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20 septembre 2012 4 20 /09 /septembre /2012 00:09

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Corte c’est le cœur de la Corse. L’ombre tutélaire de Pascal Paoli plane sur la cité devenue ville universitaire. Je vous conseille d’y aller par le train : le célèbre Ajaccio-Bastia de la Compagnie des Chemins de Fer Corse qui met la bagatelle d’environ 4 heures pour parcourir le 158 km sur une ligne métrique. La toute nouvelle motrice d’origine basque s’arrête quasiment tous les 5mn et il arrive que le conducteur fasse marche arrière car il a oublié une station. Les paysages sont superbes, 104 tunnels dont celui du faîte de Vizzavona long de 3 916 m et le principal viaduc du Vecchio, confié à la société de Gustave Eiffel.


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J’y suis passé un lundi de septembre en fin de journée pour y récupérer des voyageurs en gare de Corte. Le temps était exécrable et en haut des cols nimbés de brume il faisait à peine 10°. Bien sûr j’ai flâné dans la vieille ville où des randonneurs, même des scouts, se réchauffaient en sirotant des boissons aux terrasses des cafés de l’artère principale. J’ai même eu droit à des compliments sur mon chèche jaune de la part d’une Corse d’un certain âge. Comme j’avais envie de m’assoir pour prendre un verre, et que les terrasses ne m’inspiraient guère, j’ai pointé mon nez vers une enseigne rétro de chez rétro La vieille Cave en me disant, dans ma petite Ford d’intérieur, que ce devait être un baise-touriste. J’y suis donc allé sur la pointe des pieds, l’air dégagé et, à ma grande surprise, je me suis retrouvé dans un antre 100% corse. Selon une coutume bien établie lorsque je suis entré les pépères qui sirotaient autour des tonneaux n’ont fait nul cas de mon importante personne. Alors, sous les voutes pleines de toiles d’araignée, j’ai fait mon boulot de taulier, tripotant les flacons, inspectant le matériel, et puis enfin je me suis assis en retrait sur un tabouret. Au bout d’un petit moment, un des pépères s’est levé et s’est enquis de mes désirs. J’ai commandé un verre de Muscat du Cap Corse. Le pépère est allé quérir la bouteille dans une petite armoire réfrigérée et m’a servi. Très vite, deux couples de filles, des étrangères, sans doute des allemandes pour le premier, et des bataves pour le second, sont venues poser leurs fesses sur des tabourets. Le même pépère leur a servi des verres de rouge à la bouteille (je précise car on peut aussi se faire servir des verres au tonneau, donc à la clé). Les nénettes, look rando, étaient aux anges.


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Le bloc des pépères, 8 ou 9, discutaient ferme de vélo, en français. Deux pompaient des havanes (1). L’un des protagonistes tentait de les convaincre d’une nouvelle technologie : un pédalier hélicoïdal, à ce que j’ai compris, mais comme je suis nul en mécanique je n’ai pas tout capté. Bien évidemment le pauvre se heurtait à une incompréhension narquoise : les corses sont très doués dans ce genre de sport. Mon Muscat était bon et je me laissais bercer par la conversation. Au dehors des torrents d’eau se déversaient dans la ruelle. Juste avant l’irruption du déluge, un jeune homme, qui claqua la bise à tous les pépères, avait apporté deux grandes boîtes de pizza. Celui que j’avais repéré comme étant le patron du lieu, et c’était bien lui, cigare au bec, procéda à la découpe et, tel un empereur romain, vint de suite proposer des parts aux deux couples de filles et à moi-même. Proposer est un euphémisme, le choix se résumait à l’acceptation pure et simple. Les étrangères planaient dans une douce euphorie. Le lieu semblait vraiment hors le monde et nos pépères entamaient une nouvelle conversation sur des sujets locaux où ma compréhension était encore plus basse que sur les questions de double-plateau.


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Le temps était venu pour moi de me glisser discrètement dans la conversation. Je demandai au patron la permission de faire des photos et j’embrayais sur le vin, le blog, les vins corses, et plus particulièrement sur ceux du Clos d’Alzeto… Nous bavassâmes, mais je sentais poindre la question rituelle : parisien ? Elle vint d’un des pépères. Mon oui lui tira une affirmation qui me laissait pantois : vous habitez le XIVe ? Mon oui lui tira un large sourire et un : moi aussi. Bref, une belle petite heure passée dans l’antre d’Emmanuel Simonini, qui après avoir tenu deux restaurants sur la place Paoli, s'est retiré dans cette belle caverne bachique.


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Donc si vous faites escale à Corte posez vos fesses à LA VIEILLE CAVE 2, ruelle de la Fontaine tél 04 95 46 33 79 ( le patron à un IPhone) et si ça vous chante lisez le compte-rendu d’une visite en 2010 sur le blog.misselisabeths.com link 


(1)             Déclaration à la sous-préfecture de Corte. CIGARE-CLUB CORTENAIS DE LA VIEILLE CAVE. Objet : regrouper des amateurs de cigares de Corte et centre Corse (Corti-centru di Corsica) ; ces amateurs seront indifféremment des hommes ou des femmes ; partager le plaisir de fumer des cigares de qualité, essentiellement de fabrication manuelle, de provenance cubaine ou non ; contribuer par les échanges d’informations, les rencontres et les voyages à l’éveil du gout aux cigares de qualité. Siège social : La Vieille Cave, ruelle des 4-Canons, 20250 Corte. Date de la déclaration : 17 juillet 2006.

 

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19 septembre 2012 3 19 /09 /septembre /2012 00:09

Ce matin je parle vin, de vin géorgien tout à la fin. Ma chronique est dédiée à une toute nouvelle moscovite : Véronique Solère et à ma copine Samia Iommi-Amunategui qui adore les piments et que je verrais bien s’attaquer à la confection d’un khartcho. En plus Antonin sera content car le vin géorgien que je propose à la fin est « Total Nature ».


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 « La Géorgie est une république du Caucase d’environ quatre millions d’habitants, de deux fois la taille de la Suisse, et l’un des plus beaux et de plus anciens pays du monde. Le vin, la musique et la prodigieuse hospitalité des Géorgiens sont légendaires. Le tempérament des Géorgiens et la beauté des Géorgiennes ont inspiré de nombreux contes, poèmes et romans. » c’est signé Walter et Olga Kaminer (voir chronique d’hier)


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Nos deux auteurs sont à un carrefour très fréquenté du centre de Moscou. Madame demande à monsieur : « Tu as envie d’un truc plutôt épicé, chic ou exotique ? » Ils sont paumés car « autrefois, la plupart des restaurants portaient le nom de la république ou de la ville dont ils représentaient la gastronomie. Aujourd’hui, ils sont affublés de noms fantaisistes qui ne laissent rien deviner de leurs pratiques culinaires. » Alors ils choisissent la dernière enseigne, le « Chitto-Gritto » link  et photos link  qu’ils ont aperçus et il se révèle que c’est un restaurant géorgien.


La suite est hilarante « L’agneau n’est pas venu aujourd’hui, nous a annoncé le serveur moustachu en expliquant les menus à la manière typiquement géorgienne. Mais le bœuf est venu et le lapin est venu »


Quelques instants de réflexion.


« est-ce que le vin blanc est venu ? » a demandé ma femme.


Le serveur a haussé les épaules.* »le vin blanc est parti avant-hier, mais le rouge est venu », a-t-il répondu.


Nous en voulions un peu au vin blanc d’être parti sans nous avoir attendus.


« que nous suggérez-vous ? ai-je demandé.


-         Le khartcho, a dit le serveur avec conviction. Le khartcho vien d’arriver.

-         C’est comme à la gare, a remarqué ma femme, ça va et ça vient sans prévenir. »


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Le serveur a ronronné amicalement sous ses moustaches. Nous avons donc commandé du khartcho et du vin rouge. C’était l’heure du déjeuner – en nouveau russe, l’heure du « business lunch » - et le restaurant était presque vide.


À part nous, il n’y avait qu’un couple dans la salle : un homme en costume-cravate accompagné d’une jeune femme brune.


« Prends ce que tu veux a lancé d’une voix forte l’homme en costard, ce qui, au regard du tarif des plats du jour, paraissait plutôt ridicule.

-         Ah, je ne sais pas trop, je vais peut-être boire un café », a dit sans grand enthousiasme le jeune femme en tournant les pages du menu.


Notre khartcho est arrivé en embaumant toute la salle.


Je savais d’expérience que cette soupe pouvait sacrément faire suer. À l’armée, les Géorgiens ne mangeaient pas de pain au petit déjeuner mais du piment que leurs familles leur envoyaient par caisses entières.


L’homme en costard nous a jeté un regard avant de lancer au serveur :

« Est-ce que le khartcho est vraiment bon ?

-         Oui, vraiment bon, a répondu le moustachu, un brin agacé.

-          J’allais souvent à Tiflis autrefois, a dit l’homme en costard d’un ton menaçant.

-         Moi aussi, a dit le serveur en hochant la tête.

-         On y mangeait un de ces khartchos, c’était une véritable bombe ! Quelle patate ça donnait ! »

La jeune femme brune écoutait poliment tandis que le serveur opinait du chef.

« Tout était mieux avant, a-t-il soupiré. Oui vraiment. »

L’homme en costard commençait à nous taper sur le système.

« Ce n’était pas de la soupe, c’était un poème, un poème très pimenté !


Poème, j’aime », a répété le serveur en notant quelque chose dans son calepin.

Au bout d’un moment, alors que nous avions déjà vidé nos assiettes, le serveur a apporté la commande de la table voisine.


« Voilà khartcho, attention très épicé », a-t-il dit.*L’homme en costard a ricané, a pris une cuillérée, puis a sursauté comme s’il voulait bondir de sa chaise. Ce faisant, il a heurté son assiette et une partie de sa soupe s’est renversée sur son pantalon.


« je vous avais prévenu ! » a observé le serveur.


L’homme en costard l’a regardé sans mot dire, la cuillère encore dans la bouche.


Le serveur a disparu un instant, est réapparu avec un gant de toilette et a essayé, en frottant délicatement, de faire partir le khartcho du pantalon du clien. L’homme en costard s’ets ressaisi, et a même réussi à adresser un sourire en coin à son invitée.


« J’aimerais parler au patron, a-t-il dit…

 

Et c’est là que l’histoire commence : 2 options pour savoir la suite


1-     Vous m’invitez à dîner et je la raconte,

2-   Vous achetez le livre « la cuisine totalitaire » c’est page 55 et 56.

 

Je vous livre tout de même : et la conclusion de Walter

-         Est-ce que c’est toujours aussi marrant chez vous ?

-         Oui, Toujours marrant ! a répondu le serveur moustachu.

 

« Nous avons commandé un autre Khartcho. Quand on va manger géorgien, il vaut mieux avoir du temps devant soi. »

 

Et bien sûr la recette du khartcho :

 

Ingrédients :

 

500 g de viande de bœuf

100 g de riz

1 cuillérée à café de graisse

4 oignons

4 gousses d’ail

2 cuillérées à soupe de concentré de tomates

1 cuillérée à café de piment séché

Poivre noir moulu

Poivre rouge moulu

1 feuille de laurier

& cuillérée à café de coriandre hachée

& racine de persil

2 cuillérée à soupe de persil haché

100 g de noix

1 cuillérée à soupe de farine de maïs

1 pincée de safran

1 cuillérée à soupe de basilic

Sel

 

Préparation :


Passer la viande sous l’eau, la couper en cubes de 3 cm environ, et mettre le tout dans une casserole d’eau froide. Faire cuire pendant 30 mn après ébullition. Hacher les soignons et les rouler dans la farine de maïs. Ajouter le riz, les oignons, de la coriandre, la racine de persil, du safran, les épices séchées, le poivre rouge, et porter à ébullition 20 mn. Retirer la casserole du feu. Ajouter les noix hachées, le concentré de tomates, persil, safran, piments séchés et le sel, et laisser frémir 5 mn. Retirer la casserole du feu. Ajouter l’ail écrasé, la coriandre hachée et les feuilles de basilic à la soupe, et laisser infuser 5 minutes à couvert. Servir chaud.


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Comme Walter et Olga Kaminer, avec le khartcho  de Samia nous boirons un Saperavi Akhoebi – 2010 je vais donc me contenter ce matin du petit texte que m’a fourni l’importateur. Je vous communiquerai alors nos appréciations personnelles sur ce nectar peut-être bien sous la forme d’une petite chronique de Samia que, bien sûr, je n’ai pas consulté. Pour mieux éclairer votre lanterne je joins un petit lien (c’est en anglais) link et un autre (c’est le blog à boire et à manger donc en français) link


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« Soliko, Dato, Luca, Irakli, Gocha et Paolo, voilà les artisans, artistes et agriculteurs qui ont mis au monde ce vin fermenté et vieilli en amphores. Jusqu’au-boutiste, elle rend hommage au travail de ces hommes qui n’ont pas hésité à prendre le maximum de risques pour tirer du terroir de Khardanaki et du raisin Saperavi leur substantifique moelle. Le résultat est à la hauteur de leurs ambitions : époustouflant ! »


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16 septembre 2012 7 16 /09 /septembre /2012 00:09

Il s’appelle Bernard Arnault (…) Un Français, qui  a quitté l’Hexagone pour les États-Unis lors de l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981 (…) Personne ne le connaît ou presque. Son père possède une entreprise, Férinel, qui construit des résidences secondaires. Il est originaire du Nord de la France et polytechnicien » Il est né le 5 mars 1949 près de Roubaix. Son père, entrepreneur en bâtiment, a créé une entreprise moyenne mais prospère, qui se spécialise dans les appartements de tourisme avec un slogan « Férinel, propriétaire à la mer ». Nommé directeur de la construction de l'entreprise en 1974, il en devient le directeur général en 1977 avant de succéder à son père à la tête de la société en 1978. « L’homme est ambitieux. Outre-Atlantique, il a tenté sa chance en réalisant quelques opérations immobilières mais sans grand succès. »


Tout ça ne sort pas de la plume du Taulier mais du bouquin de Gabriel Milési publié en octobre 1990 chez Belfond sous le titre Les Nouvelles 200 familles et relooké en 2011 chez Michel de Maule cette fois-ci sous le titre Les Dynasties du Pouvoir de l’argent avec un sous-titre évocateur L’État c’est nous. L’auteur est l’ancien chef du service économique de France Inter et rédacteur en chef à Europe 1donc pas vraiment un adepte du Front de Gauche cher à Merluchon.

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Donc, le petit Bernard fuyant l’hydre socialo-communiste végétait dans l’univers impitoyable du capitalisme étasunien mais « à New-York, il a connu François Polge de Combret. L’ancien secrétaire général de l’Elysée (au temps de Giscard), recruté par la banque Lazard, est en pénitence dans la grande ville américaine. » Alors, comme le jeune homme à des ratiches aiguisées, il flaire le bon coup à propos de ce qu’il est convenu d’appeler le désastre Boussac, l’une des plus importantes affaires industrielles françaises, au printemps 1981 à mis la clé sous la porte. Pierre Mauroy, maire de Lille, s’installe à Matignon et, « Jean-maxime Lévêque, alors président du CCF, farouche adversaire des nationalisations, fait savoir aux frères Willot que sa banque n’est plus disposée à les soutenir. Les quatre propriétaires de Boussac, qui se débattent dans des difficultés financières aiguës, son brusquement interdits de chéquiers. Le groupe est ainsi mis hors-jeu. Un seul recours s’offre à ceux que l’on a baptisés « les Dalton » : demander la mise en cessation de paiement.


Vous imaginez le tableau : les socialo-communistes avec ce bébé sur les bras, et tout ça dans la patrie du nouveau Premier Ministre. Ça chauffe et dans l’hémicycle du Palais Bourbon j’ai le souvenir, lors d’une séance de nuit, de la boutade de Pierre Dreyfus, Ministre de l’Industrie, ancien PDG de Renault, « Il faut faire rendre gorge aux Willot » En dépit de ces paroles vengeresses c’est le bordel, comment sortir de cet imbroglio ? Une mission de conciliation confiée à Georges Plescoff, ancien président de l’UAP échoue car « il faut commencer par démêler les fils de l’écheveau que les Willot, toujours dans la course, embrouillent à loisir. » Plescoff dans un rapport au Premier Ministre conclut qu’il faut liquider Boussac. C’est la panique. « Chez les Willot d’abord. Jusque-là, le temps joue pour eux puisqu’ils restent propriétaires d’une partie de l’affaire que les pouvoirs publics et les différents administrateurs désignés redressent peu à peu. » Panique aussi chez les banquiers qui pensaient faire un bon coup. La seule solution : trouver un repreneur !


Et c’est là que notre Bernard via la banque Lazard va tirer plus vite que tout le monde : Polge de Combret le présente à Michel David-Weill qui l’adresse à Antoine Bernheim. Le bon vieux capitalisme de réseau français se mettait en branle. « Bernard Arnault se rend en septembre 1985 à l’IDI où il rencontre Edouard Silvy. Il promet un accord avec les Willot, qui est indispensable à la solution. D’autres sociétés sont candidates. Boussac ne manque pas d’intérêt. Le groupe possède entre autres un trésor immobilier et un joyau de prix : Christian Dior. Christian Deverloy, le PDG de Prouvost, entouré de Suez et de Bouygues, est sur les rangs ainsi que Bernard Tapie et Maurice Bidermann. » Vous comprenez mieux pourquoi notre sévèrement burné est très au fait des faveurs faites à Bernard Arnault à cette époque. « Pendant quelques semaines va se dérouler un simulacre de négociations au cours desquelles les pouvoirs publics vont donner l’illusion qu’ils se forgent une opinion sur le sérieux de différentes offres.


Lorsque l’offre de Bernard Arnault est retenue, nul ne s’étonne que ce jeune polytechnicien sorti de nulle part triomphe. « N’a-t-il pas proposé le plan le plus avantageux : effectifs légèrement réduits mais sans licenciements et demande d’aide minime à l’Etat ? Et, argument suprême, Bernard Arnault n’a-t-il pas déjà un contrat en poche avec les frères Willot ? Le choisir mettrait donc le gouvernement à l’abri d’éventuelles complications juridiques. » Un question se pose dans le Tout Paris des affaires : « Pour qui roule-t-il ? » Alain Chevalier le patron de Moët et Henri Racamier, qui en 1987, a fusionné la holding Louis Vuitton SA avec Moët Hennessy pour former LVMH - Moët Hennessy Louis Vuitton SA (LVMH), premier groupe de luxe du monde, peuvent répondre : pour lui et rien que pour lui !


Appliquant le bon vieux principe « les promesses ne valent que pour ceux qui les entendent, Bernard Arnault qui a repris le groupe Boussac en bénéficiant d’une aide publique pour en assurer le redressement et la pérennité va, moins d’un an plus trad tourner le dos à ses engagements de ne pas réduire les effectifs. Cela surprend mais tout le monde se tait. « Contrairement à ses promesses de ne pas démanteler Boussac, il taille, coupe, restructure l’empire cotonnier, revend certaines branches. Au bout d compte, il ne conservera que Christian Dior et le Bon Marché. Les 90 millions qu’il a investis pour la reprise de l’affaire vont bientôt se transformer en milliards. Deux ans plus tard, Bernard Arnault annonce son intention de devenir le n°1 du luxe. Ambition démesurée ? On s’interroge. S’il contrôle Dior, il est loin de pouvoir se mesurer au numéro 1 du secteur, LVMH. Se mesurer ? Non. Profitant des querelles entre actionnaires et avec l’aider d’Antoine Bernheim il s’empare du groupe LVMH. »


Voilà, c’est comme ça que le petit Bernard, qui demande la nationalité belge, a commencé à faire sa pelote… Milesi dans son opus revisité en 2011 écrit « sa fortune est aujourd’hui estimée à 22,7 milliards d’euros. Belle performance avec seulement 90 millions de francs (soit quelque 14 millions d’euros) investis dans Boussac. Bravo l’artiste ! » et j’ajoute merci à Pierre Mauroy…

Pour ceux que ça intéresse tout le détail de L'AFFAIRE BOUSSAC 1981-1985 par Gérard Bélorgey qui fut Préfet du Loir-et-Cher et que j’ai connu à cette époque-là en tant que « Monsieur Vin » de ce département. Passionnant link  

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15 septembre 2012 6 15 /09 /septembre /2012 16:00

Dans ma Vendée profonde certains pochtrons hors d’état de garder leur équilibre se voyaient ramenés chez eux en brouette par le plus valide des biberonneurs. Ce petit véhicule à bras qu’il ne faut confondre avec la charrette à bras, d’où vient-il ? En histoire, et surtout en histoire des techniques, il est souvent dangereux de supposer forcément ancien ce qui paraît aller naturellement de soi : l’histoire de la brouette semble s’inscrire dans ce principe. Comme le note Jacques Le Goff dans sa préface « La civilisation n’est pas seulement faites de « grandes inventions » qui enrichissent les niveaux supérieurs de l’économie, de l’intelligence et de la spiritualité, mais elle apporte du nouveau et du meilleur aussi et peut-être surtout dans le domaine de la culture matérielle, du quotidien et des mœurs. »

Le livre de Chiara Frugoni « Le Moyen Âge sur le bout du nez » aux Belles Lettres www.belleslettres.com 25€ recense en une liste à la Prévert toutes les nombreuses améliorations à notre vie quotidienne que nous devons au Moyen âge. Elle est longue et je ne vais pas vous l’énumérer mais s’y retrouvent : les lunettes, le papie, les chiffres arabes, le zéro, les notaires, le nom des notes de musique, les boutons, les culottes et les pantalons, les cartes à jouer, les vitres, la fourchette, les pâtes alimentaires, le Purgatoire et le Père Noël et la brouette…

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Chiara Frugoni prouve ainsi brillamment que le Moyen Âge n’est pas la période des ténèbres, le long temps de souffrances que les humanistes, les hommes des Lumières et beaucoup encore aujourd’hui ont voulu et veulent y voir. Ce fut un temps de progrès et de jouissances. » écrit Jacques Le Goff.

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Transition toute trouvée pour évoquer la position de la brouette et satisfaire les jouisseurs de service « Qui n’a joué à promener sur l’herbe ou sur le sable un camarade dont il soutenait les jambes, tandis que celui-ci s’appuyait sur les mains pour avancer ? La brouette, que je vous propose aujourd’hui, ajoute au jeu de notre enfance le plaisir érotique ! Pour les amateurs de « jardinage amoureux », donc, voici une manière originale de s’unir ailleurs qu’au lit, et - pour vous, mesdames - une façon inédite de visiter les lieux de vos ébats. »

 

Enfin pour faire plaisir mes nombreux lecteurs citoyens du Royaume de Belgique je me dois d’évoquer la « Maison de la Brouette » (Den Cruywagen1 en néerlandais) maison de style baroque située aux numéros 2 et 3 de la Grand-Place de Bruxelles, entre les maisons du Roi d'Espagne et du Sac. Elle fut la maison de la corporation des graissiers (vettewariers en néerlandais) depuis le XVe siècle.

 

Si vous êtes de ceux qui font des cadeaux pour toutes sortes d’occasion, y compris celles qui n’ont rien à voir avec des fêtes du calendrier, je vous recommande en empruntant une nouvelle fois les mots de Jacques Le Goff « le texte savant et brillant, documenté et plein d’humour de Chiara Frugoni » qui « est rehaussé par une illustration en couleur d’une abondance et d’une qualité époustouflantes, d’une grande rareté aussi. »

 

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« Pour transporter des petites charges sur un petit parcours on utilisait la brouette, une sorte de petit chariot d’invention médiévale propre à soulager la peine de la traction humaine, alors que les Romains, comme nous pouvons l’imaginer, n’étaient pas très sensibles à la peine endurée par les esclaves au travail. La brouette était d’un usage courant au XIIe siècle, comme l’atteste une belle Bible de cette époque où elle apparaît dans une miniature de la lettrine I qui ouvre le premier chapitre du premier livre d’Esdras (« In diebus Cyri regis Persarum… », « Au temps du règne de Cyrus, roi des Perses…) . La miniature représente la reconstruction du Temple de Jérusalem voulue par le roi Cyrus de perse. Au pied de l’édifice en construction, un jeune maçon, prenant la pose, s’appuie fièrement sur une brouette pleine de briques qu’il tient en équilibre.

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Dans la fresque du château de la Manta au Piémont, une petite scène campe un moment de pause où la brouette, munie de pieds et d’une ridelle placée devant la roue pour pouvoir en augmenter la charge, joue un rôle essentiel. La femme qui est censée pousser la brouette s’est arrêtée pour boire au goulot, sans se soucier des menaces du vieil homme qu’elle transporte, peut-être son mari, visiblement paralysé, qui, assis et s’appuyant sur un coussin, agite un bâton en lui ordonnant de presser le pas vers la Fontaine de jouvence. Le peintre a même ajouté un dialogue. Le vieil homme s’égosille : « Si tu ne me lâches pas la bouteille, je te frappe sur l’oreille » ; et la réponse de la femme goguenarde : « Je ne retirerai pas la bouteille de ma bouche tant que je n’aurai pas bien désaltéré mon gosier. »

 

Un dernier détail pour les petits urbains proche du terroir : une brouette ça se pousse car on si on la tire elle risque de verser. C’était le conseil du jour de papy Jacques…

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14 septembre 2012 5 14 /09 /septembre /2012 00:09

Chaque année lorsque les feuilles de marronniers roussissent avant de choir tristement sur le macadam de nos villes et que leurs bogues, aux piques pointues comme celles des hérissons – vous tombent sur la tronche, les FAV, les foires aux vins déboulent avec leur lot de chroniqueurs appointés friands de conseils avisés – j’adore la notion de pièges à éviter car je ne savais pas, qu’en plus, le père Leclerc et ses potes de la GD posaient aussi des tapettes dans leurs allées. Ici en Corse le FLNC pose plutôt des trucs qui pètent la nuit à leurs portes –  ou de ceux qui disent qu’il ne faut pas aller dans la GD acheter son picolo. Bref, moi j’ai un poteau qui se nomme Pierre Chanau. C’est un gars du cru, dont je tairai le nom car je n’ai pas envie que des gars d’en haut viennent lui chercher des poux sur la tête, qui me l’a présenté.

 

Comme je suis un stipendié de la GD – ouais, ouais, ouais, j’ai même travaillé avec un certain Jean-Louis Vallet grand mamamouchi des vins de Carrefour pour écrire un truc qui s’est appelé Cap 2010. Le gars qu’était un peu basque sur les bords aimait le vin ça doit-être pour ça que les têtes d’œufs de Carrefour lui ont dit d’aller planter ses choux ailleurs – bien évidemment j’ai alors commis une chronique derechef« Mais qui c’est ce Pierre Chanau ? Pour sûr un gros vigneron qui inonde les foires aux vins ! » link . Bienheureux que je fus car à l’image de son collègue moins connu : Augustin Florent de chez Carrefour, le mammouth qui change de chef et d’enseignes tous les ans, à chaque foire aux vins, tels des morts de faim, des pousseurs de caddies se jettent sur leur souris pour prendre des renseignements sur ce Pierre Chanau.


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Mais comme l’actualité est implacable c’est un petit proprio de Bordeaux qui fait la Une des journaux : un certain Bernard Arnault. Le gars, nous dit-on, veut émigrer comme un vulgaire Roms en Belgique. Drôle d’idée, une fois ! Bernard avance qu’il veut rejoindre son demi-Frère qu’est Baron et copropriétaire avec lui d’un Cheval. L’Albert, pas le Roi mais le Frère dément catégoriquement dans le l’ex JO le Figaro du 11 septembre « Nous n’avons aujourd’hui aucun projet concret... » Un peu faux-frère l’Albert. Bref, tout un pataquès qui permet à Libé de se faire mousser à bon compte pour la plus grande joie d’un autre petit proprio de Bordeaux, un certain François Pinault. Les mauvaises langues disent que celui-ci a sitôt arrosé de publicité pour le nouveau parfum de YSL : « Manifesto » le quotidien du jeune Rothschild. C’est beau l’amour qu’ils se portent Pinault et Arnault mais bon entre un ancien marchand de bois et un ancien petit assureur le baston fait parti de la bibliothèque de gènes. En fait tout ça c’est la faute aux socialos qui ne font rien pour soutenir les petits proprios de picolo car ils préfèrent les Airbus. Franchement le père Le Foll devrait convoquer une Grande Conférence Vin&Propriété pour faire plaisir à Vitisphère qui se plaint du désamour du vin en haut lieu. Pourrait même inviter Claude Evin.

 

Plus sérieusement, dans cette affaire y manquait plus que Nanard le sérieusement burné qui, depuis son yacht le « Reborn » battant pavillon de l’île de Man déclare effaré « Il ne devrait pas faire ça ! »  Ouais, ouais, ouais, notre Tapie en père la morale ça ne manque pas de sel une fois ! Cependant, le Nanard, en matière de Meccano de pognon on ne la lui fait pas, c’est un grand expert, rappelez-vous les Piles Wonder. Que dit le fort en burnes « Je n’arrive pas à le croire, je suis extrêmement surpris. La France lui doit beaucoup, mais il doit également à la France. L’Etat l’a notamment aidé financièrement dans le rachat de l’entreprise Boussac, en 1984. » Et il a raison le Nanard. Qui se souvient des frères Willot ? Moi et dès mon retour sur le continent je vous ferai une petite chronique sur la reprise de cet empire du textile en faillite. Pour la petite histoire en 1984 qui était le premier Ministre du père François de Jarnac ? Tout de même m’sieur Arnault quand on vit du Cognac : Hennessy et qu’un ch’ti t’a mis le pied à l’étrier faudrait pas l’oublier. Avoir la reconnaissance du portefeuille ça devrait être dans les gènes d’un ancien assureur-promoteur (Férinel).

 

Reste, pour en revenir à Pierre Chanau, pourquoi diable ce gros proprio est-il copain du futur expatrié Bernard Arnault qui lui n’a que deux petits châteaux à Bordeaux ? Voilà une super belle question qui va vous émoustiller et vous faire précipiter sur vos souris pour éclairer les foules avides qui fréquentent cet espace de liberté. C’est simple comme une grande fortune donc accessible à un honnête bon vivant. Celle ou celui qui trouvera la bonne réponse pourrait gagner un magnum de la Cuvée Impériale de Moët-Chandon (je suis encore tout à côté d’Ajaccio) don de Bernard Arnault.

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12 septembre 2012 3 12 /09 /septembre /2012 00:09

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Le Taulier ne voulant pas être en reste avec la concurrence, celle de la vieille permanentée reliftée et du vieux couple B&D tout particulièrement, qui attribue chaque année leur titre de vigneron de l’année. Je simplifie bien sûr car du côté RVF y’a une flopée de diplômes remis en grande pompe dans un grand hôtel parisien avec tout le gratin – j’y étais pour la dernière fournée mais pas sûr que ce soit le cas cette année – alors que chez B&D c’est Michel qui s’y colle pour la désignation – de ce côté-ci, au moins, ils ont résolu le problème avec moi : ils ne m’invitent plus à leur pince-fesses depuis que j’ai dit des gros mots à l’agence qui s’en occupe, mais ça n’a guère d’importance sauf que je croisais dans ce genre de réception quelques vieux copains avec lesquels je pouvais cancaner à souhait. Donc, comme les blogueurs ne sont guère en odeur de sainteté dans ces bonnes maisons, j’ai décidé du haut de mon insigne suffisance de me coller à l’attribution du titre, forcément très envié, de blogueur d’investigation de l’année 2012.

 

L’investigation c’est quoi au juste me direz-vous ? Pour faire simple j’écrirai un truc genre Watergate, des petits gars sans grande notoriété qui, contre vents et marées, ont décidés de mettre à jour des affaires que certains préfèreraient ne pas voir mis en lumière. Des fouineurs donc, des gars qui n’ont pas peur de prendre des mandales, de recevoir des menaces de papier bleu, des types courageux. Sans vouloir être désobligeant avec d’éminents confrères de la presse spécialisée ce n’est pas vraiment le genre de ces augustes maisons bien obligées de ménager la chèvre et le chou afin de ne pas subir les foudres de ceux qui les font vivre. Qu’on ne prenne pas ma remarque pour une condamnation, je ne suis et ne serai jamais juge de qui que soit, mais comme une simple constatation vérifiée et incontestable. À chacun son job et il est évident que la chronique sur le Web permet de mieux coller à l’actualité immédiate, de réagir en temps réel, avec tous les risques que cela comporte bien sûr, alors que le support papier ou même le magazine web a ses pesanteurs. Un tout petit souhait tout de même : que nos confrères, si tant est qu’ils acceptent que nous les désignions ainsi, prennent parfois notre relais pour creuser certaines affaires. Je dois concéder à la RVF le souci nouveau de ce journalisme d’investigation et j’en suis bien aise.

 

C’est dit, ne me reste plus, qu’après avoir délibéré avec moi-même, à vous donner les motivations de mon choix pour 2012.   Elles sont simples et limpides : les deux blogueurs sont proclamés blogueur d’investigation de l’année pour avoir déclenché et nourri le Jumillagate : soit en français Vincent Pousson, qui à l’époque n’avait pas encore ouvert sa crémerie Idées liquides & solides, www.ideesliquidesetsolides.blogspot.com et que j’ai hébergé sur mon espace de liberté – ce qui bien évidemment n’a rien à voir avec sa désignation – et en anglais Jim Budd qui est un cumulard puisqu’il officie sur Jim's Loire blog www.jimsloire.blogspot.com et sur le blog coopératif, dont j’ai été l’un des fondateurs, les 5 du Vin avant de céder ma plume à un autre british David Cobbold, www.les5duvin.com . J’ajoute pour ce dernier : les félicitations du jury pour son excellent travail d’investigation et de dénonciation sur les turpitudes du site de vente 1855

 

Pour ceux qui ignoreraient encore ce que fut le Jumillagate je leur conseille de se reporterICI link 


Comme vous vous en doutez je ne puis offrir qu’une médaille en chocolat aux heureux lauréats mais bien évidemment ils recevront incessamment sous peu une boutanche choisie par le club de mes copines : Eva, Isa, Samia et Sonia.

 

Donc, comme dans toute cérémonie de remise de prix qui se respecte, d'abord je proclame les résultats du haut de ma chaire puis les récipiendaires me rejoignent pour recevoir leur peau d’âne et bien sûr nous faire un petit ou un long speech pour dire combien ils sont heureux et contents, qu’ils remercient leur belle-mère, leur moitié s’ils en ont une, les copains et les copines, peut-être aussi le grand Bob, les confréries vineuses, le sous-préfet, le marchand de clous et de vis du coin, la famille Bettencourt, les membres du comité national de l’INAO, le maire de Losse-en-Gelaisse, le grand et éminent Président PHDM, la reine d’Angleterre, et comme de bien entendu le Taulier...

 

J’attends donc des sieurs Pousson et Budd ces textes qui marqueront à tout jamais d’une pierre blanche l’histoire de la blogosphère. Merci par avance.

 

JimBudd-DWWA12

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10 septembre 2012 1 10 /09 /septembre /2012 00:09

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Sel, sucre, farine, poivre, riz, pâtesles boîtes en tôle émaillée à damiers rouges… alignées sur le rebord de la cheminée tout près de la grosse cuisinière au Bourg Pailler… gardent toujours pour moi un parfum d’enfance… au petit matin, les yeux encore plein de sommeil, lorsque je prenais mon cacao avec des tartines beurrées avant de partir à l’école elles étaient comme des sentinelles impeccables montant imperturbablement la garde pour me protéger.  Même si ça peut vous faire sourire, comme en ma Vendée reculée, on nous racontait tant d’histoires étranges, auxquelles je croyais, tout ce qui concourrait à me rassurer était le bienvenu.


Lorsque je me suis installé pour un temps dans ma grande maison dans les bois, c’était tout au début de ce qu’on appelait les vides-greniers qui ont bien vite viré à des foires à tout sans intérêt, et je me suis mis à chiner pour la meubler, la décorer, et petit à petit je me suis constitué une véritable batterie de cuisine, casseroles, faitouts, plats, couvercles et bien sûr boîtes en tôle émaillée à damiers rouges absolument superbe. Je ne suis pas un collectionneur mais un fieffé rêveur qui disposait dans sa grande cuisine de toute une armée totalement inutile rien que pour le plaisir des yeux. Lorsqu’il m’a fallu revenir à Paris, où l’espace est bien plus mesuré, j’ai dû me défaire à contrecœur de  mon infanterie en bandes molletières. L’acquéreur, qui a dû l’exporter aux States, a fait une bonne affaire mais qu’importe j’avais joui un temps de ces beaux objets qui avaient traversé le temps sans se faner. J’ai sauvé de ce désastre 5 pots et la boîte à allumettes que vous pouvez voir en photo ci-dessous. (J’ai sans doute des photos papier de mon armée mais elles sont enfouies dans des boîtes)


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Pour les amateurs d’histoire, au XVIIIe siècle, les industriels ont cherché des procédés pour émailler les récipients en fonte afin de les protéger de la rouille, en vain.  Le premier succès a eu lieu vers le milieu du XIXe siècle avec l’apparition d’ustensiles solides, colorés et résistants à l’eau qui ont séduit nos grands-mères. Bien évidement l’inconvénient de l’émail c’est qu’il éclate s’il subit un choc et, comme les ustensiles de cuisines, par définition servaient à faire la cuisine, trouver comme je l’avais fait des pièces en excellent état relevait d’une réelle baraka : le hasard adore les rêveurs. Les pots sont eux, en général, en bon état. Attention, les boutiques de déco, qui adorent le rétro, font fabriquer à la chaîne des boîtes clinquantes qui n’ont aucun charme.

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Maintenant vous comprendrez donc aisément que lorsque ma copine Isabelle la cathodique a exhibé, en la tenant dans sa main aux ongles carminés, sur son mur Face de Bouc, la boîte à Gamay, j’ai immédiatement exigé d’elle : le nom, l’adresse, la profession de son érecteur. La réponse a tardée mais elle venue sous la forme d’un message estival venant tout droit de sa montagne : le domaine de Thulon in the Beaujolais la patrie du Gamay. C’est ICI link Pour l’heure je n’ai pas eu le plaisir de tenir dans mes mains cette boîte à Gamay mais mon informatrice, qui est un fin palais, m’a assuré que c’est du bon. Dès qu’elle me fera livraison d’un flacon je vous ferai rapport…

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8 septembre 2012 6 08 /09 /septembre /2012 00:09

Comme chacun sait, certains pour le regretter, j’écris beaucoup sur un peu tout. Le seul intérêt de cette prolificité c’est de baliser le territoire parfois bien convenu des gens du vin, de lancer des idées, de faire entendre une petite musique qui rompt avec ce que l’on a coutume de nommer la pensée unique. Ainsi, le 04/09/2008 j’avais commis une chronique Une histoire française : le classement des crus de Saint-Emilion link  . Elle valait ce qu’elle valait mais, avec le recul du temps, elle ne frappait pas hors la cible visée : en effet pour toute compétition un bon classement est celui qui satisfait à la fois les compétiteurs et ceux auxquels il s’adresse. Incontesté et incontestable autant que faire ce peu.

 

Je n’épiloguerai pas plus ni sur le fond ni sur la forme du nouveau classement de Saint-Émilion validé par le Comité National de l’INAO du 6 septembre. Ce classement existe, et s’il n’existait pas il faudrait l’inventer rien que pour le plaisir qu’il procure à l’un de mes amis. En effet, mon propos d’aujourd’hui est strictement amical et, comme pour moi le cercle de mes amis, les vrais, ceux dont je profite de la meilleure part, constitue un territoire inexpugnable rassemblant des êtres fort dissemblables, venant d’horizons très éloignés, creuset de différences, de contradictions, d’apports mutuels, de territoires non partagés, je m’en tiendrai à la joie et au bonheur simple de l’un d’eux : Jean-Luc Thunevin.

 MurielleJean-LucThunevin_byjWyand_jul09-45.jpg

 

Avec Jean-Luc c’est simple comme un coup de fil. Alors que ma messagerie débordait de communiqués de presse émanant d’agences communicantes, d’attachées de presse, vantant les mérites de leurs poulains promus sans même prendre le soin de m’identifier. Je hais ce flux impersonnel, cette sauce quasi-industrielle réchauffée aux micro-ondes – et ces gens-là en plus sont payés pour torcher ainsi l’ouvrage – et que je savourais un petit noir au petit matin à la terrasse du café de la Poste à Petreto-Bicchisano mon joujou à la pomme grelotait. C’était l’ami Jean-Luc. Que du bonheur partagé, simplement. Me faire le plaisir de l’annonce lui-même. Oui je l’avoue ça me touche ce côté locavore amical, cette proximité tant évoquée mais si peu souvent mise en œuvre. Pour moi Jean-Luc c'est la classe A de l'amitié. Je vous rassure, d’autres promus en possession de mon numéro de téléphone n’ont pas pris cette peine. Normal, certains avaient déjà fait fuiter leur promotion à l’attention d’un petit rapporteur encore tout chiffonné de son mauvais classement.

 

Mon titre est volontairement provocateur Jean-Luc, tu n’as pas encore été admis dans le Saint des saints des classés A mais pour moi tu l’es déjà toi qui dit tout haut ce que d’autres pensent tout bas : « C’est formidable que St Emilion puisse se remettre en question. Moi qui n’ai jamais aimé la rigidité des classements, je suis convaincu que ce remise en question régulière est salutaire pour l’appellation ». Espérant également « voir d’autres châteaux promu car on a un déficit par rapport à la rive gauche. Nous avons besoin de plus de Grands Crus Classés A et le nouveau venu dans les Grands Crus Classés sont toujours intéressants pour notre notoriété ».

 

Même Jacques Dupont Merveilleux du Vignoble est d’accore avec moi, ou l’inverse « Chapeau à Jean-Luc Thunevin : Valandraud, son domaine, est un ancien "vin de garage", un ces crus qui dans les années 90, à partir de petits terroirs et par effort de concentration, avaient réussi à se vendre aussi cher que les "grands". Devenu un cru sérieux, rangé des voitures si l'on peut dire, il passe de rien du tout à premier grand cru classé. Il est à peu près certain que Thunevin lui-même n'en demandait pas tant. Après avoir pu s'acheter, grâce à son succès, quelques parcelles mieux placées, il nous avait confié au milieu des années 2000 : « C'est tout de même plus facile de faire du bon vin avec un bon terroir. » Sauter une classe, si cela se pratique à l'école primaire, relève de l'exercice rarissime dans la famille des grands crus. »

 

Bravo Jean-Luc, moi je n’aime rien tant que de voir mes amis contents... et puis, comme on dit en ces belles occasions : ça s’arrose !


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Dernière petite indication à propos de classements, celui d’ebuzzing qui a pris la succession de Wikio est un petit joujou pour amuser la galerie. Cette maison qui me suit depuis janvier 2007 – c’est eux qui l’écrivent – déclare « Le classement mensuel des blogs est une référence de l’industrie du Social Media Advertising. Il permet d’identifier dans les 5 principaux pays d'Europe les influenceurs de chaque thématique, mais aussi les tendances naissantes et les social publishers décisifs pour vos campagnes. » Grand bien lui fasse moi je ne suis et ne serai jamais un support à quoi que ce soit alors que voulez-vous que ça me fasse d’être comme je le suis depuis plus d’un an dans le Top 5 d’ebuzzing. Cependant, comme j’aime observer, que je suis un fouineur, un petit indice devrait intéresser tout particulièrement un de ceux qui se lamente de sa soudaine plongée dans les abysses d’ebuzzing. Il se dénomme tout bêtement ·  Ebuzzing score et, si j’étais un annonceur, ce que je ne suis pas et ne serai jamais, je m’y intéresserais de près avant d’engager mes picaillons sur certains sites. Bref, si ça vous chante, pour les blogueurs répertoriés, et les autres aussi, allez donc voir link. Mon   Ebuzzing score: 14.7588, ça me fait une belle jambe mais j’avoue que, comme l’ami Jean-Luc, je me marre doucement dans ma petite Ford d’intérieur. Comprenne qui pourra !

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7 septembre 2012 5 07 /09 /septembre /2012 00:09

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C’est de l’arithmétique les plus de 60 ans dont je suis :

-         20% de la population française en 1950,

-         Un habitant sur 3 aujourd’hui,

-         La moitié de la population française en 2050.


« À eux le pouvoir d’achat : les dettes sont remboursées, la retraite encore à peu près assurée et par conséquent, les revenus sont disponibles. À eux également, les voyages et les loisirs : ils lisent, regardent la télé et utilisent internet. Côté alimentation, ils dépensent en moyenne 25% de plus que les moins de 50 ans et avalent à eux seuls la moitié du marché alimentaire. »


Lorsque je jouais au basket les catégories, qui valent toujours, étaient les poussins, les cadets, les juniors, les seniors et les vétérans. Alors cette seniorisation par les marchands des presque ou des déjà vieux dont je suis m’énerve un peu car elle ne veut strictement rien dire comme d’ailleurs souvent beaucoup de classification. En effet, l’accélération de la progression de la durée de vie les bouscule et les rend rapidement caduque : le troisième, quatrième âge… apparaissent aujourd’hui comme autant de groupes d’âge aux frontières floues. Le point d’entrée dans cette catégorie est celui qui marque la sortie des individus du monde du travail : c’est l’âge de la mise en retraite. J’insiste sur cette exclusion systématique qui n’a plus grand sens eu égard à l’état de santé des retraités. Certains devraient partir bien plus tôt, d’autres, bien plus tard et enfin un départ à la retraite en pente douce pour les cadres devraient être la règle.


Bref, les typologies basées que sur l’âge me font toujours sourire par leur côté primaire. En voilà une proposée par Stéphane Gouin, enseignant-chercheur à Rennes au département d’économie rurale et de gestion de l’agro-campus ouest, qui vaut ce que vaut ce genre d’exercice où le plus important semble être le nom de baptême des sous-populations.


« Il y a plusieurs moyens de caractériser les seniors, des « jeunes » seniors aux « grands » seniors. Parmi les différentes typologies existantes, l’une d’elles distingue les seniors par tranche d’âge d’une dizaine d’années, les séparant ainsi en quatre groupes. En premier lieu, nous trouvons les 50-60 ans, baptisés les « hédoniques ». Ces derniers sont sensibles à l’authenticité des produits, aux nouveaux services et à la publicité. Le second groupe, celui des 60-70, est qualifié de « vigilants » parce qu’ils sont un petit peu plus attentifs à la qualité des produits et aux marques. Ils se caractérisent également par une forme de méfiance vis-à-vis des arguments marketing mis en avant. Viennent ensuite les personnes âgées de 70-80 ans. Ces « traditionnels », comme nous les qualifions, sont davantage tournés vers les produits de services ou faciles à utiliser. En outre, ils portent leur attention sur des critères de consommation plus classiques où les questions environnementales, sociétales voire d’éthique priment. Enfin, le dernier groupe concerne les plus de 80 ans, que nous désignons sous le terme d’ « ascètes ». Ces derniers consomment des produits dits de sécurité, à usage simplifié et, pourrait-on dire, davantage physiologiques. »


On ne peut pas dire que ça brille par l’originalité mais revenons à cette génération montante. Gouin  met en avant son extrême importance. « Pour vous donner quelques petits repères, un senior naît toutes les 37 secondes Une personne fête ses 50 ans toutes les 37 secondes et une femme fête ses 50 ans toutes les minutes dans le monde ». Public-cible donc qui pour l’instant semble ne passionner que les marchands de lunettes ou d’appareillage pour perte d’audition. Peu de seniors dans les publicités alimentaires. Sans doute ne sont-ils pas suffisamment « sexy »pour faire saliver les consommateurs de leur âge. Plus sérieusement, et là on retrouve la difficulté à cerner les cibles car, comme je l’ai écrit, elles deviennent vite obsolètes : plus les vieux rajeunissent plus les cibles vieillissent vite. Pourquoi ?


La réponse de Stéphane Gouin est intéressante : « Je serais effectivement tenté de dire que les cibles vieillissent. Les seniors d’hier, des années 70, 80 et 90, sont bien évidemment différents de ceux d’aujourd’hui. Pourquoi ? Parce que ces seniors-là ont connu les guerres, les époques de disette et de privation, et par conséquent, les époques où l’on ne consommait que ce qu’on pouvait payer. Tandis que de nos jours, avec les facilités d’emprunt, les individus peuvent facilement entrer dans une démarche d’’hyperconsommation. Mais ces "anciennes" générations, puisque tel est leur nom, refusent ce comportement. Ainsi, une typologie très intéressante du CREDOC montre que les personnes qui ont connu la Seconde Guerre mondiale, génération nommée robot-électrique du fait du progrès technique, sont attentifs à ce qu’ils consomment mais d’une façon plus ascétique, plus simple, disons plus physiologique. En revanche, les jeunes seniors, ceux qui ont une cinquantaine d’années, sont entrés dans cette société de consommation au moment de la fin des Trente Glorieuses. Ces individus ont connu, comme beaucoup, le chômage et les périodes d’incertitude. Nous sommes passés d’un modèle de privation à un modèle de consommation de satiété caractérisé par des individus repus. Or ces derniers cherchent surtout des moyens d’éviter de prendre des kilos ou des façons de rester en "bonne" la santé, de bien vieillir. Et ces générations se bousculent un petit peu entre-elles.


Par ailleurs, je serais tenté de dire qu’il y aura dans les dix prochaines années, une très grande évolution d’un point de vue publicitaire concernant les quinquas, les sexas, les septuagénaires et autres pour mettre davantage en avant ce qui va constituer un cœur de cible incontournable : la santé. Comme vous l’avez dit, ces seniors ont les moyens financiers. Ils sont demandeurs de services et veulent manger mieux. Or, les études statistiques montrent bien que cette question de la santé va devenir le fer de lance de demain. Ainsi, 86% des seniors sont préoccupés par les questions de sécurité sanitaire et de santé, 77% d’entre eux affirment consommer des produits sains et naturels et 60% d’entre eux sont adeptes, de façon régulière ou ponctuelle, des produits biologiques. Une manne qui passe par les produits estampillés bio, sous label d’origine ou porteurs de valeurs éthiques, sociétales ou environnementales. En tant qu’industriel, si on trouve le bon créneau et le bon axe marketing, c’est la poule aux « vieux  d’or » pour reprendre votre jeu de mots. »


Intéressant, y compris pour le monde du vin, ne croyez-vous pas ? Et, pour ne pas se cantonner au seul marché domestique français, le vieillissement des populations de la vieille Europe devrait faire l’objet de toute notre attention. Mais, la cécité et la surdité ne sont pas qu’un problème de vieux, elles sont dans l’ADN des gens du vin qui se contentent de projeter le passé pour tenter de comprendre les évolutions à venir. Absence d’anticipation, conservatisme, retard à l’allumage, vieilles lunes, le consommateur de vin est toujours réduit à des stéréotypes anciens qui font tant plaisir au monde du vin.


Un autre point, qui devrait passionner ceux qui vendent le vin aux consommateurs, de la GD aux cavistes, « Les personnes âgées sélectionnent-elles les lieux d’achat ? Ont-elles des préférences pour un circuit de distribution en particulier ? Par exemple, sont-elles plus proches des petites épiceries ou des supermarchés ? »


La réponse de Sylvain Gouin est à étudier et à approfondir « En avançant dans l’âge, ces personnes vont rejeter le modèle de commerce périphérique, c’est-à-dire les supermarchés, les centres commerciaux, les « malls » comme on dit aux Etats-Unis, pour se tourner davantage vers le commerce de proximité. Le temps passé pour les achats quotidiens est multiplié par 3 par rapport aux personnes de moins des 50 ans, ce qui signifie que les seniors prennent le temps d’aller chez les petits commerçants, le boulanger, le boucher, etc. A ce mode d’approvisionnement par les commerces de proximité s’ajoute celui des circuits de distribution directe. Aller faire son marché constitue en effet un moment important pour ces personnes car il offre un lien direct avec le producteur, donc une garantie. En outre, ne négligeons pas ces nouveaux circuits de distribution courts que sont les systèmes coopératifs. Les coopératives biologiques sont véritablement plébiscitées aujourd’hui par les personnes de plus de 60 ans. En définitive, si les seniors se tournent plus volontiers vers des modes d’approvisionnement basés sur la proximité, l’éventail des modes de consommations reste relativement large et divers. Quant aux produits eux-mêmes, ce sont surtout ceux associés aux images de terroir, de naturel, de bien-être et de santé qui sont recherchés. »


Dans le débat qui a suivi l’échange, entre Sylvain Gouin et Valérie Péan dans le cadre de l’émission Ça ne mange pas de pain, une question de Bertil Sylvander me paraît elle aussi très intéressante : »En d’autres termes, il s’agit plus d’une approche en terme de modèle de consommation que d’une approche en terme de produit. Qu’en pensez-vous ? »


SG : Vous avez tout à fait raison. Il s’agit d’un modèle que je définirais de générationnel. Les styles de vie évoluent et nous sommes en pleine redéfinition, évolution plutôt, de ces nouveaux seniors. Il ne s’agit pas seulement d’une question de produits, des attentes que l’on peut en avoir ou des promesses qu’il véhicule. De même qu’il ne s’agit pas non plus uniquement d’une question de nature de la chaîne alimentaire et de modes d’approvisionnement. Ces nouvelles générations de seniors, contrairement à leurs aînés, auront connu l’opulence et porteront de fait un regard différent sur les valeurs associées à l’alimentation. Elles vont être plus attentives aux aspects sociétaux, éthiques et environnementaux. Vous me contredirez si je dis là une erreur mais je crois que le bio a encore de beaux jours devant lui au regard justement des valeurs qui lui sont associés, de son concept comme des qualités intrinsèques des produits.


Nous sommes loin de la loi Evin, des droits de plantation, des conflits de chapelles, s’intéresser aux vrais questions n’est pas un luxe mais ils sont où ceux qui devraient s’atteler à cette tâche ? Aux abonnés absents comme toujours…

 

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6 septembre 2012 4 06 /09 /septembre /2012 00:09

S’il est une chronique dont la vitalité reste intacte depuis sa publication en avril 2009 c’est bien Signé Augustin Florent « négociant de nulle part »: avec Carrefour je ringardise…  À chaque Foire aux Vins elle a un pic de lecture et au fil des autres mois elle draine son petit lot de lecteurs même que dernièrement un lecteur me faisait part de sa satisfaction de savoir qui se cachait derrière ce patronyme rassurant.


En recherchant « la cave d'Augustin Florent » je suis tombé sur votre article qui m'a bien plu, même s'il date. Je n'ai pas l'habitude de faire mes courses dans la grande distribution, je suis adepte des marchés de producteurs. J'ignorais que « la cave d'Augustin Florent » était une marque crée par Carrefour.

Si je faisais cette recherche, c'est qu'à l'occasion de mes récentes vacances, je me suis dépanné d'une bouteille de vin d'Appellation Ventoux contrôlée 2011 dans une petite épicerie avec l'étiquette « la cave d'Augustin Florent », bouteille numérotée. Le vin était bouchonné et je voulais faire part de mon désagrément. Eh bien je comprends mieux à présent si c'est préparé pour Carrefour.

 Je me suis promis de ne plus acheter d'Augustin Florent, mais encore plus à présent que je sais qui se cache derrière. »


Lors de la parution de la chronique j’eus droit aux remontrances d’un anonyme belge dans ma boîte mail personnelle que je publiais en commentaires

    Bonjour,

Je viens de lire votre bafouille. Vous vous moquez (certainement à raison) du dérapage marketing de Carrefour. Mais je ris dans ma barbe en lisant votre texte, à certains moments on dirait du très mauvais Céline.

Vous critiquez une chaîne de distribution qui copie, qui pique ses idées chez les autres mais vous-même n’avez aucun style. Avec de surcroît, des fautes d’orthographe à la pelle …

J’ai acheté hier une bouteille de cher Augustin et je l’ai trouvée d’un excellent rapport qualité-prix. Un vin qui correspond tout à fait à l’annonce du groupe commercial.

Votre critique est celle d’un vieux schtroumpf qui regarde dans le rétroviseur. Allez critiquer les grands châteaux de Bordeaux qui sont devenus hors de prix et qui font le bonheur des spéculateurs.

Vous devez être un chouette monsieur mais là, laissez-moi vous dire que vous avez raté votre cible.


Bonne soirée,

Benoit l’épicurien


PS : aujourd’hui, j’ai acheté trois bouteilles de rouge de cher Augustin. Pour votre info, je suis amateur de vin et ai déjà bu quantité de crus classés du Bordelais.

 

La signature et le PS me comblaient d’aise, le défenseur d’Augustin se sentait obligé de justifier un pedigree au-dessus de la norme, quant à la référence à du mauvais Céline elle me laissait de marbre vu que ma prose ne se risquait pas à faire dans le style de ce cher Louis-Ferdinand et pour les fautes d’orthographe je commençais par corriger celle de mon commentateur avant de publier sa réponse. Comme le chantait Jacques Brel on peut être belge et con à la fois car dans ma chronique je ne critiquais que la ringardise du marketing et non le vin qu’il y avait dans les bouteilles.


« Entendez-moi bien, ce que je raille c’est votre prétention à vous parer des plumes de créateurs avec votre approche ringardo-minimaliste de votre « collection de vins de terroir à petits prix ». Ils méritent mieux que votre pseudo-marketing ces vins sans prétention. En les personnalisant, par un patronyme à la con, vous dévalorisez le travail des vignerons des caves où vous achetez vos vins. Pour votre défense vous allez me rétorquer que le patronyme de fantaisie est un grand classique du négoce français. Je sais. En effet, je n’ai jamais croisé à Vinexpo ni le baron de Lestac, ni Jean-Pierre Chenet. En revanche, j’ai salué souvent Marcel Guigal et Gérard Bertrand qui signent des vins achetés chez d’autres vignerons. Ce goût très prononcé des marchands de vie pour des noms fleurant bon le terroir leur a toujours été reproché par les vignerons authentiques. Ça accrédite le soupçon de maquillage qui a produit en France la notion que je ne goûte guère : vins de propriétaires »


Bref, comme depuis lors je n’avais plus jamais mis les pieds dans un Carrefour et que je ne fréquente pas, comme le font en masse mas confrères critiques, les dégustations précédant les Foires aux Vins des Grandes Enseignes (où je suppose d’ailleurs que les vins d’Augustin ne sont pas présents) je n’avais plus croisé Augustin Florent.


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Sauf que l’autre jour, à quelques encablures de mon somptueux bureau, cherchant une bricole  et trouvant porte close partout ailleurs je me suis risqué dans un Carrefour market (ex- Champion). Et dans le froid quasi-glaciaire qui régnait dans cette moyenne surface je suis passé à côté de l’affligeant mur de vins qui caractérise ce type de magasin. Ô surprise, tout en haut du rayon : que vois-je ? Une bouteille de Vin de Pays des Coteaux de Peyriac signée Augustin Florent. Toute seule, isolée, sans même une ou deux petites sœurs de la gamme et je me souvenais d’avoir écrit dans ma chronique « J’espère au moins que vos chefs de rayon auront à cœur de présenter un superbe facing de ces « 13 saveurs à découvrir » et non de les disperser dans le mur de vins en fonction des critères traditionnels. » Là, comme disent les jeunes pousses, pas de souci la MDD se la joue : seule sur cette plage pauvre petite fille… riche…


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À mon second passage, derrière un pilier, j’ai tout de même repéré derrière un pilier un Bag-in-Box signé Augustin Florent Vin de Pays de la Cité de Carcassonne. Pour le reste toujours le même foutoir, la même absence de lisibilité de l’offre, alors je me demande pourquoi les grosses têtes de cette enseigne qui recherche désespérément à retrouver son lustre d’antan continue dans ce type de magasin de proximité à traiter ses clients comme dans les hypermarchés ? Pourquoi donc la fameuse signature Augustin Florent, plutôt bien packagée, même si je trouve le recourt au patronyme trompeur,  n’est-elle pas mise en avant, valorisée. Quand on pense que le vin est français est majoritairement vendu par la GD on ne peut que se désoler d’un tel traitement. Où est le service ? Que les cavistes ne prennent pas ombrage de mes remarques aux grands distributeurs car il faut qu’ils sachent que beaucoup de consommateurs ne mettront jamais les pieds dans une boutique spécialisée et que pour faire progresser la vente du vin il faut aussi s’intéresser à ce canal de distribution.


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Pour en finir avec mes remarques : j’ai acquis la boutanche de Vin de Pays des Coteaux de Peyriac 2,45€ et je me suis dit que les Foire aux Vins de la GD c’était bien joli pour se la jouer grands crus ou beaux flacons mais que de s’intéresser à la chalandise au jour le jour, dans le rayon vins ne saurait nuire à la cause du vin. Mais là rien n’est fait, tout reste en l’état, alors Augustin Florent ou pas… depuis le temps où, avec Jean-Louis Vallet, nous réfléchissions à l’évolution du rayon vins afin de lui redonner une dynamique mettant en valeur une segmentation de l’offre qui puisse guider le consommateur et dynamiser les ventes de vins d’entrée de gamme… Aujourd’hui tout le monde s’en fout ou presque…

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