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25 décembre 2021 6 25 /12 /décembre /2021 06:00

Laurent Bouvet à la Fondation - Fondation Jean-Jaurès

Mon père, simple paysan, entrepreneur de travaux agricoles, conseiller municipal, lecteur journalier de la page politique de la Résistance de l’Ouest, auditeur attentif  du débat politique national à la radio, homme engagé, pondéré, m’a inculqué le goût des idées, l’amour  du débat, même s’il se révélait rude et passionné. Si je suis ce que je suis, c’est pour lui, grâce à lui. Mes choix politiques, mon engagement pour des idées, pour une conception de l’action où le « parler vrai » était minoritaire, rejeté par les électeurs, il en fut le socle. Je n’ai jamais oublié d’où je venais et j’ai toujours su là où je ne me rendrais jamais. Pour autant j’aime débattre, convaincre, ferrailler face à ceux qui ne pensent pas comme moi, j’en ai fait l’expérience auprès de Michel Rocard puis lors de la parution de mon fichu Rapport. Ce qui ne signifie pas que j’estime avoir toujours raison, loin de là, je sais passer des compromis au nom de l’action, de la prise de décision, mettre les mains dans le cambouis tout en restant fidèle à mon corpus d’idées.

 

Je ne connaissais pas Laurent Bouvet, je le suivais sur la toile, sa disparition me touche à double titre : il était atteint de la maladie de Charcot, il fut un ardent et studieux militant socialiste. Il en fut déçu, mais resta toujours loyal aux traditions et idées socialistes. Il fut plus exigeant voire critique avec ses dirigeants, les trouvant trop timides face aux mouvements qui avaient mis la République en joue.

 

Le déferlement d’hommages hypocrites sur les réseaux sociaux me remplit d’un dégoût profond.

 

Celui de Bernard Cazeneuve utilise des mots justes et témoigne d’une réelle et profonde empathie, c’est pour cette raison que je vous le propose.

 

La réflexion de Laurent Bouvet recèle des idées sophistiquées pour réaffirmer l’originalité de l’identité de la France (pour parler comme Fernand Braudel) et non pas de l’identité française (pour parler comme Charles Maurras). Et parmi ces idées, il y a la tenaille identitaire. Un instrument rhétorique qui figure le piège tendu à l’universalisme.

 

Les dents du bas de la mâchoire, c’est Tariq Ramadan et ceux qui nient le niveau de l’emprise islamiste dans certains quartiers, les dents du haut c’est Éric Zemmour et ceux qui voient de l’islamisme partout.

 

On peut extrapoler et utiliser l’outil de la tenaille identitaire, au-delà même de ce que souhaitait Laurent Bouvet. Dents du bas : l’accusation d’islamophobie. Dents du haut : l’accusation d’islamo gauchisme ; dents du bas : la cancel culture, dents du haut : l’arrogance boomer.

 

La République et ses valeurs (la laïcité) se sont laissées enserrer dans la tenaille. De n’avoir pas tenu ses promesses d’émancipation ou de lutte contre les discriminations, ou alors de n’avoir simplement pas su se défendre ?

 

Les deux, répondait Bouvet. 

 

ICI 

Le politologue Laurent Bouvet (1968-2021).

Bernard Cazeneuve : "Laurent Bouvet ou le sens de la République"  ICI 

 

L'ancien Premier ministre rend un hommage à Laurent Bouvet, le politologue, essayiste, et ardent défenseur de la laïcité, décédé le 18 décembre dernier.

 

Laurent Bouvet n'est plus. Pour sa compagne Astrid et leurs filles, l'absence doit être immense. Je pense à elles, à leurs proches et leur adresse mes sincères condoléances.

 

Je souhaite dans ces quelques lignes rendre hommage au républicain complet que Laurent Bouvet a été. La République, il en était fou. Cette ardeur républicaine, certains l'ont prise pour de l'inflexibilité. Les mêmes d'ailleurs qui faisaient semblant de confondre sa pugnacité avec de l'intransigeance. 

 

C'est que Laurent Bouvet prenait les idées toujours très au sérieux. Pas seulement parce que la République vit du débat d'idées, mais parce que la République a besoin d'idées nouvelles pour pouvoir continuer son oeuvre par définition inachevée. Alors, ami des concepts, il en diffusera de nouveaux : "sens du peuple", "insécurité culturelle", "péril identitaire". Ces concepts, il voulait les poser mais surtout persuader ses contemporains d'y recourir. Avec l'espoir de pouvoir ainsi les sortir de leur négligente torpeur face à l'individualisme forcené, au libéralisme dévergondé et aux communautarismes devenus ivres de leur dogme. 

 

Il chérissait les idées aussi parce qu'il savait que la politique a horreur du vide. Mais, pour autant, il ne vivait pas dans le monde des idées. Laurent Bouvet était un réaliste. Et pour lui, l'engagement dans la cité était la plus belle forme de réalisme qui soit.

 

Engagement au Parti socialiste tout d'abord, dont il fut pendant vingt ans un ardent et studieux militant, produisant de nombreux textes, participant à divers courants. Il en fut déçu, mais resta toujours loyal aux traditions et idées socialistes. Il fut plus exigeant voire critique avec ses dirigeants, les trouvant trop timides face aux mouvements qui avaient mis la République en joue.

 

Engagement dans le débat public d'idées sur les réseaux sociaux aussi. Il avait bien du mérite à le faire, dans un paysage dévasté par les approximations et les exagérations, rongé par les anathèmes. Il s'y colla, sans rechigner. Il voulait réfuter et contenir les figures publiques extrémistes car, pour lui, en les laissant s'exprimer bruyamment sans répliques, on leur laisse une visibilité que les indécis vont interpréter comme de la représentativité. L'autre enjeu pour lui, c'était précisément les indécis qu'il faut à tout prix empêcher de basculer, d'un côté ou de l'autre de la tenaille identitaire. 

 

Engagement pour la chose publique tout du long. Universitaire universaliste et militant revenu de ses illusions, il cofonda le Printemps Républicain, véritable vigie de la République, dans un contexte où beaucoup perdaient leur boussole. Disons-le ici tout net : il a fait preuve de courage. Il a assumé les conséquences de ses convictions et assuré leur victoire sur la peur, contre la propension collective à la fuite. Le courage de rester droit, de dire ce qui est, d'assumer ses choix. Ce même courage dont il fera preuve face à la maladie.

 

Certes, le courage est contagieux, mais il faut bien que quelqu'un commence. Ce quelqu'un, ce fut lui. Il ne pouvait en aller autrement, face au lâche abandon de l'idéal universel prôné par d'aucuns, face à la défense passive et à trous de certains responsables en matière de laïcité. Albert Camus écrivait que "l'esprit est toujours en retard sur le monde". Eh bien, c'est un fait, en matière républicaine, la gauche a sans doute été en retard sur Laurent Bouvet. Et rien n'est encore assuré, chacun le voit.

 

N'en déplaise aux esprits polémiques, Laurent Bouvet fut toute sa vie un homme de gauche. Dans la pure tradition clemenciste : savoir être seul quand l'essentiel est en jeu. Que personne n'en doute, sa profonde conviction républicaine fut l'expression de sa conscience précise du danger que les entreprises identitaires font courir sur le vivre ensemble et l'avenir de notre communauté nationale.

 

Face à ces menaces, la République ne peut se défendre toute seule. Elle a besoin de citoyens engagés, prêts à la porter et à la répandre dans les coeurs et les esprits. Pas de République sans Républicains : c'était au fond son credo et l'héritage en forme de défi qu'il nous lègue. De ce point de vue, ses écrits vont résonner encore longtemps. Et chaque républicain convaincu, je le sais, pourra y puiser force et confiance dans les moments de doute et face à l'adversité. 

 

Au fond, la vie de Laurent Bouvet s'est articulée autour d'une idée claire, celle de vouloir faire vivre la République. C'est donc faire acte de fidélité à son endroit que de participer au sursaut républicain qu'il n'a cessé d'appeler de ses vœux et dont la France a tant besoin. Il nous a montré le chemin. Il a notre infinie gratitude.

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23 décembre 2021 4 23 /12 /décembre /2021 06:00

Ours Aïnous – Uchiwa Gallery

Pour les retardataires, un cadeau pour leur beau-père…

 

« Miloszewski s’est fait une réputation internationale. Son sixième roman, "Inestimable", qui paraît aujourd’hui en français est un écho à l’avant dernier, "Inavouable", qui avait rencontré un grand succès.

 

Inestimable de Zygmunt Miloszewski

 

 

On peut lire, comme moi, dans le désordre le second avant le premier. J'attends "Inavouable", que j'ai commandé à ma librairie.

 

Un roman d’aventures échevelées aux quatre coins de la planète. course-poursuite, façon Indiana Jones, que met en scène Inestimable avec les mêmes personnages, une historienne de l’art polonaise, son mari, marchand d’art réputé et une aristocrate suédoise experte dans l’art de voler les musées. Facile de se laisser à nouveau séduire. Inestimable, c’est 500 pages pleines à craquer, de rebonds, d’humour, de culture…

 

Miloszewski joue avec gourmandise des codes du polar et du roman d’aventures, les pousse dans leurs retranchements, grossit le trait.

 

Mais surtout, son regard est dévastateur, son ironie savoureuse. Les Polonais en prennent pour leur grade, les Russes aussi. Et les Français, sont joyeusement épinglés, comme dans ce passage qui montre l’héroïne, Zofia, enquêtant à Paris… (Voir chronique de lundi ICI

 

Dans le style Ciné papy :

 

Sur quoi repose l’intrigue ?

 

La base du roman, comme la génoise au chocolat dans la forêt noire, c’est la recherche éperdue d’une collection d’objets d’art aïnou - un peuple autochtone qui vivait notamment sur l’île de Sakhaline -, rapportés en Europe par un pionnier de l’ethnographie.

 

Petitjournal sakhalines sakhaline

 

Et en particulier d’un totem en forme d’ours qui semble doté de vertus considérables puisqu’il va faire l’objet d’une lutte sans merci entre une multinationale de la pharmacie et un groupe un poil sectaire de scientifiques passablement allumés.

 

Ours Aïnous – Uchiwa Gallery

 

Inestimable est un festival d’épisodes rocambolesques montés de main de maître. Une attaque de pirates au large des côtes d’Afrique, une expédition dans un fleuve de boue en Sibérie, un face-à-face avec un ours (éloigné en chantant à tue-tête l’hymne national polonais), une cavalcade dans le métro avec saut dans la Seine depuis le pont d’Austerlitz, un séjour qui n’en finit pas au beau milieu de l’océan avec pour tout bagage une combinaison de sécurité…

 

On l’a compris, Inestimable est un thriller plein d’esprit et de drôlerie.

 

Cerise sur le gâteau, Miloszewski mène tout au long de son roman une série de réflexions sur nos rapports à la religion par exemple, ou sur le désastre écologique à venir et les choix qu’il va nous imposer. »

 

Source : ICI

Zygmunt Miloszewski a l’art de fouiller les tréfonds de l’âme de ses compatriotes avec la minutie d’un entomologiste.

“Inestimable”, le roman noir façon Indiana Jones du Polonais Zygmunt Miloszewski ICI 

 

Michel Abescat

 

Il s’est fait connaître avec ses polars déterrant les secrets embarrassants de la Pologne. Et continue de séduire avec son deuxième roman d’aventure, une course poursuite haletante sur fond de changement climatique, qui vient de paraître au Fleuve noir.

 

C’est toujours pareil avec les auteurs à succès. À chaque nouvelle parution, revient la même question : alors, c’est comment ? Ça vaut le coup ?

 

Ainsi du sixième roman traduit en français de Zygmunt Miloszewski, Inestimable, qui vient de paraître au Fleuve noir. En moins de dix ans, l’écrivain et scénariste polonais, né en 1976, s’est en effet construit une belle notoriété internationale. D’abord avec sa trilogie dite Teodore Szacki, du nom de ce procureur, dépressif et arrogant, qu’il a imaginé pour interroger, à travers les enquêtes qu’il lui fait mener, l’Histoire et la culture de son pays.

 

Grand admirateur du suédois Henning Mankell, Miloszewski a l’art comme lui de fouiller les tréfonds de l’âme de ses compatriotes avec la minutie d’un entomologiste. Dans Les Impliqués (éd. Mirobole, 2013), qui se passe à Varsovie, il explore ainsi le passé totalitaire de la Pologne. Un fond de vérité (éd. Mirobole, 2015) met en scène une série de meurtres qui bouleversent la petite cité médiévale de Sandormierz et renvoient à de vieilles légendes antisémites toujours promptes à refaire surface. Quant à l’intrigue du dernier volume de la trilogie, La Rage (éd. Fleuve noir, 2016), elle prend place à Olsztyn, dans le nord de la Pologne, et confronte Szacki au fléau des violences faites aux femmes. Récompensés par plusieurs prix, ces trois romans séduisent par la vivacité de la plume de l’auteur, le tranchant de son regard, cruel parfois, drôle souvent, mélange relevé d’humour noir et d’ironie.

 

Mais en 2017, au grand dam de certains de ses lecteurs, Miloszewski décide d’abandonner son personnage pour investir un genre différent. Celui du roman d’aventures et d’action qu’il inaugure avec Inavouable (éd. Fleuve noir, 2017). C’est, à ce jour, son plus grand succès. Et il faut dire que l’auteur ne lésine pas sur les ingrédients. Rebondissements, suspense, espionnage, références à l’Histoire : Inavouable raconte une course-poursuite rocambolesque à travers le monde, à la recherche (pour commencer) d’un tableau de Raphaël volé à la Pologne par les nazis. Documenté, érudit, ce roman de six cents pages, électrique et ubiquitaire, tient haut la main ses promesses. Difficile de le lâcher.

 

Inestimable, qui paraît aujourd’hui, est un peu son frère jumeau. Même genre, le roman d’aventures échevelées façon Indiana Jones ; même langue, rapide, incisive, impertinente ; même regard à distance, même jeu sur les codes romanesques. Et mêmes personnages. Zofia, une historienne de l’art, qui vient de se faire licencier pour raisons politiques du musée de Varsovie qu’elle dirigeait. Karol, un marchand d’art réputé, devenu son mari. Et une aristocrate suédoise haute en couleur, Lisa, as de la cambriole spécialisée dans les objets d’art.

 

La course-poursuite, cette fois-ci, a pour objet un totem aïnou – un peuple autochtone qui vivait notamment sur l’île de Sakhaline, en Sibérie – rapporté en Europe, au début du XXe siècle, par un ethnologue polonais de renom. Un totem dont on mesurera peu à peu la valeur puisqu’il va devenir un enjeu majeur pour une multinationale de la pharmacie et un groupe de scientifiques plutôt allumés. Difficile d’en dire plus sinon qu’il sera question d’enjeux majeurs et de brûlante actualité liés à la catastrophe climatique qui s’annonce.

 

Miloszewski joue à merveille entre divertissement et réflexions on ne peut plus sérieuses, mais l’essentiel du roman est la mise en scène gourmande et souvent ironique d’une cavalcade de scènes d’action. L’auteur, avec la complicité du lecteur, n’est pas dupe, mais il va à fond les ballons. Et ses personnages, en particulier Zofia, vont en voir des vertes et des pas mûres. Attaque de pirates au large des côtes d’Afrique, expédition à haut risque dans une coulée de boue au fin fond de la Sibérie, face-à-face avec un ours, poursuite dans le métro parisien avec saut dans la Seine depuis le pont d’Austerlitz, séjour solitaire et prolongé au beau milieu de l’océan avec pour tout bagage une combinaison de sécurité, etc.

 

Bref, au bout du compte, les héros sont fatigués. Et le lecteur un peu aussi. Pour en revenir ainsi à la question du début, ce nouveau roman de Zygmunt Miloszewski vaut-il le coup, la réponse, sans hésitation, est oui. L’auteur a du talent, de la culture, de l’humour, du savoir-faire et de la distance. On apprécie sa gourmandise, mais attention tout de même à l’indigestion.

 

 

Extraits :

 

« Trop tard, se dit-il pour la millionième fois, j’ai tout commencé trop tard. Combien d’années vivrai-je encore ? En bonne santé, au mieux vingt ou trente ans. Viendront ensuite un cancer, la démence, puis une lente agonie. Et avec elle le réflexe de se mentir à soi-même en disant que « je me sens toujours bien pour mon âge », que « ça pourrait être pire », que « cette chemise me rajeunit d’une dizaine d’années ». »

 

« Le problème, c’était que Bogdan Smuga ne croyait ni en l’amour, ni au bonheur familial, ni à l’action bénéfique d’un foyer. Il était d’avis que ce modèle d’existence était l’excuse des paresseux qui n’avaient pas le courage de consacrer leur vie au développement de l’héritage de l’humanité. Une femme et des enfants n’étaient qu’un carcan absurde qui accaparait du temps et les pensées. Le mariage, ce n’était que la cession d’une existence contre des rapports sexuels facilement accessibles et quelques émotions banales. Et l’amour ? Ce n’était qu’une simple réaction biochimique qu’on avait, allez savoir pourquoi, parée de mythes et de légendes. »

 

« Si vous me demandez si j’ai envie de mourir, alors non, je n’en ai nulle envie, bien sûr. Et je serais probablement triste de trépasser indépendamment des circonstances. Mais si je dois cesser d’exister, alors la conscience qu’avec ma génération disparaît aussi l’intégralité de mon espèce constituée d’idiots, de méchants et d’enragés me fait me sentir mieux.

— Je croyais que nous, les scientifiques, étions des humanistes.

— Nous sommes les enfants de la nature, de sa beauté, de sa force, de sa diversité, de son infinie capacité à créer. Nous serions de piètres scientifiques si nous assujettissions nos actions à une seule espèce, sous prétexte que nous y appartenons. L’humanisme équivaut à un nationalisme ou à un fondamentalisme religieux, capable de justifier n’importe quelle bassesse au nom de l’Homme. Or l’Homme en tant qu’idée, hum… même le Dieu de l’Ancien Testament ou Adolf Hitler font pâle figure à côté de lui. Leur férocité sanguinaire devient innocente, locale et de faible ampleur en comparaison. »

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21 décembre 2021 2 21 /12 /décembre /2021 06:00

 

Au temps de Tonton l’Union de la Gauche se réglait par de l’arithmétique basique :

  • Au premier tour, avec l’appui du croupion PRG, je fous une déculottée au PCF, en lui piquant des voix ;
  • Au second je ramasse la mise en additionnant les voix centristes, les voix socialistes et ce qu’il reste des  voix communistes.

 

Le grand rassemblement de l'union de la gauche du 25 avril 1974 pour  l'élection présidentielle de Georges Marchais / Pierre Mauroy / F.  Mitterand .., 33T chez themroc - Ref:116040902

 

Le PS parti  hégémonique.

 

Jospin fait illusion lors de sa première candidature puis se ramasse une gamelle pour la seconde, Taubira, Chevènement, Mamère, lui piquent des voix et amènent Le Pen au second tour.

 

Royal joue perso, elle perd avec bravitude, les éléphants n’en voulaient pas et ils n’avaient pas tout à fait tort.

 

Hollande, le tambouilleur de la synthèse des courants, gagne la primaire puis au Bourget fait du sous-Mitterrand grâce à la plume d’Aquilino Morelle l’homme qui aimait les belles godasses, sa victoire doit plus au rejet de Sarko qu’à son génie. Avec lui, s’installe au gouvernement la désunion des dents longues du PS : Montebourg, Hamon and Co. Il termine son mandat avec Valls, le héraut des gauches inconciliables et se dégonfle, jette l’éponge.

 

Hamon gagne la primaire, prend une volée de bois vert, le PS implose, parti  croupion.

 

La Gauche, pure et dure, au cours de cette période, c’est Mélenchon

 

Le PCF est aux abonnés absents.

 

Les Verts incapables de dépasser leurs contradictions internes.

 

Une part des sociaux-démocrates du  PS sont macronisés.

 

2022

 

Montebourg, Hidalgo, Jadot, Roussel, Mélenchon sont en piste…

 

Le premier est subclaquant.

 

La seconde au fond du trou.

 

Jadot, qui a Rousseau dans le dos, plafonne.

 

Roussel est sympa mais reste au plus bas.

 

Mélenchon fait du Mélenchon en solitaire.

 

Hidalgo sort sa bouée : une Primaire, elle se prend une volée de bois vert !

 

Et puis, voilà Taubira… peut-être ?

 

Bref, il est clair que se contenter d’additionner les intentions de vote affichés par les sondages c’est se leurrer, l’Union des gauches n’est pas de l’arithmétique mais de l’algèbre avec des plus et des moins qui ne permettraient pas à cette « gauche soi-disant unie » d’être au second tour.

 

Préparons-nous à une bataille féroce sur le flanc droit : entre Pécresse, qui a Ciotti dans son dos, La Marine, qui a Zemmour dans son dos ou lycée de Versailles (pas sûr que cette fine allusion soit comprise).

 

Et pendant ce temps-là sur le flanc gauche, avec l’irruption de Taubira, c’est la Grande Illusion et en Même Temps Macron attend !

 

 

LE GRAND RASSEMBLEMENT DE L'UNION DE LA GAUCHE 1974" / Appels de Robert  FABRE, Georges MARCHAIS, Pierre MAUROY, François MITTERRAND et la voix  d'ARAGON pour l'Élection Présidentielle le 25 Avril 1974 /https://static.mediapart.fr/etmagine/default/files/2021/04/19/uniondelagauche.jpg?width=1080&height=1582&width_format=pixel&height_format=pixel

 Le 17 décembre 2021,

Anne-Charlotte Dusseaulx

 

La gauche parviendra-t-elle à trouver un accord de rassemblement après la proposition de Christiane Taubira? Les principaux candidats ont répondu à l'ancienne garde des Sceaux. Et le chemin semble mince.

 

 

Christiane Taubira a dit vendredi "envisager" sa candidature à l'élection présidentielle, "donnant rendez-vous à la mi-janvier" à ses sympathisants, pour répondre à "l'impasse" d'une gauche plus que jamais divisée. "Je ne serai pas une candidate de plus", a-t-elle toutefois affirmé, assurant vouloir "mettre toutes (ses) forces dans les dernières chances de l'union", à l'heure où la gauche est éparpillée entre plusieurs candidatures, pour un faible total d'environ 25% des intentions de vote au premier tour. A 69 ans, la native de Cayenne dit avoir "fait le compte" des "interrogations et attentes" des Français avant de se lancer pour "ouvrir un chemin commun".

 

Le "non" de Jadot

 

Ces dernières semaines, elle avait passé du temps au téléphone pour convaincre les autres candidats de s'inscrire dans la démarche de la primaire populaire. Sans succès, pour ce qui est de Jean-Luc Mélenchon (LFI), de Fabien Roussel (PCF) et de Yannick Jadot (EELV). Ce dernier, qui tenait au même moment une conférence de presse sur le travail, a réagi. "Si le PS veut organiser sa primaire, libre à lui. Je ne retournerai pas dans une primaire (...) Que chacun mène le processus démocratique qu'ils considèrent être le plus pertinent", a évacué l'écologiste, qui reste "les bras ouverts" pour les accueillir. Quelques minutes plus tôt, Yannick Jadot affirmait : "On a besoin d'une candidature écologiste. Elle sera là jusqu'au 10, jusqu'au 24 avril. Elle sera là pour gagner."

 

Il y a environ un mois, au téléphone, Yannick Jadot avait déjà expliqué à Christiane Taubira pourquoi il ne participerait pas à la primaire populaire. "Son éventuelle candidature, ça ne changerait rien", confiait-il la semaine dernière au JDD. 

 

Je pense que sa démarche consiste à pousser à l'union. Je suis d'accord avec elle

 

"Je sais les valeurs qui l'habitent, mais à quatre mois de l'élection présidentielle, je poste une vidéo de trois minutes et je reviens dans un mois, c'est pas totalement à la hauteur des difficultés que rencontre notre pays", a-t-il encore estimé sur France Bleu, en affirmant pour sa part : "Je n'ai pas envisagé d'être candidat; je suis candidat", et "on ne rediscutera pas de la candidature écologiste dans la France d'aujourd'hui", car "ce sera la mienne".

 

Dans la foulée de l'annonce de Christiane Taubira, Sandrine Rousseau, qui dirige le conseil politique de la campagne de Yannick Jadot, a fait valoir une autre petite musique : "Je pense que sa démarche consiste à pousser à l'union. Je suis d'accord avec elle. (...) Sa présence permet de remettre au coeur du débat la question du nombre de candidatures." L'ancienne candidate à la primaire des Vert appelle les uns et les autres à "s'enfermer dans une salle et à trouver une solution". Sandrine Rousseau plaide toutefois pour que "l'écologie soit centrale dans cette histoire" et ajoute ne pas avoir beaucoup entendue Christiane Taubira sur cette question.

 

"Débattons", dit Hidalgo

 

Sa réaction était attendue. Anne Hidalgo avait prévu une conférence de presse ce vendredi midi pour revenir sur sa proposition d'une primaire ouverte. La maire de Paris, candidate socialiste à la présidentielle, a proposé un débat télévisé "avant le 15 janvier" aux autres candidats de gauche et écologiste pour présenter aux Français leurs "propositions" et faire émerger "convergences" et "différences".

 

"Cette proposition, je la lance à l'ensemble des candidates et des candidats de la gauche : c'est débattons, assumons (...), devant les Françaises et les Français, sur une chaîne de télévision, pour pouvoir exprimer ce que la gauche, ses différentes composantes, porte aujourd'hui" dans cette élection, a-t-elle déclaré devant la presse. Un débat "avec celles et ceux qui veulent gouverner ensemble tout comme avec celles et ceux qui ne veulent pas gouverner avec les autres". Ce dernier précéderait la primaire à gauche qu'elle a de nouveau appelée de ses vœux, peu après l'annonce par Christiane Taubira d'une possible candidature.

 

Je pense que la meilleure façon de départager des candidatures c'est effectivement de s'en remettre à un vote citoyen, une primaire ouverte

 

Pas question donc de se retirer pour Anne Hidalgo. "Je pense que la meilleure façon de départager des candidatures c'est effectivement de s'en remettre à un vote citoyen, une primaire ouverte", a-t-elle répété, en considérant que le cadre de la primaire populaire "est une base intéressante s’il y a une base plus large avec plusieurs candidats qui acceptent". 

 

Parmi les sujets sur lesquels les Français attendent selon elle "des réponses urgentes" : "le pouvoir d'achat et les salaires", pour lequel "une proposition de loi déposée par le groupe PS à l'Assemblée nationale va permettre de débattre rapidement notamment de la question du salaire minimum et de l'idée d'une augmentation du Smic de 15%", a-t-elle détaillé. Anne Hidalgo a aussi cité la nécessité d'agir pour "l'hôpital public" et d'améliorer "les conditions d'exercice des soignants". Pour "l'avenir de nos jeunes", la gauche "peut s'entendre" sur la question de leurs "droits sociaux", sur celle d'un "revenu" et d''"aides d'urgence", a-t-elle poursuivi. Et en matière d'écologie, "pour une transition juste", elle a défendu l'idée d'"un reste à charge zéro" pour "les 12 millions de Français" qui habitent dans une "passoire thermique" et veulent rénover leur logement pour "mieux se chauffer et payer moins cher les factures d'électricité".

 

Mélenchon : "Laissez-moi tranquille"

 

Le candidat de La France insoumise, en déplacement en Martinique après trois jours passés en Guadeloupe, a également eu sa petite formule pour répondre à Christiane Taubira. "Battez-vous entre vous et laissez-moi tranquille", a répondu vendredi Jean-Luc Mélenchon  auprès de l'AFP. "Il y a une élection dans trois mois, vous croyez qu'on a le temps de faire un congrès du PS avant?", a-t-il questionné. Avant d'ajouter : "Je veux ni polémiquer ni rajouter au ridicule de la situation, parce que fondamentalement la vieille gauche s'est mise dans une situation ridicule. (...) Ce n'est pas à moi d'en rajouter car derrière tout ça il y a des tas de gens que ça désespère, que ça démoralise, et à eux je leur dis 'regardez, nous on bosse, on a un programme, je mérite votre confiance, je suis sérieux'."

 

"A trois mois de la présidentielle, il faut arrêter. On n'est pas dans une cour de récré, même l'élection des délégués à l'école, c'est plus sérieux!", avait un peu plus tôt déclaré le député Eric Coquerel sur BFMTV. "Je laisse le soin au PS de chercher son issue comme il peut. Nous pour notre part, on avance", a-t-il ajouté. 

 

Le communiste Fabien Roussel est, quant à lui, actuellement à La Réunion. Selon son entourage, il n'envisage pas "de se retirer".

 

"Pourquoi pas", répond le PRG

 

Le président du Parti radical de gauche (PRG), Guillaume Lacroix, a réagi sur Twitter à la proposition de Christiane Taubira. "Pourquoi pas! Nous avons besoin d'un sursaut collectif de fierté autant que d'espoir", écrit-il. Fin octobre, le PRG avait invité les prétendants de gauche à se rassembler dans "un accord de gouvernement". "Le PRG va-t-il être l'affilié naturel du parti socialiste? La réponse est non", avait alors insisté Guillaume Lacroix, ajoutant envisager une candidature propre du PRG en cas de non accord à gauche d'ici à la mi-décembre.

 

 

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20 décembre 2021 1 20 /12 /décembre /2021 06:00

https://loeildelaphotographie.com/wp-content/uploads/2015/11/Barthelemy..jpg

Elle mangea – selon les préceptes du dieu de France – un croissant avec un café crème au petit déjeuner, puis elle partit d’un pas nonchalant au rendez-vous fixé par Smuga, en marmonnant parce que l’endroit lui paraissait indigne  (…) puis elle tourna à gauche et, par une ruelle étroite du Quartier latin, elle monta jusqu’au monument de la mégalomanie française dans lequel la « Patrie reconnaissante » avait décidé de garder les dépouilles de ses « Grands Hommes ». Zofia se fit la remarque acerbe que si les Français avaient voulus être cohérents, ils auraient plutôt dû les garder dans une cahute gauloise gargantuesque au toit de chaume, au lieu de transformer en cimetière national une église catholique bâtie sur le modèle d’un temple romain. C’était un peu comme si les Polonais avaient choisi d’enterrer leurs célébrités dans une gigantesque église orthodoxe en forme de tour Bismarck.

 

Zofia les raillait mais, en réalité, elle enviait aux Français leur posture « nous sommes les plus grands et les plus merveilleux, et si ça ne te plaît pas va te faire cuire un œuf ». Comment était-il possible que le monde ait gobé cette histoire en leur pardonnant tout ? Les multinationales voraces étaient attribuées aux Américains, la colonisation aux Anglais, l’éclatement des guerres sanglantes aux Allemands, les oligarques mafieux aux Russes, les essais nucléaires aux Coréens, l’antisémitisme aux Polonais, la paresse aux Espagnols, et les Français – s’ils n’étaient les champions d’aucune de ces disciplines, ils étaient au moins médaillés – regardaient le monde de haut, un croissant entre les dents et un innocent sourire aux lèvres, avec l’aura d’amateurs de bonne littérature, de bon vin et de bonne vie. C’étaient vraiment de petits finauds.

 

Inestimable

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19 décembre 2021 7 19 /12 /décembre /2021 09:30

C’est bien joli, chaque jour que Dieu fait, de bosser pour des prunes (Cette expression date du XVIe siècle. La prune désignait la chance, un coup, mais également quelque chose sans aucune valeur. Lors des croisades, les perdants ramenaient des prunes, ces fruits délicieux, à leur souverain pour mieux faire passer leur défaite.), de travailler pour le roi de Prusse ICI, mais pourquoi diable, même si je ne vais plus à la messe, marner le dimanche ( Ces salades puantes c'était pour que je bosse à l'œil!... Il profitait de mes parents... Qu'ils pouvaient encore me nourrir... Il dépréciait mon boulot pour me faire marner gratuitement » Céline, Mort à crédit, 1936).

 

J’ai donc décidé, vêtu de ma robe de chambre élimée, chaussé de mes charentaises avachies, de me caler dans mon vieux fauteuil en cuir et de lire la P.Q.R et, bien sûr, en pensant à PAX c’est le Républicain Lorrain que j’ai choisi.

 

Bata l’héritage du colosse de la chaussure et de son utopique cité-usine ICI 

 

 

Bataville est sortie de terre en 1931 près de Sarrebourg, où n’existaient jusqu’alors ni traditions industrielles ni culture syndicale. Cette ville entièrement tournée vers son usine a jailli dans l’esprit d’un cordonnier tchèque, Tomas Bata, arrivé en Lorraine avant-guerre. Pendant 70 ans, 14 milliards de paires de chaussures ont été fabriquées dans les unités de production mosellanes. Jusqu’à ce qu’en 2001, la concurrence des pays à bas coût fasse chuter le géant du soulier et plonge des centaines de familles dans un conflit social violent qui a marqué le pays tout entier. La fin d’une époque !

 

Véronique Chemla: « Bata, un cordonnier à la conquête du monde » par Peter  Kerekes

Tomas BATA

 

1931 : De la République Tchèque à Hellocourt

 

 

Bataville est née d’un rêve. Ou plutôt d’une vision. Celle de Tomas Bata, un cordonnier tchèque, qui, en 1894, fonda avec ses frères et sœurs une fabrique innovante et florissante dans sa ville natale de Zlin. Des chaussures en toile moins chères qu’en cuir en temps de crise, un marché d’équipementier juteux avec l’armée… Le jeune Bata a vite fait fortune et posé les bases d’un empire. Au pas de charge. En agrandissant ses usines et en embauchant toujours plus de main d’œuvre.

 

Pour loger ce personnel, dont un certain Emil Zatopek, Tomas Bata, inspiré par un voyage aux Etats-Unis, imagina une cité industrielle où chacun vivrait et travaillerait, sans réelle frontière entre la maison et l’usine. Un modèle à la fois paternaliste et productiviste où seraient intégrés un site de production bien sûr, mais aussi tous les ingrédients d’une vie réussie, avec une cité pour loger les ouvriers, des écoles, une église, des magasins, un centre d’apprentissage, des équipements sportifs de haut niveau, des lieux de divertissement, une fanfare, etc.

 

 

Cités regroupant les logements des ouvriers

 

Désireux de conquérir l’Europe de l’ouest, Tomas Bata cherchait un lieu où répliquer sa ville-usine idéale de Zlin. Et son choix s’est porté sur le lieu-dit de Hellocourt, à proximité des villages de Moussey et Réchicourt-le-Château, bordé par le canal de la Marne au Rhin et le chemin de fer Dieuze-Avricourt. Mais en même temps assez éloigné de tout pour protéger cette « bulle » Bata. En 1931, des bâtiments en béton et briques rouges rectiformes de 80 x 20 m, haut de cinq étages, dans le plus pur style Bauhaus, sont sortis de terre, alignés des deux côtés d’une rue centrale se prolongeant vers la cité ouvrière prévue pour accueillir 15 000 habitants.

 

 

 

Cela a fait grincer quelques dents. En 1936, une loi anti-Bata, la loi Le Poullen, a tenté de limiter l’extension de ce que l’on appelle désormais Bataville. Raté. Aux ateliers et aux maisons de briques rouges se sont ajoutés une piscine, une halle de sports, une église, un gymnase avec un parquet à l’américaine…

 

Le tout ICI 

Bernard Lavilliers chante pour les salariés de Bata

Le 21 décembre 2001

 

BERNARD LAVILLIERS a tenu parole. Hier, en fin d'après-midi, il a improvisé un concert dans le réfectoire de l'usine Bata. Il a aussi parlé avec les salariés pour tenter de les réconforter à la veille de l'arrivée des lettres de licenciement dans les boîtes aux lettres. « On quitte notre boîte, mais on va aussi forcément quitter un ami, un parent Cela fait mal », note David Simon, 33 ans, dont treize passés chez Bata. Depuis quelques jours, il vit « avec un nœud dans la gorge ».

 

« C'est comme une famille qui se déchire »

 

Demain matin, les courriers arriveront. Ceux qui ne l'auront pas, par défaut, sauront qu'ils ont été choisis par le repreneur. Jean-Michel Helvig, ancien directeur commercial, recentre l'activité sur la chaussure et garde 268 salariés sous le label Hello SA. Aucun nom n'a filtré. « On ne sait plus comment se regarder les uns les autres, c'est comme une famille qui se déchire », poursuit David. Lui a fait son deuil : « Ils ne gardent qu'une seule personne par couple, ma femme est à la coupe cuir, un poste clé. Moi, je suis polyvalent, mais cela ne suffira pas. » Samedi, sa main tremblera en ouvrant la boîte aux lettres. Son fils de 10 ans sera derrière lui : « Il est très inquiet, en quelques mois sa moyenne en classe a chuté de quatre points. » Dans le bureau du comité d'entreprise, les employés défilent. Ils veulent savoir. Evelyne Caro, 37 ans, déléguée CGT, est épuisée par six mois de lutte syndicale. Représentante du personnel, elle pouvait disposer avant tout le monde de la liste des 528 personnes licenciées. Elle a refusé : « C'est Bata qui licencie, que Bata assume. » Sa collègue Nadine, 39 ans, déléguée CFDT, répond qu'elle ne sait rien. En sa qualité de salariée protégée, elle a déjà eu sa lettre : « Je suis licenciée, mais je peux refuser le licenciement. » En six mois de lutte, elle a peu pensé à elle. A présent, elle hésite : « Ce travail m'aide à élever seule mes deux enfants. Mais je me dis aussi qu'à mon âge, c'est peut-être l'occasion de tenter quelque chose ailleurs. »

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17 décembre 2021 5 17 /12 /décembre /2021 06:00

 

Edouard Leclerc pose, le 17 novembre 1956, dans le tout premier centre E. Leclerc ouvert en Ile-de-France, a Issy-Les-Moulineaux.

Edouard Leclerc le 17 novembre 1956 lors de l'ouverture à Issy-les-Moulineaux du premier centre Leclerc d'Ile-de-France 

© AFP

 

Qui c’est qui a le premier cassé les prix ?

 

L’Édouard Leclerc de Landerneau

 

Il y a bientôt 73 ans une nouvelle épicerie ouvrait dans la petite rue des Capucines de Landerneau, dans le Finistère. Jusque-là, rien de bien étonnant. Mais il s'agissait du tout premier commerce ouvert par Edouard Leclerc, le début d'une longue série qui l'amènera à fonder le premier réseau de grande distribution de France.

 

Dès le début, Edouard Leclerc a l'idée de créer un commerce nouveau, capable de garantir des prix bas à la clientèle. Il part simplement du postulat qu'il est possible d'atteindre un tel objectif en proposant aux consommateurs des prix de gros sur des produits du quotidien. Il commence par des galettes de Pontivy, puis s'attaque à l'huile, à la farine, au sucre et au savon.

 

Au volant de sa camionnette, il part à la rencontre des producteurs pour leur acheter directement les produits qui seront ensuite vendus dans son magasin, alors tenu par son épouse Hélène. Son objectif : supprimer les intermédiaires et, par la même occasion, leurs marges, pour faire bénéficier au consommateur final des prix défiant toute concurrence, de 25 à 30 % moins chers qu'ailleurs en moyenne.

 

Au fil des ans, Leclerc enrichit sa gamme et multiplie les ouvertures de magasins en délaissant de plus en plus les centres urbains pour ouvrir sur de plus grandes surfaces en périphérie. Et pour s'assurer que ce positionnement est bien appliqué par l'ensemble du réseau, les adhérents qui rejoignent Leclerc doivent tous « signer une charte et s'engager à vendre aux tarifs les moins chers du marché, au minimum 2,5 % en dessous de la moyenne nationale », écrivent nos confrères de L'Obs en 2011.

 

Depuis que Michel-Edouard Leclerc a repris le flambeau, en 2003, cette tradition se perpétue : tous les mois, les magasins de l'enseigne qui proposent les prix les plus bas figurent au tableau d'honneur. De quoi rappeler à ceux qui n'y figurent pas qu'il leur reste du travail à faire.

 

Un réseau coopératif

 

Comme certains de ses concurrents tels Super U et Intermarché, Leclerc a choisi le modèle coopératif pour se développer. Cela signifie que, à la différence de la franchise, les commerçants indépendants qui le rejoignent pour piloter leur propre magasin ne paient pas une redevance de marque à un franchiseur, seul propriétaire du concept et de l'enseigne.

 

En revanche, tous sont des membres actifs du « Mouvement Leclerc », comme on dit chez Leclerc. Posséder son point de vente était aussi l'une des premières conditions pour faire partie du réseau. Un point non négociable qui aurait causé le départ de 92 adhérents en 1969. Menés par Jean-Pierre Le Roch, ils ont fondé ensemble EX Offices de distribution, l'ancêtre d'Intermarché.

Le passé trouble d'Edouard Leclerc pendant l'Occupation ICI

 

Soupçonné d'avoir dénoncé des résistants en 1944, en Bretagne, le fondateur du groupe de grande distribution fut emprisonné pendant six mois après la Libération. L'Express dévoile des documents montrant sa proximité avec une unité allemande de sinistre mémoire. Révélations

Offre Champagne Brut Marquis De Vauzelle chez E Leclerc

Tous les groupes de grande distribution ont leur champagne « MDD ». Il s’appelle Charles Vincent chez Carrefour (12,60 euros le brut sans année), Veuve Emille chez Auchan (13,99 euros), Bruther chez Monoprix (14,90 euros), Louis Danremont chez Système U (14,50 euros.

 

C’est Ophélie Neiman qui l’écrit dans l’article bien documenté ci-dessous

Champagne brut CHARLES VINCENT : la bouteille de 75cL à Prix CarrefourOffre Champagne Veuve émille chez Auchan

Bruther Champagne AOP, brut - Monoprix.frPromo Champagne Brut Rose Louis Danremont U chez Super U

 

Champagne : le tabou des cuvées à prix cassés ICI

Stars des grandes surfaces, les bouteilles bon marché ont mauvaise réputation auprès des professionnels du secteur.

 

Par Ophélie Neiman

Publié le 09 décembre 2021 

 

Évoquer les champagnes vendus, disons, au-dessous de 15 euros, suscite silences gênés et agacement. Rares sont ceux qui assument en faire ou en vendre.

 

« À leur place, on ne voudrait pas en parler non plus », assènent Maxime Toubart et Jean-Marie Barillère, coprésidents du Comité interprofessionnel du vin de Champagne.

 

« Nous représentons l’appellation. Ça ne nous enchante pas de constater des prix ou des pratiques commerciales qui l’abîment et la mettent en péril. » L’image du champagne serait en jeu. Ces derniers se rassurent en constatant que la demande a nettement chuté pour les bouteilles à moins de 15 euros.

 

De combien ?

 

Dur à dire. Mais le prix d’achat moyen d’une bouteille dépasse désormais les 20 euros.

 

Il est vrai qu’il est difficile de produire du champagne au-dessous de 15 euros quand le kilo de raisin, souvent acheté à des viticulteurs, se négocie à 6,80 euros en moyenne et qu’il en faut 1,5 kg par bouteille. Par ailleurs, depuis la loi EGalim, de 2019, visant à réduire les rabais agressifs en grande distribution, les promotions sur le champagne ont fondu.

 

 

Sept mois après son entrée en vigueur, le magazine LSA Conso relayait une étude Nielsen estimant qu’avant cette loi plus de 50 % des ventes de bouteilles pétillantes étaient portées par les promotions, chutant par la suite de près de 40 %. En conséquence, les marques Vranken-Pommery Monopole (dont Pommery, Heidsieck & Co, Charles Lafitte), Charles de Cazanove ou G.H. Martel & Co ont essuyé des pertes notables.

 

Bulles distribuées en marque propre

 

Cependant, on trouve encore des champagnes à moins de 12 euros, parfois même sous la barre symbolique des 10 euros. Tel le Marquis de Vauzelle, vendu 11,90 euros chez E. Leclerc, et même 9,90 euros avec le ticket fidélité. Elaborée par une maison discrète et qui tient à le rester, cette cuvée fruitée, légèrement sucrée (bien que brut) et sans grande longueur, ressemble à un honnête prosecco. « C’est un produit très attendu, constate Cyril Mondon, responsable du vin pour E. Leclerc. Nous faisons des offres à moins de 10 euros plusieurs fois par an, via les tickets, et ça marche très bien. » La marge est faible, la rentabilité tient aux volumes vendus.

 

À moins de 15 euros, le même magasin E. Leclerc propose le champagne Pol Carson, premier cru, à la bulle fine et bien noté dans les dégustations à l’aveugle. Ne cherchez pas à vous rendre au domaine : Pol Carson n’est qu’une étiquette créée par E. Leclerc. Une marque de distributeur, une « MDD », dit-on dans le jargon. « Nous avons un partenariat avec un fournisseur qui produit un champagne habillé de notre marque, précise Cyril Mondon sans donner le nom. Même s’il y a tous les ans une négociation tarifaire, le consommateur doit à la fin retrouver une qualité identique. »

 

Tous les groupes de grande distribution ont leur champagne « MDD ». Il s’appelle Charles Vincent chez Carrefour (12,60 euros le brut sans année), Veuve Emille chez Auchan (13,99 euros), Bruther chez Monoprix (14,90 euros), Louis Danremont chez Système U (14,50 euros).

 

Peu de marge, pas de budget de communication : un prix bas tient parfois à cela, certains approchant la qualité de bouteilles plus connues. Le fournisseur peut changer d’une année sur l’autre, et le style du vin aussi, ce qui fragilise la marque car l’étiquette, elle, ne change pas. « Nous avons le même fournisseur depuis au moins 2015, se réjouit Anaïs Averseng, acheteuse et élaboratrice des vins et champagnes Marque U. Cette fidélité nous permet d’assurer la régularité et la quantité. Et comme nous sommes servis en priorité, nous n’avons pas de problème d’approvisionnement. » Avec l’élaborateur de Danremont, dont elle préfère taire le nom, Anaïs Averseng goûte et décide chaque année du dosage final en sucre.

 

Des références pour appâter le client

 

Outre leur propre champagne, les supermarchés proposent d’autres cuvées à peine plus chères et très attractives, à la renommée plus assise. Il s’agit de produits d’appel. Entendez : ils ne leur rapportent pas d’argent mais ont pour fonction d’appâter de nouveaux clients ou de faire gonfler le panier moyen de l’acheteur régulier.

 

Ce qui, évidemment, ne plaît pas aux maisons concernées. Le directeur commercial d’un groupe très présent en grande distribution confie anonymement que « des enseignes privilégient la qualité et proposent une belle offre mais d’autres, voulant être le moins cher sur tous les produits, ne sont pas valorisantes pour [ses] marques. Certaines promotions en dégradent l’image. » Ce même groupe a, pendant plusieurs années, également vinifié des champagnes écoulés en « MDD » mais a arrêté. « On voulait aider ces supermarchés à se développer avec des prix très compétitifs. Mais il fallait qu’ils vendent correctement nos propres marques en échange. Ce n’était pas forcément le cas. »

 

 

En furetant dans le vignoble champenois, en tapant à la porte de propriétés qui produisent et vinifient leurs raisins, le consommateur peut également découvrir des champagnes à des prix très attractifs et de bonne qualité – voire excellente. Une fois qu’il a trouvé son Graal, il se fera souvent livrer quelques cartons par la poste les années suivantes.

 

Dans ce registre figure par exemple le domaine Couvent Fils à Trélou-sur-Marne (Aisne). Son joli millésime 2015 est à 22 euros alors que sa cuvée « Signature », un brut classique, est vendue à la cave au prix difficilement battable de 14,20 euros. N’en déplaise au Comité interprofessionnel du vin de Champagne, pour qui, « au-dessous de 15 euros, un vigneron de Champagne vend mal », par rapport au niveau de son produit. « Les conseilleurs ne sont pas les payeurs », rétorque Gérard Monnin, à la tête de la petite exploitation familiale.

 

Ce vigneron et sa femme Sylvie Couvent équilibrent leurs comptes. Tout leur appartient, du foncier à la cuverie, le pressoir et la cave. « On s’en sort parce qu’on n’a pas de salariés, on fait beaucoup d’heures, mais ce n’est pas la course à l’argent. On vit correctement. C’est notre philosophie. » Le couple, qui vend toute sa production en direct, ajoute que tout le monde ne peut pas mettre 20 euros dans une bouteille de champagne. « Beaucoup nous disent qu’au-dessus, c’est compliqué », confirme Gérard Monnin. Sylvie Couvent ajoute qu’elle-même dépasse « exceptionnellement » cette somme quand elle achète du vin.

 

Des « outils haut de gamme mutualisés »

 

Proposer un champagne pas cher, bon, sans mettre la propriété dans le rouge est également le pari réussi d’Etienne Malingre, à la tête de la petite exploitation Malingre-Truchon de six hectares à Prouilly (Marne). Comment ? En vinifiant à la coopérative de Trigny-Prouilly, dont il est en outre le directeur. Il en sort une remarquable cuvée 2014 à 16,20 euros. Etrange, la bouteille millésimée affiche le même prix que le brut sans année. « Nos cuvées ont le même tarif parce que, finalement, elles ont le même coût de production ! répond le vigneron. Je peux me le permettre grâce aux outils haut de gamme mutualisés. » Près de 60 % des jus qu’il apporte à la coopérative sont vendus à de grandes maisons (Mumm, Moët & Chandon, Roederer…), le reste porte le nom de l’exploitation familiale. « Sur les 150 adhérents à la coopérative, nous sommes trois à proposer des bouteilles millésimées à notre nom. On choisit ce qui nous convient dans la cuverie avant de servir le négoce. On prend le haut de gamme. »

 

Une chose est sûre, les bouteilles à prix très bas devraient toujours plus se raréfier. Etienne Malingre constate que les jeunes vignerons ont d’autres priorités, « ils veulent valoriser certaines cuvées pour pouvoir exporter ». Il y a surtout les exigences environnementales sur lesquelles la Champagne s’est engagée et qui rendent la production plus coûteuse. Il hésite, se sent coincé, se dit qu’au-dessus de 22 euros les clients préfèrent se tourner vers les marques internationales. Gérard Monnin compte augmenter ses tarifs en janvier 2022. De moins d’un euro.

 

Ophélie Neiman

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16 décembre 2021 4 16 /12 /décembre /2021 06:00

deguster vin a l'aveugle Archives - Le Vin Pas a Pas

ICI

1ier Acte : 60 millions de consommateurs 6 décembre 2021 : Paul Menand Cœur de cuvée de Lidl 17 euros meilleur champagne pour les fêtes. ICI 

 

Les pulls moches arrivent chez LIDL en France le 16 décembre, et c'est déjà  l'effervescence ! - NeozOne

 

2ième Acte : Le mauvais champagne, pas si facile à repérer Par Ophélie Neiman ICI 

 

Qu’est-ce qu’un mauvais champagne ?

 

« Les symptômes sont divers : une acidité agressive, parfois mal dissimulée par un dosage trop marqué en sucre ; un manque d’acidité qui rend le breuvage lourd ; une palette aromatique grossière ; un défaut manifeste… Les raisons sont également multiples : raisins médiocres, élevage trop court en cave donnant une bulle agressive (un champagne ancien « bulle moins » qu’un millésime récent), vigneron indélicat qui met trop de jus de fin de pressurage, donnant des champagnes sans finesse, manquant d’acidité, à la capacité de garde réduite. »

 

La parole est donnée à Gabriel Lepousez docteur en dans l’unité perception et mémoire de l’Institut Pasteur.

 

Gabriel Lepousez - L'École du Nez

 

Le champagne est trompeur. Très différent du vin dans sa dégustation. En cause : les bulles

 

« Elles provoquent une intensité sensorielle énorme et immédiate ».

 

Belle à l’œil, la bulle stimule la vue. Elle active le toucher sur la langue et la perception de l’acidité. Le champagne réveille, met en appétit. Enfin, chaque bulle décuple l’aromatique et agit comme un brumisateur de parfum.

 

« Qu’il soit bon ou mauvais, il y a toujours une forte intensité sensorielle, reprend le chercheur. En bref, le champagne provoque l’effervescence dans votre tête, quelle que soit sa qualité. »

 

La différence entre un grand et un petit champagne ne se joue donc pas sur la première impression.

 

« La façade est toujours flatteuse. C’est en fin de bouche que la structure se révèle. Le premier maintient l’intensité sensorielle dans le temps, tandis qu’elle s’effondre immédiatement avec le second »

 

Dès lors, pour faire la différence entre les deux, il faut prendre le temps d’écouter les sensations jusqu’au bout.

 

Ce n’est pas si évident.

 

Logo hal inrae

 

Une étude d’économie comportementale menée en 2002 par quatre chercheurs de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement en fournit une démonstration radicale.

 

L'étude a été effectuée afin de comparer deux mécanismes destinés à révéler les préférences des consommateurs : une enchère Vickrey qui mesure la disposition à payer, et un test hédonique classique.

 

À travers ces deux méthodes, l'objectif était d'estimer les effets respectifs des caractéristiques sensorielles et de l'information externe sur l'évaluation de cinq champagnes brut non millésimés.

 

Cent-vingt-trois consommateurs ont été assignés au hasard aux deux groupes et ont utilisé l'une des méthodes.

 

Quelle que soit la méthode, ils ont évalué les champagnes à l'aveugle, puis sur la base d'une présentation des bouteilles et, enfin, après l'observation de la bouteille en une dégustation.

 

Les résultats ont montré que les deux méthodes étaient équivalentes pour révéler l'effet de l'information externe sur l'ensemble de l'évaluation des champagnes. Les participants étaient incapables de distinguer les champagnes après une dégustation aveugle, alors que les différences signifiantes dans les préférences pour les produits apparaissaient quand les labels étaient connus. Les préférences respectaient la hiérarchie des prix du marché. Néanmoins, des différences entre les deux méthodes ont été observées suggérant que le choix de la méthode doit être fait en fonction des objectifs spécifiques de l'étude. ICI 

 

En clair :

 

  • à l’aveugle, les cobayes sont incapables départager les 5 cuvées, tant sur le plaisir ressenti que sur le prix qu’ils étaient prêts à mettre.

 

  • la bouteille visible, donc l’étiquette et la marque, ils hiérarchisaient nettement leurs préférences. Le goût initial n’est pas, en soi, une variable d’ajustement. L’impact psychologique, l’étiquette, le prix importent davantage.

 

Sans commentaires.

 

Je suis prudent maintenant, je fais gaffe de ne pas me faire taper sur les doigts par les gardiens de la réserve  des copains…

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14 décembre 2021 2 14 /12 /décembre /2021 06:00

Xl saumon poisson

Sciences : plongée dans la pouponnière de neurones - Le Parisien

Puisque Gabriel Lepousez docteur en dans l’unité perception et mémoire de l’Institut Pasteur se passionne pour les buveurs de champagne, je vous propose une vision très crue des neurosciences par un écrivain polonais Zygmut Miloszewski

 

L'écrivain Zygmunt Miloszewski polonais signe "Inestimable"

 

Saoul comme un Polonais

 

 

Saoul comme un Polonais » - Paris (75000)

 

Un exploit d'un régiment polonais en 1808

 

Si les Polonais ont une solide réputation en matière d'alcool, c'est à cause de Napoléon ! En 1808 pendant la campagne d’Espagne, un assaut final doit être donné à 1.500 mètres d’altitude et c’est un régiment d’élite polonais qui fait la différence grâce à sa détermination et sa puissance. Après l’affrontement, quand les généraux français présentent à l'empereur les valeureux combattants, ils tentent de minimiser leur exploit en soulignant qu’ils avaient bu pour se donner du courage.

 

Mais Napoléon répondit : « alors la prochaine fois, sachez être saouls comme des Polonais ». Selon une autre version de l'histoire, l'empereur aurait dit « il fallait être saoul comme un Polonais pour accomplir cela ».

 

Tout est en Histoire une question de mémoire.

Inestimable

- Mais il continue à oublier, répliqua-t-elle. Comment est-ce possible ?

 

- Nous ne le savons pas, admit le médecin avec tristesse. Quand on lit le supplément scientifique du Newsweek et qu’on y découvre que les américains ont greffé une électrode sur une souris pour la pousser à appuyer sur un bouton rouge dès qu’elle a faim, ou quand on apprend que telle région de notre cerveau est active si on pense au tennis et telle autre si on songe à boire un café,  alors on a l’impression de tout savoir sur les réseaux neuronaux et qu’on est sur le point de télécharger notre conscience sur Internet. Or, nous ne connaissons presque rien sur notre cerveau. Et toutes nos spécialisations neurologiques et psychiatriques se jouent dans ce « presque ». Imaginez un monde où tous les mécaniciens de la planète ne sauraient réparer que la carrosserie des voitures, et pour tout ce qui concernerait le moteur, ils ne feraient qu’émettre des hypothèses. Le cerveau c’est cent milliards de neurones hyperactifs dont les connections électriques changent à la vitesse de la lumière. C’est un peu comme si l’on voulait dessiner la carte d’un monde où les villes, les mers et les continents changent sans cesse de place, puis qu’on voyage à l’aide de cette carte.

 

[…]

 

Vous avez certainement lu des articles sur l’IRMf, commença-t-il. On vous place dans un scanner et on étudie l’activité de votre cerveau. Sur la base des images obtenues, on en déduit qu’ici, c’est la zone dédiée au tennis, là au sexe et encore ailleurs une zone qui s’allume lorsqu’on pense à du chocolat saupoudré de copeaux de noix de coco. Et on annonce en grande pompe qu’on est capable de lire dans les pensées, de communiquer avec des gens plongés dans le coma ou de soigner la démence sénile.

 

 

- Quelqu’un m’a récemment dit qu’on n’y connaissait rien au cerveau.

 

- Une personne bien sage. Nous n’y connaissons rien au cerveau, mais nous n’en connaissons pas plus dans bien d’autres domaines, qu’on parle de biologie humaine, de physique quantique ou de météorologie.

 

L'incroyable histoire du saumon mort qui pensait encore | ECHOSCIENCES -  Grenoble

[…]

 

- Je vais vous raconter l’histoire du saumon mort.

 

[…]

 

- Pour en revenir au saumon mort, des doctorants devaient calibrer leurs appareils et ils ont placé un poisson mort dans un IRMf, puis lui ont posé pour rire les mêmes questions qu’on pose aux humains. Ils lui ont demandé d’imaginer un match de tennis, de stimuler son désir et d’effectuer une prière. Et il s’est révélé que les différentes  régions du cerveau de ce poisson mort s’illuminaient au cours de l’étude. Ils ont donc enregistré son activité et inscrit dans leur rapport que soit nous ne jugeons pas la vie émotionnelle des poissons morts à leur juste valeur, soit il y a un biais sérieux dans notre méthodologie d’étude du cerveau.

 

Zofia en fut sincèrement amusée.

A quoi peut bien penser un saumon mort ?

La seconde vie du saumon mort ICI 

Publié par Laurent Vercueil, le 4 décembre 2017

 

 

en 2009, Craig Bennett et ses collègues présentèrent une communication originale au congrès mondial des spécialistes de l’imagerie cérébrale fonctionnelle. C'est un euphémisme de dire qu'elle a suscité l'intérêt des congressistes. Les chercheurs avaient installé un saumon atlantique dans l’antenne d’une IRM, tout en lui confiant une tâche de cognition sociale. Le principe est de mesurer l’activité cérébrale du salmonidé telle que traduite par les variations du signal BOLD corrélées statistiquement à la présentation de la tâche. Nul n’ignore que le saumon est tout ce qu'il y a de plus mort, et que, même vivant, il eut été improbable que la consigne revêtît une quelconque signification pour lui (mais va savoir, avec le saumon).

 

Cependant, voilà qu'en réalisant le traitement statistique des variations de signaux les chercheurs trouvent une activation localisée dans le cerveau du saumon mort. Lorsque le saumon est censé être engagé dans une tâche de prise de perspective sociale (la personne d'une situation sociale est-elle incluse ou rejetée par les autres protagonistes ?), le cerveau et la moelle épinière du saumon s'activent, si l'on en croit la tâche rouge qui signale la variation statistiquement significative. C’est un saumon mort qui pense encore ! D’où la communication provocatrice des chercheurs facétieux.

 

Le but des auteurs n’était cependant aucunement ésotérique. Le but était d’alerter sur le risque des comparaisons multiples dans le cas de variations d’un signal constitué, en l'occurence, de bruit statistique.  Rechercher une corrélation entre deux évènements (la réalisation d’une tâche et une variation dans un signal) est au principe de l’imagerie fonctionnelle. En IRM, cette corrélation est mesurée avec une résolution qui est définie par le voxel, l’unité spatiale de l’information. Il y a un intérêt évident à traiter un grand nombre d’informations car cela permet de disposer de données précises sur la localisation des structures impliquées ou associées à la tâche étudiée. Mais, plus vous recherchez une association entre deux évènements, plus il existe un risque que l’association que vous constatiez ne soit liée qu’au simple hasard. C’est le problème plus général des comparaisons multiples et du risque de faux positifs. De fait, aussitôt que les chercheurs appliquèrent les facteurs correctifs des comparaisons multiples, le saumon devint silencieux. Comme tout bon saumon mort qui se respecte.

 

 (en passant, ce fameux saumon mort valu un Prix IgNobel aux auteurs de l'étude, ce qui donne un peu une idée des ressources de l'animal dont on aurait tort de croire que la mort a mis fin aux propriétés les plus intéressantes...)

 

 D'ailleurs, voici qu'en 2017, un nouveau saumon mort sort du placard.

 

La suite ICI

Xl saumon poisson

 

A quoi peut bien penser un saumon mort ? ICI 

CHRONIQUE

Pierre Barthélémy - IMPROBABLOLOGIE

Chaque année depuis 1991, la remise des prix Ig Nobel est à la science improbable ce que la palme du plus gros mangeur de saucisses est au camping de Trifouilly-les-Oies : l'occasion d'une consécration.

 

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7 décembre 2021 2 07 /12 /décembre /2021 06:00

https://www.hebdo-ardeche.fr/photos/maxi/11920.jpg

À l'annonce de son décès, ce personnage à l'image modeste et frugale fait pleurer dans les chaumières, la "grande presse" alimentant le cortège des lamentations ...

 

Une amie chère : C.... m'informe de sa peine et, modestement voici ma réponse à son chagrin sincère n'en doutons point !

 

<< Ah! ma chère C.... désolé de ne pas totalement m'associer à ta peine !...

 

Par-delà son aura et ses très bonnes relations avec la presse (cf. PJ) qui le pleure aujourd’hui (et nous incite à faire de même),ce monsieur avait une part d'ombre qu'il valait mieux ne pas évoquer : ICI

 

 

D'un point de vue sociologique on peut noter que son discours (respect de la nature, économie frugale et fable du colibri) a parfaitement fonctionné pour globalement devenir un mythe ; d'où la réceptivité et l'engouement pour ses thèses simples à la portée de chacun.

 

Pour ma part je demeure axé sur celles de feu René Dumont (qui s'était confronté à Pierre R.) et pour lequel j'avais voté en 1974 ... (1,32%)

 

Ce débat de "coupeur de cheveux" n'aura pas lieu sur les grands médias certes...

 

Peu me chaut mais, à notre modeste niveau, je suis tout disposé à poursuivre l'échange malgré son caractère iconoclaste (de l'échange...) et pour te rassurer si ton projet de le faire rencontrer eût abouti, j'y serais allé pour lui poser ces mêmes questions et entendre ses réponses.

 

Aussi aurais-je aimé l'entendre analyser et remettre en question :

 

  • l'organisation de l'Europe agricole et de la PAC favorisant systématiquement les céréaliers

 

  • le syndicalisme de la FNSEA bras armé de l'ultralibéralisme

 

  • soutenir la confédération paysanne

 

  • remettre en question les multinationales de l'agroalimentaire (Nestlé Coca-cola, Mars, Unilever etc...) et de l'agrochimie.

 

  • les conditions de production du sucre, du thé, du cacao et du café dans le tiers monde

 

  • dénoncer l'agro business et les conditions d'élevage et d'abattage des animaux en Europe en Chine et Usa

 

Et le voir soutenir financièrement (cf. feuille d'impôts) les actions en faveur des déshérités d'ici et d'ailleurs ....

 

                     C'est donc avec la plus grande réserve que je compatis à sa disparition et me tiens à bonne distance  du cortège des lamentations ... (et désolé  si je t’ai fait de la peine 😥 )

 

 Débat ouvert sur Le Diplo  suite  >> ICI

 

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Au fond, la question est que son message ne dérangeait pas l'ordre établi et qu'en fait il s'en accommodait comme d'un état de fait à l'inverse d'un René Dumont ou encore, jadis d'un Jack London...

 

Libé a sorti sa nécro  ICIoù l'on  retrouve des phrases issues de Wikipédia et en trois lignes l'allusion à l'enquête du Diplo sans référence au contenu (son parcours de formation idéologique .

 

Voilà, j'arrête ici mon revanchard  monologue…    

 

Pierre Rabhi, enquête sur un prophète, par Sophie des Déserts | Vanity Fair

Pierre Rabhi, enquête sur

 

un

 

prophète ICI

 

 

Pierre Rabhi élevait des chèvres en Ardèche avant de devenir un penseur écolo ultra-médiatique. Aujourd’hui, il publie des best-sellers, donne des conférences dans la France entière, inspire les politiques et les célébrités. Dans le numéro de décembre 2015 de Vanity Fair, Sophie des Déserts dévoile les secrets d’une ascension qui intrigue.

 

PAR SOPHIE DES DÉSERTS

Pierre Rabhi, chez lui en Ardèche, le 5 janvier 2017.

ierre Rabhi, chez lui en Ardèche, le 5 janvier 2017. 

La mort de Pierre Rabhi, pionnier de l’agroécologie ICI

L’écrivain, figure populaire et fondateur de l’association Colibris, appelait à une « insurrection des consciences » et prônait une agriculture permettant la régénération des sols. Il est mort samedi 4 décembre à Lyon, à l’âge de 83 ans.

Par Catherine Vincent

 

Il estimait l’humanité folle, la modernité une imposture, la planète entre des mains inconscientes. Il appelait à l’« insurrection des consciences » pour un monde meilleur dans lequel tout le vivant aurait sa place. Il était, avant tout, l’un des pionniers de l’agroécologie, cette « agriculture du pauvre » qui affranchit le paysan des engrais et des pesticides et permet la régénération des sols. Fondateur, en 2006, de l’association Colibris, auteur de l’ouvrage Vers la sobriété heureuse (Actes Sud, 2010) vendu à plus de 460 000 exemplaires, Pierre Rabhi est mort, samedi 4 décembre, des suites d’une hémorragie cérébrale. Il avait 83 ans.

 

Dès samedi soir, plusieurs personnalités politiques ont réagi à cette disparition. Ségolène Royal, ancienne ministre de l’environnement, a rendu hommage à un « laboureur de la terre et laboureur de conscience ». « Il semblait immortel comme ses idées », a tweeté Chantal Jouanno, présidente de la Commission nationale du débat public et ancienne secrétaire d’Etat chargée de l’écologie. Le candidat EELV à la présidentielle, Yannick Jadot, évoquait « l’un des grands précurseurs de l’agroécologie », tandis que la maire de Paris, Anne Hidalgo, saluait « un penseur et écrivain qui avait à cœur de protéger notre planète ».

 

Dans ce concert de louanges, une musique discordante s’est pourtant fait entendre, dans les termes plus ou moins choisis qui font le sel des sites Internet. « Précurseur incroyable de l’écologie (…), conservateur sur les questions sociétales, l’homosexualité et les femmes », a sobrement résumé la finaliste de la primaire d’EELV, Sandrine Rousseau. Principalement en cause : les propos tenus par l’agroécologiste sur le mariage homosexuel et la procréation médicalement assistée (PMA). « Je considère comme dangereuse pour l’avenir de l’humanité la validation de la famille “homosexuelle”, alors que par définition cette relation est inféconde », avait-il notamment expliqué dans son livre d’entretiens Pierre Rabhi. Semeur d’espoirs (Actes Sud, 2016). Depuis quelques années, cette phrase, sortie de son contexte, tourne en boucle sur les réseaux sociaux – auxquels il n’attachait guère d’importance.

 

 

Immuablement vêtu d’un pantalon à bretelles en velours côtelé et d’une chemise à carreaux, l’homme qui enchaînait les conférences à guichets fermés, celui en qui le moine bouddhiste Matthieu Ricard voyait un « frère de conscience », s’est également vu reprocher une attitude par trop messianique – d’où le titre d’un article publié en décembre 2015 par Vanity Fair : « Pierre Rabhi, enquête sur un prophète ». Un gourou, vraiment ? Tous ceux qui l’ont approché de près s’insurgent contre cette assertion. Mais la plupart admettent qu’il n’a pas fait grand-chose pour rectifier l’image. Ainsi de Cyril Dion, en deuil d’un « grand frère » qu’il côtoie depuis plus de quinze ans (il fut directeur de Colibris de 2006 à 2013) : « Pierre était suffisamment intelligent pour ne pas complètement démentir ce côté messianique. Et, surtout, il avait tellement besoin qu’on l’aime ! » Un besoin de consolation qui remonte à la petite enfance. A ses 4 ans précisément, âge où le petit garçon, né en 1938 aux portes du Sahara algérien, devient orphelin de sa mère.

 

 « Le chagrin que je porte toujours à 80 ans, c’est de n’avoir aucune image d’elle – il n’y avait pas de photos au village. Quand j’évoque ma mère, c’est presque un ectoplasme », confiait-il au Monde il y a quelques années. Convaincu que « le futur est entre les mains des Européens », son père, forgeron, le confie à un couple de Français du village. A l’adolescence, ses parents adoptifs l’emmènent à Oran, à 650 kilomètres de là. Le jeune garçon aime modérément l’école (il s’arrêtera peu après le certificat d’études), mais découvre les philosophes grecs, la Bible et les Evangiles.

 

Du Christ à Thomas Sankara

 

Le message du Christ agit sur lui comme un catalyseur. Il s’appelait Rabah – « le victorieux » en arabe –, il devient Pierre, du prénom de son apôtre favori. A 18 ans, il se convertit au catholicisme. A 20 ans – on est en 1958, en pleine guerre d’Algérie –, une dispute avec son père adoptif le pousse à prendre un bateau pour Marseille. Le voici à Paris, mais pour bien peu de temps. Celui d’y trouver un travail et d’y rencontrer Michèle, qui deviendra sa femme et la mère de ses cinq enfants. En 1961, tous deux mettent le cap vers le sud de la France. Sur le sol caillouteux du plateau ardéchois, ils montent un élevage de chèvres et parviennent à cultiver cette terre aride. L’aventure de l’agroécologie commence.

 

Deux rencontres sont déterminantes. La première avec Fécondité de la terre, un ouvrage de l’Allemand Ehrenfried Pfeiffer prônant les principes de l’agriculture biodynamique (qui pense la nature comme un ensemble), à la promotion desquels Pierre Rabhi va rapidement consacrer conférences et formations. La seconde, en 1983, avec un tour-opérateur qui monte un campement touristique à Gorom-Gorom, dans le nord du Burkina Faso, et propose à Rabhi d’y développer un centre de formation à l’agroécologie. C’est ainsi que le paysan ardéchois rencontrera le leader révolutionnaire Thomas Sankara, qu’il parviendra à intéresser au bien-fondé de ses méthodes. Mais, en 1987, l’assassinat de Sankara signe la fin de l’aventure, et Pierre Rabhi doit rentrer en France.

 

« Pierre adorait les conditions difficiles. Si les cultures poussaient là où il y avait des pierres, un climat compliqué et pas d’eau, il savait qu’elles pousseraient partout. Dans le Burkina Faso, ce pays emblématique touché par tant de problèmes climatiques et de famines, il voyait la possibilité de montrer que l’agroécologie fonctionnait à l’échelle d’un pays. Avoir dû y renoncer fut un des grands regrets de sa vie », raconte Françoise Vernet-Aubertin, présidente de Terre et Humanisme. Une association créée en Ardèche en 1997, précisément pour poursuivre l’œuvre entamée par Rabhi dans les pays d’Afrique.

 

Candidat à l’élection présidentielle

 

Au tournant des années 2000, l’homme à la frêle silhouette n’est pas encore une icône écolo-médiatique. En 2002, sa tentative d’être candidat à l’élection présidentielle lui assure, certes, une certaine visibilité. Mais l’épisode tourne court. Rabhi n’obtint que 184 parrainages d’élus sur les 500 requis et retourne à sa ferme ardéchoise de Montchamp. Celui pour qui « les hommes politiques se comportent comme dans une cour de maternelle, l’innocence en moins », ne se laissera plus jamais attirer dans cette arène.

 

En 2006, il décide en revanche de concrétiser la mobilisation populaire qui l’avait soutenu en lançant le mouvement Colibris. L’objectif : inspirer et relier les citoyens engagés dans des alternatives concrètes – jardins partagés, fermes pédagogiques, circuits d’approvisionnement courts – au système dominant. En 2010, Actes Sud publie Vers la sobriété heureuse, immense succès de librairie. En 2012, en amont de la présidentielle, Colibris lance une campagne qui fait du bruit. L’année suivante sort le film documentaire Pierre Rabhi, au nom de la terre… La notoriété est en marche. Elle ne cessera plus de croître. Surfant sur la prise de conscience désormais générale de la catastrophe écologique en cours, et charriant avec elle son lot de critiques à l’encontre de la nouvelle star. Et tout d’abord de son apolitisme.

 

A se tenir loin des partis et du militantisme, à prôner le mérite des petits gestes, Pierre Rabhi fut en effet volontiers catalogué comme le promoteur des initiatives individuelles, l’adepte naïf d’une écologie mièvre et bêtifiante. « Alors que c’était tout l’inverse ! C’était quelqu’un qui refusait tellement le monde moderne et la société de consommation qu’il est allé vivre dans une ferme sans électricité et sans eau ! Qui citait déjà Rachel Carson dans les années 1990, que personne ne connaissait à l’époque ! », s’insurge Cyril Dion. Intarissable sur les apports de sa rencontre avec Pierre Rabhi, le réalisateur du film documentaire Demain (2015) ne s’en est pas moins retrouvé lui-même en désaccord avec son mentor, surtout dans les dernières années de sa vie.

 

« L’écologie, je l’applique »

 

« Pierre était extrêmement catégorique sur le fait que le changement de la société passait d’abord par le changement de la conscience humaine, et je ne parvenais pas à le convaincre que cela fonctionne dans les deux sens. Cela ne me paraissait pas très opérant. Et cela avait un côté presque croyant qui me laissait perplexe », raconte-t-il. Dans La Convergence des consciences (Le Passeur, 2016), l’un de ses derniers ouvrages, l’agroécologiste réaffirme cette conviction. Et, plus globalement, la quête spirituelle et la référence à une transcendance sont une constante dans ses interventions et ses écrits.

 

« C’était un homme qui détestait le conflit et le rapport de force. Il remettait donc son espoir dans le fait que la conscience évolue et que tout cela se transforme de façon plus profonde. Malheureusement, cela relève un peu de l’ordre de la pensée magique », poursuit Cyril Dion. « Le credo de Pierre, c’est de dire que chacun de nos actes est politique, tempère Grégory David, membre de Colibris depuis 2008. Y compris pratiquer l’agroécologie, qui, bien plus qu’une somme de principes agricoles, est le moyen pour une communauté de retrouver le lien à la terre, de regagner de la souveraineté et de l’autonomie. Là était sa radicalité. »

 

Le secret de sa célébrité ? A cette question, l’intéressé nous avait lui-même répondu : « Je pense que quelque chose me différencie des autres : l’écologie, je ne fais pas qu’en parler, je l’applique. Je crois beaucoup à la force de la simplicité. » Ceux qui l’ont côtoyé évoquent sa capacité d’écoute, sa disponibilité aux autres, ses discours d’une grande évidence – autant d’ingrédients propices à la personnalisation. Mais gourou, décidément, non. « Pierre était un inspirateur, pas un leader. Oui, il était charismatique, oui il inspirait. Mais, ensuite, il laissait faire », précise Grégory David. « Ce qui me marquait chez Pierre, ajoute Cyril Dion, c’était le décalage entre l’image et celui qu’il était vraiment. Quand on entrait chez lui, on le trouvait avec son vieux bonnet, à gratter son chien dans sa cuisine, où il faisait froid… Et, après, je voyais des gens, dans les stands où on vendait ses ouvrages, qui touchaient les couvertures des livres… Comme pour le toucher, lui, dans une espèce de fétichisme… C’était fou ! » La force de la simplicité.

 

Pierre Rabhi en quelques dates

 

29 mai 1938 Naissance à Kenadsa (Algérie)

 

1958 Arrivée en France

 

1961 Installation à la ferme de Montchamp (Ardèche)

 

1983 Dispense une formation à l’agro­écologie à Gorom-Gorom (Burkina Faso)

 

2006 Création du mouvement Colibris

 

4 décembre 2021 Mort à Lyon

 

 

 

Pierre Rabhi est mort, et cela coupe la France en deux

 

Réécouter Pierre Rabhi est mort, et cela coupe la France en deux ICI

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3 décembre 2021 5 03 /12 /décembre /2021 06:00

Lire classique : La Terre d&#39;Emile Zola - Plume parisienne

Ainsi, la Beauce, devant lui, déroula sa verdure, de novembre à juillet, depuis le moment où les pointes vertes se montrent, jusqu’à celui où les hautes tiges jaunissent. Sans sortir de sa maison, il la désirait sous ses yeux, il avait débarricadé la fenêtre de la cuisine, celle de derrière, qui donnait sur la plaine ; et il se plantait là, il voyait dix lieues de pays, la nappe immense, élargie, toute nue, sous la rondeur du ciel. Pas un arbre, rien que les poteaux télégraphiques de la route de Châteaudun à Orléans, filant droit, à perte de vue. D’abord, dans les grands carrés de terre brune, au ras du sol, il n’y eut qu’une ombre verdâtre, à peine sensible. Puis, ce vert tendre s’accentua, des pans de velours vert, d’un ton presque uniforme. Puis, les brins montèrent et s’épaissirent, chaque plante prit sa nuance, il distingua de loin le vert jaune du blé, le vert bleu de l’avoine, le vert gris du seigle, des pièces à l’infini, étalées dans tous les sens, parmi les plaques rouges des trèfles incarnat.

 

C’était l’époque où la Beauce est belle de sa jeunesse, ainsi vêtue de printemps, unie et fraîche à l’œil, en sa monotonie. Les tiges grandirent encore, et ce fut la mer, la mer des céréales, roulante, profonde, sans bornes. Le matin, par les beaux temps, un brouillard rose s’envolait. À mesure que montait le soleil, dans l’air limpide, une brise soufflait par grandes haleines régulières, creusant les champs d’une houle, qui partait de l’horizon, se prolongeait, allait mourir à l’autre bout. Un vacillement pâlissait les teintes, des moires de vieil or couraient le long des blés, les avoines bleuissaient, tandis que les seigles frémissants avaient des reflets violâtres. Continuellement, une ondulation succédait à une autre, l’éternel flux battait sous le vent du large. Quand le soir tombait, des façades lointaines, vivement éclairées, étaient comme des voiles blanches, des clochers émergeant plantaient des mâts, derrière des plis de terrain. Il faisait froid, les ténèbres élargissaient cette sensation humide et murmurante de pleine mer, un bois lointain s’évanouissait, pareil à la tache perdue d’un continent.

 

Émile Zola, La Terre

La Terre (film, 1921) — Wikipédia

 

La Beauce est une région agricole française située au sud-ouest de l’Île de France (Essonne, Yvelines) et au nord-est du Centre-Val de Loire (Eure-et-Loir, Loiret, Loir-et-Cher). Elle s’étend sur environ 575 000 hectares de surface agricole dans 5 départements français dont 203 000 dédiés au blé (90% en blé tendre). Région particulièrement fertile rattachée géologiquement au bassin de l’Île-de-France, elle concentre une part importante de la culture de blé française.

 

Elle est ainsi devenue la première région productrice de céréales en Europe. La part de la population travaillant dans le secteur primaire est d’un peu plus de 7% (France : 2,8%) ; toutefois ce chiffre important cache une diminution du nombre d’exploitations poussée par la mécanisation toujours croissante, le non-renouvellement des générations et l’accroissement de la productivité.

 

Diapositive1

Les rendements céréaliers y sont très bonsde l’ordre de 75 quintaux de blé à l’hectare, grâce à un sol limoneux et la nappe souterraine d’Europe la plus étendue d’Europe (9500 km2). Si le blé est toujours la culture la plus pratiquée dans la Beauce, les oléagineux comme le colza sont en forte progression du fait de la demande constante notamment dans les bio-carburants. Le colza représente actuellement 70 000 hectares.

 

France Soir Johnny Hallyday à prix bas - Neuf et occasion | Rakuten

Souvenirs du blocus de Paris par les gros tracteurs beaucerons ICI

 

Le 23 juin 1992, au moment où la réforme de la politique agricole commune (PAC) est amorcée, c’est en bloquant avec un cortège de tracteurs le réseau autoroutier autour de Paris que la Coordination rurale fait irruption dans le paysage syndical. « Front du refus » réunissant à l’origine des militants de tous bords, ce mouvement ne tardera pas par la suite à s’appuyer sur sa composante la plus à droite, la Fédération française de l’agriculture (FFA), avec laquelle elle fusionnera en juin 1994, pour donner naissance à la Coordination rurale-Union nationale. Quelques années plus tard, le 31 janvier 2007, avec près de 19 % des voix aux élections professionnelles agricoles et en remportant deux présidences de chambres d’agriculture, elle s’affirmera comme l’un des partenaires professionnels majeurs de la scène agricole française…

 

J’étais aux manettes au 78 rue de Varenne, c’était chaud bouillant…

 

Les temps ont changé, le paysage syndical s’est enrichi de deux OPA, l’une plus à droite que la FNSEA : la Coordination Rurale et l’autre à gauche : la Confédération Paysanne.

 

De tout temps, à la FNSEA, de par leur puissance financière, les céréaliers : l’AGPB étaient les faiseurs de roi. Intelligemment ils ne poussaient pas en avant l’un des leurs mais adoubaient un éleveur ambitieux, ce fut le cas de mon camarade Luc Guyau, éleveur laitier en Vendée. Même procédure pour la présidente actuelle, Christiane Lambert, éleveuse de porc en Maine-et-Loire.

 

La fameuse PAC, via l’Organisation Commune des céréales, a été formaté, sous plume française, les hauts fonctionnaires et le président Deleau, en fonction des intérêts des céréaliers qui, excusez-moi de l’expression, se sont fait pendant des décennies des « couilles en or ». La réforme, avec ses aides compensatoires surface, pérennise cet avantage par rapport aux autres productions.

 

240 pèlerinages locaux sont organisés partout en France par l’association Notre-Dame de chrétienté pour son grand pèlerinage de Chartres.

Pentecôte. Le 39e grand pèlerinage de Chartres fait des petits en régions ICI 

 

Les milliers de fidèles du « pélé de Chartres » ne chemineront cette année entre Paris et les plaines de Beauce. Pour sa 39e édition, le pèlerinage de Pentecôte de Notre-Dame de Chrétienté se déconcentre en 240 pèlerinages locaux, organisés partout en France et à l’étranger, afin de respecter les protocoles sanitaires. En Bretagne, ce sera dans le Morbihan, avec une messe célébrée dimanche 23 mai, à 16 h, au sanctuaire de Sainte-Anne d’Auray.

Bref, tout ça pour vous dire :

 

Un céréalier de la Beauce opte pour la viticulture

 

Un céréalier de la Beauce opte pour la viticulture ICI

 

Les faits

 

Désireux de diversifier sa production, Rodolphe Couturier, céréalier de la Beauce de 45 ans, a planté des vignes dans une partie de son domaine de 215 hectares. Les aléas climatiques l’ont poussé vers cette décision qui éveille l’intérêt d’autres agriculteurs d’Eure-et-Loir.

  • Xavier Renard, le 14/11/2021

 

Rodolphe Couturier est le premier vigneron de la Beauce du XXIe siècle. Cet agriculteur spécialisé dans les grandes cultures céréalières et betteravières, issue d’une famille d’exploitants établie à Mérouville (Eure-et-Loir) depuis sept générations, s’est lancé dans la production de vin.

 

Prenant les commandes de l’exploitation en 2010, il comprend rapidement qu’il lui faudra diversifier sa production pour s’adapter aux aléas climatiques fragilisant les récoltes et sa trésorerie. Son souhait de bouleverser ses habitudes prend réellement forme en 2016 « une année très difficile » pour ce domaine qui s’étend sur 215 hectares, très affecté par la baisse des rendements causés par un été trop sec succédant à de fortes précipitations printanières.

Je découvre

Deux ans plus tard, l’organisme public France Agrimer l’autorisait à planter son premier hectare de vignes, un mélange de chardonnay pour le vin blanc et de pinot noir pour le vin rouge, connus pour leur résistance au phylloxéra. L’aventure de la Nouvelle Plaine, le nom de son vignoble, pouvait commencer.

 

La suite ICI

 

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