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12 janvier 2022 3 12 /01 /janvier /2022 06:00

Une biographie révèle la fascination de Hitler pour le monde anglo-saxon

Par les temps qui courent je fais dans le lourd, 928 pages, avec Hitler. Le monde sinon rien, biographie de l’historien britannique professeur au centre d'études internationales de l'université de Cambridge Brendan Simms, qui a écrit une biographie qui retourne les interprétations de la vision du monde d'Hitler. Ce n'était pas le communisme qu'Hitler haïssait par-dessus tout, mais le capitalisme en général et les États-Unis en particulier : « Le capitalisme anglo-américain contre lequel Hitler se révolta structura toute sa carrière politique. » et fut la racine de son antisémitisme...

 

Je partage la critique ci-dessous de Fréderic le Moal, elle reflète parfaitement mon opinion sur cette biographie.

 

Caricature, par Clifford K. Berryman en 1939, du pacte germano-sovietique signe en aout 1939. Ici, le pacte est represente sous la forme du mariage entre Adolf Hitler et Joseph Staline.

© Rue des Archives / Granger NYC / © Granger NYC/Rue des Archive

 

Hitler l’anticapitaliste

 

C’est une véritable révolution copernicienne qu’opère l’historien britannique Brendan Simms dans sa biographie d’Hitler, traduite par les éditions Flammarion. Notons tout d’abord que l’ouvrage frappe par la densité de ses informations, la précision de ses analyses et la richesse des citations du Führer.

 

Se concentrant avant tout sur son projet de politique étrangère, il propose une thèse des plus ori­gi­nales et nous conduit à réviser en profondeur notre vision du dessein hitlérien.

 

Jugeons-en.

 

Reje­tant la thèse clas­sique et communément admise de la haine idéologique à l’encontre du judéo-bolchévisme, qui pousse Hitler dans son entreprise de destruction de l’URSS, du communisme et du judaïsme, Simms explique que ce qui, en réalité, structure la pensée du dictateur se situe dans son aversion pour le capitalisme anglo-saxon, répulsion qui constitue la matrice de son antisémitisme, Londres et Washington étant perçues comme soumises aux Juifs.

 

La suite ICI

 

Hitler Le monde sinon rien - broché - Brendan Simms, Séverine Weiss,  Johanna Blayac - Achat Livre ou ebook | fnac

Brendan Simms, Hitler. Le monde sinon rien, Flammarion, octobre 2021, 928 p. — 39,00 €.

Brendan Sims, professeur d'histoire des relations internationales à l'Université de Cambridge

Entretien de Books avec Brendan Simms : « Hitler ne considérait pas le principal ennemi de l'Allemagne comme le communisme soviétique, mais comme le capitalisme anglo-américain » ICI

Image

Adolf Hitler

Histoire nazie: les visions du monde d'Hitler réexaminées dans la biographie ICI

Avec "Hitler: A Global Biography", l'historien Brendan Simms met l'accent sur l'obsession du dictateur pour le capitalisme anglo-américain comme motivation de son régime destructeur.

Ordensverleihung 18. Juli 1941 (WK II; Ostfront)

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10 janvier 2022 1 10 /01 /janvier /2022 06:00

Allocution radiodiffusée du Général de Gaulle du 26 octobre 1962

Acte de décès de la IIIe République :

 

Le 10 juillet 1940, les Chambres, réunies à Vichy, votaient à une écrasante majorité les pleins pouvoirs au maréchal Pétain, mettant à bas la IIIe République et portant sur les fonts baptismaux un nouveau régime, l’État français.

 

Naissance de la IVe République :

 

La République est réinstallée dès la libération de Paris, en août 1944. De grandes réformes économiques et sociales sont aussitôt engagées. La Constitution de la Quatrième République, difficilement adoptée après deux référendums, se traduit finalement par l'établissement d'institutions très proches, dans leur esprit et plus encore dans leur pratique, de celles de la Troisième République.

 

L’assemblée  constituante  élue  le  21  octobre  1945communistes  et  socialistes  ont  la  majorité absolue  mais  les  socialistes  imposent  une  cohabitation  pluraliste  avec  le  nouveau  parti  qui regroupe  les  démocrates-chrétiens  issus  de  la  Résistance,  le  MRP

 

Le  général  de  Gaulle,  choisi  par  l'Assemblée  constituante comme  président  du  gouvernement  provisoire  de  la  République  française  en  novembre  1945, s'oppose  rapidement  aux  partis  sur  le  projet  de  constitution  et  démissionne  de  ses  fonctions  le 20  janvier  1946

 

Un  premier  projet  ayant  été  rejeté  le  5  mai  1946un  nouveau  texte  prévoit deux  chambres  (dont  le  Conseil  de  la  République  qui  joue  un  rôle  consultatif)  et  une  légère extension  des  pouvoirs  du  président.  Le  16  juin  1946,  dans  son  discours  de  Bayeuxle  général de  Gaulle  se  prononce  sans  succès  pour  un  exécutif  fort  dans  un  régime  de  caractère présidentiel

 

Le  second  référendum  13  octobre  1946,  permet  l'adoption  de  la  Constitution  de la  IVème  République.  Le  10  novembre,  l'Assemblée  nationale  est  élue  pour  cinq  ans  à  la proportionnelle  départementale.  Le  parti  communiste  est  le  groupe  le  plus  important  devant  le MRP et  la  SFIO  qui  recule. 

 

Le 16  janvier  1947  Vincent  Auriol  est  élu  à  la  présidence  de  la République  par les deux  chambres réunies  en  congrès  à  Versailles.  Le  nouveau  gouvernement  présidé  par  Ramadier  est  confronté aux  difficultés  de  ravitaillement  et  à  l'inflation  qui  crée  mécontentement  et  revendications salariales.  Interpellé  par  les  députés  sur  la  politique  des  salaires,  le  gouvernement  obtient  la confiance  le  4  mai.  Toutefois  l'opposition  du  parti  communiste  entraîne  le  départ  de  ses ministres  du  gouvernement.  Dans  le  même  temps  de  Gaulle  crée  le  14  avril  1947  le Rassemblement  du  Peuple  français,  instrument  de  reconquête  du  pouvoir.  Désormais  le gouvernement doit  faire  face  à  l’opposition des communistes et des gaullistes.

 

Acte de décès de la IVe République

 

Après une dernière et longue crise ministérielle, chute de Félix Gaillard, 15 avril 1958, la constitution du gouvernement Pierre Pflimlin 12 mai provoque l'émeute d'Alger, où s'installe, avec l'accord de l'armée, un Comité de salut public (crise du 13 mai 1958) présidé par le général Massu.

 

Ces événements favorisent le retour au pouvoir du général de Gaulle, qui apparaît alors comme seul capable de rétablir l'ordre. Après la démission de P. Pflimlin 28 mai, il devient président du Conseil, le 1er juin, constitue un gouvernement d'union nationale et obtient les pleins pouvoirs pour régler le problème algérien et préparer une nouvelle Constitution.

 

Naissance de la Ve République

 

La Constitution de 1958 est approuvée par le référendum du 28 septembre 1958. La IVe République prend officiellement fin le jour de la promulgation de cette Constitution 4 octobre 1958. Le 8 janvier 1959, le président Coty transmet ses pouvoirs au général de Gaulle, élu le 21 décembre 1958 à la présidence de Ve République.

 

Élection du président de la République au suffrage universel direct

 

Avec 82 % de « Oui », le référendum sur l’élection du président de la République au suffrage universel direct est approuvé par les Français, le 28 septembre 1962.

 

La continuité, la fermeté, l'efficacité

 

Deux jours plus tôt, le 26 septembre, le général de Gaulle les a exhortés à voter « Oui » dans une allocution radiotélévisée :

 

« Françaises, Français ! Après-demain, en toute clarté et en toute sérénité, vous allez par votre vote engager le sort du pays. La question, qu’en ma qualité de président de la République et m’appuyant sur la Constitution, je pose aux citoyens français, est aussi nette et simple que possible : "Voulez-vous, dorénavant, élire vous-mêmes votre Président au suffrage universel ?” La raison de cette proposition, c’est qu’à l’époque moderne, il faut une tête à un grand État […] la continuité, la fermeté, l’efficacité, instaurées au sommet de l’État, sont les conditions nécessaires de la rénovation que nous avons commencée […]. »

Le général de Gaulle et le président Coty à l'Elysée

En finir avec la Vème République !

 

Crise finale de la Vème République

 

Cette élection présidentielle traduit plus encore que celles qui l’ont précédée, l’épuisement des institutions de la Ve République, leur caractère délétère, le besoin urgent de notre pays d’en finir avec elles et de redéfinir un régime qui soit plus démocratique, dans lequel l’équilibre des pouvoirs serait respecté, dans lequel le peuple français pourrait exprimer sa volonté autrement qu’en dégageant tous les cinq ans celui qui a été à la fois tout-puissant et impuissant, ou par des émeutes qui ont leur vertu mais débouchent rarement sur une solution politique faisant prévaloir ses intérêts.

Quels sont les symptômes de cet effondrement de la Vème République dans laquelle l’élection du Président de la République au suffrage universel détermine l’ensemble de l’organisation politique ?

 

La multiplication des candidatures, d’abord, à gauche comme à droite et à l’extrême droite. La plupart des candidats ne proposent aucune politique clairement définie et beaucoup d’entre eux doutent à ce point d’eux-mêmes qu’ils ne présentent pas une candidature mais une « intention de candidature » (j’envisage de… j’ai envie de…) proposée aux sondages.

 

L’effondrement des partis politiques, ensuite. Beaucoup de candidats se présentent sans le soutien d’un parti politique. De Gaulle qui voulait la fin du « régime des partis » (mais qui n’a jamais oublié d’avoir le sien) serait satisfait. Les partis organisent de moins en moins la vie politique, mais la démocratie n’en sort pas renforcée, bien au contraire. JL Mélenchon ne dispose que d’un parti qu’il qualifie de « gazeux » ; Anne Hidalgo a été désignée par un parti sans militants, réduit à quelques milliers d’élus. Arnaud Montebourg et Christiane Taubira ne bénéficient du soutien d’aucun parti. Celui de Zemmour n’existe pas vraiment. On hésite à qualifier la République en marche de parti, tant ce rassemblement de personnes recrutées sur entretien professionnel montre chaque jour un peu plus son inconsistance ; le débat grotesque sur le passe-vaccinal en cours à l’Assemblée en est un bon exemple.

 

L’absence de véritable campagne électorale enfin. La disparition des partis politiques s’ajoutant à la poursuite de l’épidémie de Covid, utilisée par le pouvoir pour réduire au maximum les libertés publiques, réduisent la campagne électorale à l’occupation des « réseaux sociaux ». Mais la visibilité sur les réseaux sociaux doit plus au bon usage des robots et des trolls qu’à l’ancrage territorial des mouvements politiques censés s’exprimer par ce moyen. Qu’importe, candidats et journalistes se persuadent qu’il s’agit de la vraie vie car ils y retrouvent leur image et l’écho de leurs messages.

 

Les réseaux d’influence dans les médias écrits et audiovisuels font le reste. Il faut passer le plus souvent possible à la radio et à la télévision. Pourtant, certains habitués des plateaux de télévision devraient se demander pourquoi les intentions de vote en faveur de Philippe Poutou ou Nathalie Artaud ne sont très éloignées de celles dont sont crédités A Montebourg, Fabien Roussel, A Hidalgo ou Christiane Taubira, entre 1% et 4% selon les moments et les sondeurs.

 

Le défaut de légitimité démocratique et d’ancrage dans le pays du candidat ou de la candidate qui sera élu(e) quel qu’il soit ne fera qu’aggraver un peu plus la crise démocratique du pays.

 

Il n’y aura pas de miracle

 

La candidature de Christiane Taubira n’est, dans ce contexte, qu’une candidature de plus, bien qu’elle s’en défende.

 

D’abord parce qu’elle ne réglera pas le problème de la division de la gauche si l’on considère que c’est bien celui-là qu’il faut régler prioritairement.

 

Jean-Luc Mélenchon n’acceptera pas de participer à une primaire, populaire ou pas. Il en a toujours contesté le principe même.  Peut-être, d’ailleurs, a-t-il tort puisqu’il est le mieux placé dans les enquêtes d’opinion pour porter les couleurs de la Gauche dans cette élection. Mais ce n’est pas son tempérament et même s’il a abandonné son discours opposant le peuple à la gauche, pour se rapprocher d’un positionnement assez classique de rassemblement des oppositions au gouvernement Macron, il ne veut pas que sa candidature puisse être comparée à celle des rejetons du Parti socialiste, après avoir tant fait pour faire oublier qu’il en était lui-même un pur produit.

 

On voit mal Yannick Jadot qui s’est déjà effacé au profit de Benoît Hamon lors du précédent scrutin, avec le résultat que l’on connaît, accepter de remettre en jeu sa candidature durement acquise dans le cadre d’une élection primaire, après avoir proposé à toutes le formations politiques d’essayer de trouver un accord pour une candidature commune, ce qu’elles avaient refusé dans un bel ensemble. De plus, il sait trop bien que s’il ouvre la perspective d’une remise en cause de sa candidature au profit d’un éventuel rassemblement, Sandrine Rousseau relancera immédiatement l’offensive pour essayer de reprendre ce qu’elle n’a pas obtenu par la primaire d’EELV.

 

Fabien Roussel est un des rares candidat à gauche disposant d’un parti, des parrainages et du financement nécessaire pour aller au bout de ce qu’il a entrepris et il n’a aucune raison de se rallier à plus faibles que lui.

 

Dès lors, la candidature de Christiane Taubira ne peut pas être autre chose qu’une candidature s’ajoutant à celle des autres héritiers du « Hollandisme », après la déroute du parti socialiste dont est responsable l’avant-dernier Président de la République.

 

Les déclarations récentes de Christiane Taubira, celle qui annonce sa possible candidature à l’élection présidentielle puis ses vœux de nouvel an, pas plus que la tribune qu’elle a signée dans « Le Monde » ne donnent d’indications sur ce qu’elle pense des questions politiques essentielles auxquelles nous sommes confrontés : crise sociale et politique, peur du déclassement individuel et collectif, relation de la Nation avec l’Union européenne. Elle se borne à proposer l’union de la gauche derrière elle, en renvoyant à plus tard les questions qui la divisent, considérant que ce qui réunit les diverses tendances de la gauche est plus important que ce qui les divise. Mais c’est précisément parce que ces problèmes politiques majeurs n’ont jamais été tranchés depuis 1983, que la gauche se trouve dans cette situation désastreuse aujourd’hui.

 

La candidature d’Arnaud Montebourg était l’ultime tentative de reconstruire une gauche populaire en utilisant l’élection présidentielle

 

Sa candidature a été contestée par ceux qui y voyaient un facteur de division supplémentaire d’une gauche déjà divisée. Elle se distinguait pourtant de celle de Christiane Taubira sur plusieurs points, avant qu’il ne s’écarte de plus en plus nettement de son objectif initial. Il s’adressait prioritairement au bloc populaire constitué des ouvriers, des employés, de la masse des fonctionnaires qui font vivre les services publics malgré la prolifération des « managers publics » ; il parlait aux commerçants et aux artisans qui peinent à vivre de leur travail. Il s’adressait à ces couches populaires comme au cœur battant de la société française et non comme à des bandes de gens incultes acquis à la pensée de Marine Le Pen et d’Éric Zemmour, comme le pensent la moyenne bourgeoisie urbaine, les médias, la fondation Terra nova et le parti socialiste qui a adopté ce point de vue avant d’en mourir.

 

Arnaud Montebourg mettait en avant par ailleurs la nécessaire réforme de la Ve République et la reconquête d’une partie de la souveraineté nationale en mettant un coup d’arrêt à la construction d’une Europe fédérale dont l’Allemagne a été à peu près le seul bénéficiaire, en particulier depuis la création de l’euro et l’élargissement à l’Europe centrale. Il prônait aussi la démondialisation, indispensable à toute politique écologique sérieuse.

 

Il n’a pas réussi à se faire entendre et a échoué en voulant rechausser les bottes de Jean-Pierre Chevènement (lequel avait déjà fait naufrage dans sa tentative « d’union des souverainistes des deux rives »), avant « d’offrir sa candidature » à la reconstitution de la traditionnelle « union de la gauche face au péril fasciste ».

 

Cet échec n’invalide pas pour autant les éléments principaux du diagnostic qu’il portait sur la situation politique du pays ni la pertinence des questions principales qu’il voulait poser au cours de cette campagne.

 

Ignorer l’élection présidentielle et préparer les élections législatives pour s’attaquer enfin aux vrais problèmes du pays

 

L’union de la gauche est impossible et d’un certain point de vue c’est tant mieux car elle ne pourrait se faire que sur un compromis laissant de côté tous les sujets auxquels il faut apporter une réponse.

 

Il ne sera pas possible de modifier nos institutions ou notre relation avec l’union européenne et l’organisation mondiale de l’économie, par surprise, après avoir introduit un président de la République par effraction.

 

Ce qui manque à notre pays, ce n’est pas une candidature de gauche supplémentaire, ce sont des femmes et des hommes décidés à construire une nouvelle formation politique authentiquement socialiste, capable de mener le combat pour une France républicaine, démocratique, sociale, laïque et souveraine dans une Europe confédérale.

 

Cette force politique devrait refuser le cadre même de l’élection présidentielle, contester la Vème République, proposer un chemin qui permette d’en modifier le fonctionnement, non par un grand soir démocratique qui surgirait de la convocation d’une assemblée constituante que nous risquons d’attendre longtemps, mais en proposant des amendements constitutionnels qui permettront de découpler l’élection du Président de la république de celle de l’assemblée nationale, d’instaurer un scrutin proportionnel, de redonner à l’assemblée nationale la maîtrise de son agenda, ce qui interdirait à M Macron de faire adopter un mercredi son projet de loi de passe-vaccinal et d’en imposer l’approbation par l’assemblée nationale le lundi suivant (il n’a pas tout à fait réussi en raison de l’amateurisme de ses députés).

 

Une candidature de gauche devrait décrire comment la France va imposer le respect de sa souveraineté, qui est l’autre nom de la démocratie, dans une Union européenne qui prendrait un tour confédéral, comme le souhaitent les peuples européens, et non fédéral comme le souhaitent les institutions européennes, les couches supérieures urbaines et le grand capital européen et mondial.

 

Une candidature de gauche oserait engager le débat sur l’euro qui fonctionne au bénéfice exclusif de l’Allemagne depuis sa création et au détriment, notamment, de la France, de l’Italie ou de l’Espagne. L’euro a accéléré le transfert de la production et des richesses de l’Europe du Sud vers le Nord. Il n’est pas incongru de demander une révision des règles de fonctionnement de cette union monétaire, inadaptées aux différences profondes des économies européennes. Certains économistes, comme Stiglitz, ont proposé une union monétaire plus souple, comprenant des sous-zones de solidarité monétaire plus homogènes économiquement, et non une monnaie unique imposée à des pays présentant des écarts de compétitivité et de niveaux de vie bien supérieurs à ceux que l’on trouve entre l’Europe et un grand nombre de ses partenaires. Au nom de quoi ce débat serait-il interdit et ceux qui posent des questions seraient-ils immédiatement désignés comme des populistes « frexiteurs » avec lesquels il ne faut pas parler ?

 

Il n’y aura décidément pas de sauveur ou de sauveuse suprême, pas de raccourci pour reconstruire le socialisme dévasté par le Mitterrandisme et ses héritiers.

 

L’élection présidentielle qui se présente comme la rencontre entre une personnalité et les Français est devenue un concours de beauté interdisant le débat démocratique. Il faudrait appeler à la boycotter jusqu’à ce qu’une réforme institutionnelle permettant un retour à la démocratie lui redonne sa juste place.

 

Dans cette perspective, le scrutin important est celui qui suivra pour élire les députés à l’Assemblée nationale.

 

Les deux candidats à l’élection présidentielle qui arriveront au second tour, auront réunis sur leur nom moins de 20% des électeurs inscrits au premier tour. Quelle est la légitimité d’une personne aussi mal élue pour rassembler derrière elle les Français une fois arrivée au pouvoir. Elle n’existe pas. C’est ce qu’a vécu E Macron, Jupiter tôt descendu de son olympe pour trembler devant les gilets jaunes et dont le principal objectif est maintenant « d’emmerder les non-vaccinés ». On conviendra que c’est un objectif politique limité pour un Président de la République.

 

Les mêmes causes produiront les mêmes effets. C’est pourquoi il faut mener campagne non pour tel ou tel candidat, mais contre l’élection présidentielle qui constitue un poison pour la démocratie et le fonctionnement de la société française.

 

Vivement la VIème République !

 

Jean-François Collin

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9 janvier 2022 7 09 /01 /janvier /2022 06:00

https://static.actu.fr/uploads/2021/06/adolf-hitler-eiffel-tower-paris-23-june-1940.jpg

Victoire d’une armée et surtout de son chef, comme le démontre la première photographie, où l’image du dictateur vient s’inscrire et masquer celle du monument, suggérant son importance historique et presque mythologique.

 

Mais cette visite recèle une dimension un peu différente. En posant avec Breker et Speer, deux « artistes », Hitler s’associe aussi à la Ville lumière, capitale de la culture. Il signale ainsi la maîtrise allemande d’un symbole culturel encore important en Europe, y compris parmi les élites allemandes.

 

Enfin, la brume peut symboliser la morosité d’un Paris occupé, loin de l’image de fête, de légèreté et de lumière qui lui est généralement associée. Tout en se pliant au parcours « touristique », Hitler y imprime la marque austère de son régime et montre qu’il prend « possession » de la ville.

Amazon.fr - Hitler: Le monde sinon rien - Simms, Brendan, Weiss, Severine,  Blayac, Johanna - Livres

« Quelques jours après la rencontre de Compiègne, Hitler se rendit à Paris. Il entra discrètement dans la ville à l’aube du 24 juin 1940 (c NDLR. C’est donc en territoire conquis qu’Hitler évolue quand il se rend à Paris au petit matin du 23 ou du 28 juin 1940 (la date reste aujourd’hui discutée) pour une visite éclair (« Blitz Besuch ») plus en touriste passionné par l’architecture qu’en conquérant. Le Führer était accompagné d’Hermann Giesler – satisfaisant ainsi à ses promesses fanfaronnes de la fin  de l’année précédente – de Speer, du sculpteur Arno Breker, et d’un Bormann de plus en plus  présent. Sa première destination fut l’Opéra Garnier, où il étonna l’ouvreuse par sa connaissance précise du plan originel de l’édifice. Puis on lui montra la Madeleine, la Place de la Concorde, le Louvre, les Champs-Élysées. Il s’arrêta plus longuement à l’Arc de triomphe pour étudier les inscriptions, qu’il connaissait déjà par cœur. Mais le point culminant de cette visite, cependant, fut son hommage aux Invalides, où il demeura silencieux et tête baissée aux côtés du sarcophage de Napoléon. C’était là un écho volontaire à la célèbre scène qui s’était déroulée à Postdam en 1806, quand Bonaparte avait fait un pèlerinage similaire sur la tombe de Frédéric le Grand. En quittant les lieux, il annonça à Bormann qu’il souhaitait que l’on transfère de Vienne à Paris la dépouille du duc de Reichstadt, fils de Napoléon et de l’archiduchesse d’Autriche Marie-Louise. Le symbole ne pouvait être plus clair : Hitler considérait qu’il poursuivait les traditions frédéricienne et napoléonienne, résolvant en sa personne l’antagonisme franco-allemand. »

Brendan SIMMS HITLER Le monde sinon rien biographie page 525

 

Napoléon méditant sur le cercueil de Frédéric II de Prusse dans la crypte  de la GarnisonKirche à Potsdam - napoleon.org

Gilles Mora | Le vent se lève

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La visite éclair d'Hitler à Paris ICI

 

 

Le marchand de journaux de la place de l'Opéra, qui ajuste son présentoir, s'arrête tout à coup, comme pétrifié. Pas de doute, c'est bien Hitler, l'homme qui vient de faire tomber la France ! Sanglé dans un long manteau de cuir boutonné jusqu'au col, le chef nazi est flanqué d'une escorte qui avance d'un pas raide. La casquette, trop grande, lui mange le visage, barré par son étrange ruban de moustache.

 

Ce petit tour au Palais Garnier a sorti Hitler de l'humeur maussade qui ne le quitte pas depuis que son Condor, un quadrimoteur beige, s'est posé au Bourget, à 5 h 30. La veille pourtant, il a tordu le bras à la France, en lui faisant signer à Rethondes un armistice humiliant. Et en cette aube du 23 juin 1940, le voici à Paris, la ville qu'il rêve de voir en vrai, et plus seulement dans les nombreux livres de sa bibliothèque personnelle. Alors quoi, puisque tout lui sourit ? Son escorte, une trentaine de dignitaires, sait à quoi s'en tenir quand leur Führer rumine ses pensées. A l'arrière de la Mercedes qui traverse la porte de la Villette, le sculpteur officiel du III e Reich, Arno Breker, et l'architecte Albert Speer s'en tiennent prudemment à quelques généralités. Son humeur est peut-être assombrie par l'atmosphère lugubre qui enveloppe la Ville Lumière, aux mains des nazis depuis déjà dix jours. Le bruit des bottes allemandes a fait décamper un tiers des habitants, et c'est une forêt de volets clos que traverse la file des cinq berlines allemandes.

 

Il est 6 heures dans ce Paris désert, quand le cortège se gare à l'Opéra. En levant les yeux sur sa façade néoclassique, ce fou de Wagner donne enfin le la : « Le plus beau théâtre du monde », s'extasie-t-il, affichant un air enfin détendu.

 

A l'intérieur, il grimpe l'escalier monumental jalonné de statues, s'arrête au foyer de la danse illustré par Degas, demande à voir la loge du président de la République... Sa connaissance parfaite des plans de Garnier bluffe sa petite suite de courtisans.

 

Direction la Madeleine, qui le laisse de marbre, puis la place de la Concorde qu'il trouve magnifique quoiqu'un peu trop ouverte. La décapotable de tête, où il a pris place, emprunte maintenant les Champs-Elysées vers l'Arc de Triomphe qui, selon Breker, le « transporte d'enthousiasme ».

 

Il veut le même à Berlin, mais en deux fois plus grand pour célébrer l'Allemagne victorieuse ! Il faut dire que Napoléon, qui a fait édifier le monument, inspire Hitler. Aux Invalides, il s'incline longuement devant le tombeau en quartz rouge abritant les cendres de l'empereur français. Pour l'occasion, il troque son manteau pour une gabardine blanche, ôte sa casquette, s'incline légèrement puis médite de longues minutes. Il confiera plus tard avoir vécu « le plus grand et le plus beau » moment de sa vie.

 

Entre-temps, il a sillonné l'ouest bourgeois vidé de ses résidents, posé pour la propagande avec la tour Eiffel en arrière-fond. Le Panthéon -- où il est gêné par l'odeur de moisi --, Notre-Dame, l'hôtel de ville, la place Vendôme, puis le Ventre de Paris. Aux Halles, un petit groupe de poissonnières s'approche. « La plus corpulente leva la main, montra Hitler et se mit à crier : c'est lui, c'est lui ! », se souviendra un accompagnateur.

La Blitz Besuch (« visite éclair ») se termine au Sacré-Cœur, qualifié d'« horreur ». Peu importe puisque du haut de la butte Montmartre, tout Paris est couché à ses pieds. « Je remercie le destin. Il m'a permis de voir cette grandiose cité qui m'a toujours fasciné ?, lâche-t-il à Breker.

 

A 8 h 30, le quadrimoteur orné d'une croix gammée redécolle du Bourget. Avant de s'évanouir dans l'horizon, il survole Paris une dernière fois, tournoyant comme un aigle surveillant sa proie.

Visite éclair de Hitler à Paris, en juin 1940.Hitler visite Paris - La Seconde Guerre Mondiale

IX - Adolf Hitler, le visiteur du matin (23 juin 1940) ICI 

 

Les Allemands sont à Paris. Dans le petit jour du 14 juin, les premiers motocyclistes avec side-cars pénètrent dans une capitale déserte, du fait du couvre-feu. Le 23 juin, dans la ville pavoisée de croix gammées, Hitler effectue une visite " culturelle " (l'Opéra, la Madeleine, la Concorde, les Invalides...). Les Français s'interrogent sur l'avenir que le chancelier du Reich réserve à leur pays vaincu.

Le Monde

Publié le 28 juillet 1989

 

« Préparez un décret dans lequel j'ordonne la pleine reprise des constructions de Berlin...N'est-ce pas que Paris était beau ? Mais, Berlin doit devenir beaucoup plus beau. Je me suis souvent demandé dans le passé s'il ne fallait pas détruire Paris. Mais, lorsque nous aurons terminé Berlin, Paris ne sera plus que son ombre. Alors, pourquoi la détruire ? »

 

Hitler tire là, froidement et calmement, au soir du 23 juin 1940, avec son architecte préféré, Albert Speer, la leçon du voyage-éclair qu'il avait accompli en sa compagnie, quasi incognito, le matin même dans Paris occupé.

 

Neuf jours auparavant, les avant-gardes du général Kurt von Briesen pénétraient dans la capitale, l'arme à la bretelle : comme le plus souvent dans cette fichue guerre, le haut-commandement français n'avait cessé de tergiverser sans décider si la capitale devait devenir un môle de résistance. Celui qui en était le gouverneur militaire depuis le 2 septembre 1939, le général Héring, un Alsacien énergique, était bien décidé à se battre devant et dans la capitale. Mais, ne disposant que de moyens réduits _ 10 000 hommes, 200 canons, 30 chars, _ il attendait des renforts qui ne vinrent jamais : Weygand ne disposait plus de réserves suffisantes. Et, quand il fut avéré que Rommel passait la Seine en amont, le généralissime, pour éviter des destructions préjudiciables et le massacre de population civile, tranchait : le 12 à midi, Paris était déclaré " ville ouverte "

 

A cette date, la ville s'était largement vidée de ses habitants à cause des nouvelles du front, et encore plus du bombardement : 200 bombardiers protégés par 150 chasseurs de la Luftwaffe visant les aérodromes et les nœuds ferroviaires, mais aussi des usines, Citroën par exemple, avaient fait plus de 250 victimes civiles dans les quinzième et seizième arrondissements. Pourtant, il en restait intra-muros un bon tiers, soit encore 1 100 000, et un peu moins de la moitié des banlieusards (soit 800 000). Une bonne partie de l'administration était encore à son poste, à commencer par le préfet de police Roger Langeron et le préfet de la Seine, Villey, avec le gros des policiers parisiens et des pompiers. Ils attendaient.

 

Les avant-gardes allemandes investissaient la proche banlieue nord dans la soirée du 13. En moins d'une heure, un protocole d'accord était conclu entre deux plénipotentiaires français et les Allemands : les Français s'engageaient à ne pas détruire les ponts, à assurer l'ordre contre les pillards, la population serait consignée chez elle pendant quarante-huit heures. Dans le petit jour du vendredi 14 juin, les premiers motocyclistes avec side-cars pénétraient dans Paris désert. Dans la journée, les vainqueurs contrôlaient toute la capitale, sans véritables incidents, même si une quinzaine de personnes en furent frappées au point de se suicider. Parmi elles, une personnalité du Tout-Paris, le fils de Gyp, cette femme écrivain des années 1900, Thierry de Martel, chirurgien-chef de l'Hôpital américain ; le 13 au soir, il écrivait à William Bullitt, l'ambassadeur des Etats-Unis, un de ses amis, à qui il avait assuré qu'il ne quitterait pas Paris : " En y restant vivant, c'est un chèque barré que je remets à mon adversaire. Si j'y reste mort, c'est un chèque sans provision. Adieu. "

 

Les services de Goebbels firent croire, en diffusant des reportages filmés où l'on voit des badauds en assez grand nombre assister aux parades des troupes allemandes ou entourant les soldats de la Wehrmacht, que les Parisiennes et les Parisiens s'étaient donnés dès le premier jour aux vainqueurs. En réalité, ces images sont postérieures, légèrement postérieures. Au contraire, lors de l'arrivée des Allemands, les habitants, qui, de surcroit, étaient tenus dans les premières heures de respecter le couvre-feu, s'étaient claquemurés. D'ailleurs, les Allemands ont été nombreux à témoigner qu'ils avaient traversé une " ville sans regard " (Die Stadt ohne Blick). Les badauds ne vinrent qu'ensuite aux nouvelles, avec le soulagement de voir qu'ils n'étaient pas investis par des hordes barbares. Car les consignes extrêmement strictes qu'avait reçues la troupe de se conduire de façon " korrect " ont été appliquées quasiment à la lettre. Il y a vraisemblablement du vrai dans la description que fit, postérieurement, Emmanuel d'Astier de la Vigerie de cette " Korrection " : " Ils paient, ne s'enivrent pas, se lèvent pour les femmes dans les transports en commun. Ce ne sont pas des soudards [...] C'est un viol tranquille, de belle tenue, devant des Français submergés. " Ce qui ne signifie pas pour autant que les Parisiens fussent prêts à une collaboration-réconciliation. Hitler en eut un aperçu en visitant l'Opéra ; il avait fallu réveiller un vieil ouvreur, à qui on demanda de mener la visite complète des lieux ; Hitler tint beaucoup à ce que lui fût donné un billet de 50 marks ; il refusa courtoisement, mais fermement.

 

Et, petit à petit, la vie reprit son cours, comme le souhaitaient d'ailleurs les autorités d'occupation, qui attachaient une grande importance à la relance de la vie culturelle ; le ravitaillement fut assuré ; les cafés ouvrirent bien vite leurs portes, le cinéma Pigalle reprenait ses projections dès le 15. Moyennant soumission à la censure allemande, la presse fut invitée à reparaitre, et, dès le 18, sortaient le Matin de Bunau-Varilla et la Victoire de Gustave Hervé, journaux, il est vrai, qui ne risquaient pas d'attaquer l'occupant. Evidemment, le drapeau français était dorénavant interdit, la croix gammée flottait sur la Chambre des députés, sur la tour Eiffel et sur bon nombre d'édifices publics et d'hôtels réquisitionnés (mais elle fut retirée, au bout de quelques heures, de l'Arc de triomphe, par respect pour le Soldat inconnu). Dès le 14, également, les horloges durent être avancées d'une heure : Paris vivrait désormais à l'heure allemande.

 

C'est cette ville pavoisée de croix gammées qu'Adolf Hitler décidait de visiter, pour la première fois de sa vie, le dimanche 23 juin, le lendemain de la signature à Rethondes des préliminaires franco-allemands d'armistice. Le Führer s'offrait un jour de détente, qui n'avait rien de militaire : il s'agissait, il l'avait annoncé à son entourage, d'un voyage culturel.

 

C'est pourquoi étaient de la fête à la fois Speer, l'architecte qui lui promettait monts et merveilles pour le nouveau Berlin, et son sculpteur préféré, Arno Brecker, celui qui savait modeler des athlètes et guerriers assez virils pour évoquer le modèle aryen. Trois Mercedes découvertes venaient le chercher, au petit jour _ 5 h 30 _ à l'aérodrome du Bourget. Assis, comme à son habitude, à l'avant, près du chauffeur, botté, ganté, sanglé dans un manteau de cuir, le Führer donnait l'ordre de mettre le cap sur l'Opéra. Il s'y attarda longuement, lui qui en avait une connaissance livresque quasi parfaite ; tout ou presque au palais Garnier l'impressionna fortement. Après quoi la Madeleine (un peu trop académique à son goût), la Concorde et les Champs-Elysées (qu'il admira), l'Arc de triomphe, le palais de Chaillot, la tour Eiffel (qui lui sembla allier heureusement la prouesse technique et la " mobilisation d'une idée artistique de base ", la chapelle des Invalides (avec méditation prolongée sur le sarcophage de l'Empereur), le Panthéon (dont les proportions l'impressionnèrent), la Sainte Chapelle, Notre-Dame, la place des Vosges, qui le laissa sans réaction, le Sacré-Cœur, enfin, qui ne lui plut pas.

 

La visite dans Paris à peine réveillé avait duré trois heures. Puis le touriste Hitler reprit son avion et survola une dernière fois à basse altitude la capitale avant de regagner son Q. G. Pas ou peu de politique pendant cette visite. En quittant l'Arc de triomphe, il avait fait seulement remarquer qu'il aurait pu offenser les Français en organisant des Champs-Elysées à la Concorde un grand défilé triomphal. Il est vrai que Goering ne pouvait garantir que la RAF ne viendrait pas perturber la parade. Ce qui l'incitait à ne rien entreprendre pour l'heure, si l'on en croit Speer, c'est le sentiment qu'il n'avait encore franchi qu'une étape : " Je n'ai pas envie d'assister à un défilé célébrant la victoire ; nous ne sommes pas encore au bout. "

 

Que savaient les Français de la place que pouvait bien réserver Hitler à la France vaincue ? Pas grand-chose, car ils l'avaient peu lu, comme tout ce qui venait de l'étranger, et n'avaient pu imaginer pareille issue à un conflit que, de surcroit, ils avaient cherché à éviter. Pourtant Hitler avait, lui, des idées relativement précises sur la place qu'occuperait la France dans une Europe qu'il voulait remodeler de fond en comble. L'annulation du traité de Versailles de 1919 n'était qu'une étape dans sa géopolitique, mélange singulier de Weltanschauung raciale (l'échelle de valeurs des peuples se faisant en fonction de leur pureté raciale supposée) et d'une Realpolitik des plus classiques.

Car la mission qui incombait à ses compatriotes était de dominer l'Europe continentale pour y conquérir pour la fin des siècles l'espace vital, le Lebensraum. Cet espace vital serait pris sur les Slaves, qui ne valaient pas grand-chose, à ses yeux, au plan racial. Mais il fallait éviter une guerre sur deux fronts, celle qui avait coûté si cher aux armées impériales, et isoler la France, qui demeurerait un adversaire irréductible : il songea à s'allier à l'Italie et à la Grande-Bretagne, dont, jusque vers le milieu des années 30, il avait escompté la neutralité bienveillante. Devenu chancelier, Hitler celait en public cet expansionnisme, et, à chaque annexion, se répandait au contraire en professions de foi pacifiques.

 

Mais nous disposons d'un document tout à fait explicite sur ses intentions : c'est le " protocole Hossbach ", du nom d'un colonel qui fut chargé d'établir un compte rendu de la réunion qui regroupa, le 5 novembre 1937, les ministres de la guerre et des affaires étrangères avec les commandants en chef des trois armes de la Wehrmacht. Il y est dit que le " but de la politique allemande " était d'" assurer la sécurité et la subsistance de la masse populaire, ainsi que son accroissement. " Par là même, il s'agissait du " problème de l'espace " ; comme celui du Reich est trop restreint, " l'unique remède, qui peut vous paraitre chimérique, consiste dans l'acquisition d'un plus grand espace vital ", un espace vital qui ne " peut être recherché qu'en Europe " et qui ne pourra " être réalisé qu'en brisant les résistances et en encourant des risques. "

 

Dans les années 20, pour Hitler, " l'ennemi mortel du peuple allemand est et reste la France " (édition de Mein Kampf parue en 1927), car " la France a besoin de la balkanisation de l'Allemagne pour parvenir à l'hégémonie en Europe. " Dans les années 30, il y a une relative évolution de la stratégie de celui qui est devenu le Führer : la France est avant tout pensée en fonction de ce qui est désormais le but prioritaire, la conquête à venir de la " Russie ". Le risque étant réduit de voir la France prétendre à une hégémonie en Europe, elle est surtout une menace permanente si l'Allemagne s'engage à l'est. Le 9 octobre 1939, il avait rédigé un long mémorandum on ne peut plus explicite : " Le but de guerre allemand doit nécessairement être la liquidation militaire définitive de l'Ouest, ce qui veut dire ôter aux nations occidentales la force et la possibilité de s'opposer une fois encore à la consolidation de l'Etat allemand et au développement du peuple allemand en Europe " ; le 23 novembre, il revenait à la charge : " Nous ne pouvons-nous engager contre la Russie que si nous avons les mains libres à l'ouest ".

 

La campagne de France avait vu non seulement la destruction ou la mise hors de combat de l'armée française, mais aussi l'effondrement de la France. L'occasion était trop belle pour ne pas en profiter. Dans les semaines qui ont suivi la conclusion de l'armistice apparaissent divers projets de redécoupage territorial de la France ; la plupart prenaient pour base les frontières antérieures au traité de Westphalie en 1648 ; le plus achevé, celui du secrétaire d'Etat au ministère de l'intérieur, Stuckart, traçait la nouvelle frontière franco-allemande : elle partait de la baie de Somme, épousait la limite nord du Bassin parisien et de la Champagne jusqu'à l'Argonne, s'infléchissait au sud-est en traversant la Bourgogne, passait à l'ouest de la Franche-Comté et rejoignait le lac de Genève. Un projet qui pouvait servir de base pour les futures négociations de paix.

 

Mais, dès juillet 1940, il n'était plus question de traité de paix, avant la reddition de la Grande-Bretagne, ou même la chute de l'URSS. Car Hitler, qui estimait la Wehrmacht invincible sur terre, prenait alors le risque de combattre sur deux fronts, la chute de Moscou devant obliger la Grande-Bretagne à négocier ; il pensait de surcroit que, si la paix était signée dans la foulée, il faudrait arbitrer entre tous ceux qui attendaient quelques reliefs des dépouilles françaises, et, d'abord, l'Italie et l'Espagne ; les Français pourraient cesser d'être dociles, et il faudrait de toute manière leur rendre le littoral atlantique et les côtes de la Manche, indispensables pour préparer l'invasion de la Grande-Bretagne. Toutes raisons qui militaient pour qu'on en reste à la convention d'armistice, suffisamment drastique pour obtenir ce qu'on désirait des Français vaincus.

 

Est-ce à dire que, si les Français se conduisaient bien et collaboraient avec leurs vainqueurs, il y avait lieu de faire de ces nouveaux rapports franco-allemands un pivot de la politique du Reich ? La réponse est négative si on se fie à la directive no 490 dictée par Hitler le 9 juillet 1940 : " L'Allemagne ne conclut pas avec la France une paix chevaleresque. L'Allemagne ne considère pas la France comme une alliée, mais comme un Etat avec lequel les comptes seront réglés lors du traité de paix. A l'avenir, la France jouera en Europe le rôle d'une Suisse agrandie et deviendra un pays de tourisme pouvant éventuellement assurer certaines productions dans le domaine de la mode. " Soutenir les efforts du gouvernement français pour établir un régime autoritaire n'aurait aucun sens. Toute forme de gouvernement paraissant propre à restaurer les forces de la France se heurtera à l'opposition de l'Allemagne. En Europe, seule l'Allemagne commande. Elle n'a, en dehors de l'Italie, qui dispose de son espace vital propre, aucun allié ni partenaire placé sur un pied d'égalité. " Hitler, à quelques variantes près, ne démordra pas de cette perspective. On conçoit alors ce qui attendait les Excellences vichyssoises qui investiront dans la collaboration politique avec le Reich. Les mêmes commettront un autre contresens lourd de conséquences pour les Français : ils ne verront pas que c'est l'URSS, et non pas la France, qui, plus que jamais, était au centre des préoccupations du Führer.

 

Le Monde

 

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7 janvier 2022 5 07 /01 /janvier /2022 06:00

Biais de confirmation : pourquoi est-il si difficile de convaincre quelqu'un qui se trompe ?

« Le biais de confirmation, c’est la tendance instinctive de l’esprit humain à rechercher en priorité les informations qui confirment sa manière de penser, et à négliger tout ce qui pourrait la remettre en cause. En somme, il s’agit d’une altération de la lucidité, voire de la mauvaise foi plus ou moins assumée.

 

À défaut de pouvoir éviter totalement le biais de confirmation, il est possible d’atténuer cette persévérance dans l’erreur !

 

Pour commencer, le simple fait de connaitre l’existence de ce biais, permet plus facilement d’en prendre conscience. En sachant qu’il faut se méfier de ses « sentiments », vous allez mieux analyser et traiter l’information.

 

Essayez de préserver une espèce de neutralité mêlée de bienveillance pour les sujets sur lesquels on s’investit. Chercher la bonne distance, lister les questions à se poser qui permettent de cribler le sujet comme au cours d’un travail d’investigation scientifique. Être attentif à la cohérence des informations qui vous sont communiquées, ne considérez vraies que les hypothèses qui ont résisté à votre travail d’investigation ! Ce travail se fait d’autant mieux que vous n’êtes pas seul pour le réaliser.

 

heuristique google

“Va demander à ton moteur de recherche”, une sorte d’heuristique que l’on utilise souvent plutôt que de raisonner ICI

 

« … il faut faire très attention au biais de confirmation. On trouve facilement des théories et des preuves qui confirment ce que nous croyons, en évitant celles qui le contredisent. C’est pareil avec le consensus et la tendance à penser que la théorie que nous défendons a plus de valeur parce qu'elle est la plus répandue, ou  plus commune parmi ceux qui nous entourent, sans préciser qui sont exactement « tous ceux qui pensent comme ça ». c’est une erreur que nous incite à commettre le cerveau quand nous ne prenons pas la peine de raisonner davantage. Souvent, quand beaucoup de gens pensent la même chose, cela signifie simplement que beaucoup de gens se trompent. »

 

Dolores Redondo La face nord du cœur

 

Comme le rappelle fort justement Étienne Klein : « pour se rendre compte qu’on est incompétent, il faut être compétent ».

 

Biais de confirmation : nous croyons ce que nous voulons croire

 

Biais  de  confirmation : nous  croyons  ce  que  nous voulons  croire ICI

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6 janvier 2022 4 06 /01 /janvier /2022 06:00

Norman Rockwell Saturday Evening Post 1947

"Boy on a High Dive" Norman Rockwell

Longtemps j’ai hésité, tel un débutant au bout de la planche du grand plongeoir, avant de me livrer à cet exercice périlleux : oser procéder à un extrait sec de la prose de 3 expertes du Figaro-Vins Ella, Alicia, Valérie.

 

Mettrais-je en doute la capacité des femmes à être expertes en vin ?

 

Bien sûr que non, le sexe n’a rien à voir à l’affaire, c’eut été des mâles j’aurais disséqué leurs commentaires de la même manière, sans doute avec plus d’ironie.

 

De 95,5 à 100 l’étagement des notes prouve, s’il en était besoin, l’inanité du système sur 100, puisque ramené à sur 10, l’écart entre la meilleure note et la plus faible est d’un demi-point, soit l’épaisseur du trait.

 

Celui des prix est conforme à la position de ces châteaux sur le marché.

 

Enfin, je vous laisse le soin de goûter, d’apprécier, de vous délecter de la richesse du vocabulaire, nos amis étasuniens, adeptes des ateliers d’écriture, ont fait des émules : les ronciers, longueur frissonnante, fruits tremblants, sensualité d’une dentelle noire luxueuse, corseté, flaques d’eau salée, tanins musclés, twist végétal, vif comme un flirt, fleurs de carotte…

 

L'extrait sec total ou matières sèches totales est l'ensemble de toutes les substances qui, dans des conditions physiques déterminées, ne se volatilisent pas. Pesée du résidu laissé par l'évaporation de la boisson spiritueuse sur un bain- marie bouillant et traitement dans une étuve à dessiccation.

 

"Boy on a High Dive" se trouve dans le bureau de Steven Spielberg. Celui-ci, ainsi que son compère George Lucas, sont de grands admirateurs de Rockwell et possèdent une belle collection de ses œuvres.

 

Quand on demande à Spielberg quel est son oeuvre favorite de Rockwell, il répond :

 

« Bon, disons cela comme ça : "Boy on a high Dive" est le Rockwell qui, chaque fois que je suis prêt à faire un film, chaque fois que je vais commencer à le mettre en scène, me prend aux tripes en me disant, c'est moi sur cette planche. Car chaque film donne cette sensation d'être comme ce gamin sur le plongeoir. Chaque film »

 

Bonne lecture, l’intégralité du palmarès des Saint-Emilion les plus exceptionnels du millésime 2018 ICI 

 

Nouveau Classement de Saint-Emilion: Valandraud va-t-il décrocher l'ultime  récompense? - Star Wine List

 

Château Cheval Blanc 2018

Saint-Émilion

Note Le Figaro : 100/100

Prix : 770€

 

« Notes de petits fruits rouges croquants, de ronciers et de fleurs sauvages. […] Ce petit je-ne-sais-quoi en plus qui serait au-delà de la soie, du satin et du velours, avec une longueur frissonnante, à tomber en pâmoison. »

 

Château Figeac 2018

Saint-Émilion

Note Le Figaro : 99/100

Prix : 280€

 

« Une invitation au voyage, avec un nez somptueux de fruits tremblants, allant de rouges à noirs en passant par le bleu. Des notes de cassis, de sureau, de groseille, qui se prolongent par des fleurs douces et grisantes […] le 2018 possède la sensualité d’une dentelle noire luxueuse, corsetant son corps fin, somptueux et ciselé. Un fruit noir voluptueux, d’une fraîcheur incroyable… »

 

Château Angélus 2018

Saint-Émilion

Note Le Figaro : 98/100

Prix : 470€

 

« Un boisé très finement amené déclenche des murmures de sous-bois, fumés, épices, avec une profondeur insondable et une longueur sinueuse, vive et féline. »

 

Château Canon 2018

Saint-Émilion

Note Le Figaro : 98/100

Prix : 165€

 

« Hypnotisant en bouche, on se recueille pour savourer et profiter de ce vin éthéré, puissant, salivant. Aussi léger et dense qu’un kilo de plumes, et d’une extraordinaire fraîcheur, qui n’est pas sans rappeler celle des paysages de montagne aux pics enneigés, ou encore des flaques d’eau salée au bord d’un océan froid. »

 

Château Pavie 2018

Saint-Émilion

Note Le Figaro : 98/100

Prix : 402€

 

« Un vin titanesque...On devine le terroir magnifique de ce vin à la tension minérale et racée, éminemment altière… En bouche, une vague de fruits noirs, des notes réglissées et animales, et des tanins musclés, qui auront encore besoin d’au moins une décennie avant de pouvoir révéler l’étendue de leur classicisme et de leur grandeur. »

 

Château Bélair-Monange 2018

Saint-Émilion

Note Le Figaro : 97,5/100

Prix : 180€

 

« Des notes de canneberge, et un beau twist végétal… le vin est rond, dense, crémeux et ciselé… »

 

Château Pavie-Decesse 2018

Saint-Émilion

Note Le Figaro : 97/100

Prix : 140€

 

« … arômes noirs d’encre, de pierre et d’iris, aussi caressant qu’une fourrure de panthère noire. En bouche, on retrouve cette même atmosphère sombre, avec un beau fruit noir élégant, exalté… »

 

Château Canon la Gaffelière 2018

Saint-Émilion

Note Le Figaro : 96/100

Prix : 95€

 

« Un nez pur, ouvert et séduisant, légèrement cendré, minéral, sur les fruits bleus et les baies roses, vif comme un flirt. En bouche, il s’élance avec force et majesté, puissant comme un chevalier… »

 

Château la Gaffelière 2018

Saint-Émilion

Note Le Figaro : 96/100

Prix : 79€

 

« Le nez s’ouvre avec discrétion, une délicatesse végétale de petites fleurs, et toutes les plus agréables odeurs d’une ferme : du foin, des herbes fourragées, des fleurs de carotte... »

 

Château Corbin 2018

Saint-Émilion

Note Le Figaro : 95,5/100

Prix : 41€

 

« Un nez opulent, flamboyant et exotique aux notes de pruneau, d’épices et de fleurs charnelles… »

 

Nouveau Classement de Saint-Emilion: Valandraud va-t-il décrocher l’ultime récompense? ICI 

 

- Qu’est-ce qui vous motive aujourd’hui?

« Le jeu! On va jouer la classification pour passer en Premier Grand Cru Classé « A ». »

 

- Que ferez-vous si vous n’obtenez pas le rang de « A » à la prochaine classification?

« Je serai bien content pour B. Du coup, on re-tentera dans 10 ans notre candidature. J’aurai alors 80 ans. Si je suis en bonne santé, je serai toujours au boulot. »

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1 janvier 2022 6 01 /01 /janvier /2022 06:00

Youth : le dernier film de Paolo Sorrentino cartonne en Italie | Premiere.fr

Omicron rode dans les rues de Paris, il ne fait bon mettre un vieux dehors, alors vautré sur mon canapé, je me fais des toiles à la télé en lichant du vin nu.

 

Mes choix sont erratiques, je puise dans la fonction replay, me laisse tenter par un nom, acteur ou réalisateur, je clique, j’active la fonction VO sous-titrée, et c’est parti mon quiqui.

 

Un détail bien représentatif de notre époque, le générique, dans les films anciens, se déroulait avant le film, maintenant il passe suite au The End alors que les spectateurs se tirent, ceux qui restent se comptent sur les doigts d’une main, j’en suis, respect !

 

Paolo Sorrentino

 

Souvenir de La Grande Belliza dont je vous ai parlé dans une chronique du 1er Mars de cette fichue année 2021.

 

La grande bellezza de Paolo Sorrentino - (2013) - Comédie dramatique

 

22 mai 2013 La Grande Belliza de Paolo Sorrentino avec Toni Servillo, Carlo Verdone, Sabrina Ferilli ICI 

 

Je choisi : Youth

 

Youth - la critique du filmYouth [Edizione: Regno Unito] [Import]: Amazon.fr: DVD et Blu-ray

 

Youth, est conçu sur mesure pour Michael Caine, Fred, et Harvey Keitel, Mick.

 

Le titre Youth est une antiphrase, jeunesse  en anglais.

 

« Fred est apathique, c’est ce que ses proches et ses médecins lui disent, et il adore le répéter à ses interlocuteurs. »

 

« Mick, lui, s’est entouré d’une bande de jeunes scénaristes pour mettre la dernière main au script de Life’s Last Day (« Le dernier jour de la vie »), le film-testament de ce vétéran hollywoodien. Entre la hargne de continuer et le renoncement, le débat est à la fois féroce et amical… »

 

Sorrentino agace, sa virtuosité exaspère, moi il me plaît, il a un côté vin nu, des fulgurances, des « défauts » qui tranchent sur le lisse, le convenu, le propre sur lui de la masse de la production.

 

« Le centre de gravité (aux deux sens du terme) que constitue le duo Caine-Keitel. Ce n’est pas tant le sort que leur réserve le scénario qui fournira la leçon de vie qu’espère donner le metteur en scène, mais la constance de leur excellence sans cesse renouvelée. »

 

Suis-je tendance Caine ou Keitel ?

 

À vous  de choisir ?

 

Pour les grincheuses et grincheux qui me marquent à la culotte, j’écris tendance, loin de moi la prétention d’arriver à la cheville des deux vieux monstres sacrés.

 

Pour les  amateurs de fiches je vous un résumé et 2 critiques.

 

Résumé: Fred et Mick, deux vieux amis approchant les quatre-vingts ans, profitent de leurs vacances dans un bel hôtel au pied des Alpes. Fred, compositeur et chef d’orchestre désormais à la retraite, n’a aucune intention de revenir à la carrière musicale qu’il a abandonnée depuis longtemps, tandis que Mick, réalisateur, travaille toujours, s’empressant de terminer le scénario de son dernier film. Les deux amis savent que le temps leur est compté et décident de faire face à leur avenir ensemble. Mais contrairement à eux, personne ne semble se soucier du temps qui passe…

 

Youth (2015) - IMDb

 

« Youth » : la leçon de vie d’un duo d’exception ICI 

OCS consacre un cycle au réalisateur italien Paolo Sorrentino, où figure ce film avec Michael Caine et Harvey Keitel.

Par Thomas Sotinel

Publié le 17 juillet 2019

 

Photo de Rachel Weisz - Youth : Photo Rachel Weisz - AlloCiné

Boulevard du crépuscule ICI  

Le 2 septembre 2020

 

Virtuose et exaspérant à la fois, Youth manque de cette modestie qui ferait à n’en pas douter passer le cinéma de Sorrentino pour étincelant. Reste cependant quelques fulgurances incontestables.

 

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30 décembre 2021 4 30 /12 /décembre /2021 06:00

2021-03 Intégrité scientifique FR

« Les problèmes majeurs de notre société résultent de plus en plus du fait qu'imposteurs, bavardeurs et tricheurs attirent de plus en plus attention et confiance alors que honnêteté, droiture et vie intègre subissent la méfiance ! »

 

Edgar Morin

 

Inavouable

 

L’intégrité est un mot intéressant, car il peut signifier à la fois l’intégralité, la cohésion d’un système, et la probité et l’honnêteté de l’homme. Au sens moral l’intégrité est donc un concept très puissant, signifiant l’accès à la plénitude à travers la droiture et le refus du mensonge. Ce magnifique terme est un mot-clé dans le credo du corpus du renseignement militaire de l’armée américaine des États-Unis : « Et surtout, je serai intègre, parce que la vérité mène à la victoire. »

 

Le capitaine Clifton Patridge songeait au credo de sa formation et se demandait s’il ne serait pas plus honnête – plus intègre – de dire à tous les soldats qu’ils seraient désormais au service du mensonge, des manipulations, au lieu de leur ordonner de réciter les larmes aux yeux, ces formules grandiloquentes qui ne contenaient pas une once de vérité. Et ordonner de les réciter à des officiers du renseignement, dont le travail consistait à corrompre, était tellement curieux que, s’ils avaient un minimum de jugeote, ils éclateraient de rire durant leur serment.

 

Au début de sa carrière, il se l’expliquait en se disant que c’était nécessaire, que l’idéologie était importante, que la fin justifiait les moyens. La bonne blague. Quelle fin, d’ailleurs, bordel ? L’objectif de chaque armée, l’objectif de chaque combattant en général, devrait être la protection de ses frères plus faibles contre un agresseur. Cependant, jamais, au cours de son histoire, la puissante armée des États-Unis n’avait dû protéger ses concitoyens, parce que les concitoyens américains n’avaient jamais été attaqués. Ils n’avaient jamais eu besoin de protection de vaillants guerriers contre de méchants envahisseurs venus prendre leurs terres, leurs biens et leurs vies.

 

Mais puisque l’armée existait, il fallait lui donner quelque chose à faire. C’est pourquoi, au lieu de servir les citoyens, les militaires américains servaient les intérêts particuliers du gouvernement et des enjeux politiques plus ou moins raisonnables. Ils étaient envoyés aux quatre de la planète pour y mourir, non pas au nom du peuple, mais au nom du fic, du pouvoir et des manigances diplomatiques.

 

Oui, même officiellement, l’armée américaine ne servait pas la vérité mais l’arnaque. Officieusement, il le savait mieux que quiconque, car il avait commis des actes pour lesquels les civils finissaient derrière les barreaux, et même dans certains États, directement sur la chaise électrique. Malgré cela, il était tombé sur des missions si sales que son organisation criminelle, dont le budget annuel s’élevait à six cents quatre-vingts milliards de dollars, n’était pas habilitée à s’en occuper. Il fallait pour les accomplir faire appel à diverses entreprises militarisées, c’est-à-dire à de vulgaires mercenaires.

 

 

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28 décembre 2021 2 28 /12 /décembre /2021 06:00

Poster « Crème Poudre Tho-Radia », par dschweisguth | Redbubble

J’ai longuement hésité à titrer, comme ce facétieux Zygmunt Miloszewski, dans son chapitre 8 : Faire l’amour sur le bureau de Marie Curie (pages 183- 184-185 et 188-189). Si j’y ai renoncé c’est quand ce jour de Noël ça choquerait, dans son coin du ciel, ma sainte et pieuse mère.

 

 

L’épisode de la liaison Marie Curie-Paul Langevin, voir plus bas, j’en ai eu connaissance par Françoise Langevin-Mijangoz qui fut ma collaboratrice. ICI

 

JOYEUX NOËL

 

« La demi-vie du radium est de mille six cents ans, c’est pourquoi les notes, les habits, les effets personnels et même la dépouille de Marie Sklodowska-Curie ont été scellés dans des récipients de plomb. En visitant son cabinet, Zofia Lorentz se demandait s’il n’aurait pas non plus fallu sceller les idées nationales dans des tableaux tels les éléments de Mendeleïev. Il s’agirait d’un  récapitulatif fort intéressant, comparer entre elles les puissances des idées, disons, russes, polonaises, islandaises et vietnamiennes. Quel patriotisme s’apparenterait à un gaz fortement évanouissant ? Lequel serait un matériau assez solide pour bâtir des cathédrales, mais aussi l’équivalent d’une substance radioactive qui  peut autant soigner un cancer que réduire une ville en cendres ou empoisonner un cadavre pour des milliers d’années.

 

Zofia ne savait  pas si elle était plus horrifiée ou étonnée de voir que la grande Marie avait nommé le premier élément qu’elle avait découvert « polonium », en hommage à sa patrie, et seulement le second « radium », dont la racine provient tant du radius, « rayonnement », que du  ravissement quotidien que lui inspirait sa fille. Une patrie, rappelons-le, qu’elle avait dû quitter à la hâte parce qu’on n’y tolérait guère les bizarreries du genre d’une étudiante en jupons. Une patrie à cause de laquelle Marie avait failli se voir déportée en Sibérie pour avoir enseigné la polonité à des enfants de paysans. Une patrie qui honore la plus grande femme de son histoire par une université baptisée avec une faute d’orthographe à son nom de famille et par un musée minable qu’on ferait mieux de fermer pour  éviter de se compromettre davantage. »

 

[…]

 

« Même lorsqu’on a deux Nobel – ou peut-être surtout dans ce cas –, on a besoin d’un endroit pour travailler et non pour méditer devant une table vide. Marie buvait-elle son café  assise là ? Laissait-elle des miettes de croissants et des taches de beurre sur le bois ? S’appuyait-elle dessus, autoritaire, pour passer un savon à des assistants dans son français guttural à fort accent slave ? Comme tout le monde, probablement, Zofia s’imaginait Marie en tata grincheuse dans un chapeau miche, et pourtant, c’est pour son honneur que des hommes se battaient en duel, sans oublier la phrase d’Einstein restée célèbre, lui qui affirmait n’avoir jamais vu autant d’érotisme dans le regard d’une femme que chez elle. Elle avait peut-être baisé debout contre ce bureau jusqu’à en briser des ballons à distiller dans le laboratoire d’à côté ? »

 

[…]

 

- En résumé, nous regardons aujourd’hui la découverte du radium en particulier et  de la radioactivité en général comme un grand classique de la science, mais les chercheurs de l’époque ne vivaient pas dans le vide. Ils étaient entourés par un public tout aussi  crétin que de nos jours et, parmi ces badauds, il y avait divers charlatans et escrocs capables d transformer  les titres des journaux en mines d’or. Nous vivons maintenant à l’époque génético-électronique, alors vous pouvez vous offrir des suppléments alimentaires qui rallongent les télomères dans les chromosomes ou des appareils de massage dont le microprocesseur pilote le lissage des rides. À l’époque la grande nouveauté, c’était justement le radium. Une mystérieuse substance phosphorescente capable de contaminer d’autres substances. Une source inépuisable d’énergie, et puisqu’on n’y connaissait rien en ADN, quand on a découvert que les radiations provoquaient des changements chez les générations successives de moucherons, on  est devenu rapidement persuadé que le radium permettrait de créer de nouvelles espèces. C’était l’élément de la vie ! Et puis, ajoutons à cela que le radium a tout de suite été utilisé en médecine, surtout en oncologie, et voilà, tadam ! On pouvait alors l’atteler à n’importe quoi. Vous devriez voir toutes ces publicités pour les crèmes radioactives dans lesquelles une sorcière ôtait son masque de vieillesse. Des lotions, des savons, des gels de bain, des poudres, on ne pouvait plus se laver les fesses avec un truc qui ne brillerait plus dans la nuit. Ça rendait furieuse notre Marie, mais elle estimait qu’elle ne vaincrait pas la sottise. À une exception près.

 

[…]

 

8 idées de Tho radia | beauté, méthode scientifique, rouge à lèvres

 

- À un certain moment, un nouveau remède au doux nom de Tho-Radia est apparu sur le marché. Grosse campagne de pub, identité visuelle géniale, vous pouvez chercher sur Google. Après Hiroshima et Tchernobyl, un mannequin baigné d’une lueur radioactive éveille l’épouvante mais à l’époque, les rouge à lèvres radioactifs se vendaient sur le pouce, les clientes voulaient que leur apparence soit optimisée par la science omnisciente et non par de vulgaires plantes hachées ; Le problème c’est que des petits malins ont mis la main sur un naïf médecin de province qui s’appelait Curie, afin qu’il prête son nom à leur magouille, et soudain, sur toutes les affiches publicitaires apparut le slogan selon lequel ce remède miracle avait été créé « d’après la formule du  docteur Alfred Curie ». Ça a fait un esclandre…

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Les scientifiques Albert Einstein et Marie Curie marchent au bord du lac Léman, à Genève (Suisse), en 1925. (ARCHIVES PIERRE ET MARIE CURIE / AFP)

Les scientifiques Albert Einstein et Marie Curie marchent au bord du lac Léman, à Genève (Suisse), en 1925. (ARCHIVES PIERRE ET MARIE CURIE / AFP)

Quand Albert Einstein remontait le moral de Marie Curie ICI

Les deux scientifiques ont échangé des lettres en 1911, alors que Marie Curie était au cœur d'un scandale médiatique en raison d'une liaison avec le physicien Paul Langevin.

"Ignorez les critiques de bas étage." C'est, à peu de chose près, le conseil donné par Albert Einstein à Marie Curie en novembre 1911, rapporte le site I Fucking Love Science (en anglais), mardi 9 décembre. Quelques semaines avant que le prix Nobel de chimie ne lui soit décerné, la veuve de Pierre Curie (décédé en 1906) s'est trouvée au cœur d'un scandale médiatique à cause de sa liaison avec le physicien Paul Langevin.

 

La femme de ce dernier, dont il était séparé depuis peu, a transmis des lettres des deux amants à la presse. De retour en France après une conférence à Bruxelles, Marie Curie a été accueillie par une foule en colère à son domicile parisien. Une expérience tellement effrayante qu'elle a décidé de s'intaller chez un ami avec ses deux filles, le temps que l'affaire se calme.

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27 décembre 2021 1 27 /12 /décembre /2021 06:00

Bousbir 12

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Boursbir 6 

© Copyright: DR

L’outrage, la violence faite aux femmes... ICI

Il ne reste du tristement célèbre quartier Bousbir, à Casablanca, que des souvenirs sulfureux ternis par le temps. Voici l’histoire du «quartier réservé» et de ses femmes…

 

Dans les années 1920, alors que le Maroc est sous Protectorat français, les colons se plaisent à dresser la carte postale d'un pays pittoresque, exotique et poétique. Des photos et des écrits qui nous restent de cette sombre page de l’histoire marocaine, ceux de ces femmes, que l’on classe encore sous la bannière d’un style orientaliste.

 

Mais au-delà des scènes de vie et des clichés de femmes dénudées capturés par les objectifs de l’époque, se cache une réalité bien sombre, celle de la prostitution.

 

À Casablanca, au début du XXe siècle, un quartier sordide était ainsi dédié au commerce du sexe.

 

 En 1914, les hommes en quête de plaisirs charnels se rendaient à Bab Marrakech, à quelques pas de la Medina. C’est là que des "filles de joie" faisaient commerce de leur corps sur les terres d’un Français du nom de Prosper Ferrieur. Avec le temps, on baptisa l’endroit du nom de son propriétaire et « Prosper » devint « Bousbir ».

 

L’endroit étant un peu trop central au goût des autorités du protectorat français, sans compter l’insalubrité qui y régnait et le manque d’hygiène qui favorisait la propagation des maladies, on décida en 1923 de transférer ces "activités" loin des regards, à Derb Soltane, dans un quartier spécialement construit à cet effet et qui serait dédié à la prostitution sous haute surveillance.

 

La concession est achetée par un certain M. Bouquet, représentant des Mines de Lens, et le chantier confié à l’entreprise La Cressonnière.

 

 

L’ancien bordel à ciel ouvert de Bab Marrakech se transforme alors en cliché touristique. Une petite ville enceinte de murs, des blocs d’habitations, des commerces, des ruelles bordées d’arbres, un hammam, un cinéma, des cafés… On entre par l’unique porte, gardée par un poste de police, pour passer du bon temps dans Bousbir comme on le ferait dans une médina typiquement marocaine. Une jolie carte postale, tristement poétique, dressant le portrait de femmes soit disant libérées, lascives, tout droit sorti des Mille et une nuits.

 

La suite ICI 

Tourisme et prostitution coloniales : la visite de Bousbir à Casablanca  (1924-1955)

Bousbir, sorte de parc à thème érotico-exotique, fréquenté aussi bien par la population locale que par les voyageurs, embarrassait déjà l’administration coloniale à l’époque. «Les Français ont mis Bousbir en périphérie de Casablanca, derrière un mur de 6 mètres de haut, accessible par une seule porte, parce que même si c’était un mal nécessaire, c’était la honte», explique Jean-François Staszak. Bousbir a été conçu selon la logique froide et rationnelle de l’époque que les hommes avaient des «besoins» et «qu’armée signifiait donc prostitution». Pour éviter la propagation de maladies vénériennes, il valait mieux contrôler cette activité que la bannir.

 

Attentes des Occidentaux

 

Mais Bousbir, quartier destiné aux soldats français, aux tirailleurs sénégalais ou encore à l’armée marocaine, s’est rapidement transformé en «resort sexuel», comme l’exprime Jean-François Staszak: «C’était le plus grand bordel à ciel ouvert du monde. Il y avait énormément d’animation, des restaurants, un cinéma, des spectacles érotiques et pornographiques. Les touristes y allaient parce que c’était une attraction incontournable.» L’architecture y joue pour beaucoup, car tout avait été conçu afin de répondre «aux attentes des Occidentaux et donc pour correspondre à l’image qu’ils se faisaient de la femme marocaine, du Maroc, des Mille et Une Nuits», ajoute Raphaël Pieroni.

 

Au total, plus de 12000 femmes y auraient vécu et officié jusqu’en 1955, dans des conditions proches du travail forcé. La moyenne d’âge des femmes qui rentraient à Bousbir était de 18 ans. Aucune n’avait plus de 28 ans.

 

«Quartier réservé. Bousbir Casablanca», sous la direction de Jean-François Staszak et Raphaël Pieroni, Editions Georg, 2020, 208 pages.

 

L’article ICI 

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26 décembre 2021 7 26 /12 /décembre /2021 06:00

« Le vin est femelle et le bien boire érotique » Pierre Desproges« J’ai appris à boire du vin au service militaire. J’y ai découvert l’ivresse… au 13° »

L’origine du repos dominical est liée au Décalogue : Tu sanctifieras le jour du Seigneur. Si les Juifs sanctifient le samedi, dernier jour de la création, jour du repos de Dieu, les chrétiens choisissent avec logique le dimanche, jour de la résurrection, premier jour de la semaine. L’assistance à la messe empêche de facto le travail, au moins une partie de la journée. Pour les chrétiens, l’assistance à la messe ne suffit pas pour honorer Dieu, et le dimanche est un jour tout entier consacré à la vie spirituelle, à la relation personnelle avec Dieu ; un jour où l’on se préoccupe davantage de son prochain, un jour sans activité rémunératrice. C’est aussi le jour où on ne fait pas travailler les autres, on évite ainsi d’aller faire ses courses le dimanche.

 

Dès le IIe siècle, le dimanche devient progressivement chômé parmi les chrétiens, et, en 321, l’empereur Constantin fait du dimanche le jour de repos légal au sein de l’Empire romain, ordonnant que « les fonctionnaires et tous les habitants se reposent, et que tous les ateliers soient fermés ».

 

Sous l’Ancien Régime, le travail est interdit le dimanche, sous peine de sanctions. Même si ces dernières s’allègent au cours des siècles, le principe de l’interdiction est maintenu et réaffirmé par diverses ordonnances et édits royaux. Bien sûr, les contrevenants existent, ils sont même de plus en plus nombreux, cependant, il est impossible d’obliger quelqu’un à travailler un dimanche. La contestation commence au XVIIIe siècle avec Voltaire et Montesquieu qui réprouvent l’institution d’un jour chômé et dénoncent ses « effets pervers » dans le domaine économique.

 

La suite ICI 

 

Comme il est très tendance d’exhiber ses racines chrétiennes pour être un bon Français, et même si je n’en fout pas une rame depuis que la République m’a mis sur une voie de garage  (fine allusion parisienne), le dimanche je me mets donc, les pieds en éventail, confirmant ainsi ce que pensent mes détracteurs que j’écris comme un pied. Au passage je m’étonne que le dénicheur Ciné Papy ne nous ait pas gratifié d’une fiche ciselée sur My left foot 1989 de Jim Sheridan, avec l’immense Daniel Day-Lewis (Oscar du meilleur acteur) : évocation de la vie de Christy Brown, peintre et écrivain, frappé d'une paralysie spasmodique à la naissance, d'après ses Mémoires rédigées en 1954.

 

My Left Foot - Film (1989)

 

Cependant je me dois s’assurer la continuité du service de mon cher public assoiffé de connaissances, en sous-traitant ma chronique du dimanche à un beau nez du vin : Jacques Dupont du Point, à ne pas confondre avec DuPont de Nemours ICI (fine allusion naturiste à la chimie)

 

Encore des nouilles" : les truculentes chroniques culinaires de Pierre  Desproges rassemblées dans un recueil

 

Le vin de Desproges ICI 

 

« Ménagez votre santé. Buvez du vin, nom de Dieu ! »

 

Saint-émilion, c’était son vin. Il le cite souvent dans ses chroniques et plus particulièrement un château et un millésime : Figeac 1971. Un millésime discret, qui passait derrière 1970 à la réputation un peu surfaite, mais un Château Figeac dirigé et vinifié alors par Thierry Manoncourt, qui savait que les grands vins ne se mesurent pas en épaisseur mais en finesse, c’est rarement décevant. Si Desproges aimait Bordeaux et se disait capable de réciter la liste des grands crus médocains, il ne crachait pas sur le sancerre, expliquant devant tous les officiels réunis pour l’ouverture du Printemps de Bourges que, grosso modo, le seul intérêt de ce festival résidait dans la possibilité de s’abreuver de ce sauvignon blanc, minéral à souhait. Pour le reste, s’il cite châteauneuf-du-pape, c’est surtout pour faire un bon mot. Résumons. Comment reconnaître un châteauneuf-du-pape. C’est simple : « le châteauneuf a une belle robe rouge, alors que le pape a une belle robe blanche. » Étonnant, non ?

 

Il aimait le vin, c’est incontestable : « Certes, l’eau est plus digeste que l’amanite phalloïde et plus diurétique que la purée de marrons, mais ce sont là futiles excuses de drogués. D’autres vous diront que la cocaïne est moins cancérigène que l’huile de vidange… N’en tenez pas compte. Ménagez votre santé. Buvez du vin, nom de Dieu ! »

 

On ne peut pas dire en revanche qu’il raffolait du whisky. « Le whisky est le cognac du con. Son bouquet évoque la salle d’emboîtage des vaccins antigrippaux de l’Institut Mérieux. Additionné d’eau gazeuse, il insulte le palais de l’homme de goût qu’il éclabousse d’inopportune salaison et de bulles impies que le Champenois crache au noroît dans son mépris d’Albion. En vieillissant, le whisky gagne en platitude ce qu’il perd en infamie. » (Dictionnaire superflu).

 

Dans le même ouvrage, il tisse des louanges (à sa façon) au département d’Indre-et-Loire…

 

L’ensemble de la prose duponienne ICI 

 

À table avec Pierre Desproges

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