L’équipe de France de football est allé jouer à Tirana en Albanie pour le compte de la qualification de l’Euro 2020.
L’événement c’était L’Air Albania Stadium, une enceinte moderne de 22.000 places.
Dessinée par l'architecte italien Marco Casamonti, la nouvelle enceinte octogonale surmontée d'une tour de 25 étages, la plus haute de Tirana, est bâtie sur le site de l'ancienne Arena Kombetare. Sa façade rouge et noire aux couleurs de l’Albanie dessine des motifs traditionnels inspirés du folklore national, selon Andi Vreçani. Le Premier ministre Edi Rama, qui était artiste peintre avant d'embrasser la carrière politique, a lui-même émis quelques suggestions sur l'architecture des lieux. C'est "l'un des plus beaux d'Europe", assure-t-il.
Un coût de 75 millions d'euros
Mais la beauté a un prix, en l'occurrence 75 millions d'euros. Du coup, le stade portera pendant cinq ans le nom officiel d'Air Albania Stadium du nom d'une compagnie aérienne devenue partenaire-titre à hauteur de 3,2 millions d'euros sur la période. L'UEFA a également mis au pot une enveloppe de 10 millions d'euros, le reste étant financé par la société privée albanaise Albstar
Moi je viens de lire Il était une fois dans l’Est, d’Arpád Soltész
« C’est la Slovaquie des années 90, et plus particulièrement dans les régions les plus reculées du pays : les trafics en tous genres, notamment celui des migrants entre l'Est et l'Ouest, les mafias (albanaise, russe, ukrainienne, kosovar…), un parrain rom et, in fine, la voyoucratie d'Etat, policiers, membres des services de renseignements (SIS), magistrats de haut rang et bien sûr politiques. »
A Bratislava, Arpad Soltész dirige désormais un centre d'investigation journalistique portant le nom de Jan Kuciak, assassiné avec sa fiancée en février 2018 et officiant comme l'antenne slovaque de la plateforme internationale pour le journalisme d'investigation sur le crime et la corruption (OCCRP). Cette année, il s'est réjoui de l'élection à la présidence Zuzana Caputova, avocate et fondatrice du Parti slovaque progressiste mais sait que le mal est profond, vient de loin et affecte toutes les couches de la population.
Critique publiée le 19 septembre 2019 par Yan ICI
« Une partie de cette histoire s’est vraiment produite, mais d’une autre manière. Les personnages sont fictifs.
Si vous vous êtes tout de même reconnu dans l’un d’eux, soyez raisonnable et ne l’avouez pas.
Les gens n’ont pas à savoir quel salopard vous êtes. »
Arpád Soltész fait le portrait d’une société dont la mutation tient moins du développement harmonieux que de la métastatisation. L’ère post-communiste telle que la décrit Solstész, est en effet d’abord celle du capitalisme le plus sauvage, un peu à l’image de ce que décrivait pour la Hongrie Julian Rubinstein dans La ballade du voleur au whisky, mais en plus violent encore. Sorte de pivot entre l’Est – Ukraine, Hongrie – et l’Ouest avec sa frontière autrichienne, la Slovaquie est en effet un lieu de passage privilégié pour un des trafics les plus lucratifs, celui des êtres humains. Il y a la traite, bien entendu, qu’illustre parfaitement l’histoire de Veronika, mais aussi le passage de clandestins d’Europe de l’Est ou du Moyen-Orient et l’organisation de filières de fausse immigration de Roms chargés d’aller tous les mois dans certains pays d’Europe de l’Ouest pour toucher une allocation qu’ils ramènent après et dont une partie alimente les réseaux mafieux.
Ces réseaux mafieux, ces gangs, Solstész les dépeint avec une certaine jubilation. Le premier n’est autre que l’armée et les services secrets, viennent ensuite les vrais mafieux, ukrainiens, russes, albanais, mais aussi la police et la justice. Autant dire que le citoyen pris dans un mauvais engrenage.
Et moi je pense à Enver Hodja, despote lettré, stalinien incurable, dont le nationalisme obsidional et la «francophilie» aveuglèrent tant de clercs parisiens.
« Affranchi de toute fascination, Thomas Schreiber retrace avec minutie le parcours de l'homme qui, seul maître à bord de 1944 à 1985, claquemura le «pays des aigles» dans une suicidaire autarcie, écornant, au passage, maints clichés de l'historiographie marxiste. Ainsi apparaît un jeune Enver, plus dandy qu'étudiant, boursier errant de Montpellier à Paris, avant de servir, au consulat albanais de Bruxelles, une monarchie fantoche, qu'il est censé exécrer. On voit, aussi, comment ce dogmatique impénitent parvint à se brouiller avec la Yougoslavie de Tito, l'URSS de Khrouchtchev et la Chine de Mao. Comment, enfin, patriarche malade et paranoïaque, il sacrifia ses compagnons de lutte, jusqu'au «suicide» suspect de Mehmet Shehu, fidèle dauphin. Nul doute qu'Enver aura marqué son époque et son pays. Au fer rouge.
Enver Hodja, le sultan rouge Thomas Schreiber Lattès, 268 p.
Le démentiel huis clos de l'Albanie socialiste a duré un demi-siècle.
Quelques 500 000 bunkers furent construits dans les campagnes, sur les côtes et dans les cours d'immeubles des villes. Une dissuasion face à un ennemi nécessairement multiforme aux yeux du régime et qui pouvait surgir de partout. Le passé fut aussi soigneusement verrouillé selon la formule de George Orwell: «qui contrôle le passé contrôle le présent et donc l'avenir.»
Le cas albanais a été unique à l'Est pour la férocité de la dictature communiste près d'un Albanais sur dix est passé par les prisons et les camps, et autant sont morts ainsi que par son caractère endogène. Enver Hohxa libéra le pays sans l'aide des «camarades» soviétiques, mais son pouvoir fut aussi absolu que celui de Staline ou de Mao. Et sa paranoïa peut-être encore plus aiguë.
«Nous mangerons de l'herbe s'il le faut, mais nous ne trahirons pas les principes du marxisme-léninisme», affirmait le camarade Enver, seul dirigeant communiste d'Europe à décréter la mort de Dieu et à interdire totalement les religions. Nulle part la collectivisation n'a été poussée aussi loin qu'en Albanie, au point d'interdire aux paysans (70% de la population) la possession d'une vache ou d'un jardinet. Le crime «d'évasion» vouloir quitter le pays était passible d'au moins vingt ans de camp. L'Albanie, déjà le pays le plus pauvre d'Europe, s'enfonça dans la misère. «L'oncle Enver» en impeccable costume trois-pièces, panama sur la tête, s'amusait en famille avec enfants et petits-enfants. Sa villa était reliée par un souterrain à son bureau au siège du Comité central. Il mourut en 1985, et Ramiz Alia, son dauphin désigné, s'installa au pouvoir, perpétuant le culte d'Enver. Il fallut encore attendre six ans et la chute du Mur pour que la grande statue du dictateur édifiée sur la place centrale de Tirana soit abattue par une foule en liesse au cri de: «Liberté, démocratie!».
Ismaïl Kadaré : « Sous la dictature, vivre, pour moi, c’était créer de la littérature » ICI
Il est l’un des Albanais les plus célèbres au monde. L’auteur du « Général de l’armée morte » vit aujourd’hui entre Paris et Durrës, non loin de Tirana, et fuit les journalistes. Pour « Le Monde », cependant, il a fait une exception.
Il ne figure pas encore sur les billets de la monnaie albanaise (le lek), mais il incarne à lui seul la culture de son petit pays. En Albanie, où il passe la moitié de l’année, Ismaïl Kadaré est étudié à l’école et connu de tous, du chauffeur de taxi à la serveuse de restaurant. Le reste du temps, il vit près du jardin du Luxembourg, à Paris, où il s’est installé en 1990, quand il a obtenu l’asile politique en France.
A 83 ans, l’écrivain est fêté à chacun de ses retours à Tirana, la capitale. En mai, il a inauguré la « maison-atelier Kadaré » (Kadare shtëpia studio). Il s’agit de l’appartement, au décor typique des années 1960, où il vécut et écrivit aux pires heures du régime communiste (1944-1991). Un logement à deux portes donnant sur l’extérieur – une pour entrer, l’autre pour fuir… on n’est jamais trop prudent en dictature –, qui vient d’ouvrir au public.
On y visite le bureau d’Ismaïl Kadaré, aux murs peints en vert. On y voit la cheminée au coin de laquelle il s’asseyait chaque matin pour travailler, avec les craquements du feu dans l’âtre pour seul accompagnement. On découvre la machine à écrire Hermès Baby – un nom qui va comme un gant à ce fin connaisseur des mythologies – sur laquelle ont été tapés ses grands romans de l’époque, L’Hiver de la grande solitude, Avril brisé, Le Palais des rêves… (1973, 1980, 1981 ; tous ses livres sont disponibles chez Fayard, qui a publié ses œuvres complètes en douze volumes, entre 1993 et 2004).
Dans la bibliothèque, son œuvre considérable, traduite en plus de 40 langues, témoigne de ses passions immuables, des légendes balkaniques à l’Antiquité grecque – dont il s’est beaucoup servi pour attaquer de biais la dictature –, des ouvrages de Jean-Pierre Vernant ou Pierre Vidal-Naquet à ceux de « Uiliam Shekspir », ou de « Balzak » aux classiques russes en cyrillique.
Le jour où nous avions rendez-vous, en mai, Kadaré craignait sans doute que les visiteurs de sa maison-atelier ne troublent la rencontre. Lui qui avait hésité à accorder cette interview – il n’en donne presque plus – a préféré nous recevoir, en compagnie de son épouse, Elena, dans une tour moderne de Tirana, où ils possèdent un pied-à-terre. Il était venu de Durrës où il passe les mois d’été. Conversation devant un kafe turke.
La mafia Albanaise est constituée de quinze clans. Ces quinze clans règlent le territoire du pays tout entier. La mafia est soumise à un code d’honneur inviolable. Elle possède un contact avec l’armée de libération du Kosovo, ce qui lui permet de s’approvisionner en armes. La mafia albanaise contrôle plus de 70% du marché de l’héroïne dans de nombreux pays, en plus des prostitués placées dans plusieurs pays différents. La mafia Albanaise est active dans 6 secteurs principaux : La drogue (surtout de l’héroïne, passant par la route des balkans), la contrebande (essentiellement le trafic de cigarettes), la prostitution (dont des mineurs , enlevés dans des camp de réfugiés), le trafic d’armes (approvisionné par d’autres mafias, comme la mafia russe et italienne) et le racket.
Appuis politiques
Face à cette criminalité organisée, les jeunes et fragiles démocraties d’ex-Yougoslavie sont le plus souvent impuissantes : le principal atout de la mafia albanaise est en effet la complaisance voire la complicité des autorités publiques. Pendant les guerres balkaniques (1991-1995), les armées régulières serbe, croate et bosniaque ont couvert, faute de pouvoir les contrôler, les paramilitaires qui combattaient à leurs côtés et contribuaient largement à l’essor des différents trafics qui se développaient.
Encore aujourd’hui, par le biais de la corruption, le crime organisé gangrène littéralement les structures étatiques des Balkans : de hauts fonctionnaires, des magistrats voire des ministres ont ouvertement soutenu les trafiquants de stupéfiants et facilité le blanchiment d’argent sale, les gangs permettant à des États en situation de pénurie de s’approvisionner en marchandises telles que des armes ou du pétrole.
Rien qu’au Kosovo, depuis la fin de la guerre, quinze clans se partagent le pays, prospérant sur les ruines laissées par l’Otan.
La petite « Colombie européenne »
La collusion entre mafieux et politiciens est telle que certains trafiquants n’hésitent pas à se lancer en politique ; à l’été 2004, des députés albanais issus de toutes les tendances politiques se sont opposés à l’adoption de lois visant à mettre sur pied des unités spéciales de la police destinées à lutter contre le crime organisé.
Les opérations anti-criminelles menées en Albanie, sous couvert de lutte contre la mafia locale, ne font souvent que rendre service à certains clans en éliminant leurs concurrents ; même les « rebelles » albanophones, sous prétexte de défense des populations albanophones menacées, ne mènent certaines de leurs émeutes ou offensives « militaires » que pour s’assurer le contrôle de la route des trafics de drogue. L’impunité et l’infiltration dans les rouages étatiques dont bénéficie la mafia albanaise vaut à la région d’être qualifiée par certains observateurs de petite « Colombie européenne ».
Alliés et rivaux
La mafia albanaise dispose d’alliés comme la Ndrangheta, la Camorra Mafia turque et la mafia corse. A l’inverse, elle se heurte à des rivaux de taille et notamment les clans de la Cosa Nostra, les Jamaïcains, les gangs de la Mara Salvatrucha(MS13), Los Viboras, ou encore les mafieux mexicains de Cartel de Juárez.
La prostitution
La mafia Albanaise dirige la « traite des femmes », comparable à une forme moderne d’esclavage. Les grandes villes d’Europe sont les plus touchées par ce trafic. C’est depuis les années 90 que cette activité ne fait qu’augmenter, surtout sur le vieux continent. Selon l’organisation internationale des migrations, 300 000 femmes venues de l’Est sont arrivées en Europe occidentale pour se prostituer. Il y aurait en France entre 15 000 et 18 000 de ces prostituées, dont le quart vient de l’Est. Les prostituées sont traitées comme des esclaves par les Albanais, peu de ces femmes osent parler de leur condition. Beaucoup d’entre elles viennent d’Albanie, de République Tchèque ou de Bulgarie. Il existerait même un marché aux femmes, dirigé par des Albanais. Le prix d’une femme serait compris entre 1000 et 2500 $, pour les proxénètes kosovars.