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La visite éclair d'Hitler à Paris ICI
Le marchand de journaux de la place de l'Opéra, qui ajuste son présentoir, s'arrête tout à coup, comme pétrifié. Pas de doute, c'est bien Hitler, l'homme qui vient de faire tomber la France ! Sanglé dans un long manteau de cuir boutonné jusqu'au col, le chef nazi est flanqué d'une escorte qui avance d'un pas raide. La casquette, trop grande, lui mange le visage, barré par son étrange ruban de moustache.
Ce petit tour au Palais Garnier a sorti Hitler de l'humeur maussade qui ne le quitte pas depuis que son Condor, un quadrimoteur beige, s'est posé au Bourget, à 5 h 30. La veille pourtant, il a tordu le bras à la France, en lui faisant signer à Rethondes un armistice humiliant. Et en cette aube du 23 juin 1940, le voici à Paris, la ville qu'il rêve de voir en vrai, et plus seulement dans les nombreux livres de sa bibliothèque personnelle. Alors quoi, puisque tout lui sourit ? Son escorte, une trentaine de dignitaires, sait à quoi s'en tenir quand leur Führer rumine ses pensées. A l'arrière de la Mercedes qui traverse la porte de la Villette, le sculpteur officiel du III e Reich, Arno Breker, et l'architecte Albert Speer s'en tiennent prudemment à quelques généralités. Son humeur est peut-être assombrie par l'atmosphère lugubre qui enveloppe la Ville Lumière, aux mains des nazis depuis déjà dix jours. Le bruit des bottes allemandes a fait décamper un tiers des habitants, et c'est une forêt de volets clos que traverse la file des cinq berlines allemandes.
Il est 6 heures dans ce Paris désert, quand le cortège se gare à l'Opéra. En levant les yeux sur sa façade néoclassique, ce fou de Wagner donne enfin le la : « Le plus beau théâtre du monde », s'extasie-t-il, affichant un air enfin détendu.
A l'intérieur, il grimpe l'escalier monumental jalonné de statues, s'arrête au foyer de la danse illustré par Degas, demande à voir la loge du président de la République... Sa connaissance parfaite des plans de Garnier bluffe sa petite suite de courtisans.
Direction la Madeleine, qui le laisse de marbre, puis la place de la Concorde qu'il trouve magnifique quoiqu'un peu trop ouverte. La décapotable de tête, où il a pris place, emprunte maintenant les Champs-Elysées vers l'Arc de Triomphe qui, selon Breker, le « transporte d'enthousiasme ».
Il veut le même à Berlin, mais en deux fois plus grand pour célébrer l'Allemagne victorieuse ! Il faut dire que Napoléon, qui a fait édifier le monument, inspire Hitler. Aux Invalides, il s'incline longuement devant le tombeau en quartz rouge abritant les cendres de l'empereur français. Pour l'occasion, il troque son manteau pour une gabardine blanche, ôte sa casquette, s'incline légèrement puis médite de longues minutes. Il confiera plus tard avoir vécu « le plus grand et le plus beau » moment de sa vie.
Entre-temps, il a sillonné l'ouest bourgeois vidé de ses résidents, posé pour la propagande avec la tour Eiffel en arrière-fond. Le Panthéon -- où il est gêné par l'odeur de moisi --, Notre-Dame, l'hôtel de ville, la place Vendôme, puis le Ventre de Paris. Aux Halles, un petit groupe de poissonnières s'approche. « La plus corpulente leva la main, montra Hitler et se mit à crier : c'est lui, c'est lui ! », se souviendra un accompagnateur.
La Blitz Besuch (« visite éclair ») se termine au Sacré-Cœur, qualifié d'« horreur ». Peu importe puisque du haut de la butte Montmartre, tout Paris est couché à ses pieds. « Je remercie le destin. Il m'a permis de voir cette grandiose cité qui m'a toujours fasciné ?, lâche-t-il à Breker.
A 8 h 30, le quadrimoteur orné d'une croix gammée redécolle du Bourget. Avant de s'évanouir dans l'horizon, il survole Paris une dernière fois, tournoyant comme un aigle surveillant sa proie.
IX - Adolf Hitler, le visiteur du matin (23 juin 1940) ICI
Les Allemands sont à Paris. Dans le petit jour du 14 juin, les premiers motocyclistes avec side-cars pénètrent dans une capitale déserte, du fait du couvre-feu. Le 23 juin, dans la ville pavoisée de croix gammées, Hitler effectue une visite " culturelle " (l'Opéra, la Madeleine, la Concorde, les Invalides...). Les Français s'interrogent sur l'avenir que le chancelier du Reich réserve à leur pays vaincu.
Le Monde
Publié le 28 juillet 1989
« Préparez un décret dans lequel j'ordonne la pleine reprise des constructions de Berlin...N'est-ce pas que Paris était beau ? Mais, Berlin doit devenir beaucoup plus beau. Je me suis souvent demandé dans le passé s'il ne fallait pas détruire Paris. Mais, lorsque nous aurons terminé Berlin, Paris ne sera plus que son ombre. Alors, pourquoi la détruire ? »
Hitler tire là, froidement et calmement, au soir du 23 juin 1940, avec son architecte préféré, Albert Speer, la leçon du voyage-éclair qu'il avait accompli en sa compagnie, quasi incognito, le matin même dans Paris occupé.
Neuf jours auparavant, les avant-gardes du général Kurt von Briesen pénétraient dans la capitale, l'arme à la bretelle : comme le plus souvent dans cette fichue guerre, le haut-commandement français n'avait cessé de tergiverser sans décider si la capitale devait devenir un môle de résistance. Celui qui en était le gouverneur militaire depuis le 2 septembre 1939, le général Héring, un Alsacien énergique, était bien décidé à se battre devant et dans la capitale. Mais, ne disposant que de moyens réduits _ 10 000 hommes, 200 canons, 30 chars, _ il attendait des renforts qui ne vinrent jamais : Weygand ne disposait plus de réserves suffisantes. Et, quand il fut avéré que Rommel passait la Seine en amont, le généralissime, pour éviter des destructions préjudiciables et le massacre de population civile, tranchait : le 12 à midi, Paris était déclaré " ville ouverte "
A cette date, la ville s'était largement vidée de ses habitants à cause des nouvelles du front, et encore plus du bombardement : 200 bombardiers protégés par 150 chasseurs de la Luftwaffe visant les aérodromes et les nœuds ferroviaires, mais aussi des usines, Citroën par exemple, avaient fait plus de 250 victimes civiles dans les quinzième et seizième arrondissements. Pourtant, il en restait intra-muros un bon tiers, soit encore 1 100 000, et un peu moins de la moitié des banlieusards (soit 800 000). Une bonne partie de l'administration était encore à son poste, à commencer par le préfet de police Roger Langeron et le préfet de la Seine, Villey, avec le gros des policiers parisiens et des pompiers. Ils attendaient.
Les avant-gardes allemandes investissaient la proche banlieue nord dans la soirée du 13. En moins d'une heure, un protocole d'accord était conclu entre deux plénipotentiaires français et les Allemands : les Français s'engageaient à ne pas détruire les ponts, à assurer l'ordre contre les pillards, la population serait consignée chez elle pendant quarante-huit heures. Dans le petit jour du vendredi 14 juin, les premiers motocyclistes avec side-cars pénétraient dans Paris désert. Dans la journée, les vainqueurs contrôlaient toute la capitale, sans véritables incidents, même si une quinzaine de personnes en furent frappées au point de se suicider. Parmi elles, une personnalité du Tout-Paris, le fils de Gyp, cette femme écrivain des années 1900, Thierry de Martel, chirurgien-chef de l'Hôpital américain ; le 13 au soir, il écrivait à William Bullitt, l'ambassadeur des Etats-Unis, un de ses amis, à qui il avait assuré qu'il ne quitterait pas Paris : " En y restant vivant, c'est un chèque barré que je remets à mon adversaire. Si j'y reste mort, c'est un chèque sans provision. Adieu. "
Les services de Goebbels firent croire, en diffusant des reportages filmés où l'on voit des badauds en assez grand nombre assister aux parades des troupes allemandes ou entourant les soldats de la Wehrmacht, que les Parisiennes et les Parisiens s'étaient donnés dès le premier jour aux vainqueurs. En réalité, ces images sont postérieures, légèrement postérieures. Au contraire, lors de l'arrivée des Allemands, les habitants, qui, de surcroit, étaient tenus dans les premières heures de respecter le couvre-feu, s'étaient claquemurés. D'ailleurs, les Allemands ont été nombreux à témoigner qu'ils avaient traversé une " ville sans regard " (Die Stadt ohne Blick). Les badauds ne vinrent qu'ensuite aux nouvelles, avec le soulagement de voir qu'ils n'étaient pas investis par des hordes barbares. Car les consignes extrêmement strictes qu'avait reçues la troupe de se conduire de façon " korrect " ont été appliquées quasiment à la lettre. Il y a vraisemblablement du vrai dans la description que fit, postérieurement, Emmanuel d'Astier de la Vigerie de cette " Korrection " : " Ils paient, ne s'enivrent pas, se lèvent pour les femmes dans les transports en commun. Ce ne sont pas des soudards [...] C'est un viol tranquille, de belle tenue, devant des Français submergés. " Ce qui ne signifie pas pour autant que les Parisiens fussent prêts à une collaboration-réconciliation. Hitler en eut un aperçu en visitant l'Opéra ; il avait fallu réveiller un vieil ouvreur, à qui on demanda de mener la visite complète des lieux ; Hitler tint beaucoup à ce que lui fût donné un billet de 50 marks ; il refusa courtoisement, mais fermement.
Et, petit à petit, la vie reprit son cours, comme le souhaitaient d'ailleurs les autorités d'occupation, qui attachaient une grande importance à la relance de la vie culturelle ; le ravitaillement fut assuré ; les cafés ouvrirent bien vite leurs portes, le cinéma Pigalle reprenait ses projections dès le 15. Moyennant soumission à la censure allemande, la presse fut invitée à reparaitre, et, dès le 18, sortaient le Matin de Bunau-Varilla et la Victoire de Gustave Hervé, journaux, il est vrai, qui ne risquaient pas d'attaquer l'occupant. Evidemment, le drapeau français était dorénavant interdit, la croix gammée flottait sur la Chambre des députés, sur la tour Eiffel et sur bon nombre d'édifices publics et d'hôtels réquisitionnés (mais elle fut retirée, au bout de quelques heures, de l'Arc de triomphe, par respect pour le Soldat inconnu). Dès le 14, également, les horloges durent être avancées d'une heure : Paris vivrait désormais à l'heure allemande.
C'est cette ville pavoisée de croix gammées qu'Adolf Hitler décidait de visiter, pour la première fois de sa vie, le dimanche 23 juin, le lendemain de la signature à Rethondes des préliminaires franco-allemands d'armistice. Le Führer s'offrait un jour de détente, qui n'avait rien de militaire : il s'agissait, il l'avait annoncé à son entourage, d'un voyage culturel.
C'est pourquoi étaient de la fête à la fois Speer, l'architecte qui lui promettait monts et merveilles pour le nouveau Berlin, et son sculpteur préféré, Arno Brecker, celui qui savait modeler des athlètes et guerriers assez virils pour évoquer le modèle aryen. Trois Mercedes découvertes venaient le chercher, au petit jour _ 5 h 30 _ à l'aérodrome du Bourget. Assis, comme à son habitude, à l'avant, près du chauffeur, botté, ganté, sanglé dans un manteau de cuir, le Führer donnait l'ordre de mettre le cap sur l'Opéra. Il s'y attarda longuement, lui qui en avait une connaissance livresque quasi parfaite ; tout ou presque au palais Garnier l'impressionna fortement. Après quoi la Madeleine (un peu trop académique à son goût), la Concorde et les Champs-Elysées (qu'il admira), l'Arc de triomphe, le palais de Chaillot, la tour Eiffel (qui lui sembla allier heureusement la prouesse technique et la " mobilisation d'une idée artistique de base ", la chapelle des Invalides (avec méditation prolongée sur le sarcophage de l'Empereur), le Panthéon (dont les proportions l'impressionnèrent), la Sainte Chapelle, Notre-Dame, la place des Vosges, qui le laissa sans réaction, le Sacré-Cœur, enfin, qui ne lui plut pas.
La visite dans Paris à peine réveillé avait duré trois heures. Puis le touriste Hitler reprit son avion et survola une dernière fois à basse altitude la capitale avant de regagner son Q. G. Pas ou peu de politique pendant cette visite. En quittant l'Arc de triomphe, il avait fait seulement remarquer qu'il aurait pu offenser les Français en organisant des Champs-Elysées à la Concorde un grand défilé triomphal. Il est vrai que Goering ne pouvait garantir que la RAF ne viendrait pas perturber la parade. Ce qui l'incitait à ne rien entreprendre pour l'heure, si l'on en croit Speer, c'est le sentiment qu'il n'avait encore franchi qu'une étape : " Je n'ai pas envie d'assister à un défilé célébrant la victoire ; nous ne sommes pas encore au bout. "
Que savaient les Français de la place que pouvait bien réserver Hitler à la France vaincue ? Pas grand-chose, car ils l'avaient peu lu, comme tout ce qui venait de l'étranger, et n'avaient pu imaginer pareille issue à un conflit que, de surcroit, ils avaient cherché à éviter. Pourtant Hitler avait, lui, des idées relativement précises sur la place qu'occuperait la France dans une Europe qu'il voulait remodeler de fond en comble. L'annulation du traité de Versailles de 1919 n'était qu'une étape dans sa géopolitique, mélange singulier de Weltanschauung raciale (l'échelle de valeurs des peuples se faisant en fonction de leur pureté raciale supposée) et d'une Realpolitik des plus classiques.
Car la mission qui incombait à ses compatriotes était de dominer l'Europe continentale pour y conquérir pour la fin des siècles l'espace vital, le Lebensraum. Cet espace vital serait pris sur les Slaves, qui ne valaient pas grand-chose, à ses yeux, au plan racial. Mais il fallait éviter une guerre sur deux fronts, celle qui avait coûté si cher aux armées impériales, et isoler la France, qui demeurerait un adversaire irréductible : il songea à s'allier à l'Italie et à la Grande-Bretagne, dont, jusque vers le milieu des années 30, il avait escompté la neutralité bienveillante. Devenu chancelier, Hitler celait en public cet expansionnisme, et, à chaque annexion, se répandait au contraire en professions de foi pacifiques.
Mais nous disposons d'un document tout à fait explicite sur ses intentions : c'est le " protocole Hossbach ", du nom d'un colonel qui fut chargé d'établir un compte rendu de la réunion qui regroupa, le 5 novembre 1937, les ministres de la guerre et des affaires étrangères avec les commandants en chef des trois armes de la Wehrmacht. Il y est dit que le " but de la politique allemande " était d'" assurer la sécurité et la subsistance de la masse populaire, ainsi que son accroissement. " Par là même, il s'agissait du " problème de l'espace " ; comme celui du Reich est trop restreint, " l'unique remède, qui peut vous paraitre chimérique, consiste dans l'acquisition d'un plus grand espace vital ", un espace vital qui ne " peut être recherché qu'en Europe " et qui ne pourra " être réalisé qu'en brisant les résistances et en encourant des risques. "
Dans les années 20, pour Hitler, " l'ennemi mortel du peuple allemand est et reste la France " (édition de Mein Kampf parue en 1927), car " la France a besoin de la balkanisation de l'Allemagne pour parvenir à l'hégémonie en Europe. " Dans les années 30, il y a une relative évolution de la stratégie de celui qui est devenu le Führer : la France est avant tout pensée en fonction de ce qui est désormais le but prioritaire, la conquête à venir de la " Russie ". Le risque étant réduit de voir la France prétendre à une hégémonie en Europe, elle est surtout une menace permanente si l'Allemagne s'engage à l'est. Le 9 octobre 1939, il avait rédigé un long mémorandum on ne peut plus explicite : " Le but de guerre allemand doit nécessairement être la liquidation militaire définitive de l'Ouest, ce qui veut dire ôter aux nations occidentales la force et la possibilité de s'opposer une fois encore à la consolidation de l'Etat allemand et au développement du peuple allemand en Europe " ; le 23 novembre, il revenait à la charge : " Nous ne pouvons-nous engager contre la Russie que si nous avons les mains libres à l'ouest ".
La campagne de France avait vu non seulement la destruction ou la mise hors de combat de l'armée française, mais aussi l'effondrement de la France. L'occasion était trop belle pour ne pas en profiter. Dans les semaines qui ont suivi la conclusion de l'armistice apparaissent divers projets de redécoupage territorial de la France ; la plupart prenaient pour base les frontières antérieures au traité de Westphalie en 1648 ; le plus achevé, celui du secrétaire d'Etat au ministère de l'intérieur, Stuckart, traçait la nouvelle frontière franco-allemande : elle partait de la baie de Somme, épousait la limite nord du Bassin parisien et de la Champagne jusqu'à l'Argonne, s'infléchissait au sud-est en traversant la Bourgogne, passait à l'ouest de la Franche-Comté et rejoignait le lac de Genève. Un projet qui pouvait servir de base pour les futures négociations de paix.
Mais, dès juillet 1940, il n'était plus question de traité de paix, avant la reddition de la Grande-Bretagne, ou même la chute de l'URSS. Car Hitler, qui estimait la Wehrmacht invincible sur terre, prenait alors le risque de combattre sur deux fronts, la chute de Moscou devant obliger la Grande-Bretagne à négocier ; il pensait de surcroit que, si la paix était signée dans la foulée, il faudrait arbitrer entre tous ceux qui attendaient quelques reliefs des dépouilles françaises, et, d'abord, l'Italie et l'Espagne ; les Français pourraient cesser d'être dociles, et il faudrait de toute manière leur rendre le littoral atlantique et les côtes de la Manche, indispensables pour préparer l'invasion de la Grande-Bretagne. Toutes raisons qui militaient pour qu'on en reste à la convention d'armistice, suffisamment drastique pour obtenir ce qu'on désirait des Français vaincus.
Est-ce à dire que, si les Français se conduisaient bien et collaboraient avec leurs vainqueurs, il y avait lieu de faire de ces nouveaux rapports franco-allemands un pivot de la politique du Reich ? La réponse est négative si on se fie à la directive no 490 dictée par Hitler le 9 juillet 1940 : " L'Allemagne ne conclut pas avec la France une paix chevaleresque. L'Allemagne ne considère pas la France comme une alliée, mais comme un Etat avec lequel les comptes seront réglés lors du traité de paix. A l'avenir, la France jouera en Europe le rôle d'une Suisse agrandie et deviendra un pays de tourisme pouvant éventuellement assurer certaines productions dans le domaine de la mode. " Soutenir les efforts du gouvernement français pour établir un régime autoritaire n'aurait aucun sens. Toute forme de gouvernement paraissant propre à restaurer les forces de la France se heurtera à l'opposition de l'Allemagne. En Europe, seule l'Allemagne commande. Elle n'a, en dehors de l'Italie, qui dispose de son espace vital propre, aucun allié ni partenaire placé sur un pied d'égalité. " Hitler, à quelques variantes près, ne démordra pas de cette perspective. On conçoit alors ce qui attendait les Excellences vichyssoises qui investiront dans la collaboration politique avec le Reich. Les mêmes commettront un autre contresens lourd de conséquences pour les Français : ils ne verront pas que c'est l'URSS, et non pas la France, qui, plus que jamais, était au centre des préoccupations du Führer.
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