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2 octobre 2011 7 02 /10 /octobre /2011 00:09

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Je consomme beaucoup italien, y compris des nourritures de l’esprit. En effet, comme l’écrit Corrado Augias dans son petit opus « L’Italie expliquée aux français » café Voltaire chez Flammarion j’aime « ce pays d’excellence pour la mode, le design, l’architecture, la musique, certains sports, la cuisine, le vin, et une qualité de vie qui reste bonne, malgré tout. » Bien sûr reste le pourquoi de la longévité de Berlusconi mais ça c’est le sujet du livre d’Augias.

Dans son dernier chapitre, Corrado Augias évoque la transformation de la façon de faire de la politique qui se fait maintenant à l’échelle planétaire. « les formes typiques de la démocratie de masse du XXe siècle sont révolues et il existe aujourd’hui un despotisme plus insidieux que celui des grandes idéologies totalitaires du siècle dernier. Il s’agit de formes nouvelles, qu’Alexis de Tocqueville avait déjà repérées, dans De la démocratie en Amérique, les qualifiant de « despotisme doux »  9782081264359_cm.jpg

Ne fuyez pas jeunes pousses de la blogosphère, lire Tocqueville ne relève pas de la ringardise mais de la calcification de votre colonne vertébrale. L’actualité de son propos est proprement stupéfiante et même si vous n’en tirez pas la substantifique moelle pour être des citoyens plus conscients j’espère qu’il vous fera un peu prendre conscience que le fun ne peut pas tenir lieu de seul principe de vie.

 

« Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde : je vois une foule innombrables d’hommes semblables et égaux qui tourner et sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme. Chacun d’eux, retiré à l’écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres : ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l’espèce humaine ; quant au demeurant se ses concitoyens, il est à côté d’eux, mais il ne les voit pas ; il les touche mais ne les sent point ; il n’existe qu’en lui-même et pour lui seul, et s’il lui reste encore une famille, on peut dire du moins qu’il n’a plus de patrie. »

 

Tocqueville, de la Démocratie en Amérique (vol. II, 4e partie, ch.VI), Folio, 1993, p.434.

 

« Pour s’imposer, ce despotisme n’a besoin ni d’un coup d’État ni d’une police secrète qui frappe à la porte à 4 heures du matin. Le despotisme doux est composé à la fois de bienveillance, de  complaisance, de séduction, de la diffusion d’informations fausses ou tronquées, de charisme de la part de celui qui veut l’imposer et d’une « passivité » substantielle des citoyens. Dans la société contemporaine fondée sur la force des médias et des images, ce despotisme se présente comme une mixture meurtrière où tout se mélange : « Publicité, produit, marketing, crédit facilité à la petite consommation, désir de fun et d’évasion, espoir de rester jeunes longtemps et de profiter longtemps de la vie sexuelle, une vague aspiration à une vie abondante et désinvolte, un voile de spiritualité religieuse et de pathos… »

 

Ces lignes sont tirées du livre Il Mostro mite (Le Monstre doux), de Raffaele Simone, un vaillant linguiste qui s’est également occupé de problèmes sociaux. »

 

Oui comme Corrado Augias je pense que la nouvelle élite mondialisée « est dominée par ce modèle » qui cache sa violence sous une fausse légèreté, une cosmétique chatoyante, une décontraction hautaine avec pour solde de tout compte des engagements soft dans le biseness de la charité ou les leurres des ONG. Même le mouvement des « indignés » participent à ce recul de la citoyenneté. Tout ça nous amène loin du vin m’objecteront certains ? Moi je n’en suis pas si sûr car sur l’espace où je chronique j’ai très souvent le sentiment de côtoyer parfois des gentils petits avides courtisés par des hommes-liges qui, comme l’écrivait Tocqueville, tournent sans repos sur eux-mêmes, étrangers à la destinée de tous les autres.

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1 octobre 2011 6 01 /10 /octobre /2011 00:09

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Eugen Weber (1925-2007) est étasunien, professeur à l’Université de Californie à Los Angeles, spécialiste de l’histoire politique et sociale de la France. Mona Ozouf dan sa préface écrit « On entre dans le livre d’Eugen Weber comme dans un conte, sous la douce injonction d’un « il était une fois » : dans le pays où il nous entraîne, les nuits sont très noires, les forêts très profondes, et les chemins, des fondrières. Chaque village vit remparé, replié sur lui-même et ses proches entours, et rien ne semble y bouger : ce que les hommes font, ils l’ont toujours fait, l’origine des usages se perd dans la brume des temps. »

 

La peur « tous ceux qui passent sur les routes (...) sont des figures inquiétantes »

« La ville est loin, très loin, on n’y pense que lorsqu’elle dépêche au village ses émissaires, « chapeaux à cornes » ou « manteaux bleus » (...) qui parlent de conscription ou d’impôt, s’opposent à ce qu’on ramasse le bois mort en forêt, les épis dans les champs (...) empêcheurs de danser et de boire, qui troublent et menacent l’ordre éternel des travaux et des jours. »

« C’est un monde de la violence, où la jeunesse s’affronte en batailles rangées à coup de pierres ou de méchants gourdins, pour un mauvais propos, pour un morceau de lard dérobé : les fusils partent très vite, les blessures graves, voire les meurtres, ne sont pas rares. »

« Un monde de la misère, ou au moins de l’extrême pauvreté : tout ce qu’on peut vendre, œufs, beurre, volaille, on le garde pour le marché (...)

« On mange mal, bouillies et panades, on se lave peu, on s’éclaire et se chauffe chichement (...). »

 

Mais Eugen Weber ne sombre pas dans le misérabilisme ni le folklore « il restitue un monde que nous avons perdu et le saisit au moment où il va disparaître. » Le titre français passe comme souvent à côté de l’essentiel que « disait fortement le titre anglais : Peasants into Frenchmen. » Ce livre est bien l’histoire de la mue des paysans en citoyens français que d’attachement à leur terroir. « Français ils l’étaient de fait. Mais ils n’en avaient qu’une conscience confuse. Interrogés sur leur origine, ils répondaient qu’ils étaient de Castelnau ou de Locquirec, et ne savaient en dire davantage. Le pays, pour eux, ne coïncidait nullement avec la patrie, et pouvait même si opposer » (la guerre de Vendée).

 

Ceux qui me lisent depuis l’origine sentent la proximité que j’éprouve vis-à-vis d’Eugen Weber. Proximité renforcé par son souci « d’habiller de chair le squelette des idées. » En effet, en abordant un sujet qui n’était pas auparavant dans son champ d’étude (c’était plutôt la ville, les idées politiques professées par les esprits éclairés), « Weber découvre l’étroitesse du point de vue des citadins, ceux qui possèdent le pouvoir et la parole, et veux désormais faire toute leur place aux individus obscurs, humiliés et opprimés, qui n’ont pas de mots pour dire leurs besoins, leurs intérêts et leurs souffrances, et ne disposent que d’une seule arme, la force d’inertie. »

 

Oui Eugen Weber jubile – moi aussi d’ailleurs – lorsqu’il pourfend « l’abstraction, ce péché français » et donne « libre cours à la passion anglo-saxonne du petit fait vrai et du détail significatif, ce qu’Henry James nomme la propension à « longer sans trop de risques la rive commode des anecdotes et des petits faits biographiques » Lorsque je raillais le « reporter » de Télérama avec son Languedoc-Roussillon san chair, sans hommes, sans ce qui fait la vie j’exprimais ce même besoin de saisir l’infiniment petit qui comme le note Mona Ozouf est « meilleur antidote à l’uniformité galopante de la modernité » link) Ce qui m’étonne c’est que certains, pourtant contempteur de la pensée dites unique, ne se salissent jamais les pieds dans la poussière des terroirs qu’ils disent aimer. Ce livre d’un « amoureux du multiple » est pour moi un livre de référence car il remet en place toutes les inepties brassées sur notre fameuse identité nationale.

 

C’est gros livre de 713 pages notes comprises, au prix léger par rapport au contenu : 16 €, avec une remarquable préface inédite de Mona Ozouf dont je me suis servi pour vous donner envie d’acquérir cet ouvrage remarquable. Dans les jours jqui viennent je publierai un extrait qui a trait à notre boisson chérie : le vin. 

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30 septembre 2011 5 30 /09 /septembre /2011 00:09

Puisque l’improbable président que je suis de cette 39ième  session des Vendredis du Vin dont j'ai choisi le thème, c'est mon seul privilège, le vin qui aimait les femmes, a connu le temps béni des télégrammes plutôt que de tapoter sur mon clavier digital un fugace sms « je t’m label » je vais tenter de dicter mes mots à une demoiselle des Postes aussi avenante que Simone Signoret en tentant de me glisser dans la peau du grand Yves Montand. (Voir vidéo ci-dessous) ( à lire absolument pour comprendre ce qui suit : link  et link)

 

Mes chéries,

 

Je suis un bel enfant du terroir de Champagne –stop – j’ai les pieds posés entre deux terroirs celui de Mareuil s/Aÿ et d’Écueil – stop – sans me vanter on dit de moi que je suis un Champagne d’exception – stop – avant d’être le raisin qui me fera être mes pieds sont dans l’herbe et mon sol labouré – stop – issu de raisins exceptionnellement très mûrs je n’utilise que le sucre naturel de mes raisins – stop – du glucose et du fructose qui sont de la famille des hexoses contrairement au saccharose – stop - je tire de cette naturalité mon nom qui est très Guerre des étoiles : 2Xozstop -  pour ce millésime 2004 je suis le fils du Terroir d’Ecueil « les glaises » - stop - mais je pourrais être aussi le fils du terroir de Mareuil s/Aÿ « le chemin des bois » comme le futur millésime 2006* - stop – je suis un premier Cru toujours issu de petites parcelles de vieilles vignes  plantées exclusivement en cépage Pinot Noir - stop – rien qu’un hectare en tout en 5 parcelles je suis donc rare : 2547 bouteilles pour la cuvée 2007 – stop – mes géniteurs sont deux jeunes vignerons : Elodie&Fabrice Pouillon www.2xoz.fr qui ont uni leurs cœurs et leurs vignes depuis 2004 – stop – je suis issu d’une élaboration artisanale : fûts de chêne, levures indigènes, ni filtration, ni collage – stop – comme je suis un petit être fragile je suis mis dans ma bouteille par gravité – stop – voyez-vous je suis fait pour vous aimer – stop – mais j’ai trop parlé de moi mes belles qui m’ensorcellent – stop – je vous aime – stop – je vous aime – stop.

 

Signé : 2Xoz

 

Mot du Président Provisoire des Vendredis du Vin pour clore cette 39ième consistoire :

 

Je puis vous assurer très chères lectrices et ausi chers lecteurs que ce Champagne 2Xoz qui doit beaucoup à la main a rempli plaisamment  le contrat assigné à ce thème un peu berthomesque  du vin qui aimait les femmes. Surprends-les avais-je écrit ! Dans toutes ces déclinaisons : j’ai dégusté les millésimes 2006, 2007, 2008, de 2Xoz  qui ne sont pas encore sur le marché et qui ne seront pas forcément millésimé et j’ai craqué pour le Terroir de Mareuil s/Aÿ « le chemin des bois » (2008 et 2006). Des grands séducteurs, élégants, plein d’une belle vitalité toute en souplesse, finesse et complexité. Vous tomberez sous leur charmes mesdames, faites confiance à ma part de féminité qui se traduit par mon goût immodéré des beaux tissus. Le visuel Champagne 2XozTerroir d’Ecueil, « les Gyllis » 2007 et « les Glaises » 2004 plus droit, se livre moins facilement, est moins chatoyant, mais possède la séduction des beaux ténébreux. Enfin pour ne rien vous cacher comme la masculinité du vin n’est que grammaticale l’inversion de ma proposition va de soi : la séduction joue en miroir. Pour vous tous grands amoureux je lève ma flute de 2Xoz millésime 2004 : que du bonheur !

 

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29 septembre 2011 4 29 /09 /septembre /2011 00:09

photoDoisneau4.jpg« Giraud vous raconte des histoires sur le ton d’une simple conversation, exactement comme si vous étiez avec lui au comptoir devant un bon beaujolais chez Fraysse ou bien chez Paulo qui verse l’Algérie dans des demis.

 

Écoutez-le et voici la jolie farandole à la manière de Chéret avec l’Arbi-n’a-qu’un-œil, Bébé, le Mort, le pensif patron de la « maison », Coco le légionnaire, l’Archiduc et toute la troupe. C’est fascinant à cause de ce langage direct qui vous fait complice et qui n’a rien à voir avec l’argot des romans policiers. Les dialogues sont peut-être un peu verts ; que voulez-vous, la nuit les enfants de chœur sont couchés. Le ton devient franchement crapuleux quand Giraud raconte ce que les journaux appellent un fait divers, mais certains passages, comme entrée du « mort » dans le bistrot des halles, tiendraient gentiment leur place dans les morceaux choisis pour les élèves de sixième.

 

En traînant la savate sur les quais, en reniflant l’odeur du céleri des Halles, en perdant ses nuits dans les bistrots de Maubert, Giraud peut vous raconter Paris que vous ne pouvez pas connaître. Mais ne vous y trompez pas, Giraud n’est pas un montreur de monstres. L’essentiel, le merveilleux de ce livre, c’est que les acteurs écorchés par la nuit jouent sur des motifs vieux comme le beau monde : l’amour, l’argent, l’honneur. Il y a là-dedans un monde fou qui rêve tout haut ; et savez-vous que tout cela est vrai, Un personnage principal : le vin qui coule dans tous les figurants et surtout, sérum de vérité, qui délie les langues.

 

Extrait de l’Avant-Propos de Robert Doisneau « Le Vin des rues » de Robert Giraud  publié par Denoël en 1955 dont il signe les superbes photos dans la nouvelle édition de 1983. Cet ouvrage est toujours disponible à la librairie le flâneur des Deux rives tenue par Philippe Ouvrard, un libraire où le vin est toujours à l’honneur lors des rencontres avec des écrivains qu’il organise régulièrement au 60 rue Monsieur le Prince dans le VIe. www.leflaneurdes2rives.com

 

Giraud le petit gars de Limoges où il fait son droit pour devenir huissier, notaire ou avocat va plonger dans l’aventure pendant l’occupation. C’est là comme l’écrit joliment Doisneau « qu’il devient copain avec la nuit » En effet, « il joue cent fois sa belle jeunesse à pile ou face » jusqu’au jour où c’est pile « Giraud et ses vingt ans se retrouvent aplatis dans une cellule comme méduse à marée basse. » L’indiscipliné va y apprendre des choses qui ne s’oublient pas, « rencontrer des gars solides » et en sortir « pas à prendre avec des pincettes ».

Alors il monte à Paris pour y faire tous les métiers, même celui de voleurs de chat, mais surtout « il cherche ce maquis parisien où la vie s’improvise chaque soir. » Là il va devenir « un complice de ceux qui ne dorment pas dans les rues où coulent le vin. » Et la conclusion de Doisneau me va bien « Monsieur Giraud, vous ne serez jamais un garçon sérieux. »

 

Pour finir un extrait des écrits de Giraud et quelques photos de Doisneau.

« L’ âme du vin » au fond n’est pas tellement une rigolade, c’est mieux que ça, comme un trait d’union entre deux hommes, une sorte de rite secret, de prière à sens unique. »

 

Bien sûr Giraud et Doisneau nous projettent dans un Paris englouti, gluant, vivant, dur mais digne, populaire, gouailleur et travailleur, que les nouvelles générations de buveurs chics auraient grand tort de mépriser : le vin des rues de Giraud vaut largement celui des bars à vins d'aujourd'hui du type O ’Château…Autre temps bien sûr mais la pâte humaine me semble bien plus mince... Sans doute suis-je un VC...

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27 septembre 2011 2 27 /09 /septembre /2011 00:09

imagesLFL.jpgLouis Fabrice Latour, Président du Directoire de la Maison Louis LATOUR (Beaune) Président de la FEVS depuis le 6 avril, a commenté  les chiffres de nos exportations de Vins et Spiritueux au premier semestre.

 

Je n’y étais pas, chez les exportateurs les blogueurs connaissent pas ! Si on m’avait invité j’aurais posé quelques questions à Louis-Fabrice, mais bon faut se faire une raison. A la FEVS on cause en valeur les euros donc, les volumes : les hl c’est bon pour les statistiques des officines publiques. Je suis injuste, les volumes sont indiqués en caisses* (soit 67 millions de caisses pour les vins et 23 millions de caisses pour les spiritueux) Sans vouloir jouer les petits rapporteurs – ce qui m’a toujours valu de me faire houspiller- je me dois tout de même de souligner que la mise en avant de nos résultats en valeur permet de masquer  nos pertes de parts de marché.

 

* Je rassure les néo-consommateurs la caisse n’est pas une tire customisée mais l’unité de mesure internationale des volumes de ventes des vins et spiritueux. 1 caisse représente 12 bouteilles de 75cl soit 9 litres de produit. Ça vient de Bordeaux !

 

Bref, je vous livre les propos de Louis-Fabrice tels qu’ils sont rapportés par le communiqué de presse et je sais par avance qu’il absoudra mon impertinence.

 

 « Nos interrogations en fin d’année dernière tournaient autour de la consommation réelle des volumes exportés. Les bons résultats du premier semestre 2011 nous démontrent que ce qui a été acheté en 2010 a aussi été bu. Les stocks ont dû être reconstitués rapidement. Toutefois, nos produits sont très sensibles à la conjoncture économique. Avec la crise que nous traversons, la consommation et donc nos exportations pourraient s’infléchir au second semestre. »

« Par ailleurs, les chiffres d’affaires des premiers semestres 2008 (année record) et 2010 pour les 20 premiers marchés sont similaires : environ 3,9 milliards €. Plusieurs constats peuvent être faits :

‐ 90 % des exportations en valeur se concentrent sur 20 pays.

‐ L’Union Européenne connaît une dégradation importante de sa part de marché en valeur.

‐ Les entreprises de négoce en vins et spiritueux continuent de mettre l’Amérique du Nord (Etats‐Unis et Canada) au cœur de leur stratégie de développement.

‐ L’Asie explose avec des locomotives puissantes à l’exportation (Cognac, Champagne et Bordeaux). »

 

Donc, dans une conjoncture anxiogène, dans la vieille Europe surtout, moral dans les chaussettes nos exportations de vins et spiritueux ont connu une croissance de 12% au premier semestre, pour atteindre 4,3 Milliards d'€. Sur ce total, les vins ont progressé de 14% à 3 Mds d’€, soit 67 millions de caisses, et les spiritueux de 8,5% à 1,3 Md€, soit 23 millions de caisses.

 

Ce sont les exportations de vins qui sont en vedette : 3 milliards € (+14 %), 67 millions de caisses. Les vins tranquilles d’appellation d’origine protégée connaissent une progression de leurs exportations de 23% en valeur (soit 1,6 milliard). Les plus fortes progressions en valeur sont faites par les Bordeaux (+34%), par la Bourgogne (+15%) et les Côtes du Rhône (+19%).

 

Le Champagne qui représente 19% à lui seul de nos exportations globales de vins et spiritueux continue de se renforcer à l’export (+16 % en valeur, +9 % en volume).

 

Du côté des spiritueux : 1,3 milliard (+8.5%), 23 millions de caisses, après une reprise rapide en 2010, les spiritueux français renforcent leurs parts de marché. La valeur dégagée par les exportations de Cognac progresse de +13,5% sur les 6 premiers mois de 2011. Les deux autres piliers des exportations de spiritueux – Liqueurs et Vodka – consolident leurs positions à l’export avec respectivement +2% et +6% d’évolution en valeur.

 

Comme l'a souligné Louis-Fabrice au premier semestre 2011, le classement des 20 premiers marchés (90% du chiffre d’affaires des exportations) n’évolue pas significativement par rapport à l’année dernière :



‐ Les EtatsUnis conservent leur première place (12 millions de caisses pour 782 millions €).

‐ La place stratégique de lAsie pour le développement de nos exportations se confirme : avec la Chine (+45% en valeur), Singapour (+38%) et Hong Kong (+69%).

Si, sur le marché américain, la diversité de nos productions est mise en avant, le marché chinois est tourné vers deux de nos appellations : le Cognac et les Bordeaux. Ces deux produits représentent à eux seuls plus de 80% des exportations françaises de vins et spiritueux.

LUnion Européenne reste la première zone d’exportation (principalement pour les vins) : 54 millions de caisses de vins et spiritueux pour 1,7 milliard €. Royaume‐Uni et Allemagne conservent leur 2ème et 3ème place dans le classement : Royaume‐Uni (+9% en valeur) et Allemagne (+6%).

 

Les Etats-Unis restent donc en tête avec 12 millions de caisses importées (782 ME). L'Asie est toujours en plein boom, avec la Chine (+45%) ou Singapour (+38%) notamment.

 

La FEVS indique que l'évolution favorable s'est poursuivie en juillet puisque les revenus à l'export du secteur ont progressé de 12,2% sur 7 mois, à 5,1 Md d’€.

 

Note de l’impertinent taulier

En ces temps difficiles, j’aimerais tant que ce géant – je fais référence ici  bien sûr à notre secteur et non à Louis-Fabrice qui lui se contente d’être grand - ait la voix qui porte jusqu’à ceux qui nous gouvernent et à ceux qui ambitionnent de le faire. Quand cesserez-vous de nous ignorer ou du moins de nous abreuver de beaux discours de circonstance et de nous brosser en temps électif dans le sens du poil.

 

Depuis des décennies nous sommes aux abonnés présents avec une constance sans faille et une absence de subventions, nous sommes l’incarnation de la vocation exportatrice de la France agricole, bien plus que les céréales. Mais alors pourquoi tant d’indifférence ? Pourquoi donc, le monde du vin dans toute sa diversité sociologique, géographique, économique, sociale et politique, se voit traité avec autant de dédain. Pourquoi diable, sous la pression de lobbies qui n’ont pas toujours le nez propre ou la conscience tranquille, se voit-il accusé d’amplifier les maux dont souffrent nos sociétés. Quand va-t-on sortir de la caricature ? Quand va-t-on être adulte, citoyen et responsable. J’en appelle à un sursaut : une large fenêtre va s’ouvrir pendant quelque mois. Postons-nous dans l’embrasure. Parlons clair, parlons simple, d’une même voix, sans démagogie. Oui, nous sommes de ceux qui peuvent répondre clairement à la question « de quoi vivrons-nous demain ? » Tout de même ça mérite au minimum un peu d’attention et à l’occasion de la considération. En plus, si nous arrêtons de nous complaire dans notre immobilisme, nous pouvons regagner des parts de marché. Beau challenge, non, c’est pas le cas dans beaucoup de secteurs de notre économie…

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25 septembre 2011 7 25 /09 /septembre /2011 00:09

demontage_placard007.jpgLa blogosphère, comme souvent, s’enfle de bruits et de rumeurs sur untel ou unetelle qui serait complaisant ou même stipendié à… Comme j’adore mettre les pieds dans le plat, plutôt que d’en rester à ce vent détestable, alors pourquoi ne pas écrire que la pente naturelle de certains journalistes, et maintenant de certains blogueurs, est de passer des plats concoctés par d’autres : agences de communication, amis, relations d’affaires, puissants… Le phénomène n’est pas nouveau, il a toujours existé, ne disait-on pas que certains journalistes servaient la soupe aux hommes politiques ayant leurs faveurs ou que certaines plumes de la presse financière se vendaient aux puissances de l’argent.

 

Ne vous attendez pas à ce que j’instruise ici un quelconque procès car je n’ai jamais eu d’inclinaison pour la fonction de procureur. Mon seul souci c’est que ceux qui font du Web l’abomination de la désolation, qui affirment que le pire y noie le meilleur, que la gratuité est le gage de médiocrité, ne nous mettent pas tous dans le même sac. Là encore je n’écris pas que je souhaite séparer le bon grain de l’ivraie. Une telle césure relèverait de la suffisance et d’une posture que bien peu peuvent tenir.

 

Pour revenir un instant à la saillie de François Morel : le passe-plat, qui n’est qu’un simple guichet, remplit une fonction précise : permettre à des mets de transiter de la cuisine où ils ont été préparés à la salle où ils vont être consommés. Fonction passive mais utile qui, identifiée comme telle, n’a aucune influence sur la qualité du plat qui transite par lui. Ce qui signifie que la presse écrite, audiovisuelle et la Toile peuvent se contenter de cette passivité aux seules fins de faire transiter des informations, des opinions, des points de vue…

 

Tout le problème provient de la confusion des genres, de l’ambiguïté qui plane sur le statut de certains papiers, de la trop grande proximité économique entre l’émetteur et le transmetteur, des conflits d’intérêts. Il en va de la crédibilité, de la confiance que peuvent nous accorder nos lecteurs. Si le soupçon s’immisce entre eux et nous, je ne donne pas cher de la pérennité du phénomène blog. Nos lecteurs ont le droit de savoir ce que nous sommes, comment nous travaillons, quelles sont nos sources. En clair, leur dire que oui nous participons à des déjeuners de presse, parfois même à des voyages de presse (ce n’est pas mon cas, à une exception près : mon voyage sur l’Aubrac où je répondais à l’invitation de Christian Valette dans le cadre de mon travail sur la viande bovine). Ce qui serait grave, à mon sens, c’est de s’afficher comme « indépendant » de tout lien alors que les contraintes économiques s’appliquent aussi aux blogueurs.

 

Ne voyez pas dans cette exigence un quelconque plaidoyer « pro domo » mon statut privilégié de serviteur de la République me mettant à l’abri de ces contraintes je n’ai aucun mérite et aucune gloire à tirer de ma relative indépendance. Pour autant, j’ai des amis, des faiblesses avouées, des fidélités indéfectibles, des partis-pris injustifiables, mais je les revendique et les assume au grand jour. La seule chose qui m’irrite dans ce débat sur les « passe-plats » ce sont celles et ceux, qui voudrait nous faire accroire, sur la foi de leur bonne mine, que  tout ce qu’ils écrivent n’a rien à voir avec cette affreuse société de mercantis. Sachons raison garder, comme je l’ai écrit dans une autre chronique, nous ne vivons pas au pays de Candy et la naïveté ne se porte pas comme un gri-gri en bandoulière.

 

Sur le Net, dans la blogosphère, comme toujours, le temps fera son œuvre, et le risque est grand, comme sur la bande FM libérée en 1981 que l’espace de liberté se transforme en une zone contrôlée par quelques grands prédateurs qui auront prospéré en absorbant les plus indépendants du troupeau. L’ordre régnera à nouveau. La soupe aura partout le même goût. Elle sera servie par de vrais passeurs de plats qui se tamponneront la coquillette de leur saveur, de leur odeur : l’argent n’en a pas dit-on ! Pessimiste me direz-vous ? Oui, je le suis car lorsque les temps se durcissent, lorsque les élites se vautrent dans le mépris de la loi, la pente naturelle est bien plus encore au chacun pour soi. Gravité hors de saison sur notre belle planète du vin m’objecteront certains. En sont-ils si sûrs ?

 

Reste tout de même un beau rayon d’espoir à l’horizon : vous les lecteurs de nos petits confettis sur la Toile. En effet, les grands déverseurs d’inepties télévisuelles qui vivent des encarts publicitaires, ne seraient pas ce qu’ils sont s’il n’y avait chaque soir des gros bataillons de gens scotchés à leur écran. Alors, à notre minuscule niveau, efforçons-nous de proposer des contenus de qualité, sans pour autant être des bonnets de nuit, des déverseurs d’eau tiède, de consensus mou. Soyons nous-même, assumons notre place dans une société où le pouvoir de l’argent règne en maître. Instillons dans le long fleuve tranquille des convenus nos petites musiques sans pour autant nous draper dans une pureté, une intégrité de pure façade. La seule condition de notre survie : revenons-en à ce que fait la main : faisons nous-même notre marché, épluchons nos légumes, concoctons nous-même nos plats et servons-les comme on le faisait sur les tables familiales : simplement !

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24 septembre 2011 6 24 /09 /septembre /2011 00:09

Dans mes souvenirs germanopratins, au temps où je bouquinais au petit matin en buvant mon café à la paille et en picorant un pain au chocolat sur la terrasse du Flore, les vendanges de Robert.V.Camuto dans les vignes de Jean-Bernard Siebert, à Wolxheim, tenait une place toute particulière. L’entame de  son chapitre 2 « la colère des raisins » m’avait frappé « Je n’avais pas commencé depuis longtemps ma carrière de vendangeur en Alsace – depuis vingt minutes exactement – que je m’interrogeais sur mes chances de survie.. » Diantre m’étais-je dit, qu’un gaillard comme lui, sportif, qui s’estimait mieux conservé que la plupart des hommes de 46 ans, puisse faire un tel constat c’était que vendanger ne relevait pas d’un séjour au club Méditerranée. Notre homme qui souhaitait rompre avec la modernité « le temps d’une incursion dans le vrai monde du vin et de la France profonde » et qui, en allant chez un petit vigneron, « n’aurait pas à redouter les pièges de Bordeaux ou de Napa Valley : pas de dîner dans un trois étoiles, pas de thermalisme, pas de sortie à bicyclette pour une balade de dingue dans les vignes flamboyantes couleurs d’automne, pas de séminaires de dégustation. Juste huit heures par jour d’un boulot éreintant, dans une ambiance de vendange et de camaraderie. » Oui des bribes remontaient dans ma mémoire « Attention, ici ce n’est pas le Midi ! »  « Ici, quand on travaille, on travaille, et quand on s’arrête, on arrête. » Et dans la série des attention : « Attention aux feuilles ! » (dans le seau de Camuto il y en avait assez pour réaliser un poster « feuillage d’automne »), « Attention aux doigts ! On a déjà eu deux blessés cette semaine. »

 

Pourquoi évoquer ces souvenirs de lecture me direz-vous ? Tout bêtement parce que j’avais très envie de faire comme Camuto : me plonger dans l’ambiance des vendanges, loin de Bordeaux, chez mon poteau Olivier de Moor. Avant de prendre  ma décision définitive, et pour calmer l’ire de mon Paul qui m’avait concocté un programme digne d’un Ministre avec des gens que je n’avais pas envie de voir – vous ne pouvez pas savoir le nombre de petites lucioles excitées et de vieux bourdons poussifs qui gravitent dans le milieu du vin – j’ai relu en grande largeur le chapitre concerné « D’un Américain dans les vignes ». Si j’ai un conseil à vous donner, surtout aux Paganini de la chronique bloggeuse et vendangeuse, c’est de faire comme moi. Les premiers instants du néo-vendangeur, comme l’a écrit Camuto, sont déterminants pour la suite de sa carrière car si, « au premier gémissement » qui ne sera le point de départ d’une série, il se dit je « vais laisser tomber, rentrer à l’hôtel à pied et profiter des vins d’Alsace (où d’ailleurs, c’est selon le point de chute) » c’est déjà presque foutu. Mais, par bonheur, si je puis dire, si à ce moment-là, le vigneron l’interpelle d’un « ça va ? » où se glisse une pointe d’inquiétude et qu’il répond, en mentant, « Oui » il ne lui reste plus qu’à persévérer et à souffrir en silence.  Pour en finir avec Camuto je vous livre l’emplissage de son premier seau juste après qu’on lui ait mis dans les mains un sécateur et indiqué la rangée où il devait œuvrer « en général, deux coupeurs faisaient en même temps la même rangée, un de chaque côté, tandis qu’un autre tandem partait de l’autre bout. La grande affaire était de récolter des grappes grosses comme le poing sans couper sans couper ses propres doigts ni ceux du coupeur en face. Les grappes allaient dans le seau, et quand celui-ci était plein, on le traînait sous les vignes jusqu’à l’allée centrale, desservie par le tracteur. Lorsque sa remorque était pleine, le tracteur déversait le chargement dans une autre remorque, garée au bord de la route. »

 

Donc j’ai décidé d’aller vendanger chez Olivier à Courgis du côté de Chablis. Mais, comme j’ai très mauvais esprit je ne puis m’empêcher de vous livrer un morceau de dialogue de Camuto avec Siebert le vigneron « je mentionnai le nom d’un producteur du Haut-Rhin qui avait obtenu des consécrations internationales et dont les vins atteignaient des prix correspondant à des grands crus classés de Bordeaux. Il me lança un regard vide, puis leva les yeux au ciel. J’insistai : cela ne l’intéressait donc pas de vendre ses vins plus chers ? « Vous savez quoi ? répondit-il. Un jour, ils me mettront dans un trou de deux mètres de profondeur. On viendra verser deux ou trois larmes. A quoi me servira l’argent à ce moment-là » A méditer, non ! Même si l’envol des GCC a laissé les Crus Alsaciens loin derrière. Bon, sans vouloir jouer à la donneuse de leçons, je trouve que certains et certaines devraient tourner plusieurs fois leur plume dans l’encrier – façon de parler – avant de se la jouer grave et de nous faire accroire qu’ils sont drôles. D’ailleurs, qu’allaient-ils faire, non pas dans cette galère, mais dans ces vignes des nouveaux seigneurs de la guerre. Si j’étais méchante j’aurais écrit : saigneurs mais l’outrance n’est pas bonne conseillère. En revanche, je conseille aux agences de communication de prévoir des voyages de presse pendant la taille de la vigne car, sans contestation aucune, ça vaut la vendange ! Je suis sûre que mon amie Catherine Bernard, qui a écrit de belles pages sur cet exercice dans son livre « Dans les vignes », se ferait un plaisir de les accueillir. Elle connaît le boulot de journaliste car elle en a été une, mais elle c'était une vraie. De même je suis certain que Léon serait charmé de les recevoir aussi. En bonus, il leur ferait des exposés très argumentés sur la lutte des classes. Bref, comme je suis une fieffée bavarde je vais m’en tenir à quelques photos que j’ai prises chez Olivier de Moor. Merci à lui, et pour ceux qui ne comprendraient pas les raisons de mes réflexions sur la vendange ils peuvent s’adresser au taulier. Il se fera un plaisir de vous renseigner. Pour la photo des tomates : Noire de Crimée, rose de berne, pâtissons, patidou etc... Olivier en a plantés le long  de son chai.  

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23 septembre 2011 5 23 /09 /septembre /2011 00:09

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Le thème que j’ai choisi en tant qu’éphémère président des Vendredis du Vin link a surpris et à mis dans l’embarras les femmes qui se voyaient dans « l’obligation » de se conjuguer soudain au masculin. Mais n’était-ce pas là que pure convention, que simple jeu pour suggérer qu’un vin qui aime les femmes se doit de les séduire…

 

Le mot est lâché !

 

Les bonnes âmes de suite s’émeuvent car séduire est issu du vocabulaire ecclésiastique (le serpent séduit Eve avec le fruit défendu) et le séducteur est vite traité d’enjôleur, d’aguicheur, de coureur et même de corrupteur ou de suborneur… Séduire serait tromper ! Se méfiez des beaux parleurs, de ceux qui savent y faire ! La séduction serait l’épouse du diable. Au XXIe siècle le diable s’habille en Prada et la séduction passe toujours plus encore par des artifices : le vêtement, le maquillage, le culte du corps jeune et beau et elle se voit taxée de superficialité, d’une légèreté blâmable. Elle ne serait qu’un miroir aux alouettes où viendrait se noyer nos illusions !

 

Même si  je suis d’une insoutenable légèreté pour moi la séduction est avant tout une forme de respiration de l’âme : pour moi, plaire, charmer, séduire comme on respire, au jour le jour, sans y penser, c’est une belle façon de rencontrer les autres, de faire un bout de chemin avec eux, parfois ce ne sont que quelques pas, rien de plus mais c’est déjà beaucoup.

 

Pourquoi se priver de ce frisson ? Pourquoi refuser d’enflammer son imagination ? Pourquoi ne pas se risquer à faire fondre les ultimes résistances de l'être aimé ? Y-a-t-il quelquechose de plus enivrant que de se perdre ? Souvenez-vous de madame de Tourvel dans les Liaisons Dangereuses elle résiste avec l’énergie du désespoir aux avances de Valmont et pourtant elle cède, reddition sans conditions, elle se donne toute entière à corps perdu. Oui, elle se perd mais peut-on n'être séduit qu’à demi ? Pour autant, je ne fais pas de Valmont un modèle de séducteur, c’est un monstre de vanité et d’orgueil, mais pour ne pas s’avouer cette vérité inouïe : c’est qu’il est tout bêtement en train de tomber amoureux.

 

La séduction imprègne toujours la relation amoureuse : on ne peut aimer que si l’on accepte d’être séduit, de prendre le risque. Alors « s’il te plaît, surprends-moi ! » car c’est souvent de cette surprise que naît l’imprévu de l’amour. Le temps n’est alors plus aux mots. On marche sur la tête. On est transporté.

 

Alors, chers amis, par-delà la convention des sexes que suggère mon thème n’est-ce pas cette sidération, cette divine surprise que chacun de nous attend d’un vin ? Entre un vin et vous, cette réciprocité, ce plaisir, cette excitation, cette tension qui, au-delà de la surprise, de l’audace des premiers instants, montent, ne sont-ils pas les seuls préludes au plaisir, au bien-être et ici au bien-vivre.

 

Je ne sais si je vous ai éclairé mais à tous ceux qui ne voient que le pire, que de la prédation dans la relation de séduction j’ose écrire : peut-on vraiment vivre la vie que l’on vit sans la séduction ? Comment pourrait-on se lever chaque matin s’il n’y avait pas cette fenêtre grande ouverte sur l’horizon des autres ? Pour moi rien n’est jamais fermé, rien n’est jamais fini. Rien ne m’interdira de dire et d’aimer. De grâce ne m’ôtez pas mes illusions ! Surtout les jeunes crétins qui raisonnent l’amour : Dieu que c’est triste !

 

Lire aussi  : un homme désirable d'Alicia Raho une lectrice qui a découvert le vin à l'âge de 40 ans et qui l'aime   link 

 

Tout ça pour dire que je vous attends pour le 30 septembre, dernier jour du mois, pour l’un de ces Vendredis du Vin qui je l’espère fera date dans la réhabilitation de la séduction et que l’on pourra dans les commentaires de dégustation affirmer qu’un vin est séduisant sans sous-entendre qu’il fait le trottoir…  

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22 septembre 2011 4 22 /09 /septembre /2011 07:00

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« Les gens du vin et ceux de Bordeaux sont assez représentatifs des différentes catégories sociales françaises : des ouvriers, des employés, des techniciens, des cadres, des propriétaires, des financiers, des spéculateurs, des artistes, des banquiers, des journalistes et même des hommes de marketing. Il y a des personnes intéressantes, intelligentes, respectables mais aussi des hypocrites, des crétins et des lâches. » Jean-Marc Koch, qui a passé 24 ans au CIVB, comme directeur du marketing, est donc un bon connaisseur du microcosme bordelais. Flanqué de Jean-Bernard Nadeau, il tire le portrait de 18 gens du vin de Bordeaux. Des « portraits positifs, mais objectifs de personnages sélectionnés de façon totalement subjective. »

 

L’art du portrait est difficile, surtout lorsqu’on prend le parti de demander au portraituré de « poser » pour la photo et de jouer le jeu de l’entretien-vérité, car une trop grande proximité peut transformer l’exercice en une forme d’art officiel car par trop révérant. Chercher sous la surface sociale de ces hommes – une seule femme : Florence Cathiard – dans leur intimité, à révéler la part la moins connue de leur personnalité, pour donner de l’épaisseur, de la profondeur à leur portrait, exige une grande proximité, une confiance réciproque, et surtout paradoxalement de la distance. La bonne distance, celle qui n’est évaluable que par « l’artiste » en l’occurrence ici l’auteur.

 

Reste qu’un portrait, comme toute œuvre publique, est destinée à être exposé, à être vu, à être apprécié par le public, jugé par la critique, et comme ici il s’agit d’un livre, donc d’une œuvre reproductible, à être acheté par le plus grand nombre. Alors, lorsque j’ai reçu l’ouvrage un réel dilemme se posait à moi : même si j’ai croisé dans ma carrière une bonne moitié des portraiturés je ne me sentais pas en capacité de choisir entre la position du critique et celle de l’initié. En effet, je ne suis ni l’un, ni l’autre mais comme je suis du parti des livres je ne pouvais me dérober. C’est pour ça que j’ai choisi de vous faire découvrir ce livre par la fenêtre la plus intime : celle d’une des photos privées que les portraiturés ont confiées à l’auteur. Leur simple choix est révélateur et avec elles on a le sentiment de feuilleter, assis sur un canapé, un de ces albums de famille qui font la joie des enfants. Chez moi, j’ai le souvenir d’une photo, où la mariée posait en ayant mis ses chaussures à l’envers, qui faisait notre joie.

 

Donc en feuilletant « Portraits Intimes » j’y ai découvert une photo qui m’a mis, si je puis l’écrire ainsi, dans le même état. Je m’en suis servi pour rédiger une chronique-charade link car entre mes deux amis : Christian Delpeuch (portraituré par JM Koch) et Jean-Louis Vallet il y avait un homme qui avait toute sa place dans la galerie de portrait de ceux qui ont fait Bordeaux : le très connu et controversé Michel Rolland. Ma charade n’a pas provoqué un grand déferlement. Je le comprends. Certains vendangent puis vinifient, d’autres n’ont pas le temps, pour les plus jeunes et ceux qui lisent en travers quand ce n’est pas de travers mes propos évoquaient un autre temps, si lointain puisque maintenant la référence est la nanoseconde. Cependant, dans le fin fond du Cher, qui est tout de même le centre de la France et cher à mon cœur pour avoir hébergé la Société Française de Vierzon link, un lecteur a joué le jeu avec pugnacité et il a trouvé.

 

Bravo Bruno Creugny, les promesses seront tenues…

 

Si vous souhaitez acquérir « Portraits Intimes » c'est ici link

 

«Le winemaker mondialement connu Michel Rolland s’est volontiers prêté au jeu de la caricature par Mika, seul caricaturiste de personnalités utilisant du vin rouge pour les peindre ! »

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22 septembre 2011 4 22 /09 /septembre /2011 00:09

C’est quoi au juste un vin viril ?

 

C’est un mâle, un mec qui a du poil aux pattes, un type couillu quoi, carré, tout le contraire d’un efféminé, soit un amateur de grosse cylindrée ou d'une bagnole customisée, soit un motard en cuir, un prédateur à l’ego surdimensionné, parfois beauf sur les bords. Pour autant viril est-ce un qualificatif flatteur pour un vin ? Je ne sais, mais pour moi ce n’est pas une qualité mais une façon de se mettre en scène, de donner une image de soi-même.

 

« Car cette beauté quelles veulent toutes, paupières battantes, cette beauté virile qui est haute taille, muscles durs et dents mordeuses, cette beauté qu’est-elle sinon témoignage de jeunesse et de santé, c’est-à-dire de force physique, c’est-à-dire de ce pouvoir de combattre et de nuire qui en est la preuve… »

Albert Cohen, Belle du seigneur, p.303

 

Les épiciers, même les grands,  lorsqu’ils se piquent de faire de la réclame feraient bien de s’inspirer de Marcel Bleustein-Blanchet  le pape de la spécialité : faire simple, lisible et compréhensible !

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Ces jeunes gens nous gratifient d’un opus chic titré « CARACTÈRES du VIN » où, à partir de la question basique : « Pourquoi choisit-on un vin ? » ils commencent par répondre simplement : « Parce qu’il a des qualités, un style, une originalité. » ce qui est bien et suffisant. Mais, les marqueteurs de la Rive Gauche n’en restent pas là, ils veulent mettre du contenu au titre, qu’à force de trituration de méninges, ils ont dégoté. Alors, soudain saisis d’un accès de brièveté, ils basculent dans la confusion : « En un mot, parce qu’il possède un caractère »

 

Dans le langage courant posséder un caractère c’est avoir du caractère : déterminé, énergique, courageux, ferme, tenace, bien trempé ou bien avoir un caractère : changeant, fantasque, lunatique, bon ou mauvais, heureux, fichu ou foutu, de chien ou de cochon, ou même avoir son petit caractère : être susceptible…   

Et c’est là que nos petits loups dérapent, se vautrent, partent en vrille, versent dans la confusion :

 

« Il est tendre ? Difficile de résister.

« Il affiche sa virilité ? On adore. »

« Il revendique l’élégance ? C’est pour mieux nous séduire… »

« Qu’il soit nerveux, qu’il réinvente la générosité ou qu’il s’avère résolument gourmand, sa personnalité est remarquable. »

 

Je veux bien admettre qu’un vin fut tendre ou nerveux, si c’est sa façon d’être mais revendiquer l’élégance n’est pas forcément être élégant : c’est une posture, réinventer la générosité c’est sans doute la mettre en scène sans pour autant être généreux, afficher sa virilité c’est en douter et non assumer ce que dont la nature nous a doté, en fin s’avérer  gourmand ne veut rien dire : on l’est ou ne l’est pas…

 

Je pinaille mais ce goût immodéré de mettre en scène des vins avec des mots détournés de leur sens me fatigue.

 

Pour autant tout n’est pas bon à jeter dans la volonté des grands épiciers car ils ont mis le paquet au dehors comme au-dedans : le vin s’affiche et c’est bon pour l’extension du domaine du Vin (voir photos)

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Quelques remarques du taulier.

 

Afficher NERVEUX aux abords de la boucherie n’est pas totalement dépourvu d’ironie. Mais, comme en vis-à-vis ils ont placé le TENDRE ça compense.

 

Dans les vitrines extérieures seul VIRIL est absent sans doute pour ne pas choquer les passantes honnêtes du VII e arrondissement.

 

Ironie légère qui tourne à la stupéfaction pour GÉNÉREUX. « La générosité est une vertu » nous dit fort justement le catalogue mais comme le vin qui la symbolise est le Château Ausone 2005 et que son prix affiché est de 1320€ on est en droit de penser que c’est la moindre des choses qu’il fut généreux. D’ailleurs dans le commentaire du millésime il affiche « une autorité certaine dans la générosité. » Il en impose donc !

 

Reste notre chouchou : le VIN VIRIL. Le visuel du catalogue enfonce le clou dans un décor de chantier de démolition : la virilité ici est celle de la salopette bleue, c'est le  syndrome du camionneur avec tatouages et calendrier Pirelli au fond de la cabine. Pour la cause des couillus c’est le Domaine Marcoux 2008, un Châteauneuf-du-Pape, qui s’y colle. Mais, comme je suis un fouineur j’ai noté que dans cette catégorie musclée le Minervois de JB Sénat, Le Bois des Merveilles 2009, assume sa virilité.

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Quelques chiffres :

 

 

Champagne : 11 références, un millésimé Janisson Baradon Tue Bœuf à 42€, de 19,50€ Gonet Réserve à 62€ pour Selosse Initial. La moyenne se situant autour de 25€

 

Bordeaux : 77 références

1 Bordeaux, 1 Bordeaux Supérieur, 1 Côtes de Bourg, 2 Côtes de Castillon, 1 Saint6Georges Saint-Emilion, 1 Listrac Médoc, 2 Médoc, 8 Haut-Médoc, 11 Margaux, 8 Pauillac, 8 Saint6Julien, 5 Saint-Estèphe, 6 Pessac-Léognan, 1 Pomerol, 6 Saint-Emilion, 1 Sauternes.

Le moins cher Bellevue de Fourcas-Dupré Listrac 2003 6€

Le plus cher déjà cité Château Ausone 2006 1320€

20 second vins dont Carruades de Lafite 2006 370€

 

Beaujolais : 4 références

3 Morgon et 1 Fleurie tous du Domaine Foillard

 

Bourgogne : 56 références

12 Bourgogne dont un Bouzeron et une Côte Chalonnaise, 1 Hautes-Côtes-de-Nuits, 5 Mâcon, 1 Saint-Aubin, 2 Chablis, 6 Chassagne-Montrachet, 7 Meursault, 5 Puligny-Montrachet, 1 Givry, 2 Marsannay, 1 Mercurey, 1 Rully, 2 Savigny-lès-Beaune, 1 Aloxe-Corton, 1 Chambolle-Musigny, 4 Gevrey-Chambertin, 3 Nuits-Saint-Georges, 1 Pommard.

Le moins cher : le Bouzeron 2008 du Domaine de Villaine 11,50€

Le plus cher : le Puligny-Montrachet 1ER Cru Champ Canet 2007 Leroy 82€

Forte présence de la maison Leroy : 9 références

 

Loire : 22 références

1 Muscadet, 1 Touraine Amboise, 2 Bourgueil, 1 Chinon,, 1 Montlouis, 4 Pouilly-Fumé, 4 sancerre, 8 Saumur

Le moins cher le Bourgueil 2007 Domaine Gauthier 9,50€

Le plus cher le Pouilly Fumé 2007 Silex Domaine Dagueneau 89€

 

Vallée du Rhône : 19 références

5 Côtes du Rhône dont 1 Village, 1 Château Grillet, 3 Crozes-Hermitage, 3 Saint-Joseph, 2 Côte-Rôtie, 5 Châteauneuf-du-Pape.

Le moins cher le Côtes du Rhône2008 Domaine de la Janasse 8€

Le plus cher : le Château Grillet 2007 75€

 

Languedoc-Roussillon : 13 références

3 Vin de Pays, 1 ôteaux-du-Languedoc, 4 Côtes-du-Roussillon, 3 Faugères, 2 Minervois.

Le moins cher : le Côte du Roussillon Sarda Mallet 2006 et 2009 6,70€

Le plus cher : Le Gauby Vieilles Vignes Vin de Pays 2004 24€

7 domaines dont Sarda Mallet 3 références et Gauby 2 pour le Roussillon

 

Provence Corse : 3 références

1 Côtes de Provence et 2 Patrimonio d’Yves Leccia

 

Alsace : 2 références

1 Riesling et un Sylvaner du Domaine Fleith.

 

Commentaire : Aucune originalité, aucune prise de risques, conservatisme intégral, offre ségrégative : le Sud est ignoré et qu’on ne vienne pas me dire que les Foire aux vins ça a du sens. Ici c’est de l’esbroufe comme en témoigne la profusion des seconds vins des GCC… Les nouveaux riches boivent de l'étiquette. La Grande Epicerie pour le vin, et pas seulement pour le vin, va de mal en pis. La belle époque de la Grande Epicerie est donc derrière elle. Elle rationnalise ! Plus de Coucou de Rennes ni de Géline à pattes noires alors j’irai les trouver ailleurs…

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