Je suis chiffon du côté de ma couturière de mère et insoucieux du qu’en dira-t-on du côté de mon terrien de père, donc peu sensible aux codes vestimentaires à la mode, aux uniformes post-moderne : porter des tennis de jeunes ne fait pas d’un avocat bourgeois un révolutionnaire, mais il n’en reste pas moins vrai que la vêture est la seconde peau choisie, elle un marqueur de personnalité, une seconde peau qui nous raconte. Le vêtement est choisi par chacun d’entre nous pour le représenter intimement et/ou socialement.
C’est ainsi qu’Audrey devient Hepburn à travers le vestiaire que lui dessine Hubert de Givenchy. De la robe tube au (turlututu) petit chapeau pointu, le couturier en fait une femme élégante avec, toujours, ce petit “je-ne-sais-quoi” qui fascine les garçons et les Anglo-Saxons.
Le cheptel politique lorsqu’il chalute pour atteindre « les soi-disant hautes sphères » s’entoure de conseillers en image, le petit Z s’est entièrement relooké afin de gommer son allure de chafouin excité, madame Pécresse reste dans le ton versaillais, un BCBG bien fade, la Marine a du mal à ne se départir de son côté vulgaire, Mélenchon se la joue vêture rigide du révolutionnaire ringard, Macron a des costards de premier communiant choisi par Brigitte, reste le Jadot des Verts qui doit se garder à gauche des khmers de Sardine Rousseau et sur sa droite pour ne pas trop verser du côté des bobos.
Yannick Jadot qui était l’invité du journal télévisé du 20 heures d’Anne-Claire Coudray diffusé sur TF1, le dimanche 30 janvier, est apparu un brin différent. En effet, le compagnon de la journaliste Isabelle Saporta (ça c’est Gala qui le dit) a fait le choix de porter, sur sa fidèle chemise blanche et sa veste de costume, une cravate bleu marine. Un détail qui n’en est pas vraiment un puisqu’il semble tout droit inspiré d’une critique faite par un auditeur de France Inter.
Sans être rosse avec lui, son nouvel attribut est mou, pendouille, ça ne le rend pas plus crédible, mais la France vieillit, faut tout faire pour séduire les mémés et les pépés qui sont de fidèles votants.
ue Gala fasse ses choux gras de la cravate de Jadot passe encore mais que le journal le Monde nous fourgue une CHRONIQUE de Marc Beaugé : Yannick Jadot acclamé les bras en croix, c’est peut-être un détail pour vous… m’a laissé pantois.
Marc Beaugé « est un ancien journaliste des Inrockuptibles. On le connaît pour sa participation comme chroniqueur dans l’émission Le Supplément sur Canal+. En dehors de son talent pour les sujets de mode, il est également un féru de musique et de sport. Le fashion police écrit dans ce sens pour les revues France Football, Technikart, GQ ou Standard.
Grâce à son expertise, Marc Beaugé travaille pour de nombreuses structures et plateformes web. Véritable couteau suisse, il est à la fois rédacteur en chef des magazines Society, l’Étiquette et Holiday. Le spécialiste de la mode masculine est également pigiste pour M le magazine du Monde, mais aussi pilier du groupe So press. »
Je vous livre brut de décoffrage sa prose d’expert
Dévoilant les mesures phare de son programme, le candidat Europe Ecologie-Les Verts à la présidentielle était en meeting à Lyon le 29 janvier. Bien décidé à prendre son envol.
Profession de foi
Mieux qu’un meeting, c’était une messe. Samedi 29 janvier, à Lyon, Yannick Jadot a réuni 700 fidèles à H7, un lieu dédié aux entrepreneurs du numérique. Pendant deux heures, il leur a dévoilé les mesures phares de son programme telles que l’augmentation du smic, la construction de 700 000 logements sociaux, le recrutement de fonctionnaires ou la fermeture de réacteurs nucléaires… Et puis, dans un halo de lumière, le candidat écolo a fini par ouvrir ses bras en grand, tel le Christ rédempteur de Rio de Janeiro. Amen.
Fabrique d’un héros
Profitons de la posture adoptée par Yannick Jadot pour évoquer un point quelque peu technique. Au-delà de sa dimension christique, cette gestuelle est particulièrement efficace pour juger de la qualité d’un costume et de la valeur de sa confection.
Malgré des bras largement écartés, un costume de bonne facture, entoilé et non thermocollé, ne se déforme quasiment pas. Les épaules de la veste resteront posées sur le corps, tandis que son col ne casse pas. De toute évidence, le costume de Yannick Jadot n’est pas de très bonne facture.
Le port de l’angoisse
Le candidat écolo avait fait le choix de ne pas porter de cravate, ce qui n’est pas tout à fait un détail. Interrogé à ce propos, sur France Inter, Jadot a annoncé qu’il allait « prochainement commencer à en porter », car « beaucoup de Français associent la fonction présidentielle au port de la cravate ». Nous lui suggérerons donc d’adopter une cravate en grenadine de soie d’une largeur de 8 centimètres, de la nouer d’un simple four-in-hand et de veiller à ce qu’elle tombe au niveau de la boucle de ceinture de son pantalon. Histoire de faire oublier le costume.
Lignes officielles
Une fois de plus, la présence d’une marinière à l’image nous oblige à effectuer un rappel au règlement. Le décret – officiel du 27 mars 1858, qui introduisit dans le paquetage des matelots de la marine nationale le tricot rayé, précise que « le corps de la chemise doit compter 21 rayures (blanches, chacune deux fois plus larges que les 20 à 21 rayures bleu indigo », pas une de plus, pas une de moins. Alors, sommes-nous bon ici ? Accordons-lui le bénéfice du doute.
Cobb couleur
Enfin, comment ne pas noter ici l’omniprésence du vert, décliné sur les – drapeaux et au sol ? Longtemps, pourtant, le combat écologique fut symbolisé par le bleu – couleur de la Terre. La donne changea au tout début des années 1970, notamment sous l’impulsion de l’artiste américain Ron Cobb, créateur du « drapeau de l’écologie ». Composé de 6 bandes blanches sur fond vert et pourvu d’un canton supérieur gauche orné d’un symbole thêta jaune, celui-ci fut très populaire pendant quelques années et amorça le nouveau code couleur de l’écologie.
Marc Beaugé(Magazine)