Je viens de terminer le tome 2 de M L’homme de la Providence d’Antonio Scurati et j’attends avec impatience le tome 3.
« M. L’homme de la providence », d’Antonio Scurati : le fascisme inscrit dans la pierre et dans la durée ICI
Deuxième tome du roman vrai sur le dictateur italien, qui le voit affermir violemment son pouvoir au cours de la décennie 1922-1932. Effrayant. (lire en fin de chronique)
Par Nicolas Weill
Mussolini était un homme à femmes, l’une d’elle rarement citée, était une pianiste française de renommée internationale : Magda Brard qui meurt en 1998, à l'âge de 95 ans.
« Magda Marie Anna Brard naît à Pontivy, fille d'Alfred Brard, homme d'affaires et homme politique. Son frère Roger Brard (1907-1977) devient amiral de la marine et président de la Société Mathématique de France1. Elle étudie au Conservatoire de Paris, dont elle remporte le premier prix, sous la direction d'Alfred Cortot2. Élève également de Gabriel Fauré qui la recommande ardemment à son maître Saint-Saëns en 1917 pour la voir jouer chez Chevillard son 2e concerto pour piano. Elle interprète un concert à deux pianos à New York au Carnegie Hall avec Rachmaninov en 1920.
Elle joue pour Benito Mussolini à la villa Torlonia en 1926, alors qu'elle était enceinte de son premier enfant. L'année suivante, ils sont amants ; il exige qu'elle renonce à d'autres concerts et interdit à la presse italienne de couvrir tous les événements où elle se produit. Il y a des rumeurs selon lesquelles elle est une espionne française, ce qui la menace dans la confiance de Mussolini16.
En 1933, elle ouvre une école de musique à Turin, l’Accademia della musica dont elle est directrice de 1933 à 1943. Elle est arrêtée en 1945, mais libérée après l'intervention de diplomates français. Elle retourne à Paris après la guerre. Elle enseigne l'italien dans une école privée plus tard dans sa vie et donne des cours de piano à Nice. »
Source : Wikipédia
MAGDA BRARD La virtuose du double jeu ICI
8 août 2007 - 03:08
Des dossiers inédits de la Corte di Assise de Côme émerge la véritable histoire du pianiste français qui a donné une fille à Mussolini. Grâce à la protection du Duce il réussit à tisser un réseau d'intrigues et de tromperies digne de Mata Hari
Mussolini le trousseur impénitent était jaloux comme un tigre :
Le tableau de chasse ICI
« La vie amoureuse de Mussolini éclaire singulièrement sa personnalité. Nous savons que, dès sa jeunesse, il a toujours été irrésistiblement attiré par les femmes ; qu'à chaque nouveau déplacement, il a laissé derrière lui une série de maîtresses plus ou moins inconsolables et que sa cohabitation avec Rachele n'a diminué en rien le nombre de ses conquêtes.
Il n'était pas plus fidèle à ses maîtresses qu'à son épouse.
Margherita Sarfatti, belle Juive collaboratrice de l'Avanti ! puis du Popolo d'Italia, avec qui il aura des relations aussi sensuelles qu'intellectuelles de 1913 à 1934, ne parviendra jamais à avoir «l'exclusivité».
Toutes les autres, Angela Curti Cucciati dont il aura une fille —, Magda Fontanges et Cécile Sorel, y compris, ne seront que des passades sans importance.
Avant d'aborder cet aspect de la vie de Benito Mussolini, il faut rapporter ici les propres paroles de sa femme :
« Il les préférait bien en chair, a-t-elle dit. Blondes, brunes ou rousses, peut lui importait. Seulement elles ne devaient pas être parfumées. » Il, c'était Benito Mussolini ; elles, c'étaient les femmes.
Il a, en réalité, une piètre opinion de l'autre sexe et traite les femmes avec une insensibilité toute orientale ; tel un pacha, il peut fort bien les convoquer soudain, quand elles lui sont nécessaires physiquement, et les renvoyer de la même façon. Dès qu'elles ont franchi sa porte, il les oublie.
Une artiste étrangère, à qui il accorda plusieurs séances de pose, fut rapidement victime de son charme indiscutable et de son ardeur. Elle dut avouer qu'elle ne revint pas seulement de Rome avec son tableau peint, mais avec un enfant. Mussolini l'apprit mais ne se soucia ni de la mère ni du rejeton.
Deux femmes seulement parviendront, en dehors de Rachele, à susciter chez Mussolini une relative, très relative, fidélité : Margherita Sarfatti et Claretta Petacci. ICI
En montrant comment une démocratie parlementaire se voit graduellement étouffée par la volonté de puissance d’un homme, Benito Mussolini (1883-1945), l’écrivain italien Antonio Scurati réussit à rendre aussi passionnante qu’actuelle la seconde partie du récit romanesque qu’il consacre à la vie de cet antihéros, après M. L’enfant du siècle (Les Arènes, 2020). Pour le lecteur français, la séquence temporelle couverte par M. L’homme de la Providence apportera bien du nouveau. Entre la prise du pouvoir, en 1922, et la crise qui suit l’assassinat de l’opposant socialiste Giacomo Matteotti, en 1924, le fascisme s’y installe dans une durée qu’il entend marquer du sceau de l’éternité, ambition symbolisée par la grande exposition célébrant en 1932 le dixième anniversaire de la « marche sur Rome », qui clôt le volume.
Malgré les attentats qui visent le Duce, son pouvoir se mue en dictature personnelle, y compris à l’intérieur du Parti national fasciste (PNF), où les moindres critiques sont peu à peu éteintes. Maître en maniement de la violence, Mussolini, à l’époque encore adulé par Winston Churchill, entend la canaliser à son seul profit, voire à faire montre de souplesse tactique. Par exemple, en réconciliant l’Italie et la papauté, avec les accords du Latran (1929), à l’occasion desquels Pie XI baptise Mussolini « homme de la Providence ».
Aveuglements
Centré sur les personnages de son roman vrai, Antonio Scurati s’attache à des figures complexes gravitant autour de Mussolini. Par exemple, le très sportif Augusto Turati (1888-1955), qui tente entre 1926 et 1930 d’épurer un PNF gangrené par l’affairisme. On sent poindre une antipathie moindre de l’écrivain pour cette figure oubliée du fascisme, dont la disgrâce s’achève en scandale de pédophilie. Mais Turati est surtout exemplaire d’un aveuglement sur le monstre qu’il est en train d’engendrer. Il en va de même de la maîtresse juive de Mussolini, Margherita Sarfatti (1880-1961), dont la conversion au catholicisme n’empêche pas l’humiliante défaveur, à l’orée des années 1930.
Jamais, souligne l’auteur, qui cite leur correspondance, ces deux irresponsables à leur manière n’auront été effleurés par l’idée qu’ils sont victimes de la distorsion d’un réel qu’ils ont eux-mêmes « contribué à créer ». Du reste, leur sort reste enviable face à celui des opposants traqués ou torturés par la toute nouvelle police politique, établie en 1927. La violence de masse se défoule dans les rêves d’empire, anticipant sur les années 1930 et 1940, quand la reconquête de la Libye entraîne massacres, gazages à l’ypérite, ainsi que la déportation impitoyable de cent mille « indigènes ».
On saisit, à la lecture, que la répression a mieux su stabiliser le régime que le maniement de la propagande ou les tentatives de l’incarner par un « art fasciste », lequel, tournant progressivement le dos aux avant-gardes courtisées au début, s’oriente vers une monumentalité néoclassique prétendument intemporelle. Si l’on peut regretter un certain goût pour les scènes scabreuses ou scatologiques – piments inutiles d’une narration par ailleurs fort bien menée –, s’il est dommage que demeurent inexpliqués les facteurs expliquant la survie, tant bien que mal, des forces démocratiques et socialistes, et leur renaissance après 1945, on lit toujours avec un plaisir mêlé d’effroi le portrait de cette veille d’apocalypse.
Nicolas Weill