Je sais, vous allez me reprocher de tomber dans la facilité mais, que voulez-vous, de temps à autre prendre ses aises, se laisser-aller, ne pas se prendre le chou, ça aère les neurones. D’autant que le premier Pinaud, bien avant le Pineau de Jugnot, c’était l’inspecteur Pinaud dans San Antonio, « Dit Pinuche, la Pine, la Pinaudière, la Vieillasse, le Fossile, la Guenille, Baderne-Baderne, Tarzan, Bite-en-Bronze, la Mouillette, le Chétif, l’Ancêtre, le Vieux Débris, voire le Très Honorable débris, le Navet, le sénile, le résidu, le Chétif Vieillard, le Pineau des Charentes, Nostrapinuche, la Vieille ganache, l’Homoncule, la Gatoche, Pinaud culte et j’en très passe.» le troisième personnage de la fine équipe policière avec le commissaire sus nommé et l’inspecteur principal Alexandre-Benoît Bérurier dit Le Gravos...
Pour éclairer un peu plus votre lanterne sur César Pinaud, je vous propose un descriptif du personnage tel que vu dans l’ouvrage de référence « San-Antonio se met à table » de Blandine Vié aux éditions de l’Épure.
« Il a une tête de morille déshydratée coiffée d’un bada improbable, et un cou de pintade qui « accordéone ».
Cette tête est agrémentée d’une moustache en friche qu’on dirait dévastée par un incendie de forêt à cause d’un éternel mégot (Boyard papier maïs link ) fiché au coin des lèvres. La plupart du temps, des petites boulettes de jeune d’œuf y perlent. Enfin, son nez s’orne d’une chandelle de morve, et sa gorge est assiégée par un catarrhe chronique. Pour compléter le tableau, ses cils sont enfarinés et sa voix farineuse. »
Les cochons sont lâchés 1971
Le commissaire San Antonio dit de lui qu’il a « un poitrail de poulet biafrais »
Et une saillie culte
« Je m’aperçois avant de sortir qu’il a boutonné son pantalon suivant une manière qui lui est chère, c’est-à-dire qu’il a fixé le bouton du bas à la boutonnière du haut. Je lui désigne le tunnel ainsi ménagé.
- Ferme ça Pinuche, il ne faut jamais trop aérer la chambre du mort. »
Le secret de polichinelle 1958
Trêve de plaisanterie « San-antonionesque » et revenons au Pineau d’Aunis qui est un cépage rare et emblématique des coteaux du Vendômois. « Cultivé depuis le IXe siècle en Anjou, ce cépage de cuve noir doit son nom au lieu-dit « Aunis » à Dampierre, non loin de Saumur, où les moines d’un prieuré cultivaient la vigne au Moyen-Âge. En Angleterre, en 1246, le roi Henri III Plantagenêt fit importer le vin clairet issu de ce plant. Dans son guide œnologique Vines, Grapes and Wines, Jancis Robinson affirme que le pineau d’Aunis fut à l’époque le cépage le plus admiré du Val-de-Loire et que le nom de « pineau » semblait réservé au Moyen-Âge aux raisins les plus qualitatifs. Cépage vigoureux, au débourrement tardif, le pineau d’Aunis voit son feuillage rougir partiellement à l’automne. Sa production varie entre 40 et 80 hectolitres à l’hectare et les baies des grappes, à la peau noire et couverte de pruine, peuvent aussi être dégustées telles quelles. »
Ce vignoble est situé à moins de 200 km au sud-ouest de Paris (45 minutes en train via le TGV), et les coteaux du Vendômois bénéficient depuis 2001 d’une AOC dont l’aire s’étend sur 28 communes entre Vendôme et Montoire-sur-le-Loir, dans le département du Loir-et-Cher. Les 350 hectares de vignes – dont 152 en AOC – sont plantés sur les rives du Loir, sur des coteaux exposés au sud à une distance d’environ 1,5 km de la rivière. Des vignerons et céréaliers (12 en caves particulières et 32 regroupés au sein d’une cave coopérative fondée en 1929), pratiquant la polyculture pour la plupart, produisent en moyenne 9 600 hectolitres d’AOC coteaux-du-vendômois, dont 4 620 hectolitres de rouge, 2 370 hectolitres de gris et 1 640 hectolitres de blanc.
Comme le Taulier fut, pendant une année, en 1978, à la demande du Préfet du département Gérard Bélorgey, pendant ses week-end « monsieur vin du Loir et Cher ». Il a donc dégusté… façon de parler… redoutable…
Ensuite, long interlude…
Puis, très récemment, lors d’un dîner, où les Coteaux du Vendômois étaient présents, par l’entremise d’Alliance-Loire, dont la cave coopérative du Vendômois est adhérente, j’ai redécouvert avec bien du plaisir cette fois-ci ce cépage si caractéristique.
D’où vient ce renouveau ?
Explication du Pr Dupont du Point, qui aime tant la Loire, le Loir et l’Histoire, et qui écrivait en 2011 « S'il est un endroit en France où jamais on ne prononce une mauvaise parole à l'encontre du TGV, c'est bien dans les caves des vignerons du Vendômois. Ici, on le vénère, l'ultrarapide au long bec. Longtemps, la vigne a dominé le paysage de cette vallée du Loir, formant un îlot nordiste à l'écart du grand fleuve tranquille. On y produisait un rosé pâle, un gris qui trouvait son marché localement et dans la région parisienne, irriguée depuis la gare de Thoré-la-Rochette. Les vignerons alimentaient aussi le négoce champenois, qui, avant la mise en place des appellations, s'approvisionnait en vin blanc un peu partout. Puis sont arrivés les temps déraisonnables, le phylloxéra, les guerres, les crises, avec pour conséquence la disparition en très grande partie du vignoble. Vignerons mais polyculteurs, les paysans ont arraché la vigne et cultivé la céréale.
Seuls quelques-uns perpétuèrent la tradition. « Des vignerons dans l'âme ont maintenu les vignes. Ils n'ont pas planté de mauvais cépages ou des hybrides. C'étaient de fervents défenseurs des cépages locaux, c'est pour cela qu'on trouve de très vieux chenins et de très vieux pineaux d'Aunis… »
Voilà qui est bien et fort intéressant…
Mais le Jacques il appâtât plus encore votre Taulier en notant que, Nicolas Parmentier, jeune directeur de la cave coopérative, « séduit par l'originalité de ce vignoble, il a repris en fermage 10 hectares sur les « pentes des coutis », un coteau préservé, avec l'aide de la mairie de Vendôme.
Tout ça, comme vous pouvez vous en douter, intéresse beaucoup votre Taulier qui prendra en janvier le TGV pour aller arpenter les « pentes des coutis » couvertes de Pineau d’Aunis. Mais en attendant le beau jour où il franchira le périphérique votre Taulier, alors qu’il était en grand reportage (ben oui, j’ai vu qu’à la RVF y’avait des grands reporters) du côté du XVIIIe à EN VRAC ne put s’empêcher de faire l’acquisition de la cuvée Vieilles vignes 2011 en rouge de Patrice Colin vigneron dans les Coteaux du Vendômois.
Tient, même si c'est un autre vin, il est bien noté par Dupont le Colin :
16 - Patrice Colin 02.54.72.80.73. Les Vignes d'Emilien. 100 % pineau d'Aunis. Poivre, fruits confits, prune, bouche d'abord moelleuse, tannique ensuite, beaucoup de caractère. 7,50 E.
Coteaux du Vendômois-Domaine Patrice Colin Les vignerons ont la parole:link
À bientôt donc sur mes lignes pour une nouvelle aventure au pays du Pineau d’Aunis.