Dans le bestiaire du monde interlope du Pigalle disparu l’image du petit maquereau, costard rayé et chaussures croco, moustache balai de chiottes, galure sur l’oeil et celle de la mère maquerelle bien amortie, fardée à la truelle et popotin type porte d’Aix, occupent une place de choix grâce au cinéma d’avant la Nouvelle Vague. Plus le genre Marcel Dalio de Dédé d’Anvers d’Yves Allégret (1947) que le flamboyant Louis Jouvet d’Hôtel du Nord de Marcel Carné (1938). L’origine du mot a, comme le note le Robert, « excité l’ingéniosité des étymologistes anciens. » Pour ma part j’ai toujours trouvé, même si je ne voyais pas le rapport, que ce mot qualifiait à merveille ces mecs, ou ses matrones, vivant des charmes de leurs filles.
Plus étonnant pour moi les groseilles à maquereaux du jardin de pépé Louis. Mystère entier ! J’adorais les croquer à peine mures, l’acidité, ce vert qui agaçait mes dents. L’histoire dit que ce fruit était tout particulièrement apprécié dans les pays du Nord où sa rusticité et sa résistance au climat froid lui permettait de prospérer. On les cuisinait en sauce «aigre-douce» qui accompagnait les maquereaux d’où son nom actuel. Ce sont les peuples du Nord qui l’ont introduit sur le territoire français au Moyen-Âge expliquant son surnom de groseille d’outre-mer. Elle fut très populaire et au XVIIIème siècle, les Anglais lancèrent dans leur pays le concours de la plus belle groseille à maquereaux… Un siècle plus tard, Darwin produisait déjà près de 54 espèces de groseilles différentes.
Mais revenons au sujet du jour le maquereau commun qui est un poisson au corps fuselé dont le dos est bleu-vert, zébré de raies noires, tandis que le ventre est d'un blanc argenté. Ses deux nageoires dorsales sont relativement espacées, il possède aussi des vestiges de nageoires, appelées pinules. Sa queue est très échancrée. Poisson migrateur qui vit en bancs et se nourrit essentiellement de zooplancton l'été dans des eaux froides avant de repartir vers des eaux plus chaudes en automne. Pendant sa période de reproduction, de mars à juillet, il devient prédateur et chasse les poissons de petite taille comme les sardines ou les anchois, ainsi que de mollusques et petits crustacés. Le maquereau est un poisson disponible presque toute l'année, abondant et bon marché. Sa chair est fragile, il faut le consommer rapidement après l'achat. Il fait partie des poissons gras, comme le thon, la sardine, le hareng ou le saumon.
Ceux que j’aime sont les petits maquereaux de ligne grillés sur des sarments de vigne. Afin d’éclairer mes deux pêcheurs d’occasion : Denis et Luc afin que leur futures pêches fussent miraculeuse je me permets de décrire ce qu’est ce type de pêche. De mai à octobre, des petits bateaux de pêcheurs artisans pratiquent la pêche du maquereau de ligne. Ils quittent le port avant la fin de la nuit pour se trouver sur les lieux de pêche avant le lever du jour. Après avoir localisé l’accore du banc le patron mouille son bateau en travers du courant en veillant qu’il se maintienne sur le sommet ou en aval du banc. Le bateau est maintenu en travers par un dispositif spécial de retenue de la fune au moyen d’une bosse dont la longueur est réglée en fonction des directions du courant et du vent. Aussitôt après le mouillage les pêcheurs amorcent avec la strouille prise dans les bailles posées sur les supports à hauteur du plat-bord et jetée à la main dans les remous qui se forment derrière la coque. L’amorçage se poursuit pendant toute la durée de la pêche. La strouille est un mélange de farine d’arachide et de broyats de maquereaux et de chinchards dilué à l’eau de mer et ayant la consistance d’une bouillie plus ou moins liquide. Les lignes sont de deux types différents :
1) la ligne simple munie d’un seul hameçon appâté d’un gueulin de maquereau ;
2) les « plumes » consistant en plusieurs hameçons (8 à 10) garnis de plumes de couleur montés sur le même bas de ligne par de courts avançons.
Pour le reste vous vous rendez sur le port lorsque les petits bateaux y rentrent le ventre chargé de petits maquereaux. Tout frais, tout luisant, vous les essuyez, vous les videz vos petits maquereaux ou non (deux écoles), vous préparez votre braise de sarments et puis attention ça grille vite ces petites bêtes. Avec une bonne ratatouille ça coule tout seul. Pour ce qui est du liquide j’évite de poser la question sinon je vais me faire avoiner (du premier jet j’ai écrit aviner) par le sieur MWS qui lui suce en général de la glace au court du repas.
Bon appétit !