2012 6 22 /12 /décembre /2012 00:07

Je sais, vous allez me reprocher de tomber dans la facilité mais, que voulez-vous, de temps à autre prendre ses aises, se laisser-aller, ne pas se prendre le chou, ça aère les neurones. D’autant que le premier Pinaud, bien avant le Pineau de Jugnot, c’était l’inspecteur Pinaud dans San Antonio, « Dit Pinuche, la Pine, la Pinaudière, la Vieillasse, le Fossile, la Guenille, Baderne-Baderne, Tarzan, Bite-en-Bronze, la Mouillette, le Chétif, l’Ancêtre, le Vieux Débris, voire le Très Honorable débris, le Navet, le sénile, le résidu, le Chétif Vieillard, le Pineau des Charentes, Nostrapinuche, la Vieille ganache, l’Homoncule, la Gatoche, Pinaud culte et j’en très passe.» le troisième personnage de la fine équipe policière avec le commissaire sus nommé et l’inspecteur principal Alexandre-Benoît Bérurier dit Le Gravos...


Pour éclairer un peu plus votre lanterne sur César Pinaud, je vous propose un descriptif du personnage tel que vu dans l’ouvrage de référence « San-Antonio se met à table » de Blandine Vié aux éditions de l’Épure.


 « Il a une tête de morille déshydratée coiffée d’un bada improbable, et un cou de pintade qui « accordéone ».

Cette tête est agrémentée d’une moustache en friche qu’on dirait dévastée par un incendie de forêt à cause d’un éternel mégot (Boyard papier maïs link ) fiché au coin des lèvres. La plupart du temps, des petites boulettes de jeune d’œuf y perlent. Enfin, son nez s’orne d’une chandelle de morve, et sa gorge est assiégée par un catarrhe chronique. Pour compléter le tableau, ses cils sont enfarinés et sa voix farineuse. »


Les cochons sont lâchés 1971

 

Le commissaire San Antonio dit de lui qu’il a « un poitrail de poulet biafrais »

 

Et une saillie culte


« Je m’aperçois avant de sortir qu’il a boutonné son pantalon suivant une manière qui lui est chère, c’est-à-dire qu’il a fixé le bouton du bas à la boutonnière du haut. Je lui désigne le tunnel ainsi ménagé.


-        Ferme ça Pinuche, il ne faut jamais trop aérer la chambre du mort. »

 

Le secret de polichinelle 1958


Trêve de plaisanterie « San-antonionesque » et revenons au Pineau  d’Aunis qui est un cépage rare et emblématique des coteaux du Vendômois.  « Cultivé depuis le IXe siècle en Anjou, ce cépage de cuve noir doit son nom au lieu-dit « Aunis » à Dampierre, non loin de Saumur, où les moines d’un prieuré cultivaient la vigne au Moyen-Âge. En Angleterre, en 1246, le roi Henri III Plantagenêt fit importer le vin clairet issu de ce plant. Dans son guide œnologique Vines, Grapes and Wines, Jancis Robinson affirme que le pineau d’Aunis fut à l’époque le cépage le plus admiré du Val-de-Loire et que le nom de « pineau » semblait réservé au Moyen-Âge aux raisins les plus qualitatifs. Cépage vigoureux, au débourrement tardif, le pineau d’Aunis voit son feuillage rougir partiellement à l’automne. Sa production varie entre 40 et 80 hectolitres à l’hectare et les baies des grappes, à la peau noire et couverte de pruine, peuvent aussi être dégustées telles quelles. »


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Ce vignoble est situé à moins de 200 km au sud-ouest de Paris (45 minutes en train via le TGV), et les coteaux du Vendômois bénéficient depuis 2001 d’une AOC  dont l’aire s’étend sur 28 communes entre Vendôme et Montoire-sur-le-Loir, dans le département du Loir-et-Cher. Les 350 hectares de vignes – dont 152 en AOC – sont plantés sur les rives du Loir, sur des coteaux exposés au sud à une distance d’environ 1,5 km de la rivière. Des vignerons et céréaliers (12 en caves particulières et 32 regroupés au sein d’une cave coopérative fondée en 1929), pratiquant la polyculture pour la plupart, produisent en moyenne 9 600 hectolitres d’AOC coteaux-du-vendômois, dont 4 620 hectolitres de rouge, 2 370 hectolitres de gris et 1 640 hectolitres de blanc.


Comme le Taulier fut, pendant une année, en 1978, à la demande du Préfet du département Gérard Bélorgey, pendant ses week-end « monsieur vin du Loir et Cher ». Il a donc dégusté… façon de parler… redoutable…


Ensuite, long interlude…


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Puis, très récemment, lors d’un dîner, où les Coteaux du Vendômois étaient présents, par l’entremise d’Alliance-Loire, dont la cave coopérative du Vendômois est adhérente, j’ai redécouvert avec bien du plaisir cette fois-ci ce cépage si caractéristique.


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D’où vient ce renouveau ?


Explication du Pr Dupont du Point, qui aime  tant la Loire, le Loir et l’Histoire, et qui écrivait en 2011 « S'il est un endroit en France où jamais on ne prononce une mauvaise parole à l'encontre du TGV, c'est bien dans les caves des vignerons du Vendômois. Ici, on le vénère, l'ultrarapide au long bec. Longtemps, la vigne a dominé le paysage de cette vallée du Loir, formant un îlot nordiste à l'écart du grand fleuve tranquille. On y produisait un rosé pâle, un gris qui trouvait son marché localement et dans la région parisienne, irriguée depuis la gare de Thoré-la-Rochette. Les vignerons alimentaient aussi le négoce champenois, qui, avant la mise en place des appellations, s'approvisionnait en vin blanc un peu partout. Puis sont arrivés les temps déraisonnables, le phylloxéra, les guerres, les crises, avec pour conséquence la disparition en très grande partie du vignoble. Vignerons mais polyculteurs, les paysans ont arraché la vigne et cultivé la céréale.

Seuls quelques-uns perpétuèrent la tradition. « Des vignerons dans l'âme ont maintenu les vignes. Ils n'ont pas planté de mauvais cépages ou des hybrides. C'étaient de fervents défenseurs des cépages locaux, c'est pour cela qu'on trouve de très vieux chenins et de très vieux pineaux d'Aunis… »


Voilà qui est bien et fort intéressant…


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Mais le Jacques il appâtât plus encore votre Taulier en notant que, Nicolas Parmentier, jeune directeur de la cave coopérative, « séduit par l'originalité de ce vignoble, il a repris en fermage 10 hectares sur les « pentes des coutis », un coteau préservé, avec l'aide de la mairie de Vendôme.


Tout ça, comme vous pouvez vous en douter, intéresse beaucoup votre Taulier qui prendra en janvier le TGV pour aller arpenter les « pentes des coutis » couvertes de Pineau d’Aunis. Mais en attendant le beau jour où il franchira le périphérique votre Taulier, alors qu’il était en grand reportage (ben oui, j’ai vu qu’à la RVF y’avait des grands reporters) du côté du XVIIIe à EN VRAC ne put s’empêcher de faire l’acquisition de la cuvée Vieilles vignes 2011 en rouge de Patrice Colin vigneron dans les Coteaux du Vendômois.


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Tient, même si c'est un autre vin, il est bien noté par Dupont le Colin :


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16 - Patrice Colin 02.54.72.80.73. Les Vignes d'Emilien. 100 % pineau d'Aunis. Poivre, fruits confits, prune, bouche d'abord moelleuse, tannique ensuite, beaucoup de caractère. 7,50 E.

 

Coteaux du Vendômois-Domaine Patrice Colin Les vignerons ont la parole:link


 À bientôt donc sur mes lignes pour une nouvelle aventure au pays du Pineau d’Aunis.


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20 décembre 2012 4 20 /12 /décembre /2012 00:09

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 Le Taulier est absolument bluffé tellement c’est enlevé, ça pulse, ça déménage et, s’il osait, il féminiserait son éminente fonction de tenancier d’espace de liberté rien que pour Eva, mais ça ferait trop jaser dans le petit Landerneau de la blogosphère qu’est si plein d’austères. N’empêche qu’en cette fin d’année notre Eva elle a chaussé ses bottes de 7 lieues – tout autre qualification de ses bottes relèverait d’une vision de notre Léon – pas seulement pour nous faire explorer la profondeur et la richesse de sa cave mais aussi pour nous entraîner dans une vidéo de famille pas à piquer des vers – pas des verres – qui ferait un tabac sur You Tube.


Comme le chantait Maurice Chevalier pendant ses tournées dans le cadre du théâtre aux armées en 1939, en pleine Drôle de Guerre « Tout ça, ça fait d’excellents Français… » Dans la salle, c'était du délire. Rassurez-vous je n’y étais pas mais, même si ça paraît se situer bien avant le déluge, cette chanson populaire touche à notre petit côté ramenard et cabochard qui transforme parfois les repas de famille en prise de bec ou en crêpage de chignon. Merci Eva pour ce beau morceau de bravoure à la française !


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(Toute coïncidence ou ressemblance avec des personnages existants n'est pas fortuite. Le rassemblement de tous ces profils en un seul et même lieu semble par contre lui, improbable. Quoique.)


Pour les fêtes de fin d'année, bon nombre d'entre nous allons nous coltiner moult repas gargantuesques, en famille. Et si la famille comprend frères, sœurs, cousins, tantes, grands-tantes, cousine pas vraiment par alliance mais quand même un peu cousine, mieux vaut prévoir vos bonnes quilles pour être sûr de bien boire. Parce qu'entre le cousin Relou qui monopolise la parole, l'oncle Chatochato qui ne jure que par le Bordeaux, la cousine Queduchampdemonop qui boit des bulles habituellement en gobelet, et les autres, mieux vaut ne pas prendre le risque.


À l'apéritif, sortez des bulles, fraîches, fines, ne plombant pas le palais. Et faites mentir cousine Queduchampdemonop, il y a de bonnes bulles en Alsace. Choisissez les bulles du domaine des Deux Lunes. C'est joli, féminin, frais et parfait pour une mise en bouche. Il se pourrait même que cousin Relou interrompe son monologue sur une potentielle extension de Diablo III pour lâcher un « Ah ouais c'est pas mal ça ». Et cousine Queduchampdemonop un « C'est glossy, j'adore! ». Y'a du progrès. Et ça monte à la tête de la tante Tournerlesserviettes qui entame un « Papillon de Lumière » peu convaincant.


Entre deux blagues peu fines de l'oncle Maistagueule, on passe à table. Pour les huîtres, sortez un Zéro de Tarlant. Ne laissez pas cousine Queduchampdemonop penser que c'est n'importe quel autre Champagne. Expliquez-lui l'histoire du domaine, que si ce Champagne est un grand Champagne, c'est que c'est avant tout un grand vin.link Elle finira par admettre que c'est bien mieux que la bouteille qu'elle prend toujours au Monop, et qu'elle prendra celle-ci pour le prochain pot au bureau.  Vous lui préciserez que non, un tel Champagne ne se boit pas dans des gobelets. Dommage qu'elle n'aime pas les huîtres la cousine, l'accord a quand réussi à faire taire la tante Tournerlesserviettes.

 

L'oncle Maistagueule commence le combo blagues racistes-homophobes-misogynes. Vous vous dites que bientôt, viendra le sujet du mariage pour tous et que vous allez vous étriper. Mais en attendant, pour le foie gras, Les Clos de Delesvaux, magiciens du Layon link. Vous avez échappé de peu à l'obscur moelleux bordelais que votre oncle Chatochato voulait sortir de sa cave. Vous vous promettez un jour de lui dire que Bordeaux n'est pas le centre du monde vinicole. Surtout quand le monde se résume pour lui au supermarché. Mais pas de vagues, ici juste une bonne bouteille d'un adorable couple de vignerons ligériens. Gras et fraîcheur, multiplicité des arômes, longueur en bouche mais toujours une acidité qui fait l'équilibre face au foie gras. D'ailleurs, votre père a failli faire une syncope quand votre mère a voulu faire le foie gras avec. Elle l'a finalement fait nature, pour éviter tout divorce. Mais vous, vous régalez, et eux aussi. La tante Tournerlesserviettes trépigne et meurt d'envie de chanter quelque chose. On prie pour qu'elle se taise encore.


Cousin Relou entame avec l'oncle Maistagueule un concours de blagues de Coluche, mais en oubliant la chute. Dommage, de l'autre côté, cousine Queduchampdemonop vous explique pourquoi le vert émeraude est LA couleur de 2013. Et votre iPhone qui est à charger dans la pièce d'à côté... La viande arrive. Pour la viande, bon, tout dépend de la nature de la viande, de la sauce, de son accompagnement, difficile de conseiller quelque chose dessus de très généraliste. Mais vous risquez fort de voir débouler oncle Chatochato et une de ses bouteilles dégotée lors d'une foire aux vins dans sa supérette du coin, « une sacré bonne affaire ». Il y a de très bonnes choses dans le Bordelais, vous voudriez juste qu'il aille voir de temps en temps chez un vrai caviste. En attendant, vous apprécierez la vanille et les copeaux de bois de la bouteille qu'il vous sert tout fier de son affaire. Vous vous promettez d'ouvrir une bouteille de Beausejour en Montagne Saint-Emilion pour vous rappeler que si, le Bordelais peut avoir du bon.link


Le trou normand ayant renforcé le taux d'alcool de toute la famille, les conséquences n'ont pas tardé à se faire sentir. Pendant que votre Tante Tournerlesserviettes a lancé un vaillant « C'est à Tribord! » mais version Solitaire du Vendée Globe, vous avez étripé cousin Relou et oncle Maistagueule sur le mariage pour tous. Voilà, ça, c'est fait. Cousine Queduchampdemonop s'est aussi disputée avec sa sœur sur le ombré-hair, qui, elle, préfère mais alors de loin quoi, le half hawk. Fin des guerres, on se reconcentre sur l'essentiel qui nous réunit tous. Pour le beau plateau de fromages, un vin jaune de chez Stéphane Tissot, parce que c'est vraiment trop bon et que l'oxydation sur du fromage bien corsé, y'a que ça de vrai link Tante Tournerlesserviettes va sans doute trouver que c'est fort, que ça pique, que ça lui tourne la tête. « Graaaaaave », mais il ne faut pas en demander plus à cousin Relou, reparti en trombe à parler de la customisation de sa moto ouatmille cylindres. Le palais peu habitué de vos convives pourrait être conquis avec un verre accompagné un morceau de Comté affiné au moins 18 mois. Que cousine Queduchampdemonop laissera de côté car « c'est hyper gras quoi! ». Pour mieux se goinfrer de dessert. Peu importe les bêtises des alentours, le vin jaune, ça se déguste lentement et avec plaisir.


Et pour la bûche, les bulles de Mélaric, si c'est une version bûche glacée aux fruits. Et pour le chocolat, le Maury de la Petite Baigneuse. Après une grosse vaseuse sur le nom Petite Baigneuse, Oncle Maistagueule en profitera pour lancer la conversation sur l'UMP et ces connards de politique tous corrompus. Ça tombe bien, vous devez vous coltiner la vaisselle. Et puis viendra l'incontournable et l'irremplaçable gniole du défunt grand-père. Après le café, le pousse-café a tendance à vous pousser directement dans le canapé.


Une fois encore, cousin Relou aura pompé votre patience, oncle Maistagueule vous aura donné envie de lui mettre une quarantaine de baffes, tante Tournerlesserviettes vous aura encore bassiné avec ses tubes relou, cousine Queduchampdemonop ne vous aura pas ébloui par la pertinence de ses propos, mais après tout, on en a encore bien profité cette année. Alors, on recommence l'année prochaine?

 

PS : Et joyeuses fêtes à tous !


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19 décembre 2012 3 19 /12 /décembre /2012 00:09

Surtout ne pas confondre le Grand Blond avec une chaussure noire qui d’acteur a viré viticulteur avec mon beau Brun à la barbe Fleurie qui est viticulteur et qui a accepté, à l’insu de son plein gré, de faire l’acteur pour le Taulier. Je suppose que vous n’y comprenez goutte à mes circonvolutions ;

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Analyse factorielle :


1-      Le beau Brun c’est un Vin


2-     Fleurie est un cru du Beaujolais


3-     Jean-Paul Brun est un vigneron qui est tombé dans le vin quand il était petit c’est à François  Desperriers qui le dit.



4-    Le  Domaine des Terres Dorées c’est là que Jean-Paul a dit à Bourgogne Live «Moi j’essaie de faire plein de choses, plein de vins différents, pour prouver la qualité du terroir des Pierres dorées [...] En Beaujolais c’est une vinification semi carbonique et moi en fait je fais une vinification bourguignonne. C’est à dire que j’ai une table de tri, on égrappe et on fait une cuvaison d’à peu près trois semaines un mois. En fait le raisin peut donner toutes ses informations du terroir au vin et on peut avoir des vins qui sont vraiment typiques du terroir. »


5-     Jean-Paul Brun comme vous pouvez le constater sur la photo n’est pas doté d’une barbe fleurie et de peu de cheveux aussi  mais il cultive une vigne Grille Midi à Fleurie.


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6-     Le Taulier connaît bien Jean-Paul Brun depuis 2008 suite à la Lettre ouverte aux AA (agréeurs anonymes) pour le renouveau du Beaujolais link 


7-     Le Grille Midi 2010 de JP Brun est un des meilleurs climats de l'appellation Fleurie qui est situé dans un amphithéâtre granitique baigné de soleil, Grille midi est un des meilleurs climats de l'appellation Fleurie.


8-    Notes : Robert Parker 92/100, RVF 17,5/20 et la RVF Les Meilleurs Vins de France 2011 :« Le niveau de maturité et l'épice que le fleurie Grille Midi révèle est impressionnant... »


9-     Le prix c’est autour de 13€ chez les cavistes.


10- C’est du Beau, du Bon, du Bon Brun à consommer avec un bon pied de cochon grillé, ce que qui fait dire au Taulier que boire un Beau Brun c’est le pied !


11-  La Bouteille :


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12- L’étiquette :

 

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18 décembre 2012 2 18 /12 /décembre /2012 11:57

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Monsieur le Directeur,


Les rats de cave, façon de parler, ont encore frappé ! Naïvement, après avoir combattu, avec une poignée de vignerons, dont les meilleurs dégustateurs vantent maintenant les vins, la dégustation passoire pour le pire et couperet pour ceux qui n’étaient pas dans le fameux moule de l’air de famille cher aux niveleurs à tout crin, je croyais qu’enfin tout le monde avait compris que l’intérêt bien compris de nos appellations d’origine était de cultiver la diversité au lieu de s’acharner à courir après une typicité indéfinissable et mal contrôlée.


He bien, la réponse est non !


La dernière victime en date est Philippe Gourdon du Château Tour Grise qui, après un parcours du combattant : 3 commissions d’agrément de l’appellation Saumur Puy Notre-Dame pour rien, a vu sa cuvée 253 jetée dans les ténèbres extérieurs du Vin de France pour des motifs qui ne tiennent vraiment pas la route. C’est même à pleurer !


Si je suis affirmatif, monsieur le Directeur, c’est que j’ai dégusté ce vin, comme beaucoup d’amateurs et de vrais professionnels, et il est en tout point remarquable et remarqué. Ne levez pas les bras au ciel avant de vous en laver les mains tout en proclamant votre impuissance face à la toute-puissance d’une poignée d’attardés et je pèse mes mots.


Qu’est-ce donc que cette engeance qui goûte le vin comme le feraient des laborantins ? Une poignée de vignerons à la traîne, qui n’ont rien compris à l’évolution du goût des consommateurs, flanquée de quelques œnologues bien plon-plon. À propos, M. le Directeur, la composition de la commission de dégustation de l’Appellation Puy Notre-Dame est-elle conforme aux textes ? Je n’en suis pas si sûr et vous feriez bien vous, le gardien du respect du Droit, de vous en inquiéter au lieu de fermer les yeux sur de tels manquements. Je suis persuadé, et même sûr, que nos tribunaux donneraient raison à Philippe Gourdon s’il lui prenait l’envie de les saisir. Sans doute a-t-il mieux à faire mais vous M. le  Directeur, qui êtes fonctionnaire de l’État, vous vous devez de faire respecter l’état de droit.


Ne sont jamais en reste d’un mauvais combat ces gens-là, toujours en retard d’une guerre, des acculturés du vin qui laissent passer tous les trains. Ouvrez les yeux que diable, les premiers de la classe, ceux qui font de la notoriété, qui vendent les meilleurs vins, ne sont plus les marginaux qui faisaient la risée des abonnés aux places syndicales. Le vent a tourné, les combats d’arrière-garde n’ont plus court. Ces agrippés au bastingage plombent bien plus que les réprouvés la notoriété des vins Français.


Les 8500 bouteilles de Philippe Gourdon vont donc aller rejoindre le Vin de France avant de se retrouver sur la table de la Grande Cascade ou chez les cavistes de Boston. Je vous mets au défi, M. le Directeur, de me présenter une bouteille siglée du nom de l’un des jurés dégustateurs qui a exclu le vin de Philippe Gourdon de l’AOC Puy Notre-Dame. Pas difficile, ils ne sont pas nombreux sur les quelques 25 vignerons.


Par tempérament je ne me contente pas d’être un pur protestataire mais je tente toujours faire émerger des solutions. Même si je me dois de m’incliner devant les décisions majoritaires il est de mon devoir d’écrire, tout d’abord que la représentativité de certains est plus que douteuse, et qu’ensuite les minorités doivent être reconnues et respectées. Que le succès de ces vignerons, qui ont fait des choix courageux bien avant les autres dérange, je le conçois parfaitement mais je n’admets pas que l’on puisse continuer de les soumettre au diktat de ceux qui en sont restés à une vision calcifiée de la vigne et du vin. Sans manier une ironie facile : que ceux-ci fassent bien attention ces tenants des droits acquis, à force de faire basculer des vignerons, connus et reconnus par les prescripteurs et les consommateurs avertis, dans ce qu’ils croient être le purgatoire : le Vin de France ils vont accréditer l’idée que l’Appellation n’est plus que le refuge de la médiocrité. Pourrons toujours en appeler auprès de vous pour la distiller !


Que faire donc, après 4 années de mise en œuvre d’une réforme qui se voulait dans l’esprit un réel retour aux fondamentaux de l’appellation et qui a pris souvent l’allure d’un simple replâtrage et d’une réelle amplification des pratiques bureaucratiques ? Faire le bilan, certes, mais surtout accepter de diffuser et de discuter les conclusions de la Commission de Travail sur la dégustation  présidée par Gérard Boetch et de faire prendre en compte les réflexions du CAC présidée par Olivier Nasles sur ce thème.


Croyez-moi, M. le Directeur, je ne m’en tiendrai pas à de bonnes paroles et, comme cette fois-ci les gens d’en haut ne pourront pas demander ma tête, je ne lâcherai pas prise. Un peu de courage que diable, arrêtez de vous réfugier derrière une conception purement administrative de votre fonction, faites que la direction de l’INAO retrouve auprès des professionnels un rôle moteur pour que les grands courants qui traversent le monde de la vigne et du vin se traduisent dans le fonctionnement de l’Institution. Enfin, puisque le Comité National Vins et Eaux-de-vie est doté d’un Commissaire du Gouvernement nommé par le Ministre, il serait bon que nos gouvernants s’intéressent de plus près à la politique menée dans ce secteur porteur de notre économie.


Maintenant que mes vaches me laissent du temps libre sachez, Mr le Directeur, que je vais m’intéresser à votre fonds de commerce même si beaucoup estiment que je ne suis pas une personnalité qualifiée qui pourrait siéger dans les instances de votre crémerie. Faut dire, je les comprends qu'il n'ont pas très envie que je mette le doigt là où ça fait mal. Ils ont déjà beaucoup souffert avec moi.


Mes respects et mon meilleur souvenir.

 

Bien à vous.


JB

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18 décembre 2012 2 18 /12 /décembre /2012 00:09

Pour les fêtes de fin d’année, les réveillons, arriver chez belle-maman et beau-papa ou chez des amis avec, en plus des cadeaux enrubannés, simplement une belle bouteille sous le bras c’est très bien mais l’accompagner d’un sujet de conversation c’est beaucoup mieux. Ça fait genre je lance une nouvelle tendance : l’alliance d’un beau flacon avec un sujet de conversation.


Pour vous convaincre du bien-fondé de sa démarche, si vous voulez bien le suivre dans les dédales de sa nébuleuse et tortueuse pensée, votre Taulier va vous mener sur ses chemins de traverse, ceux qu’il affectionne tout particulièrement.


Tout commence bien sûr par l’acquisition d’un ou plusieurs flacons du Champagne de Francis Boulard Les Rachais brut nature 2006 link, un must déniché depuis belle lurette par votre Taulier et dont Jacques Dupont Merveilleux du vignoble chante les louanges depuis des années « le 2006 nez résine, miel, cire, bouche tendue, ronde, pure, note de grillé, fumé, bonne longueur, belle pureté des saveurs, à boire aujourd'hui. » La bouche tendue de notre Jacques, c’est bien, mais pour pouvoir le placer dans la conversation il faut attendre d’avoir fait sauter le bouchon.


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Grâce au Taulier vous allez pouvoir briller sitôt votre entrée chez beau-papa très conservateur dans ses choix vineux ou chez vos amis qui se piquent d’être œnophiles très nature, en jouant sur le bon tempo l’expert In Vino pour éclairer leur lanterne : « oui, le vignoble du domaine Francis Boulard & Fille est situé en grande partie à Cormicy, au nord-ouest de Reims, dans le Massif de Saint-Thierry surnommé « la Petite Montagne de Reims », sur des terroirs siliceux calcaires… »


Ensuite il vous faudra manier avec habileté l’art du fondu-enchaîné pour broder sur l’une des trames que vous propose le Taulier.


Pour vos amis c’est, il me semble, la trame n°1 qui leur ira le mieux car elle est le fruit de ma première émotion face à ce superbe champagne d’un vigneron de conviction.


 « Ce champagne est, dans sa structure et son élégance dépouillée, le fils naturel d'une toile de Nicolas de Staël, il allie le trait pur, sous tension, la finesse, à l'allure de  ces hommes qui traversent leur époque avec hauteur et détachement. Cette métaphore traduit la même émotion que celle ressentie face aux compositions du grand Nicolas peintes dans les années 50 dans son atelier de Montparnasse aux hauts murs blancs illuminés par une verrière verticale comme suspendue dans le vif argent du ciel.

Dans son flacon de belle facture, cette superbe cuvée est de celle que l'on réserve à des moments dont on veut souligner l'intensité et la rareté. Pour moi, les Rachais sont la touche invisible, le raffinement extrême, la note des hommes élégants qui plaisent aux femmes éternelles : l'Ingrid Bergman de Casablanca, l'Audrey Hepburn de Vacances Romaines, la Catherine Deneuve de Belle de Jour, la Eva Marie-Saint de Mort aux trousses, l'Alida Valli de Senso, la Carole Bouquet de Trop belle pour moi... »


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Du côté de votre beau-père adoptez sans hésiter la trame n°2, qui reprend le premier paragraphe de la trame n°1 mais avec une chute différente, elle devrait éveiller chez lui, même s’il n’est pas un fou de foot, le souvenir du grand Stade de Reims qui fournit, à l’équipe de France ½ finaliste de la Coupe du Monde de 1958 contre le Brésil de Pelé, son ossature avec Dominique Colonna, Robert Jonquet, Armand Penverne, Just Fontaine et ses 13 buts, Roger Piantoni, Jean Vincent… et bien sûr Raymond Kopa qui portait alors le maillot merengue du Réal Madrid. 


« Ce champagne est, dans sa structure et son élégance dépouillée, le fils naturel d'une toile de Nicolas de Staël, il allie le trait pur, sous tension, la finesse, à l'allure de  ces hommes qui traversent leur époque avec hauteur et détachement. Cette métaphore traduit la même émotion que celle ressentie face aux compositions du grand Nicolas peintes dans les années 50 dans son atelier de Montparnasse aux hauts murs blancs illuminés par une verrière verticale comme suspendue dans le vif argent du ciel.


Au soir du 26 mars 1952, en compagnie de son épouse, Nicolas de Staël assiste au Parc des Princes au match de France-Suède et se laisse subjuguer par le spectacle. Quelques jours après, il écrit à son ami René Char : «c’est absolument merveilleux . . . Entre ciel et terre, sur l’herbe rouge ou bleue, une tonne de muscles se meut dans l’oubli total d’elle-même mais avec toute la présence qu’exige l’exercice, dans la plus complète invraisemblance »... De retour à son atelier, il se met tout de suite au travail et réalise la même nuit sur une grande toile, sur laquelle il avait commencé une autre composition, le tableau qu’il baptisera Parc des Princes. »


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Certains esprits chagrins vont m’objecter que mes sujets de conversation sont bien loin de l’esprit du vin. J’en conviens mais admettez que les femmes éternelles et le football permettent bien plus de digressions, de controverses, de propos enflammés, que le Chardonnay de l’ami Francis Boulard ou la bouche tendue de Jacques Dupont. De toute façon je suis sûr que le seul sujet qui va animer les conversations du réveillon c’est bien sûr « la fuite de Gégé en Belgique » qui comme le disent pompeusement les chroniqueurs politiques est un sujet bien clivant droite/gauche, donc vraiment français.


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17 décembre 2012 1 17 /12 /décembre /2012 00:09

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Christian Chabirand est vigneron au Prieuré La Chaume, à Vix, dans le sud de la Vendée. Avec lui je renoue avec la Vendée que j’aime, simple, vivante, ouverte sur le monde, chaleureuse et fraternelle, loin de celle d’un Jean-Paul Lubot et de son Cercle Vendéen qui n’est qu’un petit zinzin parisien au service de quelques-uns.


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Si vous voulez bien me suivre je vais tenter de vous faire comprendre l’esprit du lieu : Vix en vous imprégnant de mes souvenirs. À l’école primaire de la Mothe-Achard nous avions au programme la géographie de la Vendée. Ce département, pure construction de la Révolution, bâti de bric et de broc à partir d’une partie de la province du Poitou, le Bas-Poitou, de l’Île de Noirmoutier et de 16 communes des Marches Bretagne et de l’évêché de Nantes… La Vendée est donc flanquée de deux Marais, l’un au nord dit breton, l’autre au Sud dit poitevin, mais seuls les habitants du premier étaient qualifiés de maraîchins en opposition à ceux du bocage dénommés les danions. Vers celui du Sud il y avait d’abord la bande plate Plaine qui abritait l’évêché le plus crotté de France, dixit Richelieu, Luçon.  L’autre marais nous semblait être une enclave lointaine et secrète qui nous tournait le dos, une annexe de la Charente voisine où nous déversions notre excédent de population lié à nos familles très nombreuses. Cette césure avait aussi une origine religieuse, nous étions des cléricaux confits de bondieuseries alors que le Sud n’aimait guère les curés : le petit père Combes, l’homme de la séparation de l’Église et de l’État était un charentais d’adoption.


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Le Sud se matérialisait pour moi par l’évêque de Luçon, Mgr Cazaux, qui se pointait pour les confirmations et à qui nous donnions un sac de blé pour ses séminaires, et par nos lointains cousins de Marans. Comme nous n’avions point d’auto nous ne voyagions guère et, de toute façon, l’attraction de la ville de Nantes, de son grand magasin Decré pour les cadeaux de Noël, via la gare SNCF et les cars Citroën nous faisait effectivement tourner le dos au Sud qui prenait pour moi des allures exotiques. Pensez-donc : l’Ile d’Elle, le Gué-de-Velluire, Champagné-les-Marais, Chaillé-les-Marais, Vouillé-les-Marais… des noms qui me faisaient rêver à cette terra incognita dont la part la plus belle répondait, et réponds toujours, au nom de Venise verte.


Christian je l’ai retrouvé au 104 dimanche. J’ai goûté ses vins et nous avons échangé. Tout en parlant avec lui, dans ma petite Ford d’intérieur, un passage du livre de François Bon Autobiographie des objets me trottait dans la tête. En rentrant à la maison je l’ai retrouvé. Les parents de Bon vivait à Saint Michel-en-l’Herm où son père était garagiste et une fois par mois la famille rendaient visite aux grands-parents à Damvix « Dans l’expédition qu’était le dimanche mensuel à Damvix, parents et enfants engouffrés dans la deux-chevaux, ce qui marquait le changement de territoire c’était, un peu avant Vix (où vivait Chaissac, mes grands-parents étaient amis de madame, ils se rencontraient chaque année pour les corrections du certificat d’études, mais Chaissac à Damvix fréquentait le curé, et je crois que c’est un des seuls points de vrai reproche et incompréhension parfaite de ma grand-mère à mon endroit, quand elle apprit que je mettais très haut le peintre – elle qui plaignait tant madame Chaissac d’être mariée à pareil énergumène), un de ces carrefours de campagne à angle droit, avec une auberge qui devient le rendez-vous permanent pour toute transaction et marché, avec un plat du jour et vin au tonneau. Le bistrotier s’appelait Fétiveau… »


Mais enfin va-t-il nous parler des vins de Christian Chabirand ? Oui bien sûr mais VIX, qui fut un village médiéval, homonyme d'un autre, bourguignon link, après avoir été Vicus sous l'occupation romaine, mais surtout l'île de Vicum dans l'ancien Golfe des Pictons. Vix est située sur une butte dans la plaine actuelle, marais asséché et c’est le quatrième Fiefs Vendéens avec Brem, Mareuil, Pissotte. Vix, c'est aussi le village natal de Christian Chabirand, vigneron et œnologue qui,  après avoir roulé sa bosse dans nos belles interprofessions : Touraine, Champagne et du Pays Nantais, de retour au pays a commencé à planter de la vigne, en 1997, sur le domaine « la Chaume » qu’il vient d’acquérir avec Estelle son épouse : 18 hectares, classée pour partie en VDQS Fiefs Vendéens, mais vierge de toute vigne. « Ce terroir, situé à l’extrémité ouest de l’ancienne île de Vix ne semble pas avoir quitté les flots bleus de l’Océan, ceux qui lui léchaient le rivage il y a quelques 2500 ans. »


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Pari un peu fou, mais existe-t-il des paris sans risques, défi aux gens bien assis, que de créer de toute pièce un vignoble, qui plus est, en quittant le giron de ce qui n’était qu’un VDQS depuis le 24 octobre 1984 (je le sais j’étais au cabinet de Rocard Ministre de l’Agriculture et j’ai visé le décret ce qui m’a valu à l’époque une petite notoriété vendéenne alors que bien sûr je n’étais pour rien dans cette reconnaissance) pour l’univers du vin de pays de Vendée. Ténacité, volonté, mais aussi professionnalisme, la passion ne suffit pas il faut déterminer le cap et prendre les voies et moyens d’atteindre le but que l’on s’est fixé. Premiers raisins récoltés en 2000, première vinification en 2003 et mise en bouteille en 2004.


Allez un peu de géologie et de conduite du vignoble : « Planté sur des sols superficiels calcaire à ammonites du Trias, un tiers du terroir est orienté en coteau sud, un autre tiers en coteau ouest plus exposé aux effets marins et enfin un dernier tiers sur plateau. Les sols superficiels sont de texture argilo-limoneuse, caillouteux mais riche en matière organique. Cette virginité de toute culture de la vigne est à l’origine d’une vie microbienne intense qui confère une résistance accrue aux maladies qu’elles soient bactériennes ou cryptogamiques. Totalement enherbé, le vignoble est conduit de façon à entretenir ce potentiel. Une taille courte, une fertilisation organique, des traitements réduits au minimum pour des rendements très modestes de 30 à 35hl/ha en moyenne »


La Chaume : Un terroir unique et original


A l’automne 2008, une équipe de l’unité viticole de l’INRA d’Angers* a mené une série d’études sur les différents terroirs de Vendée. Ce travail descriptif a été conduit à partir de profils pédologiques réalisés sur les principales zones viticoles. Nous avons interrogé Vincent Courtin, pédologue-cartographe et chef de file de l’unité terroir pour nous donner son point de vue sur le profil réalisé à LA CHAUME.


Quelles sont les principales caractéristiques géologiques du terroir de LA CHAUME ?


La géologie du Prieuré La Chaume est constituée d’un calcaire marneux du Jurassique moyen (Callovien-Oxfordien). On parle d’un « calcaire » car c’est une roche riche en carbonate de calcium et « marneux » car on peut observer entre les bancs durs des joints argileux.


En quoi ce terroir est-il classé à « potentiel élevé ou haute valeur viticole » ?


Le milieu physique (coteau versant sud, potentialités agronomiques, et drainage naturel) est très favorable à une viticulture de qualité. La précocité du terroir s’en trouve augmentée, la vigueur et l’équilibre feuille/fruit sont favorables à un bon état sanitaire et à une bonne maturité et enfin les propriétés de la roche mère et du sol favorisent un bon enracinement tant en surface qu’en profondeur.


Au final, qu’est ce qui fait l’originalité de ce terroir ?


Tout d’abord, il s’agit d’un des rares terroirs viticoles vendéens à géologie et pédologie calcaires. D’un point de vue de l’encépagement, ce terroir se trouve favorable à l’implantation de cépages tardifs à cycle végétatif long. Enfin, pour l’alimentation hydrique de la vigne, les qualités du sol et du sous-sol présagent d’une alimentation modérée et continue du système racinaire. Autrement dit, le sol peut réguler l’eau en fonction des besoins de la vigne et des quantités de précipitations.


Vincent Courtin, Dominique Rioux et Sébastien Cesbron, cartographes « système d’information géographique »


Maintenant sacrifions à la minute historique : Le sceau du Prieuré la Chaume.

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« En 1962, il fut découvert à proximité du vignoble un magnifique sceau du XIVe siècle de la vierge à l’enfant marqué à l’effigie de Dame Aynor de Niel, moniale à l’abbaye Notre Dame hors les murs de Saintes. Sans que l’on sache avec précision les raisons de la présence de cette religieuse sur l’île de Vix, on peut supposer qu’en période d’occupation anglaise (guerre de Cent ans), l’abbesse de Saintes dépêchait sur ses possessions, pour surveillance, ses meilleurs sujets. Si au XVIIème siècle, il est fait état de l’existence de deux Prieurés sur la seigneurie, la présence de l’un d’entre eux sur le Domaine n’est que supposé par la tradition orale. De cette longue parenthèse historique naîtra l’identité graphique du domaine avec la reprise comme emblème du sceau de Dame Aynor de Niel. »


Le domaine compte actuellement 14 ha de vignes, pas moins de 8 ha de merlot, notamment sur le coteau plein sud, « au calcaire débordant !... Sur les parcelles situées sur le plateau (en partie seulement en Fiefs Vendéens!), 1 ha de pinot noir (destiné entièrement au blanc!), 2 de cabernet sauvignon, ainsi que 60 ares de négrette. Le reste se compose de chardonnay et d'un peu de chenin. »


Les vins dégustés par le Taulier :


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Prima Donna 2011: 2/3 de chardonnay et 1/3 de pinot noir vinifié en blanc.


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J’ai ouvert le bal au 104 avec cette très belle jeune femme raffinée sans être apprêtée, tendue, pure et droite mais sans rigidité. Exceptionnelle tessiture, parfait équilibre entre une grande vivacité et des rondeurs de prima donna. Ce vin aurait été parfait avec le beurre blanc de maman. Pour voir Taulier son préféré ou pour poursuivre sur la féminité : une superbe plante dont vous goûtez les yeux fermés les talents, donc ma bouteille préférée.


Bel Canto 2009 : De la cuve uniquement pour ce 100% merlot.


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« Cette cuvée rend hommage à Melle Geneviève VIX. Née à Nantes en 1879, cette cantatrice pensionnaire de l’Opéra de Paris, adulée chaque fois qu’elle se produisait au théâtre Graslin de Nantes, s’est rendue célèbre dans l’interprétation du Bel Canto, style chanté, léger et élégant. »


C’est un rouge profond, liseré de violet, du fruit croquant, charnu, goulu,  « comment fais-tu l’amour cerise ? »  plusieurs fois avec moi : en traduction libre c’est du plaisir renouvelé à chaque gorgée. Ce vin plaisir n’en est pas pour autant un vin facile qui file sans laisser de trace, bel Canto avec son croquant craquant initial laisse en bouche de belles et chaudes épices. J’aime les îles.

 

Orféo 2007 : 60% merlot, 25% cabernet sauvignon et 15% négrette.


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Cette cuvée est un hommage à l’œuvre musicale et poétique de Monteverdi inspirée du conte mythologique Grec d’Orphée. Au cours des siècles ce mythe religieux allait se transformer en histoire d’amour et inspirer une œuvre musicale exemplaire. »


« Une cuvée issue d’un élevage long. Celui-ci aura duré dix-huit mois dont sept avec passage en barrique. Pas du fût neuf bien sûr, des barriques bourguignonnes de trois vins provenant des meilleurs chênes de la forêt de Tronçais. »


Très beau et grand vin, raffiné, complexe, souple et puissant, peut encore prendre de l’âge. De la très belle ouvrage marque d’une maîtrise de plus en plus affirmée.


Bellae Domini 2006 : 100% merlot.


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« Une cuvée issue d’une année d’élevage avec un passage en barrique de onze mois précisément. Des barriques bourguignonnes de deux vins, travaillées avec une chauffe moyenne idéale pour conduire une oxydation ménagée sur un vin provenant d’une vendange de merlot très mûr, cueilli à la main. »


Belle complexité, un peu de rigueur encore mais les tannins sont fondus et soyeux, le temps joue toujours pour lui pour qu’il s’épanouisse encore. Si vous souhaitez lui faire un sort pour les fêtes offrez-lui une carafe, laissez-le s’accommoder à la bonne température pour le déguster.

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16 décembre 2012 7 16 /12 /décembre /2012 00:09

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Michel le sait, je suis un poil taquin mais plutôt bon camarade car, fraîchement débarqué dans le monde impitoyable des dégustateurs patentés, je sais reconnaître les talents des vieux routiers et, par contrecoup, mesurer mes lacunes abyssales dans leur art. Pour tout vous dire déguster ça me fait profondément chier : debout face à un vigneron qui après avoir, avec parcimonie, déversé son précieux liquide dans un verre qui a déjà vu passer une cotriade d’autres vins vous débite ses histoires de terroir de micaschistes calciniens, de gneiss du quaternaire ou d’argilo-calcaires spongieux qu’on ne trouve nulle part ailleurs, vous gonfle avec l’âge canonique de ses ceps plantés par l’arrière-grand-père de son grand-père, vous abreuve de sa vinification en long en large et en travers, vous chauffe avec ses barriques de chêne français ou ses demi-muids en noisetier, vous donne le nom de sa jument, de son beau-père et de son importateur aux Iles Vierges tout en insistant sur les jours fruits, la pleine lune et les préparas de bouse de chamelles allaitantes… Mais ce n’est pas tout ce n’est pas tout il faut alors prendre son air le plus inspiré pour tenter d’agiter le précieux liquide sans le faire déborder. Je n’y arrive pas car je tiens mon carnet de dégustation de ma main droite et, comme je suis gauche de la main gauche, mon geste auguste de dégustateur prend des airs d’agitateur de tubes à essais dans le fond d’un laboratoire de la répression des fraudes.  

     

Ensuite, c’est pire, il vous faut sortir le grand jeu des sens, coincé entre de vieux barbons, habillés comme mon pépé Louis, qui ont fait toutes les guerres du vin, sous des éclairages, soit minables ou pire, dignes d’un scialytique de salle d’opération, vérifier si c’est bien du rouge tendance Bordeaux ou tendance Pinot. Ça c’est vite fait. Puis vient l’épreuve du tarin : là tout dépend de la tendance, si vous êtes chez les GCC ça pète, si vous êtes chez les natures ça peut sentir la chaussette et, de temps en temps, tu te dis « tiens, c’est bien, ça sent le vin. » Le gars ou la fille qu’a tendue le bras pour vous aviner vous observe comme si vous étiez un récidiviste en cavale. L’air dégagé il ne faut surtout pas moufter, le silence est la profondeur des grands amateurs. Rester concentré est vital pour rester crédible. Enfin, comme je suis un invétéré buveur, vient le temps de l’ingurgitation. Là je m’y retrouve. Ça gazouille. Je me branle du quand dira-t-on. Je m’amuse. Je suis bon de la gueule. Bon, faut jouer des coudes pour accéder à la bassine de régurgitation car il y a toujours deux ou trois gros cons qui encombrent la trajectoire. Cracher avec élégance sans souiller mes beaux chèches ça je sais très bien faire : à la limite c’est tout ce que j’ai appris depuis que je me suis glissé par inadvertance dans la peau d’un dégustateur patenté.  

 

Donc, tout ça pour vous dire que, sur un blog concurrent, une grosse coopé, les 5 du Vin, dont votre Taulier est l’un des pères fondateurs, le père Smith – au sens des pères blancs évangélisant les braves petits nègres – chaque dimanche que Dieu fait, fait l’amour avec l’amour de sa vie : le Carignan. Il s’agit chez lui d’une addiction grave à une forme obsessionnelle de copulation avec un banni du Languedoc. C’est pour lui un long et lent et lancinant va-et-vient, tout le contraire d’un coït d’éjaculateur précoce. Quel coup de reins ! Tout est dans la profondeur. L'extase. L'épectase. Bravo l’artiste. Jouer chaque dimanche une nouvelle partition sur le même thème c’est l’exemple le plus abouti d’une improvisation maîtrisée. On se dit parfois il va se fatiguer, s’épuiser, mollir, laisser tomber, et non chaque dimanche que Dieu fait notre Michel remet sur le métier son ouvrage. Avec talent il forge le soc pour tracer un nouveau sillon.Le Foll devrait lui attribuer le poireau comme à Lalau.


Que faire face à une telle bête de texte ? Tirer son chapeau : comme j’en porte rarement, contrairement à l’impétrant, c’eut été me contenter d’un geste, certes chevaleresque, mais bien insuffisant. Alors que faire ? Bien tout bêtement faire, c'est-à-dire affronter le ridicule de venir défier le chevalier blanc du Carignan sur son propre terrain. Oser la chronique dominicale vantant les charmes rugueux et puissants du Carignan. Pour ce faire il faut se dégoter une belle armure pour supporter le choc de la comparaison avec le Maître. Votre Taulier est patient, très patient, il a attendu longuement son heure avant de dégainer de son fourreau sa belle lance de tournoi.


Et le preux POUDOU arriva avec son Carignan, sans qu’Annie ne m’eusse prévenu, un Carignan roturier avec un nom d'IGP qui fleure bon la chevalerie : les Coteaux de Peyriac. Et il sait y faire notre Poudou pour donner un bon rang à son Carignan. Il trempe sa plume dans un encre bien sympathique pour nous écrire avec des pleins et des déliés un petit texte bien frappé : « Sur un terroir taillé comme un costume le Carignan change de statut. De raisin légume il devient raisin fruit. » Et comme pour le Port-Salut le CARIGNAN de Poudou c’est écrit dessus. Voilà, j’ai relevé le défi en prenant tous les risques. Maintenant il ne vous reste plus qu’à vous adresser au père Michel pour vous faire l’article sur le CARIGNAN de Marie-Claude et Jean-Louis Poudou. En effet, il vaut toujours mieux s’adresser au bon Dieu qu’à ses saints dit la sagesse populaire… Merci par avance Michel pour une nouvelle contribution à l’extension du domaine du Carignan.www.latourboisee.com  

 

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15 décembre 2012 6 15 /12 /décembre /2012 00:09

« Je pète souvent »... a coutume de dire Gérard Depardieu et notre François Morel a préféré, ce vendredi matin, sur France Inter link, cette saillie du néo-Néchinois à une citation de Jean-Paul Sartre ou de Raymond Aron. Ça colle bien au personnage de Gégé, ça nous parle aussi bien que Du vent dans les branches de Sassafras de René de Obaldia, et ça m’a inspiré ce titre qui, avec une once de vulgarité à la Gégé, est une manière de dire à celles et ceux qui se perdent en conjecture à propos d’une information somme toute banale, Robert Parker continue de faire son business en cédant son Wine Advocate à des investisseurs singapouriens, « foutez-lui la paix ! » 


 

Citation pour citation rien que pour faire la nique à François Morel, dans les mains sales Jean-Paul Sartre dit « Tous les moyens sont bons quand ils sont efficaces.  » Quel cynisme me direz-vous ? Que nenni, appliqué à Robert Parker ça se traduit par « il a su utiliser les bons moyens, au bon moment, au bon endroit… » j’ajouterai : le tout dans sa langue maternelle qui se trouve être le véhicule universel du biseness. Bref, Robert Parker n’a pas utilisé tous les moyens, au sens de n’importe lesquels, sous-entendus les pires, il s’est contenté d’être lui-même et de se bâtir une notoriété, de devenir une marque en capacité d’imposer au marché ses normes. Que sur le dernier versant de sa vie professionnelle il monnaye au point haut son capital ne me paraît d’aucune manière condamnable.


Que Robert Parker ait exercé, qu’il exerce encore une influence considérable sur l’industrie mondiale du vin, des grands vins dit-on, c’est indéniable mais, que je sache, je ne vois pas au nom de quoi il faille le clouer au pilori. Ce n’est ni un négociant d’armes, ni le gourou d’une secte, mais tout bêtement un critique qui a su monnayer son art. Que l’on ne soit pas d’accord avec sa vision du vin, que l’on condamne sa « mauvaise influence » sur les GCC de Bordeaux, qu’on l’accuse d’avoir « parkérisé » le vin, je le comprends parfaitement mais dans cette affaire il n’a pas agi en terrain conquis il a simplement trouvé un terreau favorable et il l’a exploité, surexploité même. Bien sûr, je comprends que l’on puisse le regretter, désapprouver, condamner, mais s’il n’y avait pas eu la rencontre entre des offreurs, les châteaux et les domaines, et des demandeurs : les acheteurs de grands vins, Parker n’aurait été rien qu’un parmi d’autres c’est-à-dire, n’en déplaise à certains porteurs d’eau, de gentils dégustateurs dans notre petit marigot.


Hanna Agostini, qui ne passe pas pour quelqu’un portant Parker dans son cœur, affirme que Robert Parker est le plus grand dégustateur de tous les temps : « Personne n'est capable de décortiquer un vin comme il le fait. Il peut déguster de 60 à 100 vins par jour, parfois davantage. Et le plus extraordinaire, c'est qu'il peut à la fin d'une telle journée, lors d'un dîner, identifier la quasi-totalité des vins qu'on lui présente à l'aveugle sans se tromper sur le domaine ni sur le millésime. Derrière le mythe Parker, il y a un palais et un odorat exceptionnels. » Elle explique comment il est devenu le critique le plus puissant de la planète : « Robert Parker s'est imposé par son talent et sa capacité de travail, mais il a aussi bénéficié d'un contexte particulièrement favorable. Son talent s'est révélé avec le millésime 1982, qu'il a porté aux nues dès les premières dégustations et ce contre un bouclier d'avis autorisés. »


Le résultat c’est que tous ceux qui ont suivi ses conseils ont gagné beaucoup d'argent : «À la faveur du millésime 1982, une frénésie acheteuse sans précédent s'est emparée des Américains. Comprenant que les commentaires et surtout les notes de Parker forgeaient la demande aux USA, les Bordelais ont commencé à pratiquer une politique de rétention des vins visant à faire monter les cours. Par exemple, en 1985, la note parfaite attribuée au Mouton-Rothschild 1982 fait quadrupler le prix de la bouteille ! C'est à partir de ce moment-là que la place de Bordeaux est devenue la plus spéculative qui soit. Aujourd'hui, plus que jamais, le négoce et la filière attendent ses notes pour se positionner. Jamais personne n'a eu une telle influence sur le marché. »


Robert Parker s'impose au moment où beaucoup de choses basculent. « On constate dès le début des années 1980 une profonde métamorphose du monde du vin. Robert Parker accompagne et amplifie l'évolution commencée par l'œnologue Emile Peynaud vers des rouges fruités, mûrs, boisés, aux tannins souples. Mais la révolution n'est pas seulement d'ordre technique. Une mode se dessine. Le vin devient un facteur de promotion sociale. Il est de bon ton d'en boire, mais aussi d'en parler. Le vin prend encore une dimension financière à laquelle Robert Parker n'est pas étranger. Les bordeaux, qui demeurent la référence mondiale, lui ont permis d'asseoir sa notoriété. Mais ils lui doivent aussi d'avoir tenu leur rang dans la compétition mondiale. Il suffit qu'un cru soit évoqué par Robert Parker pour que son prix s'enflamme. Même s'il n'a pas voulu la spéculation qu'il alimente, il est aujourd'hui prisonnier de son système. »


La défense du consommateur le cheval de bataille de Robert Parker « il a surtout marqué les esprits en se posant comme un chevalier blanc, comme le plus intransigeant défenseur du consommateur. Il a fait de l'indépendance de la critique par rapport aux professionnels du monde du vin un principe absolu. ».


Mais, il faudrait être naïf en ignorant les réseaux bordelais de Parker « En évoquant ses relations avec l'œnologue Michel Rolland, les négociants Archibald Johnston, Jeffrey Davies, Bill Blatch et Dominique Renard, ses amitiés avec Jean-Bernard Delmas, l'ancien administrateur du grand cru Haut-Brion et la famille Moueix, je ne relate que des choses connues de tous. Loin de moi l'idée de qualifier ces liens. Je veux seulement démontrer qu'il y a un fossé entre son discours et ses pratiques. Comment expliquer qu'il qualifie d'« amis », voire d'« experts en amitié », certains éminents acteurs du monde du vin, tout en martelant par ailleurs qu'il n'a pas d'amis dans ce milieu et rappelant inlassablement l'impérieuse nécessité pour un critique de garder ses distances avec le négoce, sous peine de compromettre la fiabilité de ses avis ? »


La période Parker touche-t-elle à sa fin ? « Il a encore un large auditoire. Il faudra sans doute un peu de temps pour que les consommateurs s'affranchissent des oracles du gourou. Cela étant, les sources d'information sur le vin n'ont jamais été aussi nombreuses et les nouvelles générations sont mieux à même de se forger leur propre opinion. Par ailleurs, Robert Parker délègue de plus en plus : il ne s'occupe plus personnellement que du Bordelais, de la vallée du Rhône et de la Californie. Si la statue du commandeur semble solide, son piédestal vacille. »


C’était en 2007. 5 ans après l’homme ne descend pas de son piédestal, il le vend aux plus offrants sur le marché le plus porteur. Point c’est tout ! Irremplaçable bien sûr, son émergence de nulle part et son parcours atypique font de lui un phénomène non reproductible mais, de la même manière que nul n’aurait parié un kopek sur lui avant son coup de maître qui peut dire aujourd’hui qu’un gus, venu du diable vauvert, ne prendra pas tous les installés à contrepied ? Je n’en sais fichtre rien et pour tout vous dire ça ne m’empêche pas de dormir.


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Je préfère m’intéresser à la petite annonce de Gégé pour mettre en vente son hôtel particulier de la rue du Cherche-Midi, dans le 6e arrondissement de Paris. Une demeure somptueuse qu'il avait achetée en 1994 pour 25 millions de francs payés comptant. Selon les informations du Parisien, elle aurait été mise en vente il y a trois mois pour la bagatelle de 50 millions d'euros. « Propriété de 1 800 mètres carrés habitables comprenant l’hôtel de Chambon construit au XIXe siècle, inscrit aux Monuments historiques, agrémentée d’un jardin et de terrasses. De l’autre côté du jardin, un second bâtiment de type loft, éclairé par un puits de lumière, superbe pièce d’architecture et de design »


L'été dernier, le « gros Gégé » avait fait visiter son gourbi à Serge Kaganski des Inrocks et le « maître » dans son style grandiloquent  avait expliqué son utilisation des lieux :


« J’y habite de temps en temps… Mais je ne sais pas encore ce que je vais en faire. Ce n’est en tous cas pas un lieu pour faire la fête, au contraire, plutôt pour méditer, avoir des conversations. Dans toute maison, il y a un endroit où on lit, où on peut penser. C’est l’espace, l’occupation de l’espace, qui m’intéresse. La fête, c’est fermé, comme un ventre dans lequel tous les vices se forment et se déforment. Là, au contraire, c’est la pureté, c’est affronter cette vérité qui peut sortir de nous, avec nos vices et nos puretés. Le thème qui a guidé ce lieu, c’est le passage du temps. Avant de prendre possession de ce lieu, il faut se connaître et bien s’apprivoiser. Même moi qui suis cuisinier, il m’a fallu du temps pour apprivoiser cette cuisine. Trouver la place d’un objet, d’une pensée, d’une liberté, ça prend du temps. »


Voilà pour moi la messe est dite Robert Parker n’est qu’un amateur à côté de notre Gégé national qui lui n’a jamais été un enfant de chœur mais est devenu vigneron du côté de son château de Tigné et j’ai le souvenir de sa tonitruante arrivée à l’hôtel de Villeroy pour venir quémander auprès d’Henri Nallet, alors Ministre de l’Agriculture des droits de plantations pour sa nouvelle acquisition. Sacré Gégé il a toujours su y faire pour faire du blé avec du vin… comme notre Bob d’ailleurs… deux bons acteurs le Gégé et le Bob…


  


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14 décembre 2012 5 14 /12 /décembre /2012 00:09

Toutes les vaches du Taulier sont au pré, façon de parler, bien sûr, je suis enfin arrivé au bout de la tâche qui m’a été confiée voilà plus de 18 mois par mon boss le Ministre de l’Agriculture : retrouver à des éleveurs laitiers du Grand Sud-Ouest des entreprises pour collecter leur lait. L’avantage avec la République c’est que, même si le titulaire d’un poste ministériel change, les affaires continuent, façon de parler toujours. Je ne vais ni vous bassiner avec les détails de cette médiation, ni m’envoyer des fleurs car si je peux enfin poser mon sac c’est que j’ai rencontré des femmes et des hommes de bonne volonté pour faire ce qui devait être fait. Certes il a fallu du temps, de la patience, une part d’inconscience, ce je ne sais quoi d’optimisme qui vous fait croire qu’à tout problème il y a toujours une ou des solutions. Bref, c’est fait et même si je suis un peu vanné, je dois vous l’avouer je suis heureux.


Je n’ai pas écrit satisfait, mais vraiment heureux, très heureux, de l’issue favorable de cette mission qui sera sans doute l’une des dernières que j’aurai accomplie pour le compte de la maison que j’ai servi pendant un morceau de ma vie professionnelle. En dépit des incertitudes, de ce qui par moment me semblait insurmontable, de tout ce temps passé à attendre des réponses qui ne venaient pas, des tensions, de l’angoisse de certains producteurs qui venant aux nouvelles devaient se contenter de ma seule parole, des petits sourires de ceux qui attendaient que je me vautre, cette mission fut l’une des plus passionnante, des plus forte, des plus enrichissante de ma déjà longue carrière.


Pourquoi ?


Tout bêtement parce que je me suis pris en pleine poire la réalité et que je n’avais qu’un seul choix : l’affronter, faire en sorte que les intérêts des uns et des autres convergent vers une solution. Sans tirer de conclusions définitives, générales, sur ce qui pourrait n’être considéré que comme un cas particulier, j’ai pu prendre le pouls de ce fameux terrain dont nos dirigeants, comme leurs opposants, disent qu’ils sont à l’écoute de ses aspirations. Je n’en doute pas bien sûr, mais ce dont je suis sûr c’est qu’à la fois ce qui leur remonte, et les canaux par lesquels transitent leur perception, ne leur permet pas de s’atteler à la mise en œuvre de réelles solutions. Chacun est dans son rôle, sa posture, ses à priori, ses contradictions, et Dieu sait si le jeu social est friand de la complexité, de l’ambiguïté et des discours à géométrie variable.


À ma toute petite échelle, sur mon micro-cas, n’ayant à ma disposition ni carotte ni bâton, je me suis efforcé d’utiliser ce qui fait souvent défaut dans les enceintes officielles de représentation et de négociation, la confiance et le respect des contraintes des parties en présence. Je suis un obsédé du lien social, et malheureusement dans notre pays il est souvent distendu. Bref, mon petit voyage au pays des vaches qui m’a fait toucher cette France des gens qui tiennent le territoire, de ces entreprises qui dans le secteur laitier sont pour quelques-unes de taille mondiale, de ce qui fait que notre pays dans la fameuse mondialisation n’a pas que des handicaps mais aussi ses atouts. Parmi ceux-ci les hommes et c’est cette richesse qu’il faut cultiver avec soin. Tout le monde en parle mais que fait-on réellement pour que ce patient travail de remaillage soit une réalité ? Entre les grandes stratégies des états-majors d’entreprise, les visions législatives des Ministres, les grandes négociations à l’échelle de l’UE, de l’OMC et des grands blocs mondiaux, il y a aussi la place pour l’explication : ne pas se payer de mots, dire les choses telles qu’elles sont au risque de déplaire.


Je me laisse entraîner par mon prêchi-prêcha alors que je m’étais dit que j’allais vous offrir une toute petite chronique, comme ça, pour marquer le coup. Ce qui me ferait vraiment plaisir serait de vous inviter, chers lecteurs, à boire un coup, entre nous, pour arroser ça. Mais vous êtes loin, éparpillés dans la France profonde et même au-delà. Bien sûr j’ai toujours plaisir à croiser certains d’entre vous à l’occasion. Merci de m’avoir aidé, à votre manière, en étant d’une fidélité inoxydable à mes chroniques bi-journalières. C’était d’une certaine manière ma thérapie pour fortifier ma patience, et Dieu sait que je ne le suis guère même si, l’âge aidant, je le suis un peu plus qu’avant.


Enfin, sans les nommer ici je remercie les fonctionnaires, à tous les niveaux, qui se sont mobilisés pour m’aider, qui m’ont suivi sur des chemins qui, au départ, n’étaient pas forcément ceux qu’ils avaient coutume d’emprunter, qui m’ont supporté dans tous les sens du terme. Nous avons de bons fonctionnaires, motivés, qui ne demandent qu’à faire, qu’à bien faire, encore faut-il les placer dans des conditions où ils puissent donner le meilleur d’eux-mêmes. Ce fut pour moi un grand plaisir de travailler avec eux. Merci à eux. De même, dans certaines des entreprises, j’ai rencontré des personnes de qualité qui, à leur niveau, m’ont permis de boucler ce dossier : grand merci aussi à eux. Mais, et je l’ai gardé pour la bonne bouche, tout ce chemin n’aurait pu être parcouru par votre Taulier si, dès le départ de sa mission, une personne au cabinet du Ministre ne lui avait pas fait toute confiance en dépit de ses manières de faire et de rendre compte pas toujours très orthodoxes. Merci Véronique Solère de m’avoir permis de vivre ce qui ne fut pas pour moi une expérience mais un vrai morceau de vie, de la vraie vie.     

 

 

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