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31 août 2012 5 31 /08 /août /2012 00:09

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Dans notre bas-monde, dans les pays où la propriété privée existe, tout s’achète et tout se vend même les rares châteaux bourguignons. C’est simple comme bonjour. Vous en avez marre de votre chaumière au milieu des vaches : vous vendez ! Vous voulez changer de bagnole vous fourguez la vieille avant d’en choisir une neuve. Vous vous êtes vautrés aux bandits manchots : vous vendez les bijoux de famille ! Bref, pour vendre il faut se dégoter à minima un acheteur mais, si vous vous voulez faire monter les enchères ou tirer un bon prix, le vôtre bien sûr, un peu de concurrence ne nuit pas. Tout dépend de ce que vous avez à vendre : si c’est la pendule de mémé sans doute vaut-il mieux se taper une brocante pour draguer l’acheteur mais si c’est quelques ouvrées en Bourgogne s’adresser à un agence spécialisée dans les transactions viticoles est fortement recommandé pour dénicher les gars prêt à aligner un maximum de blé. Pas la peine de vous faire un dessin les gars de métier, connaissent le marché, les prix, les acquéreurs potentiels.

 

Que vous achetiez un bout vigne de quelques centiares de baco dans le fin fond d’une IGP perdue ou de belles ouvrées d’un monopole bourguignon c’est exactement la même chanson : paroles et musique. Bien évidemment le nombre de zéros à aligner sur le chèque n’est pas le même. Depuis leur érection par Pisani au temps du Général les SAFER (société d'aménagement foncier et d'établissement rural sont systématiquement informées des ventes et elles disposent d'un droit de préemption. Selon la loi « Les Safer ont notamment pour rôle d'acheter des biens agricoles ou ruraux et de les revendre à des agriculteurs, des collectivités, des établissements publics nationaux ou locaux. La loi leur donne la possibilité de disposer d'un droit de préemption et elles sont systématiquement informées des projets de vente par les notaires et peuvent acheter à la place de l'acquéreur initial, pour éviter la surenchère des prix et favoriser le développement local »

 

Les SAFER sont honnies des vendeurs car, sauf dans le cas du château de Gevrey-Chambertin où la vente s’est faite à un Chinois pour la somme record de 8MEUR, normalement l’expertise situait la valeur du bien à 3 à 3,5 millions d'euros. Ça fait unes sacrée différence qui n’a pu être laminée par la Safer Bourgogne/Franche-Comté car celle-ci n’a pu préempter car ce bien était géré en indivision. « en général 95% des transactions se font à l'amiable sauf que la loi ne nous autorise pas à préempter sur des parts de société. Le code rural et la loi ne nous permettent pas de préempter des parts de société et il était donc impossible d'intervenir » a déclaré Daniel Caron le directeur de la dites SAFER. Le domaine était détenu en indivision par 8 ou 9 personnes d'une même famille française. Toujours selon ce cher homme « une vente comme celle-ci cela saborde des années de travail sur la maîtrise des prix, pour qu'on ait des biens à leur valeur réelle et transmissible d'une génération à l'autre ».

 

C’est lui qui le dit, pour une fois qu’une SAFER peut se la jouer populaire je peux comprendre le registre utilisé par son directeur qui, au passage, fout un coup sur les doigts du législateur qui « ne nous a pas donné les moyens d'intervenir » Mais que font ces fégniasses de socialo-communistes, qui sont plutôt d’ailleurs avec le PNR des socialo-verts, pour ériger des barrières juridiques qui bloqueronnt aux portes de la Bourgogne les hordes de barbares colorées ? Sans vouloir la ramener : primo je ne suis pas sûr que cette transaction juteuse pour les vendeurs dérègle le minuscule marché des transactions de la vigne bourguignonne car, comme l’avoue le directeur de la SAFER, « en général 95% des transactions se font à l'amiable », donc ça permet des arrangements locaux (je ne fais pas allusion aux initiés comme pour les ha de l’hippodrome de Libourne transmués par l’INAO en AOC Pomerol et brillamment rétrocédés par la SAFER à des gens bien placés) ; deuxio déjà à sa valeur normale entre 3 et 3,5 millions d’€ (j’adore le delta de 500 000 € de l’estimation de la SAFER, une feuille de papier à cigarettes) je ne vois pas beaucoup de jeunes viticulteurs en capacité de les aligner (sauf papa aisé) pour s’installer car, de plus il semblerait que le château de Gevrey et ses vignes aient besoin d’un bon coup de Ripolin et le Ripolin ça coûte beaucoup de pépettes.

 

Donc dans cette histoire du fin fond du terroir bourguignon, si on veut pousser des cris d’orfraies les seuls qu’il faut éventuellement « blâmer » ce sont les héritiers indivis, pas le « malheureux » chinois Louis Ng Chi Sing qui a  fait beaucoup de sous dans les machines à sous de Macao. L’intermédiaire aussi s’en est mis plein les fouilles car sa commission est un pourcentage du prix de vente. À propos qui c’était ? Moi j’avoue que ça m’a laissé froid, totalement de marbre, même si un ex-agent immobilier reconverti dans le vin m’a fait beaucoup rire en avançant une superbe explication à la mainmise étrangère sur le terroir bourguignon : le peu d’appétence des capitaux nationaux, terrorisés par les khmers verts et les socialo- confiscateurs, à s’investir dans une France sous le joug d’un pouvoir illégitime et spoliateur. Franchement c’est risible puisque le même s’esbaudissait de l’achat d’un château bordelais par une banque mutualiste de l’Ouest. La réalité, toute bête, toute concrète, c’est que les enchérisseurs nationaux, à juste titre, ont estimé que l’addition était trop lourde.

 

Pourquoi n’ai-je pas hurlé avec les défenseurs du terroir bourguignon ? Car le terroir de Bourgogne, comme tous les autres, n’est pas délocalisable alors si un jour les martiens achètent quelques ouvrées de Chambertin ça ne changera rien, le vin produit sera toujours made in Bourgogne. Quand à demander aux pouvoirs publics de mettre leur nez, et pourquoi pas leurs sous, dans cette affaire, franchement c’est du grand n’importe quoi. Est-ce que le fait que la maison Jadot appartienne, depuis un beau paquet d’années à un actionnaire américain, a nui à qui que ce soit en Bourgogne ? Je crois que non. Alors un chinois ou une compagnie d’assurances bien française, la propriété du foncier ne change rien à la bonne marche d’une appellation sauf à ce qu’une vaste razzia des émergeants mettent la main sur la majeure partie du vignoble : ce n’est pas demain la veille en Bourgogne vu le volume des transactions et, n’en déplaise au petit marquis qui veut rester jeune les candidats bien français se bousculeront au portillon dès qu’une bonne affaire va se présenter.  

 

« Aujourd'hui, son rêve se réalise.

La 5e fortune de France, vient d’acquérir une ouvrée (4.28 ares) de montrachet pour le prix astronomique de plus de 1 million d'euros auprès du Château de Puligny-Montrachet.

Il a aussi acheté 2 ouvrées de grand cru bâtard-montrachet aux environs de 900 000 € chaque.

François Pinault est déjà implanté en Bourgogne au travers du Domaine Eugénie (ex Domaine Engel acheté 13 million d'euros en 2006) à Vosne-Romanée, qui exploite 6 hectares dont 2.5 de grands crus et où il a fait bâtir une nouvelle cuverie. »

 

Non je ne crois pas à une quelconque déferlante d’investisseurs étrangers en Bourgogne, avec pour conséquence une flambée des prix du foncier. Pour ce qui concerne le nouveau proprio je note avec plaisir qu’il se prénomme Louis prénom excellemment porté avec un tiret du côté du négoce de Beaune. Plus sérieusement,  « Notre ambition est de restaurer cette ravissante propriété dans son ancienne gloire », a assuré Louis Ng. « Avec le temps, j’espère que mes nouveaux voisins bourguignons viendront eux aussi apprécier ma sincère passion pour les grands vins comme en témoigneront les aménagements positifs que je veux apporter au château de Gevrey-Chambertin », a plaidé cet homme peu disert comme tout chinois qui se respecte. Comme le château de Gevrey-Chambertin est une propriété classée du XIIe siècle il s’est engagé à faire rénover le château par « un architecte français du Patrimoine » et à employer « des entreprises régionales spécialisées dans les bâtiments historiques » Ce cher homme va découvrir aussi les délices de notre bureaucratie française avec un avantage certain puisque la chinoise n’est pas à piquer des hannetons elle aussi.

 

Sans faire de la provocation je préfère que ce soit « un particulier », fusse-t-il chinois, qui ait acquis le château de Gevrey-Chambertin, plutôt qu’un institutionnel, fusse-t-il français, sans visage. D’ailleurs, ce cher Louis, à qui je conseille de prénommer son fils, s’il en a un, Louis-Fabrice, va confier la gestion de son bien à Éric Rousseau, du domaine Armand Rousseau. Jeannie Cho Lee, une œnologue de Hong Kong qui le connaît bien, confirme sa « passion sincère » et déjà ancienne au vin. Louis Ng – qui vit à Hong Kong mais possède également la nationalité portugaise – est un « collectionneur » riche d’une « grande expérience du vin », assure-t-elle. « C’est l’un des collectionneurs les plus passionnés et connaisseurs d’Asie, il aime et il achète du vin depuis plus de vingt ans. »

 

« Pour Jeannie Cho Lee, la méfiance à l’égard des Chinois fait écho à la fraîcheur avec laquelle les Japonais, en leur temps, avaient été reçus dans les chais. « Les Japonais ont été les premiers à s’intéresser au vin dans les années 1980 et 1990. À l’époque, ça avait créé des remous parce que les Japonais commençaient à acheter des propriétés à Bordeaux et à investir dans des domaines en Bourgogne », rappelle-t-elle. « C’est la même chose avec les Chinois aujourd’hui. »


Davis Fong, directeur de l’Institut d’études du jeu à l’Université de Macao, confirme de son côté l’extrême discrétion de Louis Ng, associé de longue date de Stanley Ho dont la société SJM Holdings gère 17 casinos dans l’ancienne colonie portugaise. Le Tycoon a eu la haute main sur l’empire du jeu sur le territoire autonome de Chine méridionale, le seul où cette activité soit autorisée, jusqu’à son ouverture à la concurrence et l’arrivée massive des investisseurs étrangers en 2002. Depuis, Macao, à une heure de ferry de Hong Kong, est devenue la capitale mondiale des jeux d’argent, avec un chiffre d’affaires cinq à six fois supérieur à celui de Las Vegas. M. Ng est plus particulièrement chargé des VIP au sein de SJM, selon M. Fong. « Il est très important, mais ce qu’on sait de lui publiquement est très limité. Je sais seulement que c’est un type qui compte, un décideur », confie-t-il. Louis Ng se définit, chez lui, comme un « ambassadeur des vins français de classe mondiale ».

Que Jean-Michel Guillon, président du syndicat viticole de Gevrey-Chambertin, qui avait mis 5 millions d'euros sur la table avec des partenaires locaux pour acquérir la propriété, évaluée à 3,5 millions, me pardonne mais vraiment il n’y a pas le feu au lac et je prends le pari que Mr Louis sera un partenaire exemplaire, sans doute bien plus que certains bourguignons de souche. Nos belles AOC, syndiquées au sein d’une CNAOC agrippée à ses droits acquis, ont vraiment d’autres chats à fouetter que de touiller dans un nationalisme de mauvais aloi. D’abord, il faudra mettre Mr Louis au parfum pour la chaptalisation, les droits de plantation, les déclarations en tout genre, les contrôles des organismes de contrôles, des douanes, tous les trucs et les machins dont raffolent les petits chefs qu’ils soient pensionnaires de l’Administration ou salariés de la Profession.

 

Pour clore cette chronique une supplique : « merci à l’avenir de cesser de nous gonfler avec les équivalents AIRBUS à propos des scores de notre commerce extérieur Vins&Spiritueux... » en effet si ces joujoux coûteux qui volent ne devaient être vendus qu’à des compagnies bien françaises le succès serait du même tonneau que celui de notre RAFALE financé avec l’argent du contribuable. Bonne pioche, ne pensez-vous pas ! Ce qui m’importe c’est l’extension du domaine du vin pas les petits ou savants calculs de certains qui, sous le couvert de la défense de l’intérêt général, s’en tiennent, et je ne les blâme pas, à la défense des leurs....

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commentaires

L
<br /> <br /> ... A la grande table de poker<br /> Avec le chef de la SAFER<br /> Louis Ng lançait les enchères<br /> Une main posée sur le revolver<br /> <br /> MACAO MACAO<br /> Ti plamb di maté<br /> ça sent le sangue<br /> écarlaté ....<br /> <br />
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J
<br /> je vois que malgré le farniente, le "taulier" suit de près, l'actualité et que les bons vents de l'ile oxygènent bien le cerveau!<br /> <br /> <br /> Bonnes vacances<br />
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