Ça décoiffe ! Ce n’est ni de la langue de bois ni de la langue de pute, à ce train là, pour sûr que B&D seront obligés d’en faire leur femme de l’année. Je ne vous présente pas Marie, elle est le fruit de mes entrailles, mais je rappelle à ceux qui ont négligé de se plonger dans sa merveilleuse histoire à cheval sur juillet et août qu’ils peuvent toujours se rattraper en allant lire link. La chute brutale de la saga de cette nouvelle héroïne des temps modernes qui n’était pas une fin en soi mais un baisser de rideau de circonstance a laissé certains lecteurs sur leur faim et, j’en suis conscient, a privé le monde du vin de ce qui peu se faire de mieux en matière de décoconnage profond. Alors, la maison ne repasse pas les plats, elle remet sur le métier l’ouvrage et, au fil de la vie de vigneronne de Marie de Saint-Drézéry, vous serez informés en direct live comme on dit dans les médias « maudernes »
1ière Question :
Alors Marie : trois petits tours et puis s’en vont, après avoir, si vous me permettez l’expression, flanqué un souk à nul autre pareil sur la place de Bordeaux, vous disparaissez sans laisser d’adresse. Est-ce bien raisonnable pour une vigneronne responsable ? Ne craignez vous pas de décevoir jusqu’à vos plus chauds supporters : les mauvaises langues rapportent que votre amie la baronne G était un chouia vénère ? Dites-nous où vous en êtes Marie ?
Réponse de Marie de Saint Drézéry :
(Rire) J’en suis au même stade qu’une petite fille de Français moyen, comme le chantait cette grosse bécasse de Sheila, de retour de vacances. Sans vouloir offusquer plus encore mes chers collègues des GCC, franchement notre contribution aux derniers jours de nos raisins – vous ne trouvez pas ça beau : les derniers jours... ça a un petit côté Pompéi de voir tomber le raisin – voisine la minceur du papier à cigarette, non ! Comme me l’a dit un de mes charmants voisins : pendant que nous sommes à Ferret, nos gens font le travail... Vous êtes-vous inquiété de ce qu’ils faisaient pendant mon absence ? Je comprends parfaitement que les médias se préoccupassent des vacances de mon ami Alain – j’adore son côté ice-cream – qui a fort à faire aux Affaires Etrangères ou de notre gueule d’amour de Bercy qui doit quitter les délices de la Creuse pour se pencher sur le chevet des marchés, mais de moi qui ne suis qu’une vendeuse de Monop reconvertie en châtelaine de GCC à succursales multiples, vous n’allez pas me dire que le choix de la couleur de mon vernis à ongles est une info qui va changer la face du monde. Permettez-moi de vous mettre les points sur les I : vous feriez mieux d’aller poser vos questions idiotes aux dirigeants du Crédit Agricole. Voilà des gars, y’a pas beaucoup de nénettes dans le Conseil, des paysans hors-sol qui, sous houlette de brillants managers : des gars montés avec retraite chapeau des Caisses Régionales, sont allés faire des petites emplettes en Grèce, Emporki Bank et un petit milliard d’euros de pertes, z’ont aussi prêtés à tire larigot au panier percé de l’Etat hellène, alors qu’ici c’est : « circulez, y’a rien à voir, nous manquons de visibilité dans les perspectives de développement de la filière viticole... » Je rêve ! Personne ne moufte, comme dans beaucoup d’ODG d’ailleurs, tu payes ta cotise puis tu fermes ta gueule ! Entre nous, que je sois à me faire dorer sur tranche outre-mer ou que je fusse à m’échiner sur le front ramollo des seigneurs de la place, qu’est-ce-que ça aurait changé ?
2ième Question :
Vous baissez donc les bras, Marie ? Vous refusez de vous impliquer dans les rouages mis en place par la réforme de l’INAO et par ce fait même vous désertez le terrain que vous avez, ces derniers temps, grandement occupé. Ne trouvez-vous pas qu’après avoir fait naître de réels espoirs vous vous deviez de continuer ? Les résistances sont elles si fortes pour que vous fassiez une reddition en rase campagne ? Détrompez-nous Marie !
Réponse de Marie de Saint Drézéry :
« Le pape combien de divisions ? » ironisait le bon petit père Joseph. Moi je ne suis pas en guerre, je sème. Comme le dit un vieil adage « il est difficile de faire boire un âne qui n’a pas soif... » À propos d’âne, vous ne connaissez pas la dernière ? Je suis sûre que le côté Voici de l’info va vous ravir. Voldemort, ayant eu vent de mon retour sur mes terres, vient de me faire porter un présent de bienvenue dans l’univers impitoyable des GCC. Voilà un homme qui sait ce que manœuvrer veut dire. Un stratège quoi, un admirateur de Clausewitz, pas un adepte de la ligne Maginot ou de la charge des cuirassiers à Reichshoffen. Bon sang ne saurait mentir, lui, il manœuvre dans la finesse, l’ombre, la main de fer dans un gant de velours. Bref, je prenais mon petit déjeuner au dehors en compagnie de Tintin au Congo et de Lénine, lorsque Paul tout dégoulinant de son jogging matinal s’est pointé en agitant au-dessus de sa tête aux cheveux peroxydés un petit paquet. « Voldemort, Voldemort... » criait-il. En effet, le papier enveloppant le petit paquet était frappé aux célèbres armes de Voldemort. Toute excitée, moins cependant que Paul qui sautait autour de moi, tel un cabri en rut, avec beaucoup de soin, je libérai un petit livre « Le folklore vivant » cahier n°1 Paul Delarue éditions Elzévir 1946. Un signet aux armes de Voldemort marquait une page. J’ouvris et je lus :
« Juste après le déluge le plant de vigne s'étirait sans cesse, épuisant sa sève à nourrir des gourmands, sans bénéfice pour l'homme. Lorsque l'âne, en descendant de l'arche, pénétra dans l'enclos de Noé, il se précipita sur les tendres rejets pour les brouter avant que de se faire chasser par le gardien du lieu.
Le scénario se renouvela plusieurs fois au cours de l'hiver et au grand étonnement du vigneron, les ceps attaqués par l'animal poussèrent au printemps avec beaucoup plus de vigueur et se couvrirent de raisins à la différence de ceux qui avaient été épargnés par les dents de l'animal.
Voilà comment les hommes, instruits par l'exemple de l'âne, furent amenés à tailler la vigne. »
Très fort, non ! Mais ce n’était là que l’amuse-bouche car, à peine Paul m’informait-il que le petit paquet venait de lui être remis, avec promesse de me le donner en mains propres, par l’homme à tout faire de Voldemort qui l’attendait devant la grille de ce qui se dit être un château – bien informé notre cher collègue –, nous voyions arriver dans la cour un van tiré par une Land Rover version renard du désert. En sortait le fils de l’homme à tout faire de Voldemort. Charmant jeune homme d’ailleurs, discret et poli, qui ouvrait le pan incliné du van pour en faire descendre, avec un soin aussi grand que le tri du Merlot en gants blancs chez lui, dressé sur ses petites pattes d'allumettes, un charmant ânon.
Croyez-moi si vous voulez mais j’ai craqué ! Après avoir claqué deux bises sur les joues glabres du jeune homme bien comme il faut j’ai déclaré : « Nous l’appellerons Porcinet... »
3ième Question :
Sans vouloir vous chercher des poux dans la tête chère Marie vous avez l’art et la manière de noyer le poisson avec votre histoire de petit cochon, pardon d’ânon. Vôtre mémorialiste, qui ne veut plus bosser gratis, nous a appâtés avec toute une batterie de questions (voir chronique ) et comprenez ses lecteurs : ce sont les réponses qui les intéressent ! Comment pensez-vous communiquer à l’avenir ? Allez-vous laisser tout un peuple de vignerons, qui a cru, en vous sur sa faim ? Ne dit-on pas que même BHL et Philippe Sollers, l’enfant du pays, et même l’ersatz de Mitterrand avec sa tête de congre, vous ont fait des avances ?
Réponse de Marie de Saint Drézéry :
Ne dites pas de gros mots : communiquer, et pourquoi ne pas montrer mon cul pendant que vous y êtes. Comme je vous l’ai déjà dit : j’ai semé, reste à voir comment ça lève : monsieur Rapport me dit qu’à Bordeaux la germination oscille entre deux à cinq ans, alors soyez patients. En attendant, j’ai adhéré à Sève en espérant que, comme la Belle au Bois Dormant, ils trouvent leur Prince Charmant. Je les adore les Jean-Michel, les Patrick, les Marc et consorts mais bon en dehors de faire des AG sympa chez le Pape de Châteauneuf faudrait qu’ils profitent du printemps prochain, les mois de mai sont toujours propices aux élans dans notre beau pays, pour titiller ceux qui veulent devenir Président (pas le frometon bien sûr). Je sais, le lien au terroir c’est pas bien bandant mais ça vaut mieux que la sainte alliance contre les droits de plantation qui, comme d’hab est un beau piège à cons. En attendant le grand soir moi je me contenterai, ici, d’emmerder le monde avec deux ou trois bricoles du style Pomerol sur Dallas avec ses belles histoires de terroir à bourrins et de chais à roulettes. Et puis, rassurez-vous, si j’ai des choses à dire je n’enverrai personne les dire à ma place. Puisque vous aimez les scoops : sachez que je serai présente au marathon du Médoc le 10 septembre. Pas pour courir j’manque de souffle mais il se peut que mon Paul s’y aligne s’il met la pédale douce sur les Mojito et ses folles nuits. Mon hébergeur, le chroniqueur fou, envisage d’y tenir une session exceptionnelle de l’ABV pour fêter l’exemption de taxe du vin dans le plan du gouvernement. C’est beau comme une échéance cette affaire ! Comme vous le voyez je suis d’attaque : j’attends. Pour finir sur une belle histoire je vais vous narrer la dernière qui vient de me tomber dessus. Comme vous ne le savez peut-être pas les ânes n’aiment pas être seuls, ils aiment vivre avec un compagnon. Mes deux zèbres : Lénine et Tintin au Congo sont trop indépendants pour faire fonction de compagnons pour mon petit Porcinet. Mais comme j’ai le cul bordé de nouilles l’après-midi même de l'arrivée de Porcinet j’ai trouvé au bord de la Barbanne un charmant petit chiot ayant survécu à la noyade voulue par une main barbare. Il était beau comme un corniaud. J’ai appelé le grand Eric pour lui trouver un nom. Sans hésiter il m’a répondu de sa voix de stentor « Ribouldingue » et quand je lui ai demandé pourquoi il m’a rétorqué « va savoir, ça peut toujours servir... » Quand aux avances de col ouverte, mèche de douille et rongeur d'ongles, je ne suis sensible qu'aux avances sur recettes : pas de sentiments dans le buiseness, merde !