Prise d’un soudain remord à la suite de mon envoi du jour sur les coups de cœur de mon gentil marchand de vins de Monop, où j’ai exclu Bordeaux, Gérard Muteaud du Nouvel Observateur m’a sauvé la mise en me tendant une belle perche. C’est un gars discret ce Gérard né à Arcachon, donc à quelques encablures de Bordeaux, qui au Nouvel Observateur tient bon la barre du domaine du vin, entre autres. Comme mon taulier le connaît bien alors, au lieu de boire ma honte – ce qui pour une châtelaine de GCC serait un comble – je vais en profiter pour rattraper le coup en le mettant dans le coup.
Alors que je prenais mon café avec une paille environné de ma ménagerie : l’ânon Porcinet et Ribouldingue le corniaud, mes petits nouveaux, et, bien sûr, mes vieux briscards : Lénine et Tintin au Congo, mon dévoué Paul me posait sous le nez la tronche du père Hollande – à gauche, se prénommer François c’est un plus – qui s’étalait à la Une du dernier numéro du Nouvel Observateur. Mais moi, ce n’est pas le destin de l’ex de Ségolène, même amaigri, qui me passionne en ce moment mais l’avenir du vin alors, comme tout en bas de la couverture, sur un bandeau, ils annonçaient Spécial Vins : bons crus et coup de cœurs, je me suis rué à l’intérieur. Bonne pioche !
En effet, le Gérard, après la figure imposée du géologue qui parle de la vigne « Terre de Vignes » Charles Frankel au Seuil embrayait direct sur Derenoncourt. Mon sang ne fit qu’un tour, j’allais égrener en commençant par le domaine de l’A, l’Abécédaire des amis de mon taulier.
A, comme domaine de l’A de Stéphane Derenoncourt.
Signe particulier : à répondu aux 3 Questions du taulier le 17/11/2008 link
Déclare au sieur Muteaud « Il y a à Bordeaux une grande violence provoquée par l’arrogance commerciale d’une petite quarantaine de domaines qui pollue tout le reste de la production et entraîne le rejet de l’appellation chez une majorité de consommateurs. C’est pourtant la région du monde où l’on trouve le plus grand choix de vins, entre 6 et 20€ la bouteille. Il n’y a pas d’autres appellations bénéficiant d’un aussi beau rapport qualité/prix.
« Le vin est un produit culturel, le reflet de notre société. Cheval Blanc ou Lafite-Rothschild, c’est très, très bon mais ce n’est plus du vin, juste des produits financiers. »
A déclaré au taulier lorsqu’ils se sont croisés la veille de la vente des Hospices de Beaune : « Nous sommes dans le même bateau, toi on dit que tu écris trop et moi que j’en fais trop » (conseille 93 propriétés dans 10 pays).
Ce qu’écrit Gérard Muteaud du Domaine de l’A 2008
Nez flatteur mais sans artifices, ça sent bon le raisin et les fruits noirs sur une pointe d’épices. La bouche est charnue et voluptueuse. Le vin glisse pour s’épanouir sur une finale fraîche. Le 2007 se goûte déjà bien et le 2004 est à boire.
Prix : 28-30€
Sainte-Colombe
B, comme baronne G.
Signe particulier : à répondu, avec Paul, au questionnaire de Proust du taulier link et on peut lire aussi un portrait de la baronne G sous sa plume acérée link
Fait partie des sans chais de Pomerol link
Je ne sais pas pourquoi le taulier se gondole en lisant par-dessus mon épaule. À mon pourquoi, ce vieux cheval de retour s’est contenté de répondre « elle comprendra... »
À propos du classement de Saint-Emilion lire link
Ce qu’écrit Gérard Muteaud du Château Le Prieuré 2007 Saint-Emilion Grand Cru
Propriété avec Vray-Croix-de-Gay (pomerol) et Siaurac (lalande-de-pomerol) de la famille Guichard, ce domaine produit des vins équilibrés privilégiant la finesse sur l’extraction. Le 2007 séduit par sa chair croquante et son fruit élégant.
Prix : 30€
Néac
C comme Jean-Marie Chadronnier
Signe particulier : cosignataire avec le taulier de Cap 2010 les défis du vin français. Le taulier l’agace souvent mais sa militance pour l’extension du domaine du vin le lui fait le supporter. Quand à moi je ne suis pas sûre que mes élucubrations lui plaisent. Qu’importe l’ami Jean-Marie fait son vin et nous irons le goûter un de ces quatre matins.
Lire l’entretien qu’il a accordé au taulier en 2008 link
Ce qu’écrit Gérard Muteaud du Château Marsau 2009
Plein de sève et de fruit (cassis, mûre, cerise noire, moka...), Marsau se rapproche du style des vins de Pomerol par sa matière généreuse, sa puissance et sa rondeur. L’élevage est impeccable et l’ensemble devrait gagner en profondeur et complexité après quelques années de cave.
Prix : 11-15€
Francs
C comme Château La Canorgue 2009
Signe particulier : c’est dans le Luberon, lieu de séjour privilégié, comme la Corse du Taulier.
La bouteille bleue du Château la Canorgue : une liaison très ancienne…link
Ce qu’écrit Gérard Muteaud du Château La Canorgue 2009 « Coup de cœur »
Bon, bio, régulier : ces trois petits mots pourraient suffire à résumer La Canorgue, LA référence depuis vingt ans en Luberon. Ce serait oublier que la justesse de son fruité et ses tanins très fins sans rusticité arrivent en bouche avec des notes sauvages de baies noires et de graphite, signe d’une forte personnalité unique.
Prix : 9€
Bonnieux
D comme Jean-Michel Deiss, le chevalier des terroirs
Signe particulier : fait parti du premier cercle du taulier et est un des animateurs de Sève.
Ouvrir la boîte de Pandore d’un Grand Vin : l’Altenberg de Bergheim de Jean-Michel Deiss : link
Une petite remarque du taulier à Gérard Muteaud : l’Union des Grands Crus d’Alsace n’est pas une interprofession mais une association de producteurs.
« La complexité, c’est la civilisation... »
« Au cœur de la foi, il y a le doute »
Bonjour à Matthieu qui a si bien accueilli le taulier et ses princesses lors de la dégustation au Saint-James link
Ce qu’écrit Gérard Muteaud du Burlenberg 1ier Cru 2006 « La Colline brûlée »
Un grand rouge alsacien au nez fruité (framboise, cassis, mûre) et fumée, à la bouche épicée.
« Un tempérament volcanique » 25€
Schoffweg 1ier Cru 2007 « Le chemin des brebis »
« à déguster comme une rencontre, la chaleur du sol et au-dessus le miroitement des étoiles »
32€
Merci à Gérard Muteaud d’avoir fait le boulot. Vous pouvez lire la suite dans le Nouvel Observateur du 1ier au 7 septembre avec François Hollande en couverture...