Mardi aprème faisait beau mais un peu frècho, la flèche d’argent déroulait ses rayons, dévalait le Boul’mich à donf, sautait le premier bras de Seine au Pont Saint-Michel, traçait le boulevard du Palais (une pensée pour les juges, ces bâtards, chers au cœur de Me Thierry Herzog le conseil du petit Nicolas), resautait comme à la marelle le second bras de la Seine sur le pont au Change, virait à droite sur le quai de Gesvres puis à gauche derrière le cul de l’Hôtel de Ville, montait allègrement la rue du Renard, virait à tribord et s’enfilait la rue Saint-Merri puis celle de la Croix de la Bretonnerie et s’échouait rue Vieille du Temple aux pieds de La Belle Hortense et d’Olivier Techer et de ses 20 millésimes du Château Gombaude-Guillot, de 1993 à 2012.
Nous sommes dans les murs de Xavier Denamur, beau bar à livres, pour tout savoir sur lui et ses activités vous allez sur Caféine link
Olivier est là, toujours sympa, derrière le zinc sur lequel sont alignés ses beaux flacons. Quelques amateurs dégustent religieusement alors pour ne pas avoir la honte au front je me plie au rituel en entamant la verticale par le bout le plus jeune. Je le fais avec le sérieux d’un dégustateur imposteur et je vous promets dès que mes idées confuses auront décantées, normal pour un vieux, de vous dire tout le bien que je pense de la maison Techer et de son agent de surface Olivier.
Puis Isabelle vint mais pas son ami Norbert Le Forestier qui nous dit-on est très fâché contre elle.
Puis vinrent Antonin et Claire de beaux jeunes gens plein de fougue et de passion.
Puis, Xavier se déchaina en nous gavant comme des oies de pleins de mets raffinés.
Puis enfin vinrent quelques lecteurs du Taulier, enthousiasmés, et Augustin Scalbert, un des fondateurs de rue 89, co-propriétaire du Château La Rolière qui produit le brézème.
Le vin délie les langues, chauffe les cœurs, monte à la tête, et tout et tout et surtout permet à votre Taulier de réveiller ses neurones grâce à son nouvel ami sur face de Bouc Augustin Scalbert qui lui évite l’Alzheimer !
brézème vous avez dit brézème !
Pendant que Claire jouait à la marelle dans sa tête je phosphorais dans la mienne, cherchant les connections, trouver le nom de celui qui m’avait fait découvrir le brézème produit sur les coteaux au-dessus de Livron-sur-Drôme, dominant la vallée de la Drôme. Pour les ignorants il s'agit de l'appellation la plus méridionale des côtes du Rhône septentrionales, au sein des côtes-du-rhône.
Mes efforts sont restés vains et, pendant que les cloches devaient sonner aux oreilles de Norbert Le Forestier et de son hallebardier préféré, nous nous laissions emporter par le nectar d’Olivier pendant qu’à côté de nous un gourou maniait le tarot pour « une bobo » d’un certain âge.
Le temps passait, nos paroles volaient, l’heure de l’Angélus était depuis longtemps passée, il me fallait rentrer via la très pentue rue saint-Jacques.
Ça me turlupinait toujours ce brézème mais je me heurtais au gouffre profond de ma mémoire.
Sommeil réparateur, et je ne sais pourquoi je rêvais de James Bond, sans doute l’effet Norbert Le Forestier.
Sitôt levé, dose de café, clavier, Brézème et vint le nom tant recherché Éric Texier link
Petite recherche dans le capharnaüm de mes 4200 chroniques pour enfin trouver l’origine de toute cette affaire avec un titre déjà provoc Les Supers Na Na ® du vin : une histoire de Cu ? Alors parlons-en !link
Mais revenons au vin de notre ami Scalbert le Château La Rolière.
C’est « Une histoire de famille »
Le vignoble du Château de la Rolière, déjà renommé dans les années 1850, est replanté dès 1975 sur un coteau de 8 hectares, entièrement clos de murs. Propriété de la famille Marchal depuis 1976, il a contribué au renouveau du « Brézème ». Ce nom est réservé aux vins produits sur un coteau surplombant la Drôme, sur la commune de Livron sur Drôme. Seuls quelques producteurs de vins AOP Côtes-du-Rhône bénéficient de ce cru resté confidentiel.
Les 11 enfants de la famille Marchal et leurs descendants ont choisi de tous s’impliquer pour le développement de cette superbe propriété, en réhabilitant également l’ensemble du bâti et en poursuivant la culture d’arbres fruitiers. Chênes, vignes, poiriers, kiwi, abricotiers, figuiers, lauriers roses ou pierres ocres : c’est toute une palette de couleurs et de saveurs, qui rappellent les vins de la Rolière.
L'origine des premières vignes sur les coteaux de Brézème
Les premières vignes sur les coteaux de Brézème remontent à l'occupation romaine de la Gaule. Le premier texte traitant de la vigne à Livron date de 1422. Il s'agit "d'une décharge d'une pension versée à l'évêque de Valence pour des impôts sur le vin, les poids du moulin et la tuerie (abattoirs)" (Chauvel, 1988). C'est en 1810, semble-t-il, que le vignoble atteint son apogée. Le Comte de Sinard écrit alors dans son ouvrage cité en référence :
« Le meilleur vignoble de ce canton se nomme Brézème. Son exposition est des plus heureuses. Elle est au pied et sous la pente d'une montagne qui la garantit des vents du Nord. Le terrain forme une ligne courbe dont le centre est au sud et, les extrémités inclinant à l'est et à l'ouest ; elle est ainsi chauffée par le soleil tout le long du jour. Il résulte de cette exposition une chaleur plus forte qu'on ne l'imaginerait au 44e degré (de latitude) où elle est située. »
Pour tout savoir lire ICI link
Nous avons dégusté la cuvée Maurice Marchal en 2 millésimes le 2007 et le 2011.
Voilà j’en ai fini pour aujourd’hui. Grand Merci à l’ami Olivier pour ses vins et sa saine franchise, à Xavier Denamur pour la manière dont il nous a accueillis et portés à la satiété, à Norbert Le Forestier et son hallebardier pour avoir animé par leurs hautes pensées la conversation (nous avons tous regrettés que leur montgolfière ait été bloquée par le nuage de particules fines surplombant Paris, à Claire et Antonin pour m’avoir gentiment vannés (like)… et bien sûr la reine de la soirée Isabelle, que je n’ai jamais traité de « gourdandine » mais de « pétroleuse » (Norbert Le Forestier doit lui le penser très fort « Toi, dit-il à Gabrielle, misérable gourgandine à langue de vipère qui as empoisonné ma maison ! — (Honoré de Balzac, L’Enfant maudit, 1831) mais pas sûr qu’il n'ait lu Balzac ?)
Ce fut une belle soirée… Le 2011 la cuvée Maurice Marchal du Château de la Rolière de mon nouvel ami Scalbert m’a beaucoup plus…
À bientôt sur mes lignes pour une Gombaude-Guillot story….