Pernod-Ricard, s’identifie à la dynastie Ricard symbolisée par Paul puis Patrick et pendant longtemps son haut management fut familial : Thierry Jacquillat, le DG, y représentait la branche Pernod. Puis vint, comme DG, Pierre Pringuet, avec qui j’ai usé mes fonds de culotte au cabinet de Michel Rocard. À la manœuvre il a fait passer le groupe, sous l’œil bienveillant de Patrick, à une autre dimension, celle d’un des très grands des vins et spiritueux.
Ils sont tous venus chez moi :
30 septembre 2005 SVF
11 février 2008 Trois questions à Patrick Ricard
16 décembre 2009 Entretien avec Pierre Pringuet DG du groupe Pernod-Ricard «nous restons dans la Rioja...»
27 juin 2013 Le vin relais de croissance en Asie, la Chine territoire de conquête pour Pierre Pringuet le DG de Pernod-Ricard
Pierre, comme moi, est parti à la retraite et c’est un Ricard qui a repris les rennes, Alexandre.
Hier il s’est exprimé auprès de la vieille dame permanentée qui court toujours derrière : Alexandre Ricard : « Pernod-Ricard n'est plus le groupe que connaissaient les Français »
Je relaie ses propos sur l’innovation qui devrait décoiffer Denis Saverot le boss de la rédaction de la RVF, nouveau zélote des vins nus sur un palais très bordelais.
Un mot tout d’abord sur le nouveau DG du groupe Pernod-Ricard.
Sandra LAFFONT de l’AFP dans Making-of/ les coulisses de l’Info
PARIS, 10 février 2015 - Prendre l'apéro avec Alexandre Ricard, c'est comme faire du shopping avec Karl Lagerfeld ou jouer au foot avec Zlatan. On n'aurait jamais pensé que cela soit possible.
Alexandre Ricard est le petit-fils de Paul, le créateur du pastis Ricard. Le 11 février, à 42 ans seulement, il va prendre la tête du groupe Pernod Ricard et devenir au passage le patron le plus jeune de l’indice CAC 40. Depuis plusieurs semaines je travaille à l'écriture du portrait de ce quasi-inconnu qui va piloter le numéro deux mondial des spiritueux.
Quelques uns des alcools du groupe Pernod-Ricard (AFP / Mychèle Daniau)
La RVF : La division de Pernod-Ricard dédiée aux vins, PR Winemakers, veut être la figure de proue de l’innovation vinicole dans les prochaines années. Comment cela va-t-il se concrétiser ?
Alexandre Ricard : L’industrie du vin est paradoxale. Avec des rituels très ancrés, des législations contraignantes, elle apparaît très complexe et réglementée. On pourrait penser que l’innovation n’y a pas sa place. Or, c’est aujourd’hui l’une des industries les plus innovantes, avec celle des spiritueux. Ces innovations doivent avoir une substance : les vins font partie de l’univers de la convivialité. Nous réalisons des innovations en nous adaptant aux cultures locales, mais sans renier les origines du produit. Prenons l’exemple de Jacob’s Creek : ses vignerons ont collaboré au Japon avec un chef étoilé de Tokyo pour développer un vin qui épouse le style du domaine mais qui s’adapte également au palais des Japonais et à leur gastronomie. Ce vin baptisé Wa est pour l’instant réservé au Japon. Le même processus a été mené en Thaïlande avec le vin Lamoon, conçu par Jacob’s Creek afin d’épouser la cuisine épicée de ce pays. Sous la marque Brancott Estate, en Nouvelle-Zélande, nos équipes locales ont développé le vin Flight destiné aux femmes, et qui titre 9° d’alcool pour répondre à la demande de vins plus légers sur les marchés anglo-saxons, par exemple. Aux États-Unis, des concepts nouveaux se développent comme des vins irrévérencieux conçus pour plaire aux nouvelles générations en sortant des codes du classicisme local. Dans cette optique, nous avons sorti avec succès un vin californien, Dead Bolt, dont l’étiquette évoque les univers rock, underground, les mondes des tatouages et de la musique métal en vogue (sur cette mode underground, lire La RVF n° 585, octobre 2014).
La RVF : Les Français peuvent-ils encore innover ?
Alexandre Ricard : Nos deux marques françaises, GH Mumm et Perrier-Jouët sont stratégiques. Elles s’exportent partout dans le monde, avec des positionnements différents. Nous collaborons avec des artistes pour des séries limitées, un projet est en cours avec un DJ célèbre. Moins spectaculaire sans doute comme innovation, Mumm de Cramant contient 4,5 bars de pression au lieu des 6 à 8 bars habituels. La mousse est donc plus fine. Proche du vin, l’apéritif Lillet est une pépite que nous avons rachetée en 2008. Il a gardé son caractère artisanal avec une production de haute qualité basée en Gironde. Son potentiel est considérable. Le Lillet rosé, lancé l’année dernière, est par exemple une innovation qui s’avère un énorme succès, que ce soit en France ou aux États-Unis.