Je sais, j’ai dit «pique-pendre» mercredi dernier sur les foires au vins et voilà que ce matin, la gueule enfarinée, je déclare sans rougir que je suis « folle », non pas du chocolat Lanvin, mais des vins de la foire aux vins de mon copain de Monop ! Les filles d’aujourd’hui sont comme ça : excessive en tout mais, d’une seule pièce avec plein de petits morceaux autour, mais comme me le disait mon père, « c’est l’exception qui confirme la règle » et que voulez-vous j’y fasse du côté de l’enseigne, qui a vu mes premiers pas dans le commerce, c’est le cas : ils assurent top moumoute pour leur sélection foire aux vins ! Y font des efforts, y cherchent, y dénichent, y prennent des risques, y restent pas que dans le prout-prout ma chère. Rassurez-vous je ne vais pas vous asséner la liste des vins de la foire aux vins. Si vous voulez vous plonger dans ses profondeurs allez faire un tour sur le tout nouveau blog de mon petit camarade http://desvinsdesbulles.over-blog.com .C’est, contrairement à moi, du sérieux de chez sérieux tout en mettant pas l’enthousiasme sous le boisseau.
Mon petit chéri de Monoprix n’est pas du genre à se pousser du col ni à tomber facilement dans l’autosatisfaction mais il m’a avoué que « son parcours du combattant de sélectionneur, fut, ô bonheur, un quasi chemin parsemé de pétales de roses et que ses papilles et ses neurones en furent stimulées et bonifiées... » Que du bonheur donc et de me citer Jules Renard « Il y a des moments dans la vie où tout vous réussit. Il ne faut pas s'effrayer : ça passe » Moi, vous savez, je suis tout sauf blasée, alors quand je vois de la passion, le goût de la belle ouvrage, la curiosité intellectuelle, une certaine forme de prise de risque de mon ex-collègue, je lui tire mon chapeau. Voilà un gars qui fait bien le boulot, alors chapeau !
Comme je suis dans le marigot de la place de Bordeaux, partie prenante donc, je n’en ai choisi aucun dans la sélection, pour ne vexer personne et prendre le risque de me voir accuser de collusion. Du côté de la Bourgogne je me suis abstenue car je dois vous avouer, vu mon jeune âge, ma totale ignorance de cette belle région. Rassurez-vous je vais m’y mettre mais comme je vous l’ai dit en préambule pour pallier mes manques, mes béances, il vous suffit d’aller sur le blog de mon petit camarade http://desvinsdesbulles.over-blog.com et vous serez éclairé.
Voilà ma sélection : des prix doux, très raisonnables qui ne déculottent pas les vignerons tout en proposant aux amateurs de beaux vins sans douleur pour le porte-monnaie. 10 rouges, 4 blancs, 1 rosé, un fort tropisme pour le sud mais aussi un bel amour pour le Muscadet et le Beaujolais : deux merveilles à moins de 10 euros ! Des chouchous oui, H&B et D&R, j’aime les jeunes gens qui décoiffent ! Coup de chapeau au pape du Gamay et clin d’œil au taulier !
Le Languedoc is fantastic et le Roussillon mythique
Hecht & Bannier « Bio » - Languedoc 2009 rouge – 11,90 € le magnum
Chaque millésime marque une progression dans cette cuvée « brut de fruit » des compères Greg & François, voulue à l’origine comme la réplique du Languedoc à la buvabilité extrême des meilleurs Beaujolais, que ces bons vivants connaissent bien. Synthèse aussi des Syrahs de l’arrière-pays languedociens et des Grenaches du Roussillon, cette sélection issue de l’agriculture biologique va de plus en plus au-delà, avec une plénitude de chair confondante. Or cette dernière ressort encore mieux sur le tirage en magnum ! Les arômes conjuguent la gourmandise (réglisse, chocolat noir, fruits rouges) et la fraîcheur (menthe, sauge, d’eucalyptus). Ajoutons-y une touche de mine de crayon qui répond à la précision des saveurs et de la texture d’une bouche toute en rondeurs, et nous avons le portrait-robot du magnum qui tue. En plus ce magnum est joli, il tient très bien en main et se vide tout seul. C’est qu’ici le contenant rend surtout justice à la vocation de la cuvée : la noblesse du vin de soif !
Château L’Hospitalet - Coteaux du Languedoc La Clape 2008 rouge – 6,95 €
Un classique d’entre les classiques, et pourtant une belle surprise ! En effet si depuis sa reprise en 2002 par l’inarrétable Gérard Bertrand l’Hospitalet n’a jamais déçu, cette propriété phare du Languedoc ne nous avait encore jamais gratifié sur sa « petite » cuvée d’une telle pureté de fruit. Un véritable concentré de baies rouges que ce 2008, avec notamment de saisissantes notes de myrtilles, accompagnent tant le nez que la bouche. La fraîcheur de ce registre n’occulte pas l’expression du terroir singulier de l’Hospitalet, dont les parcelles perchées au cœur du superbe massif de La Clape s’épanouissent sur un sol on ne peut plus caillouteux : les arômes de garrigue embaument aussi sûrement que le fruit, et le côté ensoleillé de la bouche se double d’une pointe de minéralité. Très gourmand, se vin se pare ainsi d’une rare buvabilité.
Hecht & Bannier Sélection - Côtes du Roussillon Villages 2008 rouge – 12,50 €
Gregory et François nous ont habitués à un joli Languedoc et à un exemplaire Minervois, et quelques rares amateurs connaissent la puissance de leur Faugères, mais le vin le plus séducteur de ces spécialistes du sud est justement le plus sudiste. En effet dans leur Roussillon le Grenache est privilégié, et poussé loin dans sa maturité. Très expressif dans ses notes de confiture de figue, de pruneau, de chocolat noir, de caramel et de réglisse, le nez se livre telle une gourmandise, comme un pain d’épices nappé de coulis de fruits. La bouche est à l’avenant, affirmant les notes de confiture avec une certaine sucrosité de la texture, relancée par des notes de Zan et une pointe de minéralité qui donnent leur équilibre à l’ensemble. Un équilibre qui tient toutefois à un fil : si on veut apprécier ce vin à sa juste mesure, le servir rafraîchi devient impératif.
Dauvergne – Ranvier – Parcé - Collioure 2009 rouge – 9,50 €
Déjà qu’on ne pouvait plus se passer d’eux sur leurs terres de la vallée du Rhône, voilà que Dauvergne & Ranvier poussent le vice jusqu’à faire preuve de leur vertu aux confins du Roussillon. Pour l’occasion ils s’associent à la famille Parcé, celle qui préside notamment aux destinées de La Rectorie, un des plus illustres domaines de Banyuls. Pour filer la métaphore cinéphilique, c’est un peu comme si Spielberg co-réalisait son nouveau projet avec Scorsese. Dès le nez cette cuvée affiche une fraîcheur étonnante, avec une expression discrète au départ, sur des parfums de maquis, se développant peu à peu sur l’eucalyptus puis la truffe. La bouche s’affirme avec beaucoup de naturel et d’élan sur une fine structure tannique, avec des saveurs de fruits noirs bien mûrs, et toujours cette fraîcheur qui se double d’une note iodée. Comme une bouffée d’embruns sur le port de Collioure qui a tant inspiré les peintres…
L’indomptable du Domaine Cigalus (Gérard Bertrand) - Sauvignon du Pays d’Oc – 14,50 €
A quelques encablures de l’Abbaye de Fontfroide, Cigalus est le Domaine où vit Gérard Bertrand. Jusqu’à présent seules deux cuvées d’assemblage y étaient produites : un rouge et un blanc, tous deux riches, onctueux et généreusement boisés. Le blanc, dominé par le Chardonnay, incluait du Viognier et du Sauvignon, or sur le millésime 2009 ce dernier posa problème : son expressivité et sa minéralité ne se mariaient pas dans l’assemblage. Aussi la cuve fut écartée. Destinée a priori à rejoindre des assemblages de négoce, le coup de cœur qu’elle suscita chez certains dégustateurs de passage convainc Gérard de la mettre en bouteille telle qu’elle : il la baptisa l’Indomptable. Un an après la mise, sa fougue n’est en effet guère domptée, débordant dès le premier nez de ses arômes de fruits exotiques : kumquat, grenadille, physalis et surtout fruit de la passion. Son caractère s’affirme sur des notes d’asperge sauvage et de fumé, une puissance minérale et une pointe de noisette. Le registre acidulé attendu en bouche est d’abord éclipsé par une intensité et un gras surprenants, allant sur la pêche blanche et le pomelo. Beaucoup d’énergie toutefois, une fraîcheur alliée à la puissance, et une finale délicatement saline. La cuisine asiatique et le poisson à la tahitienne n’ont qu’à bien se tenir. Merci Gérard.
Clot de l’Oum Carignan Novo - Côtes du Roussillon Villages Caramany 2009 rouge – 13,90 €
Je suis fan du Clot de l’Oum. De son terroir original de schistes, de granit et de gneiss, perché en altitude, avec vue sur la mer et les premiers sommets des Pyrénées. De sa fondation par Eric et Leia, tombés amoureux du lieu pour renouer avec les racines catalanes d’Eric, et découvrant « par hasard » sa similitude avec les grands terroirs du Rhône septentrional dont ils sont si friands. De leur approche de la vigne dictée par leur passion de la nature, et de leur vision des vinifications influencée par leur plaisir de cuisiner. Et des nouvelles cuvées qui naissent, au gré des millésimes, tel ce Pur Carignan de Granit, voulu comme une expression sincère mais accessible de ce cépage qui ne laisse pas indifférent.
Je suis donc fan de cette cuvée, mais il faut aller au-delà de la première impression donnée par la réduction, avec ses notes typiques de cuir, voire de « rat pourri » (expression du beaucoup moins fan et volontiers provocateur David Cobbold), qui prennent ici pour moi des accents de Durian (fruit exotique vénéré en Asie et incompris ici, avis aux amateurs !). Au-delà c’est donc le santal, la gentiane, la réglisse, le poivron confit, le graphite et tout ce qui peut évoquer le caillou. Et en bouche cela surprend aussi par sa riche acidité, portée par le citron confit, la cerise, des saveurs de bouquet garni. Les tanins sont en finesse et s’allient à la salinité pour amener très loin cette énergie salivante et saisissante, que l’on a envie de qualifier de tellurique.
Si on donne à cette cuvée suffisamment de temps, en bouteille ou en carafe, elle aura sûrement moins de détracteurs. Mais elle aura toujours ses fans de la première heure, qui se reconnaîtront dans ces mots du vigneron : « une poussière de Granit que nous portons ensemble ».
Beaujolais&Muscadet pas la même couleur mais même combat !
Château des Jacques (Jadot) - Morgon 2009 rouge – 9,95 €
C’est LA bombe atomique de cette Foire aux Vins. Le Château des Jacques est certes plus connu pour son Moulin à Vent, et ses cuvées parcellaires capables d’éclipser certaines des plus belles étoiles du firmament bourguignon. Il n’en possède pas moins de superbes terroirs sur Morgon, et une dégustation au domaine permet de remettre quelques idées en place. Ainsi Guillaume de Castelnau, le maître des lieux, fait déguster d’abord le Moulin à Vent, qui malgré sa puissance est défini comme « Féminin, dans l’accueil », plus séduisant dès sa jeunesse, puis le Morgon « Masculin, plus incisif, qui vous bouscule », plus franc mais ayant besoin de temps pour dompter sa fougue et se révéler charmant. Un enfant certes turbulent que ce Morgon « historique » par son millésime, mais déjà attachant par son caractère racé. Il captive ainsi par ses arômes de cerise burlat, de coulis de cassis, de cacao grand cru, d’orange sanguine et de rose pourpre. La concentration en bouche est déroutante, reprenant les notes olfactives, avec une touche de zan et surtout une minéralité qui la structurent. La sensation d’énergie qui se dégage est l’illustration du savoir-faire Jadot : plus qu’une technique du vin, une éthique du terroir, une philosophie de la vie ;
Château La Preuille Tête de Cuvée – Muscadet SM sur lie 1995 - 9,90 €
Christian Dumortier est un vigneron attachant qui donne l’impression de plaisanter en permanence. Ça ne doit pourtant pas rigoler tous les jours au Château de la Preuille pour dompter les éléments et produire avec une telle régularité des Muscadets aussi exigeants, dans un marché aussi peu ouvert à une vraie expression de terroir. Pour révéler cette expression, rien de tel que la garde. Et là encore, le cépage Melon révèle d’autres facettes, qui évoquent sa généalogie bourguignonne. Sous la robe or pâle se pressent en effet des arômes de sous-bois (fougère, mousse, morille, couloumelle) avec des notes de beurre et d’amande grillée. La bouche déroule sur une variante fondue, presque caramélisé de ce joli beurré, avec une pointe réglissée et une persistance étonnante. Clin d’œil à Raymond Devos, disons que La Preuille défraie l’anachronique
Un méli Mellot fort à propos !
Alphonse Mellot Les Pénitents - Coteaux Charitois Pinot Noir 2009 rouge – 13,90 €
La famille Mellot est une véritable institution du Sancerre, ayant plus que toute autre participé à la notoriété du cru, avec des cuvées régulièrement distinguées parmi les meilleurs vins du monde dans la presse spécialisée. Aujourd’hui c’est la dix-neuvième génération d’Alphonse Mellot qui est aux commandes, et qui s’est lancée dans l’aventure des Coteaux Charitois en 2003. C’est un ami tonnelier qui leur fait découvrir ces coteaux abrupts oubliés, cernés par une forêt de grands chênes mérandiers, « saveurs de barriques en attente du précieux liquide », à 35 kilomètres de leur Domaine de la Moussière. Si Alphonse Mellot rappelle malicieusement que les terres furent données aux moines de Bourras par Etienne Comte de Sancerre, il s’agit moins d’un retour aux sources que d’un vrai challenge vigneron, pour ces aficionados du Pinot qui ont trouvé là un terroir à la géologie qui leur évoque Morey-Saint-Denis. De fait cette cuvée en 2009 se montre « très Côte de Nuits », avec son nez juteux et fumé, aux douces notes florales de rose et de glycine. La bouche conjugue la sève et la minéralité, avec une structure encore un peu tannique mais amadouée par un bel élevage. Qualifié à l’aveugle de « vin chic » par Thierry Desseauve, une jolie pépite pour les amateurs de Pinot Noir épuré.
Alphonse Mellot Les Pénitents – Coteaux Charitois Chardonnay 2008 blanc – 8,90 €
Si le rouge de cette cuvée de la famille Mellot fait penser à la Bourgogne, le blanc est à nul autre pareil ! Le nez est avant tout axé sur le floral, avec de captivants parfums de tilleul et de jasmin. Il se distingue également par des notes de fruits exotiques (papaye, fruit du jacquier), avant qu’apparaissent à l’aération des notes de beurre et d’orgeat. L’attaque est plus vive que ne le laissait présager ce nez tout en douceur, puis s’équilibre sur le sirop de jasmin et l’amande. La finale offre un beau retour sur la tisane, tout en gardant de l’énergie : un vin de caractère tout en étant très accessible.
Le vin de mes amis : le duo magique !
Dauvergne & Ranvier Vin Rare - Hermitage 2009 rouge – 29,90 €
Très rare cuvée en effet que ce tirage d’Hermitage réalisé par les amis Dauvergne & Ranvier. Ils nous offrent pour le coup une remarquable interprétation de la « Montagne Sacrée » qui domine le Rhône Nord, en affirmant toute la classe et la puissance de ce cru d’exception. Le nez décline une vaste palette aromatique, grenade, tapenade, feuilles de laurier, figue, nuances de suie et d’eucalyptus se voyant couronnées par le plus fin des champignons : l’Amanite des Césars. La bouche, énergique, épouse parfaitement ce registre, le déclinant sur des notes de jus de viande, de cassis frais, d’épices et surtout de thym. Fine et juteuse en juste expression de la Syrah, mais aussi carrée et solaire dans l’esprit du terroir, c’est une bouche qui en impose aujourd’hui, et promet surtout beaucoup pour demain…et après-demain. Un énorme coup de cœur qui montre l’étendue du registre maîtrisé par le duo.
Rien que pour embêter : no sulfites et biodynamie
« Le vin sans souffre, c’est comme le sexe sans préservatif, c’est plus dangereux, mais qu’est ce que c’est meilleur ! » se plait à répéter Henry Marionnet, avec cet air malicieux qui quitte rarement son regard.
Henry Marionnet Première Vendange – Touraine Gamay 2010 rouge – 8,90 €
Voilà plus de 20 ans qu’Henry Marionnet, désormais accompagné de son fils Jean-Sébastien, tout aussi dévoué à la cause, s’est lancé dans la production de cette cuvée. Il a sélectionné à cet effet de vieilles vignes, dont la richesse des jus contribue à l’équilibre atypique du vin. Une Première Vendange qui a donc prouvé de longue date une étonnante capacité non seulement à la conservation mais encore à la garde. La régularité d’une bouteille à l’autre n’empêche pas, loin s’en faut, une expression différente de chaque millésime. Le 2010, moins suave et séducteur que son devancier, offre ainsi un caractère sauvage, et allie des arômes végétaux à des notes de baies très mûres, et se révèle à la fois frais et chaleureux. Les amateurs de vins nature apprécieront. Les autres préfèreront sur ce millésime la cuvée plus simple du domaine !
Le Zind du Domaine Zind Humbrecht - Vin de Table Alsace 2007 blanc – 14,95 €
Parmi les domaines mythiques de l’Alsace, qui vendent l’essentiel de leur production à l’export et dans la grande restauration, celui-ci est de plus devenu, sous la houlette d’Olivier Humbrecht, 1er français diplômé du prestigieux Master of Wine britannique, une figure de proue de la Biodynamie. Après avoir révélé le Clos Windsbuhl comme un des plus grands terroirs alsaciens, la famille Humbrecht y a planté du Chardonnay qui, avec un complément d’Auxerois, était censé lui permettre de produire son premier Crémant d’Alsace. L’équilibre atteint par le vin, et leur obsession à maîtriser chacune de leurs cuvées, les ont conduit à écarter ce « Zind » de la champagnisation pour le commercialiser en vin tranquille. C’est donc à cause du Chardonnay que cette cuvée est affublée du titre de « Vin de Table ». A l’aveugle, le Jury Gourmet évoquait plutôt un « Grand Cru » ! De fait, la complexité et la race sont littéralement éblouissantes. Le vin offre un festival d’arômes exotiques, allant de l’ananas frais au fruit du jacquier, en passant par la fleur de frangipanier. Il passe également par des notes muscatées où se rejoignent le floral et le raisin, en évoluant progressivement sur le coing, sans se départir tout du long d’une profonde minéralité, qui se distingue par une touche saline en fin de bouche. Cette dernière est tenue par un équilibre œcuménique entre la vivacité et la sucrosité, une énergie magique laissant la bouche fraîche et… en demande d’une nouvelle gorgée.
Pour mon poteau Olivier Dauga : l’autre Dauga qui ne fait rien comme les autres !
Château Grand Boise Vieilles Vignes - Côtes de Provence Sainte-Victoire 2010 rosé – 8,50 €
L’année dernière je vous contais les moutons dans les vignes, la vue sur la montagne, le bleu d’un ciel si pur qu’il se reflète encore dans la robe de cette cuvée… Alors quoi de neuf ? Certes avec ce millésime 2010 il est encore meilleur, fruit d’une nature plus accommodante mais surtout d’une connaissance intime du terroir et d’expérimentations multiples accumulées par les équipes en place. Au nez d’agrumes, de gelée de framboise et de fraise des bois répond ainsi une bouche sur le pomelo, avec une finale vive sur la menthe poivrée, et tout cela est diablement gai et rafraîchissant. Et puis tiens, on a changé d’étiquette, en adoptant la version traditionnelle du Château. Un détail ? Révélateur alors. Car cette étiquette n’a de traditionnelle que le nom. Domaine viticole depuis 1610, Grand Boise arborait jusqu’à très récemment les armoiries de la famille propriétaire. A sa reprise en 2006 par Xavier Gervoson, l’étiquette évolue, et l’entrepreneur opte pour cette image du « ravi de la crèche ». Un choix que les aficionados du Château, dont je suis, ne comprennent pas forcément. Et puis cela m’est apparu d’un coup évident : le coup de foudre du nouveau propriétaire qui investi des sommes colossales dans le domaine et son vaste patrimoine de vignes éparpillées, de bois et de bastides, le sourire béat de tous ceux qui le visitent, l’enthousiasme de ceux qui œuvrent à créer et promouvoir les cuvées, et particulièrement celui d’Olivier Dauga, le « faiseur de vins » qui apparaît à ses amis encore plus fous que d’habitude sur ce projet… Ne serait-on pas quelques uns à être devenus fadas de Grand Boise ? Tant mieux, comme l’écrit Yvan Audouard, « le fada en Provençal, c’est celui qui est habité par les fées, un poète en somme ». Si Grand Boise nous rend tous un peu poètes alors… Reprenons-en encore un verre !
Le petit dernier en hommage au taulier
L’Impromptu de la Cave de Saint Verny - Côtes d’Auvergne 2009 – 4,90 €
Il me revient en mémoire une dégustation au long cours avec le Bon Vivant Jacques Berthomeau, passant en revue l’intégralité de la production de la Cave de Saint Verny, grosse structure qui défend presque à elle seule la petite appellation auvergnate. Des très nombreuses cuvées dégustées, c’est encore le petit Gamay qui s’en sortait le mieux. Bis repetita : frais, net et gouleyant, ce jus de fruits rouges se distingue par une forte saveur poivrée qui lui donne tout son caractère et semble signer son terroir. Le parfait p’tit vin léger des grillades et charcutailles.