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15 septembre 2012 6 15 /09 /septembre /2012 16:00

Dans ma Vendée profonde certains pochtrons hors d’état de garder leur équilibre se voyaient ramenés chez eux en brouette par le plus valide des biberonneurs. Ce petit véhicule à bras qu’il ne faut confondre avec la charrette à bras, d’où vient-il ? En histoire, et surtout en histoire des techniques, il est souvent dangereux de supposer forcément ancien ce qui paraît aller naturellement de soi : l’histoire de la brouette semble s’inscrire dans ce principe. Comme le note Jacques Le Goff dans sa préface « La civilisation n’est pas seulement faites de « grandes inventions » qui enrichissent les niveaux supérieurs de l’économie, de l’intelligence et de la spiritualité, mais elle apporte du nouveau et du meilleur aussi et peut-être surtout dans le domaine de la culture matérielle, du quotidien et des mœurs. »

Le livre de Chiara Frugoni « Le Moyen Âge sur le bout du nez » aux Belles Lettres www.belleslettres.com 25€ recense en une liste à la Prévert toutes les nombreuses améliorations à notre vie quotidienne que nous devons au Moyen âge. Elle est longue et je ne vais pas vous l’énumérer mais s’y retrouvent : les lunettes, le papie, les chiffres arabes, le zéro, les notaires, le nom des notes de musique, les boutons, les culottes et les pantalons, les cartes à jouer, les vitres, la fourchette, les pâtes alimentaires, le Purgatoire et le Père Noël et la brouette…

Moyen-Age-004.JPG

Chiara Frugoni prouve ainsi brillamment que le Moyen Âge n’est pas la période des ténèbres, le long temps de souffrances que les humanistes, les hommes des Lumières et beaucoup encore aujourd’hui ont voulu et veulent y voir. Ce fut un temps de progrès et de jouissances. » écrit Jacques Le Goff.

brouette.gif

Transition toute trouvée pour évoquer la position de la brouette et satisfaire les jouisseurs de service « Qui n’a joué à promener sur l’herbe ou sur le sable un camarade dont il soutenait les jambes, tandis que celui-ci s’appuyait sur les mains pour avancer ? La brouette, que je vous propose aujourd’hui, ajoute au jeu de notre enfance le plaisir érotique ! Pour les amateurs de « jardinage amoureux », donc, voici une manière originale de s’unir ailleurs qu’au lit, et - pour vous, mesdames - une façon inédite de visiter les lieux de vos ébats. »

 

Enfin pour faire plaisir mes nombreux lecteurs citoyens du Royaume de Belgique je me dois d’évoquer la « Maison de la Brouette » (Den Cruywagen1 en néerlandais) maison de style baroque située aux numéros 2 et 3 de la Grand-Place de Bruxelles, entre les maisons du Roi d'Espagne et du Sac. Elle fut la maison de la corporation des graissiers (vettewariers en néerlandais) depuis le XVe siècle.

 

Si vous êtes de ceux qui font des cadeaux pour toutes sortes d’occasion, y compris celles qui n’ont rien à voir avec des fêtes du calendrier, je vous recommande en empruntant une nouvelle fois les mots de Jacques Le Goff « le texte savant et brillant, documenté et plein d’humour de Chiara Frugoni » qui « est rehaussé par une illustration en couleur d’une abondance et d’une qualité époustouflantes, d’une grande rareté aussi. »

 

La brouette petite sœur du chariot Moyen-Age-001.JPG

« Pour transporter des petites charges sur un petit parcours on utilisait la brouette, une sorte de petit chariot d’invention médiévale propre à soulager la peine de la traction humaine, alors que les Romains, comme nous pouvons l’imaginer, n’étaient pas très sensibles à la peine endurée par les esclaves au travail. La brouette était d’un usage courant au XIIe siècle, comme l’atteste une belle Bible de cette époque où elle apparaît dans une miniature de la lettrine I qui ouvre le premier chapitre du premier livre d’Esdras (« In diebus Cyri regis Persarum… », « Au temps du règne de Cyrus, roi des Perses…) . La miniature représente la reconstruction du Temple de Jérusalem voulue par le roi Cyrus de perse. Au pied de l’édifice en construction, un jeune maçon, prenant la pose, s’appuie fièrement sur une brouette pleine de briques qu’il tient en équilibre.

Moyen-Age-003.JPG

Dans la fresque du château de la Manta au Piémont, une petite scène campe un moment de pause où la brouette, munie de pieds et d’une ridelle placée devant la roue pour pouvoir en augmenter la charge, joue un rôle essentiel. La femme qui est censée pousser la brouette s’est arrêtée pour boire au goulot, sans se soucier des menaces du vieil homme qu’elle transporte, peut-être son mari, visiblement paralysé, qui, assis et s’appuyant sur un coussin, agite un bâton en lui ordonnant de presser le pas vers la Fontaine de jouvence. Le peintre a même ajouté un dialogue. Le vieil homme s’égosille : « Si tu ne me lâches pas la bouteille, je te frappe sur l’oreille » ; et la réponse de la femme goguenarde : « Je ne retirerai pas la bouteille de ma bouche tant que je n’aurai pas bien désaltéré mon gosier. »

 

Un dernier détail pour les petits urbains proche du terroir : une brouette ça se pousse car on si on la tire elle risque de verser. C’était le conseil du jour de papy Jacques…

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