Victoire pour le lobby suisse des émojis, parmi les 62 nouveaux émojis de 2020, on retrouve l'émoji fondue en forme de caquelon arborant le drapeau suisse à croix blanche.
Réglons de suite la question de l’origine de la fondue :
« Qu’il n’en déplaise au savoyard, la fondue est bel et bien un met que l’on doit à nos amis suisses (si vous n’êtes pas convaincu regardez la définition du Larousse *), et plus précisément du canton de Fribourg.
Au début du XVIIIe siècle, les paysans des Alpes Fribourgeoise, réutilisaient les restes de fromage et de pain rassis de leur précédents repas. Economique et très nourrissante la recette s’est très vite répandue au reste du pays.
L’officialisation de la recette par Brillat-Savarin, qui a également donné son nom au célèbre fromage, il rédige en 1794, la première recette à base de gruyère œuf et beurre. Le vin apparait dans la recette qu’en 1911.
La date qui marque un tournant dans l’histoire de la Fondue est 1940 à l’exposition Universelle de New York, la suisse expose son nouveau modèle de caquelon et fait gouter la fameuse fondue aux visiteurs. Elle crée ainsi son nouvel emblème de fierté Suisse à travers le monde entier.
Vous l’aurez compris si vous voulez faire une Fondue « originelle » c’est donc la recette de la fondue Fribourgeoise qu’il faut réaliser, composée exclusivement de vacherin et à consommer avec du pain blanc ou des pommes de terre. Pratique cette recette peut être réalisée avec seulement une bougie sous le caquelon, le fromage ne se fige pas au froid, c’est donc la fondue idéale à manger en terrasse.
La Fondue dite « savoyarde » est composée de trois fromages, pas tous savoyards, mais tellement bon ! Du comté qui nous vient du Jura, de l'emmental suisse et du beaufort.
* « Plat d'origine suisse, composé de lamelles de fromage que l'on fait fondre à la chaleur dans un caquelon avec du vin blanc, jusqu'à consistance de crème, que l'on aromatise de kirsch et que l'on déguste en y trempant des cubes de pain rassis au bout d'une fourchette. (On dit aussi fondue savoyarde.) »
Le journal le Temps claironne avec humour : ICI
« Notre plat national entre au panthéon de la pensée simplifiée, qui s’exprime cette fois dans un pictogramme lié à la maïzena. Ça met en joie les gourmets qui savent comment ne pas lâcher leur bout de pain et finir au lac avec des poids aux pieds »
Si nous disons «pictogramme utilisé dans les messages électroniques et les pages web japonaises qui s’est ensuite répandu dans le monde entier depuis sa naissance en 1997», les esprits numériquement avisés répondront immédiatement, et pas qu’à moitié-moitié: «émoji».
L’occasion de vous souhaiter, en ce vendredi douloureusement marqué par le Brexit enfin arrivé à son acmé et l’urgence déclarée à propos du coronavirus de Wuhan: «En Guete, bon appétit et buon appetito!»
Car c’est bien ainsi que s’est aussi exclamé, dans 20 Minuten, Mark Davis, président du Consortium Unicode, chapeauté par les géants de la technologie comme Adobe, Apple, Facebook, Google, Huawei, Microsoft ou encore Netflix.
Mais quelle mouche l’a-t-elle donc piqué?
Revenons un peu en arrière pour faire les brasses du combattant (en huit) dans le caquelon qui vient d’accéder au panthéon de la pensée simplifiée. Il y a trois ans, les confrères alémaniques de 20 minutes «avaient fait une demande de validation» pour voir un tout nouvel émoji se pavaner sur les écrans de nos smartphones: l’émoji fondue!
Eh bien, c’est fait, on peut passer au kirsch pousse-café: le quotidien gratuit romand nous apprend que la tournante 4.0 a officiellement été retenue cette semaine dans la liste des 117 nouvelles émoticônes «à paraître dans la prochaine collection» du susdit consortium:
«La procédure n’a pas été de tout repos» pour Stefan Wehrle et Tobias Bolzern, de 20 Minuten. Il a en effet «fallu faire preuve de patience et faire évoluer le graphisme de l’émoji. Il s’agissait aussi d’argumenter et de dire pourquoi la fondue méritait sa place dans cette forme de dictionnaire du langage numérique à vocation universelle. Il s’est notamment avéré que le mot «fondue» était plus fréquemment recherché en ligne à Noël que le hamburger.»
La preuve?
Ce «Chillin' by the fire while we eating fondue», parlé-chanté par Justin Bieber en 2012 dès la première strophe de Boyfriend:
«Nous ne savons pas quel argument a été le plus décisif chez les gardiens des émojis aux Etats-Unis. Ce qui est certain, c’est qu’ils sont probablement eux-mêmes des amateurs de fromage», relève le duo alémanique. Mais ne cherchez pas encore le petit caquelon rouge à croix blanche dans le prolongement de votre main, il faudra patienter «jusqu’à cet automne» pour le trouver. «Le temps pour Google, Apple et les autres fabricants concernés de l’intégrer dans leur langage informatique.» Va-t-on survivre à cette longue attente après avoir dégainé l’émoji larmes quand on a appris, rappelait Le Monde l’an dernier, qu’on n’aura jamais d’émoticône raclette ?
Darius Rochebin
@DariusRochebin
Sans faire le rabat-joie, vive la fondue! Mais se rappeler le puissant attelage qui décide à l’échelon mondial des emojis admis ou non. Le Consortium Unicode incarne la domination impériale des Gafa - tout est cool mais ne pas oublier qui est le patron - :-)