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19 octobre 2011 3 19 /10 /octobre /2011 00:09

« Après le Japon et la Corée du Sud, la Chine cite Confucius pour expliquer la réussite économique des pays asiatiques, soulignant l’organisation familiale des entreprises, le sens de la hiérarchie et du don de soi au profit du bien collectif. Le confucianisme est aujourd’hui revendiqué au nom de ces « valeurs asiatiques » autour desquelles un type alternatif de modèle culturel, social et politique pourrait se constituer et concurrencer celui de l’Occident. Loin de l’image réactionnaire du début du XXe siècle, on envisage aujourd’hui la pensée confucéenne au regard de sa pertinence dans le jeu du monde globalisé. La promotion des valeurs d’humanité (ren) et de tolérance (shu), qui sont le cœur de l’enseignement confucéen, lui confère en effet une portée universelle. L’expression « peuple racine » que l’on retrouve chez Mencius, disciple de Confucius, suggérant que le peuple est la chose la plus précieuse, fait aussi du confucianisme un allié d’une démocratisation à la chinoise. »

 

Ainsi s’exprime Shan Sa dans sa préface au livre de Yu Dan « Le bonheur selon Confucius » chez Belfond qui a connu un succès colossal en Chine. »Pour un Chinois, se réapproprier Confucius comporte une puissance symbolique qui dépasse tout cela (les enjeux mentionnés ci-dessus). Relire Confucius, c’est se réapproprier son histoire, c’est retrouver, en quelque sorte la mémoire collective » Alors, un petit effort camarade : «  cessons devoir en la Chine un simple eldorado post-Mao. La Révolution culturelle où les intellectuels, les lettrés (shi) se voyaient exfiltrés de leurs livres pour apprendre la vraie vie dans les champs et les usines » La Chine n’est pas qu’une vaste fourmilière laborieuse menée d’une main de fer par l’oligarchie du Parti. Sortons des clichés, dépoussiérons nos références car comme l’écrit le People’s Daily « Les cours de Yu Dan transforment une piles de classiques désuets en savoir pertinent pour le public de l’ère Internet »

 

Revenons au sujet du jour : je vous propose la lecture de l’édito d’Alain Bradfer dans la Cote des Grands Vins de France : LE TRUBLION CHINOIS. (avec son autorisation bien sûr)

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17 octobre 2011 1 17 /10 /octobre /2011 00:09

Les chiffres m’ennuient. J’ai toujours eu une sainte horreur des interlocuteurs me noyant sous des bordées de chiffres. Pire encore, ceux qui à la manière d’un Giscard vous somment de faire la preuve de vos connaissances sur tel ou tel sujet en vous posant la question qui tue : combien d’hectares le Sancerre ? Sans répondre que je m’en tamponne, comme je l’ai fait à une conseillère d’Hervé Gaymard qui me recevait en tant que président des Appellations du Calvados, cidres, poirés et pommeau, lorsque j’ai besoin de références chiffrées je sais où les trouver là où elles se nichent. Un de mes maîtres à la Fac de Droit m’avait dit : un bon juriste est celui qui a une bonne bibliothèque et qui sait s’en servir. Ce n’est pas tombé dans les oreilles d’un sourd : je pratique.

 

Pour autant, je sais acheter. Ayant, depuis toujours, fait mon marché, en un aller-retour je capte les prix des produits proposés, j’en fais mentalement la synthèse puis je passe à l’acte en fonction du rapport entre la qualité du produit que je souhaite acheter et le prix. Bref, je ne suis pas fâché avec les chiffres. Vous me direz que de tout ce qui précède vous vous en fichez. Vous avez tort car j’aborde par ce détour un concept important qui est celui de la valeur des choses, leur prix. Pour les carottes et les navets je ne vais pas chanter mon couplet sur la saison, la météo et tout ce qui fait le prix du poireau.

 

Reste le vin, certes pas le jaja du coin de ma rue mais les Grands Vins ceux que certains voudraient hisser au rang d’œuvre d’art. Moi qui n’ai pas l’âme d’un collectionneur mais qui suis amateur de peinture, avec une période où j’ai beaucoup acheté, j’affirme, au risque de m’attirer les foudres des idolâtres : une bouteille de GCC, même d’un millésime prestigieux et rare, n’est pas et ne sera jamais un œuvre d’art. Pour autant, comme pour le marché de l’art il y a un marché des Grands Vins car il y a des amateurs et maintenant des investisseurs qui prennent aussi des allures de spéculateurs. Le monde dit des Grands Vins rejoint celui de l’art et plus particulièrement celui de l’Art Contemporain.

 

Petit insert, comme l’écrivait dans « Grands et petits secrets du monde de l’Art » de Danièle Granet et Catherine Lamour chez Fayard à propos d’une vente de charité organisée par Christie’s au profit de l’association du professeur David Khayat où François Pinault, propriétaire du lieu, avait battu le rappel de ses artistes : Jeff Koons, Damien Hirst, Subodh Gupta, Martial Raysse... vingt-huit d’entre eux avaient offert une toile. « Tout le monde connaît tout le monde. Sauf celle qui va enchérir pour la plus grosse somme – 700 000 € pour une sculpture en acier de Richard Serra. Une collectionneuse de langue espagnole, qui sera guidée tout au long des enchères par une amie qui connaît les procédures – pardon, les cotes. C’est comme à la Bourse, il faut savoir jusqu’où ne pas s’inscrire dans la « liste C » des « acheteurs gogos ».

 

Le mot est lâché : la cote.

 

Même si je dénie aux Grands Vins la dignité des beaux-arts il n’en reste pas moins vrai qu’il existe un marché et qu’il est très utile pour les amateurs de s’étalonner, d’évaluer, de repérer un bon millésime en se référant à sa cote. Dans mon souvenir d’amateur-acheteur je garde comme un plaisir extrême ma rencontre avec un marchand alors que j’allais faire encadrer une de mes acquisitions de chineur : la femme au tablier et qui m’en proposa une belle somme alors que je venais de l’acheter pour une petite poignée de francs. Comme l’écrit Alain Bradfer « évoquer le prix des choses n’a rien de trivial » Moi j’ai gardé mon tableau, il est accroché à ma tête de lit et ça ne m’empêchepas de dormir de me remémorer la très belle plus-value que j’aurais pu faire en le cédant.


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Le Gagnon du Québec, le Marc-André, va encore écrire que je délaye (il devrait lire son collègue Marc Vaillancourt…) mais tout ça c’est pour recommander à celles et ceux qui veulent entrer dans la danse l’achat de La Cote des Grands Vins de France d’Alain Bradfer et Yves Legrand. En effet, pour poursuivre l’image : ainsi ils pourront tout savoir sur comment on danse. C’est précis, bien fait, sérieux, maniable. J’ai beaucoup appris, normal je ne sais pas grand-chose, et surtout, et c’est pour ça que j’ai cité château Margaux dans mon titre, lorsque j’étais sous les ors de la République j’ai eu à traiter du dossier, même rencontré les Agnelli, et j’ai le souvenir d’une discussion surréaliste dans le bureau de mon Ministre où celui-ci était plus passionné par la saga des magasins Félix Potin que par les histoires de gros sous de l’homme de confiance de Corinne Métzenopoulos. Dernier détail de soupente, lorsque le couple Barsalou-Douroux vira JP Huchon de la direction de la Caisse Nationale de Crédit Agricole celui-ci atterrit à la holding Exor propriétaire, entre autre, dudit château Margaux. Détail piquant de l’histoire, le dit Huchon, deux ans après se retrouvait Directeur du cabinet du Premier Ministre Rocard : un ange passa au-dessus de la tête du couple Barsalou-Douroux.

   

Vraiment Berthomeau tu te laisses aller, si ça continue tu vas verser dans les Potins de la Commère. C’est un peu vrai mais après tant d’années de retenue, de notes de synthèse brèves et sèches, me laisser-aller me fait du bien. Et puis, si j’évoque les Potins de la Commère c’est pour saluer le départ vers le cimetière de France-Soir qui, même s’il n’était plus qu’un tas de papier, restait par son titre l’héritier de Pierre Lazareff (l’un des piliers de 5 colonnes à la Une) et d’une presse populaire. Moi, un journal qui meurt, ça m’attriste toujours…


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16 octobre 2011 7 16 /10 /octobre /2011 00:09

dylan.jpgDylan égrène les salles de concert de Paris Olympia en 66, Grand Rex, Zénith, Paris-Bercy, le Palais des Congrès… puis à nouveau Bercy ce mois d’octobre. Normal : like a rolling stone. Flanqué cette fois-ci de Mark Knopfler grosse pointure du rock et fondateur du groupe Dire Strait, l’homme à l’harmonica en bandoulière est insubmersible car il a su, après un passage à vide dans les années 80, retrouver une nouvelle inspiration. Ce n’est donc pas un papy en manque qui va se produire à Bercy mais un type en pleine possession de ses moyens qui a su garder son mystère et son charme. La dernière fois qu’il est venu à Paris, en 2009, Olivier Nuc écrivait  «  À 67 ans, Dylan, costume chicano noir et couvre-chef idoine, porte beau. C'est de profil qu'il passera l'essentiel de la performance, improvisant de délicieuses parties d'orgue. Félin en diable, son jeu de jambes et son sourire solidement accroché à la mâ­choire confirmeront que c'est au cœur de la musique que la rock star est la plus heureuse. Peu importe finalement s'il ne parle pas : le jeu ébouriffant de ses accompagnateurs suffit. Surtout qu'il est ici mis au service d'un programme éblouissant : I'll Be Your Baby Tonight, sur laquelle Dylan prend des chorus de guitare bluesy, Stuck Inside of Mobile With The Memphis Blues Again, Chimes of Freedom, Masters of War, Highway 61 Revisited. L'artiste malaxe ses classiques depuis si longtemps qu'ils sonnent d'une actualité féroce, tel Like A Rolling Stone, qui ne paraît pas ses 44 ans (…) entre son arrivée sautillante sur les planches et l'accord final de Blowin'in the Wind, le génie de la musique américaine aura livré deux heures d'un stupéfiant concert. »

 

Cette fois-ci Bob Dylan n’aura pas droit au couple Carla-Nicolas, mais ce dernier pourra toujours accompagner la mère du nouveau petit, avec l’harmonica offert par Dylan  à Carla à la fin du concert, lorsqu’elle lui chantera « Fais dodo cola mon petit frère.. »

 

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15 octobre 2011 6 15 /10 /octobre /2011 00:09

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C’est drôle et intelligent donc drôlement intelligent  de mettre en scène avec à gauche l’humour décapant du dessinateur Jul (il faut tuer José Bové link ) et à droite la malice érudite de Charles Pépin écrivain-essayiste toute la variété de la pensée humaine au travers de ceux dont les concepts ont bouleversé notre existence. Je ne vais pas vous les énumérer tous mais glaner comme à mon habitude des formules et des images qui vous donneront envie d’offrir à vos enfants, petits-enfants, nièces ou neveux, à votre petite amie ou à votre patron, je ne sais, cette Encyclopédie Mondiale des Philosophes et des Philosophies : « La Planète des Sages » chez Dargaud par Jul&Charles Pépin 19,95€

1-      Pour commencer pour les plus jeunes : une formule-culte et un film-culte Philosophes 005

Philosophes-004.JPG2-     Ensuite, pour les vieilles barbes comme moi : une mise en scène très drolatique pour la fiche de Saint-Augustin. Voici le dialogue :

-         Un poulet de la PN moustachu : On vient d’en rentrer un très grave en cellule/ un salopard de barbu 

-         Un autre poulet de la PN plus jeune : Un maghrébin ?

-         Le premier : « Né en Algérie… »

-         Le second : On va te le renvoyer chez lui fissa !

-         Le premier : Encore un gars des cités !

-         Le premier : Attends ! En plus, c’est un vieux celui-là !

-         Le second volatile : Il habite où ?

-         Le premier volatile : Il a parlé de la « Cité d’Eudieu », un truc comme ça…

-         Le second volatile : Ah ouais, c’est dans le neuf-trois, non ?

-         Le premier volatile : Vers Mantes-la-Jolie, je crois

Un téléphone portable sonne :

-         Un collègue le tend au premier poulet qui est sans doute le chef : Le Préfet au téléphone…

-         Le premier poulet : Allo ?

-         Dans le cellulaire l’écho d’un vrai savon…

Devant le commissariat un Saint Augustin furibard reçoit les excuses du plus jeune des poulets « Et excusez-nous encore, Monsieur St Augustin ! » face à son chef décomposé…

En vis-à-vis, Pépin rebondit sur l’inculture du préfet en citant un passage des Confessions de St Augustin où il évoque sa vie licencieuse, et même délictueuse avant sa conversion. « Dans le voisinage de nos vignes étaient un poirier chargé de fruits qui n’avaient aucun attrait de saveur ou de beauté. Nous allâmes, une troupe de jeunes vauriens, secouer et dépouiller cet arbre, vers le milieu de la nuit, ayant prolongé nos jeux jusqu’à cette heure, selon notre détestable attitude), et nous en rapportâmes de grandes charges, non pour en faire régal, si toutefois nous y goûtâmes, mais fut-ce pour les jeter aux pourceaux : simple plaisir de faire ce qui est défendu… » Un vrai sauvageon ce futur saint qui toutefois en définissant le peuple juif comme peuple déicide, fut l’une des plus importantes sources de l’antisémitisme. Il y a des lois en France, non ? » conclut Pépin.

 

3 - Pour de rire nos « petits philosophes » : Onfray, Comte-Sponville, BHL, Ferry se font seulement tirer le portrait par Jul mais n’ont pas de notice. Ils sont là que pour se faire épingler (page 66) et puis moi qui suis bon public je ne peux que me bidonner lorsqu’un quidam confond Bergson, auteur d’un petit opus sur le rire, avec Gérard Jugnot.

 

4 – Montaigne et La Boétie sur Meetic

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12 octobre 2011 3 12 /10 /octobre /2011 00:09

J’ai commis récemment dans une autre crémerie une chronique « Le vin et la vigne sont-elles des valeurs sûres ? » link qui a fait un succès d’estime.

 

La réponse à ma question sur le vin m’est venue d’un spécialiste de la question : Alain Bradfer co-auteur  avec Yves Legrand de la Cote des Grands Vins de France dont l’édition 2012 vient de paraître chez Hachette vins

 

Définition du lexique des finances «Le rendement d'une obligation est appelé rendement actuariel, et il varie au fil du temps, en fonction du cours de l'obligation. Le rendement actuariel représente la rentabilité obtenue en gardant l'actif financier (fréquemment une obligation) jusqu'à son remboursement et en réinvestissant les intérêts au même taux actuariel.

La méthode Bradfer : les prix de vente en primeur s’entendent en prix public, à savoir le prix de sortie du château augmenté de la marge du négoce et de la TVA. Ces prix sont corrigés des effets de l’inflation.

 

La cote est celle retenue par la Cote des grands vins de France, établie par la collecte des résultats enregistrées dans les ventes publiques (en France, Grande-Bretagne, Suisse, Belgique et Pays-Bas) au cours de l’année. La moyenne est établie sur la base d’un minimum de quatre transactions constatées sur le même millésime d’un même vin après élimination des extrêmes témoignant d’un mauvais état du flacon ou d’un coup de folie d’enchérisseurs.

Le rendement actuariel d’un placement vin : on pouvait s’en douter : la rentabilité d’un « placement en vin » ne présente d’intérêt qu’en jouant la carte des premiers crus classés et assimilés. A l’exception de Carruades de Lafite-Rothschild second vin entraîné dans le sillage du premier, dont le marché est quasi-exclusivement chinois.

 

Par ailleurs, l’envolée des prix de sortie que l’on peut dater du millésime 1995 démontre que l’achat en primeur présente désormais peu d’intérêt par la disparition de la règle tacite selon laquelle l’acheteur en primeur bénéficiait d’un décote de 30% par rapport au prix de mise sur le marché en contrepartie de son apport de trésorerie à la propriété.

A l’exception des premiers crus classés, le rendement moyen calculé sur onze millésimes couramment vendus s’avère plus médiocre que celui d’un placement sur un Livret A. Un constat qui renvoie à une évidence : un vin est conçu avant tout pour être bu.

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9 octobre 2011 7 09 /10 /octobre /2011 00:09

Le titre est de l’Express, « 18h10. On rassemble les brebis égarées: le Lou sort du bois » ça c’est le Télégramme. Pour la première fois, l'ex-Velvet Underground se produisait à Carhaix et ce devait être l'un des grands moments du vingtième anniversaire des vieilles charrues.

« La pluie, qui était tombée abondamment toute l'après-midi sur la plaine de Kerampuilh à Carhaix où sont installées les scènes du festival breton, s'était miraculeusement interrompue quelques minutes avant l'entrée en scène de Lou Reed. Lunettes rondes argentées posées sur un visage buriné, le rockeur américain, qui fêtera ses 70 ans en mars prochain, est apparu sur scène vêtu d'un jean, tee-shirt noir et fine veste en cuir, l'air fatigué et absent. » écrit le mec de l’Express ;

 

Mon commentaire : Lou Reed le prince de l’ombre dans un champ de patates détrempé, bide assuré ! Ça n’a pas fait un pli : la suite sous la plume de Samuel Uguen du Télégramme.

 

Pas une ride d'expression

 

« Sur scène, les musiciens poussent et envoient du bois, portant leur leader à bout de bras. L'ancien ouvrier de la Factory, lui, reste de glace, tirant une gueule de six pieds de long. Zéro «Emotion in action». Un petit sourire? Non. Définitivement, non. De la crème pour les anti-Reed qui n'en demandaient pas tant pour en remettre une couche. Bouffé au mythe, disent-ils. Au bout de vingt minutes de concert et seulement trois morceaux interminables, l'espoir du grand moment s'amenuise. Dépité, Ronan, fan de longue date, tressaille et s'inquiète: «C'est quand même pas le genre de vieux chanteur qui refusent de chanter ses tubes?» Hélas...

 

Un poil trop underground

 

Le «Rock'n'roll animal» qui sommeille semble ne pas vouloir se réveiller. De fait, le festivalier, non plus, bâillant à s'en décrocher la mâchoire. À l'approche de la fin du concert, un frémissement d'émotion parcourt toutefois le gros du public. Lou Reed sort enfin de sa réserve. C'est pas dommage. «Ecstasy» «Sunday morning», «Femme fatale» et «Sweet Jane»: voilà pour les tubes. Et puis rideau. «Walk on the wild side», oublié. «Perfect Day», absent. «Satellite of love», sans doute trop loin sur orbite. Lou Reed aurait pu jouer sur du velours en offrant un peu d'anthologie, sans se renier pour autant. Râpé. »

 

Mon commentaire : il ne fallait pas l’inviter les gars de Carhaix vous auriez du vous en douter le Lou Reed c'est pas une facile facile et votre carton d’invitation qui disait tout et son contraire annonçait trop la couleur :

 

« Attention, monument ! Compositeur aux textes magnifiquement crus et torturés, intelligents et provocants, chanteur minimaliste et guitariste inventif, Lou Reed  est une véritable icône, qui avec le Velvet Underground a suscité bien des vocations, toutes générations confondues. Après la tournée conceptuelle Metal Machine Music (l’intégralité du presque inécoutable expérimental album du même nom, joué en trio pour la formule live), retour à un format plus « classique » et abordable. A l’aube de ses soixante-dix ans (quand même !) Lou Reed a décidé de prouver une fois de plus que le rock conservait, en revisitant ses standards plus mélodiques, du Velvet à nos jours : « Sunday Morning », « Walk on the Wild Side »…des titres légendaires pour un concert carhaisien qui le deviendra certainement lui aussi ! »

 

Que conclure : rien bien sûr, sauf qu’il faut savoir s’arrêter comme l’écrit sur un forum un de ses admirateur. Je signe !

 

« Reed a eu des hauts et des bas (il a fait quelques bonnes mer...), mais dans ses grandes heures je n’ai jamais rien écouté de tel : guitares entêtantes, arrangements grandioses (collaboration avec des grands : Ezrin, Katz, Bowie, etc.) ou style dépouillé minimaliste, voix grave et superbe (plus maintenant. Je l’ai vu aux Vieilles Charrues, il devrait arrêter !), textes ciselés qui claquent dans un accent purement new-yorkais, mélodies parfois superbes (on oublie trop souvent qu’il peut être un très grand mélodiste), ... je m’arrête là, vous aurez compris que je le considère comme un génie à qui l’on peut passer des excès de comportements ! »

 

En bonus la question qui tue :

 

« Tu préfères Lou Reed ou John Cale ? » Telle est la question piège qui m’a été posée il y a quelques jours… Spontanément, j’ai répondu « Les deux ! ». Et face à l’incrédulité de mon interlocuteur, j’ai ajouté « C’est comme si tu me demandais de choisir entre mon père et ma mère, c’est trop cruel ».

 

En y réfléchissant a posteriori, je ne parviens effectivement pas à départager ces monstres sacrés de la scène alternative new-yorkaise des sixities. Lou Reed et John Cale. Le dépravé et le dandy. Le guitariste et le bassiste. L’un accro à l’héro, l’autre en permanence défoncé à la coke (du mois quand ils étaient jeunes et inspirés...). Mes disques préférés du Velvet Underground sont les deux premiers, The Velvet Underground & Nico et White light/White heat, les seuls où ils sont réunis. Les deux suivants, The Velvet Underground et Loaded, même s’il s’agit de bons albums, je les vois avant tout comme des disques de Lou Reed. Le grand Gallois n’est plus là pour soigner les arrangements, ajouter son violon désaccordé ou son piano déglingué par-ci par-là… Et surtout exacerber leur rivalité de compositeurs et d’arrangeurs, avec pour résultat de stimuler à l’extrême leur créativité. »

mardi 8 février 2011, par Jérôme Delvaux

 

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7 octobre 2011 5 07 /10 /octobre /2011 17:00

987121015.jpgChères vous toutes et chers vous tous,

 

« Le vin qui aimait les femmes », avec un tel thème, il revenait à une femme, à une femme néo-vigneronne qui plus est, certes dans les GCC de Bordeaux, de poser la cerise sur le gâteau de ce trente-neuvième chapitre des Vendredis du Vin. Et dire, les jeunes générations l’ignorent sans doute, que le Vendredi fut longtemps pour les pratiquants de l’Eglise apostolique et romaine le jour du maigre et que beaucoup de bigotes interdisaient même à leur entourage l’absorption de vin ce jour-là. Lorsque l’interdit fut levé dans un département pieux comme l’Aveyron l’aligot, plat du vendredi, faillit trépasser.

 

Mon taulier est ainsi fait, il ne rate jamais une occasion de le souligner, auprès de ceux qui s’étonnent de sa prolificité épistolaire, que «  moins il en fait mieux il se porte » car il garde la nostalgie des bœufs enjugués de son pépé Louis qui dans son livre d’Histoire de France tiraient à pas lents les lourds chars à bancs des rois fainéants.

cartes-postales-photos-Le-Char-des-Rois-Faineants-ROUEN-760.jpgSon premier mouvement, lorsqu’au cœur de l’été, avec beaucoup de doigté, Iris l’a sollicité pour cette éphémère présidence, même si son ego en fut flatté, son premier mouvement fut de décliner l’invitation. «Il fait trop beau pour travailler… «  chantaient – euphémisme gentil – sur une musique de Claude Bolling les Parisiennes en 1962 (vidéo en fin). Et c’est à cet instant que son célèbre esprit d’escalier entra en scène : Parisiennes = femmes = François Truffaut = L’Homme qui aimait les femmes et il a dit oui. Ensuite, selon une tradition bien établie chez lui, il a réfléchi et s’est dit : mon Dieu il va falloir que je ponde une chronique sur ce thème improbable ! Et comme de bien entendu il en a pondu deux. Méfies-toi de l’eau qui dort lui disait souvent sa mémé Marie.link et link

  

Et puis vint le grand jour où le taulier lui-même du encore s’y coller link, exceptionnellement il fit court et alors qu'il pensait pouvoir se reposer sur ses lauriers, son regard ébahi vit déferler de toute part, comme autant de pétales de rose semés sur une autoroute, les beaux papiers consacrés à ce fichu vin qui aimait les femmes. Face à une telle abondance que faire ? Lire bien sûr ! Mais encore : faire une distribution de prix avec lauriers incorporés ? Tenter comme au Parti Socialiste la synthèse ? Que nenni, le taulier ne voulait plus en fichtre une ramée ! Alors, il ne me restait plus qu’à m’y coller.

 

Avec la complicité d’Iris et d’Eva – solidarité féminine – j’ai collationné les contributions. A tout seigneur tout honneur le premier à avoir dégainé est le grand chêne tutélaire de la blogosphère Olif : link et le tableau ci-dessus Corps dans décor ©Mme Olif

 

Je dois vous confier qu’à la lecture de cette chronique le taulier en fut tout ému et qu’il m’a confié « tu vois Marie ça c’est de la belle ouvrage, du cousu-main, à cent lieues des mets réchauffés des passeurs de plats. Quand je pense aux crétins qui ostracisent Olif de leur petit dédain il me prend des envies de castagne.

 

Pour ma part j’ai beaucoup aimé le Bétourné link. Quelle plume ! Quel souffle ! Il va falloir, nous sommes voisins, que je l’invite à faire une descente sur mes terres girondines pour que nous conjuguions nos élans. Dans la catégorie inventivité le clip de MISTER VICKO WINE 319202_2273868613426_1449990575_2382650_618392257_n.jpg

Bravo à toutes et à tous de la part du Taulier qui est tout, sauf un sage en dépit du blanc de ses cheveux. Continuez à nous faire rêver sur vos sympathiques chemins de traverse car vous participez ainsi efficacement à l’extension du domaine du vin. Ne changez pas, gardez votre fraîcheur et votre enthousiasme ! Le taulier embrasse les filles moi les garçons, lui et moi sommes les deux faces de Janus. C’est bigrement commode et nous n’avons pas besoin d’attaché de presse.

 

Le taulier encore embrumé de sommeil me signale qu'il vient de confier son sceptre ou son son cep de Président au Vénérable Olif qui régnera sur la quarantième session des Vendredis du Vin link. Et de conclure en s'étirant qu'il partait à Tanger où « Au Wine Bar du Minza : ô zelliges d'azur,

Piliers immaculés! Les paradis impurs

Font naître  chez Burroughs l'idée du festin Nu :

L'Amérique est chez elle, déclassée,saugrenue.

 

La mer guérit les maux des âmes et des coeurs,

Une forte envie de rien peu à peu vous pénètre.

Se laisser vivre ici? Le sage a dit « Peut-être...», Olivier Barrot Lettres à l'inconnue hoëbeke

Popaul-0033-200x300.jpg  20111001-043511.jpgvendanges-cornas-2011-414.jpg 2.jpgjambes.JPG554487_DNE444V5VKKDU6DAHGGNJSYEHR1MX5_486161_H143031_L.jpgmas_jullien-320x200.jpeg68710159.jpg313749_2385417402929_1475590109_2581230_957179914_n.jpg3033089750_1_7_BGh9Pm0N.jpg

-      Le blog   de Guillaume Du Morgon dans les veines : link

 

-      Le blog   Les savoureuses tribulations d’Audrey :  link

 

-      Le blog d’Eva :link

 

-      Le blog d’Iris : Journal d’une vigneronne : link

 

-       Le blog Eyes Wine Open : link

 

-       Le blog un mets dix vins : link

 

-         Le blog de mas Coris : link

 

-         Le vlog d’Obiwine : link

 

-         Le blog Saveur&Passion : link

 

-         Le blog de Binbin fou de vin : link

 

-         le blog Vin Cœur : link  

 

-         le blog mononiaquement alsace : link

 

-         le blog le Vin des Cousins :link

 

-         le blog de Michel Smith : link

 

-         le blog d’Antonin le Vindicateur : link

 

-         le blog Papilles et Papottes : link

  

-         la page FB de Stéphane Couturier : link

 

-         le blog de Bicéphale Buveur : link

  

-         le blog Ethiquettes : link

 

-         le blog Vimeo : link

 

-         le blog d’Isabelle Perraud Côtes de Molière : link

  

-         le blog J’aime ton Wine : link

 

-         des photos sur FB

 

1- Antoon Laurent : link

2- Antonin le Vindicateur link

3- Franck Merlozlink

4- Rémi Bousquet link

5- Gilles Hourquet link

 6- Rémi Bousquet n°2 link

MISTER VICKO WINE from thomas-cabrol.TV on Vimeo.

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6 octobre 2011 4 06 /10 /octobre /2011 08:45

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Cet exorde de Steve Jobs aux étudiants de Stanford en 2005 je le partage et je vous invite à en faire un de vos principes de vie…

 

« Si vous vivez chaque jour comme si c'était le dernier, un jour vous aurez certainement raison »

« Personne ne veut mourir. Même ceux qui veulent aller au paradis ne veulent pas mourir pour y aller. Pourtant la mort est une destination que nous partageons tous. Personne n'y a jamais échappé. Et c'est comme cela que ce doit être, parce que la mort est certainement la meilleure invention de la vie. C'est l'agent de changement de la vie. Il retire le vieux pour faire place au neuf. Votre temps est limité, ne le gaspillez pas en vivant la vie de quelqu'un d'autre. Ne vivez pas avec le résultat des pensées des autres. Ne vivez pas avec le bruit des opinions des autres masquez le son de votre propre voix intérieure. Et plus important, ayez le courage de suivre votre cœur et vos opinions. Ils savent déjà ce que vous voulez vraiment devenir. Tout le reste est secondaire. »

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6 octobre 2011 4 06 /10 /octobre /2011 00:09

A3271.jpgChez les maîtres de la haute cuisine française je n’y vais pas souvent vu le niveau  des additions que je paie. Cependant quand je m’y risque je suis estomaqué par le prix de la bouchée et je dois avouer que  lorsque je sors de ces temples chichiteux le plus souvent : j’ai faim ! Alors, pourquoi y vais-je ? Pour confronter les écrits des critiques patentés à la réalité de l’assiette. Le comble c’est que certains princes de la haute cuisine ne vous laissent même pas le choix des mets : tout est à prendre ou à laisser. Certains plumitifs au tour taille digne de Bibendum se pâment et s’épandent en des chroniques sur leurs blogs jusqu’à nous en donner une indigestion. Plus les portions sont congrues plus leur plume fait des pâtés. Il est vrai qu’ils ne sont pas là pour manger et que le poids de l’addition leur importe peu.

 

Comme je n’ai aucune légitimité à clouer au pilori tous ces maîtres de bouche adulés et leurs thuriféraires stipendiés je préfère donner la parole à Gérard Oberlé. Il s’agit d’un extrait de l’entretien qu’il accordé à Jean-Claude Bonnet pour le n° de Critique de juin-juillet 2004 consacré à la Gastronomie.

 

J.-C. B – Vous écrivez dans Salami : « La frontière entre cuisine et gastronomie est aussi spécieuse que celle que les refoulés d’appétit dressent entre pornographie et érotisme ? »

G.O. – Le statut de gastronome est un peu décoré, un peu chic. Moi je ne me définirais jamais comme gastronome, mais comme mangeur et comme gourmand.

 

J.-C. B – Le classement des guides est quelque chose qui vous gêne ?

G.O. – Le guide Michelin a fait son temps. Michelin annonçait d’ailleurs, avec beaucoup de clairvoyance, en publiant le premier de la série : « Il va durer un siècle ». La cuisine qui y  a été si longtemps défendue n’intéresse plus que quelques milliardaires. Les mœurs culinaires ne peuvent plus coller au schéma dans lequel on a voulu enfermer ce qu’on appelle une grande table.

 

J.-C. B – Mais il faut bien une critique et une évaluation gastronomique ?

G.O. – Oui, mais on ne peut plus faire des guides de l’excellence selon ces critères-là. Je suis contre la compétition qui a des effets extrêmement pervers (en encourageant toutes sortes de frais annexes) au détriment de la cuisine elle-même. Sans céder à l’obsession du classement, qu’on se borne à décrire les établissements qui le méritent.

 

J.-C. B – que pensez-vous de Ferran Adria et de son restaurant El Bulli à Cadaquès ? Est-il vrai, comme on l’entend parfois, qu’il ne se passe plus grand-chose en France ?

G.O. – Oui, la France a un sérieux coup dans l’aile. Autrefois il y avait un grand nombre de bonnes tables accessibles à beaucoup de gens. Aujourd’hui c’est trop cher et on n’a pas ce qu’on aime. A 300 euros par personne, si on y va à trois, c’est plus que le SMIC. Je trouve cela indécent. Par ailleurs il y a quelques jeunes cuisiniers qui n’ont qu’un étoile ou deux, qui sont très inventifs et font de l’excellence avec des produits moins chers. Quand à El Bulli, c’est tout à fait autre chose. On ne paie pas plus de 70 euros. Ferran Adria aborde la cuisine en chimiste timbré, parce que les Catalans sont fous, mais c’est profondément sincère. Il peut vous apporter une coupe fermée, dont se dégagent des parfums incroyables, mais il n’y a rien à manger ni à boire : il n’y a que l’esprit d’une chose qu’il a réussi à y enfermer. C’est vraiment une démarche artistique. Il jure qu’il s’arrêtera quand il aura le sentiment d’avoir fait le tour de ses expériences.

 

J.-C. B – Vous aimez le décor en cuisine ?

G.O. – Pas toujours. Les cuisiniers veulent tous un statut d’artiste, de sculpteur. Ils font de la cuisine exclusivement « à l’assiette » pour faire des tableaux, alors qu’il y a des cas où il faut la bête entière avec du tranchage ou la cocotte en fonte. Je préfère voir arriver le chariot des desserts plutôt que d’avoir des compositions nombrilistes dans l’assiette.

 

La messe est dite. Les propos d’Oberlé sont toujours d’actualité, ça empire même. Certains vont m’objecter que ça n’a guère d’importance puisque ces tables sont hors de portée du commun des mortels. J’en conviens mais, tout comme pour la folie des prix des GCC, madame et monsieur tout le monde ont le sentiment, et il est justifié, que plus le monde va mal et plus certains vont de mieux en mieux. Ce climat délétère où les « élites » dirigeantes s’accommodent, voisinent aux mêmes tables de haut luxe avec des filous de haut vol, favorise la montée des démagogues, le slogan si facile « tous pourris ! » Vous m’objecterez que les chefs toqués n’en sont pas responsables, ce qui est vrai mais leur folie des grandeurs participe à l’air du temps : une forme d’indifférence hautaine à l’angoisse des gens. Quant aux plumitifs je les trouve assez pitoyables lorsqu’ils font comme si leurs écrits s’apparentaient à de la critique dites gastronomique. Comme pour le cinéma c’est de la promotion.

 

Reste le vin dans ces temples du mauvais goût – je fais allusion au décor et à la pompe de bourgeois enrichis – inabordable ! Si c’est cette table-là que nous avons fait reconnaître par l’UNESCO nous sommes bien mal partis sauf pour la chasse aux nouveaux millionnaires…

Attention, je ne mets pas toutes les hautes tables dans le même panier, par bonheur certains n’ont pas oublié qu’on vient chez eux aussi pour manger et boire mieux que chez soi sans pour autant se sentir indécent en jetant son argent par les fenêtres.

 

Le tableau illustrant ma chronique est Le Déjeuner d'huîtres 1735 de Jean-François De Troy huile sur toile 180x126 musée Condé à Chantilly.

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5 octobre 2011 3 05 /10 /octobre /2011 00:09

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« Piscis captivus vinum vult, flumina vivus : poisson pêché réclame le vin, poisson en liberté recherche l’eau. Et la morue ? Elle veut des vins rouges, et je le proclame (…) Je fais ici référence à la morue ressuscitée, non à la fraîche, qui peut se manger avec tout ce que l’on veut, bien que le vin blanc, si possible fruité lui convienne mieux. Mais la morue ressuscitée appelle des rouges légers, jeunes, à ceci près que certaines recettes portugaises tolère un vin du Duero un peu plus mûr, et les plats basques un bordeaux ou un rioja ayant déjà du corps. Enfin, post vinum verba, post imbrem nascitur herba, l’herbe naît après la pluie, les paroles après le vin, et moi je parle de vins et je fais comme si j’en avais bu en réalité, alors qu’il s’agit seulement pour moi d’enivrer mon imagination. »

 

C’est Manuel Vázquez Montalbán qui est l’auteur de ce texte, romancier, essayiste, poète et journaliste ce catalan prolifique* était un spécialiste de la morue puisqu’il a écrit Discours de Robinson sur la morue (roman inédit). Pour le vin c’est une autre paire de manche : à vous de nous dire ce qu’il faut boire avec du bacalao pil pil !

 

Notre spécialiste nous rejoue, à la manière basque en se jouant des lois de la substantation  des corps, la préparation dite al pil pil telle qu’il l’avait dégusté au restaurant Akelarre de San Sebastian.

 

« Je revois l’image de ce triangle momifié par l’air ou le sel pour le retrouver émergeant de la glorieuse émulsion obtenue par sa propre gélatine, l’ail, l’huile d’olive, les rondelles de piments séchés, ainsi que par le va-et-vient rythmé que le cuisinier imposait à la casserole au-dessus du feu, suffisamment haut pour que la chaleur encourage le processus mais ne le contrarie pas. Jamais personne n’est parvenu à un tel prodige, ni l’inventeur de la roue, ni celui du préservatif. Il a fallu des millénaires pour que le primate descendu de son arbre et se risquant dans la savane pour y découvrir le feu, l’agriculture et le droit à l’accumulation primitive parvienne à mettre au point la formule du bacalao pil pil dans le laboratoire de son cerveau, où chaque seconde se retrouvent la mémoire, la réalité et le désir d’ordonner la dialectique qui met en relation hasard et nécessité. 

Alors, si un jour tu t’assois devant un tel plat, ô toi qui lis ce message de naufragé, commence par déguster les fragments de chair ambrée du poisson, n’oublie pas ensuite la sauce, dont seule une cuillère d’argent sera digne, et, enfin, ne daigne pas la peau de la bête ressuscitée, qui n’a pas cette mollesse fade des autres épidermes de poisson car l’émulsion, en lui faisant perdre sa gélatine, lui a donné une saveur et une texture aussi inoubliables que celle de la peau du canard laqué façon mandarin chinois. Et une fois ce prodige dans tes entrailles, ferme les yeux, ne pense plus que tu partages la condition d’humain avec tous les assassins les plus sadiques de l’Histoire, revendique au contraire, haut et fort, le miracle de la transsubstantiation des momies de poisson en délectable subtilité, grâce à laquelle le palais est définitivement convaincu  de son existence… » 

 

C’est beau, vous ne trouvez pas ?

 

Reste à l’auteur à nous livrer sa propre recette de bacalao pil pil à la courgette et à la menthe aquatique.

 

« Après avoir fait dessaler la morue dans un bain d’eau froide renouvelée quatre fois en trente-six heures, il faut  enlever les arêtes et les écailles en prenant soin de ne pas abîmer la peau, génératrice de l’irremplaçable gélatine. Ensuite, peler une courgette, la couper en dés d’un centimètre que l’on fera frire dans une huile d’olive vierge. A mi-cuisson, on ajoutera la menthe aquatique hachée en julienne et l’on gardera le tout au feu encore cinq minutes en salant légèrement. Dans une autre pêle où l’on aura versé trois décilitres d’huile, on fera revenir trois gousses d’ail coupées en lamelles qui, une fois dorées, seront retirées pour laisser la place aux  tranches de morues disposées avec la peau en haut, pratiquement immergées dans l’huile, et cuites à feu lent plutôt que frites, afin de laisser la gélatine sortir  de sa cachette. On placera ensuite la morue dans une casserole en terre cuite, on versera dessus l’huile et l’ail en imprimant à la casserole un mouvement giratoire pour faciliter l’émulsion de l’huile et de la gélatine, un peu comme une mayonnaise. Puis, lorsque le mélange est sur le point de se figer, on ajoutera la courgette et la menthe en évitant toujours l’ébullition, qui risquerait de rompre la liaison de la sauce. J’ai vu la morue ambrée servie sur un lit de courgette et de menthe, nappée de la glorieuse émulsion. J’ai vu, et j’ai eu la grâce. »

 

  •  né le 14 juin 1939 à Barcelone, décédé le 17 octobre 2003 à Bangkok en Thaïlande. Il est surtout connu pour les romans policiers de Pepe Carvalho. Personne inclassable, il se définissait lui-même comme un « journaliste, romancier, poète, essayiste, anthologiste, préfacier, humoriste, critique et gastronome » ou plus simplement comme « un communiste hédoniste et sentimental ».

L'onomatopée "pil-pil" viendrait du mouvement rotatif nécessaire à son élaboration.

 

Il existe une controverse entre les cuisiniers sur la façon de cuire la morue.

Pour les uns, la morue doit être disposée la peau vers le haut pendant 5 minutes puis retournée pour faire le mouvement de rotation du "pil pil".

Pour les autres, au contraire, la morue doit être disposée la peau en bas lors de la première phase et le "pil pil" se fait ensuite avec la peau vers le haut.

Cette controverse porte en fait sur la meilleure façon d’extraire la gélatine du poisson afin de réaliser l'émulsion caractéristique du plat.

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