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18 février 2022 5 18 /02 /février /2022 06:00

 

Ce fut une longue et rude bataille, telle la chèvre de monsieur Seguin, les organisations professionnelles du vin, se sont battus pour s’opposer aux exigences d’étiquetage des ingrédients et des calories contenus dans leur nectar. Le vin, n’était pas une boisson comme les autres, le discours culturel, le terroir et patati et patata, permettait de le justifier, mais le vin est aussi une boisson alcoolisée comme le cidre, les alcools, les spiritueux, alors comme les boissons alcoolisées sont le dernier produit alimentaire préemballé à ne pas devoir étiqueter les ingrédients et les calories, la pression pour mettre fin à cette exception a été de plus en plus forte : le Parlement Européen et certains Etats Membres y étaient  favorables, les associations de consommateurs sont de plus en plus offensives…

 

Les naturistes aussi

 

En mars 2017, dans un rapport, la Commission Européenne a annoncé sa volonté de mettre fin à cette exemption et donné alors un an à l’ensemble des filières des boissons alcoolisées – vins, bières, spiritueux, cidres – pour faire une proposition d’autorégulation sur le sujet.

 

La mise en place d’un étiquetage nutritionnel et d’une liste dématérialisée des ingrédients a été définie par la nouvelle Politique Agricole Commune (PAC 2023-2027). « On va indiquer sur l’étiquette le côté calorique par un symbole : E, pour énergie, avec un numéro indiquant le niveau calorique. Le label est encore à développer. Il y aura un QR Code pour un accès [par smartphone] au site de l’opérateur indiquant le contenu énergétique de la bouteille et en donnant les ingrédients (hors allergènes) »

 

« Si seule la seule valeur énergétique (qui pourra être exprimée avec le symbole (E)) figure sur l’étiquette ou l’emballage, la déclaration nutritionnelle devra être fournie par voie électronique, sans être affichée avec d'autres informations destinées à des fins de vente ou de marketing et sans collecte de donnée de l'utilisateur. La liste des ingrédients pourra également être fournie par voie électronique, sous les mêmes conditions » précise le ministère de l’Agriculture, ajoutant qu’avec ces nouvelles mentions, « l’objectif est d’assurer un haut niveau d’information du consommateur, selon des modalités adaptées aux spécificités du vin et qui restent simples pour les opérateurs ».

 

Transparence accrue

 

Le Copa-Cogeca (Comité des Organisations Professionnelles Agricoles de l'Union européenne et Comité Général de la Coopération Agricole de l'Union européenne) salue « l'objectif d'une transparence accrue envers le consommateur et ont soutenu que les technologies d'étiquetage électronique seraient les plus appropriées pour fournir des informations complètes et précises tout en évitant de perturber les flux commerciaux ». La tenue en ligne des teneurs énergétiques (dépendant du degré alcool, et donc du millésime) et des listes d’ingrédients (potentiellement variables selon les vendanges) permet davantage de flexibilité dans l’actualisation des données.

 

Qu’est-ce qu’un « ingrédient » selon la filière viticole ?

 

Comme pour l’ensemble des produits agroalimentaires, il faut distinguer pour le vin, les additifs des auxiliaires technologiques. Les premiers – par exemple acide ascorbique, gomme arabique ou sorbate de potassium –  sont considérés comme des ingrédients et doivent être indiqués aux consommateurs. Les seconds – par exemple le kaolin, le calcium ou la gélatine – ne sont plus présents dans le produit fini et ne sont pas considérés comme des ingrédients. La distinction entre additifs et auxiliaire technologiques se fonde sur une liste établie par l’Organisation Internationale de la Vigne et du vin (OIV). Ensuite, la filière propose que toutes les substances naturellement présentes dans le raisin et utilisées pour ajuster l’acidité ou la teneur en sucre soient exclues de la liste des ingrédients. Appartiennent à cette catégorie les acides citrique, lactique, tartique et malique ainsi que le sucre, le Moût Concentré (MC), le Moût Concentré Rectifié (MCR) et la liqueur de tirage dès lors qu’ils sont convertis en alcool lors de la fermentation et qu’ils ne servent pas à édulcorer le vin. Enfin, pour limiter au maximum les contraintes techniques les organisations suggèrent de laisser le choix à l’opérateur : soit de publier la liste des ingrédients présents dans chaque bouteille, soit de fournir les ingrédients selon un processus de vinification « habituel » (c’est-à-dire les ingrédients habituellement utilisés pour fabriquer un vin depuis plusieurs années), soit de renvoyer à l’ensemble des ingrédients potentiellement utilisables pour faire du vin.

 

Comment déterminer le nombre de calories d’un vin ?

 

Détailler une déclaration nutritionnelle complète – valeur énergétique, quantité de graisse, acides gras saturés, glucides, sucre, protéines, sel – ne présente pas beaucoup d’intérêt pour le vin. Il sera donc possible de limiter la déclaration nutritionnelle à la valeur énergétique du vin sur la base de 100 ml (volume de référence européen pour l’étiquetage des denrées alimentaires). Pour une compréhension plus simple pour le consommateur, l’opérateur pourra choisir d’ajouter le nombre de calories par portion (1 portion = 10g d’alcool soit environ 1 verre de vin). Pour évaluer le nombre de calories, l’opérateur aura plusieurs solutions : calculer lui-même le nombre de calories présents dans ses vins ou indiquer le nombre de calories selon une base de données européenne qui indiquera le nombre de calories généralement contenu selon le type de vin. Enfin, pour éviter les problèmes de traduction les complications à l’export, il sera possible d’utiliser le symbole international « E » (« Energy »).

 

Mais, horreur, malheur, un autre loup pointe le bout de sa truffe : «Le vin nuit à votre santé» et là, les naturistes, qui lichent sec, risquent de crier avec leurs ennemis au crime de lèse jaja !

 

 

Une étiquette «Le vin nuit à votre santé» est à l’étude au Parlement européen

 

À Strasbourg, on se prononcera la semaine prochaine sur le projet d’inclure un avertissement sur les risques pour la santé liés à la consommation de vin et autres boissons alcooliques. L’industrie vitivinicole, y compris suisse, y est opposée, et défend à la place une consommation raisonnable

 

En Suisse, l'étiquetage comprenant un avertissement de risques à la santé liés à la consommation de produits alcooliques serait contesté. —

 

Publié vendredi 11 février 2022 à 17:19

 

Des étiquettes sur les bouteilles de vin et d’autres alcools pour prévenir des risques sur la santé, comme sur les paquets de cigarettes? Une recommandation allant dans ce sens sera soumise au vote mardi prochain au Parlement européen. L’initiative revient à la Commission parlementaire spéciale sur la lutte contre le cancer (BECA) qui relève qu’en Europe 10% des cancers chez les hommes sont attribuables à l’alcool et 3% chez les femmes.

 

Alors que les producteurs de whisky, gin, vodka et autres gardent profil bas, en tout cas à ce stade, sur ce sujet, l’Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV) s’y oppose et affirme qu’une consommation raisonnable du vin ne nuit pas à la santé. Sur son site internet, cette organisation intergouvernementale qui réunit les Etats producteurs de vin, dont la Suisse, dit défendre sa position sur la base de nombreux travaux de recherche sur les effets sur la santé d’une consommation modérée de vin.

 

Intérêts économiques non négligeables

 

Le secteur vitivinicole représente des intérêts économiques non négligeables au sein de l’Union européenne (UE). Les activités ont pesé près de 180 milliards de francs en 2019, un chiffre qui devrait atteindre 220 milliards en 2025, selon la banque de données Statista. En outre, il fournit quelque 2 millions d’emplois directs et indirects, soit 15% de tous les emplois liés à l’agriculture. Sur le plan mondial, l’industrie du vin a brassé un chiffre d’affaires de près de 340 milliards en 2020. L’Europe est aussi un exportateur majeur de vin, avec 22 millions d’hectolitres en 2010, contre 15,8 millions en 2010. En France, en 2018, les vins et spiritueux étaient le deuxième groupe de produits d’exportation (11,7 milliards d’euros), derrière les avions (20 milliards).

 

Le débat européen ne laisse pas l’industrie vitivinicole suisse indifférente. «Il ne nous appartient pas de commenter les démarches du Parlement européen, déclare d’emblée Olivier Savoy, secrétaire général de l’Association suisse du commerce des vins. Toutefois, sur le fond de la question, il n’est pas impératif de mettre des informations sur les risques de santé sur les étiquettes de vin.»

 

Selon Olivier Savoy, le secteur n’ignore pas les risques sur la santé et travaille depuis des années selon les principes du concept du programme européen Wine in moderation (WiM). «Au contraire d’avertissements anxiogènes, il sensibilise et informe de façon concrète et respectueuse sur une consommation responsable et modérée de vin, dit-il. Nous défendons et continuerons de défendre cette solution, en Suisse aussi.» WiM promeut un idéal «de responsabilité sociétale du secteur vin, qui, entre autres, incite les consommateurs à avoir une relation responsable au vin et à sa culture, dans un esprit de partage.»

 

«Le vote de la semaine prochaine, s’il est favorable à un étiquetage strict, n’aura qu’une valeur de recommandation, rappelle un porte-parole du Parlement européen. Seule la Commission a le pouvoir de proposer une législation – qui serait alors, elle aussi, votée et amendée par le Parlement et le Conseil.»

 

Toujours est-il, selon lui, que la proposition d’étiquetage figure aussi dans les plans de l’exécutif européen dans le cadre de la lutte contre les cancers au sein de l’UE. En effet, le rapport de la BECA salue l’objectif de la Commission de réduire d’au moins 10% la consommation d’alcool d’ici à 2025 et l’encourage à promouvoir des actions de réduction de la consommation grâce notamment à l’amélioration de l’étiquetage des boissons alcoolisées par l’ajout d’avertissements sanitaires. A présent, l’étiquette sur la bouteille de vin doit obligatoirement donner trois informations: provenance, taux d’alcool et volume.

 

L’OMS s’engage aussi

 

En réalité, le débat sur des étiquettes responsables sur les bouteilles de vin ne se limite pas à l’Europe. A Genève, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’en est également saisie depuis des années. «Pour l’instant, nous rassemblons les bonnes pratiques concernant les étiquettes de mise en garde sanitaire sur les boissons alcoolisées, précise l’organisation dans une note adressée au Temps. La suite dépendra des résultats de cette première phase des travaux.» Dans le cas du tabac, l’OMS tient un langage ferme et affirme qu’il s’agit d’un produit cancérigène.

 

Du reste, l’OMS a accueilli une délégation de l’OIV le 3 février dernier pour discuter de la réduction de la consommation nocive de l’alcool. Cette dernière a plaidé avant tout pour distinguer le vin des autres boissons industrielles et du tabac par rapport aux risques pour la santé. Selon nos informations, l’OMS devrait adopter «une stratégie mondiale visant à réduire l’usage nocif de l’alcool» en mai. Il serait question notamment de politiques transparentes de prix et de taxation, ainsi que de la mise en œuvre d’étiquettes d’avertissement des risques pour la santé liés au vin et aux autres boissons alcoolisées.

 

Une tempête parfaite : Nutri-Score, alcool et santé ICI

Une tempête parfaite se prépare en Europe. Et l'un des facteurs clés est le vin.

Alain Tardi

14 février 2022

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17 février 2022 4 17 /02 /février /2022 06:00

 

Comment un éléphant est devenu le nouveau symbole des inégalités - Les  Inrocks

Lors de mon passage éclair à Sciences-Po j’ai planché, avec brio (joke) sur la taxinomie de l’INSEE, la taxinomie étant la science des lois de la classification.

 

Je connaissais aussi la taxidermie qui est l'art d'empailler les animaux morts. Ce terme désigne une technique et un métier consistant à naturaliser des animaux morts.

 

Mais j’ignorais que la taxonomie européenne ICI  désignait une classification des activités économiques ayant un impact favorable sur l'environnement. Son objectif est d'orienter les investissements vers les activités "vertes".

 

Notre Jean-François, en trempant sa plume dans l’ironie, m’a raffraichi la mémoire et plongé dans nos souvenirs communs des boites de l’Uruguay-Round au bon vieux temps du GATT : « Ah ! Les trois boîtes : une verte, une orange et une rouge, ça faisait bander les gnomes de Bruxelles et de Bercy… »

 

Taxonomie ça parle fort aux gens !

 

 

Pendant que les candidats et les médias essaient de nous intéresser, sans y parvenir vraiment, à la campagne en vue de l’élection présidentielle française, la commission de l’Union Européenne s’occupe de notre avenir.

 

Elle s’est engagée dans l’élaboration d’une « taxonomie » (en bruxellois dans le texte) des activités économiques, permettant de les classer dans la catégorie « verte » ou « non verte ». Il s’agit de distinguer celles qui sont compatibles avec le « développement durable » de l’union européenne et nos multiples trajectoires de « transition écologique et énergétique » vers la neutralité carbone en 2050, de celles qui ne le sont pas.

 

Cette classification aura des conséquences importantes pour les Etats et pour les investisseurs privés. Les Etats ne pourront plus subventionner le développement des activités économiques se trouvant dans la mauvaise colonne de la « taxonomie ». Les banques et les fonds d’investissement pourront exiger que les projets qui leur seront présentés par les entrepreneurs soient considérés comme « verts », ce qui sécurisera leurs investissements.

 

Le vocabulaire utilisé dans ces négociations est loin d’être neutre. Il mêle la technocratie la plus absconse et la morale à destination des jeunes enfants, un jargon incompréhensible fait de seuils dont la justification scientifique et technique ne peut être comprise que de quelques spécialistes, et un code couleur pour le commun des mortels, semblable aux petits visages souriants ou grimaçants à l’intention des enfants des écoles primaires.

 

Cela me rappelle les négociations commerciales internationales des années 1990, baptisées « Uruguay round », conclues par la création de l’organisation mondiale du commerce en 1995. Dans ces négociations, les États-Unis ont imposé que les aides publiques à l’agriculture, dans le monde entier, soient classées de façon à pouvoir être placées dans trois boîtes : une verte, une orange et une rouge. Seules les aides pouvant être placées dans la boîte verte seraient autorisées après la signature d’un nouvel accord, les autres devant disparaître. Tout à fait par hasard, la boîte verte correspondait au système américain d’aide à l’agriculture, tandis que la politique agricole commune, fondée à cette époque sur une protection du marché européen et une garantie des prix agricoles, tombait dans la boîte rouge. L’union européenne a, bien entendu, accepté de réformer sa politique agricole dans le sens voulu par les États-Unis, en 1992. Elle a progressivement démantelé la protection du marché européen et laissé la concurrence mondiale fixer le revenu des agriculteurs européens, ce qui a favorisé une industrialisation de l’agriculture dont tout le monde déplore les effets aujourd’hui, en raison de ses conséquences sur l’environnement et la santé, sans que personne ne remette en cause les raisons de cette évolution.

 

La discussion sur la taxonomie européenne d’aujourd’hui présente des similitudes avec cette ancienne négociation.

 

Cette distinction entre ce qui est vert et ce qui ne l’est pas, entre le bien et le mal, laisse penser qu’il pourrait y avoir un chemin indolore de « transition » vers une croissance durable, grâce au développement de technologies nous permettant de vivre demain comme aujourd’hui tout en ayant fait ce que nous devions pour « sauver la planète ».

 

C’est une supercherie, car aucune technologie, aucune source d’énergie n’est « verte » au sens où elle serait sans impact sur notre environnement. Toutes sont consommatrices d’énergie, qu’il faudra produire, et de matières (métaux, minéraux, eau…) qu’il faudra extraire de l’environnement.

 

La voiture électrique dont la batterie sera rechargée par de l’électricité produite par des éoliennes, des panneaux solaires, voir des réacteurs nucléaires, ne produira pas de CO2 lorsqu’elle roulera sur nos routes (ce qui ne sera pas vrai si l’électricité est produite avec du charbon, du gaz ou du fioul). En revanche sa construction aura généré une production de gaz à effet de serre supérieure à celle de la construction d’une voiture à moteur thermique. Le métal et le plastique nécessaires à son assemblage, s’ils ne peuvent pas être complètement recyclés, généreront des déchets. Le recyclage de ces véhicules électriques lui-même consommera des quantités importantes d’énergie. Celui des batteries est encore bien loin d’être garanti. Enfin, pour alimenter en électricité un parc automobile équivalent à celui du parc de véhicules thermiques d’aujourd’hui, il faudra produire et poser des milliers de kilomètres de câbles de cuivre et d’après certains experts consommer en 30 ans plus de réserves de ce métal que nous n’en avons consommé depuis l’aube de l’humanité. Les mines de cuivre sont de moins en moins productives. Le pourcentage de minerai dans la roche de plus en plus faible et il faut déplacer et transformer des quantités croissantes de roches pour extraire, à l’aide de produits chimiques, le minerai qui est ensuite transporté vers les lieux de consommation. Mais cela ne nous troublera pas, cette activité minière se déroulant loin de chez nous, en Amérique du Sud ou bien en Afrique, alors qu’en Europe, aucun projet minier ne peut être développé en raison de l’opposition des opinions publiques.

 

Il n’y a rien de très écologique dans tout cela et l’amélioration en termes d’émissions de CO2 sera payée par d’importantes dégradations des milieux et une exploitation renforcée des ressources métalliques de la planète, portée un niveau sans précédent.

 

Ces nouvelles technologies « de transition » devraient être présentées pour ce qu’elles sont, c’est-à-dire des tentatives de trouver des solutions à l’impasse du développement du capitalisme fondé sur la consommation sans limite d’énergies fossiles. Ces tentatives comportent d’importantes conséquences négatives sur l’environnement qui sont loin d’être connues et évaluables avant leur généralisation.

 

Aussi, plutôt que de promouvoir de grands basculements technologiques, obéissant à des calendriers très serrés, d’ailleurs intenables, il serait plus prudent de multiplier les initiatives, de tester, d’étudier les conséquences de chacun de nos actes sur notre environnement, d’aller lentement en somme.

 

Mais la lenteur ne correspond pas aux intérêts du capitalisme financier à la recherche de nouveaux marchés qu’il faut développer rapidement pour générer des taux de retour sur investissements rapides et élevés. La « taxonomie européenne » sécurisera les investissements futurs et contribuera au développement de ces nouveaux marchés, en leur donnant un label écologique et en assurant la bonne conscience des consommateurs.

 

Cette prudence ne convient pas non plus à ce qu’est devenue la politique qui, faute d’être capable de proposer un projet de société, présente un catalogue de solutions techniques. Les partis politiques ne nous proposent plus de choisir entre le socialisme ou le capitalisme, la coopération ou la concurrence, la fraternité ou la défense de nos intérêts égoïstes, la droite ou la gauche, mais entre le nucléaire ou les énergies renouvelables, la rénovation thermique totale ou partielle de nos logements, la 5G pour tous maintenant au plus tard, etc.

 

Le capitalisme a connu une période de croissance extraordinaire au lendemain de la deuxième guerre mondiale jusqu’au début des années 1970. Là, il a connu un premier coup d’arrêt dont il s’est sorti en s’affranchissant des contraintes nationales qui limitaient son développement, ce que l’on a décrit comme la mondialisation ou la globalisation de l’économie. Ce deuxième souffle n’a pas été durable et depuis le début des années 2000 les économistes s’interrogent pour savoir si nous sommes entrés dans une phase longue de stagnation économique.

 

Mis en cause du point de vue de sa capacité à générer une croissance économique durable, le capitalisme l’est aussi en raison des résultats de cette croissance économique : destruction massive de l’environnement, épuisement des ressources naturelles à commencer par les énergies fossiles, bouleversements climatiques, explosion des inégalités dans le monde entier. Cette évolution a été synthétisée par l’économiste Branko Milanovic en 2016 grâce à sa « courbe de l’éléphant » décrivant l’évolution des revenus de la population mondiale. Cette courbe montrait une augmentation forte en pourcentage, mais dérisoire valeur absolue, des revenus des plus pauvres, une explosion des revenus les plus riches, et entre les deux un effondrement du revenu des classes dites moyennes, c’est-à-dire la grande majorité de la population mondiale.

 

Dans ces conditions, l’accumulation du capital a besoin d’inventer un récit vertueux pour se retrouver une légitimité. Cette taxonomie y contribuera en habillant de vert la poursuite de la croissance économique dans les mêmes conditions que celles dont nous déplorons les effets aujourd’hui.

 

Mais il y a un autre visage de ce débat européen sur la taxonomie.

 

Il s’est concentré sur l’énergie, en particulier sur le fait de savoir s’il fallait classer le nucléaire et le gaz dans la catégorie des « produits verts » ou non. Le gouvernement français a défendu ce point de vue en expliquant que la production d’électricité d’origine nucléaire était peu émettrice de CO2, à la différence de la production d’électricité utilisant des énergies fossiles. L’Allemagne et la Pologne ont défendu l’introduction du gaz dans la catégorie verte en expliquant que celui-ci émettait beaucoup moins de gaz à effet de serre pour produire de l’électricité que le charbon ou le lignite et permettait une baisse importante et rapide des émissions de gaz à effet de serre du secteur de l’énergie dans les pays ne souhaitant pas utiliser l’énergie nucléaire. La France, l’Allemagne et la Pologne se sont entendues pour défendre leurs intérêts, devenus communs, et ont obtenu gain de cause auprès de la Commission de l’Union européenne qui a intégré le nucléaire et le gaz dans les énergies de transition pour une durée limitée.

 

Les Verts allemands à peine arrivés au pouvoir avec leurs partenaires du SPD en ont été un peu fâchés, sans aller jusqu’à se retirer de la coalition. Pascal Canfin, ex-ministre EELV du gouvernement de Jean-Marc Ayrault et ex directeur général du WWF, maintenant député européen macronisme s’est félicité de ce compromis.

 

Sans trancher sur le fait de savoir si le nucléaire et le gaz sont des énergies écologiques ou non, il faut constater que grâce à cet acte délégué, la commission européenne étend sensiblement son champ de compétence sans que personne n’y trouve à redire.

 

Le traité de Lisbonne entrée en vigueur le 1er décembre 2009 a fait de la politique énergétique une compétence partagée : les Etats membres sont compétents pour tout ce que l’union n’a pas décidé de régler elle-même. L’article 194 du TFUE (traité sur le fonctionnement de l’union européenne) précise que les Etats membres conservent le droit de déterminer leur mix de production énergétique. En d’autres termes, les Etats membres ont le droit de choisir s’ils préfèrent recourir au nucléaire, au gaz ou à tout autre source d’énergie pour répondre à leurs besoins. Cependant l’article 191 du même traité prévoit que l’Union européenne peut adopter, pour protéger l’environnement, des mesures affectant sensiblement le choix d’un État membre entre les différentes sources d’énergie et la structure générale de son approvisionnement énergétique.

 

C’est un bon exemple de l’équilibre du droit de l’union européenne : entre la liberté laissée aux états membres et le pouvoir de la Commission européenne, c’est ce dernier qui finit toujours par l’emporter. Dans l’exemple qui nous occupe, la liberté laissée aux Etats de choisir leur mix énergétique n’est plus qu’un leurre, puisqu’un acte délégué de la commission de l’union européenne peut en réalité le définir. Il est amusant de voir les candidats à l’élection présidentielle en France défendre ou récuser le recours à l’énergie nucléaire pour produire de l’électricité alors qu’en réalité, la réponse à cette question ne dépend déjà plus d’eux mais de l’avenir du texte que la commission européenne a mis en consultation au début du mois de février. Il faut préciser que le texte en question ne peut plus être amendé, il ne peut plus être qu’adopté ou rejeté par le Parlement européen et le conseil européen.

 

Il y a par ailleurs quelque chose d’irréel à voir la Commission européenne décider du bon mix énergétique pour l’Union européenne d’ici à 2050, au moment où les résultats désastreux de la politique de libéralisation du marché de l’énergie qu’elle a imposée en Europe affectent durement la population. Les prix de l’électricité et du gaz sont au plus haut. La commission a d’ailleurs dû oublier pour quelque temps les règles qu’elle a imposées ces dernières années, pour permettre aux gouvernements européens de corriger massivement les « dysfonctionnements » du marché de l’énergie, en subventionnant les entreprises, en fixant des prix régulés de vente de l’énergie très loin des cours astronomiques atteints sur « les marchés », en accordant des chèques au consommateur pour qu’ils puissent se chauffer et se déplacer, en pratiquant la fiscalité qu’ils souhaitaient sur l’énergie.

 

En quelques semaines, l’Europe a remis en vigueur tous les outils de l’économie administrée qui avait permis à l’Europe de sortir de la précarité énergétique.

 

Etonnamment, cela ne suscité aucun vrai débat en France et ailleurs, sur la libéralisation du marché de l’énergie, la pertinence de la politique de l’Union européenne et des modalités d’intervention de la Commission européenne. Des aménagements temporaires sont proposés mais personne ne se risque à demander que nous sortions de ce cadre absurde, imposé par pure idéologie par la commission européenne appuyée par un certain nombre d’Etats membres de l’Union, convaincus que la concurrence était la réponse à toutes les questions.

 

Bien au contraire, les candidats à gauche comme à droite, se disent partisans d’une Europe forte. Mais qu’est-ce que cela veut dire ? Elle dispose déjà d’une force considérable. Les États-Unis d’Amérique sont, personne ne le contestera, un vieil État fédéral. Mais dans celui-ci, le niveau fédéral n’a jamais prétendu imposer à chacun des Etats son mix électrique, une fiscalité indirecte unique, ni beaucoup d’autres choses imposées au sein de l’union européenne. Impuissante à l’extérieur, l’union européenne dispose d’une puissance démesurée à l’intérieur. La commission la renforce chaque jour sous les applaudissements. Thierry Breton vient de présenter un plan de développement de l’industrie européenne des semi-conducteurs. Au lieu de laisser les Etats membres développer leur politique industrielle, les alliances qu’il souhaite avec d’autres états membres de l’union, la commission veut imposer un cadre à tous les Etats membres, conforme au droit de la concurrence de l’union européenne, la commissaire en charge de ce dossier l’a réaffirmé. Généreusement, Thierry Breton prévoit un financement de son plan, en partie par le plan de relance européen, lequel est financé par les contributions des Etats membres et la France paie beaucoup plus qu’elle ne reçoit à ce titre. C’est ainsi que si la France veut faire quelque chose dans le domaine des semi-conducteurs, elle va finalement payer plus cher en le faisant dans le cadre européen que si elle le faisait toute seule, en étant de surcroît soumise aux interminables procédures de l’Union qui font que nous arrivons toujours après la bataille.

 

Évidemment cela n’est pas un sujet de débat pour une élection présidentielle en France, puisque chacun sait que nous élisons un Président de la République disposant de pouvoirs tellement étendus qu’il pourra transformer le pays en cinq ans sans être soumis à toutes ces choses secondaires…

 

La campagne présidentielle est décidement déconnectée de la réalité et il est difficile de reprocher aux citoyens de s’en désintéresser.

 

Jean-François Collin

9 février 2022

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16 février 2022 3 16 /02 /février /2022 06:00

1840 L'Indochine Française Carte n°29, par Pierre Desfontaine. Carte  scolaire [...] | lot 61 | Indochine. Collection Maison Denis Frères et  divers - 1ère Partie chez Lynda Trouvé OVV | Auction.fr

Lorsque j’usais mes fonds de culotte sur les bancs de l’école Sainte Marie de la Mothe-Achard, les murs étaient couverts de cartes Vidal de la Blache, l’une d’elle affichait le plus gros morceau de l’empire colonial français situé en  Afrique : AOF-AEF, Madagascar… L’Indochine était loin, une contrée exotique où pourtant se déroulait le premier conflit  de la décolonisation.

 

L’Indochine française regroupait ces trois pays de l'Asie du Sud-Est que sont aujourd'hui le Cambodge, le Laos et le Vietnam, sans oublier une portion de territoire chinois située dans l'actuelle province du Guangdong, le Kouang-Tchéou-Wan. Celui-ci était un petit territoire de 1300 km² situé au sud de la Chine continentale, dans la péninsule de Leizhou, cédé par bail à la France en 1898, mais rétrocédé à la Chine en 1945. ICI 

 

Histoire de la guerre d'Indochine pOURGuerre oubliée, l'Indochine, "l'Indo"  pour ceux qui l'ont vécue, reste un exemple parfait de décolonisation  ratée, sur laquelle se greffent les enjeux de la guerre froide. Pour les  cartes vous pouvez regarder cette histoire ...

 

Les colonies pour moi c’était tout d’abord ma marraine Gaby l’épouse de Philbert Gravouil, l’un des frères de maman qui travaillait dans une banque en AOF, Bangui, les boys, les cadeaux exotiques ; ce fut aussi l’oncle Gilbert, dit Gomina, le mari de la tante Agnès sœur de maman qui, lassé de son job de boulanger s’engagea pour aller en Indochine où il coula des jours tranquilles dans l’intendance ; puis les documentaires des pères blancs où je contemplai pour la première fois des seins nus.

 

https://webdoc.rfi.fr/grande-guerre-afrique-colonies-1914-1918/img/carte-afrique-1920.jpg

 

L’Indochine c’était vraiment très loin et, comme le corps expéditionnaire était composé exclusivement de soldats de métiers, des Tirailleurs africains et maghrébins, pas de contingent comme ensuite en Algérie où nos frères arpentèrent les djebels, alors ça n’intéressait pas grand monde, sauf que ça coûtait cher et que beaucoup se posaient la question : « Que fout là-bas ! » Mon père, lui, féru de politique, suivait de près l’évolution de cette guerre des rizières et il était de ceux qui pensaient comme Mendès-France qu’il fallait négocier avec Hô Chi Minh et se retirer honorablement. De son passé militaire il ne portait guère les culottes de peau de l’état-major dans son cœur et le retentissant désastre de Diên Biên Phu le conforta dans cette opinion.

 

Alors vous comprendrez mieux pourquoi lors d’une de mes razzias de livres je tombais en arrêt face à un petit livre dont le titre : Une Sortie Honorable convoqua mes souvenirs ; de plus la photo de couverture me plut ; je lus la 4e de couverture et je sus de suite que j’allais revisiter ce morceau flou de mes souvenirs.

 

 

« Une sortie honorable », d’Eric Vuillard, Actes Sud, « Un endroit où aller », 208 p., 18,50 €,

 

Je souligne, à l’intention des petites louves et des petits qui croient savoir tout que la guerre d’Indochine de 1946 à 1954, rebaptisée « guerre du Vietnam » de 1955 à 1975, très long conflit dans lequel deux grandes puissances mondiales furent vaincues par un tout petit pays, est peu étudiée dans les programmes scolaires.

 

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Explication du Titre ICI 

Lorsque le général de Lattre de Tassigny s’adressait à dix millions d’Américains

Un prodigieux charabia

 

Les critiques

 

  • Critique par Nathalie Crom Télérama ICI 

Publié le 18/01/2022

 

Navarre et de Castries | Safe for Democracy

 

« Une sortie honorable », c’est l’ordre de mission que s’est vu confier en 1953, par le président du Conseil René Mayer, le général Henri Navarre, tout nouveau commandant en chef des forces françaises en Indochine. On sait ce qu’il en fut : si la sale guerre d’Indochine s’acheva bel et bien pour la France l’année suivante, ce fut après que ledit Navarre eut orchestré le retentissant désastre de Diên Biên Phu. « Le déshonneur eut peut-être mieux valu » que les centaines de milliers de victimes que fit cette guerre – cela sans compter les autres centaines de milliers de victimes de l’occupation coloniale. Telle est l’ironique et désespérante conclusion à laquelle aboutit Éric Vuillard, au terme de cet opus brillant et séditieux, lapidaire et cinglant, dans lequel l’écrivain revisite, à la façon qu’on lui connaît désormais, les cinq dernières années de la présence coloniale française dans la péninsule indochinoise.

 

Expérimentée dans La Bataille d’Occident (2012) et Congo (2012), peaufinée dans Tristesse de la terre (2014), 14 juillet (2016), L’Ordre du jour (prix Goncourt 2017) et La Guerre des pauvres (2019), la manière Vuillard consiste à exfiltrer des livres d’histoire des faits et des figures –  ayant trait toujours aux thèmes de l’impérialisme politique, militaire ou économique –, à braquer sur eux un regard romanesque et acéré, pour projeter sur les épisodes historiques ainsi revisités un éclairage inédit et hautement critique. Cette méthode atteint une sorte d’acmé dans Une sortie honorable – où il n’est, en fait, question d’honneur qu’en quelques pages superbes, que Vuillard consacre à décrire la prise de parole, à l’Assemblée nationale, le 19 octobre 1950, de Pierre Mendès France estimant qu’il n’y a d’autre issue au conflit indochinois que la recherche d’un accord politique avec le Vietminh. « C’est si difficile de décrire un visage, mélange de chair et de pensée. Il y a dans le visage de Mendès quelque chose de rassurant et d’inquiet, de fragile et de cartésien, de coriace et d’hésitant… », écrit Vuillard, avant de s’en retourner, bien moins ému, bien moins amène, à sa grimaçante galerie de personnages, dûment nommés : des militaires, des politiques, et au sommet de la pyramide, des hommes d’affaires, tous membres d’une caste dirigeante endogame et cupide, ayant confisqué la démocratie à cette ambition de dominer et posséder («Un conseil d’administration pour diriger la France ! »). Ça semble caricatural, d’ailleurs ça l’est, mais la force de conviction d’Éric Vuillard est à la hauteur de son indignation – considérable, formidable.

 

20 juillet 1954: comment l'Indochine a signé les accords de paix - L'Express

  • « Une sortie honorable », d’Eric Vuillard : le feuilleton littéraire de Camille Laurens

 

 

CHRONIQUE ICI 

Camille Laurens écrivaine

 

PERTES ET PROFITS

 

« L’histoire est un roman vrai », disait l’historien Paul Veyne. Une telle assertion, floutant la frontière désormais poreuse entre fiction et non-fiction, pourrait justifier la mention « roman » sur le nouveau livre d’Eric Vuillard, Une sortie honorable. Celui-ci lui a pourtant préféré, comme pour ses précédents ouvrages fondés sur des faits historiques, le mot « récit ». Sans doute est-ce pour souligner à la fois la relative brièveté du texte eu égard à l’ampleur des événements racontés – la guerre d’Indochine –, la place qu’y tient l’auteur et le refus de toute invention. Le récit, loin d’une vaste fresque à la Tolstoï, choisit de mettre en perspective quelques journées et personnages en déplaçant la focale et la lumière sur des moments obscurs, néanmoins décisifs. Congo et 14 juillet (Actes Sud, 2012 et 2016) proposaient déjà ce choix narratif, tout comme L’Ordre du jour (Actes Sud, prix Goncourt 2017), qui montrait l’ascension du pouvoir nazi dans les années 1930 à travers différents épisodes méconnus ou apparemment anecdotiques.

 

La pédagogie de Vuillard, qu’on sent à l’œuvre – parfois un peu trop –, consiste à expliquer le déroulement des faits en juxtaposant des scènes qui rendent lisibles causes et conséquences. Ainsi, les premières pages décrivent une plantation de caoutchouc en 1928 et la torture de trois coolies, ligotés par un contremaître avec du fil de fer, après avoir tenté d’échapper aux cadences infernales. « C’était une scène d’épouvante », surligne l’auteur. Puis il enchaîne avec la réunion, quelques années plus tard, d’André Michelin et de F. W. Taylor, le théoricien du management industriel. Une troisième scène montre le président de l’Assemblée nationale, Edouard Herriot, rendant hommage à « nos héroïques soldats » en Indochine.

 

L’efficacité de ce montage est redoutable. Le dispositif repose essentiellement sur une opposition entre nantis et dominés, soutenue par une idée simple et juste : l’histoire bâtit toujours « cet immense édifice qu’est le pouvoir » grâce à la même « immense communauté de poncifs, d’intérêts et de carrières ». Aussi Vuillard présente-t-il tous les puissants – ceux qui savent qu’ils auront « des rues à [leur] nom » – par une sorte de fiche généalogique où les alliances ont quelque chose d’incestueux et où « un bel héritage est pris pour un destin ». L’une des dernières scènes du récit dépeint les membres du conseil d’administration de la Banque de l’Indochine, le « fil d’or » qui les lie à la fin de la guerre après qu’ils ont « spéculé sur la mort » : « On perdait en gagnant et en gagnant prodigieusement », « le dividende était multiplié par trois. Il était rigoureusement proportionnel au nombre de morts. »

 

La pédagogie d’Eric Vuillard consiste à expliquer le déroulement des faits en juxtaposant des scènes qui rendent lisibles causes et conséquences de la guerre d’Indochine

 

Le sens de la formule-choc et l’ample puissance littéraire de certaines pages sont cependant parfois affaiblis par la volonté que semble avoir l’écrivain de marquer le récit de son empreinte. L’usage de l’ironie, en particulier, quoique jubilatoire par endroits, peut aussi être potache, voire lourdingue. Est-il besoin, par exemple, de traiter de «pauvre chou» le général de Lattre de Tassigny ou de recourir à l’argot pour se moquer des dominants, de leur « binette », de leur « bénard » ou de leurs « roustons » ? Sans doute s’agit-il, par le langage, de leur enlever toute leur (fausse) noblesse, mais cela reste besogneux. D’autre part, le refus du roman oblige Vuillard à limiter sa capacité imaginative, si bien que l’incarnation de ses personnages par de petits effets de réel sent un peu le déjà-vu. Ses « parlementaires-barriques » sont tous pourvus de « gigots », « d’arrière-trains prenant leurs aises » ou d’un « gigantesque baba » ; tous ces assis fument le cigare, boivent de la fine. A sa décharge, il faut bien dire que le cliché a un fort ancrage dans la réalité !

 

Reste que la guerre, d’être décrite en coulisse plus que sur le terrain, froide mécanique d’intérêts, n’en est que plus terrifiante. Certes, à Dien Bien Phu, « on crève de partout. On recule de trou en trou, on empile des cadavres pour se protéger ». Mais « si l’on veut vraiment connaître l’horreur (…), il faudrait pouvoir pénétrer en silence dans le bureau où causent Eisenhower et Dulles ». Vuillard nous invite à prolonger notre réflexion en mettant son tressage subtil en regard des tragédies contemporaines. Car l’histoire n’est pas du passé, c’est d’ailleurs souvent au présent qu’il nous la raconte. Déjà, La Guerre des pauvres (Actes Sud, 2019) suggérait un parallèle entre le soulèvement des paysans allemands au XVIe siècle et le mouvement des « gilets jaunes ». De même, Une sortie honorable, dont le titre ironique reprend un syntagme figé cher aux politiques et aux militaires, interroge tacitement la façon dont la France négocie son retrait de conflits sanglants – au Mali, en Afghanistan… – au mépris de toutes les valeurs humaines et tout particulièrement de l’honneur. Le récit d’Eric Vuillard, par sa force de conviction, tient allumé en nous « ce petit lampadaire qu’on appelle la conscience ».

 

Bataille de Diên Biên Phu sur HistoriaGames

  • UNE SORTIE HONORABLE ICI  

 

Un récit brillant, bon sur la forme mais contestable sur le fond

FRANÇOIS DUFFOUR

Le 22 janvier 2022

 

THÈME

La guerre d’Indochine et son épilogue, Dien Bien Phu ; une guerre analysée dans ses causes diffuses et ses ultimes soubresauts, de l’impasse coloniale à la compromission des élites françaises, toutes liées par une communauté d’intérêts incarnée par la bourgeoisie réputée solidaire.

 

 Ainsi est-il question tout à trac et sous la forme d’une enquête à charge, des mauvais traitements de Michelin à l’égard de ses ouvriers indigènes sur une plantation d’hévéas, de la condescendance du blanc révélée par un guide de voyage, des bâillements des parlementaires indifférents aux débats de l’Assemblée nationale traitant de la poursuite de la guerre, de l’ego surdimensionné des militaires et de leurs erreurs d’analyse, de la spéculation financière associée à cette aventure.

 

 Les héros ou simples acteurs du drame indochinois sont ainsi condamnés. Edouard Herriot et René Pleven pour les élus de cette IVème République déclinante, Jean de Beaumont, administrateur de la Banque de l’Indochine puis Président de la Banque Rivaud pour les banquiers avides, Henri Navarre, commandant en chef du corps expéditionnaire, Jean de Lattre de Tassigny aux mêmes fonctions avant lui, le colonel de Castries commandant la place de Dien Bien Phu et ce pour les militaires. Les mêmes encore et collectivement, car à lire l’auteur, tous sont issus des mêmes rangs, l’aristocratie et la bourgeoisie, des mêmes grandes écoles et autres universités, des mêmes quartiers et des mêmes familles par l’effet d’alliances consanguines.

 

POINTS FORTS

La méthode démonstrative et féroce ;  le style, excellent, incisif, à l’instar du modèle  L’ordre du jour primé par le Goncourt (2017).

 

La proposition sous-jacente, une « comédie humaine » à la Balzac, très condensée et sous son approche morale, à la manière de Plutarque et dans le ton de La vie des hommes illustres.

 

QUELQUES RÉSERVES

 

Un talent indéniable au service d’une cause biaisée, niant une partie de l’histoire et abimant des héros d’hier pour les réduire à la dimension de personnages de romans auxquels on peut impunément imputer tous les crimes.

 

 Ainsi le général Navarre, malheureux stratège de l’opération « Castor », n’a-t-il pas démontré plus tôt sa détermination contre le régime nazi, avec l’opération « Desperado » et dans la clandestinité ? Quant au colonel de Castries, est-il indécent de rappeler qu’il a résisté 57 jours à la tête de 14000 hommes dans la cuvette de Dien Bien Phu sous la mitraille Viet-Minh qui en comptait trois fois plus dans des conditions qui réduisent l’évocation de son dandysme à la caricature ?

 

Enfin et sur ce thème, on s’interrogera à l’envie sur l’opportunité de sabrer la famille Vallery-Radot, sans lien avec l’histoire, ou de gloser sur la carrière et les rémunérations d’Henri de Castries à la tête d’Axa, jusqu’au nom de jeune fille de sa femme, lui qui n’était pas né le jour de la reddition de Dien Bien Phu. Quel intérêt sinon celui d’abattre un monde plutôt que d’écrire l’histoire ?

 

ENCORE UN MOT...

 

Eric Vuillard s’attache à l’histoire récente, s’inspire de faits avérés, de chiffres officiels et de quelques autres documents hétérogènes, souvent mineurs ou isolés, pour en définir le contexte… et du contexte, gloser sur la cause et l’effet, cet exercice étant certes mené dans un enchaînement brillant et romanesque, mais pour aboutir finalement toujours au même constat un peu naïf selon lequel et de manière universelle, les peuples sont toujours assassinés par les élites.

 

De la responsabilité des industriels et des banquiers allemands dans l’ascension du Troisième Reich dans L’Ordre du Jour, à la compromission des industriels et banquiers français dans l’affaire indochinoise, à la pusillanimité des parlementaires et à l’ego surdimensionné des militaires, Vuillard dénonce les influences, les solidarités et autres complaisances successives qui, dans un ballet analogique vertigineux et par capillarité, vont provoquer selon lui la mort de milliers victimes civiles et militaires, pour ces dernières des français d’adoption, maghrébins et indochinois ou légionnaires apatrides embrigadés dans une cause perdue, l’Indochine française et la colonisation en général.

 

L’exposé néglige une partie du puzzle ; le peuple allemand ayant placé Hitler au pouvoir par l’effet d’élections libres, quand l’affaire indochinoise, désastreuse et humiliante pour la France, ne se réduit pas à ces pseudo-compromissions actives ou passives, alors que les japonais et les américains sont dans la cause, Staline et le communisme aussi, la Corée voisine, sans négliger la haine d’Ho Chi Minh et l’implacabilité du général Giap.

 

C’est sans doute la difficulté et la limite du « récit » qui, pour préserver son intérêt littéraire, tord le cou à l’histoire et réduit les états de service des acteurs cités à la seule dimension de la démonstration requise quand ils méritent pour la plupart un meilleur traitement.

 

UNE PHRASE

 

“Or justement cette fois-ci il savait. Cela dura une minute. Pendant une minute, il ne pensa plus comme un officier sorti de Saint-Cyr, il ne pensa plus comme un capitaine participant sans remords à la pacification du Maroc, non, pour un court instant, il vit que toute sa rhétorique habituelle, l’honneur, la patrie, était un leurre”.

 

“…il existe toujours une bonne raison de se marier, soit avec la sœur ou le frère de son beau-frère ou de sa belle-sœur, comme plusieurs Michelin en ont montré l’exemple, soit avec un cousin ou une cousine, croisé ou parallèle, peu importe, la bourgeoisie étant en termes de mariage arrangé encore plus permissive que le Coran, afin de tendre vers la structure de parenté la plus simple que l’on puisse concevoir et qui puisse exister afin que tout, voitures, maisons, actions, obligations, fonctions honorifiques, postes, rentes, demeurent pour l’éternité dans la famille et cette structure élémentaire de la parenté du 8ème au 16ème arrondissement de Paris, (NDR manque sans doute un « qui ») ramenée à sa forme la plus essentielle, s’appelle l’inceste”.

 

Navarre: The Man We Hate Part 1 | posting about the Điện Biên Phủ

  • «Une sortie honorable», la Quatrième République de long en charge par Philippe Lançon

 

Éric Vuillard, Prix Goncourt 2017, poursuit au nom du peuple sa démolition des élites et de quelques sinistres épopées occidentales. Une sortie honorable, son nouveau livre, est un remède de cheval contre l’histoire de France selon Zemmour et une dénonciation de la démocratie représentative, telle en tout cas qu’elle s’est jusqu’ici développée. La cible, cette fois, est la Quatrième République et l’Indochine: ses plantations esclavagistes, ses mines de charbon et d’or, ses banques avides et cyniques, sa guerre meurtrière et perdue, ses politiciens et ses généraux exclusivement croqués, à l’exception de Pierre Mendès France et du député communiste arabe de Constantine, Abderrahmane-Chérif Djemad, comme imbéciles, odieux, vendus, amoraux, lâches, ridicules. L’apparition sarcastique de certaines expressions, comme «premier de cordée», souligne que, pour Vuillard, la France d’aujourd’hui n’a guère changé.

 

Portrait d’Edouard Herriot, président de la Chambre des députés en 1950, maire de Lyon, notable d’entre les notables: «Il était midi quinze, le président reboutonna sa veste, comme les hommes d’affaires et les politiciens sont accoutumés à le faire par une sorte de réflexe conditionné. Les ouvriers, les employés des postes, les cheminots, les grutiers ne reboutonnent jamais leur veste, ils foutent les mains dans leurs poches, sur leurs hanches, et l…

 

Bataille de Diên Biên Phu — Wikipédia

  • Cet article vous est proposé par le chroniqueur Chris L. ICI 

 

Une sortie honorable dans les arcanes de la guerre d’Indochine

 

La guerre, sujet déjà abordé par Éric Vuillard dans La Bataille d’Occident relatif au conflit de 1914-1918, dans L’Ordre du jour qui évoque la contribution des industriels allemands à l’ascension des nazis, à l’Anschluss, aux décisions prises dans des salons, en petits comités, aux conséquences criminelles. Avec Une sortie honorable, au lendemain de la seconde guerre mondiale, en pleine guerre froide et de lutte exacerbée contre le communisme, ce sont les arcanes de la guerre d’Indochine, guerre coloniale, qui sont explorées. Depuis Paris, New York, des champs de batailles, juste ce qu’il faut, ce sont presque trente années qui défilent, à des moments clés.

 

Pour mieux ancrer la réalité, il faut débusquer certains évènements ou comportements qui expliquent le rejet des occupants français puis américains. Ainsi dans son premier chapitre, Éric Vuillard restitue quelques éléments d’une publicité d’un guide de voyage pour une armurerie d’Hanoi, ainsi qu’un petit manuel de conversation pour le touriste, révélateurs du mépris patent à l’égard des autochtones. Plus édifiant encore est le rapport d’une inspection du travail en juin 1928 dans des plantations d’hévéas de Michelin, suite à une épidémie de suicides. Le traitement des coolies est digne de sévices et tortures moyenâgeux. L’entrée en matière est efficace, factuelle, sans émotion, véritable marque de fabrique de l’auteur.

 

Quatre temps forts avec des scènes d’anthologie

 

Une sortie honorable se déploie en quatre temps forts avec des scènes d’anthologie. Après le désastre de la bataille de la RC 4 (route coloniale n° 4) ou bataille de Cao Bang, en octobre 1950 l’Assemblée nationale présidée par Édouard Herriot, homme haut en couleurs, se réunit pour tirer les conclusions de ce cuisant échec. C’est l’occasion de faire revivre moult députés, d’apprécier le courage politique et clairvoyance de Pierre Mendès France. La galerie de portraits très bien croqués, est sans compromis, ni pitié. La réflexion sur la IVe république, traditionnellement considérée comme instable est battue en brèche. Quelques députés constituent un véritable clan, participant à toutes les combinaisons gouvernementales, défenseurs de leurs propres intérêts. S’éloigner du sujet principal, est ce qu’aime faire Éric Vuillard et ce qu’apprécient ses lecteurs (ou pas pour certains). C’est avec la même délectation, un peu plus tard, qu’est suivie la carrière des frères Dulles avec leurs terribles manipulations, ainsi que les évènements au Congo indépendant débouchant sur l’exécution de Patrice Lumumba en janvier 1961.

 

Autre moment, celui du voyage du général De Lattre aux Etats-Unis le conduisant sur le plateau de la célèbre émission « Meet the press », créée en 1947 et encore active aujourd’hui, où il se trouve piégé. Au milieu d’un charabia d’anglais jaillissent quelques phrases limpides, dictées par Henry Cabot Lodge, apprises scrupuleusement et qui répondent à ce que les Américains ont envie d’entendre. Une véritable leçon de manipulation !

 

Une sortie honorable, telle est la mission reçue par le général Henri Navarre, lors de sa nomination par le Président du Conseil, René Mayer. Au nom de ce militaire, basé à Saigon, est associé celui de Christian de La Croix de Castries, ultime défenseur de Den Bien Phu, nommé général au cours de la bataille. Deux tempéraments différents face à une tâche insurmontable, livrés à eux-mêmes, sans soutien politique de la métropole, le soutien logistique étant assuré depuis longtemps pour une large partie par les Etats-Unis.

 

Le roman le plus fort d’Eric Vuillard

 

Dans ces récits qui s’emboitent à la perfection sont mis en relief les faiblesses humaines, les violences politiques et sociales, l’exploitation de pays opprimés. L’alliance entre puissants s’exerce à la Banque d’Indochine, au siège social Boulevard Haussmann, où par les liens du mariage entre familles détenant le capital, toutes les richesses acquises prospèrent à leur profit  et celui de leurs descendants. Incontestablement c’est dans ce milieu impénétrable que les plus fortes révélations d’Une sortie honorable sont dévoilées. Descriptions cinglantes, glaciales, d’un milieu où durant la guerre «…ils avaient, lui, et les autres membres du conseil d’administration, spéculé sur la mort. »

 

Éric Vuillard, ni moraliste, sans état d’âme, signe sans doute son roman le plus fort, didactique, aux phrases calibrées qui tombent justes, aux points de vues affirmés, disséquant des personnes ayant œuvré dans l’ombre des pièces feutrées, durant cette interminable guerre entre puissants et faibles, éternellement renouvelée. De l’excellente littérature concise qui éclaire, interroge et enrichit.

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14 février 2022 1 14 /02 /février /2022 06:00

 

Je suis chiffon du côté de ma couturière de mère et insoucieux du qu’en dira-t-on du côté de mon terrien de père, donc peu sensible aux codes vestimentaires à la mode, aux uniformes post-moderne : porter des tennis de jeunes ne fait pas d’un avocat bourgeois un révolutionnaire, mais il n’en reste pas moins vrai que la vêture est la seconde peau choisie, elle un marqueur de personnalité, une  seconde peau qui nous raconte. Le vêtement est choisi par chacun d’entre nous pour le représenter intimement et/ou socialement.

 

C’est ainsi qu’Audrey devient Hepburn à travers le vestiaire que lui dessine Hubert de Givenchy. De la robe tube au (turlututu) petit chapeau pointu, le couturier en fait une femme élégante avec, toujours, ce petit “je-ne-sais-quoi” qui fascine les garçons et les Anglo-Saxons.

 

Le cheptel politique lorsqu’il chalute pour atteindre « les soi-disant hautes sphères » s’entoure de conseillers en image, le petit Z s’est entièrement relooké afin de gommer son allure de chafouin excité, madame Pécresse reste dans le ton versaillais, un BCBG bien fade, la Marine a du mal à ne se départir de son côté vulgaire, Mélenchon se la joue vêture rigide du révolutionnaire ringard, Macron a des costards de premier communiant choisi par Brigitte, reste le Jadot des Verts qui doit se garder à gauche des khmers de Sardine Rousseau et sur sa droite pour ne pas trop verser du côté des bobos.

 

Yannick Jadot qui était l’invité du journal télévisé du 20 heures d’Anne-Claire Coudray diffusé sur TF1, le dimanche 30 janvier, est apparu un brin différent. En effet, le compagnon de la journaliste Isabelle Saporta (ça c’est Gala qui le dit) a fait le choix de porter, sur sa fidèle chemise blanche et sa veste de costume, une cravate bleu marine. Un détail qui n’en est pas vraiment un puisqu’il semble tout droit inspiré d’une critique faite par un auditeur de France Inter.

 

Sans être rosse avec lui, son nouvel attribut est mou, pendouille, ça ne le rend pas plus crédible, mais la France vieillit, faut tout faire pour séduire les mémés et les pépés qui sont de fidèles votants.

 

ue Gala fasse ses choux gras de la cravate de Jadot passe encore mais que le journal le Monde nous fourgue une CHRONIQUE de Marc Beaugé : Yannick Jadot acclamé les bras en croix, c’est peut-être un détail pour vous… m’a laissé pantois.

 

Say Who - Marc Beaugé

 

Marc Beaugé « est un ancien journaliste des Inrockuptibles. On le connaît pour sa participation comme chroniqueur dans l’émission Le Supplément sur Canal+. En dehors de son talent pour les sujets de mode, il est également un féru de musique et de sport. Le fashion police écrit dans ce sens pour les revues France Football, Technikart, GQ ou Standard.

 

Grâce à son expertise, Marc Beaugé travaille pour de nombreuses structures et plateformes web. Véritable couteau suisse, il est à la fois rédacteur en chef des magazines Society, l’Étiquette et Holiday. Le spécialiste de la mode masculine est également pigiste pour M le magazine du Monde, mais aussi pilier du groupe So press. »

 

Je vous livre brut de décoffrage sa prose d’expert

 

Dévoilant les mesures phare de son programme, le candidat Europe Ecologie-Les Verts à la présidentielle était en meeting à Lyon le 29 janvier. Bien décidé à prendre son envol.

 

Profession de foi

 

Mieux qu’un meeting, c’était une messe. Samedi 29 janvier, à Lyon, Yannick Jadot a réuni 700 fidèles à H7, un lieu dédié aux entrepreneurs du numérique. Pendant deux heures, il leur a dévoilé les mesures phares de son programme telles que l’augmentation du smic, la construction de 700 000 logements sociaux, le recrutement de fonctionnaires ou la fermeture de réacteurs nucléaires… Et puis, dans un halo de lumière, le candidat écolo a fini par ouvrir ses bras en grand, tel le Christ rédempteur de Rio de Janeiro. Amen.

 

Fabrique d’un héros

 

Profitons de la posture adoptée par Yannick Jadot pour évoquer un point quelque peu technique. Au-delà de sa dimension christique, cette gestuelle est particulièrement efficace pour juger de la qualité d’un costume et de la valeur de sa confection.

 

Malgré des bras largement écartés, un costume de bonne facture, entoilé et non thermocollé, ne se déforme quasiment pas. Les épaules de la veste resteront posées sur le corps, tandis que son col ne casse pas. De toute ­évidence, le costume de Yannick Jadot n’est pas de très bonne facture.

 

Le port de l’angoisse

 

Le candidat écolo avait fait le choix de ne pas porter de cravate, ce qui n’est pas tout à fait un détail. Interrogé à ce propos, sur France Inter, Jadot a annoncé qu’il allait « prochainement commencer à en porter », car « beaucoup de Français associent la fonction présidentielle au port de la cravate ». Nous lui suggérerons donc d’adopter une cravate en grenadine de soie d’une largeur de 8 centimètres, de la nouer d’un simple four-in-hand et de veiller à ce qu’elle tombe au niveau de la boucle de ceinture de son pantalon. Histoire de faire oublier le costume.

 

 

Lignes officielles

 

Une fois de plus, la présence d’une marinière à l’image nous oblige à effectuer un rappel au règlement. Le décret – officiel du 27 mars 1858, qui introduisit dans le paquetage des matelots de la marine nationale le tricot rayé, précise que « le corps de la chemise doit compter 21 rayures (blanches, chacune deux fois plus larges que les 20 à 21 rayures bleu indigo », pas une de plus, pas une de moins. Alors, sommes-nous bon ici ? Accordons-lui le bénéfice du doute.

 

Cobb couleur

 

Enfin, comment ne pas noter ici l’omniprésence du vert, décliné sur les – drapeaux et au sol ? Longtemps, pourtant, le combat écologique fut symbolisé par le bleu – couleur de la Terre. La donne changea au tout début des années 1970, notamment sous l’impulsion de l’artiste américain Ron Cobb, créateur du « drapeau de l’écologie ». Composé de 6 bandes blanches sur fond vert et pourvu d’un canton supérieur gauche orné d’un symbole thêta jaune, celui-ci fut très populaire pendant quelques années et amorça le nouveau code couleur de l’écologie.

 

Marc Beaugé(Magazine)

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13 février 2022 7 13 /02 /février /2022 06:00

Staline mort Humanite | argoul

Feu le XXe siècle nous a « offert » une belle brochette de tyrans ou de dictateurs : Adolf Hitler, Benito Mussolini, Joseph Staline, Enver Hodja, Francisco Franco, António de Oliveira Salazar, Nicolae Ceausescu… Et quelques seconds couteaux Ante Pavelić en Croatie, Miklós Horthy de Nagybánya en Hongrie, Carl Gustaf Emil Mannerheim en Finlande…

 

Et dire que, lorsque je croise le samedi dans les rues de Paris la maigre cohorte des antitout, exhibant des pancartes où eux les « gens » vilipendent la « dictature macroniste », je ne peux m’empêcher de penser que, quel que soit leurs problèmes, ils sont du pain-béni pour ceux qui veulent étouffer ce fichu régime démocratique. C’est sûr, nous avons failli, je ne sais où, mais ce qui est grave c’est que nous sommes dans un bourbier.  

 

Comment s’en extraire, est la seule et importante question des jours, des mois, des années qui viennent.

 

Mais dans cette brochette infâme « je pense à Enver Hodja, despote lettré, stalinien incurable, dont le nationalisme obsidional et la «francophilie» aveuglèrent tant de clercs parisiens.

 

 « Affranchi de toute fascination, Thomas Schreiber retrace avec minutie le parcours de l'homme qui, seul maître à bord de 1944 à 1985, claquemura le «pays des aigles» dans une suicidaire autarcie, écornant, au passage, maints clichés de l'historiographie marxiste. Ainsi apparaît un jeune Enver, plus dandy qu'étudiant, boursier errant de Montpellier à Paris, avant de servir, au consulat albanais de Bruxelles, une monarchie fantoche, qu'il est censé exécrer. On voit, aussi, comment ce dogmatique impénitent parvint à se brouiller avec la Yougoslavie de Tito, l'URSS de Khrouchtchev et la Chine de Mao. Comment, enfin, patriarche malade et paranoïaque, il sacrifia ses compagnons de lutte, jusqu'au «suicide» suspect de Mehmet Shehu, fidèle dauphin. Nul doute qu'Enver aura marqué son époque et son pays. Au fer rouge.

 

Enver Hodja, le sultan rouge Thomas Schreiber Lattès, 268 p.

 

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27 novembre 2019

 

L’Albanie : Enver Hodja «Nous mangerons de l'herbe s'il le faut, mais nous ne trahirons pas les principes du marxisme-léninisme», Ismaïl Kadaré « Shakespeare et Eschyle m’ont sauvé de l’endoctrinement », la mafia Albanaise dirige la « traite des femmes » ICI 

 

Disputes au sommet, d'Ismaïl Kadaré : Staline et Pasternak au téléphone

Boris Pasternak près de Peredelkino (1958) © D.R.

LIVRES

CRITIQUE LITTÉRAIRE

 

« Disputes au sommet », d’Ismail Kadaré : « Allô camarade Pasternak ? Ici le camarade Staline ! »

L’écrivain albanais fait des différentes versions d’un coup de téléphone mythique de 1934 entre le dictateur et le futur auteur du « Docteur Jivago » un roman entêtant. Une réussite.

 

Disputes au sommet, d'Ismaïl Kadaré : Staline et Pasternak au téléphone

Par Florence Noiville

Publié le 21 janvier 2022

 

« Disputes au sommet » (Kur sunduesit grinden. Rreth misterit të telefonimit Stalin-Pasternak), d’Ismail Kadaré, traduit de l’albanais par Tedi Papavrami, Fayard, 216 p., 19 €, numérique 14 €.

 

Et d’abord, les faits, ou le peu que l’on en sait. La scène se passe à Moscou, en 1934. Le 23 juin, dans l’après-midi, l’écrivain Boris Pasternak (1890-1960) – le futur auteur du Docteur Jivago (1957) et lauréat du prix Nobel de littérature 1958 – reçoit un coup de téléphone inattendu du camarade Staline. Le chef suprême de l’URSS désire s’entretenir avec lui du poète russe Ossip Mandelstam (1891-1938). Il sait que Pasternak et lui sont amis. Quelques mois plus tôt, à l’automne 1933, Mandelstam a composé sa célèbre Epigramme contre Staline, qualifié de « bourreau et assassin de moujiks ». Pour décrire « le montagnard du Kremlin », Mandelstam n’a pas cherché à mâcher ses mots : « Ses doigts sont gras comme des vers/ Des mots de plomb tombent de ses lèvres./ Sa moustache de cafard nargue,/ Et la peau de ses bottes luit. » Lorsque Staline appelle Pasternak, Mandelstam vient d’être arrêté et condamné à la relégation. Il mourra quatre ans plus tard dans un camp de transit vers la Kolyma.

 

Mais revenons à 1934, à ce coup de fil mythique – on le retrouve sous la plume de nombreux auteurs soviétiques ayant écrit sur l’ère stalinienne. Cette fois, c’est le grand écrivain albanais Ismail Kadaré qui s’en empare, près de quatre-vingt-dix ans après les faits. Dans Disputes au sommet, l’auteur du Général de l’armée morte (1963) explique. Il était lui-même étudiant à Moscou, dans les années 1950. C’est là, à l’Institut Gorki, qu’il a entendu parler de cet échange pour la première fois. Depuis, il n’a pas cessé d’y penser. Ces trois à quatre minutes de dialogue avaient-elles scellé le destin du poète ? Pour quelle raison Staline avait-il appelé Pasternak ? Avait-il des doutes sur le sort à réserver à Mandelstam au moment où « le nom du poète était sur toutes les lèvres » ? Voulait-il mettre Pasternak à l’épreuve ? Celui-ci avait-il trahi son ami ? Avait-il été pris de court ? On disait que, à la question : « Que penses-tu de Mandelstam ? », Pasternak aurait répondu : « Nous sommes différents, camarade Staline. » Etait-ce la preuve de son désaveu ? Qu’aurait fait Kadaré à sa place ? Et qu’est-ce qui l’attirait tant, lui, Kadaré, dans ces quelques minutes qui le poursuivaient jusque dans ses rêves ?

 

Treize versions

 

La structure du récit est simple, a priori. Au début du livre, on voit l’auteur sur ses vieux jours tentant d’écrire le roman de cet épisode. Le décrivant à son éditeur, qui doute : « Jamais le poète et le tyran n’auraient dû se retrouver dans le même camp. » Puis Kadaré laisse de côté les mises en abyme, et décortique les différentes versions qu’il a pu réunir de ce coup de fil. Pas moins de treize : KGB, maîtresse et amis de Pasternak, autres écrivains… A chaque fois, ce n’est ni tout à fait la même ni tout à fait une autre. Aucune ne semble ni totalement fausse ni totalement fiable. Le plus déroutant ou le plus ironique étant que dans toutes, Staline raccroche au nez de Pasternak, comme si c’était lui qui incarnait une sorte de « rigueur morale » : « Vous êtes un très mauvais camarade, camarade Pasternak ! »

 

Pendant deux cents pages, Kadaré se glisse ainsi dans la tête des uns et des autres, acteurs ou témoins, accumulant les interprétations, les contradictions, les conjectures. A partir de rien, quelques phrases hypothétiques et les rumeurs insaisissables d’un passé lointain, il nous parle de nous aujourd’hui. Des choix que nous faisons, ou pas. De l’art, du pouvoir, des mots, de l’emprise. De la responsabilité, de l’amitié. Jouant du flou et du net, du vécu ou du rêvé, il réussit un roman impossible, entêtant jusqu’au vertige.

 

Florence Noiville

 

Disputes au sommet, d'Ismaïl Kadaré : Staline et Pasternak au téléphone

Ismaïl Kadaré © John Foley/Opale/Leemage/Éditions Fayard

Pasternak et Staline au téléphone ICI 

par Jean-Paul Champseix

 

19 janvier 2022

 

La conversation téléphonique qui eut lieu en 1934 entre Staline et Boris Pasternak n’a cessé de hanter Ismaïl Kadaré, qui lui aussi a connu un régime totalitaire, celui qu’a dirigé Enver Hoxha en Albanie. La responsabilité de l’écrivain face au tyran est une préoccupation permanente pour l’écrivain albanais. Déjà auteur d’une œuvre abondante, il se livre dans Disputes au sommet à une véritable enquête linguistique et psychologique en décortiquant avec minutie les treize versions connues de cet épisode.

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12 février 2022 6 12 /02 /février /2022 06:00

BRARD Magda (Pontivy, 1903 - Nizza, 1998 ) - Limantiqua

 

Je viens de terminer le tome 2 de M L’homme de la Providence d’Antonio Scurati et j’attends avec impatience le tome 3.

 

M, l'homme de la providence

 

« M. L’homme de la providence », d’Antonio Scurati : le fascisme inscrit dans la pierre et dans la durée ICI 

 

Deuxième tome du roman vrai sur le dictateur italien, qui le voit affermir violemment son pouvoir au cours de la décennie 1922-1932. Effrayant. (lire en fin de chronique)

Par Nicolas Weill

 

 

Mussolini était un homme à femmes, l’une d’elle  rarement citée, était une pianiste française de renommée internationale : Magda Brard qui meurt en 1998, à l'âge de 95 ans.

 

« Magda Marie Anna Brard naît à Pontivy, fille d'Alfred Brard, homme d'affaires et homme politique. Son frère Roger Brard (1907-1977) devient amiral de la marine et président de la Société Mathématique de France1. Elle étudie au Conservatoire de Paris, dont elle remporte le premier prix, sous la direction d'Alfred Cortot2. Élève également de Gabriel Fauré qui la recommande ardemment à son maître Saint-Saëns en 1917 pour la voir jouer chez Chevillard son 2e concerto pour piano. Elle interprète un concert à deux pianos à New York au Carnegie Hall avec Rachmaninov en 1920.

Elle joue pour Benito Mussolini à la villa Torlonia en 1926, alors qu'elle était enceinte de son premier enfant. L'année suivante, ils sont amants ; il exige qu'elle renonce à d'autres concerts et interdit à la presse italienne de couvrir tous les événements où elle se produit. Il y a des rumeurs selon lesquelles elle est une espionne française, ce qui la menace dans la confiance de Mussolini16.

 

En 1933, elle ouvre une école de musique à Turin, l’Accademia della musica dont elle est directrice de 1933 à 1943. Elle est arrêtée en 1945, mais libérée après l'intervention de diplomates français. Elle retourne à Paris après la guerre. Elle enseigne l'italien dans une école privée plus tard dans sa vie et donne des cours de piano à Nice. »

 

Source : Wikipédia

 

MAGDA BRARD La virtuose du double jeu
 

MAGDA BRARD La virtuose du double jeu ICI 

8 août 2007 - 03:08

 

Des dossiers inédits de la Corte di Assise de Côme émerge la véritable histoire du pianiste français qui a donné une fille à Mussolini. Grâce à la protection du Duce il réussit à tisser un réseau d'intrigues et de tromperies digne de Mata Hari

Avatar de Roberto Festorazzi Roberto Festorazzi

 

Mussolini le trousseur impénitent était jaloux comme un tigre :

 

 

 

Le tableau de chasse ICI

   

« La vie amoureuse de Mussolini éclaire singulièrement sa personnalité. Nous savons que, dès sa jeunesse, il a toujours été irrésistiblement attiré par les femmes ; qu'à chaque nouveau déplacement, il a laissé derrière lui une série de maîtresses plus ou moins inconsolables et que sa cohabitation avec Rachele n'a diminué en rien le nombre de ses conquêtes.

 

Il n'était pas plus fidèle à ses maîtresses qu'à son épouse.

 

Margherita Sarfatti, belle Juive collaboratrice de l'Avanti ! puis du Popolo d'Italia, avec qui il aura des relations aussi sensuelles qu'intellectuelles de 1913 à 1934, ne parviendra jamais à avoir «l'exclusivité».

 

Toutes les autres, Angela Curti Cucciati dont il aura une fille —, Magda Fontanges et Cécile Sorel, y compris, ne seront que des passades sans importance.

 

Avant d'aborder cet aspect de la vie de Benito Mussolini, il faut rapporter ici les propres paroles de sa femme :

« Il les préférait bien en chair, a-t-elle dit. Blondes, brunes ou rousses, peut lui importait. Seulement elles ne devaient pas être parfumées. » Il, c'était Benito Mussolini ; elles, c'étaient les femmes.

 

Il a, en réalité, une piètre opinion de l'autre sexe et traite les femmes avec une insensibilité toute orientale ; tel un pacha, il peut fort bien les convoquer soudain, quand elles lui sont nécessaires physiquement, et les renvoyer de la même façon. Dès qu'elles ont franchi sa porte, il les oublie.

 

Une artiste étrangère, à qui il accorda plusieurs séances de pose, fut rapidement victime de son charme indiscutable et de son ardeur. Elle dut avouer qu'elle ne revint pas seulement de Rome avec son tableau peint, mais avec un enfant. Mussolini l'apprit mais ne se soucia ni de la mère ni du rejeton.

 

Deux femmes seulement parviendront, en dehors de Rachele, à susciter chez Mussolini une relative, très relative, fidélité : Margherita Sarfatti et Claretta Petacci. ICI

 

Margherita Sarfatti : l'égérie juive du régime mussolinien | InfoJmoderneBenito Mussolini and Clara Petacci - Dating, Gossip, News, Photos

En montrant comment une démocratie parlementaire se voit graduellement étouffée par la volonté de puissance d’un homme, Benito Mussolini (1883-1945), l’écrivain italien Antonio Scurati réussit à rendre aussi passionnante qu’actuelle la seconde partie du récit romanesque qu’il consacre à la vie de cet antihéros, après M. L’enfant du siècle (Les Arènes, 2020). Pour le lecteur français, la séquence temporelle couverte par M. L’homme de la Providence apportera bien du nouveau. Entre la prise du pouvoir, en 1922, et la crise qui suit l’assassinat de l’opposant socialiste Giacomo Matteotti, en 1924, le fascisme s’y installe dans une durée qu’il entend marquer du sceau de l’éternité, ambition symbolisée par la grande exposition célébrant en 1932 le dixième anniversaire de la « marche sur Rome », qui clôt le volume.

 

Malgré les attentats qui visent le Duce, son pouvoir se mue en dictature personnelle, y compris à l’intérieur du Parti national fasciste (PNF), où les moindres critiques sont peu à peu éteintes. Maître en maniement de la violence, Mussolini, à l’époque encore adulé par Winston Churchill, entend la canaliser à son seul profit, voire à faire montre de souplesse tactique. Par exemple, en réconciliant l’Italie et la papauté, avec les accords du Latran (1929), à l’occasion desquels Pie XI baptise Mussolini « homme de la Providence ».

 

Aveuglements

 

Centré sur les personnages de son roman vrai, Antonio Scurati s’attache à des figures complexes gravitant autour de Mussolini. Par exemple, le très sportif Augusto Turati (1888-1955), qui tente entre 1926 et 1930 d’épurer un PNF gangrené par l’affairisme. On sent poindre une antipathie moindre de l’écrivain pour cette figure oubliée du fascisme, dont la disgrâce s’achève en scandale de pédophilie. Mais Turati est surtout exemplaire d’un aveuglement sur le monstre qu’il est en train d’engendrer. Il en va de même de la maîtresse juive de Mussolini, Margherita Sarfatti (1880-1961), dont la conversion au catholicisme n’empêche pas l’humiliante défaveur, à l’orée des années 1930.

 

Jamais, souligne l’auteur, qui cite leur correspondance, ces deux irresponsables à leur manière n’auront été effleurés par l’idée qu’ils sont victimes de la distorsion d’un réel qu’ils ont eux-mêmes « contribué à créer ». Du reste, leur sort reste enviable face à celui des opposants traqués ou torturés par la toute nouvelle police politique, établie en 1927. La violence de masse se défoule dans les rêves d’empire, anticipant sur les années 1930 et 1940, quand la reconquête de la Libye entraîne massacres, gazages à l’ypérite, ainsi que la déportation impitoyable de cent mille « indigènes ».

 

On saisit, à la lecture, que la répression a mieux su stabiliser le régime que le maniement de la propagande ou les tentatives de l’incarner par un « art fasciste », lequel, tournant progressivement le dos aux avant-gardes courtisées au début, s’oriente vers une monumentalité néoclassique prétendument intemporelle. Si l’on peut regretter un certain goût pour les scènes scabreuses ou scatologiques – piments inutiles d’une narration par ailleurs fort bien menée –, s’il est dommage que demeurent inexpliqués les facteurs expliquant la survie, tant bien que mal, des forces démocratiques et socialistes, et leur renaissance après 1945, on lit toujours avec un plaisir mêlé d’effroi le portrait de cette veille d’apocalypse.

 

Nicolas Weill

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11 février 2022 5 11 /02 /février /2022 06:00

Affiche - Vignes de Saint Émilion - Compagnie PO | Boutique Clouet

Je me suis abonné à Twitter non pour jacter, déblatérer, casser du sucre sur le dos d’X ou Y, booster mon immense pouvoir d’influence, me faire plus intelligent et pertinent que je suis, mais comme à une agence mondiale d’information.

 

En 2013 je notais dans une chronique « Le fil de Twitter s’apparente souvent, je n’écris pas toujours, soit à un monologue, soit à une conversation décousue type café du commerce où chacun suit son fil sans trop se préoccuper de ce dit l’autre ou les autres. Ça atteint, au mieux le niveau « brèves de comptoir », au pire le pâteux d’un monologue d’ivrogne… Je laisse de côté les invectives qui, en ce moment, fleurissent si je puis m’exprimer ainsi car ça se hausse au niveau des immondices. Je ne fais pas référence ici au Mondovino qui le plus souvent fait joujou gentiment dans son bac à sable. »

 

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18 janvier 2013

Du télescripteur à Twitter : sous mes yeux le fil du monde…ICI 

 

À l’Assemblée Nationale, lorsque j’étais de permanence de nuit pour la Présidence, j’aimais bien sûr aller passer le temps à la buvette pour papoter avec celles et ceux qui y avaient accès : Ministres et collaborateurs, députés et assistants, et bien sûr des invités des uns et des autres. Mais ce que j’aimais par-dessus tout sur le chemin de la buvette c’était la batterie de télescripteurs qui, en permanence, dévidaient leur ruban de nouvelles du monde via les grandes agences de presse : Reuters, AFP, Associated Press… Au fur et à mesure du dévidement de la bécane, afin d’éviter l’entassement, les dépêches étaient découpées et pendues par les agents de l’AN en fonction de leur provenance, des thèmes. Ce qui me fascinait c’est que les plus grandes infos venues du monde entier comme les faits divers les plus banaux voisinaient sans hiérarchie. J’avais sous les yeux le fil du monde car partout des sourceurs, petites fourmis de l’information, captaient ce qui allait faire la trame des médias de toute nature. Il y avait, au contact de cette grosse machine cliquetante, une forme de lien matériel, charnel, entre l’émetteur et le récepteur d’information.

 

Yannick Jadot : un candidat bien pâlot | L'Anticapitaliste

Un classement en crise ? Quel avenir pour Saint-Émilion ? ICI

02 FÉVRIER 2022Par Colin Hay

 

Il y a une nouvelle orthodoxie suggérant que la classification de Saint-Émilion est la preuve que les systèmes de classification renouvelables et compétitifs ne fonctionnent tout simplement pas. Cependant, notre correspondant bordelais Colin Hay, n'est pas d'accord, affirmant que loin de célébrer la disparition apparente de ce schéma de classification des plus contestés, nous devrions nous efforcer de le restaurer et de le perfectionner.

 

EXTRAITS

 

Les conclusions de ce corpus de littérature académique peuvent être résumées dans les affirmations fondamentales suivantes :

 

En général, la position d'un château dans le classement fournit au marché une mesure (ou plus précisément, une approximation) de la réputation à long terme tandis que les notes des critiques fournissent une nuance spécifique au millésime ;

 

Plus précisément, la position d'un château dans le classement fixe, en effet, une limite supérieure et une limite inférieure au prix de sortie potentiel d'un vin dans un millésime donné, le classement fonctionnant un peu comme un système de fourchettes de prix ;

 

Les critiques influencent la limite supérieure et la limite inférieure (la gamme ou la largeur de bande en vigueur) en fonction de leur appréciation de la qualité et de la réputation du millésime ;

 

Et, surtout, ils influencent également la position spécifique des châteaux les uns par rapport aux autres dans cette bande passante (toutes choses étant égales par ailleurs, les vins les mieux notés à un moment donné du classement sortent à des prix plus élevés) ;

 

Enfin, les notes des critiques sont les plus importantes et ont le plus d'influence sur les prix lorsqu'elles aident des châteaux auparavant peu performants (à un niveau particulier du classement - un troisième cru médocain, par exemple) à retrouver un prix plus proche de celui de son classement.

 

L'implication de tout cela est que la classification et l'approbation de critiques internationaux reconnus jouent des rôles différents mais complémentaires dans le processus de formation des prix.

 

J'ai déjà longuement commenté les décisions d'Ausone et Cheval Blanc de quitter le classement(voir plus bas) Bien qu'ils soient tristes dans un sens, ce sont des choix que je comprends et que je respecte. Il n'est pas nécessaire de les explorer à nouveau dans les moindres détails. Le point clé ici, je pense, est que les départs d'Ausone et de Cheval Blanc n'étaient motivés ni par l'hostilité envers le classement lui-même ni envers le caractère compétitif du classement en soi - un classement dont les deux propriétés avaient clairement bénéficié (et, comme je l'ai sont susceptibles de continuer à en bénéficier longtemps après leur départ). Leur problème (de longue date) concernait le contenu spécifique des règles régissant l'exercice de classement en 2012 et 2022. Ils ont quitté le classement pour l'instant. Mais si cette lecture de leurs motivations est correcte, il n'y a aucune raison principale pourquoi ils pourraient ne pas être persuadés de réintégrer la compétition pour le classement en 2032 (ou, en fait, à un moment ultérieur). Pour être clair, encore une fois, il s'agit d'un constat et en aucun cas d'une prédiction.

 

Le départ d'Angélus est une chose très différente. Beaucoup d'encre a déjà coulé à ce sujet – pas très bien déployée à mon avis. Pour l'argument que je cherche ici à faire valoir, il n'est pas nécessaire de transformer la flaque d'eau en rivière. La décision d'Angélus aussi est une décision que je comprends et que je respecte, même si elle a été une surprise. En y repensant avec le recul, j'ai l'impression que j'aurais dû l'anticiper ; mais je ne l'ai pas fait, et je ne suis pas le seul à ne pas l'avoir fait.

 

Cela semble évident maintenant, mais pas à l'époque, car cette décision n'est devenue possible qu'une fois qu'Ausone et Cheval Blanc avaient déjà annoncé leur propre intention de quitter le classement (comme Stéphanie de Boüard-Rivoal l'a en effet précisé à Jane Anson dans l'un des meilleurs articles et généralement bien informés sur le sujet). On pourrait même aller jusqu'à suggérer qu'une fois qu'Ausone et Cheval Blanc avaient pris leur décision, la propre décision d'Angélus était inévitable. Il a certainement une justification très claire.

Le Poilu Saint-Émilionnais | RetroNews - Le site de presse de la BnF

Gros plan : comment la sortie d'Ausone et de Cheval Blanc affectera Saint-Émilion ICI 

03 AOÛT 2021Par Colin Hay

Colin Hay

 

 

Colin Hay is db’s Bordeaux correspondent and a Professor of Political Science at Sciences Po in Paris, where he works on the political economy of Europe, la place de Bordeaux and wine markets more generally.

 

His undergraduate degree was in Social and Political Science from the University of Cambridge and he has a PhD from Lancaster University.

 

He started writing for the international press having written a series of academic articles on the influence of wine critics on château release prices and their subsequent performance in the secondary market.

 

But his love affair with fine wine long predates that. He is a particular admirer of the wines of Bordeaux, Burgundy, the Rhône Valley, Piedmont and Tuscany.

 

He can be contacted at colin.hay@sciencespo.fr   

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9 février 2022 3 09 /02 /février /2022 06:00

De l'antibolchevisme à l'anticommunisme | Histoire et analyse d'images et  oeuvres

« Un militant, c’est un militaire qui porte son uniforme à l’intérieur ». Ambrose Bierce

 

 

 
Doctrine politique qui s'appuie sur le communisme égalitaire de Babeuf :
Je fus tirée de ma contemplation par la voix de Planet qui disait auprès de moi : « Ainsi, mon bon ami, vous vous inspirez du vieux Buonarotti et vous iriez jusqu'au babouvisme? − Quoi? Qu'est-ce? leur dis-je tout étonnée. Vous voulez faire revivre cette vieillerie? Vous avez laissé chez moi l'ouvrage de Buonarotti, je l'ai lu, c'est beau; mais ces moyens empiriques pouvaient entrer dans le cœur désespéré des hommes de cette époque, au lendemain de la chute de Robespierre. G. Sand, Histoire de ma vie,t. 4, 1855, p. 32

 

Et avec sa permission, elles sont publiées dans Chroniques de l’architecture ICI 

 

Extrait

 

Les esprits ne se sont échauffés qu’à propos de la nourriture des Français – dont la réputation, cher Medhi, est parvenue jusqu’à tes oreilles. Les gazettes et les lucarnes officielles se sont embrasées lorsqu’un des candidats à la charge suprême, le babouviste Fabien Roussel, se réclamant du Manifeste des Égaux, ayant déclaré que « le bon vin, une bonne viande, un bon fromage : c’est la gastronomie française », s’est aussitôt vu opposer un libelle par Sandrine Rousseau, égérie des féministes « éveillées » se prenant, sans doute, pour une descendante de Jean-Jacques : « le couscous est le plat préféré des Français ». Répondant à la polémique, Roussel a ajouté : « la vie à base de quinoa et de tofu est fade », ce qui n’a rien arrangé.

 

Embarrassé, le sieur Zemmour, pourfendeur du Grand Remplacement, s’est borné à déclarer que « sa mère faisait le meilleur couscous du monde… au jambonneau ». Cet intellectuel enragé, féru de références historiques, ignorerait-il que le Talmud, comme notre saint Alcoran, interdit aux juifs et aux mahométans de manger la bête immonde « qui a la corne fendue, mais ne rumine pas » ?

 

Ce candidat qui revendique ses origines judéo-berbères, connu pour ses forgeries insolentes, tente de réhabiliter la mémoire d’un maréchal félon. Il ose même compter ses partisans au sein d’une faction appelée Reconquête, feignant d’ignorer que la Reconquista, en Espagne, après la chute de Grenade a été le signal de l’expulsion conjointe, en 1492, des juifs et des mahométans, année où le Génois Cristoforo Colombo découvrait le Nouveau monde, ouvrant ainsi la voie aux atrocités dénoncées par le philosophe humaniste Michel Eyquem de Montaigne.

Lettre persane Langue vulgaire

Jacques CHIRAC explique, en s'aidant des chiffres de l'INSEE, que le niveau de vie des Français a augmenté les années précédentes. Georges MARCHAIS lui rétorque que de nombreux Français sont, au contraire, mécontents, puis accuse CHIRAC d'avoir "quarante ans de retard", ce à quoi ce dernier répond avec un grand sourire "Entendre ça de la bouche d'un léniniste, je trouve que ça ne manque pas de saveur....". Georges MARCHAIS traite ensuite Jacques CHIRAC "d'homme avec le couteau entre les dents".

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7 février 2022 1 07 /02 /février /2022 06:00

Passard-058.JPG

Je pose là des préalables :

 

  • Dauga ce fut d’abord pour moi le grand Benoît Dauga (1)

 

Le 5ème élégant

 

  • L’Olivier je l’ai connu y’a un bail (2)

 

Passard-049.JPG

 

  • Un naturiste débridé comme moi ne devrait pas apprécier un faiseur de vin, mais, j’suis comme ça, on ne me changera pas, j’suis fidèle en amitié. Olivier s’affiche, s’expose, au risque de se surexposer mais ça n’est pas qu’un jeu il y a sous le faiseur de vin affiché un gars qui a du cœur et un réel amour de la terre. ICI

 

OlivierDauga.jpg

 

  • L’Olivier c’est l’Antoine du vin, Antoine le chanteur, notre 3e ligne en fleurs qui un soir en avril 2013, au 33 rue du Château d’Eau, dans  le Marché Couvert Saint-Martin, me fit faire une belle découverte : Le Blanc Marzin un superbe Sauvignon Gris que « les grands dégustateurs de l’appellation Bordeaux n’ont pas jugé digne. Bravo, ça fait un superbe vin France supplémentaire. Continuez comme cela les mecs et vous n’aurez que vos yeux pour pleurer les cocos. Pour ceux qui n’accorderaient qu’une confiance limitée à mes capacités de dégustateur, ce que je comprends aisément… » Après cela le père Farge se lamente à propos du soi-disant Bordeaux-bashing.

 

  • Ça fait un bail que  je n’ai pas vu l’Olivier alors pourquoi je ressors ses chemises à  fleurs de la naphtaline (Joke !) ?

 

  • C’est la faute à Twitter et à  Strip Food !

 

CULTURE & SOCIÉTÉ AGRICULTURE

 

Olivier DAUGA, le Faiseur de Vin® : « Au diable les notations et les classements ! Il faut revenir à la terre et parler du produit et des hommes » par Stéphane Brunerie 28 janvier 2022

 

S’il y a un produit alimentaire qui assume sa diversité, c’est bien le vin. En effet, on présente souvent le vin comme un produit issu de son terroir – à chacun d’aller apprécier ou non les saveurs, les styles, les couleurs. Comme si c’était en fait plus au consommateur de s’adapter au produit que l’inverse.

 

Pour autant, ce paradigme évolue dans un contexte où le consommateur de vin devient plus averti, plus exigeant et international. Il est aujourd’hui de plus en plus difficile de ne pas tenir compte de ses goûts et des tendances pour concevoir les vins sans pour autant renier leurs identités.

 

Pour explorer ce sujet, j’ai convié Olivier Dauga, créateur de la société « Le Faiseur de Vin ®». Celui qui conseille depuis trente ans vignerons, coopératives, marques et enseignes en France et à l’étranger pour élaborer les meilleurs vins possibles, tout en restant en adéquation avec les goûts des consommateurs, défend une vision humaniste et respectueuse de la nature du vin. Il livre à StripFood les tendances majeures de consommation, le changement de vision des nouvelles générations, ainsi que les indispensables clefs pour permettre au secteur de se réinventer et rapprocher davantage ceux qui font et ceux qui boivent. Inspirant !

 

Cette interview fait écho à la contribution de Romain Leycuras (à découvrir à la fin de cet article), qui nous éclaire en parallèle sur la crise des vins de Bordeaux, syndrome d’un éloignement entre le produit et ses consommateurs.

 

Stéphane Brunerie

 

Qui êtes-vous, Olivier Dauga ?

 

 

Né à Libourne, issu d’une famille de vignerons depuis plusieurs générations, j’ai été façonné par le sport de haut niveau (le rugby) depuis tout petit. On découvre très tôt chez moi quelque chose de différent, mon nez ! Après des études agricoles, je décide de me réorienter vers le monde du vin et pars en apprentissage à Cognac chez Martel. En 2000, je décide de créer ma société à Bordeaux, qui s’appellera « Le Faiseur de Vin® », traduction littérale et bien française de winemaker.

 

La suite ICI 

 

 

Voilà, c’est dit, même si je ne suis pas sur la même ligne (la 3e Joke) que l’Olivier, qui ne liche pas comme moi des vins nu, son propos est intéressant à lire, ce n’est pas écrit Mélenchon sur mon front.

 

Paroles d'ex - Benoît Dauga : « Là où nous mettions les pieds, Walter Spanghero mettait la tête »

 

https://www.lequipe.fr/_medias/img-photo-jpg/benoit-dauga-n-luttiau-l-equipe/1500000001494701/466:38,1471:1294-828-1035-75/d1d77

  1. (1) Rugbyman français né le 8 mai 1942 à Montgaillard (Lot-et-Garonne), évoluant au poste de deuxième ligne ou de troisième ligne centre. Figure du Stade montois, Benoît Dauga honore soixante-trois sélections en équipe de France (dont 9 en tant que capitaine), de 1964 à 1972, inscrivant onze essai sous le maillot bleu. Dès 1964, il participe au succès obtenu en Afrique du Sud par l'équipe conduite par Michel Crauste (8-6). À son côté se trouve un débutant, Walter Spanghero, et les deux hommes seront souvent mis en concurrence. Benoît Dauga apporte sa contribution, en 1968, au premier Grand Chelem du XV de France dans le Tournoi des cinq nations. Il s'illustre en Afrique du Sud en 1971, notamment à l'occasion d'un match houleux à Durban le 19 juin, où grâce à son autorité, il parvient, en accord avec le capitaine des Springboks Hannes Marais, à calmer les esprits. Le 25 mars 1972, Benoît Dauga achève sa carrière internationale, rappelé en tant que capitaine pour pallier le forfait de Walter Spanghero, par une défaite à Cardiff contre le pays de Galles. Victime d’un grave accident au cours d’un match, Benoît Dauga dut mettre un terme à sa carrière en janvier 1975. En 2003, il deviendra président du Stade montois 
  2.  

(2) 29 juin 2009

  1.  

Michel Tardieu a craqué devant le côté rock and roll d’Olivier Dauga : un couple de « terroiristes » est né…

 

D’un côté : le faiseur de Vin, Olivier Dauga, né dans les vignes, sa carrure de rugbyman, ses lunettes, ses santiags, un style qui décoiffe l’establishment bordelais, une philosophie fondée sur l’harmonie entre terroir, raisin et la personnalité du propriétaire, une conception de l’environnement du produit résolument moderne pour toucher le consommateur, un vision très haute-couture par le sens du détail, une passion de l’excellence, des aphorismes percutants « la plus grande bouteille est celle qui se boit. » la suite ICI 

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5 février 2022 6 05 /02 /février /2022 06:00

La vache d'Hérens - notreHistoire.ch

C’est un secret de polichinelle, pour ceux qui me connaissent, la Savoie est entrée dans mon cœur, j’aime, ses vins nu, ses fromages qui puent et… bien évidemment… elle, mais en revanche j’ai du mal avec le fromage fondu, connu sous les appellations raclette et fondue.

 

En effet, chez soi ou au restaurant, lorsqu’on en a terminé avec ces mets fromagers on a la sensation d’être soi-même un fromage ambulant…

 

Mais tel n’est pas l’objet de cette chronique, ce qui m’intéresse c’est l’éternel conflit fromager entre notre voisine Suisse et ici la Savoie (l’amalgame entre Gruyère français, Gruyère suisse et Emmental est une confusion très française qui agace nos amis suisses depuis très longtemps et qui a même fait l’objet de confrontations diplomatiques au plus haut niveau des deux états. En effet, ce n’est qu’en 2010 que le Gruyère suisse a obtenu sa reconnaissance européenne officielle en obtenant l’exclusivité de l’Appellation d’Origine Protégée (AOP) face à son rival français.)

 

Du côté de la fondue j’ai déjà commis une chronique

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10 février 2020

 

La nouvelle émoji "Fondue" est suisse « prouvant à nos fieffés voisins savoyards que ce sont bien nous, les Suisses, qui sommes propriétaires de la recette. Mais ils ont le culot d’insister. » ICI

 

 

 

En Suisse, la raclette est dans toutes les têtes ICI

 

Par Léo Pajon (Verbier - Suisse)

Publié le 20 janvier 2022 à 17h30 - Mis à jour le 24 janvier 2022 à 09h15

 

SÉRIE Aux pays des délices fondants (1/3) – Dans le Valais, le fromage au lait cru est partout, des plus petites supérettes aux meilleures tables. Il est même la vedette de festivals. Un véritable objet de culte culinaire.

 

En France, on considère souvent que ce délice coulant est né en Savoie. C’est pourtant ici, dans le Valais, un canton situé dans le sud-ouest de la Suisse, frontalier de l’Italie et de la France et bordé au nord par le lac Léman, qu’il serait d’abord apparu. Des documents datant du XIVe et du XVe siècle prouvent que l’on faisait déjà fondre à l’époque, dans cette région montagnarde, du fromage gras en l’approchant d’un feu de bois.

 

En novembre 2021, un sondage mené par Sociovision pour TF1 auprès de 3 500 personnes, propulsait la spécialité fromagère « plat préféré » des Français. Mais, dans le Valais, la raclette n’est pas un plat : c’est une religion, avec ses rituels, ses fidèles et ses évangélisateurs.

 

[…]

 

Quant aux chapelles du célèbre fromage au lait de vache, elles sont partout. On le retrouve bien sûr dans la quasi-totalité des restaurants (même incorporé dans les fondues), mais il est aussi proposé avec le café au petit déjeuner, vendu dans la plus minuscule supérette de village et jusque dans des distributeurs automatiques de la région. Les fondus suisses du fromage fondu ont même imaginé des mix surprenants entre raclette et musique : en août, dans différents lieux du Valais, les festivals Rocklette et Electroclette attirent mélomanes et gourmands en altitude.

 

Mais le vrai temps fort du culte fromager intervient un peu plus tard, fin septembre, pour l’événement « Bagnes, capitale de la raclette ». Les vaches, redescendues des alpages, défilent. Dans un concert de tintements de cloches, les bêtes sont célébrées comme des reines, coiffées de couronnes de fleurs. Et des petits chalets installés pour l’occasion permettent de déguster les raclettes proposées par les fromageries locales, les bruits de mastication enthousiaste étant couverts par les concerts d’accordéon.

 

Une AOP depuis 2003

Pour comprendre cet engouement, il faut saisir à quel point la raclette est chevillée à la culture du Valais. L’hérens, la race de vache produisant le lait traditionnellement utilisé ici pour fabriquer le raclette (les Suisses disent « le » raclette, quand il s’agit du fromage brut, non cuit), fait partie du paysage depuis plus de 5 000 ans. « Les hérens sont trapues, combatives, ce sont aussi de bonnes grimpeuses au sabot solide, ce qui est important en zone montagneuse, mais elles donnent seulement 3 500 kilos de lait par an, deux fois moins que d’autres races », précise l’éleveur Jean-Baptiste Pralong.

 

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